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SYNTHÈSE

médecine/sciences 1999 ; 15 : 807-14

Le syndrome d’apnées
du sommeil
Le syndrome des apnées obstructives du sommeil se mani-
Isabelle Arnulf feste par des symptômes banals (ronflement, somnolence,
Jean-Philippe Derenne mictions nocturnes, hypertension artérielle) en rapport
avec des obstructions complètes (apnées) ou incomplètes
(hypopnées) itératives des voies aériennes supérieures. Les
apnées sont à l’origine d’hypoxie, d’hypercapnie, et
d’efforts respiratoires suivis d’un bref éveil salvateur.
L’instabilité des voies aériennes est entretenue par des fac-
teurs anatomiques (étroitesse du pharynx) et neurophysio-
logiques. Les muscles dilatateurs du pharynx, qui s’oppo-
sent à la pression négative engendrée par le diaphragme en
inspiration, sont en effet contrôlés différemment pendant
l’éveil et le sommeil. Cette maladie fréquente, identifiée
depuis peu, affecte plus volontiers l’homme d’âge moyen
en surpoids. Elle reste sous-estimée malgré une mortalité et
une morbidité accrues par les troubles cardio-vasculaires et
les accidents du travail et de la route.

ien que les troubles respira- respiratoire (apnée centrale) ou

ADRESSES
B toires au cours du sommeil
soient connus depuis l’Anti-
quité, ce n’est qu’en 1965
que l’attention a été attirée
sur l’importance des apnées (arrêts
respiratoires) au cours du sommeil
dans la physiopathologie du syn-
par l’obstruction des voies
aériennes (apnée obstructive).
Dans ce dernier cas, la contraction
des muscles respiratoires est inca-
pable de faire entrer l’air dans le
poumon. Enfin, une même apnée
peut revêtir successivement l’aspect
drome de Pickwick, qui regroupait central puis obstructif (apnée
I. Arnulf : docteur en médecine, neurologue. Ser-
vice de pneumologie et explorations fonc- des patients ronfleurs, obèses, cyano- mixte) [1]. Une hypopnée est défi-
tionnelles respiratoires, Hôpital Pitié-Salpê- sés et somnolents [1]. La constata- nie par la diminution de la ventila-
trière, 47-83, boulevard de l’Hôpital, 75651 tion d’apnées nocturnes chez des tion d’au moins 50 %.
Paris Cedex 13, France et doctorante en
sciences de la vie, UPRESS EA 2397, UFR patients non cyanosés a permis Le SAOS une maladie fréquente :
Paris VI, France. J.P. Derenne : docteur en d’introduire une entité plus large, le dans une population américaine de
médecine, professeur des Universités, praticien syndrome des apnées obstructives du travailleurs adultes de 30 à 60 ans, la
hospitalier. Service de pneumologie, Hôpital
Pitié-Salpêtrière, 47-83, boulevard de sommeil (SAOS), qui associe des prévalence du SAOS, défini par plus
l’Hôpital, 75651 Paris Cedex 13, France. symptômes cliniques et des apnées de 5 apnées ou hypopnées par heure
nocturnes fréquentes [2]. de sommeil, accompagnées de som-
Une apnée est définie par l’arrêt du nolence diurne excessive, a été éva-
TIRÉS À PART flux aérien (figure 1). Elle peut être luée à 4 % chez l’homme et 2 % chez
I. Arnulf. causée par l’absence de commande la femme, avec un maximum entre
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Augmentation
Respiration Apnée Apnée Apnée de la résistance
normale centrale obstructive mixte Hypopnée
des VAS

Flux aérien
naso-bucal

0
Pression - 20
œsophagienne - 40
(cm H2O) - 80

100
90
Sa O2(%) 80
70
60

Figure 1. Caractéristiques du flux aérien normal et lors de diverses maladies. Le volume pulmonaire augmente au
cours de l’inspiration. L’apnée (interruption du débit aérien) se caractérise par l’absence de modification du volume
pulmonaire. Une apnée peut être causée par l’arrêt de la commande respiratoire (apnée centrale) ou par l’obstruc-
tion des voies aériennes (apnée obstructive). Dans ce dernier cas, les mouvements de la cage thoracique persistent
et augmentent d’amplitude jusqu’à la reprise respiratoire, traduisant un effort inspiratoire (mesuré par la pression
œsophagienne) croissant contre l’obstacle. L’apnée mixte est une apnée centrale devenant secondairement obstruc-
tive. L’hypopnée est définie par une diminution de la ventilation d’au moins 50 %. L’augmentation de la résistance
des voies aériennes est caractérisée par une limitation inspiratoire du débit aérien : le débit stagne malgré l’aug-
mentation croissante des efforts inspiratoires. SaO2 : saturation de l’hémoglobine sanguine en oxygène. VAS : voies
aériennes supérieures.

