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LA PRODUCTION DÉCENTRALISÉE

RACCORDÉE AU RÉSEAU DE

DISTRIBUTION
Technologies, impacts, modélisation, protection, stabilité transitoire, capacité d’accueil

Préparé par:

Ilhan Kocar

Montréal, Aout 2012

En collaboration avec :

Gaétan Quevillon (Protection)

Saidou Soumare (Modélisation dynamique)

Thomas Kauffmann (Capacité d’accueil)

1
Table des matières
1 PROTECTION ............................................................................................................. 5

1.1 Introduction ........................................................................................................... 5

1.2 Catégories de la production décentralisée ............................................................. 6

1.2.1 Les sources d’énergie. ..................................................................................... 7

1.2.2 Les technologies de production et interfaces avec le réseau ........................... 8

1.2.3 Le niveau de tension...................................................................................... 13

1.2.4 L’usage de l’électricité .................................................................................. 17

1.3 Les impacts de la production distribuée sur les réseaux ..................................... 17

1.3.1 La sécurité du public et du personnel ............................................................ 19

1.3.2 La qualité de l’onde ....................................................................................... 21

1.3.3 La continuité d’alimentation ......................................................................... 22

1.4 Exemple d’un réseau avec une centrale distribuée.............................................. 25

1.5 Les systèmes de protection versus la protection décentralisée ........................... 35

1.5.1 Protection contre l’ilotage ............................................................................. 39

1.5.2 Relais de synchronisation .............................................................................. 46

1.5.3 Protection du transformateur de puissance.................................................... 49

1.5.4 Protection de machine synchrone .................................................................. 52

1.5.5 Protection de machine asynchrone ................................................................ 58

1.5.6 Protection d’onduleur et de convertisseur. .................................................... 60

2
1.6 Les normes de raccordement de la production distribuée. .................................. 61

1.7 Résumé ................................................................................................................ 62

1.8 Bibliographie ....................................................................................................... 63

2 MODÉLISATION DYNAMIQUE ............................................................................ 64

2.1 Introduction ......................................................................................................... 64

2.2 Notions de stabilité dynamique : Introduction .................................................... 65

2.2.1 État de l’art sur la modélisation dynamique des réseaux .............................. 66

2.3 Notion de stabilité transitoire : Définitions et Modélisation ............................... 67

2.3.1 Quelques définitions ...................................................................................... 67

2.3.2 Représentation du réseau en stabilité transitoire ........................................... 68

2.3.3 Modélisation du réseau d’interconnexion ..................................................... 69

2.3.4 Modélisation du générateur synchrone ......................................................... 70

2.3.5 Algorithme de Solution ................................................................................. 77

2.4 Modélisation dynamique de l’éolienne ............................................................... 78

2.4.1 Différentes configuration de l’éolienne......................................................... 78

2.4.2 Modélisation de l’éolienne à MAS pilotée au stator ..................................... 84

2.5 Modélisation dynamique du système PV ............................................................ 94

2.5.1 Généralités ..................................................................................................... 94

2.5.2 Caractéristiques statiques du panneau ........................................................... 94

2.5.3 Structure simplifiée d’un générateur PV connecté au réseau ........................ 96

3
2.5.4 Modélisation dynamique d’un panneau PV et de son système de contrôle . 97

2.6 Simulation et étude de cas d’un système PV..................................................... 102

2.6.1 Présentation du réseau test .......................................................................... 102

2.6.2 Simulation du parc PV en stabilité transitoire............................................. 106

2.6.3 Résultats de la simulation............................................................................ 108

3 CAPACITÉ D’ACCUEIL ........................................................................................ 114

3.1 Définition .......................................................................................................... 114

3.2 Limite thermique des fils................................................................................... 116

3.3 Plage de tension................................................................................................. 118

3.4 Augmenter la capacité d’accueil ....................................................................... 125

3.4.1 Solutions améliorant plusieurs paramètres .................................................. 125

3.4.2 Solutions diminuant les risques de surtensions ........................................... 128

3.5 Solutions améliorant la qualité de l’onde .......................................................... 137

3.5.1 Filtres passifs contre les harmoniques ......................................................... 137

3.5.2 Convertisseur avec électronique de puissance ............................................ 138

4
1 PROTECTION

1.1 Introduction

La production décentralisée devient de plus en plus présente sur les réseaux de

distribution moyenne et basse tension. Il faut, donc, s’assurer que les systèmes de protection du

producteur fonctionnent correctement avec ceux du réseau. Les distributeurs ont dû élaboré des

normes pour encadrer l’intégration des centrales sur leur réseau. Le défi consiste principalement

à favoriser la participation des clients à la gestion de la pointe et à la fourniture d’électricité tout

en maintenant la qualité de l’alimentation, la fiabilité du réseau et s’assurant de la sécurité du

public et du personnel.

. Dans ce document, le terme de production décentralisée (PD) sera utilisé pour

représenter l’ensemble des installations de petites tailles produisant de la puissance électrique à

proximité des consommateurs.

Figure 1 Intégration de la production décentralisée au réseau de distribution (copié du web)

Dans ce chapitre les sujets suivants seront traités.


5
• Les catégories de la production décentralisée.

• Les principales caractéristiques de la production décentralisée.

• Les impacts de la production décentralisée sur les réseaux.

• Les systèmes de protection versus la production décentralisée.

• Les normes d’intégration de la production décentralisée.

• Le réglage des systèmes protection – Étude de cas.

1.2 Catégories de la production décentralisée

La PD d’énergie électrique devient une réalité de plus en plus présente sur les réseaux de

distribution partout dans le monde. Pour intégrer harmonieusement ces nouvelles sources de

production d’énergie, les réseaux de distribution doivent être modernisés et les méthodes

d’exploitation adaptées pour réaliser des réseaux qualifiés « d’intelligents » 1. Avec l’intégration

de la PD, les réseaux de distribution sont maintenant utilisés de façon bidirectionnelle ce qui

modifie la façon de concevoir et de régler les systèmes de protection. L’utilisation de moyens de

communication entre les différents systèmes de protection est souvent envisagée lorsque cela est

réalisable.

Il existe une multitude de configurations possibles pour produire de l’énergie électrique

de façon décentralisée, on peut les catégoriser selon :

• La source d’énergie.

• La technologie utilisée.

• La tension d’intégration.

• L’usage de l’électricité produite.

1
Smart Grid: La modernisation des réseaux de distribution intègre la production décentralisée et
l’utilisation des moyens de communication modernes pour assurer la gestion adéquate du réseau et de la charge

6
La façon d’intégrer la production décentralisée est influencée par chacune de ces

caractéristiques et par la puissance de l’installation, des normes spécifiques d’intégration sont

élaborées pour en tenir compte.

1.2.1 Les sources d’énergie.

Les principales sources d’énergie utilisées pour produire de l’énergie électrique sont :

L’énergie hydraulique (Centrale au fil de l’eau, centrale avec réservoir, centrale à

réserve pompée, etc.). Cette source d’énergie est généralement prévisible et fiable, il est donc

possible de planifier à plus ou moins long terme la puissance qui sera produite. Cela facilite

l’intégration de la puissance de produite dans le plan de production du distributeur.

L’énergie thermique (Centrale thermique conventionnelle, turbine à gaz, centrale diesel,

centrale à biomasse, cogénération, etc.). Cette source d’énergie est généralement prévisible et

fiable, il est donc possible de planifier à plus ou moins long terme la puissance qui sera produite

pour l’intégrer au plan de production du distributeur. Cela facilite l’intégration de cette puissance

de production dans le plan de production du réseau.

L’énergie éolienne 1 (Parc d’éoliennes et éoliennes individuelles). Cette source d’énergie

est variable et la puissance produite n’est prévisible qu’à court terme, la puissance produite est

variable dans le temps. L’intégration de la production se fait plutôt en termes d’énergie dans le

plan de production du distributeur.

L’énergie solaire (Parc de panneaux solaire et panneaux individuels). Cette source

d’énergie est variable et la puissance produite n’est prévisible qu’à court terme, la puissance

produite est variable dans le temps. L’intégration de la production se fait plutôt en termes

d’énergie dans le plan de production du distributeur.

1
Dans ce type d’installation, le contrat spécifie l’énergie qui sera produite annuellement ainsi que la
puissance maximale qui pourra être produite.

7
Le stockage de l’énergie (Accumulateur dédié, autos électriques, etc.). Cette source

d’énergie est limitée en énergie ce qui restreint son utilisation à de courtes périodes, par exemple

pour faire face à une pointe de charge.

Ils existent d’autres sources d’énergies mais actuellement leur utilisation peut être

considérée comme plutôt marginale en Amérique du Nord, par exemple les piles à combustion,

la géothermie, l’énergie de la houle, etc.

1.2.2 Les technologies de production et interfaces avec le réseau

Les principales technologies de production de l’énergie électricité pouvant être

directement raccordées aux réseaux de distribution sont :

• Les machines synchrones.

• Les machines asynchrones.

• Les onduleurs et les convertisseurs.

Avec l’interface d’une PD, on définit aussi le point de raccordement qui délimite la

frontière entre le réseau et l’installation du producteur. Sur le schéma qui suit, deux

emplacements possibles pour définir le point de raccordement commun sont présentés.

Figure 2 Deux configurations possibles de raccordement

8
1.2.2.1 Machines Synchrones

Les machines synchrones sont utilisées tout particulièrement dans les centrales

hydrauliques et thermiques 1 d’une certaine taille à cause de leur coût relativement élevé. Ces

machines fonctionnent à une fréquence déterminée 2. Elles doivent donc être synchroniser avec le

réseau du distributeur avant d’être d’y être raccordées, c'est-à-dire produire à la même fréquence,

être en phase et être à la même tension que celle du réseau 3.

Elles possèdent généralement un système d’excitation à courant continu qui est contrôlé

par un régulateur de tension, ces machines peuvent donc produire ou absorber des vars sur le

réseau selon les besoins. Elles peuvent aussi être équipées d’un régulateur de vitesse ce qui

permet de maintenir la fréquence à peu près constante lorsqu’elles fonctionnent en mode « îloté

» 4. Le régulateur de vitesse permet de maintenir l’équilibre entre la puissance produite et la

charge raccordée et ainsi maintenir la fréquence du réseau îloté à l’intérieur de limites

acceptables.

Les machines synchrones contribuent de façon plus ou moins importante aux courants de

court-circuit selon leur capacité et leur situation sur le réseau. Il faut en tenir compte lors du

choix des équipements et du réglage des systèmes de protection. Le courant de court-circuit aux

bornes d’une machine synchrone varie dans le temps. On modélise ce phénomène en utilisant

trois valeurs différentes d’impédance associées à leur constante de temps.

Xs’’ est l’impédance du régime subtransitoire et T’’est la constante de temps associée.

Xs’ est l’impédance du régime transitoire et T’est sa constante de temps associées.

Xs est l’impédance du régime permanent.

1
Elles sont aussi utilisées dans les éoliennes situées au large car elles nécessitent un minimum d’entretien.
2
La fréquence est de 60 Hz en Amérique du Nord et de 50 Hz en Europe.
3
Un écart de phase et de tension est toléré. La synchronisation est assurée automatiquement par un relais de
synchronisation 25 ou manuellement à l’aide d’un synchroscope.
4
Dans certaines circonstances, le mode îloté peut être permis.

9
Le modèle utilisé pour calculer le courant de court-circuit aux bornes d’une machine

synchrone s’exprime par l’équation suivante :

 1 t
1  − T ''  1
t
1  −T' 1
i(t) ∝  −  e + −  e +  (1.1)

Xs'' Xs'   Xs' Xs  Xs 

De plus, en fonction du ratio X/R, l’asymétrie peut augmenter la valeur crête du courant

dans les premiers cycles. Le régime subtransitoire ne dure que quelques cycles et il est utilisé

pour déterminer la capacité des équipements à supporter ce courant élevé. Le régime transitoire

peut durer plusieurs dizaines de cycles selon la taille de la machine, il sert à déterminer les

pouvoir de coupure des appareils de protection. Le courant de court-circuit du régime permanent

sert à déterminer le réglage le seuil de la protection de surintensité.

Court-circuit aux bornes d'une machine synchrone


Courant

Temps

Figure 3 Courant de court-circuit asymétrique aux bornes d’une machine synchrone en

fonction du temps.

10
1.2.2.2 Machines Asynchrones

Les machines asynchrones sont généralement utilisées dans les centrales de plus petites

tailles car leur coût est plus abordable que les machines synchrones. Elles sont fréquemment

utilisées dans les éoliennes. Elles se synchronisent automatiquement à la fréquence du réseau.

Généralement, il n’est pas possible de contrôler la tension 1 et en plus elles ont un facteur de

puissance arrière, il faut donc utiliser des bancs de condensateurs pour maintenir le facteur de

puissance à un niveau acceptable pour le distributeur 2. L’utilisation de condensateurs pour

corriger le facteur de puissance accroit le risque de résonnance à des fréquences harmoniques du

réseau de distribution.

Pour fonctionner, les machines asynchrones doivent être alimentées en tension par le

réseau de distribution, ce qui peut causer du papillotement par des courants d’appel qui peuvent

être importants. Il faut vérifier que le niveau de papillotement produit soit à l’intérieur des

niveaux fixés par le distributeur.

La présence de bancs de condensateurs peut causer le fonctionnement en mode « îloté»

pendant une très courte période de temps, il faut éviter que cette situation ne se produise. Les

machines asynchrones ne contribuent aux courants de défaut que durant quelques cycles, il faut

en tenir compte dans le choix des équipements du réseau et dans certains cas pour le réglage de

la protection. Évidemment, le courant de crête est augmenté par l’asymétrie en fonction du ratio

X/R.

1
Les machines asynchrones à double alimentation (MADA) peuvent produire ou absorber des vars.
2
Normalement, le facteur doit être unitaire.

11
Court-circuit aux bornes d'une machine asynchrone

Courant

Temps

Figure 4 Courant de court-circuit asymétriques aux bornes d’une machine asynchrone en

fonction du temps.

1.2.2.3 Convertisseurs

Les onduleurs et les convertisseurs sont utilisés lorsqu’il est impossible de produire

l’énergie électrique à la même fréquence que celle du réseau ou lorsque l’énergie produite est en

courant continu comme dans le cas des panneaux solaires. Généralement, les onduleurs et les

convertisseurs corrigent le facteur de puissance de façon dynamique.

L’utilisation de l’électronique de puissance produit des harmoniques et possiblement peut

injecter une tension continue sur le réseau. Il faut s’assurer que le niveau d’harmonique et que

l’injection de tension continue soit à un niveau acceptable pour le distributeur. Généralement, les

onduleurs et les convertisseurs ne contribuent pas de façon importante aux courants de court-

circuit, lorsque c’est le cas, leur contribution est généralement limité une valeur proche de leur

courant de charge nominal. Certains types d’onduleurs et convertisseurs peuvent fonctionner ne

mode « îloté », ce qu’il faut généralement éviter.

12
Figure 5 Schéma simplifié d’un onduleur triphasé.

1.2.3 Le niveau de tension

La production décentralisée peut être raccordé au réseau:

• Haute-tension.

• Moyenne-tension.

• Basse-tension.

Sur le réseau haute-tension, l’on intègre surtout les grosses centrales qui ont des capacités

de production de plusieurs dizaines de MW et plus. Il peut s’agir de très grosses centrales

hydraulique comme la centrale Shipshaw que l’on retrouve sur la rivière Saguenay et qui a une

capacité d’environ 900 MW.

13
Figure 6 Centrale hydraulique de 900 MW

Nous retrouvons aussi intégré sur le réseau haute-tension les grands parcs éoliens qui

peuvent être composés de plus de centaine d’éoliennes tel celui de Saint-Ulric en Gaspésie qui a

une capacité de production maximale de près de 130 MW.

Figure 7 Parc éolien en Gaspésie

Certaines catégories d’usine utilisent beaucoup d’énergie électrique et thermique dans

leur procédé industriel telles que les usines de papier. Il est alors avantageux dans ce cas de

produire de l’électricité à l’aide d’une centrale thermique, d’utiliser une partie de l’énergie

électrique pour les besoins de l’usine, de vendre les surplus au distributeur et finalement de

récupérer la chaleur pour l’utiliser dans leur procédé. C’est ce que l’on appelle la cogénération.

Ces centrales thermiques peuvent avoir une capacité de plusieurs dizaines de MW et plus.

14
Figure 8 Récupération des pertes de chaleur grâce à la cogénération.

Sur le réseau moyenne-tension, on retrouve des centrales de quelques centaines de kW

jusqu’à 20 MW environ, ce qui correspond à peu près à la capacité maximale d’une ligne de

distribution à 25 kV. On peut y retrouver tous les types de centrale comme des petites centrales

hydraulique, des éoliennes, des petites centrales thermiques, des centrales solaires, etc.

Figure 9 Petite centrale hydraulique de 2,5 MVA sur la rivière Ouareau.

Un des avantages de l’utilisation du réseau moyenne tension pour intégrer la production

décentralisée est sa proximité avec les sources de production et les charges. Les lignes de

15
distribution moyenne-tension couvrent l’ensemble d’un territoire, ce qui réduit d’autant les coûts

d’intégration, de plus, l’énergie électrique produite peut être utilisée sans avoir à être transportée

sur de grande distance.

Figure 10 Parc de panneaux solaire en Ontario de 9 MW.

En basse-tension l’on retrouve surtout des centrales de puissance de quelques dizaines à

quelques centaines de kW. Il peut s’agir de centrales d’urgence utilisées en cas de panne du

réseau, de centrale servant à « écrêter » la charge de pointe pour diminuer la facture d’électricité 1

et de centrale servant à combler la totalité ou une partie des besoins du client. La production

décentralisée raccordée directement au réseau basse-tension augmentera sûrement en nombre et

en diversité avec le développement de technologie plus abordable et concurrentielle 2.

1
Les clients commerciaux et industriels sont facturés en fonction de l’énergie consommée et de la charge
de pointe atteinte durant la période de facturation, d’où l’intérêt de réduire la charge à la pointe.
2
Les réseaux de distribution basse-tension européens sont relativement étendus, ils sont donc utilisés
beaucoup plus fréquemment pour l’intégration de production distribuée qu’en Amérique du Nord.

16
Figure 11 Groupe électrogène d’urgence basse-tension.

1.2.4 L’usage de l’électricité

Finalement selon la situation, la production décentralisée peut être utilisée de différentes

façons :

• Avec injection de puissance sur le réseau.

• Sans injection de puissance sur le réseau.

Lorsqu’il y a injection de puissance sur le réseau, une partie ou la totalité de l’énergie

produite est injecté sur le réseau. Une entente contractuelle précise le prix de l’énergie injectée,

la puissance maximale pouvant être produite ainsi que l’énergie annuelle qui sera livrée.

Lorsqu’il s’agit de production sans injection de puissance, l’énergie produite sera

totalement utilisée par le producteur comme dans le cas des centrales d’urgence. Dans d’autres

cas, de plus en plus nombreux, l’énergie électrique produite est utilisée sur une base régulière

pour combler une partie des besoins énergétique du producteur.

1.3 Les impacts de la production distribuée sur les réseaux

Les réseaux de distribution en Amérique du Nord sont généralement composés de lignes

de distribution moyenne-tension radiales, c’est-à-dire qu’il n’y a qu’une seule source d’énergie,

17
le poste, et que les lignes ne sont pas bouclées entre elles. Le courant circule donc toujours du

poste vers la charge. Le distributeur contrôle ainsi la totalité de son réseau. Lorsqu’un défaut se

produit, l’élément de protection le plus près du défaut déclenche et isole ainsi la section

défectueuse réseau.

