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Comment se présentent les patients

atteints d'une maladie respiratoire ?

La maladie respiratoire est un motif fréquent de POINT DE RÉVISION 5.1


consultation médicale, représentant près d'un
cinquième de toutes les consultations en méde- Efforts ventilatoires Exemple
cine générale. Il est très important de recueillir augmentés
une bonne anamnèse, de bien caractériser les Obstruction des voies Asthme
symptômes, de les relier avec d'autres symp- aériennes
tômes et de préciser l'histoire professionnelle en Poumons « rigides » Fibrose pulmonaire
détail.
Paroi thoracique ankylosée Scoliose

Influx neuromusculaires Dystrophie


diminués musculaire
• HISTOIRE DE LA MALADIE
Stimuli respiratoires augmentés

Les patients se présentent habituellement avec Stimulus chimique Hypoxie, acidóse


un des trois symptômes respiratoires principaux Stimulus neurologique Œdème pulmonaire
suivants (ou davantage) :
• essoufflement ou dyspnée (voir aussi cha-
pitre 24) ; Les symptômes apparaissent lorsque une com-
• toux; mande respiratoire anormale n'est pas adaptée
• douleurs thoraciques. ou excède les besoins.
Pour diagnostiquer une dyspnée, respectez les
étapes suivantes (Point de révision 5.2).
Dyspnée
POINT DE RÉVISION 5.2
Cette plainte très fréquente consiste en une
oppressante difficulté à respirer. La sensation
Est-ce vraiment une dyspnée ?
d'essoufflement qu'ont les personnes saines
Histoire de la maladie.
après un effort ardu est probablement proche
de celle dont souffrent certains patients après un Sévérité de l'essoufflement ?

exercice modéré ou au repos. Variabilité (spontanée/nocturne/posturale) ?

Trois phénomènes fondamentaux conduisent à Facteurs aggravants.


l'essoufflement, de manière isolée ou conjointe- Effets thérapeutiques.
ment (Point de révision 5.1). Symptômes associés.
Dans l'asthme, par exemple, l'obstruction de la
ventilation augmente le travail, l'hyperventilation
altère les fonctions diaphragmatiques et l'anxiété Est-ce vraiment une dyspnée?
majore les stimuli neurologiques; la combinai- Essayez de préciser exactement de quels symp-
son de ces principaux facteurs, et d'autres, pro- tômes souffre le patient. Beaucoup disent qu'ils
voque l'essoufflement. ont le « souffle court » ou qu'ils sont « hors d'ha-
leine » plutôt qu'« essoufflés ». Les patients se
Comprendre les différents appareils

plaignant « d'oppression thoracique » n'ont pas Toutefois, les causes peuvent être multiples. Une
nécessairement des difficultés à respirer mais de insuffisance ventriculaire gauche peut, par
l'angor; parfois les deux peuvent survenir exemple, apparaître brutalement ou se dévelop- I
ensemble. Les patients avec des douleurs thora- per sur plusieurs semaines avec une dyspnée
ciques pleurales se plaignent souvent d'essouf- croissante. Le plus souvent, les patients ne peu-
flement et ces symptômes peuvent coexister vent pas donner avec précision le début exact
avec un infarctus pulmonaire. Ils peuvent, toute- d'une dyspnée durable. Vous devez insister I
fois, être liés à une impossibilité de respirer nor- auprès d'eux, car les patients qui disent être
malement en raison d'une douleur à essoufflés depuis plusieurs mois se souviennent
l'inspiration, en raison de fractures costales par ensuite que la tolérance à l'exercice physique I
exemple. s'est détériorée depuis plusieurs années.

Histoire de la maladie Sévérité de la dyspnée


« Depuis combien de temps êtes vous essouf- Des échelles de cotation de la sévérité d'une dys- I
flé? » ou « Quand ont commencé vos difficultés pnée existent, mais une approche clinique
respiratoires? » sont des questions vitales, car le simple évaluera son Impact sur le mode de vie
délai d'installation de l'essoufflement est très de votre patient, en posant des questions géné- |
important pour le diagnostic (Point de révi- raies comme:
sion 5.3). • « Quelle distance pouvez-vous parcourir à
pied, sur un terrain plat, sans vous arrêter? »
• « Pouvez-vous monter les escaliers d'une
seule traite? »
• pour une femme de ménage : « Pouvez-vous
encore faire votre ménage? »
Secondes/minutes • pour un homme retraité: « Pouvez-vous
Insuffisance ventriculaire gauche encore bêcher votre jardin? »
Embolie pulmonaire
Pneumothorax
Soyez attentifs aux patients à pathologies mul-
Asthme
tiples; la tolérance à l'exercice physique d'une
Heures/jours femme âgée aux genoux arthrosiques ou d'un
Insuffisance ventriculaire gauche
homme avec une claudication intermittente peut
Pneumonie
Asthme
être diminuée davantage par des douleurs aux
Décompensation aiguë d'une maladie pulmonaire jambes que par une dyspnée.
chronique obstructive
Syndrome de détresse respiratoire aiguë de l'adulte
POINT PRATIQUE
Alvéolite allergique Évaluez la sévérité d'une dyspnée en demandant
Épanchement pleural dans quelle mesure le mode de vie du patient est
affecté.
Semaines
Insuffisance ventriculaire gauche
Anémie
Asthme
Épanchement pleural Variabilité
Mois/années La variabilité d'une dyspnée est un point impor-
Broncho-pneumopathie chronique obstructive tant et peut se manifester de différentes
(BPCO) manières:
Asthme
Anémie
Dyspnée spontanée. L'essoufflement peut
Fibrose pulmonaire
être quasiment constant, ou progresser lente-
* 1l peut y avoir des chevauchements entre les catégories.
Cette liste n'est en aucun cas exhaustive.
ment comme dans les broncho-pneumopathies
chroniques obstructives (BPCO), ou encore être
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éplsodique et varier au cours de la journée souffrant d'un asthme liés à leur travail : « Est-ce
comme dans l'asthme. que votre respiration (les sifflements ou la toux)
s'améliore pendant les week-ends? » et « Est-ce
Dyspnée nocturne. Un réveil nocturne peut que cela va mieux pendant vos vacances? »
survenir dans deux situations parfois difficiles à
séparer l'une de l'autre: l'œdème pulmonaire et Effets des traitements
l'asthme nocturne. Dans l'œdème pulmonaire dû Une dyspnée qui s'améliore après la prise de
à l'insuffisance ventriculaire gauche ou à une diurétiques oriente vers un œdème pulmonaire.
maladie valvulaire cardiaque, les patients sont Une amélioration singulière après plusieurs
réveillés brutalement par leur essoufflement jours de traitement stéroïdien évoque très forte-
(« dyspnée paroxystique nocturne ») mais sont ment un asthme ou, plus rarement, une maladie
soulagés en s'asseyant ou en sortant du lit, parenchymateuse comme une alvéolite aller-
manœuvres qui réduisent la pression capillaire gique. Un soulagement rapide par un broncho-
hydrostatique. Chez un asthme mal contrôlé (un dilatateur permet un diagnostic d'asthme.
problème bien plus fréquent), l'essoufflement
survient également vers deux ou trois heures du Symptômes associés
matin mais s'accompagne d'une toux et de sif- Les interrelations des symptômes sont impor-
flements, reflétant l'exagération des variations tantes. L'essoufflement chez un fumeur avec une
circadiennes normales du calibre des voies hémoptysie et une perte de poids suggère une
aériennes. atélectasie ou un épanchement dus à un cancer,
alors que l'essoufflement avec des sifflements
Dyspnée posturale. L'essoufflement surve- chez un jeune est habituellement un asthme.
nant en position couchée (orthopnée) n'est pas L'essoufflement est un symptôme fréquent d'hy-
seulement un signe d'insuffisance cardiaque. perventilation, souvent sans lien avec l'effort et
Ceci survient dans une paralysie diaphragma- survenant avec d'autres symptômes comme des
tique bilatérale. L'amélioration de l'essoufflement palpitations, des paresthésies des bras, des ver-
au coucher (platypnée) est rare et se voit dans tiges, une douleur thoracique et une respiration
différents types de shunt artério-veineux. trop visible. Ces patients se plaignent souvent de
« ne pas pouvoir prendre une respiration pro-
Facteurs prédisposants fonde » ou de « ne pas inspirer suffisamment
Une dyspnée liée à des facteurs environnemen- d'air dans la poitrine ».
taux, identifiables ou non, est habituellement liée
à l'asthme. Certains asthmatiques, par exemple, Sifflements. Ce bruit sifflant et musical qui
deviennent essoufflés lorsqu'ils sont en pré- survient lors de la respiration est important, car
sence d'un chat ou à d'un parfum particulier, ou il indique une obstruction des voies aériennes.
peuvent avoir des symptômes saisonniers Les principales causes sont:
lorsque la densité des pollens est élevée. L'es- • l'asthme;
soufflement est presque toujours aggravé pen- • la bronchite chronique et l'emphysème;
dant l'exercice physique, mais l'asthme d'effort • l'obstruction permanente des voies aériennes,
survient souvent après les efforts. Une dyspnée en raison d'une tumeur, par exemple.
aiguë est plus souvent due à une alvéolite aller-
gique ou à un asthme; les fermiers et les éle- Vous serez peut être amené à expliquer ce qu'est
veurs de pigeons peuvent développer des un sifflement car tous les patients ne compren-
symptômes quatre à douze heures après l'expo- nent pas ce que cela veut dire. Les principaux
sition à des allergènes. Les activités profession- signes diagnostiques du sifflement sont les
nelles sont particulièrement importantes; mêmes que pour l'essoufflement; toutefois, la
demandez à tous les patients avec une dyspnée variabilité du sifflement, son caractère spontané
si elle est liée à leur travail. Deux questions per- ou sa survenue à l'effort, les allergènes, l'occu-
mettent de reconnaître la plupart des patients pation, les médicaments (par exemple bêtablo-
Comprendre les différents appareils