50 et 60 ans [3, 4]. Les études euro- et à l’existence d’une obstruction aériennes supérieures, situées à l’exté-
péennes retrouvent des prévalences bronchique [5]. rieur du thorax, peuvent se boucher
variables, comprises entre 0,2 % et lors des mouvements inspiratoires
5 % chez les sujets de 30 à 69 ans [5]. Physiopathologie (figure 2). Ce phénomène ne concerne
Le coût annuel de diagnostic et de pas celles dont la rigidité garantit
traitement est évalué actuellement à La respiration est une fonction vulné- l’ouverture (nez, trachée). En
15,9 milliards de dollars aux États- rable : l’organisme ne dispose que de revanche, le pharynx, qui est un tube
Unis [4]. quelques minutes de réserves en oxy- mou, musculaire et membraneux, est
La mortalité et la morbidité cardio- gène. L’homme endormi perd cer- susceptible de s’obstruer. En effet, la
vasculaire au cours du SAOS ont fait tains contrôles, en particulier respira- contraction des muscles inspiratoires
l’objet de nombreuses études épidé- toires. Une anomalie des voies (diaphragme en particulier) crée une
miologiques de qualités méthodolo- aériennes ou des muscles respira- pression négative, c’est-à-dire infé-
giques variables. Elles montrent une toires peut n’entraîner aucun trouble rieure à la pression atmosphérique,
surmortalité chez les patients atteints pendant l’éveil, grâce à des systèmes dans les voies aériennes : c’est ce phé-
de SAOS en rapport avec le nombre compensateurs dont la perte pen- nomène qui attire l’air vers l’intérieur
d’apnées-hypopnées par heure de dant le sommeil peut entraîner des du thorax. Ce faisant, elle tend à
sommeil, l’âge, le poids ou la pré- apnées ou une insuffisance de venti- ouvrir les voies aériennes situées à
sence d’une hypertension artérielle lation. Pour survivre, l’organisme l’intérieur du thorax, car la négativa-
[4-6]. La prévalence de l’hyperten- doit alors mettre en jeu une stratégie tion de la pression pleurale exerce,
sion artérielle au cours du SAOS est dont le prix à payer se manifeste sous via l’élasticité du poumon, une force
élevée, de 20 % à 70 %, d’autant plus la forme de symptômes nocturnes et qui tire leurs berges vers l’extérieur.
que le sujet est obèse. Il existe une diurnes. En revanche, le conduit aérien situé à
relation entre le nombre d’apnées et l’extérieur du thorax tend à se fer-
le risque d’infarctus du myocarde et Le pharynx : une voie aérienne mer, car la pression négative créée
d’accident vasculaire cérébral [5, 6]. qui peut se fermer par l’inspiration, n’étant plus contre-
En revanche, la prévalence de balancée par ce phénomène, aspire
l’hypertension artérielle pulmonaire Pour pénétrer jusqu’aux poumons, les parois vers l’intérieur. Pour empê-
chez les patients atteints de SAOS l’air emprunte des conduits dont le cher l’occlusion du pharynx, un méca-
semble due au tabagisme, à l’obésité calibre et la rigidité varient. Les voies nisme protecteur est mis en action
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sition entre l’éveil et le sommeil
s’accompagne chez 40 % à 80 % des
sujets d’instabilité de la respiration
qui peut devenir périodique, avec
alternance de mouvements d’ampli-
tude et de fréquence variées, ou
Voies aériennes s’interrompre totalement pendant de
extra-thoraciques brèves périodes (apnées centrales),
Muscles dilatateurs jusqu’à atteindre un sommeil lent
du pharynx stable. En sommeil paradoxal, la res-
piration est irrégulière et son
contrôle pourrait être assuré par un
Voies aériennes réseau de neurones suprabulbaire
intra-thoraciques
(tegmentum pontique) également
responsable des mouvements ocu-
Élasticité
du poumon laires rapides [11] ; il s’y associe une
majoration de la relaxation des
muscles, particulièrement du pha-
rynx, et une augmentation de la
latence des réflexes. La durée du
sommeil paradoxal est réduite en
hypoxie et il a été récemment mon-
tré que l’administration d’oxygène
Diaphragme chez le chat pontique augmente sa
fréquence de survenue [12].