Figure 12 Ligne de distribution moyenne-tension radiale

L’ajout de production décentralisée change cet état de fait puisque qu’il y a ajout d’une

ou de plusieurs sources d’énergie sur la ligne de distribution. Le courant peut donc maintenant

circuler dans les deux directions, il devient alors plus difficile d’isoler la section de réseau

affectée par un défaut. Il faudra donc que les systèmes de protection isolent la section du réseau

défectueuse en l’isolant de toutes les sources d’énergies présentes, ce qui peut devenir assez

complexes. De plus, il faut généralement éviter que la partie du réseau isolé ne soit alimenté par

une source d’énergie toujours en fonction.

Le distributeur n’a donc plus le contrôle total sur le réseau de distribution même si le

distributeur a toujours responsabilité:

• D’assurer la sécurité du public et de son personnel,

• D’assurer la qualité de l’onde fournie,

• D’assurer la continuité d’alimentation.

18
L’intégration de production distribuée peut causer des problèmes reliés à chacune de ces

responsabilités, c’est pourquoi les distributeurs élaborent des normes qui encadrent l’intégration

de production sur leur réseau.

Figure 13 Centrale solaire intégrée à une ligne de distribution moyenne-tension.

1.3.1 La sécurité du public et du personnel

Lorsque le personnel du distributeur intervient sur le réseau pour fin d’entretien ou pour y

faire une réparation, il faut absolument s’assurer que toutes les sources d’énergie soient hors-

tension et isolées par des points de coupure visibles et cadenassables. Les méthodes

d’intervention sur le réseau doivent être modifiées pour tenir compte de ces sources d’énergie et

éviter les risques d’accidents graves pour le personnel.

19
Figure 14 Point de coupure visible et cadenassables.

Une centrale reliée au réseau de distribution peut augmenter sensiblement le courant de

court-circuit et ainsi causer un mauvais fonctionnement des systèmes de protection et exposer le

public et le personnel à des situations potentiellement dangereuses.

Il est aussi possible que la contribution d’une petite centrale aux courants de court-circuit

soit très faible et que cela empêche l’opération de son système de protection ou bien en retarder

indument le fonctionnement. Le distributeur doit s’assurer que les systèmes de protection

proposés par les producteurs empêchent cette situation de se produire.

Selon l’endroit où se produit le défaut et la de configuration du réseau, le courant de

court-circuit « vu » par le système de protection en amont de la centrale pourrait être

sensiblement diminué. Cela aura pour conséquences possibles de ralentir le déclenchement de

cette protection, de compromettre la coordination ou même aller jusqu’au non-fonctionnement de

la protection.

L’îlotage d’une partie du réseau suite à une manœuvre ou au déclenchement d’une

protection peut être très dangereux pour le personnel, la partie du réseau « îloté » demeure sous

tension alors qu’il est réputé être hors tension.

Le réenclenchement ou la fermeture d’un disjoncteur alors qu’une centrale est demeurée

îloté de façon non volontaire peut se produire. Il est alors fort probable que la tension de la

centrale et celle du réseau soient complètement hors-phase et ainsi causer des dégâts importants

et être dangereux lors de la tentative de fermeture du disjoncteur ou de tout autre appareil

servant aux manœuvres sur le réseau. De la même façon, lors de transferts de charges normales

sur le réseau pour fin d’entretien ou autres, la présence de production décentralisée sur le réseau

augmente le risque de fermeture hors-phase. Les règles d’exploitation doivent être conçues pour

20
tenir compte de ce risque. La télémesure et la télésignalisation peuvent être envisagées pour

éviter ce genre de problème.

Figure 15 Surtension importante causé par une fermeture hors-phase.

1.3.2 La qualité de l’onde

La qualité de l’onde concerne entre autres, le niveau de la tension, la forme de l’onde

ainsi que de la fréquence. L’intégration de production distribuée a une influence sur le niveau et

les fluctuations de la tension sur le réseau. Dans le cas où la production d’électricité est assurée

par une machine synchrone, l’utilisation du régulateur de tension permet de produire ou

d’absorber des vars et ainsi contrôler la tension du réseau. Dans les cas où l’exploitation en mode

îloté est permise, le régulateur de vitesse sera utilisé pour contrôler la fréquence du réseau îloté.

Lorsque le mode « îloté » n’est pas permis, le régulateur de vitesse ne doit pas être en fonction.

Lorsque l’on utilise une machine asynchrone, il faut généralement compenser la demande

en var par l’installation de banc de condensateurs. Il faudra porter une attention particulière à la

possibilité de résonnance près des fréquences harmoniques du réseau pour éviter les surtensions

dangereuses. Il faut aussi évaluer les effets du papillotement causé par les appels de courants.

21
Dans le cas des onduleurs et convertisseurs, ils sont généralement conçus pour contrôler

activement la tension, mais il faudra s’assurer que les niveaux d’harmoniques de même que

l’injection de courant continu soit acceptable.

Pour certain type de centrale, comme les centrales solaire et les éoliennes, la puissance

produite varie sensiblement dans le temps, cela provoque des variations de tension sur le réseau

qui peuvent être assez importante et provoquer un fonctionnement abusif des changeurs de prise

des régulateurs de tension que l’on retrouve sur le réseau.

Figure 16 Exemple de variation de la puissance produite par une éolienne sur une période

de 60 minutes.

1.3.3 La continuité d’alimentation

La protection des réseaux de distribution moyenne tension en Amérique du Nord est

presqu’exclusivement assurée par des systèmes de protection ampérométrique mis à part les

parafoudres. L’utilisation de protection ampérométrique instantanée (50) et temporisée (51)

rapide et lente sont la norme (dans les réseaux européens, on utilise souvent des protections à

temps définie (51T)). De plus, l’on utilise des fusibles pour protéger la majorité dérivations et

22
ainsi améliorer la sélectivité de la protection lors de panne sur les dérivations. Puisqu’environ 80

% des défauts sur les réseaux aériens sont de fugitifs 1, la protection rapide aura pour but de «

sauver » le fusible alors que la protection lente aura pour but de le laisser « brûler » si le défaut

est permanent. La protection rapide fait déclencher le disjoncteur avant que le fusible ne soit

endommagé. Après un temps mort de quelques secondes, le disjoncteur va réenclencher

automatiquement, si le défaut était fugitif et que le fusible a été « sauvé », il ne sera pas requis

d’envoyer une équipe sur les lieux. Si défaut était permanent, le fusible « brûlera» et une équipe

devra se rendre sur place pour faire la réparation et remplacer le fusible, mais la zone affectée par

la panne sera réduite au minimum et la zone en panne sera facile à localiser. Cette philosophie de

protection est très bien adaptée aux réseaux composés de longues lignes aériennes que l’on

retrouve en Amérique du Nord.

1
Par exemple lors de grand vent, une branche peut toucher momentanément un conducteur produisant ainsi
un court-circuit « temporaire ».

23
Figure 17 Protection moyenne-tension composée d’une protection rapide et lente et de

fusibles.

La coordination des différents éléments du système de protection est assuré en réglant les

temporisations de façon à ce que l’élément de protection le plus près du défaut déclenche en

premier. Cette méthode permet de minimiser la zone affectée suite à un défaut permanent sur le

réseau et ainsi à améliorer la continuité d’alimentation.

Figure 18 Principe de coordination de système de protection temporisée.

La présence de production décentralisée peut affecter le fonctionnement de ce type de

protection car les courants de court-circuit sont modifiés de façon plus ou moins importante

selon la puissance et la localisation des sources installées. Il peut en résulter une mauvaise

coordination, l’opération intempestive d’un appareil de protection ou même le non-

fonctionnement. C’est pourquoi les distributeurs exigent des études de protection complètes

avant de permettre l’intégration de production sur leur réseau.

Les appareils de protection utilisés sur les réseaux de distribution moyenne-tension ne

sont généralement pas directionnels, ils fonctionnent en selon l’intensité du courant peu importe

le sens de l’écoulement. Avec la production décentralisée, le courant peut circuler dans les deux

24
sens, cela peut entraîner le déclenchement d’un appareil situé en amont du réseau par rapport à

la centrale, ce qui rend la coordination impossible avec les protections habituellement utilisées.

1.4 Exemple d’un réseau avec une centrale distribuée

Analysons quelques-uns des problèmes de protection reliés à l’intégration de production

décentralisée à l’aide d’un exemple simple illustré par le schéma de la figure suivante. Il s’agit

d’une centrale hydraulique avec une machine synchrone de 5 MVA. Pour simplifier les calculs,

seuls les courants de court-circuit triphasé seront calculés et la partie résistive des impédances

sera négligée (Dans la réalité, les calculs sont réalisés de façon détaillée à l’aide de logiciels.).

Caractéristiques du réseau de distribution moyenne-tension :

Toutes les impédances sont données sur une base de 100 MVA à 25 kV.
Tension : 25 kV
Impédance de la source : X = 0,4 pu
Puissance de la machine synchrone : S = 5 MVA
Impédance subtransitoire : Xs’’= 3 pu
Impédance transitoire de la machine : Xs’ = 4 pu
Impédance synchrone de la machine : Xs = 20 pu
D1 et D2 sont les disjoncteurs de départ de ligne.
D3 disjoncteur-réenclencheur en ligne.
Impédance de la section de ligne entre D1 et D3 : X = 0,3 pu
Impédance de la section de ligne de D3 jusqu’à la fin du réseau : X = 1,7 pu

25
Figure 19 Schéma simplifié d’un réseau moyenne-tension intégrant une centrale de 5MVA.

Pour analyser le comportement de la protection de la ligne, calculons les courants de

court-circuit à différents endroits sur le réseau.

À la barre du poste:

a) Avec le poste et la centrale :

0,4 × 4,3
=
Zpu = 0,37pu
0,4 + 4,3
2309A
=
Icc3ϕ = 6309A
0,37

b) La centrale seule :

2309A
=
Icc3 ϕ' = 537A
4,3

Analyse des résultats

26
Figure 20 Contribution de la centrale au courant de court-circuit en aval de D2.

Au Québec, le réglage du seuil de la protection des départs de ligne est généralement fixé

à 600 A ce qui correspond normalement à la capacité des départs de ligne à 25 kV. Nous

constatons que la contribution de la centrale à un défaut sur la barre du poste est de 537 A. Dans

ce cas-ci, il n’y a pas de problème puisque la protection de D1 est réglé à 600 A. Mais si la

contribution de la centrale au courant de court-circuit était supérieur à 600 A, il y aurait un

risque qu’un défaut tout juste en aval du disjoncteur D2 ne fasse déclencher le disjoncteur D1, ce

qui serait évidemment inacceptable. La conception du système de protection de la centrale devra

empêcher que cette situation ne se produise. Dans certain cas il faudra limiter la capacité de la

centrale pouvant être installée, en particulier lorsque la centrale est très près du poste.

Lors d’un défaut sur la barre du poste 1, la protection de barre déclenchera tous les

disjoncteurs qui lui sont reliés, dont en particulier le disjoncteur D1, ce qui a pour conséquence «

d’îloter » la ligne si jamais la centrale demeure en fonction. Dans cette situation la protection de

la centrale devra déclencher pour éviter cette situation.

En amont du disjoncteur en ligne D3:

1
La protection de barre est généralement assurée par une protection différentielle (87) qui est très rapide et
sélective.

27
a) Sans la centrale

2309A
=
Icc3ϕ = 3299A
0,7

b) Avec la centrale

0,7 × 4
=
Zpu = 0,6pu
0,7 + 4
2309A
=
Icc3ϕ = 3876A
0,37

c) La centrale seule

2309A
=
Icc3 ϕ' = 577A
4,0

Analyse des résultats:

Supposons que le réglage du seuil de déclenchement du disjoncteur D3 est de 400 A. Un

court-circuit en amont du disjoncteur D3 pourrait le faire déclencher de façon inappropriée

puisque la contribution de la centrale au défaut est de 577 A, ce qui est incorrect puisque le

défaut est en amont de D3.

De plus, le disjoncteur D1 « voit » le défaut et déclenchera éventuellement. La centrale

pourrait alors être « îloté ». Si sur cette ligne, le réenclenchement est utilisé, il y aura donc un

très risque élevé que le réseau et que la centrale soit hors-phase lors de la tentative de

réenclenchement, ce qu’il faut à tout prix évité.

28
Figure 21 Contribution au courant de court-circuit de la centrale en amont de D3.

En aval du disjoncteur en ligne D3:

a) Sans la centrale

2309A
=
Icc3ϕ = 3299A
0,7

b) Avec la centrale

0,7 × 4
=
Zpu = 0,6pu
0,7 + 4
2309A
=
Icc3ϕ = 3876A
0,37

c) La centrale seule

2309A
=
Icc3 ϕ' = 577A
4,0

Analyse des résultats:

Si le réenclenchement est utilisée sur cette ligne, la protection rapide fera déclencher le

disjoncteur D3 réenclenchera après quelques secondes (Évidemment, le disjoncteur D3 est

29
coordonné avec le disjoncteur du poste D1). Dans ce cas, il faut donc empêcher que la centrale

ne soit îloté pour éviter que le réenclenchement ne se fasse hors-phase.

Figure 22 Contribution au courant de court-circuit de la centrale en aval de D3.

En aval du fusible:

a) Sans la centrale

2309A
=
Icc3ϕ = 3299A
0,7

b) Avec la centrale

0,7 × 3
=
Zpu = 0,57pu
0,7 + 3
2309A
=
Icc3 ϕ '' = 4068A
0,57

c) La centrale seule

2309A
=
Icc3 ϕ" = 770A
3,0

Comme nous l’avons déjà mentionné, sur les sections aériennes d’un réseau, environ 80%

des défauts sont fugitifs, c’est pour cette raison qu’il faut tenter de « sauver » les fusibles à l’aide

30
de l’opération rapide lors du premier déclenchement. Cependant, la contribution de la centrale au

courant de court-circuit peut dégrader la coordination entre la protection rapide et le fusible.

Figure 23 Contribution de la centrale au courant de court-circuit dans le fusible.

Dans cet exemple, on peut considérer que les valeurs des courant de court-circuit sont les

mêmes à celles calculées en amont du disjoncteur D3. Dans ce cas, le courant de court-circuit qui

traverse le disjoncteur réenclencheur D3 est d’environ 3 300 A alors que le courant qui traverse

le fusible est d’environ 4070 A, soit 770 A de plus qui correspond à la contribution de la

centrale dans les premiers cycles. Il s’agit du courant subtransitoire car c’est le courant que devra

supporter le fusible sans s’endommager. Il faudrait pour être rigoureux tenir compte aussi de

l’asymétrie.

31
Figure 24 Courbe temps-courant du disjoncteur réenclencheur et du fusible.

Analysons la coordination de la protection rapide et du fusible en prenant en compte la

contribution de la centrale. Sur la courbe temps-courant, la courbe rouge correspond à la

protection rapide de D3, la courbe bleue correspond à la protection lente et les courbes noires

sont celles du fusible. La flèche verticale bleue indique un courant de 3 300 A alors que la flèche

verticale noire représente un courant de 4 070 A.

Le disjoncteur D3 ne « voit » que 3 300 A, ce qui correspond à l’endroit indiqué par la

flèche bleue. La protection rapide fonctionnera en fonction de ce courant, ce qui nous laisse donc

croire que le fusible sera effectivement « sauvé », le disjoncteur D3 déclenchera avant

l’endommagement du fusible. Par contre, le courant réel qui traverse le fusible est plus élevé que

ce que « voit » le disjoncteur D3. Il peut atteindre 4 070 A et un peu plus si l’on tient compte de

l’asymétrie. Dans ce cas, il n’est pas certain que le fusible sera « sauvé », particulièrement pour

les défauts qui se produisent tout juste en aval du fusible. De plus, si le fusible ne brûle pas, il

pourrait être endommagé et brûler de façon intempestive éventuellement à la moindre surcharge.

Évidemment, si le défaut se produit plus loin sur la dérivation, la coordination sera assurée. On

32
peut conclure que, la coordination entre les protections rapides et les fusibles peut être dégradée

de façon plus ou moins importante lorsqu’il y a présence de production décentralisée sur un

réseau.

À la fin du réseau

Figure 25 Défaut à la fin du réseau

a) Sans la centrale

2309A
=
Icc3ϕ = 962A
2,4

b) Avec la centrale

33
0,7 × 4
=
Zpu + 1,7
= 2,3pu
0,7 + 4
2309A
=
Icc3 ϕ' = 1006A
2,3
 1,7  
 1 − 2,3  
Icc3ϕPoste
=    × 2309
= 855A
 0,7  
 

 1,7  
 1 − 2,3  
Icc3ϕCentrale
=  = 2309 151A
 4  
 


c) La centrale seule

2309A
=
Icc3ϕ = 405A
5,7

Analyse des résultats :

Lors d’un défaut à la fin du réseau, le disjoncteur D3 va éventuellement déclencher et il y

a un risque que la centrale soit « îloté ». Dans le cas d’un réseau où il n’y aurait pas de

disjoncteur en ligne, la contribution du poste au courant de défaut lorsque la centrale est

présente est de 855 A alors que sans la centrale il est de 962 A, soit une diminution de près de

110 A. Si le réseau était plus long, donc avec une impédance plus élevée, la diminution serait

plus importante et il y aurait un risque que la protection du poste ne « voit » pas le défaut en fin

de réseau lorsque la centrale est présente. De plus, la coordination de la protection et des fusibles

pourrait se dégradée davantage.

La contribution de la centrale au courant de défaut est beaucoup plus petite que lorsque

la centrale est seule à alimenter le défaut, soit 405 A versus 151 A. Ce courant de défaut est dans

l’ordre de grandeur du courant nominal de la centrale qui est d’environ 115 A. La protection de

surintensité de la centrale ne « verra » pas ce courant de défaut à la fin du réseau. De plus, pour

34
les machines synchrones, le courant de défaut diminue rapidement en fonction du temps, ce qui

va aggraver davantage le problème.

En conclusion, l’intégration de production sur un réseau moyenne-tension cause certains

problèmes si on se limite à l’utilisation de système de protection de surintensité classique. Les

systèmes de protection proposés lorsqu’il y a intégration de protection décentralisée devront être

plus complets.

1.5 Les systèmes de protection versus la protection décentralisée

Comme nous l’avons vu, les protections de surintensité perdent de leur efficacité lorsqu’il

y a de la production décentralisée sur le réseau de distribution, il faut alors utiliser des systèmes

de protection supplémentaires pour éviter les problèmes identifiés précédemment. Selon la

capacité de production installée, il faudra utiliser un système de protection plus ou moins

sophistiquée. Il faut aussi distinguer deux niveaux de systèmes protection, soit :

• Le système de protection de l’interconnexion au réseau 1 .

• Le système de protection de l’installation de production.

Le système de protection de l’interconnexion au réseau requis se compose

minimalement des protections suivantes :

• Protection de surintensité.

• Protection anti-îlotage.

• Système de synchronisation lorsque c’est nécessaire.

Ces protections ont pour but d’isoler la centrale du réseau lorsqu’il y a présence d’un

défaut sur la ligne où elle est raccordée ou suite à l’opération d’un appareil de protection ou de

manœuvre situé en amont de la centrale même s’il n’y a aucun défaut de présent. Le système de

1
Les distributeurs ont des normes qui spécifient le système de protection minimum requis.

35
synchronisation quant à lui permet de s’assurer que le raccordement de la centrale au réseau se

fasse lorsque la fréquence et la tension soit égale et en phase. Les sectionneurs cadenassables

sont requis pour assurer la sécurité du personnel qui travaille sur le réseau.

Figure 26 Le relais numérique tel le SEL-351 de Schweitzer comprend toutes les protections

requises.

Figure 27 Exemple de protection typique requise pour protéger l’interconnexion au réseau

36
La Figure 27 montre un exemple de protection typique requise pour protéger

l’interconnexion au réseau Selon la norme E.12-01 « Exigences relatives au raccordement de

production décentralisée dur le réseau de distribution d’Hydro-Québec.

La protection de surintensité est considérée comme la protection principale de

l’installation et elle est généralement composée des protections de surintensité suivantes :

• Surintensité de phase (50/51).

• Surintensité de neutre (50N/51N).