quant, aspirine), ou des sifflements nocturnes Facteurs favorisants. La toux liée au repas
suggèrent de l'asthme. ou au décubitus dorsal peut être due à l'inhala-
tion du contenu œsophagien. La toux peut être
causée par des poussières ou des fumées parti-
La toux culières.

Ce signe varie de l'irritation modérée à un symp- Production de crachats. Une toux chro-
tôme de détresse. Il est fréquent dans les mala- nique hautement productive suggère des bron-
dies respiratoires mais, à lui seul, aide rarement chectasies.
au diagnostic. La toux est un effort expiratoire
forcé s'opposant à une glotte fermée qui s'ouvre Signes associés. Les causes les plus habi-
brutalement, libérant l'air et les sécrétions respi- tuelles d'une toux chronique non diagnostiquée
ratoires de manière explosive. Le réflexe naît des sont:
récepteurs du larynx et des voies principales res- • l'écoulement nasal postérieur;
piratoires, qui sont stimulés à la fois par des • l'asthme occulte;
substances dans les voies respiratoires (comme • le reflux gastro-œsophagien.
des sécrétions, des corps étrangers ou des irri-
tants inhalés) et par des phénomènes affectant Il est impératif, dès lors, de rechercher une obs-
les parois de l'arbre respiratoire (comme une truction nasale, une rhinorrhée et une sinusite;
inflammation ou des modifications brutales du d'autres symptômes de l'asthme; un pyrosis et
volume thoracique). une indigestion. L'inhalation de corps étrangers,
comme une cacahouète, peut provoquer la toux
Caractéristiques de la toux et est souvent méconnue chez l'enfant.
Beaucoup de fumeurs et d'habitants de zones
industrielles considèrent la toux comme faisant Type de toux. Si votre patient tousse pen-
partie de leur vie quotidienne. Leur réponse à dant l'examen, vous pourrez vérifier si elle est
« Est-ce que vous toussez? » peut souvent être productive. Sinon, le caractère de la toux est
« Non » ou « Comme d'habitude ». Dans ce cas rarement une aide diagnostique. Dans la paraly-
vous devez rechercher ce que votre patient sie unilatérale d'une corde vocale (comme dans
considère comme normal, demander si la toux a la paralysie du nerf récurrent causée par une
changé récemment, et vérifier les points suivants : extension médiastinale maligne) la toux peut
être prolongée et ressemble au meuglement
Durée. Essayez d'apprécier depuis combien d'une vache (toux « bovine »). Une laryngite, par-
de temps la toux est présente. Une toux matinale ticulièrement chez l'enfant, se manifeste par une
persistant depuis plusieurs années et produisant toux râpeuse, comme dans un croup. Une toux
des crachats blancs est caractéristique d'une faible survient dans la paralysie bilatérale des
bronchite chronique, alors que la toux Installée cordes vocales, dans la paralysie des muscles
depuis une semaine ou deux est habituellement respiratoires, dans les atteintes sévères de toute
en rapport avec un banal refroidissement. cause et lorsque la toux est douloureuse.

Variabilité. Une toux nocturne peut appa- Expectoration. Recherchez des « crachats »
raître dans l'asthme. Bien que souvent associée à plutôt qu'une « expectoration », un terme qui ne
une dyspnée et à des sifflements, elle peut être le dit rien à la majorité des patients. Environ 100 ml
seul symptôme inaugural de l'asthme infantile et de sécrétion sont produites journellement par
occasionnellement de l'adulte. La toux varie au un arbre respiratoire normal, et sont habituelle-
cours de la journée dans l'asthme, mais une toux ment avalés. Devant une toux productive, il est
persistant depuis plusieurs semaines ou mois utile de savoir grossièrement quelle quantité a
chez un fumeur accroît la possibilité d'un carci- été produite, même si certains patients avalent le
nome bronchique. surcroît de crachats. Le volume d'une expectora-
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tion, disons, d'une cuillère à soupe jusqu'à une ment du nasopharynx peut être difficile à distin-
tasse, est habituel dans les bronchectasies, par- guer. S'il existe à saignement nasal ou du sang
fois plus dans les abcès pulmonaires. Une présent dans la bouche, l'origine nasopharyngée
remarque générale concernant la prise des anté- est probable, alors que si le sang remonte lors
cédents est Ici nécessaire. Lorsque vous interro- de la toux, s'il est mélangé ou qu'il strie les cra-
gerez votre patient sur, par exemple, le volume chats, l'origine thoracique est probable. Le sang
de crachats ou le nombre de douleurs thora- d'origine pulmonaire est habituellement rouge
ciques « dans une journée », vous référerez habi- et non pas brun.
tuellement à une période de 24 heures alors que
le patient pense le plus souvent à la journée « par L'hémoptysie est-elle sévère? Le volume
opposition à la nuit ». Accordez-vous avec votre de sang aide à évaluer la gravité du problème et
patient. devient important pour la prise en charge. Une
hémoptysie de plus de 200 ml en 24 heures
Expectoration: couleur et consistance. engage le pronostic vital.
Claire ou blanche (grise dans les zones Indus- L'origine de l'hémoptysie (Point de révision 5.4)
trielles), collante ou mucoïde, l'expectoration est n'est retrouvée que chez la moitié des patients.
typique d'une hypersécrétion des glandes à L'histoire et l'examen cliniques apportent des
mucus bronchiques, comme dans la bronchite orientations écologiques.
chronique. Lorsque les crachats sont jaunes et Une hémoptysie franche avec une douleur pleu-
verts (purulents), souvent épais, ils contiennent rale, une dyspnée et parfois un frottement pleu-
des globules blancs marqueurs de l'infection, ral se retrouve dans l'infarctus pulmonaire ou de
bien que dans l'asthme, les crachats verts puis- la fièvre; une expectoration purulente et des
sent être dus à des éosinophiles. Les crachats signes de condensation pulmonaire se voient
des mineurs de charbon peuvent être noirs dans la pneumonie. Une hémoptysie récidivante
(mélanophtysis). Les asthmatiques ont des depuis des années est fréquente dans les bron-
expectorations visqueuses et filantes («je n'arrive chectasies. Chez un fumeur de quarante ans et
pas à le sortir » est un commentaire fréquent), et plus, il faut toujours penser au carcinome bron-
plus rarement crachent des petits moules bron- chique. Une hémoptysie ne doit jamais être rap-
chiques (spirales de Cruschmann) lorsqu'ils pré- portée à une « bronchite » avant d'avoir éliminé
sentent une aspergillose broncho-pulmonaire. les étiologies graves, et même si c'est le cas, il
L'expectoration est mousseuse, parfois rosée, vaut mieux être honnête et dire que la cause est
dans l'œdème aigu pulmonaire sévère. Des inconnue.
sécrétions abondantes sont rares dans les carci-
nomes alvéolaires. Une expectoration fétide
suggère une infection anaérobie dans un abcès
ou un emphysème pulmonaire avec fistule
broncho-pleurale.
Communes
Sans cause retrouvée.
Infection respiratoire aiguë.
Hémoptysie (cf. chapitre 38). Cracher du
Bronchectasies.
sang au cours d'un effort de toux fait craindre Cancer pulmonaire.
un cancer à beaucoup de patients et de méde- Tuberculose active/inactive.
cins, alors qu'il n'est mis en cause que dans 3 % Traumatisme thoracique.
des cas. Face à un patient ayant expectoré du Rares
sang il vous faudra répondre à deux questions: Vascularite pulmonaire.
Malformations artério-veineuse.
Tumeur bénigne.
Est-ce vraiment une hémoptysie? Vous
Corps étrangers.
devez vous rappeler que le sang peut ne pas Sténose mitrale.
venir de l'arbre respiratoire. L'hématémèse est Troubles de la coagulation.
habituellement facile à éliminer, mais un saigne-
Comprendre les différents appareils

