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UNIVERSITE DE BOUAKE
UFR SCIENCES MEDICALES
ANNEE ACADEMIQUE 2016-2017

DCEM1 LICENCE3

Cours :
LES SIGNES FONCTIONNELS EN
CARDIOLOGIE

RESPONSABLES D’ENSEIGNEMENT : Pr YANGNI-ANGATE Hervé


ENSEIGNANT: Dr ADOUBI Anicet
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LES SIGNES FONCTIONNELS EN CARDIOLOGIE


OBJECTIFS PEDAGOGIQUES

Objectif général
Savoir reconnaître par l’interrogatoire, l’origine cardio-vasculaire d’une dyspnée, d’une douleur thoracique, abdominale
ou des membres inférieurs, de palpitations, de malaises et de pertes de connaissances brèves
Objectifs spécifiques
1. Classer la dyspnée selon la NYHA
2. Décrire l’OAP
3. Citer 8 caractères de la douleur angineuse
4. Distinguer la douleur coronarienne de celle de la péricardite aigue et de celle de la dissection aortique
5. Citer les 3 causes de syncopes et en donner 9 caractéristiques.

CE QU’IL FAUT SAVOIR

Les signes fonctionnels en cardiologie sont d’une importance déterminante. En effet,L’interrogatoire systématique du
patient cardiaque:

- permet parfois à lui seul de poser un diagnostic (l’angine de poitrine par exemple).
- oriente toujours l’examen clinique.
- précise quelquefois le pronostic.

Pour être précis et détaillé, l’interrogatoire doit être systématique, méthodique précisant les caractères, les
circonstances, la périodicité du symptôme subjectif et dirigé. Il faut cependant toujours tenir compte de la personnalité
du patient et du motif de la consultation pour l’orienter sur les points essentiels.

Il existe 4 grands symptômes. Ce sont : la dyspnée, les douleurs thoraciques, les palpitations, les malaises brefs et
syncopes.

1. La dyspnée

La dyspnée est la prise de conscience par le patient d’une respiration difficile exigeant un effort supplémentaire, avec
sensation de soif d'air.

En l’absence d’affection pulmonaire, d’obésité, d’anémie sévère, la dyspnée est le signe le plus précoce de
l’insuffisance ventriculaire gauche (IVG) et du rétrécissement mitral (RM).

Il faut la différencier de la dysphrénie rencontrée chez les anxieux : besoin, sans raison apparente, d’avoir une ou
plusieurs inspirations et expirations profondes.

On distinque la dyspnée d’effort des dyspnée paroxystique.

1.1 Dyspnée d’effort


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La dyspnée survient simplement à l’effort, puis devient progressivement permanente, même au repos. La dyspnée
d’effort gêne la marche, la montée des escaliers (faire préciser le nombre d’étages montés sans pause). Lorsque la
dyspnée devient permanente, elle gêne le patient aussi bien au repos qu’à l’effort qui devient extrêmement pénible à
réaliser et entraîne une sensation de fatigue qui dans certains cas peut prendre le devant de la scène fonctionnelle.
Cette dyspnée de repos oblige le patient à dormir avec des oreillers ou en position demi assise, voire assise dans un
fauteuil ou sur une chaise ; on parle alors d’orthopnée. L’interrogatoire précise les différentes étapes de cette
aggravation

Par convention, il est commode de classer le degré de la dyspnée en quatre stades en fonction de l’importance de la
gêne fonctionnelle constatée dans la vie courante : c’est la classification de la New York Heart Association
(NYHA) (Tableau 1) :

Tableau 1. Classification de la New York Heart Association

I Dyspnée pour des efforts importants inhabituels :ex : courir,

II Dyspnée pour des efforts modérés tels que marche rapide ou en côte,
montée des escaliers (> 2 étages),

III Dyspnée pour des efforts minimess de la vie courante tels que marche
normale en terrain plat,se laver, s’habiller,

IV Dyspnée permanente de repos.

L’évolution peut se faire sur deux modes : aggravation progressive de la dyspnée qui devient plus ou moins
rapidement de plus en plus gênante et invalidante ou paroxystique.

La dyspnée de décubitus
Elle fait partie des dyspnées de type IV et peut être :
- d’ordre orthostatique = orthopnée : patient allongé, apparition de l’essoufflement tout de suite ou
au bout de plusieurs heures nécessitant plusieurs levées nocturnes ;
- ou d’ordre permanent dite « dyspnée de repos », avec essoufflement permanent aggravé { l’effort.
La position antalgique est la position assise qui devient aussi la position de sommeil. Ex : oedème
pulmonaire sub-aigu.