Mécanismes de fermeture du pharynx


Inspiration
Les facteurs qui favorisent la ferme-
ture du pharynx sont liés à sa géomé-
trie (large ou étroit), à ses propriétés
Figure 2. À l’inspiration, la contraction du diaphragme et des autres muscles
engendre une pression négative qui est transmise au poumon et aux voies
mécaniques (mou, distensible), à
aériennes. Est ainsi créé un gradient de pression dans les espaces aérés qui l’amplitude de la contraction des
est l’agent des mouvements gazeux inspiratoires. La pression négative muscles dilatateurs du pharynx
située à l’intérieur des voies aériennes tend à les fermer (flèches noires). (diminuée pendant le sommeil) et
Toutefois, la force de rétraction élastique (flèches rouges) du poumon, des muscles inspiratoires (pression
d’amplitude beaucoup plus grande, s’oppose à ce phénomène dans les voies négative) [7]. Une liste des princi-
aériennes intrapulmonaires. En revanche, ce mécanisme n’existe pas dans pales causes est représentée sur le
les voies aériennes extrathoraciques. C’est la contraction des muscles dilata- Tableau I. Les recherches menées
teurs du pharynx (flèches bistres) qui permet d’en éviter la fermeture. auprès de familles de SAOS ont mon-
tré que les anomalies de la géométrie
du pharynx, mais aussi des réflexes
respiratoires peuvent être héritées
avant même le début de l’inspiration : tion diminue. Toutefois, l’immobilité [13]. La stabilité du pharynx dépend
la contraction de muscles dilatateurs liée au sommeil réduit parallèlement aussi de la séquence temporelle de
du pharynx (génioglosse, génio- les besoins en oxygène et ces modifi- contraction des muscles dilatateurs
hyoïde, styloglosse, masséters, ptéryg- cations de calibre ne semblent pas du pharynx qui précède celle des
doïdes, tenseur du voile du palais) avoir d’effet délétère. muscles inspiratoires. Un retard de
[7]. L’application d’une pression contraction des muscles dilatateurs
négative dans les voies aériennes Stades de sommeil et respiration au début de la majorité des apnées
entraîne, en outre, une contraction obstructives pourrait contribuer à la
réflexe du génioglosse [8]. Il existe trois types principaux de genèse des apnées [14]. Le pharynx
L’ensemble de ces mécanismes assure sommeil : lent léger (stades 1 et 2), peut se fermer, soit au niveau du
la stabilité des voies aériennes supé- lent profond (stades 3 et 4) et para- nasopharynx, soit en arrière de la
rieures et permet à l’air de circuler doxal (sommeil de rêve). La com- base de la langue (figure 4). L’activité
librement tant à l’inspiration qu’à mande de la respiration change en des muscles dilatateurs du pharynx
l’expiration dans un conduit de fonction de ces stades (figure 3) [10]. est augmentée pendant l’éveil chez
dimensions régulières [7]. Au cours En sommeil lent, un pilotage auto- les patients par rapport à des sujets
du sommeil normal, ces protections matique est assuré par le tronc céré- normaux [15] et les muscles pharyn-
sont moindres, ce qui entraîne une bral : la respiration est régulière, gés sont hypertrophiés, ce qui pour-
diminution physiologique du calibre influencée par la pression artérielle rait être un mécanisme de compensa-
pharyngé [7, 9]. De ce fait, la ventila- en gaz carbonique. Toutefois, la tran- tion de l’étroitesse du pharynx, avec
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vent des anomalies morphologiques
A Sommeil lent B Sommeil paradoxal
évocatrices de souffrance musculaire
chronique chez ces patients ainsi que
chez les bouledogues anglais, qui
Afférences Afférences présentent spontanément des ano-
suprabulbaires suprabulbaires
malies respiratoires du sommeil [17].
En cas d’obstruction, l’organisme
réagit par une contraction croissante
Réflexes Réflexes des muscles inspiratoires. Or, cette
Bulbe Bulbe compensation est, dans le cas de
l’apnée, mal adaptée : plus les muscles
inspiratoires se contractent, plus la
pression négative qu’ils développent
aspire en dedans les berges du pha-
Muscles Muscles Muscles Muscles rynx et le bouche. Une telle réponse
pharyngés inspiratoires pharyngés inspiratoires aboutirait au décès, si des mécanismes
complexes n’entraînaient un réveil.
L’apnée obstructive entraîne une
Poumon Poumon
hypoxie, une hypercapnie, souvent
Poumons Poumons
Paroi
Paroi des Paroi
Paroi des une bradycardie, une augmentation
Voies aériennes
voies aériennes Voies aériennes
voies aériennes de la charge sur le système respira-
toire avec distorsion thoraco-abdomi-
nale et pharyngée, une augmentation
de la commande ventilatoire avec
Figure 3. La commande respiratoire automatique est assurée par un sys- recrutement des muscles abdomi-
tème de neurones bulbaires. Ils activent cycliquement la pompe inspiratoire naux. Chacune de ces modifications
(diaphragme et muscles respiratoires accessoires), et garantissent la per- peut être à l’origine de l’éveil, bien
méabilité des voies aériennes supérieures en stimulant la musculature pha-
que le déterminisme précis de ce der-
ryngée. A. En sommeil lent, la modulation de cette commande par les affé-
rences suprabulbaires est réduite alors que les réflexes, émoussés mais
nier reste inconnu [7, 18, 19]. La rapi-
conservés, permettent d’assurer une ventilation régulière. B. En sommeil dité avec laquelle un sujet se réveille
paradoxal, l’irrégularité de la ventilation est causée par l’activation d’affé- de l’apnée dépend aussi de son seuil
rences suprabulbaires et par l’allongement de la latence des réflexes correc- d’éveil, qui, pour un même stade de
teurs. La diminution du tonus musculaire pharyngé et des muscles respira- sommeil, peut augmenter progressive-
toires accessoires contraste avec une activité diaphragmatique conservée et ment au cours de la nuit. Cela pour-
peut mettre en péril la ventilation. rait expliquer pourquoi la durée des
apnées croît au cours de la nuit [19].
Il n’existe pas de mécanisme qui per-
mette de réactiver complètement les
augmentation des fibres de type IIA des lésions de fibrose et d’inflamma- muscles dilatateurs du pharynx sans
(à réponse rapide) et des enzymes du tion des parties molles pharyngées réveiller le sujet. Ce réveil s’accom-
métabolisme anaérobie [16]. Ces sont susceptibles d’altérer la stabilité pagne immédiatement d’une contrac-
modifications musculaires associées à du pharynx. D’autres équipes retrou- tion des muscles dilatateurs du pha-