Évidemment ces protections de surintensité doivent être coordonnées avec les protections

du distributeur situées en amont de l’installation. Il faut s’assurer que le courant de court-circuit

soit suffisant pour faire fonctionner ces relais, même lors de défaut résistif sur le réseau 1. Il faut

aussi s’assurer que la contribution de la centrale au courant de défaut ne dégrade pas la

coordination des fusibles adjacents à l’installation.

Figure 28 Courbe temps-courant montrant la coordination entre une centrale et le poste.

Dans cet exemple, la courbe bleue représente la protection de phase du poste (51) alors

que la courbe bleue en pointillée représente la protection de phase de la centrale (50/51). La

1
En Amérique du Nord, une résistance de défaut de 13,3 Ω est généralement considérée pour calculer le
courant de défaut minimum phase-terre.

37
courbe verte représente la courbe du neutre lent (51NL) alors que la courbe rouge représente le

neutre rapide (51NR). La courbe rouge en pointillée quant à elle représente la protection de

neutre de la centrale (50/51N).

Un des problèmes qui peut survenir lors de court-circuit près d’un alternateur synchrone,

c’est que la tension diminue et par le fait même le courant de court-circuit diminue aussi, en fait

sa valeur peut même être inférieur au courant nominal de la machine. Dans ce cas la protection

de surintensité ne sera d’aucune utilité. Pour régler ce problème, l’on peut utiliser une protection

de surintensité avec une retenue de tension (51V). En fait il s’agit d’un relais de surintensité

temporisé dont la courbe temps-courant est affecté par la tension, plus la tension est faible, moins

il faut de courant pour initier l’opération du relais tel qu’illustré à la figure suivante.

Figure 29 Effet de la tension sur le courant du seuil d’opération de la surintensité.

Dans certaine situation où il serait impossible d’obtenir une protection adéquate en

utilisant une protection de surintensité, il est possible d’utiliser une protection de distance à

plusieurs gradins (21). Cette protection mesure soit l’impédance ou soit l’admittance du réseau.

Cette protection peut donc détecter des variations d’impédance et déterminer à quel endroit sur le

réseau se situe le défaut et agir en conséquence. Les différentes zones permettent de faire opérer

38
avec des délais différents pour chacune des zones. Avec ce type de protection, il est possible de

coordonner la protection de la centrale avec les protections situées en amont sur le réseau.

Cependant pour utiliser ce type de protection il faut l’ajout d’un transformateur de tension, qui

sera requis de toute façon pour la protection contre l’îlotage.

Protection à de
distance 21

Figure 30 Protection à distance à deux gradins.

1.5.1 Protection contre l’ilotage

Dans certaines situations l’îlotage d’une partie du réseau est autorisé dans le but

d’améliorer la continuité de l’alimentation. L’îlotage peut-être envisager pour des réseaux

composés de longues lignes et difficiles d’accès, cela pourrait être avantageux pour améliorer la

continuité d’alimentation. Dans ces cas et sous certaines conditions, l’îlotage est envisageable.

Entre autres, il faut que :

• La capacité de production soit fiable et suffisante pour alimenter la charge.

• Le niveau de tension doit pouvoir être contrôlé.

• La fréquence doit pouvoir être contrôlée.

• Idéalement, un système de télémesure permettra au distributeur de connaître la

situation en tout temps dans la partie du réseau îloté.

39
Mais de façon générale, l’îlotage n’est pas souhaitable à cause des inconvénients et des

risques importants que cela comporte pour la sécurité du public et du personnel.

• Le niveau et les variations de la tension peuvent atteindre des valeurs qui sont

complètements hors-norme et ainsi causer des dommages aux équipements du

réseau et des clients.

• La fréquence et les variations de fréquence peuvent être complètement hors-

limite, ce qui peut entraîner des dommages sérieux aux équipements du réseau et

des clients.

• Le système de protection de la centrale pourrait ne pas détecter les défauts sur le

réseau ou les détecter avec des délais indus.

• L’opération d’un disjoncteur ou d’un appareil de manœuvre situé en amont de la

centrale ne garantit pas au personnel que le réseau en aval est hors-tension.

• Le réenclenchement automatique pourrait causer des dommages importants au

réseau et à la centrale, la tension du réseau et de la centrale seront selon toutes

probabilités hors-phase.

• La fermeture d’un disjoncteur ou de tout autre appareil de manœuvre situé en

amont pourrait causer des dommages importants au réseau et à la centrale.

• Il y a des risques de résonnances et de ferrorésonnance en particulier avec la

présence de câble souterrain et de condensateur sur la partie du réseau îloté.

• Le distributeur a la responsabilité de maintenir la qualité de l’alimentation fournie

aux clients, mais dans un réseau îloté, le distributeur n’a plus aucun contrôle sur le

réseau îloté.

40
Mais les deux raisons majeurs pour éviter le fonctionnement en mode îloté sont d’assurer

la sécurité du personnel et d’éviter la fermeture hors-phase. L’on préfère isoler une centrale

inutilement plutôt que de risquer l’îlotage non désiré.

L’îlotage d’une partie du réseau peut être provoqué par les deux situations suivantes :

• L’opération d’une protection située en amont suite à un défaut sur le réseau qu’il

soit en amont ou en aval de la centrale.

• La manœuvre volontaire ou non d’un appareil en amont de la centrale alors qu’il

n’y a pas de défaut.

Dans le premier cas, il est possible que la protection de surintensité de la centrale détecte

le défaut et fonctionne, mais il est aussi possible que le défaut soit trop faible pour être détecter,

dans ce cas la centrale alimentera le défaut. Il est possible aussi que le défaut soit fugitif et qu’il

s’élimine de lui-même, dans ce cas la protection de surintensité ne sera d’aucun secours.

Voici ce qui peut se passer lorsqu’une partie du réseau se retrouve îloté. Utilisons le

même exemple que précédemment, soit une centrale hydraulique de 5 MVA constitué d’une

machine synchrone. Juste avant l’îlotage, le système est parfaitement équilibré du point de vue

de la centrale, la puissance de sortie de la machine suit la demande de charge du réseau en

fonction du besoin du moment, c'est-à-dire que la puissance mécanique qui fait tourner la

machine est parfaitement équilibrée à la demande de charge du réseau. De cet équilibre résulte

une fréquence à pratiquement constante à 60 Hz avec des petites variations tout à fait normales.

41
Figure 31 Équilibre entre la puissance mécanique et la demande de la charge.

De la même façon, il existe un équilibre entre les vars produits par la machine et les vars

requis par le réseau pour maintenir une tension à peu près stable, avec des variations normales et

acceptables. Dans ce cas c’est le régulateur de tension qui contrôle le courant d’excitation de la

machine pour maintenir cet équilibre.

Figure 32 Équilibre entre les vars produits et les vars requis par le réseau.

Supposons que la machine injecte 4 MW et 500 kvars dans le réseau du distributeur. Â ce

moment, le disjoncteur D3 déclenche et isole cette partie du réseau et supposons que la centrale

se retrouve en mode îloté. Dans cet exemple, si la demande de charge du réseau îloté n’est que de

3 MW, l’équilibre sera donc rompu et la fréquence du réseau îloté va augmenter rapidement de

façon importante.

42
Figure 33 La puissance mécanique est supérieure à la demande de charge.

Évidemment, si la demande de charge était plutôt de 5 MVA, on aurait la situation

inverse, c'est-à-dire une baisse rapide et importante de la fréquence du réseau îloté.

Figure 34 Déséquilibre de la puissance mécanique et de la demande de charge.

Lorsque le mode îloté est permis, la puissance mécanique à l’entrée doit être contrôlée

par un régulateur de vitesse de façon à maintenir une vitesse de rotation constante de la machine

et par le fait même une fréquence constante. Lorsque le mode îloté n’est pas permis, le

régulateur de vitesse n’est pas installé ou il est inhibé. Les variations de fréquence alors produite

seront inacceptables et dangereuse pour les équipements du réseau et des clients, le système

protection du réseau devra donc détecter cette situation pour arrêter la centrale.

43
De la même façon, imaginons que les kvar requis par le réseau îloté ne sont que de 300

kvar. Ici aussi, il y aura un déséquilibre important qui fera augmenter la tension rapidement et de

façon importante.

Figure 35 Surtension causé par le déséquilibre entre les vars produits et requis.

Évidemment, la situation inverse produirait plutôt une baisse de tension importante. Cette

situation est aussi inacceptable pour le réseau que pour les clients, il faudra donc que le système

de protection du réseau isole la centrale. Le régulateur de tension tentera de maintenir la tension

en faisant varier le courant d’excitation de la machine synchrone dans ce cas-ci.

Figure 36 Sous-tension causé par le déséquilibre entre les vars produits et requis.

La principale méthode utilisée pour détecter l’îlotage consiste donc à détecter les

variations de tensions et de fréquence par les protections suivantes :

44
• Protection de sous tension (27) et surtension (59).

• Protection de sur (81O) et sous fréquence (81U).

Cependant ces protections doivent accepter les variations « normales » de la tension et de

la fréquence qui se produisent normalement. Par exemple, un défaut se produit sur une ligne

adjacente, ce défaut produit des surtensions et des sous-tensions temporaires le temps que la

protection ait éliminé le défaut et au système de se stabiliser. Dans ce cas, il ne faut pas que les

protections (27) et (59) ne fassent déclencher le disjoncteur de la centrale, ce qui contribuerait à

déstabiliser davantage le réseau.

De même pour la fréquence, il peut arriver que sur le réseau qu’il y ait une perte d’un bloc de

charge important ou bien une perte de production brisant momentanément l’équilibre du réseau

causant une variation de fréquence temporaire le temps que les automatismes du réseau ne

rétablissent l’équilibre. Dans ce cas aussi, il ne faut pas que les protections (81O) et (81U)

n’isole la centrale inutilement. Le réglage de ces protections se fera donc en fonction de certains

seuils associés à des temporisations déterminées par le distributeur.

Figure 37 Réglage des relais 81U et 81O requis par Hydro-Québec Distribution.

45
Prenons le cas où la fréquence vue par la protection (81U) est de 58 Hz, il serait permis

d’isoler la centrale seulement après un délai de plus de 1,5 minute. Il est aussi totalement prohibé

d’isoler la centrale si la fréquence se maintien entre 59,4 Hz et 60,6 Hz. La Figure 37 présente la

réglage des relais 21 et 59 requis par Hydro-Québec Distribution. Selon la norme A.12-01, les

notes 1, 2 et 3 concernent les réglages possibles lorsqu’il s’agit d’onduleur ou d’éoliennes.

Figure 38 Réglage des relais 21 et 59 requis par Hydro-Québec Distribution.

De la même façon, si la tension Phase-Terre au point de raccordement de la centrale au

réseau est de 117% la valeur de la tension nominale, la protection (59) ne pourrait opérer

qu’après un délai d’au moins 30 secondes, mais elle devrait obligatoirement opérer après un

délai de 300 secondes. Les protections (21) et (59) ne doivent pas opérer lorsque la tension se

maintien entre 90% et 106 % de la tension nominale.

1.5.2 Relais de synchronisation

Dans le cas des centrales qui peuvent générer une tension triphasée sans avoir à être

connecté au réseau du distributeur, comme dans le cas des machines synchrones, il faut ajouter

une fonction qui va permettre à la machine et au réseau de se synchroniser, soit un relais de

synchronisation (25). Il est possible aussi d’utiliser un synchroscope et de synchroniser

manuellement la centrale au réseau, mais cette pratique n’est pas recommander, à cause des

46
risques d’erreur. Ce relais vérifie la tension, la phase ainsi que la fréquence du réseau et de la

centrale, et lorsque c’est trois valeurs sont pratiquement égales, une commande de fermeture est

donné au disjoncteur qui permet de raccorder la centrale au réseau du distributeur. La norme

IEEE-1547 qui traite des normes à respecter pour intégrer de la production décentralisée à un

réseau de distribution précise les critères requis pour la synchronisation en fonction de la

capacité de la centrale.

Puissance installée Écart de fréquence en Écart de tension Écart de phase


0 à 500 kW 0,3 Hz 10 % 20°
500 à 1 500 kW 0,2 Hz 5% 15°
1 500 à 10 000 kW 0,1 Hz 3% 10°
Tableau 1Écarts acceptables pour synchroniser 2 réseaux selon IEEE-1547

Les systèmes de protection de l’installation de production raccordée au réseau de

distribution ont pour fonction de l’isoler lorsqu’il y a un défaut dans l’installation. Selon la

technologie utilisée et la capacité de l’installation, le système de protection sera plus ou moins

complet. Évidemment les installations doivent respectées les codes électriques en vigueurs et le

choix d’utiliser un système de protection plus sophistiqué sera un choix de nature économique.

Par exemple, pour une machine synchrone de 5 MW, il est économiquement avantageux

d’utiliser un système de protection performant car le coût des dommages qui pourraient être

causés à la machine sont de beaucoup supérieur au coût du système de protection. Inversement,

le coût de système de protection pour une petite machine asynchrone de 50 kW ne devra pas être

trop élevé, sinon la rentabilité de la centrale ne sera pas au rendez-vous.

De même le système de protection utilisé pour une machine synchrone sera plus

complexe que pour une machine asynchrone alors que la protection pour un onduleur ou

convertisseur sera incluse dans le système de contrôle.

47
Il est possible d’intégrer de la production décentralisée directement au réseau du

distributeur sans transformateur de puissance, mais la puissance de court-circuit du réseau de

distribution moyenne-tension peut être très élevée. Par exemple un réseau à 25 kV peut produire

des courants de court-circuit d’une valeur maximum de 12 kA en début de réseau, ce qui pourrait

endommager sérieusement les équipements de l’installation de production. C’est pourquoi, il est

préférable d’utiliser un transformateur de puissance pour raccorder l’installation au réseau du

distributeur, la puissance de court-circuit au secondaire d’un transformateur de puissance sera

réduite par son impédance Interne. Par exemple, pour un transformateur de puissance de 5 MVA

avec une impédance interne de 10 % le courant de court-circuit maximal sera d’environ 1 155 A

sur une base de 25 KV.

2309A
Icc3ϕ max
= = 1155A
2,0pu

Il faudra donc ajouter le système protection du transformateur de puissance lorsque celui-

ci est utilisé.

48
1.5.3 Protection du transformateur de puissance

Figure 39 Système de protection d’un transformateur de puissance.

L’utilisation des relais numérique permet de regrouper l’ensemble des protections et

fonctions requises dans une même unité, ce qui réduit les coûts tout en améliorant la flexibilité

du système.

Figure 40 Le relais Multilin 745 contient toutes les fonctions pour la protection et la gestion

d’un transformateur.

49
1.5.3.1 Protection de surintensité de phase et de neutre (50/51):

Cette protection protège le transformateur contre les surcharges et les courts-circuits

externes tout en coordonnant avec la protection du réseau. Il s’agit de protection ampère-

métrique temporisée de phase et de neutre. Le seuil est réglé pour accepter un certain niveau de

surcharge du transformateur, par exemple 150 % du courant nominal.

1.5.3.2 Protection différentielle (87) :

Cette protection protège le transformateur contre les courts-circuits internes, c’est une

protection efficace et très sélective. Avec cette protection, on compare le courant du primaire et

du secondaire, lorsqu’il y a une différence de valeur en tenant compte du ratio de transformation,

du déphase causé par les différences de raccordements au primaire et au secondaire ainsi que

d’une marge d’erreur, c’est qu’il y a un court-circuit interne au transformateur, la protection (87)

opère et isole le transformateur de toutes les sources d’énergie. Cependant, cette protection ne

doit pas déclencher par le courant d’appel lors de la mise sous tension du transformateur (Figure

41). Le courant d’appel produit un niveau important de deuxième harmonique, on utilise cette

particularité pour bloquer la protection différentielle lorsqu’il y du courant de deuxième

harmonique.

1.5.3.3 Protection de température (49) :

La température du noyau, des conducteurs ou de l’huile est mesurée en utilisant des RTD

ou des senseurs qui sont immergés dans l’huile selon le cas. La protection de température sera

plus ou moins sophistiquée selon la capacité du transformateur. Dans certain cas, cela se limitera

à une alarme, alors que dans d’autres cas, il y a aura une alarme et un déclenchement. Dans les

systèmes plus sophistiqués, un modèle mathématique inclus dans le relais estimera la

température du point le plus chaud du transformateur, on pourra ainsi utiliser la capacité

50
maximum du transformateur sans risque de surchauffe. Évidemment plus le transformateur est

puissant, plus il est économiquement rentable d’utiliser un système de protection plus complet.

Figure 41 Courant d’appel d’un transformateur, ce courant n’apparaît qu’au primaire du

transformateur.

1.5.3.4 Protection de gaz (63)

Cette protection est utilisée dans les transformateurs qui sont dans une cuve remplie

l’huile d’une certaine capacité. L’isolation solide d’un transformateur se dégrade avec le temps et

il se produit des décharges partielles qui vont décomposer l’huile et un gaz. Ce gaz sera capté

par le relais (63) située dans le haut du transformateur. Lorsque la production de gaz se fait

lentement et lorsqu’un certain volume de gaz est produit, une alarme sera déclenchée. Il sera

alors temps pour le personnel d’entretien de recueillir un échantillon d’huile pour l’analyser et

évaluer la nature et la gravité du problème. Cependant, lors d’un court-circuit interne, la

production de gaz sera intense et très rapide, le relais de gaz détectera la pression causée par cette

production de rapide gaz et isolera le transformateur.

51
1.5.3.5 Protection Volt/Hz (24)

Le noyau d’un transformateur est optimisé pour fonctionner à une certaine tension et

fréquence. Lorsque que le niveau de tension augmente ou que la fréquence diminue, le courant

d’excitation du transformateur augmentera avec un contenu en harmoniques 1 élevé qui peuvent

causer un échauffement important du noyau. Cette protection sert à détecter cette situation qui

pourrait se produire dans ce genre d’installation où la tension et la fréquence pourraient varier de

façon importante.

Figure 42 Courbe de saturation du noyau du transformateur et tension normale

d’exploitation.

1.5.4 Protection de machine synchrone

Tout comme pour les transformateurs, les relais numériques comprennent l’ensemble des

fonctions requises pour la gestion et la protection des machines synchrones. Cela réduit les coûts

1
La cinquième harmonique sera particulièrement présente.

52
de conception et d’implantation. Les machines en plus des protections électriques nécessitent des

protections mécaniques plus ou moins sophistiquée selon la taille de la machine.

Figure 43 Le Schweitzer SEL 300G regroupe les protections pour une machine synchrone.

Figure 44 Système de protection d’une machine synchrone.

53
1.5.4.1 Les protections électriques

Les systèmes de protection (51V), (27), (59) et (81O/U) ont déjà été traités dans la

protection de l’interconnexion du réseau, celles-ci jouent le même rôle qu’expliqué

précédemment.

1.5.4.2 Protection de surintensité de phase et de neutre avec retenue de tension (51V):

Cette protection protège la génératrice contre les surcharges et les courts-circuits externe.

Puisque la tension aux bornes des génératrices diminue lors de défaut, l’élément de retenue de

tension compense pour cet effet; il faut un courant moindre pour opérer la protection lorsque la

tension diminue.

1.5.4.3 Protection de sur et sous-tension 27 et 59 et de sur et sous fréquence (81O/U) :

Cette protection sert à détecter les situations d’îlotage, par exemple, si le disjoncteur

d’interconnexion de l’installation au réseau déclenche ou ouvre isolant ainsi la machine de la

charge, ce qui causerait des variations de vitesse, de tension et de fréquence dangereuse pour la

machine.

1.5.4.4 Protection différentielle 87 :

Cette protection détecte les courts-circuits entre les phases dans la zone délimitée par la

localisation des transformateurs de courants, cela inclus les défauts sur les jeux de barres et la

machine. Cette protection est très rapide et très sélective. Les transformateurs de courant sont

typiquement situés à la sortie du disjoncteur de la centrale et dans les conducteurs de phase qui

sont raccordés au point neutre de la machine. Dès qu’il y a une différence de courant, la

protection opère rapidement en déclenchant le disjoncteur de la machine isolant ainsi le défaut.