1.2 L’accident paroxystique

Il est soit inaugural, soit émaille l’évolution d’une dyspnée ancienne. Il témoigne toujours d’un tournant évolutif de la
cardiopathie. Selon son expression, on parle de sub-œdème pulmonaire (sub-OAP), d’œdème aigu du poumon
(OAP), de pseudoasthme cardiaque.

L’OAP est l’expression la plus classique de l’œdème alvéolaire diffus. C’est une urgence médicale Il est caractérisé
par une tachypnée avec hyperpnée, cyanose, angoisse, sueurs, sensation de "chape de plomb" sur les épaules,
perception de grésillement laryngé, bientôt suivi de "farfottage trachéal". Il est accompagné d’une toux incessante avec
expectoration mousseuse rosée ("rose saumonée"), parfois hémoptoïque. L’auscultation pulmonaire permet d’entendre
des râles crépitants de tous calibres, aux deux temps respiratoires, envahissant de bas en haut les deux champs
pulmonaires. En l’absence d’intervention thérapeutique urgente, le collapsus cardio-vasculaire et la mort surviennent à
brève échéance.

Le sub-OAP diffère de l’OAP par deux points : sa moindre intensité et sa régression spontanée.
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Le pseudo asthme cardiaque est une bradypnée expiratoire sifflante avec distension thoracique, simulant un asthme
bronchique. C’est un équivalent d’OAP.

Embolie Pulmonaire

. Caillot venant des membres inférieurs bloquant l’artère pulmonaire provoquant l’essoufflement.

Issu du VD caractérisée par une dyspnée paroxystique avec douleur latéro-thoracique sans expectoration
(symptômes immédiats). Sensation d’angoisse. Dyspnée sine materia (pas de signes { l’auscultation).

. Dyspnée de Cheynes stokes :

Signe d’une insuffisance cardiaque sévère, terminale et grave.

. dyspnée périodique, apnée pendant 10-15 secondes puis reprise


respiratoire avec amplitude de plus en plus importante jusqu’{ un
maximum, puis re-diminuation, apnée, etc… Traduction d’un bas débit cardiaque sévère, le sang ne
parvenant plus { l’aorte et défaut d’irrigation du cerveau et des centres de la respiration . polypnée . CO2
. . de la stimulation des centres respiratoires . arrêt respiratoire bref. Ou commande cérébrale
défaillante ?

. Dyspnée de Kussmaul :

Longue phase d’inspiration profonde (4 { 5 secondes) puis pause, et longue expiration profonde. (schéma
en créneaux de château fort). Pb au niveau des barorécepteurs { l’oxygène.

2 Les douleurs thoraciques

C’est un motif très fréquent de consultation. Il faut savoir les autres causes de douleur thoraciques : causes pleuro-
pulmonaire, ostéo-articulaire, musculaire, hépato-digestive et surtout neuro-psychogènes.

Les douleurs en relation avec l'appareil cardio-vasculaire relèvent de quatre grandes causes : l’insuffisance
coronaire (angor, infarctus du myocarde), la péricardite, la dissection aortique, l’embolie et l’infarctus pulmonaires.

2.1 L’angine de poitrine (ou angor pectoris)

L’angine de poitrine correspond à une ischémie réversible, secondaire à un déséquilibre entre les apports et les
besoins en oxygène du myocarde. L’athérosclérose coronaire en est la principale cause.

Sir William Heberden dans sa description initiale (1768) comparait cette douleur à un " étranglement au niveau de la
poitrine " semblable à celui de l’angine au niveau du cou.

L’angor d’effort est le plus fréquent et le plus caractéristique. On dit que l’angor est typique c’est-à-dire très
évocateur d’une insuffisance coronaire lorsque la douleur est constrictive, déclenchée par l’effort et calmée par la
trinitrine d’action immédiate. Sinon, l’angor est dit atypique.
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L’angor spontané est souvent nocturne à horaire fixe et évoque alors la possibilité d’un spasme coronaire (angor de
Prinzmetal), ou postprandial ; l’angor mixte associe angor d’effort et de repos ; enfin l’angor de primo décubitus
survient dans les minutes qui suivent le coucher.