Douleur thoracique [cf. chapitre 25). Le chant la portion périphérique du diaphragme


poumon ne comporte pas de fibres de la dou- provoque une douleur projetée vers la région
leur, ce qui explique que les maladies parenchy- thoracique inférieure et abdominale supérieure.
mateuses comme la fibrose alvéolaire ou le La douleur pleurale très sévère de la myalgie
cancer ne provoque pas de douleurs thora- épidémique du virus coxsackie (maladie de
ciques. Bornholm ou « grippe du diable »), dans laquelle
La plèvre pariétale est très sensible et les dou- les muscles intercostaux sont extrêmement sen-
leurs d'origine pleurale peuvent être très sévères. sibles, est heureusement rare. Une douleur à
Typiquement, elles sont aiguës, lancinantes et irradiation intercostale naissant de la colonne
aggravées par la respiration ou la toux. Les thoracique en raison d'un collapsus vertébral a
patients disent: « Cela m'attrape pendant que je parfois des caractères pleuraux et peut être exa-
respire ». Une atteinte pleurale survient lors cerbée par la toux.
d'une inflammation de la plèvre (pleurésie) ou
pour des causes ostéomusculaires, parce que la Autres douleurs thoraciques d'origine
douleur de la paroi thoracique (par exemple due respiratoire
à une fracture costale) mime très fidèlement la Les épanchements pleuraux abondants peuvent
pleurésie (Point de révision 5.5). provoquer une sensation de pesanteur. De
manière caractéristique, le mésothélium pro-
voque une douleur constante, souvent sévère. Le
pneumothorax provoque parfois des douleurs
Pleurales pleurales mais les patients décrivent le plus sou-
Infectieuse, par exemple pneumonie vent des sensations d'étirement et de traction.
Infarctus pulmonaire/embolie Des douleurs et un gonflement des articulations
Néoplasique (primaire ou secondaire) sterno-costales portent le nom de syndrome de
Connectivités :
Tietze, mais il est beaucoup plus fréquent de pal-
- lupus éryfhémateux disséminé*
- polyarthrite rhumatoïde* per des articulations sterno-costales doulou-
Pleurésie reliée à l'asbestose* reuses sans gonflement. La trachéite et
occasionnellement des hémopathies médiasti-
Ostéo-articulaires
Fractures costales (traumatisme, toux et nales ou hilaires, comme dans la sarcoïdose,
pathologique) provoquent des douleurs thoraciques centrales,
Déchirure musculaire souvent décrites comme une « sensation à vif ».
Herpès Zoster* Toute toux persistante peut provoquer un endo-
Maladie de Bornholm**
lorissement thoracique, et parfois même causer
* Peu fréquent. ** Rare.
une fracture costale.

Les principales difficultés diagnostiques tiennent Check-list des points importants


aux similitudes entre les infections, l'infarctus et
de l'histoire
les causes ostéomusculaires. L'association avec
une fièvre et une expectoration purulente oriente Les points suivants revêtent une importance
vers une infection; avec une dyspnée et une particulière:
hémoptysie vers un infarctus. Un traumatisme et
des douleurs provoquées avec sensibilité sur le Œdème des chevilles. Un œdème périphé-
site de la douleur orientent vers une cause rique chez les patients porteurs d'une maladie
ostéomusculaire. La pleurésie diaphragmatique pulmonaire chronique peut signifier un cœur
centrale provoque une douleur projetée vers les pulmonaire (maladie du cœur droit secondaire à
épaules, car les fibres de la douleur issues de la maladie pulmonaire) dont le pronostic est
cette partie du diaphragme empruntent le nerf mauvais.
phrénique (C 3, 4, 5) alors que la pleurésie tou-
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Arthrite et arthralgie. Les maladies dites Érythèmes. La sarcoïdose provoque de


connectivités (par exemple la polyarthrite rhu- nombreux signes cutanés dont l'érythème
matoïde) sont associées à des maladies respira- noueux (Fig. 11.1) qui se limite de lui-même et
toires diverses, incluant la fibrose alvéolaire et aura peut-être déjà disparu lorsque vous exami-
l'épanchement pleural. Une douleur dans les nerez le patient. Les érythèmes d'une vascularite
poignets et les chevilles par ostéo-arthropathie peuvent également être transitoires et ne se
hypertrophique (Fig. 5.1) suggère un cancer pul- retrouver que dans les antécédents.
monaire.
Somnolence diurne et apnée du som-
POINT PRATIQUE
meil. L'endormissement diurne survient dans les
Une ostéo-arthropathie hypertrophique survient à décompensations respiratoires hypercapniques,
l'extrémité des os longs (poignets, chevilles et
ou dans les apnées du sommeil lorsqu'elle est
parfois genoux) ; ne les recherchez pas à
l'extrémité des doigts et des orteils. associée à l'obésité, une obstruction des voies
aériennes supérieures, à un cou épais et à une
consommation élevée d'alcool.

Tabagisme. Vous devez préciser l'impor-


tance du tabagisme chez votre patient et, s'il a
arrêté, depuis combien de temps. En absence
d'antécédents tabagiques, une BPCO est très
rare alors que des sibilances chez un non-
fumeur orientent habituellement vers l'asthme.
Le risque de cancer pulmonaire chez un fumeur
diminue après l'arrêt du tabac, retrouvant les
valeurs du non-fumeur après 15 ans.

Activités professionnelles. Un interroga-


toire complet des activités professionnelles est
essentiel, particulièrement dans l'asthme, la
fibrose pulmonaire et le mésothéliome. Un titre
professionnel d'ingénieur a peu de signification;
c'est l'exposition réelle qui est importante. La
liste des étiologies de l'asthme professionnel
s'accroît mais les causes les plus importantes
sont:
• isocyanates (utilisées dans les peintures pul-
vérisées) ;
• farine (utilisée en boulangerie) ;
• résine époxy (dans les adhésifs) ;
• colophane (chez les soudeurs).

La pneumoconiose des mineurs de charbon se


fait de plus en plus rare, mais dans une fibrose
pulmonaire ou un mésothéliome, vous devez
rechercher une exposition à l'amiante (calorifu-
Figure 5.1. Ostéo-arthropathie hypertrophique d'origine geurs, employés des chantiers navals, menuisier
pulmonaire. La flèche montre la néo-ossification et bien d'autres métiers).
périostée. Le genou est une localisation relativement
rare de cette complication.
Comprendre les différents appareils

POINT PRATIQUE jeune âge (comme le déficit en alpha-1-antitryp-


Une seule année d'exposition à l'amiante peut sine).
provoquer un mésothélium 50 ans plus tard.