54
1.5.4.5 Protection de court-circuit entre les spires du stator de la génératrice (59GN) et

(27TN):

La mise à la terre des machines synchrones est généralement réalisée à l’aide d’un

transformateur de distribution avec une résistance raccordée au secondaire alors que le primaire

est raccordé en série entre le point neutre de la machine et la terre.

Ces protections permettent de détecter les courts-circuits entre les spires du stator. Le

59GN « voit » les défauts sur environ 90 % du stator alors que le 27TN voit « les courants de

déséquilibres » de la 3ième harmonique causés par le déséquilibre du nombre de spires «

fonctionnelles » pour chacune des phases.

Figure 45 Mise à la terre et protection de neutre d’une machine.

Le but de cet arrangement est de limiter les courants de court-circuit lors de défaut d’une

phase à la terre à une faible valeur, de l’ordre de 10 A. Cela permet de limiter les dommages

importants qui pourraient être causé au stator lors de défaut à la terre dans le stator. Avec cette

configuration de mise à la terre, il est possible de continuer à exploiter la machine le temps de

prendre les mesures requises pour faire la réparation tout en minimisant les impacts sur la

production, dans ce cas, la protection produira seulement une alarme. Cependant, il y un risque

de dommages importants si un deuxième défaut à la terre se produit, il faut donc traiter avec

diligence les alarmes de faute à la terre.

55
Il faut utiliser deux systèmes de protection pour détecter les défauts à la terre sur la

totalité du stator, soit la protection (59GN) et (27TN).

La protection (59GN) détectera les fautes à la terre sur environ 90 % du stator, les défauts

à terre du stator près du point ne seront pas détecter. Le principe est simple, le relais de tension

(59GN) mesure la tension aux bornes de la résistance reliée au secondaire du transformateur de

mise à la terre. Si une partie d’une des phases du stator est court-circuité, il se produira un

déséquilibre ce qui causera un courant de déséquilibre dans le neutre. Ce courant produira donc

une tension dans la résistance, cette sera lu par le relais (59GN). Pour éviter les alarmes ou les

déclenchements intempestifs, il faut ajouter un filtre qui bloque les troisièmes harmoniques qui

pourraient exister sur le réseau. Comme on le sait, les courants de troisième harmonique dans un

système en étoile, s’additionnent dans le point neutre.

La protection (27TN) complète cette protection pour couvrir 100 % des fautes à la terre

d’une des phases du stator. Ce relais de sous-tension mesure la différence de tension de la

troisième harmonique à la sortie de la machine et son point neutre. Lors d’un défaut à la terre

près du point neutre, il y aura une plus grande différence entre la tension de troisième

harmonique entre ces deux points de mesure.

1.5.4.6 Protection de déséquilibre (46) :

Un déséquilibre de tension sur le réseau va produire entre autre une tension de séquence

inverse à 120 Hz. De plus, cette tension à un sens de rotation inverse à la rotation de la machine,

la séquence inverse « verra » donc une machine à rotor bloqué, donc le courant de séquence

inverse sera relativement élevée et en plus à une fréquence double. Ce courant produira donc une

élévation de température qui peut être très importante selon le niveau de déséquilibre. La

protection (46) détectera le déséquilibre de tension et déclenchera le disjoncteur de la machine

56
lorsque le seuil sera atteint. Cependant, cette protection ne doit pas opérer pour les déséquilibres

de tension normale sur le réseau. Le déséquilibre de tension peut atteindre 3 % en condition

normale d’exploitation.

1.5.4.7 Protection de motorisation 32 :

Cette protection détecte le sens d’écoulement de la puissance qui devrait âtre est de la

machine vers le réseau. Si pour une raison ou une autre, la puissance mécanique qui entraîne la

machine venait à arrêter, la machine serait vu par le réseau comme un moteur, ce qui est

évidemment inacceptable, dans ce cas la machine sera isolée du réseau.

1.5.4.8 Perte de champ (40) :

Lorsqu’une machine synchrone perd son excitation, elle se comporte comme une

machine asynchrone, c’est-à-dire que sa vitesse de rotation diminuera à une vitesse sous-

synchrone en plus d’absorber des vars du réseau. Cela entraînera des oscillations qui produiront

un échauffement et des dommages à la machine. Cette protection « mesura » l’impédance « vue

» par la machine.

1.5.4.9 Protection de surexcitation (59)

Cette protection a pour but d’éviter que le noyau de la machine ne se sature lors du

démarrage et ou de l’arrêt. Par exemple, lors du démarrage de la machine, la tension à ses bornes

doit augmenter graduellement en fonction de la vitesse de rotation, donc de la fréquence, l’on

sait que le courant d’excitation de la machine augmente avec la tension et diminue avec la

fréquence, il faut donc éviter que la tension ne soit trop élevée lorsque la machine n’a pas encore

atteint sa vitesse synchrone.

57
1.5.4.10 Protection de faute à la terre du rotor (64):

Le rotor est alimenté en courant continu par une source isolée de la terre. Si une faute à la

terre se produit dans le rotor, un très faible courant circulera et il n’y aura aucun dommage de

produit et la machine peut continuer à être exploitée. Cependant, si une deuxième faute se

produit, il y aura un courant de court-circuit qui causera des dommages important au rotor de la

machine, ce qu’il faut évidemment éviter. Une alarme sera produite mais il faut agir rapidement

pour corriger la situation avant qu’une deuxième faute à la terre ne se produise.

1.5.4.11 Protection de température (49) :

Selon la taille de la machine, une protection de température des enroulements du stator de

la génératrice sera ajouter, il y aura d’abord une alarme et éventuellement un déclenchement si la

température continue à augmenter.

1.5.4.12 Protection de température (38) :

De même la température des paliers de la génératrice sera surveillée, dans un premier

temps il y aura une alarme suivi d’un déclenchement si la température continue d’augmenter.

1.5.5 Protection de machine asynchrone

Tout comme pour les machines synchrones, les relais numériques comprennent

l’ensemble des fonctions requises pour la gestion et la protection. Cela réduit les coûts de

conception et d’implantation. De même, les machines ont des protections électriques et

mécaniques plus ou moins sophistiquée selon la taille de la machine. Selon la taille de la

machine, le système de protection sera plus ou moins complet, il pourrait comprendre entre

autres :

• Protection de surintensité de phase et de neutre (50/51).

58
• Protection de surintensité de neutre (50/51N).

• Protection de sur et sous-tension (27) et (59) .

• Protection de fréquence (81O/U) .

• Protection différentielle (87).

• Protection de déséquilibre (46).

• Protection de motorisation (32).

• Protection de température (49).

Ces fonctions de protection ont le même rôle que pour les machines synchrones.

Figure 46 Schéma de protection d’une machine basse-tension

59
1.5.6 Protection d’onduleur et de convertisseur.

En ce qui concerne les onduleurs et les convertisseurs, le contrôle inclus les système de

protection. Pour les onduleurs de faible puissance, ce système sera suffisant, sinon il faudra

utiliser les mêmes systèmes de protection que pour les machines synchrones, en particulier pour

la protection de l’interconnexion.

Figure 47 Exemple de système de protection pour un onduleur raccordé à un réseau basse-

tension.

60
1.6 Les normes de raccordement de la production distribuée.

La guide IEEE Standard 1547 « IEEE Standard for interconnecting distribued ressources

with electric power system” traite de tous les aspects de l’intégration de la production distribuée

sur un réseau de distribution moyenne-tension et basse-tension. Vous y trouverez entre autres :

• Les définitions, acronymes et abréviations utilisés dans le domaine.

• Les systèmes d’interconnexion.

• Les sources possibles d’énergie.

• Les problèmes potentiels causés par l’intégration de la production décentralisée.

• Un guide d’application des spécifications techniques.

Dans le cas du réseau de distribution d’Hydro-Québec, plusieurs normes encadrent

l’intégration de la production décentralisée sur le réseau.

• E.12-01 : Exigences relatives au raccordement de la protection décentralisée au

réseau de distribution moyenne tension. Cette norme précise les exigences

requises pour pouvoir raccorder une centrale sur le réseau moyenne tension et en

particulier les études qui doivent démontrées que les exigences soient bien

respectées.

Des normes spécifiques traitent du raccordement de production décentralisé au réseau

basse tension telles :

• E.12-05 : Exigences relatives au raccordement de la production décentralisée de

600 kVA et moins au réseau basse tension d’Hydro-Québec.

• E.12-06 : Exigences relatives au raccordement de la production décentralisée sans

injection de puissance au réseau de distribution d’Hydro-Québec.

61
• E.12-07 : Exigences relatives au raccordement de la production décentralisée de

utilisant des onduleurs de faible puissance au réseau basse tension d’Hydro-

Québec.

• E.12-08 : Exigences relatives a la mise ne parallèle momentanée d’équipement de

production d’urgence avec le réseau de distribution d’Hydro-Québec.

D’autres normes traitent du choix des équipements de protection de même que de leur

entretien.

• E.12-09 : Exigences relatives à la qualification des équipements de protection

utilisés pour le raccordement de la production décentralisées sur le réseau de

distribution d’Hydro-Québec.

• E.12-03 : Maintenance des équipements de protection des installations de

production décentralisée se raccordant au réseau moyenne tension d’Hydro-

Québec.

Finalement, ces normes traitent du service d’électricité en basse tension et moyenne

tension.

• E.21-10 : Service d’électricité en basse tension à partir des postes hors réseau.

• E.21-12 : Fourniture d’électricité en moyenne tension.

1.7 Résumé

 L’intégration de production décentralisée ajoute des sources d’énergies sur les

réseaux du distributeur qui sont généralement exploités en mode radial.

 Il faut en tenir compte pour assurer la sécurité du personnel en s’assurant que

toutes les sources d’énergies sont isolés et cadenassés avant d’intervenir sur le

réseau.

62
 L'intégration de production décentralisé affecte la valeur des courants de court-

circuit sur le réseau de distribution, dans certain cas, la valeur du courant de court-

circuit sera augmenté, dans d’autres cas elle sera diminuée.

 Des études de courant de court-circuit sont requises avant d’accepter l’intégration

de production décentralisée sur le réseau.

 Le fonctionnement des systèmes de protection est affecté par l’intégration de

production décentralisé. Dans certains cas la protection pourrait fonctionner de

façon intempestive, dans d’autres cas, il pourrait y avoir non-fonctionnement.

 Des études de protection sont requises avant d’accepter l’intégration de

production sur le réseau du distributeur.

1.8 Bibliographie

1. Cours, "Choix, réglage et localisation des systèmes de protection" – Hydro-

Québec – Gaétan Quevillon – 2002 - SAP22011019

2. "Electrical Distribution-System Third Edition" – Cooper Power System.

3. “Integration of Distribued Generation in the Power System” - Math H.J.

Bollen and Fainan Hassan – Aout 2009 – ISBN 978-0-470-64337-2.

4. IEEE Standard 1547 - Standard for interconnecting distribued ressources with

electric power system – Institute of Electrical and Electronics Engineers, Inc. –

2003.

5. Exigences relatives au raccordement de la protection décentralisée au réseau

de distribution moyenne tension – Hydro-Québec – 2001- E.12-01.

63
2 MODÉLISATION DYNAMIQUE

2.1 Introduction

Dans ce chapitre, la modélisation dynamique des réseaux électriques intégrant la

production décentralisée sera abordée. Ce chapitre est rédigé d’une façon indépendante du

chapitre précèdent dans la mesure du possible afin de permettre au lecteur d’étudier les aspects

reliés à la modélisation dynamique avant la partie sur la protection comme cela se fait dans le

cours ELE416 « Réseaux de distribution » à l’École Polytechnique.

La production (génération) décentralisée (distribuée, dispersée) se définit par opposition à

la production classique centralisée qui est caractérisée par des unités de grosses puissances

raccordées au réseau électrique haute tension. Les réseaux de distribution (qui se distinguent des

réseaux de transport ou des réseaux de répartition par les tensions de fonctionnement et la

puissance transitée) représentent le maillon du système de puissance où le développement de la

production décentralisée (PD) est le plus attendu. L’interconnexion d’unités de PD à base

d’énergies renouvelables est désormais une réalité dans plusieurs réseaux à travers le monde.

Cependant, l’interconnexion à grande échelle de ces systèmes aux réseaux électriques

peut engendrer de nombreux problèmes tels que : la modification du transit de puissance, la

variation de la tension, la perte de la stabilité du réseau, l’impact sur la sélectivité du plan de

protection, le déséquilibre de courant et de tension, le risque de l’ilôtage, etc. Ces problèmes

sont d’autant plus cruciaux que les réseaux de distribution qui sont les hôtes de ces unités de PD,

jadis passifs sont devenus maintenant actifs à l’instar des réseaux de transport et n’étaient point

conçus pour faire face à ces problèmes. Parmi ces problèmes, c’est celui de la stabilité

dynamique que nous allons aborder dans ces notes. La représentation d’un réseau électrique en

64
perspective de son analyse de stabilité dynamique requiert que toutes les machines du réseau en

l’occurrence les unités de PD soient représentées par leurs modèles dynamiques. Parmi les

unités PD, il y’en a certaines dont les sources de génération produisent directement un courant

alternatif et sont directement connectées au réseau à l’instar de la production classique. Dans ces

notes, nous n’aborderons pas la modélisation dynamique de ces dernières, l’accent sera plutôt

mis sur la modélisation des unités de PD interconnectées au réseau par l’intermédiaire d’un

onduleur et qui sont de deux types :

-sources à courant alternatif: l’éolienne et la micro-turbine à gaz;

-sources à courant continu : le système photovoltaïque et le pile à combustible;

Les sujets que nous allons traiter dans ce document sont les suivants :

• Notions de stabilité dynamique

• Modélisation dynamique de l’éolienne

• Modélisation dynamique du système photovoltaïque

• Simulation et étude de cas d’un système photovoltaïque à l’aide de C++

2.2 Notions de stabilité dynamique : Introduction

Les études de stabilité dynamique consistent à analyser et prédéterminer les variations

dans le temps des grandeurs électriques en différents points d’un réseau et les évolutions des

paramètres mécaniques des machines tournantes, suite à des perturbations brutales. Pour cela, il

faut envisager les principaux scénarios critiques (tels que court-circuit, perte d’énergie

mécanique, perte de source électrique, variation de charge, contraintes de processus, etc…) et de

prédire le comportement du réseau face à ces perturbations. Ces études permettent de préconiser

les mesures à prendre en exploitation (type de protection, réglage de relais, délestage,

configurations du réseau, etc…) pour éviter les modes de fonctionnement indésirables.

65
Nous rappelons, dans un premier temps, les différents niveaux de modélisation

usuellement rencontrés pour les études de stabilité dynamique des réseaux électriques puis nous

mettrons l’accent sur la stabilité transitoire qui sous-tend la modélisation électromécanique des

éléments du réseau.

2.2.1 État de l’art sur la modélisation dynamique des réseaux

Dans le cas général, on distingue quatre niveaux de modélisation suivant les phénomènes

étudiés :

• Modélisation des phénomènes quasi stationnaires : succession d’états

stationnaires pour effectuer un calcul de répartition de puissance active et

réactive.

• Modélisation des phénomènes à dynamique lente de l’ordre de plusieurs dizaines

de secondes voire de minutes : échauffements des rotors d’alternateurs, réglage

secondaire de tension, dynamique des chaudières, etc….

• Modélisation des phénomènes transitoires électromécaniques : les grandeurs

électriques restent sinusoïdales ; une fréquence moyenne doit donc être définie

pour l’ensemble du réseau. L’évolution de la dynamique des rotors des groupes

tournants est modélisée. On distingue classiquement deux sous-niveaux de

modélisation suivant l’amplitude des sollicitations appliquées au système :

o Phénomènes de faible amplitude : étude de stabilité en petits mouvements

(ou statique) autour d’un point de fonctionnement. Il est alors possible de

définir un modèle mathématique linéarisé. Ces modélisations sont

utilisées par exemple pour des analyses de comportements oscillatoires

dans les réseaux.

66
o Phénomènes de grande amplitude (court-circuit, déclenchement

d’ouvrages). Ces études, dites de stabilité transitoire, supposent de prendre

en compte de manière plus précise les régulations plus rapides comme les

réglages primaires de tension et de fréquence (Modélisation

électromécanique étendue).

• Modélisation des phénomènes électromagnétiques : l’onde de tension n’est alors

plus considérée comme sinusoïdale. Il est possible de simuler des phénomènes

électromagnétiques rapides dont les fréquences peuvent atteindre plusieurs kHz.

Les études de stabilité dynamiques supposent d’utiliser des modèles dynamiques relevant

des deux derniers niveaux de modélisation évoqués ci-dessus : modélisations électromagnétique

ou électromécanique étendue. C’est cette dernière plus connue sous le nom de stabilité

transitoire que l’on va analyser dans la section qui suit.

2.3 Notion de stabilité transitoire : Définitions et Modélisation

2.3.1 Quelques définitions

• Le concept de stabilité transitoire peut-être défini comme la propriété du réseau

de rester en état d’équilibre dans les conditions normales d’opération et de

regagner un état d’équilibre acceptable à la suite d’une perturbation telle la perte

d’un groupe de production, d’une charge ou un défaut sur une ligne de transport.

• La réponse du réseau à de telles perturbations peut entrainer des variations très

marquées des angles des rotors, des écoulements de puissance, des tensions et

d’autres variables du système.

67
• La stabilité est influencée par les caractéristiques non-linéaires du système. Si la

séparation des angles des rotors des différentes machines du réseau reste dans

certaines limites, alors on dit que le système est en synchronisme.

• La perte de synchronisme du réseau du fait de l’instabilité transitoire, si elle

survient, devient habituellement évidente dans les 2 à 3 secondes après la

première perturbation.

2.3.2 Représentation du réseau en stabilité transitoire

La Figure 1 ci-dessous illustre la structure générale du réseau électrique avec le système

de production classique (que sont les générateurs synchrones) utilisée pour sa modélisation en

stabilité transitoire. On y voit que le détail est mis sur la modélisation du générateur synchrone

et de ses régulations (régulateur de tension et système d’excitation, régulateur de vitesse et

turbine) qui est interconnecté au réseau électrique. Dans les pages qui suivent, nous passerons en

revue les équations algébriques et différentielles qui modélisent chacun des composants de la

Figure 48.

Figure 48 Structure du modèle de réseau en stabilité transitoire

68
2.3.3 Modélisation du réseau d’interconnexion

Il s’agit de représenter les relations entre les courants et les tensions des nœuds du réseau.

Un réseau d’énergie électrique consiste en plusieurs nœuds interconnectés par des lignes de

transmission, il se peut représenter par une matrice d’admittance nodale constante et symétrique

Ybus . L’équation (1.1) relie les tensions et les courants des nœuds du réseau à travers la matrice

d’admittance du réseau.

−   − 
I1   V1 
−  − 
I2   V2 
  = Ybus ⋅  (1.1)
⋅   
⋅  ⋅ 
   

  − 
In   Vn 
 

− − − T
Avec I1 I2 ⋅ ⋅ ⋅ In  =
Vecteurs des courants injectés aux nœuds
 

T
− − − 
 V1 V2 ⋅ ⋅ ⋅ Vn  =
Vecteur des tensions des nœuds
 

Ybus Matrice d’admittance nodale du réseau.

À un nœud donné (« r »), le courant est exprimé comme suit : I=


r IrG − IrC , avec IrG est le

courant injecté par les générateurs connectés au nœud sur lequel on reviendra ci-dessous alors

que IrC est égale au courant absorbé par les charges connectées au nœud. La formule de IrC en

fonction des charges active et réactive au nœud r et à la tension à ce nœud est donnée comme suit

IrC =
(Pr − jQr ) (1.2)
Vr*

69
où Pr et Qr peuvent être constantes ou variables en fonction du nœud r ( Vr ) et/ou de la

fréquence à ce nœud ( fr ).