Tableau I

MÉCANISMES ET CAUSES DE FERMETURE DU PHARYNX

Réduction Augmentation Diminution de la contraction réflexe


du calibre du pharynx de la collapsibilité du pharynx des muscles dilatateurs du pharynx
Sexe masculin Inflitration graisseuse
Position allongée sur le dos Facteurs génétiques Sommeil
Nuque fléchie Dette de sommeil Respiration par la bouche
Infiltration de graisse Fragmentation du sommeil Anesthésie générale
Voile et luette allongés, épaissis Alcool
Hypertrophie des amygdales Augmentation de l’effort Somnifères
diaphragmatique
Macroglossie Dette de sommeil
Rétrognathie, micrognathie Effort inspiratoire contre un obstacle Anesthésie locale pharyngée
Tumeur du pharynx (obstruction nasale) Facteurs génétiques
Hypothyroïdie Effort contre une charge en poids (obésité) Maladies neurologiques
Acromégalie Hypoxie, hypercapnie

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VP VP

Voies aériennes supérieures


L P L
P
Palais osseux Fosses nasales
E E
Langue et Cavité buccale
génioglosse
Palais mou (voile)
Mandibule
B Pharynx ouvert C Obstruction
Pharynx nasopharyngée

Épiglotte
VP VP

Os hyoïde Larynx
L L
P
Cordes vocales Trachée
P
E E

A Pharynx normal

D Obstruction E Obstruction
oropharyngée hypopharyngée

Figure 4. Les voies aériennes supérieures comprennent les fosses nasales, le pharynx, le larynx et la trachée (A). Le
pharynx (P) est un conduit flaccide situé en arrière des fosses nasales, du voile du palais (VP), de la langue (L) et de
l’épiglotte (E). Il est normalement ouvert à l’inspiration, lorsque le voile, la langue et l’épiglotte sont propulsés en
avant par les muscles dilatateurs du pharynx (A, B). Le pharynx peut être obstrué lorsque le voile du palais est appli-
qué en bas et en arrière (C), lorsque la base de la langue est aspirée en bas et en arrière (D), ou plus rarement
lorsque l’épiglotte bascule en arrière (E).