• EXAMEN CLINIQUE
Médicaments. L'aspirine ou d'autres médi-
caments anti-inflammatoires non stéroïdiens
peuvent provoquer ou aggraver une obstruction
Signes extrathoraciques
des voies aériennes. De nombreux médicaments Hippocratisme digital
provoquent une éosinophilie pulmonaire. La
nitrofurantoine, l'amiodarone et le busulphan Quand tous les signes de l'hippocratisme sont
sont parmi les nombreux médicaments respon- présents, sa reconnaissance est facile. Des cas
sables de la fibrose pulmonaire. moins évidents sont matière à discussion, au
cours des visites, quant à la présence ou non de
Loisirs. Les perruches et les pigeons peu- l'hippocratisme, sans grande incidence sur la
vent provoquer une alvéolite allergique extrin- prise en charge.
sèque. Les premières provoquent une dyspnée Les signes d'hippocratisme (Fig. 5.2) sont:
progressive et insidieuse alors que les seconds • l'hypertrophie des tissus mous du lit de
sont le plus souvent la cause d'un syndrome l'ongle ;
aigu. • l'élargissement de l'angle entre l'ongle et le lit
de l'ongle, jusqu'à 180° (mais pas dans tous les
Immunodéficience. Vous devez être attentif cas) ;
à la possibilité du sida (syndrome d'immunodé- • l'augmentation de la courbure de l'ongle
ficience acquise) ou à d'autres états d'immuno- dans l'axe longitudinal et latéral;
déficience, en particulier lors de symptômes • une transformation en bulbe du bout des
respiratoires inexpliqués ou d'anomalies à la doigts.
radiographie pulmonaire. Un antécédent de
maladie hématologique maligne ou de traite- Il est habituel de reconnaître trois situations:
ments cytotoxiques et stéroïdiens sont habituel- l'hippocratisme est soit clairement présent, soit
lement des signes manifestes, mais vous devez clairement absent, soit possible.
rechercher les risques spécifiques du sida La pathogénie de l'hippocratisme est inconnue:
(cf. chapitre 21). une augmentation du flux de sang à travers les
doigts et un facteur neurogène (probable), car la
POINT PRATIQUE
Demandez toujours si une précédente
radiographie pulmonaire a été faite, et quand.
Vous gagnerez ainsi beaucoup de temps et
d'examens complémentaires si vous possédez un
cliché ancien à titre de comparaison.

Antécédents médicaux. Recherchez une


tuberculose ancienne et son traitement, ou un
contact avec cette maladie; recherchez égale-
ment une affection maligne, antérieure ou en
cours, et une maladie cardiaque.

Antécédents familiaux. Parmi les antécé-


dents familiaux, on recherchera une fibrose kys-
tique (maladie caeliaque) ou un emphysème au Figure 5.2. Hippocratisme digital.
Comment se présentent les patients atteints d'une maladie respiratoire?

vagotomie peut abolir l'hippocratisme digital.


Beaucoup de situations sont associées (Point de
révision 5.6), la cause respiratoire la plus fré- Aiguë
quente est le carcinome bronchique. L'hippocra- Pneumonie sévère
tisme apparaît plus fréquemment chez les Asthme aigu
Défaillance ventriculaire gauche
patients de race noire en l'absence de toute
Embolie pulmonaire
pathologie sous-jacente. Les patients ne sont Hypoventilation d'une dépression respiratoire
souvent pas conscients des modifications de comme surdosage en opiacés
leurs doigts ou de leurs orteils, probablement en
Chronique
raison de son apparition très lente. Maladie pulmonaire chronique obstructive sévère
Fibrose pulmonaire
Shunt cardiaque droit-gauche

Congénitale
identifiée lorsque la saturation artérielle d'oxy-
Pulmonaire
gène est de 80 à 85 %. De manière approxima-
Carcinome bronchique
Fibrose alvéolaire, asbestose
tive, elle indique que le sang contient au moins
Foyer infectieux pulmonaire chronique sur 5 g/dl de désoxyhémoglobine. La cyanose est
bronchectasies, mucoviscidose, abcès pulmonaires facilement détectée dans la polycythémie, mais
Cardiaque
peut être absente dans une anémie en dépit
Endocardite bactérienne. d'une hypoxémie sévère. La cyanose périphé-
Cardiopathie congénitale cyanogène rique est habituellement due à une extraction
Digestive
d'oxygène accrue, avec une circulation ralentie
Rectocolite hémorragique, maladie de Crohn comme par temps froid, au cours des phéno-
Cirrhose hépatique mènes de Raynaud ou d'une maladie vasculaire
Autres périphérique.
Beaucoup d'autres causes comme le fibrome
pleural
Obstruction de ia veine cave supérieure
Elle est le plus souvent due à:
• un carcinome bronchique et/ou associé à des
L'ostéoarthropathie hypertrophique pulmonaire adénopathies médiastinales;
provoque des douleurs et parfois un gonflement • un lymphome;
aux extrémités des os longs, symétriquement • une fibrose médiastinale ou une autre cause
au-dessus des poignets et des chevilles. Elle est rare.
souvent associée à un hippocratisme, la plupart
des cas étant associées un carcinome épider- Parmi ces causes, seul le carcinome bronchique
moïde du poumon. Les radiographies montrent est fréquent.
une apposition sous-périostée de la diaphyse Les patients peuvent se plaindre de céphalées et
des os longs (Fig. 5.1). d'une aggravation de leur dyspnée ainsi, que
d'un visage bouffi. Les signes conséquents ont
Cyanose une gravité variable :
Observez la langue, les lèvres et les ongles à la • veines dilatées de la paroi thoracique anté-
recherche de la décoloration bleue caractéris- rieure (Fig. 5.3) ;
tique de la cyanose. Si la cyanose est présente • veines jugulaires dilatées, immobiles et non
dans les trois sites, elle est dite « centrale » (Point pulsatiles;
de révision 5.7), et si elle existe uniquement sur • œdème de la face, du cou et (parfois) des
les ongles, elle est dite « périphérique ». bras;
L'aptitude à reconnaître une cyanose varie beau- • œdème conjonctival.
coup parmi les médecins, et la cyanose doit être
Comprendre les différents appareils

Aspect de la paroi thoracique


Forme générale
Déformation thoracique
- Thorax en carène (ou en tonneau)
- Pectus excavatum
- Scoliose
- Cyphose
- Thoracoplastie
- Lésions de la paroi thoracique

Respiration
Figure 5.3. Obstruction de la veine cave supérieure. Fréquence
Noter les veines dilatées du thorax et de l'abdomen Cinétique respiratoire
supérieur ; ce signe clinique discret peut être facilement - Superficielle
méconnu. - Kussmaul
- Cheyne-Stokes
Les veines dilatées de la paroi thoracique r e p r é - - Bruyante
sentent u n e circulation collatérale court-circui- - Lèvres pincées
tant la veine cave supérieure obstruée et - Orthopnée

retournant vers le cœur, via le système a z y g o s et Mouvements de la paroi thoracique


les veines intercostales. Les veines e n g o r g é e s du Ampliation
c o u peuvent être impossibles à identifier si le - Réduction générale
- Réduction unilatérale
c o u l u i - m ê m e est œdématié.
Mouvement paradoxal
- Thorax battant
Autres signes
- Creusement intercostal
Examinez toujours les fosses supra-claviculaires - Rétraction costale
à la recherche d'adénopathies fréquemment Utilisation des muscles inspiratoires accessoires
retrouvées d a n s le carcinome bronchique, le
l y m p h o m e , la tuberculose ou la sarcoïdose.

d a n s l'emphysème, et parfois d a n s la c y p h o s e
Inspection du thorax [cf. ci-dessous).

