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MINISTERE DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE

Université Constantine3.Faculté de Médecine. Département de Pharmacie

Module : Sémiologie. 3ème année Pharmacie Année universitaire 2022-2023

LES SIGNES FONCTIONNELS ET ORGANIQUES.CRITÈRES DE GRAVITÉ

Objectifs pédagogiques

 Définir les signes fonctionnels et organiques


 Connaitre les principaux signes fonctionnels
 Connaitre les signes de gravité

Plan du cours

I. Introduction
II. Signes fonctionnels: symptômes
III. Signes généraux
IV. Signes physiques
V. Conclusion

I/ Introduction :
La sémiologie : est la partie de la médecine qui étudie les signes (qui traduisent la lésion ou le trouble
d'une fonction) que peut relever le médecin (signes physiques, signes fonctionnels, généraux) ou
une plainte du patient (on parle alors de symptômes), et de la façon de les relever (interrogatoire,
examen clinique, examens complémentaires) et de les présenter afin de poser un diagnostic.
La maladie: définition : Altération organique ou fonctionnelle de la santé. Le terme organique
désigne une affection à l'origine de laquelle les examens cliniques puis para cliniques mettent en
évidence une lésion morphologique; à l'opposé un trouble fonctionnel ne pourra être rattaché à
aucune étiologie.
Les signes cliniques sont classés selon trois rubriques: Signes fonctionnels (symptômes),
Signes généraux, et Signes physiques
II/ Signes fonctionnels: symptômes
Sont les manifestations pathologiques ressenties par le malade: manifestations subjectives (seul le
patient peut les exprimer):anamnèse (interrogatoire): Ces signes que le patient va exprimer,
rapporter, préciser sont très importants car ils amènent plus de la moitié des informations utiles
pour le diagnostic, c’est-à-dire pour comprendre le problème médical posé par le patient. Ils
constituent un motif de consultation
L’INTERROGATOIRE (ou anamnèse) : une conversation avec un objectif: le bien-être du patient; a un
double but: établir une relation de confiance et de soutien, recueillir des renseignements. La douleur
est probablement le signe le plus fréquent. Pour prendre cet exemple, il faut : systématiquement
interroger le patient pour connaître le siège exact, localisé ou étendu, l’intensité, le type (brûlure,
cuisson, tension, déchirure, compression…), l’irradiation, la durée, les modalités d’évolution en
fonction des traitements (du repos, de l’immobilisation, de certains médicaments…). Quant à
l’intensité, on peut la mesurer par ce que l’on appelle l’échelle visuelle analogique (EVA). Cette
mesure est surtout utile pour évaluer l’efficacité du traitement antalgique. Les 7 attributs à préciser
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devant des symptômes sont : Localisation, Qualité, Quantité ou intensité, Chronologie, à savoir
début, durée et fréquence, Circonstances de survenue, Facteurs d’aggravation ou d’amélioration,
Manifestations associées.
La plupart des signes fonctionnels portent un nom qui commence par le préfixe « dys »(étymologie
grecque : difficulté à…). Par exemple la dyspnée (difficulté à respirer), la dysphagie (difficulté à
avaler), la dysurie (difficulté à uriner).Les signes fonctionnels sont tout à fait subjectifs et c’est, bien
sûr, le patient qui les ressent et qui les décrit. Certains signes peuvent avoir des éléments « objectifs
», le médecin peut constater par exemple la toux, la diarrhée, les vomissements, alors que, par
exemple, la nausée reste un signe fonctionnel tout à fait subjectif. Les signes fonctionnels sont
