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LA NOTION DE « VICTIMISATION » PAR-DELÀ ANTHROPOCENTRISME

ESSAI ONTOLOGIQUE D’UNE EXTENSION SÉMANTIQUE1

RÉSUMÉ

Le sens commun assigne à la notion de « victime » des coordonnées « humaines ». Si


bien qu’un tel réductionnisme au sujet « humain » – toujours en référence au sens commun –
ne demeure nullement opérant, en toute systématicité, le prédicat de « victime », au-delà de
l’anthropocentrisme, demeure, de facto, projectif. Dans la mesure où la notion de
« victimisation », quand bien même tendrait-elle à affecter d’autres champs ontologiques, à
s’épancher sémantiquement vers de nouveaux objets, celle-ci persiste, à même sa nature ou
sous condition de son « être » – en l’occurrence, discursif – sublimatoire d’un « négatif », d’un
pendant résiduel « humain ».

Or, étant donné qu’il est question, de prime abord, de sémantique, un examen
étymologique – renvoyant à la victima latine – permet d’établir la « non-trivialité » de
l’assignation anthropocentrique2. En effet, et dans une constellation sémantique engageant les
problèmes du « sacré », du « sacrifice » et du « rite », la victima, stricto sensu, s’interpose en
tant qu’« offrande » animale – et par conséquent, toujours-déjà non-humaine – dont
l’annihilation – l’immolation rituelle – pure et simple participe, dans un registre symbolico-
initiatique, à pointer le propre idéel – autrement dit formel et conceptuel – de la
« victimisation », savoir une altération biotique ou zoétique3 (relativement à la « vie »)
admettant :

i) Une intensification « interne » concernant « l’expérience-limite » de ladite


altération, comprendre l’annihilation ou la « mise à mort » ;
ii) Une extension « externe », comprendre ontologique, concernant la possibilité
d’une construction conceptuelle de la « victimisation ». En premier lieu, au-delà
des considérations proprement anthropocentriques, et, en second lieu – ce sera
la visée de notre présentation –, au-delà des inhérences « vitalistes », et ce, afin
de forger des catégories rigoureuses et pertinentes, susceptibles de déployer la

1
Mohamed BEN MUSTAPHA (Ph.D.), Université de Paris. Email : medbenmustapha@yahoo.fr .
2
Cette « non-trivialité » est, en somme, triviale, dans la langue arabe : ḍaḥiyya et oḍ’ḥiyya, en partageant la
même racine (ḍād-ḥāʾ-wāw), conservent la polysémie que nous relevons.
3
Nous renvoyons à la double étymologie grecque de « vie » : ζωή et βίος.
pensée de la « victimisation », et, par corollaire, de cartographier le discours sur
la « victimisation » en son fondement même.

Le telos de ce travail consistera donc à esquisser des embranchements spéculatifs


relativement à une problématique centrale : quelles sont les conditions de possibilité et les
conséquences de réalisation d’une extension sémantique de la notion de « victimisation » – à
travers la méthode ontologico-philosophique ?

Nous tenterons de construire notre réponse selon le plan suivant :

I. Prolégomènes à l’extension sémantique. Historicité de la « flottaison »


conceptuelle de la « victimisation ».
II. Ontologie de la « victimisation ». Variation eidétique et corrélation conceptuelle
avec le problème philosophique du Mal.
III. Essence de la « victimisation ». Pertinence du doublet philosophique : être et
devenir.
IV. Inéluctabilité de la « victimisation » ? Commentaire sur le concept nietzschéen
de « volonté de puissance » et instanciations de la « victimisation » au-delà de
l’anthropocentrisme (mythologie, théologie, physique, mathématiques).
V. Perspectives spéculatives.

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