A s s u r e z - v o u s q u e votre patient est confortable-


Déformation thoracique
ment assis à 4 5 ° , d a n s une pièce bien éclairée. Thorax en carène et pectus excavatum
U n e simple observation permet déjà d'avancer Les déformations du thorax sont n o m b r e u s e s :
b e a u c o u p (Point de révision 5.8). D e m a n d e z - celles, modérées, du thorax en carène (thorax de
v o u s tout d'abord si la paroi thoracique elle- pigeon) et du pectus excavatum (thorax en
m ê m e est normale, avant d'observer l'aspect de entonnoir, Fig. 5.4) sont assez c o m m u n e s . Le
la respiration et les m o u v e m e n t s du thorax. thorax en carène, a v e c un sternum et d e s carti-
lages proéminents, peut être congénital ou
secondaire à un a s t h m e sévère de l'enfance, à un
Aspect de la paroi thoracique rachitisme ou à u n e maladie cardiaque c o n g é n i -
tale. Q u a n d l'asthme est en cause, les sillons de
Forme générale Harrison (sillons horizontaux à la partie infé-
Noter la forme générale du thorax. U n e a u g - rieure de la c a g e thoracique, chez l'enfant, p r o -
mentation du diamètre antéro-postérieur du v o q u é s par la rétraction p e r m a n e n t e d e s côtes)
thorax lui d o n n e un aspect en t o n n e a u . V o u s peuvent être présents. Le pectus excavatum est
retrouverez cet aspect chez les patients au passé congénital et n'est pas secondaire à u n e maladie
d'hyperinflation pulmonaire chronique, c o m m e respiratoire. La partie inférieure du sternum est
Comment se présentent les patients atteints d'une maladie respiratoire?

Figure 5.4. Pectus excavatum.

déprimée et d a n s les f o r m e s graves, la totalité du


sternum et d e s cartilages sont enfoncés.

POINT PRATIQUE Figure 5.5. La cyphose est due au collapsus de


plusieurs vertèbres dans l'ostéoporose. Noter
Le pectus excavatum peut provoquer :
l'augmentation du diamètre transversal abdominal
Un déplacement du choc apexien ;
indiquant un raccourcissement du tronc.
Un souffle cardiaque;
Une apparente cardiomégalie sur la radiographie
thoracique;
Un dysfonctionnement respiratoire dans les formes l'homme d a n s la spondylarthrite ankylosante.
sévères. Les deux déformations, particulièrement la s c o -
liose, peuvent p r o v o q u e r des insuffisances r e s -
piratoires graves et parfois une d é c o m p e n s a t i o n
Scoliose respiratoire.
La scoliose (Point de révision 5.9 et chapitre 20)
est une incurvation latérale de la c o l o n n e v e r t é - Thoracoplastie
brale. Au s o m m e t de la courbure, les corps v e r - Recherchez une éventuelle cicatrice de chirurgie
tébraux sont t o u r n é s et les côtes se projettent thoracique antérieure ou d'un traumatisme.
vers l'arrière, formant une bosse dorsale A v a n t le traitement médicamenteux de la tuber-
(Fig. 20.11). culose, la thoracoplastie consistait à refouler une
partie de la cage thoracique p o u r collaber le
poumon sous-jacent. La thoracoplastie peut
entraîner une insuffisance respiratoire tardive.

Idiopathique (le plus fréquent) Autres lésions de la paroi thoracique


Congénitale Observez attentivement la peau (Fig. 2.15).
Neurogène (ex. la poliomyélite) Recherchez des nodules et r a p p e l e z - v o u s q u ' u n
Myogène (ex. la dystrophie musculaire) nodule de la paroi pulmonaire (par exemple
Traumatique d a n s la lipomatose) peut p r o v o q u e r une opacité
simulant une lésion pulmonaire. Palpez à la
recherche des craquements de l'emphysème
Cyphose sous-cutané du p n e u m o t h o r a x ou d'un t r a u m a -
Il s'agit là d'une accentuation importante de la tisme thoracique. Y a-t-il une douleur locale?
courbure antéro-postérieure de la c o l o n n e , le D e s veines dilatées de la paroi thoracique d o i -
plus souvent observée chez les personnes vent v o u s inciter à rechercher d'autres signes de
ostéoporotiques (Fig. 5.5 et Fig. 5.6), ou chez t h r o m b o s e de la veine cave supérieure (Fig. 5.3).
Comprendre les différents appareils

Figure 5.6.
Schéma de profil
du thorax de la
figure 5.5
montrant le
développement
de la cyphose
par déformation
des vertèbres
thoraciques.

Observation de la respiration métabolique d'une insuffisance rénale ou d'une


acidocétose diabétique p r o v o q u e u n e respira-
Fréquence tion très p r o f o n d e (dyspnée de Kussmaul). La
La fréquence respiratoire normale varie entre 10 d y s p n é e de C h e y n e - S t o c k e s (variations cycliques
et 15 respirations par m i n u t e ; au-delà de 20, ou périodiques de l'amplitude et de la fréquence
c'est anormal (tachypnée). N'observez pas respiratoires) est d u e à u n e défaillance des
ostensiblement votre patient respirer, car les centres du tronc cérébral. C h a q u e cycle peut
patients anxieux deviennent tachypnéiques l o r s - durer jusqu'à deux minutes, a v e c u n e période
qu'ils se sentent observés. La t a c h y p n é e est un d'apnée suivie d'une reprise progressive de la
signe important et constitue parfois le seul respiration, avant une nouvelle diminution puis
indice orientant vers une maladie respiratoire. u n e a p n é e . Il est habituel de l'observer é p i s o d i -
N'importe quelle maladie respiratoire peut quement à l'état normal, mais sa répétition
accroître la fréquence respiratoire, bien q u e des oriente vers un s y n d r o m e d'hyperventilation. La
c a u s e s n o n respiratoires puissent en être r e s - respiration lèvres pincées (Fig. 5.7) est un signe
ponsable c o m m e la fièvre. d'obstruction sévère d e s v o i e s respiratoires. Si
un patient devient plus d y s p n é i q u e en s'allon-
POINT PRATIQUE geant à plat (orthopnée), orientez-vous vers un
La tachypnée est un signe important et constitue œ d è m e pulmonaire o u u n e paralysie phrénique
parfois le seul indice orientant vers une maladie bilatérale; toutefois la plupart des patients d y s -
respiratoire. pnéiques préfèrent la position verticale.

Régularité de la respiration Mouvements


de la cage thoracique
Observez la régularité de la respiration. U n e r e s -
piration superficielle s'observe lorsqu'elle est L'ampliation thoracique s'évalue en posant ses
restreinte par une atteinte pulmonaire (par deux mains sur la paroi thoracique latérale (par-
exemple suite à une fibrose), par une lésion de la devant et par l'arrière), en pinçant a v e c s o n
paroi thoracique ou par la douleur. L'acidose p o u c e un pli de la p e a u et en o b s e r v a n t le d é p l a -
Comment se présentent les patients atteints d'une maladie respiratoire?

pathologie focale c o m m e u n e atélectasie, u n e


fibrose, u n é p a n c h e m e n t o u u n p n e u m o t h o r a x .

POINT PRATIQUE
Si vous ne pouvez pas distinguer le côté atteint er
raison de différences minimes à l'examen clinique
alors le côté à l'ampliation réduite est celui qui
recèle la pathologie.