La douleur est parfois remplacée par une sensation de blocage respiratoire : c’est la " blockpnée d’effort ".

2.2 La douleur de l’infarctus du myocarde

Elle correspond à une ischémie irréversible du myocarde. Elle diffère de celle de l’angor par les points suivants :
douleur très intense, spontanée durant plus de 15 minutes, nitro-résistante.

2.3La douleur d’origine péricardique

Liée à l’inflammation de l’enveloppe du cœur, souvent très voisine d’une douleur d’infarctus du myocarde, son
caractère distinctif essentiel est son augmentation d’intensité à l’inspiration.

2.4 La douleur de l’embolie et de l’infarctus pulmonaires

L’embolie pulmonaire est assez souvent indolore ou donne lieu à une douleur thoracique antérieure assez voisine de
celle de l’infarctus du myocarde.

Une douleur à type de point de côté basithoraciques, accompagnée d’une polypnée, suivie 24 heures plus tard d’une
expectoration hémoptoïque évoque l’infarctus pulmonaire ; il s’y associe souvent une douleur pleurétique.

2.5 La douleur de la dissection aortique

C’est une douleur en coup de poignard dont l’irradiation postérieure dorsale est très évocatrice.
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Tableau 2. Caractéristiques sémiologiques des douleurs en relation avec l'appareil cardio-vasculaire

Insuffisance coronaire Péricardite Dissection Embolie

Causes Angor Infarctus du aortique


myocarde

Type • constrictive Simule celle de


l’infarctus du • Simule celle de
• brûlure myocarde l’infarctus du myocarde
• étau • point de côté (si
• simple gêne infarctus)

Intensité + à ++ + à ++++ + à ++++ ++++ + à ++++

Siège rétro sternal ou médio-thoracique en barre, thoracique médian (embolie)


antérieure
latéro thoracique
parfois uniquement (infarctus)
thoracique
postérieure

Irradiations habituellement face interne bras gauche épaule G +++ dorsale +++ aucune

parfois bras droit ou même bi brachiale, voire lombaire


poignet gauche, auriculaire gauche,
dorsale haute ou cervicale, maxillaire
inférieure, face antérieure du cou,
épigastre

Signes angoisse angoisse fièvre HTA polypnée


d’accompagnement
nausées syndrome ou au contraire état cyanose
inflammatoire de choc
vomissements état de choc
dyspnée, toux (rares) syncope
toux
frottement
péricardique
hémoptysies

Mode effort :+++ repos le plus Spontané spontané Spontané


souvent
de parfois spontanée
déclenchement (angor instable ou rarement d’effort
spastique)

Durée brève (1 à 5 min) parfois


prolongée prolongée plusieurs prolongée plusieurs prolongée plusieurs heures
plus longues (angor heures heures
instable)
= 15 min

Sédation Arrêt de l’effort ou morphiniques Calmée par la morphiniques Calmée par les antalgiques±
TNT d’action position assise, puissants selon intensité de la
immédiate penchée en avant douleur
les anti-inflammatoires
(aspirine++)

Aggravée par la respiration +++


Aggravée par la la toux
Aggravation respiration +++
la toux
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3. Les palpitations

C’est la perception désagréable par le sujet des battements intra-thoraciques de son cœur. Elles correspondent soit à
des extra-systoles soit à des accès de tachycardie.

3.1 Les extra-systoles

Le patient ressent un battement manquant qu’il décrit comme un " trou ", un " raté ", " une impression d’arrêt du
cœur ", suivi d’un battement fort donnant une sorte d’" ’à-coup ", parfois douloureux. Parfois le patient ne ressent
qu’une des composantes ; il peut consulter alors pour des douleurs thoraciques.

3.2 Les accès de tachycardie

Le patient ressent une accélération de son cœur. Il est alors important de faire préciser si le rythme en crise est
régulier ou irrégulier, le mode de début et de fin.

Dans tous les cas il faut

- rechercher des facteurs déclenchants (émotion, anxiété, fatigue, effort, stress, dépression), la prise d'excitants
(café, thé, " coca ", alcool)

- essayer d’obtenir un enregistrement ECG en crise pour préciser le trouble du rythme, l’effet des manœuvres vagales,
le tracé en rythme sinusal.

4 Malaises et pertes de connaissances brèves

4.1. Définitions

- Les malaises brefs : on regroupe sous ce vocable un peu flou de nombreuses manifestations telles que lipothymie
(perte de conscience incomplète), vertige, étourdissement.