rynx qui rouvre les voies aériennes et somnolence diurne [21]. Les pics
termine l’apnée, ainsi que d’une hypoxiques sont responsables d’une Ronflement
tachycardie. Cette réaction d’éveil sur- déviation à droite de la courbe de Le ronflement est produit par la mise
vient également lors des hypopnées. dissociation de l’hémoglobine qui en vibration des structures molles du
Cependant, la relaxation des muscles permet donc d’extraire plus d’oxy- pharynx (luette, voile du palais, base
pharyngés pendant le sommeil ne peut gène du sang. Ces modifications de langue) causée par les turbu-
être la seule cause possible d’obstruc- sont réversibles sous traitement lences du flux aérien inspiratoire. Sa
tion: en effet, les apnées ou les hypo- [22]. La pression artérielle aug- prévalence, qui augmente nettement
pnées ne surviennent quasiment jamais mente généralement pendant après 35 ans, est évaluée à 60 % chez
en sommeil lent stable ou profond, l’apnée. Ces à-coups tensionnels l’homme et à 40 % chez la femme
alors que cette relaxation est maximale engendrent une diurèse réaction- d’âge compris entre 41 et 65 ans [3,
[9]. Il a ainsi été suggéré que l’instabi- nelle. Un modèle canin d’apnées 4, 24]. Le ronflement est, comme les
lité du contrôle de la ventilation obser- provoquées mécaniquement a per- apnées, en rapport avec les caracté-
vée chez certains sujets à l’endormisse- mis de démontrer qu’il était possible ristiques anatomiques et mécaniques
ment entretienne la récurrence des d’induire une augmentation de la du pharynx : il est exacerbé par le
apnées, car il persiste une respiration pression artérielle nocturne lors des décubitus dorsal, la prise de poids,
périodique sans obstruction des voies apnées, le chiffre maximum corres- d’alcool, de sédatifs, le tabagisme, la
aériennes chez certains sujets atteints pondant à l’éveil contemporain de privation de sommeil. Il semble aussi
de SAOS et trachéotomisés [20]. la reprise ventilatoire. Cette varia- en relation avec des facteurs géné-
Chez l’homme, la sécrétion de testo- tion de la pression artérielle est simi- tiques [13].
stérone est altérée par ces réveils laire à celle obtenue lors d’un éveil Le syndrome d’augmentation de la
multiples. La fragmentation du som- provoqué par un stimulus sonore. résistance des voies aériennes supé-
meil induite par les événements res- Par ailleurs, une augmentation de la rieures est défini par l’association,
piratoires est bien corrélée avec les pression artérielle diurne est consta- chez certains ronfleurs, d’une som-
troubles cognitifs du SAOS, mais tée après un mois d’apnées noc- nolence, d’efforts inspiratoires pro-
mal corrélée à l’importance de la turnes [23]. gressivement croissants, associés à
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une limitation (et non une réduc- tômes ressentis par le sujet et le dia- gie du voile du palais ne semble don-
tion) du débit inspiratoire, qui se ter- gnostic du SAOS est long, car les ner de résultats satisfaisants, d’ailleurs
minent par un microéveil (figure 1) signes diurnes sont peu spécifiques, non constants, que dans les formes
[25]. Il manque de nombreuses don- d’installation très progressive et sont bénignes de la maladie, cependant que
nées sur la prévalence, les critères volontiers attribués dans un premier les méthodes chirurgicales plus
exacts, la morbidité et le traitement temps au vieillissement. lourdes, réservées à des cas générale-
de ce syndrome. Il a été suggéré qu’il Les signes les plus fréquemment ren- ment sévères, sont en cours d’évalua-
existe un continuum entre ronfle- contrés à l’examen clinique associent tion. Enfin, si les mesures d’hygiène
ment simple, ronflement avec aug- surpoids, obstruction nasale, anomalies améliorent les symptômes, elles sont
mentation des résistances des voies pharyngées et maxillo-mandibulaires. rarement suivies de façon rigoureuse.
aériennes supérieures, et SAOS [24]. La maladie est fréquente chez les bré- C’est pourquoi de nombreux médica-
vilignes et lorsque la circonférence du ments ont été testés, avec des résultats
Symptomatologie cou est supérieure à 43 cm. Il existe à ce jour décevants. Le traitement idéal
du SAOS souvent une hypertension artérielle. reste à établir.
Les règles d’hygiène visent à suppri-
Le SAOS est caractérisé par des Diagnostic mer ou à limiter les facteurs qui favo-
manifestations nocturnes et diurnes risent l’obstruction pharyngée, tels
[2-4, 21, 24]. Les symptômes noc- Le diagnostic de certitude repose sur que les somnifères, les boissons alcoo-
turnes, rarement perçus par le l’enregistrement conjoint de la ventila- lisées le soir, le surpoids, le tabac
malade, associent ronflements tion et du sommeil (polysomnogra- (source d’inflammation pharyngée)