Comme le montre l’équation(1.1), le réseau est interconnecté et modélisé par des

équations algébriques dans le référentiel synchrone.

2.3.4 Modélisation du générateur synchrone

Un générateur synchrone triphasé est modélisé dans le référentiel tournant du rotor

comme le montre la Figure 49. Cette figure montre deux enroulements du stator d et q fictifs

représentant les enroulements triphasés du stator. La figure montre aussi deux enroulements du

rotor, incluant l’enroulement de champ ‘f’ le long de l’axe d et deux bobines du rotor le long de

l’axe q. Les bobines court-circuitées, une (‘h’) le long de l’axe d et deux (‘g’ et ‘k’) le long de

l’axe q, permettent de représenter l’effet des amortisseurs, de l’hystérésis et des courants de

Foucault dans les parties magnétiques.

Figure 49 Modèle du générateur synchrone

70
Le modèle simplifié de la machine synchrone que nous allons considérer dans ces notes

est le modèle dit classique qui consiste en une tension interne derrière une réactance transitoire.

Ce modèle dérive des hypothèses de simplification suivantes sur la modélisation de la machine

synchrone :

1. La saturation est négligée, il en résulte que les inductances propres et mutuelles sont

indépendantes des courants qui circulent dans les différents enroulements.

2. Les forces électromotrices sont réparties sinusoïdalement dans l’entrefer de la

machine, il y a symétrie par rapport à l’axe magnétique du rotor.

3. Les encoches sont supposées inexistantes.

4. On ne tient pas compte de l’hystérisis et les courants de Foucault dans les parties

magnétiques.

5. Les termes dérivatifs pψ d et pψ q sont négligés du modèle du stator car ces termes

décroissent très rapidement.

6. L’effet de la variation de la vitesse est négligé. Cette simplification est basée sur l’idée

que la vitesse ωr en (pu) est égale à 1.0. Cela ne signifie pas que la vitesse est constante mais

que les variations de celle-ci sont très petites et n’ont aucun effet sur la tension au stator.

7. L’effet des amortisseurs dans le rotor est négligé. Cela réduit l’ordre du système

étudié et minimise le nombre des paramètres à renseigner concernant les amortisseurs qui sont

souvent indisponibles.

Le circuit équivalent du modèle classique est illustré à la Figure 50 ci-dessous avec :

71
Figure 50 Circuit équivalent du modèle classique d’un générateur synchrone

= Et + j X'd Ig
E (1.3)

où Ig : Courant de la machine g en pu

Et : Tension terminale au nœud générateur en pu

E : Tension interne derrière la réactance transitoire j X'd en pu

2.3.4.1 Équation Swing

Elle représente l’équation d’accélération du générateur synchrone avec l’interaction entre

son couple électrique et son couple mécanique. Le schéma bloc suivant représente cette équation

Swing avec :


=
1
dt 2H
( Tm − Te − KD ( ω − ω0 ) ) (1.4)


= 2πf0 ( ω − ω0 ) (1.5)
dt

Où Tm : couple mécanique en pu

Te : Couple électromagnétique en pu

K D : Coefficient d’amortissement

ω : Vitesse angulaire du rotor en pu

72
δ : Vitesse angulaire du rotor en radian électrique par rapport à une référence qui tourne

à la vitesse de synchronisme ω0 = 2πf0 en rad/s.

H : Constante d’inertie des parties tournantes en MW.s/MVA

f0 : Fréquence de base en Hz.

Figure 51 Schéma bloc de l’équation d’accélération du générateur synchrone

2.3.4.2 Système d’excitation

La fonction principale d’un système d’excitation est de fournir un courant continu à

l’enroulement de champ d’un générateur synchrone. En outre, le système d’excitation exécute

des fonctions de contrôle telles que le contrôle de la tension et de la puissance réactive fournie

par le générateur. Il constitue donc un moyen d’améliorer la stabilité dynamique du réseau en

contrôlant la tension de champ et le courant de champ du générateur par voie de conséquence.

Les systèmes d’excitation sont classés selon les trois catégories suivantes :

-Systèmes d’excitation à courant continu

-Systèmes d’excitation à courant alternatif

-Systèmes d’excitation statiques

La Figure 52 ci-dessus illustre le schéma bloc du système d’excitation IEEE Type 1.

73
Comme on le voir dans cette figure, le système d’excitation est souvent composé des

éléments suivants : un transducteur de la tension terminale de l’alternateur, un régulateur de

tension et une excitatrice.

Figure 52 Schéma bloc du système d’excitation IEEE Type 1.

2.3.4.3 Régulateur de vitesse et turbine

La fonction première de la turbine est de fournir, à partir d’une source d’énergie primaire

comme l’eau, le gaz ou la vapeur, le couple mécanique appliqué à l’arbre du générateur qui

produit l’énergie électrique.

Le régulateur de vitesse sert, quant à lui, à contrôler la vitesse de rotation de la turbine et

partant celle du générateur, en actionnant une vanne pour les turbines hydrauliques ou une

soupape pour les turbines à gaz par exemple.

Les systèmes régulateurs de vitesse et turbine sont souvent représentés dans le même

schéma bloc comme on peut le voir à la Figure 53 ci-dessous qui illustre un modèle de turbine à

vapeur.

74
Figure 53 Schéma bloc d’un modèle de turbine à vapeur.

2.3.4.4 Stabilisateur

La fonction d’un stabilisateur est de contribuer à l’amortissement des oscillations du rotor

d’un générateur synchrone. Ceci est réalisé en modulant l’excitation du générateur de telle sorte

à développer une composante du couple électrique en phase avec les déviations de la vitesse du

rotor. Cette méthode de produire un couple d’amortissement est la moins dispendieuse pour

améliorer la stabilité petit signal d’un réseau électrique, lorsque des systèmes d’excitation aux

constantes de temps faibles et gains élevés sont utilisés.

La Figure 54 ci-dessus illustre un schéma bloc d’un modèle de stabilisateur avec comme

signaux d’entrée les variations sur les variables électriques suivantes: la vitesse de rotation du

rotor, la fréquence à la barre terminale du générateur, la puissance électrique produite par le

générateur et la tension aux bornes du générateur.

Figure 54 Schéma bloc d’un modèle de stabilisateur à plusieurs entrées

75
2.3.4.5 Interface entre le générateur et le réseau

Le générateur et toutes ses régulations sont modélisées dans le référentiel tournant du

rotor, donc toutes leurs variables et paramètres sont exprimés sur la base de ce référentiel. Ainsi,

pour interfacer ce générateur au réseau électrique pour fin de simulation en stabilité transitoire, il

faudra transformer toutes ces variables vers le référentiel synchrone qui est celui du réseau

électrique. La Figure 55 ci-dessous montre les deux référentiels d-q du rotor tournant et D-Q

référentiel synchrone. On peut y constater que les deux référentiels sont déphasés l’un de l’autre

par qui est l’angle interne du rotor.

Figure 55 Axes d-q : Référence rotor tournant; Axes D-Q : Référence synchrone

Selon la Figure 1, les équations d’interface relient les variables réseaux VD + jVQ et

ID + jIQ de la barre terminale du générateur aux composantes en axe direct (d) et en quadrature

(q) de la tension interne et du courant du générateur qui sont Vd + jVq et Id + jIq respectivement.

Ces équations d’interface sont les suivantes :

(
VD + jVQ= e jδ Vq − jVd ) (1.6)

(
ID + jIQ= e jδ Iq − jId ) (1.7)

76
2.3.5 Algorithme de Solution

La Figure 56 illustre la procédure globale de solution de stabilité transitoire d’un réseau

électrique. Il requiert un fichier qui contient la solution initiale de répartition de puissance du

réseau et un autre fichier qui contient les données dynamiques des machines ainsi que les

manœuvres à simuler. Nous avons vu ci-dessus que le réseau d’interconnexion est modélisé par

des équations algébriques alors que les machines et leurs systèmes de contrôle sont modélisés par

des équations algébriques et des équations différentielles. Ainsi, l’analyse de stabilité transitoire

d’un système électrique consiste en la résolution simultanée des équations différentielles

décrivant le comportement dynamique des machines et des équations algébriques décrivant le

comportement en régime permanent du réseau.

Pour résoudre les équations algébriques à chaque pas de calcul, ces dernières sont

rendues algébriques en utilisant des méthodes d’intégration numérique telle que la méthode

trapézoïdale implicite utilisée par la plupart des logiciels de simulation de stabilité transitoire

disponibles sur le marché.

Figure 56 Algorithme de simulation d’un réseau électrique en stabilité transitoire

77
2.4 Modélisation dynamique de l’éolienne

Dans l’introduction générale, nous avons rappelé quelques définitions de la stabilité

dynamique dans les systèmes électriques multi-machines. Nous avons dit que le problème de la

stabilité est nouveau dans les réseaux de distribution. Autrefois, ces réseaux étaient considérés

comme passifs. Aujourd’hui, ces réseaux sont devenus actifs dans lesquels des nouvelles

sources de production électrique s’installent de plus en plus. Parmi ces nouvelles sources,

l’éolienne à vitesse variable est une des plus fréquentes. L’éolienne est un dispositif qui

transforme l’énergie cinétique du vent en énergie électrique transmise au consommateur. La

turbine éolienne récupère l’énergie cinétique du vent et la transforme en couple mécanique qui

entraîne un générateur électrique synchrone ou asynchrone. La vitesse du générateur peut être

contrôlée en agissant sur les tensions et la fréquence d’alimentation. Ce contrôle de vitesse vise

à optimiser la puissance électrique produite par l’éolienne. L’éolienne connectée au réseau est

en général composée des éléments suivants : une turbine, un multiplicateur de vitesse, un

générateur synchrone ou asynchrone et un convertisseur de puissance. Dans ce chapitre, nous

présenterons les différentes configurations d’éolienne qui sont les plus utilisées avec leurs modes

d’opération, ensuite, en guise d’exemple, nous abordons la modélisation de l’éolienne à vitesse

variable à machine asynchrone pilotée au stator.

2.4.1 Différentes configuration de l’éolienne

On retrouve essentiellement dans l’industrie électrique quatre configurations d’éolienne :

• Éolienne à vitesse fixe à machine asynchrone (MAS)

• Éolienne à vitesse variable à machine asynchrone (MAS) pilotée au stator

• Éolienne à vitesse variable à machine synchrone (MS) pilotée au stator

• Éolienne à vitesse variable à machine asynchrone à double alimentation (MADA)

78
2.4.1.1 Éolienne à vitesse fixe à machine asynchrone

Le premier modèle d’éolienne qui a été mis au point est le modèle d’éolienne à vitesse

fixe qui entraîne une machine asynchrone et dont la configuration est illustrée à la Figure 57.

Comme on peut le voir, la MAS d’une éolienne à vitesse fixe est directement connectée

au réseau par son stator donc sa vitesse de rotation est fixe. Ainsi, la puissance électrique qu’elle

génère est déterminée entièrement par la vitesse du vent.

Figure 57 Éolienne à MAS à vitesse fixe

La Figure 11 ci-dessous illustre le mode de fonctionnement de ce modèle d’éolienne.

Elle indique la puissance du vent ( Pw ) extraite en fonction de la vitesse de rotation de la turbine (

Ω ) et ce, pour différentes vitesses du vent ( Vw ). On peut y voir que la puissance de vent

extraite n’est pas optimisée du fait de l’impossibilité de varier la vitesse de rotation de la turbine.

Aussi, à une vitesse de vent élevée, la puissance éolienne disponible peut dépasser la puissance

limite maximale de la turbine. Dans ce cas, le contrôle à calage variable de pâles est activé de

manière à limiter la puissance éolienne extraite dans les limites de puissance de la turbine.

79
Figure 58 : Mode d’opération d’une éolienne à MAS à vitesse fixe

2.4.1.2 Éolienne à vitesse variable à MAS pilotée au stator

La configuration de l’éolienne à MAS pilotée au stator est illustrée dans la Figure 59. Ce

type d’éolienne entraîne une machine asynchrone à cage ou à rotor bobiné connectée au réseau

par l’intermédiaire d’un convertisseur de puissance connecté au circuit du stator de la machine.

Ces machines tournent à une vitesse beaucoup plus importante que celle de la turbine éolienne

d’où la nécessité d’utiliser un multiplicateur de vitesse. Cette technologie est utilisée pour les

fortes puissances et souvent retenue par les constructeurs pour la connexion au réseau moyenne

tension. Le redresseur assure des tensions et des fréquences variables à la sortie du générateur,

ce qui permet de contrôler la vitesse de l’éolienne. Il reçoit ses consignes de tension et de

fréquence du processus de la commande. L’onduleur est contrôlé pour garder constante la

tension de bus continu (représenté par le condensateur dans la Figure 59) et/ou la puissance

réactive produite ou consommée par l’éolienne au point de connexion avec le réseau.

80
Figure 59 Éolienne à MAS à vitesse variable pilotée au stator

Pour ce qui est du mode de fonctionnement de ce modèle, il est illustré dans la Figure 60

ci-dessous. On peut y voir qu’il y a deux zones de contrôle :

1. Zone 1 : c’est la zone d’optimisation de la puissance capturée par la turbine. Le

contrôle vise à faire varier la vitesse de rotation de l’éolienne de manière à rester aux alentours

de λopt . L’angle de calage étant fixe β =0 , le coefficient de puissance de l’éolienne est égal à sa

valeur Cpmax . Nous reviendrons sur ces termes un peu plus loin lorsque l’on abordera le modèle

de la turbine éolienne.

2. Zone 2 : dans cette zone, la puissance éolienne extraite a atteint la puissance limite

maximale de la turbine et elle y maintenue constante jusqu’à ce que la vitesse de rotation de la

turbine frappe sa limite maximale Ωmax . À ce moment, le contrôle à calage variable de pâles

s’active afin d’augmenter l’angle de calage β de telle sorte à délester la puissance éolienne

extraite, ralentissant ainsi la turbine.

81
Figure 60 Mode d’opération d’une éolienne à MAS à vitesse variable pilotée au stator

2.4.1.3 Éolienne à vitesse variable à MS pilotée au stator

La configuration de ce type d’éolienne est illustrée dans la Figure 61 ci-dessous. Les

machines synchrones utilisées sont plutôt à rotor bobiné avec un grand nombre de pôles, elles

tournent donc à une vitesse lente et elles sont connectées à des réseaux de moyenne tension. La

turbine éolienne est directement reliée au rotor sans multiplicateur de vitesse. Les machines à

réluctance variable se classent aussi sous cette catégorie. Comme l’éolienne à vitesse variable à

MAS pilotée au stator, ce modèle d’éolienne est connecté au réseau par l’intermédiaire d’un

convertisseur de puissance par son circuit statorique. Ainsi, son mode de fonctionnement en ce

qui concerne les contrôles exercés par le redresseur et l’onduleur, de même que le contrôle par

l’angle de calage pour l’optimisation de la puissance éolienne capturée, est similaire à celui de

l’éolienne à vitesse variable à MAS pilotée au stator expliqué dans la section précédente.

82
Figure 61 Éolienne à vitesse variable à machine synchrone (MS) pilotée au stator

2.4.1.4 Éolienne à vitesse variable à MAS à double alimentation

Dans cette conception, le stator de la machine asynchrone est connecté directement au

réseau. Le convertisseur de puissance se trouve au circuit rotorique. Le redresseur alimente les

enroulements rotoriques par les tensions et la fréquence de consigne qu’il reçoit de la procédure

de commande. L’onduleur est contrôlé d’une manière à garder constante la tension de bus

continu et/ou la puissance réactive produite ou consommée par l’éolienne au point de connexion

avec le réseau. Cette configuration a l’avantage de réaliser des économies sur les convertisseurs

de puissance car la puissance transitée par le circuit rotorique est faible par rapport à la puissance

statorique dans les configurations d’éolienne pilotée par le stator.

Figure 62 : Éolienne à vitesse variable à machine asynchrone à double alimentation

(MADA)

83
Pour ce qui est du mode de fonctionnement de ce modèle, il est illustré dans la Figure 63

ci-dessous et on peut y voir qu’il est similaire à celui de l’éolienne à vitesse variable à MAS

pilotée au stator. La seule différence est le mode à puissance constante lorsque la vitesse de

rotation de la turbine est inférieure à sa vitesse minimale permissible Ωmin .

Figure 63 Mode d’opération d’une éolienne à MADA

2.4.2 Modélisation de l’éolienne à MAS pilotée au stator

Dans ce paragraphe, nous allons élaborer le modèle de l’éolienne pour la commander à

vitesse variable. La turbine éolienne sera modélisée ainsi que le générateur asynchrone. Le

modèle du convertisseur de puissance ne sera pas inclus dans le modèle de l’éolienne. En effet,

on assume que le convertisseur de puissance et sa commande sont idéaux, c'est-à-dire que les

puissances électriques à l’entrée et à la sortie du convertisseur sont égales. La Figure 64 ci-

dessous montre les deux parties de l’éolienne à modéliser.

84
Figure 64 Configuration d’une éolienne à vitesse variable

2.4.2.1 Partie mécanique

Sur l’arbre de l’éolienne, il y a la turbine éolienne, le multiplicateur de vitesse et le rotor

du générateur. La turbine éolienne se compose de plusieurs pales fixes ou orientables. 80% des

manufacturiers fabriquent des turbines tripales pour des raisons de stabilité, de poids et de

fluctuations mécaniques. La turbine éolienne, en général, tourne à une vitesse nominale de 25 à

40 tr/mn. Le multiplicateur adapte la vitesse de la turbine à celle du générateur électrique qui

tourne à environ 1800 tr/mn. Pour fins de simplification, l’élasticité et le frottement des pales

avec l’air sont ignorés.

2.4.2.1.1 Modèle de la turbine éolienne

Le schéma bloc qui représente la turbine éolienne est illustré sur la Figure 65 ci-dessous.

85
La turbine éolienne est caractérisée par les courbes du coefficient de puissance Cp qui est

RΩ t
une fonction du rapport de vitesse spécifique λ = et de l’angle de calage des pales β .
v

Ω t : Vitesse angulaire mécanique (rad/s mécanique) de la turbine

v : Vitesse du vent (m/s)

ρ : Densité de l’air 1.22 Kg/m3 à la pression atmosphérique de 15 deg. C

R : Rayon de la turbine = longueur de pale en (m)

Pour notre exemple d’éolienne, le coefficient de puissance est donné par la relation

suivante:

 1 0.035 
  1 0.035   −c5  λ+0.08β − β3 +1 
Cp ( λ, β ) c1  c 2 
= − 3 −
 3 c β − c 4 e + c 6λ (1.8)
 λ + 0.08β β + 
  1  

= =
c1 0.5109 =
c 2 116 c 3 0.4
=c4 5 = =
c 5 21 c 6 0.0068

Figure 65 Modèle de la turbine éolienne

La Figure 19 illustre les courbes de Cp ( λ ) pour plusieurs valeurs de β (deg.) obtenues à

partir de la relation (1.8) ci-dessus.

86
Sur la Figure 19, plusieurs courbes sont distinguées mais nous nous sommes intéressés à

celle qui possède le plus haut sommet. Cette courbe est caractérisée par le point optimal

=
λopt 8.1, C=
pmax =
0.475, β 0 qui est le point correspondent au maximum du coefficient de

puissance Cp et donc au maximum de la puissance mécanique récupérée.

Figure 66 Courbes du coefficient Cp (λ, β)

Nous remarquons que l’augmentation de β permet de dégrader le coefficient Cp , et par

conséquent, provoquer la diminution de la puissance mécanique récupérée sur l’axe de la turbine

éolienne.