- La syncope est une perte de connaissance brève et complète par ischémie cérébrale transitoire.

4.2. Description

Il faut faire préciser par le patient et son entourage

- les prodromes : soit aucun (syncope à l’emporte-pièce), soit malaise général avec sueurs, nausées, vomissements,

- l’horaire : diurne ou nocturne, post-prandial,

- les circonstances déclenchantes : changement de position (lever, rotation du cou, surélévation des bras),
compression du cou, effort, émotion, aucune,

- la durée : quelques secondes à plusieurs minutes,

- les signes d'accompagnement : mouvements convulsifs, perte d’urine,

- la reprise de conscience : immédiate avec rubéfaction du visage, progressive,


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- les signes post-critiques : à la différence des accidents neurologiques, les syncopes cardiaques ne laissent aucun
déficit neurologique,

- la notion de blessure (morsure de la langue, fracture, traumatisme crânien…).

4.3 Trois causes (Tableau 3)

Tableau 3. Exemples de malaises et pertes de connaissances brèves.

Lipothymie Syncope d’origine cardiaque Syndrome de


et syncope vagales Stokes-Adams

Prodromes malaise général, sueurs, aucun Aucun

Horaires postprandial aucun Aucun

Circonstances déclenchantes digestion Effort Aucune

atmosphère chaude confinée Position

Spontanée

Durée quelques minutes Brève (quelques secondes) à l’emporte-pièce

Signes d'accompagnement nausées, vomissements dyspnée rubéfaction du visage

douleur perte d’urine

mouvements convulsifs

Reprise de conscience progressive Immédiate Immédiate

Signes post-critiques Asthénie, nausées, Aucun Aucun


vomissements

Blessure non Oui Oui

Mécanisme Bradycardie, hypotension rétrécissement aortique ou Bloc auriculo-ventriculaire


pulmonaire. paroxystique

Myxome de l’oreillette Tachycardie rapide

Embolie et infarctus du
myocarde

5 Les autres symptômes en relation avec l’appareil cardio-vasculaire

5.1 Les douleurs abdominales

Elles peuvent traduire

- une hépatalgie d’effort ou de repos par distension aiguë du foie dans le cadre d’une insuffisance cardiaque droite,

- une rupture de rate au cours de l’endocardite infectieuse,

- une ischémie viscérale (infarctus iléo-mésentérique, infarctus rénal),


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- la fissuration d’un anévrysme de l’aorte abdominale.

5.2 Les douleurs des membres inférieurs

Les douleurs d’origine ischémique

L’artériopathie chronique oblitérante des membres inférieurs est responsable d’une claudication intermittente :
crampe unilatérale du mollet ou de la cuisse, parfois de la fesse survenant à la marche, particulièrement au démarrage
ou lors de la marche en côte, obligeant le patient à s’arrêter au bout d’une distance assez fixe (périmètre de marche),
donnant lorsque le phénomène se répète une démarche moniliforme. L’aggravation se traduit par une réduction du
périmètre de marche, puis la survenue des douleurs au repos qui doivent faire évoquer une thrombose ou un accident
embolique artériel.

Les douleurs d’origine veineuse

La forme la plus grave est la thrombose veineuse responsable d’une phlébite : pesanteur ou crampe survenant
spontanément au niveau d’un mollet entraînant une impotence fonctionnelle.

Le symptôme de " jambes lourdes " est très fréquent ; il est traité ailleurs.

5.3 La toux d’origine cardiaque

Il s’agit d’une toux sèche, équivalent mineur du sub-œdème pulmonaire. Elle est souvent annonciatrice d’un accident
paroxystique. Elle peut cependant rester longtemps isolée survenant spontanément la nuit ou à l’effort et cédant alors
à l’arrêt de l’effort.

5.4 Les hémoptysies d’origine cardiaque

Elles surviennent dans trois circonstances :

- l’expectoration de l’OAP peut être franchement sanglante : on parle d’OAP hémoptoïque,

- l’infarctus pulmonaire est responsable de crachats noirâtres, " jus de pruneau ", survenant 24 à 48 heures après le
point de côté thoracique marquant le début de l’affection,

- Les hémoptysies isolées, parfois abondantes, sans crise de suffocation, témoignent d’un œdème péri bronchique
chronique dans le poumon cardiaque.

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