sonores et apnées terminées par des phie), réalisé en laboratoire de som- et la position en décubitus dorsal. Le
reprises respiratoires bruyantes. Il meil ou à domicile. Cet examen premier traitement efficace du SAOS
peut s’y associer une polyurie (plus permet de quantifier le nombre a été la trachéotomie : si elle a permis
d’une miction), un sommeil agité et d’apnées et d’hypopnées, de détermi- d’établir de façon définitive que le
de la transpiration. Il existe une lassi- ner leur type (obstructif, central ou siège de l’obstruction était bien pha-
tude au réveil avec impression que le mixte) et d’évaluer leur retentissement ryngé, elle n’est aujourd’hui réservée
sommeil n’a pas été récupérateur, et sur l’hématose, l’architecture du som- qu’à certaines formes graves. Les
parfois des maux de tête. Dans la meil et le rythme cardiaque. Toutefois, autres traitements chirurgicaux visent
journée, les troubles de la vigilance il s’agit d’un examen relativement à élargir les voies aériennes supé-
associent une sensation de fatigue lourd, nécessitant une infrastructure rieures. La résection du vélopharynx,
inexpliquée, une tendance à somno- spécialisée et dont la réalisation et ou uvulo-palato-pharyngoplastie
ler après les repas, au maximum des l’interprétation sont longues. Diverses (UPPP), initialement réservée au trai-
endormissements incoercibles dans stratégies alternatives ont été propo- tement « esthétique » du ronflement a
certaines situations : transports, sées reposant sur l’enregistrement noc- été appliqué pour traiter le SAOS
conférences, cinéma, télévision. La turne, chez les patients présentant les [30]. Il s’agit d’une chirurgie simple
survenue d’endormissement chez des symptômes de la maladie, d’un ou plu- mais douloureuse, qui peut être à
conducteurs automobiles lors de tra- sieurs paramètres respiratoires (oxymé- l’origine d’une insuffisance vélaire
jets monotones est une des consé- trie, bruits trachéaux, flux naso-buccal, séquellaire (troubles de la déglutition,
quences potentiellement les plus mouvements respiratoires) afin de de la phonation et reflux des liquides
graves du SAOS, en raison du risque réserver l’enregistrement polysomno- par le nez). Son taux de réussite, très
d’accidents deux à trois fois supé- graphique à un nombre limité d’indi- variable d’une étude à l’autre, est en
rieur à celui de la population nor- cations. En fait ces tests, souvent utiles moyenne de 50 %. Aucun facteur pré-
male, risque qui augmente avec la en clinique, n’ont pas fait l’objet dictif ne permet de mieux sélection-
gravité du SAOS [26]. Ces troubles d’études de grande ampleur qui per- ner les patients susceptibles de bénéfi-
de la vigilance sont souvent sous-esti- mettraient d’en déterminer la valeur cier de ce traitement. De plus, il peut
més, voire niés, par le patient. La prédictive positive [27, 28]. y avoir dissociation entre l’améliora-
reconnaissance de ces symptômes tion ressentie par le sujet et la réalité
comme anormaux entraîne une aug- Traitements objective de ses troubles. Ce traite-
mentation d’investigations du som- et perspectives ment est aujourd’hui controversé et
meil de 30 % par an. L’inadéquation ses indications non codifiées [28, 31,
entre la réalité de la maladie et sa Il existe différentes sortes de traite- 32]. D’autres techniques, plus
reconnaissance est considérée com- ments dont l’objectif est le même: res- lourdes, d’avancement maxillo-mandi-
me un problème de Santé Publique taurer une perméabilité satisfaisante bulaire peuvent être indiquées chez
majeur aux États-Unis [4]. Il peut s’y des voies aériennes [28, 29]. La les patients graves. Les résultats sont
associer des troubles cognitifs (défaut méthode qui est aujourd’hui la réfé- encourageants mais les indications
d’attention et de concentration, alté- rence (application d’une pression posi- précises ne font pas l’objet d’un
ration de la mémoire et du contrôle tive continue) a l’avantage de ne pas consensus [32].
visuomoteur), des troubles de modifier l’anatomie et de voir ses effets Par ailleurs, diverses prothèses amo-
l’humeur (irritabilité, dépression) et cesser en cas d’interruption. Toutefois vibles permettent de propulser la
des troubles sexuels chez l’homme elle est encombrante, bruyante, ines- langue ou la mandibule en avant afin
(baisse de la libido et de l’érection). thétique et finalement utilisable seule- d’éviter que la base de la langue
Le délai entre les premiers symp- ment dans la moitié des cas. La chirur- n’obstrue les voies aériennes. Ces
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prothèses semblent réservées aux 3. Young TB, Palta M, Dempsey JA, Skatrud sleep apnoea syndrome : influence on arou-
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m/s n° 6-7, vol. 15, juin-juillet 99 813
Summary
Sleep apnea syndrome