Un m o u v e m e n t paradoxal (vers l'intérieur) d'une


portion de la cage thoracique pendant l'inspira-
tion indique la présence d'un volet ( m o u v e m e n t
battant). Ceci survient lorsqu'une série de côtes
est fracturée le long de deux lignes créant un
segment de côtes s a n s lien a v e c la paroi r e s -
tante, volet qui est aspiré vers l'intérieur par la
pression négative intrathoracique pendant l'ins-
piration. La haute pression négative p r o v o q u é e
Figure 5.7. Respiration lèvres pincées. par une obstruction des voies aériennes peut, de
la m ê m e façon, p r o v o q u e r un creusement inter-
cernent des p o u c e s au c o u r s de la respiration costal à l'inspiration. A l'état n o r m a l , lors de l'ins-
(Fig. 5.8). L'ampliation normale, au niveau de la piration, les côtes inférieures se déplacent vers

poitrine, est d'au m o i n s 5 c m . Toutefois, en r o u - l'extérieur, mais sur des p o u m o n s hyperinsufflés

tine, il est suffisant de noter si l'ampliation t h o - lors d'une obstruction ventilatoire, le dia-

racique apparaît n o r m a l e ou réduite; la mesure p h r a g m e devient plat et p r o v o q u e u n e rétraction

exacte n'est p a s nécessaire car elle est imprécise des côtes (Fig. 5.9). O b s e r v e z les m o u v e m e n t s
a b d o m i n a u x pendant la respiration. N o r m a l e -
et n'a q u e peu de valeur diagnostique : en effet,
ment, la paroi abdominale se projette vers
toute atteinte pulmonaire ou pariétale peut
l'avant en raison de la descente d i a p h r a g m a -
réduire l'ampliation. U n e réduction unilatérale
tique et de l'expansion de la c a g e t h o r a c i q u e ; un
est plus importante car elle oriente vers une
m o u v e m e n t a b d o m i n a l vers l'intérieur o u a s y n -
c h r o n e suggère une paralysie phrénique ou un
épuisement musculaire. Enfin, au cours d'une
obstruction sévère des voies aériennes, v o u s
pourrez observer les muscles respiratoires
accessoires, scalènes antérieurs et s t e r n o - c l é i d o -
mastoïdiens qui contribuent à la respiration. Ces
patients utilisent également leurs bras pour fixer
les épaules afin d'accroître l'efficacité des
muscles accessoires.

Palpation de la trachée
Puis, vérifiez q u e la trachée est bien médiane. Il y
plusieurs m o y e n s , la plus simple étant de poser
s o n index sur l'incisure m é d i a n e du sternum et

Figure 5.8. Évaluation de l'ampliation thoracique. d'appuyer d o u c e m e n t jusqu'à ce q u e votre index


Comprendre les différents appareils

Figure 5.10. Palpation de la trachée.

tions complémentaires sur la position du


médiastin s o n t o b t e n u e s par la position du c h o c
apexien, s o n d é p l a c e m e n t étant, toutefois, plus
Figure 5.9. En haut: mouvements normaux vers le
f r é q u e m m e n t dû à u n e atteinte cardiaque q u e
haut et le bas des côtes lors de l'inspiration avec un
pulmonaire (Fig. 5.11).
diaphragme normal (petite flèche). En bas : mouvement
paradoxal vers le haut des côtes lorsque le diaphragme
est aplati dans l'hyperventilation.
Percussion du thorax
rencontre la trachée (Fig. 5.10), évaluant ainsi si la
trachée est médiane ou déviée. C'est une La percussion requiert de la pratique mais doit
m a n œ u v r e imprécise qui ne détecte q u e les devenir naturelle p o u r v o u s . Si v o u s êtes droitier,
déviations majeures de la trachée. D e s informa- posez votre majeur de la main g a u c h e à plat sur

Collapsus ou fibrose Épanchement très abondant


pulmonaire complet
Pneumothorax
ou du lobe supérieur
Goitre rétrosternal

Collapsus ou fibrose Épanchement abondant


pulmonaire complet Pneumothorax
ou du lobe inférieur

Figure 5.11. Déplacements du médiastin (trachée et cœur) dans plusieurs situations pathologiques. La trachée peut
demeurer médiane en dépit d'un épanchement/collapsus mais fixée par une tumeur médiastinale.
Comment se présentent les patients atteints d'une maladie respiratoire?

le thorax et percutez d o u c e m e n t sa phalange gnet. V o u s apprécierez la percussion en notant


intermédiaire a v e c l'extrémité de la phalange d i s - le timbre du s o n produit et les vibrations r e s -
tale du majeur droit (Fig. 5.12 et Fig. 5.13), le senties par votre majeur gauche. Percutez la c l a -
mouvement de votre main droite v e n a n t du p o i - vicule directement avec votre majeur droit.
Percutez tous les sites (Fig. 5.14), en c o m p a r a n t
de manière symétrique le s o n produit d a n s des
aires correspondantes controlatérales.
Si votre attention est attirée sur une aire a n o r -
male par u n e percussion modifiée ou d'autres
s y m p t ô m e s ou signes locaux, examinez cette
z o n e avec d'avantage d'attention. Déterminez si
la note de percussion est normale, a u g m e n t é e
(tympanisme), mate ou de matité pierreuse
(Point de révision 5.10).

La distinction entre mate et matité pierreuse est


difficile au début, mais devient plus évidente
avec \a pratique.

Figure 5.12. Technique de percussion. La phalange


intermédiaire du majeur gauche (X) est percutée par la
phalange distale du majeur droit.

Figure 5.14. Sites approximatifs de la percussion en


routine (similaire en arrière).

Tympanisme
Hyperinflation, par exemple emphysème/asthme
Pneumothorax
Individus maigres
Matité
Condensation/collapsus/fibrose
Obésité
Matité pierreuse
Figure 5.13. Technique de
percussion. Noter que le
Épanchement pleural
mouvement de percussion naît du poignet.
Comprendre les différents appareils

R a p p e l e z - v o u s q u e si le timbre de percussion
diffère d'un côté à l'autre, une a n o m a l i e est p r o -
bable, soit un t y m p a n i s m e d'un côté soit u n e
matité de l'autre.
Cependant, si v o u s retrouvez la m ê m e a n o m a l i e
des deux côtés, ceci est b e a u c o u p m o i n s signifi-
catif. Toutefois, u n e matité basale bilatérale peut
être d u e à un é p a n c h e m e n t pleural bilatéral,
mais peut être simplement en rapport avec u n e
obésité. Le m o u v e m e n t diaphragmatique est
difficile à détecter par la percussion mais u n e
matité basale droite peut é v o q u e r u n e ascension
diaphragmatique droite, et un tympanisme
basai g a u c h e u n e ascension diaphragmatique
gauche.

Projections pariétales
C a r d e z en m é m o i r e quelle partie du p o u m o n
v o u s examinez (Fig. 5.15 à 5.17 et Point de révi-
sion 5.11).
On perçoit u n e matité liée au foie en d e s s o u s du
e
niveau de la 6 côte sur la ligne médioclaviculaire
bien q u e la limite supérieure du foie remonte
e
juste a u - d e s s u s du niveau de la 5 côte. D e s
poumons distendus repoussent cette limite
supérieure du foie vers le bas.

Sons respiratoires
Sons entendus par la bouche
Chez une p e r s o n n e saine, au repos, v o u s ne p e r -
cevez a u c u n s o n respiratoire à la bouche. Figure 5.15 à 5.17. Projections de surface du poumon
Au contraire, d a n s une obstruction des voies droit. La grande fissure (oblique) suit la ligne depuis 12
aériennes ( B P C O o u asthme), o n perçoit souvent en arrière vers la sixième côte sur la ligne médio-
axillaire. La fissure horizontale (petite) suit le bord
des sons respiratoires; habituellement, plus
inférieur de la quatrième côte et croise la fissure
l'obstruction est sévère, plus la respiration est
oblique sur la ligne médio-axillaire. Les projections du
bruyante. Ces s o n s naissent des turbulences poumon gauche sont similaires mais la fissure
accrues de l'air d a n s les voies respiratoires. U n e horizontale est absente.

Droit Antérieur Thorax supérieur Lobe supérieur


e
En dessous du niveau horizontal du 4 cartilage costal Lobe moyen
Postérieur Partout sauf à l'apex Lobe inférieur
Gauche Antérieur Partout sauf en latéro-basal Lobe supérieur
Postérieur Partout sauf à l'apex Lobe inférieur
Comment se présentent les patients atteints d'une maladie respiratoire?