nombreux et peuvent orienter plus ou moins vers une pathologie et un organe. Certains signes
fonctionnels sont fréquents et moins évocateurs d’emblée, par exemple, le malaise, sensation
désagréable qui donne l’impression au sujet qu’il va perdre connaissance ; le vertige, sensation de
rotation des objets, ou de tangage, ou d’instabilité…
Principaux signes fonctionnels :
1-Douleur: fréquence +++
Des éponymes divers permettent de caractériser certaines douleurs: Précordialgies: douleurs situés
dans la région thoracique en regard du cœur.Épigastralgie: douleurs au niveau de la région
épigastrique. Colique néphrétique: douleur située dans la région lombaire .Arthralgies: douleurs
articulaires. Otalgies: douleurs auriculaires. Certaines douleurs ont des caractéristiques très précises
permettant parfois de faire le diagnostic:
1. La douleur thoracique : est une cause fréquente d'admission à l'hôpital et un symptôme familier
des services de consultations externes. Elle génère souvent une grande anxiété par sa sévérité, sa
fréquence ou son impact sur la vie professionnelle ou personnelle du patient. Toutes les structures
internes du thorax et de la paroi thoracique peuvent provoquer une douleur thoracique. Certaines
douleurs sont temporairement gênantes et restrictives (par des causes ostéo-musculaires),
certaines engagent immédiatement le pronostic vital (comme l'infarctus du myocarde ou la
dissection aortique).La maladie est-elle grave? Voici les symptômes qui orientent vers une cause
potentiellement grave de la douleur thoracique:
 une douleur sévère, probablement la pire vécue par un homme, ou venant chez une femme
juste après l'accouchement;
 des douleurs ayant un début très brutal;
 des douleurs qui irradient vers le bras, la gorge, le cou ou le dos ;
 des douleurs associées à d'autres symptômes, comme une syncope ou une dyspnée
progressive;
 des douleurs qui s'aggravent à l'effort.
Les douleurs thoraciques qui mettent en jeu le pronostic vital proviennent surtout des appareils
cardiovasculaires et respiratoires. La douleur cardiaque est persistante, ressentie comme un grand
poids ou comme une bande constrictive autour du thorax, irradiant vers la mâchoire, les épaules et
les bras, associée à une dyspnée, des nausées et des vomissements, révélée par l'effort et soulagée
(mais peut aussi survenir) au repos. Une douleur péricardique est soulagée en se penchant en avant.
La douleur pleurale: point de côté unilatéral, apparition ou augmentation à l’inspiration profonde
et à la toux. La douleur respiratoire est une douleur aiguë, lancinante, aggravée par l'inspiration
profonde (en particulier lorsque la plèvre est atteinte), souvent accompagnée d'une toux et d'une
dyspnée. L'embolie pulmonaire peut-être accompagnée d'une hémoptysie et de signes de choc
circulatoire.
2. Douleurs abdominales :
Lorsque vous êtes confronté à un patient avec des douleurs abdominales vous devrez poser 03
questions simples:
Depuis combien de temps les avez-vous? Aiguës (quelques minutes ou quelques heures); subaiguës
(quelques jours); chroniques (quelques semaines).
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Où sont-elles situées ? Supérieure, centrale et inférieure; à droite ou à gauche; elles irradient
ailleurs.
À quoi ressemblent-elles? À des coliques; douleurs variables; douleurs constantes. Les réponses à
ces 3 questions et la prise en compte de l'âge, du sexe et de l'appartenance ethnique de votre
patient vous mettront sur la bonne voie pour poser le diagnostic clinique.