Le couple mécanique sur l’axe de la turbine est donné par la relation suivante :

Pt 0.5CpρπR v
2 3
=
C t = N.m (1.9)
Ωt Ωt

87
2.4.2.1.2 Modèle du multiplicateur de vitesse

Le multiplicateur est la liaison entre la turbine et le générateur. Il est supposé rigide et

modélisé par un simple gain. L’élasticité et le frottement du multiplicateur sont négligés. Les

pertes énergétiques dans le multiplicateur sont considérées nulles. Le couple mécanique de la

turbine éolienne est divisé par le rapport du multiplicateur de vitesse pour obtenir le couple

mécanique sur l’arbre du générateur :

1
Cmec = Ct (1.10)
G

où G : rapport de multiplication

Cmec : Couple mécanique sur l’axe du générateur (N.m)

Le multiplicateur adapte la vitesse de la turbine à celle du générateur comme suivant:

Ωmec =GΩ t (1.11)

où Ωmec : Vitesse de générateur

2.4.2.1.3 Modèle de l’arbre

L’arbre du générateur est modélisé par l’équation suivante

dΩmec
J = CT − fΩmec (1.12)
dt

où J : Inertie totale des parties tournantes ( Kg.m2 )

f : Coefficient de frottement visqueux

=
CT Cmec + Cem : Couple total de l’éolienne (N.m)

Cem : Couple électromagnétique du générateur (N.m)

En fonctionnement générateur, le couple électromagnétique Cem a un signe négatif.

88
L’inertie totale est la somme de l’inertie du générateur et celle de la turbine ramenée au

côté générateur c'est-à-dire :

JTurbine
=J + JGenerateur (1.13)
G2

Le schéma bloc suivant représente le modèle de l’arbre de l’éolienne associé au modèle

de la turbine.

Figure 67 Modèle de l’arbre et de la turbine éolienne

2.4.2.1.4 Modèle de l’actionneur des pales

Le système d’orientation des pales sert essentiellement à limiter la puissance générée.

Avec un tel système, les pales sont tournées par un dispositif de commande appelé Pitch control.

En réglant l’angle d’orientation des pales, on modifie les performances de la turbine et plus

précisément le coefficient de puissance (Figure 68). Les pales sont face au vent en basse

vitesse et pour les fortes vitesses, elles s’inclinent pour dégrader le coefficient de puissance.

Figure 68 Orientation des pales

89
Le système d’orientation de l’angle des pales est approché par une fonction de transfert

de premier ordre et par un intégrateur. Cet actionneur est commandé en boucle fermée pour

asservir l’angle de calage des pales β avec des contraintes sur β , voir Figure 69 ci-dessous.

Figure 69 Modèle et commande du système de calage des pales

où τβ : Constante de temps de l’actionneur (s)

βmin , βmax : Limites de l’angle de calage des pales dépendant de la conception physique

βref :Référence d’angle reçue du processus de la commande de la puissance électrique

2.4.2.2 Modélisation de la machine asynchrone

Avant la mise en équations de la machine asynchrone dans les axes d et q, prenons en

compte les hypothèses suivantes :

2.4.2.2.1 Hypothèses

Les hypothèses suivantes seront considérées dans la modèle dynamique de la machine

asynchrone :

• La saturation est négligée ; il en résulte que les inductances propres et mutuelles

sont indépendantes des courants qui circulent dans les enroulements.

• Les forces électromotrices sont réparties sinusoïdalement dans l’entrefer de la

machine, il y a symétrie par rapport à l’axe magnétique du rotor.

• Les encoches sont supposées inexistantes.

90
• On ne tient pas compte de l’hystérésis et les courants de Foucault dans les parties

magnétiques.

2.4.2.2.2 Équations du stator

Les équations suivantes représentent le modèle de Park stator :

dϕsd
= Vsd − RsIsd + ϕsq w s (1.14)
dt

dϕsq
= Vsq − RsIsq − ϕsd w s (1.15)
dt

ϕsd= L sIsd + LmIrd (1.16)

ϕsq= L sIsq + LmIrq (1.17)

où : ϕsd, ϕsq = Flux du stator sur les axes d et q

Vsd,Vsq = Tensions du stator sur les axes d et q

Isd, Isq = Courants du stator sur les axes d et q

w s = Pulsation des courants statoriques

Rs = Résistance du stator

L s = Inductance du stator

Lm = Inductance mutuelle entre le stator et le rotor

2.4.2.2.3 Équations du rotor

Le modèle de Park du rotor est décrit par les équations différentielles suivantes :

dϕrd
= Vrd − RrIrd + ϕrq w sl (1.18)
dt

91
dϕrq
= Vrq − RrIrq − ϕrd w sl (1.19)
dt

Pour la machine asynchrone à cage, les enroulements du rotor sont court-circuités:

V=
rd V=
rq 0

Les équations ci-dessous deviennent:

dϕrd
= −RrIrd + ϕrq w sl (1.20)
dt

dϕrq
= −RrIrq − ϕrd w sl (1.21)
dt

ϕrd= LrIrd + LmIsd (1.22)

ϕrq= LrIrq + LmIsq (1.23)

où : ϕrd, ϕrq : Flux du rotor sur les axes d et q

Vrd,Vrq : Tensions du rotor sur les axes d et q

Ird, Irq : Courants du rotor sur les axes d et q

w sl : Pulsation des courants rotoriques

Rr : Résistance du rotor

Lr : Inductance du rotor

Lm : Inductance mutuelle entre le stator et le rotor

w r : Vitesse angulaire mécanique du rotor (rad/s) électrique

La pulsation rotorique est : w=


sl w s − wr

Avec: w r = PΩmec est la vitesse du rotor

P : Nombre de paires de pôles de la machine

92
Ωmec : Vitesse angulaire mécanique du rotor (rad/s) mécanique

2.4.2.2.4 Équations du couple électromagnétique

Le couple électromagnétique de la machine asynchrone peut être exprimé par l’équation

suivante :

= (
Cem PLm IrdIsq − IrqIsd ) (1.24)

93
2.5 Modélisation dynamique du système PV

Les générateurs photovoltaïques représentent un autre type de production décentralisée

susceptible d’être intégrée dans les réseaux électriques de distribution.

2.5.1 Généralités

Selon des rapports récents concernant les sources d’énergie renouvelable, les systèmes

photovoltaïques ont connu un réel accroissement dans ces dernières années. L’extension

importante de ce type de production est encore limitée à cause du coût élevé de ses installations.

L’énergie photovoltaïque résulte de la transformation directe de la lumière du soleil en

énergie électrique au moyen de cellules généralement à base de silicium. La réalisation de

cellules à base de silicium cristallin reste la filière la plus avancée sur le plan technologique et

industriel. En effet, le silicium est l’un des éléments les plus abondants sur terre sous forme de

silice, parfaitement stable et non toxique.

Pour obtenir une puissance suffisante, les cellules sont reliées entre elles et constituent le

module ou panneau solaire. En fonction de la puissance désirée, les panneaux eux-mêmes

peuvent être assemblés pour constituer un ‘champ photovoltaïque’.

2.5.2 Caractéristiques statiques du panneau

De nombreux constructeurs offrent une gamme importante de panneaux photovoltaïques.

On prend l’exemple d’un panneau Siemens SP150 avec une puissance de 150 W, les

caractéristiques complètes sont reportées sur web (http://www.mikebaker.com/solar/SP150.pdf).

La Figure 70 présente quelques caractéristiques statiques du panneau, tracées pour différentes

valeurs d’ensoleillement pour une valeur constante de la température ambiante (20° C). On

constate d’une part que dans la majeure partie de la caractéristique, la cellule se comporte

94
comme une source de courant. Par ailleurs, on note qu’il existe toujours un point de puissance

maximale pour chaque niveau d’ensoleillement.

Figure 70 Caractéristiques statiques du panneau pour une variation de l’ensoleillement

La Figure 24 présente les mêmes caractéristiques, tracées cette fois-ci pour différentes

valeurs de la température ambiante, la valeur de l’ensoleillement restant constant (1000 W / m2 ).

Figure 71 Caractéristiques statiques du panneau lors d’une variation de la température

ambiante

95
2.5.3 Structure simplifiée d’un générateur PV connecté au réseau

La Figure 72 montre la structure complète de la connexion des panneaux PV au réseau

électrique alternatif. On distingue plusieurs modules d’adaptation placés entre les panneaux

proprement dits et le bus continu. La Figure 73 présente le détail de la connexion.

Figure 72 Structure complète de la connexion des panneaux au réseau électrique alternatif

Figure 73 Détail sur la connexion d’un panneau photovoltaïque

96
Pour fin de simplification de la modélisation dynamique du générateur PV, on peut

envisager la structure simple suivante de la Figure 74 ci-dessous où l’ensemble des panneaux est

connecté directement sur le bus continu.

Figure 74: Structure simplifiée d’un panneau photovoltaïque connecté au réseau

2.5.4 Modélisation dynamique d’un panneau PV et de son système de

contrôle

Le circuit simplifié de la Figure 74 est adéquat pour la représentation dynamique d’un

panneau PV. Le courant à courant continu généré par une cellule PV dépend de l’ensoleillement,

de la température, de la vitesse du vent et de certains coefficients reliés à la technologie de

fabrication de la cellule.

Le courant ipv,STC fourni par le module à un instant donné et dans les Conditions

Standard de Test (STC) d’ensoleillement et de température, peut être exprimé en fonction de la

tension aux bornes du panneau upv,STC par:

ipv,STC =
 { (( m
) )}
Isc,STC 1 − K1 exp K 2upv,STC −1 

(1.25)

97
avec les coefficients K1, K2 et m définis comme suit :

K1 = 0.01175

 1 + K1 
K 4 = ln  
 K1 

K4
K2 = m
Voc

K3
ln
K4
m=
Vmpp
ln
Voc

 Isc,STC (1 + K1 ) − Impp 
K 3 = ln  
 K1 Isc,STC
 

où :

Impp : le courant du panneau correspondant au point de puissance maximale (A)

Vmpp : la tension du panneau correspondante au point de puissance maximale (V)

Isc,STC : le courant de court-circuit en conditions standard (STC) (A)

Voc : la tension aux bornes du panneau à circuit ouvert (V)

Les fabricants de modules PV fournissent normalement les valeurs de Impp ,Vmpp , Isc,STC ,

Voc et les paramètres des caractéristiques I-V dans les Conditions de Test Standard (STC)

AM1.5, 1.5 kW/m2 et 25oC.

Le Tableau 2 ci-dessous montre les données dans les Conditions de Test Standard (STC)

du module Siemens SP150 de 150 W dont on avait parlé précédemment. Cette table est tirée à

partir des spécifications de ce module.

98
Tableau 2 Spécifications du module PV Siemens SP150

Les Conditions Standard de Test (STC) sont définies par:

• NOCT (Normal Operating Cell Temperature) : la température du panneau en

fonctionnement normal, par exemple 450 C

99
• Ta,ref : La température ambiante de référence utilisée pour spécifier NOCT, par

exemple 20° C

• GSTC : La valeur standard de l’éclairement, par exemple GSTC = 800 W / m2

• v wind : La vitesse du vent au niveau du panneau, par exemple 1m/s

L’équation (1.25) est valable seulement dans les conditions standard de température

TSTC et d’ensoleillement GSTC . Lorsque la température et l’ensoleillement changent à Tc et G

respectivement, les nouvelles valeurs du courant et de la tension sont calculées par:

=
ipv ipv,STC + ∆i (1.26)

=
upv upv,STC + ∆u (1.27)

avec

 G   G 
∆i =α scT   ∆Tc +  − 1 ISC,STC (1.28)
 GSTC   GSTC 

∆u = −βocT ∆Tc − Rs ∆i (1.29)

∆Tc = Tc − TSTC (1.30)

α scT : coefficient de température du courant de court-circuit du panneau [mA / 0 C]

βocT -coefficient de température de la tension à vide du panneau [V / 0 C]

Rs -résistance de connexion du panneau [ohm]

La valeur de la température du panneau Tc peut être exprimée en fonction de la

température ambiante Ta et de la valeur de l’ensoleillement G par la relation suivante :

Tc =
Ta +
G
800
(NOCT − Ta,ref ) (1.31)

100
En ce qui concerne la partie contrôle d’un système PV, dans la plupart des cas, l’objectif

est de trouver la référence de la tension DC du bus continu qui va maximiser la puissance

produire par le panneau à partir des valeurs mesurées de la tension et du courant du panneau.

C’est la fonction MPPT (Maximum Power Point Tracking en Anglais). Parmi les nombreux

algorithmes de MPPT publiés dans la littérature, la méthode de l’Inductance Incrémentale dont la

structure est illustrée ci-dessous est l’une des plus utilisées.

Figure 75 Méthode de l’inductance incrémentale de MPPT

101
2.6 Simulation et étude de cas d’un système PV

2.6.1 Présentation du réseau test

Pour fin de simulation et étude de cas d’un système PV, nous allons considérer le réseau

test basse tension comprenant un parc PV dont le schéma unifilaire est illustré à la Figure 76 ci-

dessous :

Figure 76 Schéma unifilaire du réseau BT comprenant un parc PV

Les données des équipements du réseau sont les suivantes :

Réseau public :

Tension nominale = 20 kV

Tension d’opération = 20 kV

102
Puissance de court-circuit triphasé = 10 MVA

Rapport de court-circuit X1/R1 = 30

Puissance de court-circuit monophasé = 8 MVA

Rapport de court-circuit (2X1+X0)/(2R1+R0) = 35

Transformateur MT/BT

Type : À prise fixe

Puissance nominale triphasée = 0.63 MVA

Tension nominale au primaire = 20 kV

Tension nominale au secondaire = 0.4 kV

Impédance de séquence positive (Z1) = 6%

Rapport X1/R1 = 30

Impédance de séquence homopolaire (Z0) = 6%

Rapport X0/R0 = 30

Ligne BT 1 et Ligne BT2

R1 = 0.206 Ohm/km, X1 = 0.0998 Ohm/km, B1 = 0 uS/km

R0 = 0.306 Ohm/km, X0 = 0.21 Ohm/km, B0 = 0 uS/km

Longueur = 800 m

Charge 1

Tension nominale = 0.380 kV

Puissance active triphasée = 83 kW

Puissance réactive triphasée = 40 kVAR

Charge 2

Tension nominale = 0.380 kV

103
Puissance active triphasée = 83 kW

Puissance réactive triphasée = 40 kVAR

Parc PV

Le parc photovoltaïque est composé de 2 unités onduleurs de 100 kW chacun

convertissant la puissance DC disponible au niveau des panneaux solaires en puissance

alternatives triphasée sous 380 V, 60 Hz. Ces 2 onduleurs sont raccordés individuellement à un

tableau général BT (TGBT) triphasé 380 V. Chaque onduleur transforme l'énergie solaire

récoltée dans 33 strings composés chacun de 13 panneaux solaires, soit donc un total de 429

panneaux solaires de marque Sharp et de type NU-235E1H.

Les caractéristiques du panneau de cette marque sont indiquées dans le tableau qui suit :

Tableau 3 Spécifications du panneau solaire de marque Sharp et de type NU-235E1H

104
Pour fins de simplification, le modèle dynamique de l’onduleur ne sera pas inclus dans le

modèle du générateur photovoltaïque. En effet, on assume que le convertisseur de puissance et

sa commande sont idéaux, c'est-à-dire que les puissances électriques à l’entrée et à la sortie du

convertisseur sont égales. De même, le contrôle MPPT sera ignoré.

On assumera la courbe suivante de la variation de l’ensoleillement en fonction du temps.

Figure 77 Courbe de l’ensoleillement en fonction du temps

Temps (s) Ensoleillement (W/m*m)


0 0
1 0
5 10
6 50
7 200
8 520
9 650
10 870
12 1000
13 920
14 860
15 700
16 500
17 280
18 10
19 0
24 0
Tableau 4 Ensoleillement en fonction du temps

105
2.6.2 Simulation du parc PV en stabilité transitoire

En stabilité transitoire, le parc PV est modélisé comme un générateur ou une charge

négative absorbant une puissance (dActivePower +j dReactivePower) qui est calculée à partir de

l’ensoleillement à chaque pas de calcul (voir Tableau 5 ci-dessus).

La routine suivante est le code en C++ qui montre comment (dActivePower +j

dReactivePower) est calculée à partir de l’ensoleillement dInsolationIntensity_Wm2.

Dans l’algorithme de stabilité transitoire, le parc PV est donc une charge négative

variable dans le temps en fonction de la valeur de l’ensoleillement.

Les chiffres en vert ci-dessous représentent les paramètres du parc PV définis ci-dessus.

CYCOMPLEX computePowerFromInsolation( const double & dInsolationIntensity_Wm2)


{
double dVmpp = getMPPVoltage(); 30.3
double dImpp = getMPPCurrent(); 7.76
double dVoc = getOCVoltage(); 37.9
double dIsc_STC = getSCCurrentSTC(); 8.49

double dSCCurrentTempCoef = getSCCurrentTempCoef() / 100.; 0.0053


double dOCVoltageTempCoeff = getOCVoltageTempCoef() / 100.; -0.13

double dSTCInsolation = getSTCInsolation(); 1000


double dSTCTemperature = getSTCTemperature(); 25
double dRefAmbientTemperature = getRefAmbientTemperature(); 25
double dAmbientTemperature = setTable->getAmbientTemperature(); 25
double dOperatingTemperature = setTable->getOperatingTemperature(); 47.5

int nNbPVCellsSeries = getNumberOfPVCellsSeries(); 13


int nNbPVCellsParallel = getNumberOfPVCellsParallel(); 66

double dRatedDCVoltage = dVmpp* nNbPVCellsSeries = 30.3*13 = 393.9

double dK1 = 0.01175;

double dK3 = log( ( dIsc_STC * (1. + dK1) - dImpp ) / (dK1 * dIsc_STC) );

double dK4 = log( (1. + dK1) / dK1 );

106
double dM = log( dK3 / dK4 ) / log ( dVmpp / dVoc );

double dK2 = dK4 / pow( dVoc, dM );

double dTc = dAmbientTemperature + dInsolationIntensity_Wm2 / 800. *


(dOperatingTemperature - dRefAmbientTemperature);

double dDeltaTc = dTc - dSTCTemperature;

double dDeltaI = dSCCurrentTempCoef * dIsc_STC * (dInsolationIntensity_Wm2 /


dSTCInsolation ) * dDeltaTc +(dInsolationIntensity_Wm2 / dSTCInsolation - 1.) * dIsc_STC;

double dDeltaU = -1. * dOCVoltageTempCoeff * dVoc * dDeltaTc;

double dVpv_STC0 = dRatedDCVoltage / nNbPVCellsSeries;

double dVdc = ( dVpv_STC0 + dDeltaU ) * nNbPVCellsSeries;

double dIpv_STC0 = dIsc_STC * (1. - dK1 * exp (dK2 * pow(dVpv_STC0, dM) - 1) );

double dIdm = ( dIpv_STC0 + dDeltaI ) * nNbPVCellsParallel;

if( dIdm < 0. )


dIdm = 0.;

double dActivePower = dIdm * dVdc / 1000.;


double dReactivePower = 0;

if(getPowerFactorPercent() == 0 )
{
dReactivePower = dActivePower;
dActivePower = 0;

dReactivePower *= -1.;
}
else
{
double dPowerFactor = getPowerFactorPercent() / 100.;
dReactivePower = sqrt( (dActivePower/dPowerFactor) *
(dActivePower/dPowerFactor) - dActivePower * dActivePower);

107
dActivePower *= -1.;
if(dPowerFactor > 0.)
dReactivePower *= -1.;
}

return CYCOMPLEX(dActivePower, dReactivePower);


}

2.6.3 Résultats de la simulation

2.6.3.1 Variables du réseau public

108
109
2.6.3.2 Profils des tensions du réseau

110
2.6.3.3 Variables du parc PV

111
112
113
3 CAPACITÉ D’ACCUEIL

3.1 Définition

La capacité d’accueil d’une ligne ou d’une portion de réseau est la puissance que cette

ligne peut accepter sans que cette puissance ne nuise au fonctionnement du réseau ou à la qualité

de l’onde. La capacité d’accueil dépend de nombreux de paramètres. Ces paramètres vont être

séparé en deux catégories : les paramètres liés au réseau et ceux dépendant de l’interface utilisée

par la Production Décentralisé (PD).