Figure 5.16. Projection pariétale du poumon droit. Figure 5.17. Projection pariétale du poumon gauche.

respiration bruyante doit être distinguée d'un B e a u c o u p préfèrent utiliser le d i a p h r a g m e pour


sifflement, bien q u e les deux puissent coexister. écouter les s o n s respiratoires mais le pavillon
Le stridor est un s o n rude, parfois musical, perçu peut être utile chez les patients au thorax poilu
à la b o u c h e , plutôt p r o n o n c é à l'inspiration. Il (pour réduire les s o n s de c r a q u e m e n t produits
dénote une obstruction majeure des voies par les m o u v e m e n t s des poils), ou chez d e s
aériennes {cf. ci-dessous). patients très minces chez qui il est difficile d ' a p -
pliquer le d i a p h r a g m e bien à plat sur la p e a u .
Auscultation A s s u r e z - v o u s q u e la respiration est n o r m a l e par
C o m m e n t é c o u t e r ? D e m a n d e z à votre ailleurs, mais soyez compréhensifs a v e c les
patient de « respirer profondément, la b o u c h e patients souffrant de douleur pleurale, qui ne
ouverte ». peuvent pas inspirer profondément.
Le d i a p h r a g m e du stéthoscope est plus a p p r o -
prié p o u r écouter les s o n s de haute fréquence, et O ù é c o u t e r ? Auscultez les sites q u e v o u s
le pavillon p o u r les s o n s de basse fréquence. avez percutés (Fig. 5.14) en c o m p a r a n t les s o n s à
Comprendre les différents appareils

c h a q u e position a v e c ceux entendus aux p o s i -


tions c o r r e s p o n d a n t e s controlatérales. Écoutez à
plus de 2 ou 3 cm de la ligne m é d i a n e pour p e r -
cevoir le p o u m o n et n o n les voies aériennes
centrales. Le n o m b r e de sites et le n o m b r e de
cycles q u e v o u s allez ausculter d é p e n d e n t de
votre expérience et de la probabilité d'une
atteinte respiratoire:
• p o u r u n e évaluation préopératoire précédent
la cure chirurgicale d'une hernie chez un j e u n e
h o m m e en pleine forme, il suffit d'ausculter à
trois o u quatre endroits d e c h a q u e c ô t é ;
• chez u n e j e u n e f e m m e souffrant d'une d o u -
leur thoracique et d'une dyspnée, qui prend la
pilule contraceptive, votre examen sera bien plus Figure 5.18. Sons respiratoires normaux et
attentif en présence d'un frottement pleural. bronchiques.

Q u e r e c h e r c h e r ? Entraînez-vous à écouter à l'inspiration mais s'évanouissent dès que


tout au l o n g du cycle respiratoire, en v o u s débute l'expiration (Fig. 5.18).
d e m a n d a n t à c h a q u e site:
• les s o n s ont-ils u n e intensité n o r m a l e ? Ces s o n s n o r m a u x peuvent être :
• les s o n s respiratoires sont-ils n o r m a u x ou • réduits ou absents s'il existe u n e barrière à
bronchiques? leur transmission, comme un épanchement
• y-a-t'il des s o n s surajoutés à l'inspiration ou pleural o u u n p n e u m o t h o r a x , o u lorsque l ' é c o u -
à l'expiration? lement aérique est réduit localement d a n s une
partie d u p o u m o n , c o m m e d a n s u n c o l l a p s u s ;
POINT PRATIQUE
• diminués d e manière bilatérale c o m m e d a n s
Que rechercher lors d'une auscultation ?
l'obésité et l'hyperdistension, ou lorsque la r e s -
Sons respiratoires
Normaux ou diminués/absents ; piration est déprimée, chez un patient comateux
Bronchiques (cf. Fig. 5.18). par exemple.

Sons surajoutés
Sibilants; Il est parfois difficile d'être sûr q u e le m u r m u r e
Crépitants ; vésiculaire est normal, mais s'il est identique des
Frottement pleural. deux côtés, il a toutes les c h a n c e s d'être n o r m a l .

A v e c de la pratique et de la concentration, votre S o n s (souffles) b r o n c h i q u e s . Q u a n d le


oreille et votre cerveau v o n t automatiquement p o u m o n situé entre les v o i e s aériennes princi-
r é p o n d r e à ces questions. pales et la paroi t h o r a c i q u e est relativement
c o n d e n s é , les s o n s respiratoires s o n t transmis
Sons respiratoires normaux et bronchiques plus directement qu'à la n o r m a l e . Les s o n s r e s -
S o n s r e s p i r a t o i r e s n o r m a u x . C e sont les semblent à ceux q u e l'on peut entendre directe-
s o n s q u e v o u s entendez à travers des p o u m o n s ment devant le larynx ou la trachée. V o u s
normaux. Ils sont parfois qualifiés de « v e s i c u - pourrez percevoir les souffles b r o n c h i q u e s sur
laires » mais « n o r m a u x » semble préférable. Ces un p o u m o n c o n d e n s é , collabé et parfois fibrosé
sons naissent probablement de turbulences (Point de révision 5.12 et Fig. 5.19).
d a n s les principales voies aériennes plutôt q u e Les s o n s respiratoires d e s souffles b r o n c h i q u e s
d a n s les alvéoles. Elles sont transmises, à travers se différentient d e s n o r m a u x (Fig. 5.18) :

les p o u m o n s , à la paroi thoracique en perdant • s'ils sont plus durs, a v e c c o n s e r v a t i o n de


leurs hautes fréquences. Ces s o n s se renforcent leurs hautes f r é q u e n c e s ;
Comment se présentent les patients atteints d'une maladie respiratoire?

Trachée _ . Paroi thoracique

Obstruction de la bronche
lobaire supérieure : souffle
Souffle bronchique . bronchique toujours perçu
(les sons sont transmis
de la trachée)

Obstruction de la bronche
lobaire inférieure : souffle
bronchique non perçu

Figure 5.19. Transmission des sons respiratoires lorsque les voies aériennes centrales sont obstruées.

L'absence de souffle bronchique n'élimine jamais uns Généralisées Localisées


condensation. Si les bronches principales sont
Asthme Tumeur
obstruées, les souffles ne seront pas perçus au-
BPCO Corps étrangers**
dessus d'un lobe inférieur condensé ou collabé.
Insuffisance ventriculaire gauche*
Si les bronches principales sont obstruées, le souffle * Fréquent. ** Rares.
bronchique peut être entendu au-dessus d'un lobe
supérieur condensé ou collabé, car il est transmis à
la trachée par le poumon voisin.
d'obstruction sévère, les sibilants peuvent m a n -
quer;
• localisé, d'une seule hauteur n o n affectée par
• s'il existe une pause acoustique entre inspira- la toux ( m o n o p h o n i q u e ou fixé). Ceci suggère
tion et expiration; fortement une obstruction d'une bronche
importante, le plus s o u v e n t par un carcinome.
• s'il est perçu tout au long de l'expiration.
S i b i l a n t s o u s t r i d o r ? L e stridor est u n bruit
Sons ajoutés fort, principalement inspiratoire, habituellement
La classification des s o n s ajoutés est maintenant entendu à la b o u c h e . Il est produit par u n e o b s -
claire. Insistons sur trois s o n s : les sibilants, les truction aérienne majeure potentiellement grave
crépitants et le frottement pleural. au niveau du larynx, de la trachée ou des princi-
S i b i l a n t s . C e sont d e s s o n s musicaux p r o - pales b r o n c h e s et doit, de ce fait, être r e c o n n u
duits par les parois des voies aériennes oscillant c o m m e tel. C o m m e les sibilants, le stridor peut
entre leur position ouverte et presque fermée. Ils être un bruit musical difficile à reconnaître chez
surviennent durant l'expiration mais aussi au les patients où coexiste un rétrécissement g é n é -
cours de l'inspiration lors d'une obstruction ralisé des voies aériennes. V o u s devez toujours
sévère. L e s sibilants sont caractéristiques d'un suspecter un stridor si les sibilances sont plus
rétrécissement des voies aériennes qui peut être: fortes à l'inspiration qu'à l'expiration.
• généralisé c o m m e d a n s l'asthme (Point de
révision 5.13) où le sibilant est c o m p o s é de s o n s C r é p i t a n t s . Ils sont s o u v e n t d u s à u n e r é o u -
de différentes hauteurs (polyphonique). En cas verture brusque de voies aériennes m o d é r é m e n t
Comprendre les différents appareils

occluses q u a n d les gaz respiratoires les traver- A u t r e s b r u i t s s u r a j o u t é s . U n souffle peut-


s e n t ; ils peuvent être parfois produits par d e s être dû à une c o m m u n i c a t i o n artério-veineuse
sécrétions d a n s les principales voies respira- ou à un anévrisme. Recherchez attentivement un
toires. N o t e z le m o m e n t où surviennent les c r é - souffle chez un patient qui présente à la r a d i o -
pitants au c o u r s du cycle respiratoire, et s'ils sont graphie pulmonaire u n e opacité r o n d e d'étiolo-
localisés d a n s certaines aires du p o u m o n (Point gie inconnue, particulièrement avant une
de révision 5.14). biopsie. D e s « clics » peuvent être entendus en
face d'un hémothorax g a u c h e , mais ils o n t p e u
de signification. Des craquements, plutôt q u e
des sibilances, sont parfois perçus lors de l'in-