Patients with obstructive sleep


apnea syndrom (OSAS) demons-
trate recurrent reduction (hypop-
nea) or cessation (apnea) of brea-
thing during sleep due to narrowing
or occlusion of the pharyngeal air-
way. Daytime sleepiness of various
severity, loud snoring, thrashing in
bed, nycturia, impaired daytime
cognitive performance, dysphoric
mood, impotence, and morning
headaches are other symptoms of
this condition, which is most com-
monly seen in middle-aged, obese
males. This disease is often associa-
ted with overweight and has also
been described in postmenopausal
female, in people with upper airway
anatomic abnormalities, and in asso-
ciation with endocrine or neuro-
muscular disorders. Prevalence sur-
veys estimate that 4 % of
middle-aged men and 2 % of
middle-aged women are affected by
OSAS. Several reports also indicate
that patients have increased morta-
lity and morbidity from cardiovascu-
lar events, such as systemic hyper-
tension, myocardial infarction and
stroke, and from road traffic acci-
dents. Recurrent cessation of airflow
is associated with hypoxia, hypercap-
nia, and increasing inspiratory
effort against the obstructed airway,
all of which ultimately lead to a brief
arousal, restauration of airway
patency, and recovery of blood
gases. To explain this phenomenon,
theory emphasizing both anatomic
and functional abnormalities of the
upper airways have been proposed.
Structural narrowing may predis-
pose the pharynx to collapse when
pharyngeal dilator muscles fail to
maintain sufficient force to counte-
ract negative inspiratory pharyngeal
pressure. Diagnosis of OSAS is per-
formed during overnight polysom-
nography, which is an attended
recording of sleep stage, respiratory
and other parameters. The most
effective and commonly used teat-
ment for OSAS is nasal continuous
positive airway pressure. Tracheo-
stomy and mandibular advance-
ment are the only effective surgical
procedures in selected patients.

814 m/s n° 6-7, vol. 15, juin-juillet 99

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