Paramètres liés au réseau :

• Le niveau de tension sur la ligne ou la portion de réseau

• La limite thermique des fils

• Le fonctionnement des systèmes de protection

• La stabilité du réseau (stabilité angulaire, fréquentielle, et de tension)

• Et dans une moindre mesure, les pertes

Paramètres dépendant de l’interface :

• Les injections de perturbations

• Le comportement en cas de défaut ou perturbation venant du réseau

• Le type de contrôle de la tension (lorsque l’interface le permet)

• Les équipements de protection

Avec chacun de ces paramètres une capacité d’accueil peut être déterminée. La capacité

d’accueil réelle est donc la valeur la plus faible de l’ensemble de ces capacités.

114
Il n’est pas possible de définir une capacité d’accueil universelle. Mais, comme une règle

de pouce, le niveau minimum de pénétration de la PD qu’on peut s’attendre se trouve autour de

20% pour un réseau bien géré selon l’expérience acquise jusqu’au présent. Quelques problèmes

reliés à l’intégration de la PD aux réseaux de distribution reportés dans la littérature sont

présentés dans le Tableau suivant.

Tableau 6 Problèmes reportés dans la littérature relatifs à l’intégration de PV

Le niveau maximum Problèmes rencontrés Commentaires


de la pénétration PV
15% Flux de puissance dans le sens (Étude expérimentale) L’impact
inverse pendant la période des des transitoires de nuage à
transitoires de nuage; impact sur la l’Oklahoma, La région a un niveau
régulation de tension de pénétration de systèmes
photovoltaïques (PV) élevé
>37 % Distorsion de tension trouvée Études expérimentales et
autour de 0.2% (aucun problème théoriques
sérieux à 37%)
NPD Distorsion de tension et L’impact des PV sur les
harmoniques harmoniques; Le projet de PV à
Gardner, MA
1.3 – 36% Le flux de puissance non-planifié et Niveau de pénétration de PV varié;
inacceptable à travers les lignes La source principale de l’énergie
d’interconnexion est de charbon dans le réseau.
%10 Contrôle de fréquence Seuil de rentabilité considéré
- Pique de tension La pénétration est égale au creux
de charge, Aucun LTC au poste.
<40% Chutes de tension inacceptable -
durant les défauts fugitifs
%5-%20 Montée de tension, impact sur les -
relais de protection
%33 ou >50% Montée de tension -
%5 Transitoires de nuages menant aux Capacités de tenir les transitoires,
transitoires électriques dans le le taux de rampe des générateurs
système conventionnels etc.
NPD Aucun problème transitoire Le système étudié a un très bas
niveau de PD à Hesperia, CA
(Southern California Edison)
(Élevé) Impact sur l’opération de changeur Simulations pour voir l’impact des
de prises transitoires de nuages sur les
régulateurs de tension

115
Les autres paramètres ne sont pas abordés dans ce chapitre : on peut citer par exemple les

équipements de protection (voir Chapitre 1). L’ajout d’une PD peut entrainer une reconfiguration

de ces équipements et obliger à revoir leur coordination. L’évolution des pertes au niveau local

peut être estimée sans trop de difficulté, mais il est très difficile d’en avoir une idée au niveau

global. La stabilité est développée dans le Chapitre 2.

3.2 Limite thermique des fils

L’implantation d’une PD ne doit pas entrainer une surcharge sur le réseau. Le courant

maximum admissible des fils apporte donc une limite à la puissance que l’on peut installer.

On va supposer que la PD ne produit que de la puissance active. Les calculs vont se faire

sur les puissances. À partir du courant maximum admissible, on calcule le module de la

puissance apparente maximale qui peut circuler sur les fils :

Slimit = Ilim
  Vnom (1.32)

En l’absence de PD, le courant maximal circule lorsque la charge est la plus forte. En

présence d’une petite PD et lorsque la production est inférieure à la consommation aval, la PD

réduit le courant circulant en amont (le courant aval étant inchangé). Mais lorsque la production

est plus forte que la consommation aval, le courant en surplus est aussi injecté en amont. Dans ce

cas, le courant injecté en amont ne doit pas dépasser le courant maximal admissible des fils

situés en amont de la PD.

En terme de puissance, on a donc la puissance apparente la plus élevée qui est atteinte

lorsque la production est maximale et que la consommation aval est la plus faible.

Pour bien comprendre la situation, nous allons commencer avec un exemple où il n’y a

que des transferts de puissance active :

Pgen,max − Pcons,min < Plimit (1.33)

116
La même équation transposée avec les puissances apparentes :

( Pgen,max − Pcons,min )
2
Smax = + Qcons
2
  ,min < Slimit (1.34)

On obtient donc la puissance maximale que l’on peut installer sans détériorer les fils de la

ligne :

Pgen,max < Pcons,min + Slimit


2
− Qcons
2
  ,min (1.35)

Exemple

Calculer la capacité d’accueil sur la section CD.

Section de ligne AB BC CD
section des fils 185 mm² 95 mm² 35 mm²
courant max admissible 388 A 268 A 151 A
puissance max admissible 10 MVA 7 MVA 3.9 MVA

B C D
puissance active max 2 MW 3.5 MW 2.5 MW
puissance réactive max 1.3 Mvar 2 Mvar 1.3 Mvar
puissance active min 500 kW 900 kW 700 kW
puissance réactive min 300 kvar 500 kvar 500 kvar

2 2
𝑃𝑔𝑒𝑛,𝑚𝑎𝑥 < 𝑃𝑐𝑜𝑛𝑠,𝑚𝑖𝑛 + �𝑆𝑙𝑖𝑚𝑖𝑡 − 𝑄𝑐𝑜𝑛𝑠,𝑚𝑖𝑛

𝑃𝑔𝑒𝑛,𝑚𝑎𝑥 < 700 + �3900² − 500²

𝑃𝑔𝑒𝑛,𝑚𝑎𝑥 < 4500 𝑘𝑊

Sur la section BC :

𝑃𝑔𝑒𝑛,𝑚𝑎𝑥 < (700 + 900) + �7000² − (500 + 500)²

117
𝑃𝑔𝑒𝑛,𝑚𝑎𝑥 < 8528 𝑘𝑊

3.3 Plage de tension

Le niveau de tension le long des lignes est souvent un des paramètres les plus limitants.

En l’absence de PD, les sous-tensions sont le problème le plus critique. Elles limitent

l’éloignement maximal des clients, et ce même avec une surtension en début de ligne. En

présence de PD, la surtension devient aussi un point critique.

Tout d’abord, il faut connaître les profils de tension le long d’une ligne. On va prendre

une ligne radiale de résistance totale R et réactance totale X, avec une charge S = P + jQ

uniformément distribuée. La résistance et la réactance par unité de longueur est la même sur

toute la ligne. λ est le ratio de la distance où l’on se situe x sur la longueur totale de la ligne (l).

En début de ligne λ = 0, et 1 en bout de ligne :

x
λ= (1.36)
l

De plus, comme la plupart des postes HT/MT ont des transformateurs à prise variable, on

considère la tension au début de la ligne comme quasi constante pour ne pas avoir à tenir compte

de l’impédance de source. On ne considère alors plus que l’impédance de la ligne. La chute de

tension sur la ligne en fonction de λ est alors de :

∆U Rtot  P + X tot  Q  1 2
= =  λ − λ      voir Figure 80
2 
u (1.37)
Unom 2
Unom 

118
Figure 78 Coordination de tension le long d’une ligne. L’axe horizontal donne la distance

par rapport à la borne aval du transformateur du poste HT/MT. L’axe vertical donne la tension du

côté BT du transformateur de distribution situé à ce point de la ligne.

La Figure 78 montre différents éléments impactant le niveau de tension. La tension est

donné en pu. A gauche, on a l’intervalle de tension que fournit le transformateur HT/MT du

poste. Cet intervalle est appelé plage ou zone neutre (deadband en anglais) et est maintenu grâce

à des transformateurs à prise variable ou par contrôle sur le réseau. La plage neutre est prise au-

dessus de la tension moyenne pour pouvoir accepter la chute de tension de long de la ligne.

A cause de la chute de tension le long de la ligne, les transformateur MT/BT peuvent

avoir un rapport de transformation différent selon leur emplacement sur la ligne MT. On peut

avoir par exemple en début de ligne un ratio 10.5kV/400V et en bout de ligne 9.5kV/400V. Cette

augmentation relative se traduit par une flèche ascendante sur le graphique. Elle peut atteindre

les 5%. (Deadband = plage neutre, zone morte, plage d’insensibilité)

119
Figure 79 Principe de base du contrôle de tension sur le réseau de distribution

La présence d’une PD va augmenter la tension sur la ligne où elle est installée.

L’augmentation de la tension liée à la présence d’une PD situé sur la ligne à 𝜆𝑔𝑒𝑛 est de :

 Rtot  Pgen + X tot  Qgen


 λ  2
           λ ≤ λgen
 Unom
∆ugen =
 (1.38)
 λ  Rtot  Pgen + X tot  Qgen       λ > λ
 gen 2 gen
 Unom

Il est à noter que l’augmentation relative de la tension est la même pour tous les clients en

aval du point commun de raccordement.

Figure 80 Profil de tension pour différent cas : charge minimale en l’absence de génération

(pointillé), charge minimale avec génération (trait plein supérieur), et pic de charge sans génération

(trait plein inférieur) pour une ligne moyenne tension.

120
En enlevant l’approximation de tension constante en aval du poste, on doit prendre en

compte l’impédance de source R+jX au point commun de raccordement. Pour une PD ne

produisant que de la puissance active (PF = 1) et une ligne quelconque (pas de profil de charge

simple), l’augmentation relative de la tension au point commun de raccordement et en aval, est

donnée approximativement par la formule suivante:

∆𝑈 𝑅 ∗ 𝑃𝑔é𝑛
𝛿= =
𝑈 𝑈2

Où ΔU est l’augmentation absolue en Volt, U la tension nominale et R la résistance de

source au point commun de raccordement.

On a le même type de formule pour une machine asynchrone qui a un facteur de

puissance en retard. Pour ce type de machine, la puissance réactive consommée est

proportionnelle au carré du courant et donc à la puissance active. On définit alors le facteur α

comme :

𝑄=𝛼𝑃 et donc 𝑄𝑚𝑎𝑥 = 𝛼 𝑃𝑚𝑎𝑥

Où P est la puissance active produite, et Q la puissance réactive consommée.

L’augmentation maximale de la tension est alors de :

1
∆𝑈𝑔𝑒𝑛,𝑚𝑎𝑥 = (𝑅𝑃𝑚𝑎𝑥 − 𝑋𝑄𝑚𝑎𝑥 )
𝑈

𝑅 𝑋
∆𝑈𝑔𝑒𝑛,𝑚𝑎𝑥 = �1 − 𝛼 � 𝑃𝑚𝑎𝑥
𝑈 𝑅

Avec cette formule on voit que pour un générateur avec un facteur de puissance en retard

(α>0), l’augmentation de la tension est réduite alors qu’elle est accrue pour un facteur de

puissance en avance (α<0). Avec un convertisseur électronique, on peut modifier α pour annuler

121
le terme entre parenthèses. Ainsi il n’y aurait aucune variation de la tension, ce qui permet

d’augmenter la capacité d’accueil (voir 3.4).

On définit alors la marge de surtension qui est la différence entre la limite supérieure de

tension et la plus forte tension qu’un client donné peut avoir.

La capacité d’accueil est donc la puissance qui permet d’avoir une augmentation de la

tension égale à la marge de surtension. Chaque client a une marge différente. Comme

l’augmentation relative est la même pour tous les clients en aval, le facteur limitant provient du

client en aval qui a la plus petite marge de surtension.

Figure 81 Coordination de tension le long d’une ligne

Figure 82 Estimation de la marge de surtension

122
Soit 𝑢𝑑𝑏,𝑚𝑖𝑛 et 𝑢𝑑𝑏,𝑚𝑎𝑥 les tensions extrêmes de la plage neutre ;

∆𝑢𝑚𝑖𝑛 et ∆𝑢𝑚𝑎𝑥 les chutes de tension extrêmes liées au courant de charge (ne prend pas

en compte les changements liés à la production) ;

𝑢𝑚𝑖𝑛 et 𝑢𝑚𝑎𝑥 les tensions extrêmes atteintes chez les clients ;

𝑢𝑚𝑖𝑛,𝑙𝑖𝑚𝑖𝑡 et 𝑢𝑚𝑎𝑥,𝑙𝑖𝑚𝑖𝑡 les limites de sous-tension et de surtension ;

∆𝑢𝑏𝑜𝑜𝑠𝑡 l’augmentation relative due au ratio de transformation différent ;

∆𝑢𝑔𝑒𝑛 l’augmentation de la tension due à la présence de PD.

Tous ces paramètres sont des pourcentages de la tension nominale (pu).

𝑢𝑚𝑖𝑛 = 𝑢𝑑𝑏,𝑚𝑖𝑛 − ∆𝑢𝑚𝑎𝑥 + ∆𝑢𝑏𝑜𝑜𝑠𝑡 > 𝑢𝑚𝑖𝑛,𝑙𝑖𝑚𝑖𝑡

𝑢𝑚𝑎𝑥 = 𝑢𝑑𝑏,𝑚𝑎𝑥 − ∆𝑢𝑚𝑖𝑛 + ∆𝑢𝑏𝑜𝑜𝑠𝑡 + ∆𝑢𝑔𝑒𝑛 < 𝑢𝑚𝑎𝑥,𝑙𝑖𝑚𝑖𝑡

La marge de surtension est donc :

𝛿𝑚𝑎𝑥 = 𝑢𝑚𝑎𝑥,𝑙𝑖𝑚𝑖𝑡 − 𝑢𝑚𝑎𝑥

Dans ce cas, on suppose que ∆ugen ≥0. On suppose aussi que ∆ugen peut être à son

maximum lorsque la charge est à son minimum. Ce qui n’est pas forcément le cas. La capacité

d’accueil peut alors être plus élevée.

Exemple

Calculer la marge de surtension.

Plage neutre : 102 à 104%

Chute de tension : en faible charge 3%, en forte charge 10%

Un boost de transformateur : 5%

La limite supérieure de tension : 110%

123
𝛿𝑚𝑎𝑥 = 𝑢𝑚𝑎𝑥,𝑙𝑖𝑚𝑖𝑡 − 𝑢𝑚𝑎𝑥

𝛿𝑚𝑎𝑥 = 𝑢𝑚𝑎𝑥,𝑙𝑖𝑚𝑖𝑡 − �𝑢𝑑𝑏,𝑚𝑎𝑥 − ∆𝑢𝑚𝑖𝑛 + ∆𝑢𝑏𝑜𝑜𝑠𝑡 �

𝛿𝑚𝑎𝑥 = 110 − (104 − 3 + 5) = 4%

Comme cela vient d’être défini, la capacité d’accueil est la puissance qui permet d’avoir

une augmentation de la tension égale à la marge de surtension 𝛿𝑚𝑎𝑥 :

1 𝑈2 ∆𝑈𝑚𝑎𝑥
𝑃𝑚𝑎𝑥 = 𝛿𝑚𝑎𝑥 avec 𝛿𝑚𝑎𝑥 =
𝑋
1−𝛼𝑅 𝑅 𝑈

On constate que la capacité d’accueil est proportionnelle au carré de la tension. Cette

capacité est donc faible pour les basses tensions.

En reprenant l’approximation, d’un transformateur HT/MT à prise variable, et donc une

résistance de source égale à la résistance des fils entre le transformateur et la PD :

𝑥𝑔𝑒𝑛
𝑅=𝜌 = 𝜆𝑔𝑒𝑛 𝑅𝑡𝑜𝑡
𝐴

Pour un PF=1, on obtient :

𝑈 2 ∗ 𝛿𝑚𝑎𝑥 ∗ 𝐴
𝑃𝑚𝑎𝑥 =
𝑙∗𝜌

La modification d’un paramètre peut avoir des répercussions sur les autres (augmenter la

section des fils A entraine une modification de la marge). De plus, pour des lignes courtes la

capacité peut être très élevée, la limite n’est alors plus la surtension mais les capacités

thermiques des lignes.

Partage de la capacité d’accueil :

Lorsqu’il y a plusieurs PD à différents endroits sur une même ligne, la situation devient

complexe. A partir des équations précédentes, on remarque que la capacité d’accueil est

124
inversement proportionnelle à la distance où se situe la DG. On rappelle que λ est le ratio de la

distance où se situe la PD (xgen ) sur la longueur totale de la ligne (l). En début de ligne λ = 0, et 1

en bout de ligne :

� 𝜆𝑔𝑒𝑛,𝑖 𝑃𝑖 ≤ 𝑃𝐻𝐶
𝑖

Où PHC est la capacité d’accueil au bout de la ligne (λ=1)

Pour N générateur, on a :

1 𝑃𝐻𝐶
𝑃𝑖 ≤
𝜆𝑖 𝑁

Cette formule est valable si tous les générateurs produisent leur puissance maximale en

même temps. Si ce n’est pas le cas, une plus grande production peut être installée.

3.4 Augmenter la capacité d’accueil

Une fois les paramètres donnant la capacité d’accueil la plus faible identifiés, on peut

établir et prendre des mesures pour les rendre moins limitant. Une grande difficulté à ce niveau-

là, est qu’une mesure ciblant un paramètre peut influencer les autres, et pas nécessairement de

manière positive. Dans une première partie, des solutions améliorant plusieurs paramètres seront

présentées. Ensuite des solutions agissant principalement sur un paramètre seront développées.

3.4.1 Solutions améliorant plusieurs paramètres

3.4.1.1 Renforcer les lignes

Renforcer des lignes signifie réduire la résistance de celles-ci. Cela peut se faire en

changeant le matériau utilisé, en augmentant la section des fils, en ajoutant des lignes et

transformateurs. Cette solution permet d’augmenter la capacité d’accueil pour plusieurs

paramètres.

125
Du point de vue de la limite thermique des fils, renforcer ceux-ci signifie

augmenter 𝑆𝑙𝑖𝑚𝑖𝑡 . On rappelle l’équation donnant la capacité d’accueil ci-dessus :

2
𝑃𝑔𝑒𝑛,𝑚𝑎𝑥 < 𝑃𝑐𝑜𝑛𝑠,𝑚𝑖𝑛 + �𝑺𝟐𝒍𝒊𝒎𝒊𝒕 − 𝑄𝑐𝑜𝑛𝑠,𝑚𝑖𝑛

Une augmentation de Slimit entraine donc une amélioration de la capacité d’accueil.

Renforcer les fils se traduit aussi par une diminution de la résistance de source vue par les

lignes. En considérant un rapport X/R comme constant, la diminution de R entraine aussi un

accroissement de la capacité d’accueil du point de vue des niveaux de tension.

1 𝑈2
𝑃𝑚𝑎𝑥 = 𝛿
𝑋 𝑹 𝑚𝑎𝑥
1−𝛼𝑅

Un autre impact non-négligeable est le fait que des lignes plus grosses permettent d’éviter

le boost des transformateurs (courbes 150 et 180mm² de la Figure 83), ce qui a un fort impact sur

le profil de tension, et donc sur la capacité d’accueil.

Figure 83: Capacité d’accueil pour une PD unique connecté à la ligne, en fonction de la

section des fils : 95mm² (trait plein), 120mm² (tirets), 150mm² (pointillés), 180mm² (trait mixte).