 Douleurs abdominales aiguës de type colique :
Une douleur de type colique peut provenir de n'importe quel tube comportant un muscle lisse. Elle
s'accroît pendant une période de quelques secondes à quelques minutes, puis s'apaise et peut
disparaître, formant un cycle qui peut se répéter plusieurs minutes plus tard.
1.Douleur de la colique néphrétique: La colique néphrétique est une douleur très intense due au
passage d'un calcul ou de caillots sanguins dans l'uretère : douleur lombaire haute, unilatérale,
irradiant vers le bas et en avant accompagnée de signes urinaires.
2. Douleur de la colique hépatique: douleur épigastrique ou dans l’hypochondre droit, irradiant dans
l’épaule et l’omoplate droite, à type de torsion, violente entrainant une inhibition respiratoire.
 Survenue brutale d'une douleur abdominale sévère et persistante :
Dans l'abdomen, il y a 3 situations qui provoquent une douleur abdominale atroce, sévère et
persistante à début brutal : un ulcère peptique perforé; une pancréatite aiguë; la rupture d'un
anévrisme de l'aorte abdominale.
-Douleur ulcéreuse: siège à l’épigastre, sans irradiation, à type de crampe, périodique, calmée par
les aliments.
-Douleur pancréatique aiguë: Les signes typiques du diagnostic sont: une douleur épigastrique
sévère irradiant vers le dos ; des nausées et des vomissements importants ; une prostration, une
tachycardie, une respiration rapide superficielle et un état de choc.
-Douleur de la rupture d'un anévrisme abdominal : Un anévrisme peut rester tapi pendant des
années, provoquant peu de symptômes avant de se rompre de manière inopinée. Il faut suspecter
un anévrisme rompu chez un patient de plus de 60 ans qui a des antécédents de douleurs
abdominales et lombaires persistantes; se présente avec une douleur abdominale et une
hypotension artérielle; se présente avec une douleur abdominale sévère et une spoliation sanguine.
3. Les céphalées :
Les céphalées sont un symptôme presque universel. Alors qu'existent d'innombrables causes de
céphalées, la plupart sont inoffensives. Les céphalées de tension, les migraines et les causes extra
crâniennes représentent la plus grande majorité des céphalées. Le diagnostic dépend de la rapidité
de survenue, de la périodicité et d'éventuels signes ou symptômes d'accompagnement. La priorité
sera de vérifier si les céphalées ne sont pas dues à une maladie grave. Il faut demander:
Les céphalées sont-elles survenues brutalement? Se sont-elles aggravées depuis une heure ou deux?
Vous sentez-vous fiévreux et en sueurs?
Suspecter une maladie grave qui cause les céphalées : méningite, hypertension intracrânienne,
hémorragie cérébroméningée, artérite de Horton, hypertension artérielle.
4. Douleurs articulaires :
Beaucoup de situations rhumatologiques peuvent provoquer une inflammation des articulations,
comme la polyarthrite rhumatoïde ou le lupus érythémateux disséminé. Quand une articulation est
touchée de façon isolée, le diagnostic le plus important à rechercher est une infection articulaire. La
maladie est-elle grave? Les signes graves d'atteinte articulaire se manifestent par des signes
d'inflammation, une sensibilité extrême et une douleur au moindre mouvement. Suspectez toujours
une atteinte grave lorsque: une seule articulation est touchée ; une articulation semble plus touchée
que les autres chez un patient souffrant d'une maladie articulaire ; il existe des antécédents de
lésions infectées comme un ongle incarné, un furoncle ou une lésion ulcérée; des signes généraux
sont présents.
5. La dyspnée :