En fin d'inspiration (typiquement bilatérale et flammation des voies aériennes de petit calibre,
basale) c o m m e d a n s l'alvéolite allergique extrinsèque
Œdème pulmonaire (insuffisance ventriculaire aiguë.
gauche);
Fibrose pulmonaire alvéolaire;
Asbestose.
Bruits vocaux et vibrations vocales
Inspiratoire/expiratoire précoce
Dilatation des bronches (bronchectasies localisées)
U n p o u m o n n o r m a l transmet mal les hautes f r é -
Bronchite chronique (peu nombreux).
quences, ce qui rend la parole inintelligible et le
Inspiratoire (localisée) m u r m u r e inaudible lorsqu'on les écoute a v e c un
Pneumonie.
stéthoscope s o u s l a paroi thoracique. U n p o u -
m o n solide (condensation) transmet de plus
hautes fréquences, la parole devient intelligible
Faites attention, car des crépitants peuvent être (bronchophonie) et le m u r m u r e audible (pecto-
produits par le m o u v e m e n t des poils s o u s le s t é - riloquie). Ces deux signes ont le m ê m e m é c a -
thoscope. Pouvoir distinguer des crépitants fins nisme et ne sont présents q u e lorsque le souffle
de crépitants bruyants n'aide pas souvent sur le bronchique est présent; ils n'apportent a u c u n e
plan diagnostic, bien q u e certains crépitants information supplémentaire et sont redondants.
soient caractéristiques, par exemple ceux de la La transmission de la voix à la paroi thoracique
fibrose pulmonaire qui ont un bruit de b a n d e est palpable par les vibrations de b a s s e f r é -
Velcro q u e l'on ouvre. quence.

POINT PRATIQUE
F r o t t e m e n t p l e u r a l . C'est u n s o n rude, c r a -
quant, probablement produit par les m o u v e - Ne perdez pas de temps avec les bruits vocaux et
les vibrations vocales lors d'un examen de routine
ments des feuillets viscéral et pariétal de la plèvre
du thorax s'il n'y a pas d'anomalie significative par
l'un sur l'autre. V o u s l'entendrez à l'inspiration et ailleurs.
à l'expiration, mais rarement s'il existe un é p a n -
chement pleural d'un certain volume. N'importe
quelle c a u s e d'inflammation pleurale peut p r o - Ce sont les vibrations v o c a l e s et, c o m m e t o u -
v o q u e r un frottement (habituellement u n e infec- jours, la clef réside d a n s la c o m p a r a i s o n d e s
tion, un infarctus pulmonaire ou un traumatisme deux côtés, simultanément de préférence. Placez
pleural, incluant les biopsies). les p a u m e s des mains sur la paroi thoracique et
d e m a n d e z au patient de dire « 33 ». Les v i b r a -
tions vocales sont palpables sur un p o u m o n
normal et elles sont accentuées d a n s un s y n -
POINT PRATIQUE d r o m e de c o n d e n s a t i o n , mais sont toujours
Vous devez toujours suspecter un stridor si les diminuées en cas d'épanchement.
sibilances sont plus fortes à l'inspiration qu'à La valeur actuelle des bruits v o c a u x et d e s vibra-
l'expiration.
tions vocales est discutable. Toutefois, si v o u s
Comment se présentent les patients atteints d'une maladie respiratoire?

retrouvez une diminution à la percussion d o n t miques, et les maladies systémiques touchent


l'origine est incertaine (soit parce qu'il n'y a pas f r é q u e m m e n t les p o u m o n s ; de ce fait, il faut r é a -
de souffle bronchique, soit parce q u e les bruits liser un e x a m e n complet à la recherche d e s
respiratoires sont seulement légèrement réduits), signes de la figure 5.20. Examinez les crachats de
alors la réduction d e s bruits vocaux ou des votre patient s'ils sont disponibles. Les analyses
vibrations vocales oriente fortement vers un d'urine sont très i m p o r t a n t e s : l'hématurie, par
é p a n c h e m e n t ou un épaississement pleural. exemple, peut d o n n e r d'importants indices d'une
vascularite en cas d'opacité diffuse à la r a d i o g r a -
phie pulmonaire. Si v o u s suspectez u n e o b s t r u c -
Autres signes tion des v o i e s aériennes (Fig. 5.21), mesurez le
v o l u m e expiratoire forcé maximal ( V E M S ) e n uti-
Les maladies pulmonaires, c o m m e le cancer, lisant un spiromètre.
peuvent présenter des disséminations s y s t é -

Figure 5.20. Signes extrapulmonaires associés avec les atteintes respiratoires. PVJ : pression veineuse jugulaire.
Comprendre les différents appareils

Récapitulation des signes cliniques POINT PRATIQUE


de syndromes respiratoires Évaluation du débit de pointe
Demandez à votre patient de réaliser une
communs inspiration aussi profonde que possible, de serrer
les lèvres fortement sur l'embout du spiromètre et
Les pages suivantes résument les signes cli- de souffler de plus fort possible. Une expiration
niques. Les principaux signes des s y n d r o m e s courte et vigoureuse est essentielle car le débit
respiratoires sont présentés d a n s les figures 5.21 d'air est mesuré pendant les premières 10 ms.
à 5.26. Recueillez trois mesures.
Recherchez les valeurs de votre patient (calculées
selon la taille, le sexe et l'âge) à partir des tables
de valeurs.
Exprimez la meilleure des trois valeurs.

Figure 5.21. Schéma des signes


observés dans l'obstruction des
voies aériennes.
Comment se présentent les patients atteints d'une maladie respiratoire?

Trachée poussée
vers la gauche

Diminution de
l'ampliation thoracique
Matité à la percussion
Abolition du murmure
vésiculaire

Apex cardiaque
vers la gauche

Même signes
à la face postérieure
du thorax

Atteinte de tout
l'hemithorax droit
(antérieur
Figure 5.22. Signes d'un épanchement et postérieur)
pleural droit abondant.

Trachée centrale .

Mouvements
peuvent être

Matité
à la percussion

Abolition
du murmure
vésiculaire

Bruits cardiaques
difficiles à entendre

Même signes
à la base gauche
Figure 5.23. Signes d'un épanchement postérieure
pleural gauche modéré.
Comprendre les différents appareils

La trachée
peut être déplacée
vers la gauche
particulièrement dans
un pneumothorax
expansif

Mouvements

Tympanisme
voire
hyperrésonance

Abolition
ou diminution
du murmure
vésiculaire

Mêmes signes à
la face postérieure
Figure 5.24. Signe d'un pneumothorax droit.

Trachée
attirée
vers la gauche Matité
à la percussion

Diminution
du murmure
vésiculaire

Mouvements

Souffle
bronchique
possible

Les signes sont


antérieurs Figure 5.25 Signes d'un collapsus lob.
supérieur gauche.
Comment se présentent les patients atteints d'une maladie respiratoire?

L'hemithorax
droit peut
être mobile

Matité
à percussion

Souffle
bronchique

Les
crépitements
Matité peuvent être
à la percussion entendus

Souffle
bronchique

Signes
surtout
postérieurs

Figure 5.26. Signes de condensation du lobe inférieur droit.

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