126
Cette mesure a aussi un impact favorable au niveau de la qualité de l’onde. Le niveau de

perturbation de tension est souvent proportionnel à l’impédance de source au point de connexion

de la source de cette perturbation. C’est le cas, par exemple, des variations rapides de tension,

des débalancements et papillotements. Pour toutes ces perturbations, c’est l’impédance à la

fréquence du réseau qui est prise en compte. Augmenter le niveau de défaut va réduire le niveau

de perturbation de tension. De même pour les harmoniques, l’impédance de source influence la

distorsion de la tension de la même manière, mais la dépendance en fréquence de l’impédance de

source rend les calculs plus complexes. Augmenter le niveau de défaut peut augmenter ou

diminuer la distorsion harmonique en fonction de la fréquence. Pour les harmoniques d’ordre

faible, renforcer la source va dans presque tous les cas réduire la distorsion de la tension. Pour

les harmoniques d’ordre élevé, on ne peut pas prévoir leur évolution.

Cette solution a de nombreux avantages, mais il ne faut pas oublier les aspects

économiques. Remplacer des fils, ou ajouter des lignes demande un financement très important.

Cette méthode est alors souvent remplacée par des solutions qui peuvent être moins efficace mais

qui sont bien moins coûteuses.

3.4.1.2 Construire une ligne dédiée à une PD

La ligne dédiée à une PD est aussi une solution qui améliore plusieurs paramètres. Une

surtension ne peut qu’être provoquée par la PD et est limitée à ligne en question. Il n’y a donc

pas de risque pour les clients alentours. Comme la ligne est dédiée à la PD, elle est dimensionnée

pour pouvoir transporter toute la puissance de la PD. Le risque de surcharge est donc inexistant.

Il y a aussi des avantages au niveau de la protection. On ne peut pas avoir d’échec de

déclenchement lorsqu’il y a un défaut en aval. Le risque de déclenchement pour une erreur sur

127
une autre ligne reste présent, mais celui-ci n’impacte que la PD et pas les clients. De plus,

comme il n’y a pas de charge sur la ligne, il n’y a pas de risque d’îlotage.

Le coût élevé et les démarches administratives importantes ne sont pas envisageables

pour de nombreuses petites installations. Comme ces petites installations (micro-cogénération ou

PV) ne fournissent pas un fort courant de défaut, une ligne dédiée n’est pas nécessaire.

3.4.1.3 Amélioration des algorithmes de contrôle et la communication

La communication entre les centres de gestion du réseau et les PD qui peuvent agir sur la

tension (consommation/production de puissance réactive) permettrait d’augmenter la capacité

d’accueil. Si les centres de gestion pourraient avoir un contrôle sur ces PD, ils pourraient

maintenir la tension à un niveau correct et gérer plus efficacement la tension en conditions

anormales sur le réseau.

Les algorithmes de contrôle des convertisseurs électroniques peuvent aussi être améliorés

pour augmenter le rendement ou améliorer la qualité de l’onde (voir partie III.4.b).

3.4.2 Solutions diminuant les risques de surtensions

Le risque de surtension étant un des paramètres les plus restrictifs, de nombreuses

solutions se concentrent sur celui-ci. Les solutions qui suivent portent aussi si bien sur des

équipements du réseau que sur la PD elle-même.

3.4.2.1 Transformateur à compensation

Le contrôleur du transfo est équipé avec « line drop compensation ». Il en résulte une

forte tension lors de fortes charges et une tension faible pendant une faible charge.

𝑟𝑆 𝑃 + 𝑥𝑆 𝑄
𝑈(0) = 𝑈𝑟𝑒𝑓 +
𝑈𝑛𝑜𝑚

128
Contrairement aux cas précédents, la tension à la sortie de ce transformateur n’est pas

maintenue constante. Mais la tension est maintenue à un point virtuel qui se situe à 𝑟𝑆 + 𝑗𝑥𝑆 du

transformateur.

Line drop compensation = compensation de chute sur ligne

Transformateur avec une seule ligne

On considère un transformateur alimentant une seule ligne avec une charge

uniformément répartie P et Q. A partir de la formule de la partie précédente, on a :

1 𝑅𝑃 + 𝑋𝑄
𝑈(𝜆) = 𝑈(0) − (2𝜆 − 𝜆2 )
2 𝑈𝑛𝑜𝑚

En prenant une compensation rS =R/4 et xS =X/4, on a :

1 𝑅𝑃 + 𝑋𝑄 2 1
𝑈(𝜆) = 𝑈𝑟𝑒𝑓 + �𝜆 − 2𝜆 + �
2 𝑈𝑛𝑜𝑚 2

En faisant varier la valeur de (R P+X Q)/ Unom et en prenant le quotient P/Q constant et

une tension ciblée de 101%, on obtient la Figure 84.

Figure 84 Profil de tension le long d’une ligne avec compensation de chute de ligne, pour

différentes charges. Le trait plein correspond au pic de la charge.

129
Ajout d’un générateur sur la ligne

Avec le transformateur de compensation, comme la tension est relevée sur la ligne, la

tension aux bornes aval du transformateur est réduite.

𝑅𝑃 + 𝑋𝑄 𝑅𝑃𝑔𝑒𝑛
𝑈(0) = 𝑈𝑟𝑒𝑓 + 0.25 − 0.25
𝑈𝑛𝑜𝑚 𝑈𝑛𝑜𝑚

On considère ici un générateur ne fournissant que de la puissance active. Pour la tension

le long de la ligne, on reprend l’expression de la partie II.3 (en prenant 𝑄𝑔𝑒𝑛 = 0) et on ajoute la

variation due à la PD :

(𝜆 − 0.25)𝑅𝑃𝑔𝑒𝑛
∆𝑈𝑔𝑒𝑛 (𝜆) = 𝑝𝑜𝑢𝑟 𝜆 < 𝜆𝑔𝑒𝑛
𝑈𝑛𝑜𝑚

�𝜆𝑔𝑒𝑛 − 0.25�𝑅𝑃𝑔𝑒𝑛
∆𝑈𝑔𝑒𝑛 (𝜆) = 𝑝𝑜𝑢𝑟 𝜆 > 𝜆𝑔𝑒𝑛
𝑈𝑛𝑜𝑚

Fig 5.22 : Variation de la tension liée à une PD (injection de 𝑃𝑔𝑒𝑛 à 𝜆𝑔𝑒𝑛 ) le long d’une

ligne avec la compensation de chute sur ligne.

La PD a donc pour effet d’aplanir le profil de tension de toute la ligne.

130
Une augmentation plus forte de la tension en forte charge, et plus faible en faible charge,

permet d’augmenter la marge de surtension et donc la capacité d’accueil.

Dans le cas d‘une forte production en fin de ligne, l’augmentation de la tension est telle

qu’il y a un risque de surtension (mais plus faible que sans compensation). Il y a aussi un risque

de sous-tension au début de ligne, quel que soit l’emplacement de la PD.

Calcul de la capacité d’accueil

La pire surtension est obtenue pour un générateur en fin de ligne :

𝑅𝑃𝑔𝑒𝑛 𝑅𝑃 + 𝑋𝑄
𝑈(1) = 𝑈𝑟𝑒𝑓 − 0.5 ∆𝑈 + 0.75 𝑎𝑣𝑒𝑐 ∆𝑈 = 0.5
𝑈𝑛𝑜𝑚 𝑈𝑛𝑜𝑚

La tension maximale en bout de ligne est alors :

𝑅𝑃𝑔𝑒𝑛,𝑚𝑎𝑥
𝑈𝑚𝑎𝑥 = 𝑈𝑑𝑏,𝑚𝑎𝑥 − 0.5 ∆𝑈𝑚𝑖𝑛 + 0.75
𝑈𝑛𝑜𝑚

On obtient la puissance maximale pour éviter la surtension:

𝑈𝑛𝑜𝑚 4 2
𝑃𝑔𝑒𝑛,𝑚𝑎𝑥 < � �𝑈𝑚𝑎𝑥,𝑙𝑖𝑚𝑖𝑡 − 𝑈𝑑𝑏,𝑚𝑎𝑥 � + ∆𝑈𝑚𝑖𝑛 �
𝑅 3 3

On applique le même raisonnement avec la sous-tension en début de ligne :

𝑅𝑃𝑔𝑒𝑛
𝑈(0) = 𝑈𝑠𝑒𝑡 + 0.5 ∆𝑈 − 0.25
𝑈𝑛𝑜𝑚

La tension minimale est:

𝑅𝑃𝑔𝑒𝑛,𝑚𝑎𝑥
𝑈𝑚𝑖𝑛 = 𝑈𝑑𝑏,𝑚𝑖𝑛 + 0.5 ∆𝑈𝑚𝑖𝑛 − 0.25
𝑈𝑛𝑜𝑚

On obtient la puissance maximale pour éviter la sous-tension:

𝑈𝑛𝑜𝑚 1
𝑃𝑔𝑒𝑛,𝑚𝑎𝑥 < 4 � 𝑈𝑑𝑏,𝑚𝑖𝑛 − 𝑈𝑚𝑖𝑛,𝑙𝑖𝑚𝑖𝑡 + ∆𝑈𝑚𝑖𝑛 �
𝑅 2

131
Pour une plage neutre située au centre de l’intervalle de tension admis, la puissance limite

de sous-tension est 3 fois plus grande que celle de surtension. Mais la limite de surtension n’est

valable que pour une DG en fin de ligne. Pour une forte production en début de ligne, la

restriction de sous-tension est la plus contraignante. De même que dans les parties précédentes la

présence de transformateur sur la ligne, oblige à ajouter ∆Uboost dans la formule de la surtension.

3.4.2.2 Compensation série et shunt

L’inconvénient des transformateurs de boost est qu’ils augmentent la tension du même

ratio en faible et forte charge. Par conséquent si la tension a besoin d’être relevée en cas de forte

charge, les risques de surtension en faible charge sont accrus. Un autre inconvénient est que dans

le cas d’un fonctionnement en réserve (PD injectant de la puissance vers le poste), les charges de

début de ligne se retrouvent alors de fin de ligne, et la tension de ces charges devient faible. La

solution est d’avoir un boost qui dépend de la charge.

Les condensateurs en série permettent de compenser la chute de tension liée à la partie

inductive des charges situées en aval.

∆𝑢 = 𝑅𝑃 − (𝑋 − 𝑋𝑐)𝑄 avec Xc valeur absolue de la réactance

Le choix de l’emplacement d’un tel condensateur est essentiel. En début de ligne, il

entrainerait une forte tension sur sa borne aval. En fin de ligne comme la charge aval est faible,

son effet est réduit. Une compensation distribuée tout le long de la ligne permet de lisser le profil

de tension, et donc d’augmenter la capacité d’accueil. L’investissement est rentable lorsque la

partie réactive de la chute de tension est importante, c’est-à-dire un fort ratio X/R. Le

condensateur permet de réduire le pourcentage d’augmentation du boost.

132
La présence de condensateurs en parallèles permet d’augmenter la tension

indépendamment du niveau de la charge.

𝑄𝑐
∆𝑢𝑐 = (= 𝑿𝑺 𝑸𝒄 )
𝑆𝑘

Où 𝑆𝑘 est la puissance de défaut à l’endroit où est connecté le banc de condensateur.

L’augmentation de la tension décroit linéairement jusqu’au condensateur et ensuite elle est

constante. Avec une compensation parallèle, l’augmentation maximale de la tension est obtenue

avec un condensateur en fin de ligne.

Des dispositions doivent être prises pour éviter les phénomènes de résonance (filtre,

detuning reactor), et les surtensions transitoires lors de l’enclenchement des condensateurs.

Comme l’augmentation de la tension est indépendante de la charge, on peut réaliser une

hystérésis, le condensateur est connecté si la tension passe sous un seuil (95%) et déconnecté si

elle dépasse un autre seuil (105%). On peut aussi utiliser un condensateur avec une bobine shunt

à inductance variable (électronique de puissance).

3.4.2.3 Réduction de surtension

En cas de surtension prolongée (durée définie par l’exploitant du réseau), la PD est

déconnectée du réseau. Avec un déclenchement, on a une perte d’énergie proportionnelle à l’aire

entre les 2 courbes :

133
Figure 85 Impact du déclenchement d’une PD sur les variations de la tension : tension sans

(trait plein) et avec déclenchement (tirets). La ligne en pointillée correspond à limite de surtension.

Le but de la méthode de réduction de surtension est d’atteindre la limite supérieure (sans

la dépasser) pour transporter le plus de puissance renouvelable.

Figure 86 Impact de la réduction de surtension sur les variations de la tension : tension sans

(trait plein) et avec réduction de surtension (pointillés).

Comme exemple, voici un algorithme de réduction de surtension qui n’utilise que des

mesures locales. A partir d’une première tension seuil la puissance produite est réduite et après

un second seuil la production est mise à 0 (courbe pleine sur la Figure 87).

134
𝑃𝑚𝑎𝑥 𝑈 < 𝑈𝑟𝑒𝑓
1
𝑃𝑔𝑒𝑛 = � 𝑃𝑚𝑎𝑥 �1 − 𝛽�𝑈 − 𝑈𝑟𝑒𝑓 �� 𝑈𝑟𝑒𝑓 ≤ 𝑈 ≤ 𝑈𝑚𝑎𝑥 𝑎𝑣𝑒𝑐 𝛽 =
𝑈𝑟𝑒𝑓 − 𝑈𝑚𝑎𝑥
0 𝑈 > 𝑈𝑚𝑎𝑥

Figure 87 Principe du contrôle de tension avec la réduction de la production : courbe de

réduction (trait plein), courbe d’augmentation de la tension (courbes en tirets).

Supposons qu’il n’y a pas d’échange d’énergie réactive entre le réseau et le générateur.

La tension augmente alors linéairement par rapport à la puissance générée (droites en tirets sur la

Figure 87):

𝑉
𝑈 = 𝑈0 + 𝑅 𝑃𝑔𝑒𝑛 𝑎𝑣𝑒𝑐 𝑅 𝑒𝑛 𝑜𝑢 𝐴−1
𝑊

U0 est la tension qu’il y aurait sans génération de puissance.

Sur la Figure 86 on voit que la réduction de puissance a permis de laisser la PD connectée

et de perdre moins de puissance. Cette dernière formule reste valide dans le cas où il y a

plusieurs PD. Chaque PD va réduire sa production du même pourcentage. Mais si ces DG sont

connectées en plusieurs endroits, le partage ne peut plus se faire de la même façon, et les

équations deviennent bien plus complexes.

3.4.2.4 Compenser les variations de tension du générateur

La production de puissance active et réactive sur une ligne influence la tension sur

l’ensemble de la ligne. On reprend les formules de la section 3.3.:

135
⎧𝜆 𝑅𝑡𝑜𝑡 𝑃𝑔𝑒𝑛 + 𝑋𝑡𝑜𝑡 𝑄𝑔𝑒𝑛 𝜆 ≤ 𝜆𝑔𝑒𝑛
⎪ 2
𝑈𝑛𝑜𝑚
∆𝑢𝑔𝑒𝑛 =
⎨𝜆 𝑅𝑡𝑜𝑡 𝑃𝑔𝑒𝑛 + 𝑋𝑡𝑜𝑡 𝑄𝑔𝑒𝑛
⎪ 𝑔𝑒𝑛 2
𝜆 > 𝜆𝑔𝑒𝑛
⎩ 𝑈𝑛𝑜𝑚

où Rtot et Xtot sont respectivement la résistance et la réactance de la ligne étudiée (on

suppose la tension constante en aval du poste).

En prenant R Pgen +X Qgen =0, on minimise l’impact de la DG sur la tension de la ligne.

On doit donc avoir :

𝑅
𝑄𝑔𝑒𝑛 = − 𝑃 c'est-à-dire une consommation de puissance réactive
𝑋 𝑔𝑒𝑛

Le problème avec cette méthode est que la PD doit pouvoir consommer de la puissance

réactive et modifier cette consommation (moteur synchrone, convertisseur électronique, machine

asynchrone à double alimentations). De plus, sur de petites lignes, le ratio R/X peut atteindre 5

ou plus. Ce qui signifie que la PD doit pouvoir consommer 5 fois plus de Var qu’elle ne produit

de W (nécessité d’avoir un gros convertisseur).

Pour limiter cette consommation, on peut utiliser la puissance réactive consommée en

aval de la PD. En prenant P et Q la charge en aval de la DG, on a :

∆𝑈 = 𝑅�𝑃𝑔𝑒𝑛 − 𝑃� + 𝑋(𝑄𝑔𝑒𝑛 − 𝑄)

En cherchant ∆U=0, on trouve 𝑄𝑔𝑒𝑛 :

𝑅
𝑄𝑔𝑒𝑛 = 𝑄 − �𝑃 − 𝑃�
𝑋 𝑔𝑒𝑛

Avec cette méthode on pourrait théoriquement avoir une capacité d’accueil infinie (le

risque de surtension étant totalement éliminé). Mais d’autres limites apparaitraient alors, comme

les risques de surcharge et l’augmentation des pertes.

136
Une autre possibilité est de combiner cette approche avec la méthode de la réduction de

la surtension. On reprend la fig5.42 en prenant en compte la puissance active et réactive :

𝑅
𝑃𝑔𝑒𝑛 + 𝑄 𝑎𝑣𝑒𝑐 𝑄𝑔𝑒𝑛 < 0
𝑋 𝑔𝑒𝑛

Au lieu de réduire P on peut augmenter la consommation de Q pour avoir la même baisse

de tension.

3.5 Solutions améliorant la qualité de l’onde

3.5.1 Filtres passifs contre les harmoniques

Pour éliminer les harmoniques, deux types de filtre sont communément utilisés: les filtres

séries et les passe-haut :

Les filtres série (bobine et condensateur) créent une faible impédance pour les

harmoniques de courants à une fréquence précise (harmoniques 5 et 7 ou 11 et 13). Ils sont

utilisés lorsqu’un harmonique devient trop fort. Ceci est souvent provoqué par de la résonance et

non par l’installation de PD.

Les filtres passe-haut créent une faible impédance pour les hautes fréquences. La

fréquence de coupure est assez haute (au-delà du 15ème harmonique) pour éviter les pertes à la

fréquence du réseau. Ce type de filtre est une solution pour la distorsion de haute fréquence. Ils

ont cependant un inconvénient : le condensateur du filtre avec l’inductance de source créent une

résonance parallèle avec une forte impédance à basse fréquence.

Il est alors nécessaire de mettre en place des filtres pour les harmoniques de basses

fréquences, mais ils posent aussi des problèmes pour les émissions large-bande.

137
3.5.2 Convertisseur avec électronique de puissance

Les équipements de compensation avec électronique de puissance ont une bonne capacité

d’amélioration de la qualité de l’onde. Les compensateurs statiques (thyristor) et les

STATCOMS (basé sur la technologie VSC = voltage source converter) fonctionnent bien pour

réduire les variations de tension. Ils peuvent être installés dans une zone faible du réseau (zone

où la qualité de l’onde est déjà détériorée) ou proche d’une source de perturbations.

Les convertisseurs basés sur le VSC peuvent aussi être utilisés pour réduire la distorsion

harmonique du moment que la fréquence de commutation est suffisamment élevée. Il existe de

nombreux algorithmes pour réduire la distorsion de la tension sans avoir besoin de connaître le

courant injecté. Les équipements commerciaux disponibles sont cependant basés sur un contrôle

en boucle ouverte, où le courant injecté compense le courant mesuré. Ces équipements sont

limités aux zones proches des sources de perturbations.

Comme cela a été indiqué dans le premier chapitre, les VSC sont utilisés comme

interfaces entre le réseau et les DG : micro-cogénération, énergie solaire, éolienne à conversion

partielle ou totale. Les algorithmes pour limiter les fluctuations de la tension et les distorsions

peuvent être implémentés dans ces convertisseurs. Une autre application intéressante des

convertisseurs est l’implémentation d’algorithmes d’amortissement à des fréquences précises. Le

convertisseur réagit alors comme une résistance à ces fréquences, pour apporter un

amortissement en cas de résonance. Cette approche est simple car elle ne nécessite pas matériel

supplémentaire (hardware). Les convertisseurs n’empêchent pas l’apparition de résonnance, mais

ils en réduisent les effets.

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