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La dyspnée est la sensation subjective d'être essoufflé ou la sensation consciente d'avoir besoin d'un
effort respiratoire accru. La dyspnée liée à un effort physique éprouvant est banale, mais ne l'est
plus lorsqu'elle survient: au repos ou à la suite d'un effort modéré ; lors d'un décubitus à plat
nécessitant de dormir assis; pendant la nuit et qu'elle réveille le patient. Elle est principalement due
à des maladies cardiaques ou pulmonaires, ou encore à une anémie sévère. Les signes
caractéristiques de gravité sont: une tachycardie associée; l'impossibilité de finir une phrase; une
hypotension artérielle, une peau froide et moite; le maintien de la position assise; une douleur
thoracique associée; une perte de poids.
6. Les palpitations : La maladie est-elle grave?
Les palpitations pathologiques sont généralement dues à des fréquences cardiaques
inhabituellement rapides ou lentes, parfois accompagnées de chute de pression artérielle. Les
signes d'orientation vers une atteinte grave sont: des antécédents de chute; une sensation
d'étourdissement; une syncope inexpliquée ou un précollapsus;des symptômes associés de dyspnée
ou de douleurs thoraciques.
7. Hémoptysie :
L'hémoptysie est un symptôme alarmant pour le patient, car il évoque le spectre de la tumeur,
particulièrement chez les fumeurs. Après des examens complémentaires adaptés, beaucoup d'entre
eux n'auront que des lésions bénignes. La première chose à faire est d'estimer si l'hémoptysie est
grave. Quelques indications simples de la gravité éventuelle d'une hémoptysie : abondance de
l’hémoptysie, survenue chez un ancien fumeur, une femme après un accouchement, notion de
chirurgie récente ou immobilisation prolongée, hémoptysie spontanée ou récidivante, présence
d’autres signes (amaigrissement) .
8. Hémorragies digestives: Hématémèse-rectorragie
Urgence médicale nécessitant une hospitalisation. Pour chercher les critères de gravité, il faut tout
d'abord évaluer l'importance et les répercussions du saignement: pouls; tension artérielle couchée
et assise si possible. Une chute de la tension artérielle avec la modification posturale est un signe
de perte sanguine abondante; les signes cliniques d'anémie : sont des critères de gravité d’une
hémorragie digestive.
III/ Signes généraux :
En reconstituant l’anamnèse on peut également retrouver des signes généraux. Ils sont au nombre
de 4 : asthénie, anorexie, amaigrissement, fièvre. Lorsque les 3 premiers signes généraux sont
présents on parle d’altération de l’état général. On rajoute « fébrile » lorsqu’il y a de la fièvre
(altération fébrile de l’état général).
IV/Signes physiques :
L’examen physique qui permet de rassembler des signes physiques est pratiqué par le médecin avec
ses yeux, ses oreilles, ses mains et quelques instruments simples : stéthoscope, marteau à réflexes,
lampe électrique...
On divise artificiellement l’examen clinique en 4 parties : l’inspection, la palpation, la percussion et
l’auscultation.
– L’inspection : consiste à regarder et observer la région du corps que l’on veut explorer.
 Anomalies des téguments: pâleur, cyanose (kuanos: bleu), ictère, lésions cutanées.
 Anomalies de la démarche: troubles neurologiques ou musculaires.
 œdème périphérique :
Les jambes gonflées, ou œdème périphérique, surviennent lorsqu'une quantité excessive de liquide
tissulaire est redistribuée sous l'influence de la gravité. L'œdème peut temporairement prendre le
godet (c'est-à-dire garder l'empreinte du doigt) mais un œdème qui perdure devient dur en raison
de la fibrose qui l'accompagne.
L'œdème peut être généralisé, resserrant les bagues, rendant les habits trop étroits et le visage
bouffi.
œdème périphérique : EST-CE GRAVE?
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Isolé, un œdème bilatéral des chevilles n'est habituellement pas grave et n'est pas forcément le
signe d'une « maladie ». Par exemple, n'importe qui peut présenter un œdème du dos du pied et
des chevilles après être resté assis pendant de longues heures, au cours d'un vol longue distance.
Dans les mêmes circonstances, l'œdème d'un mollet suggère une thrombose veineuse profonde, et
un risque de maladie thromboembolique existe, engageant potentiellement le pronostic vital.
–La palpation : consiste à recueillir avec nos mains des renseignements tactiles sur une région du
corps, un organe, ou une partie d’un organe. Elle permet de :
Évaluer la trophicité de la peau et des muscles
Évaluer les différentes organomégalies et leurs caractères (megaleion: grandeur) : gros foie, grosse
rate, adénopathies.
Existence d’une tuméfaction ou d’une tumeur palpable.
Apprécier l’existence d’une douleur provoquée
–Percussion : Étude du son produit lorsqu’on frappe une partie du corps à l’aide des doigts (percuter
le médius de la main gauche appliquée sur la partie examinée par l’index de la main droite), peut
retrouver une :
 Diminution d’une sonorité normale: matité
 Apparition anormale d’une sonorité: tympanisme
 Apparition anormale d’une matité
–Auscultation enfin : consiste à écouter certains bruits normalement ou anormalement présents
lorsqu’on colle l’oreille contre la paroi du corps. Actuellement, on se sert d’un stéthoscope pour
l’auscultation, ce qui la rend plus pratique. Elle intéresse poumon, cœur, artères et abdomen.
V/Conclusion :
En résumé, au cours de l’entretien avec le patient, le médecin recueille des signes fonctionnels et
des signes généraux ; au cours de l’examen physique, il recueille les signes physiques. L’examen
clinique et les signes cliniques correspondent globalement à l’ensemble de ces signes fonctionnels,
généraux et physiques.

Bibliographie :
David Gray, Peter Toghill.Sémiologie médicale, 360pages.Elsevier Masson ,2003.

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