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République Algérienne Démocratique et Populaire

Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique

Université Abderrahmane Mira de Bejaia

Faculté de Technologie

Département d’Hydraulique

POLYCOPIÉ DE COURS

PROCÉDÉS COURANTS DE TRAITEMENT DES EAUX


ET ÉPURATION DES EAUX USÉES
INTRODUCTION

L’eau est la matière la plus répandue sur la Terre. Elle est la condition indispensable à la vie,
à l’évolution économique et civilisationnelle. L’augmentation continue de la population mondiale,
une élévation sans arrêt du standard de vie, conditionné par la croissance de la production, ont
provoqué des contradictions dans le rapport eau/société. Ce rapport est actuellement caractérisé
d’un côté par des exigences élévées de la société sur l’eau, de l’autre par la pollution des ressources
en eau. Dans certaines parties du monde ces contradictions sont si fortes que l’eau est devenue un
maillon limitant du développement de la société.

Actuellement un système artificiel est ancré dans notre vie de tous les jours. Ce système est
composé d’éléments suivants :

 prise d’eau d’un point du cycle hydrologique naturel ;


 traitement de l’eau selon des exigences des utilisateurs ;
 transport de l’eau de la source d’eau jusqu’au consommateur, en passant par la station de
traitement ;
 utilisation de l’eau dans les foyers, dans l’industrie, l’agriculture et les transports ;
 évacuation des eaux usées de leur lieu de création ;
 épuration des eaux usées et leur évacuation dans le récipient.

Si on analyse en détail ce système, on remarquera qu’il est formé de deux parties essentielles :

 alimentation en eau de la population ;


 évacuation des eaux usées.

L’ensemble des édifices et équipement servant à l’approvisionnement en eau de la


population, de l’industrie, partiellement de l’agriculture, et d’autres branches est appelé conduite.
Un ensemble similaire, mais pour l’évacuation des eaux usées et leur épuration à un degré tel que la
valeur économique naturelle des cours d’eau soit préservée est appelé canalisation.

Partie 01 : GÉNÉRALITÉS SUR LES EAUX USÉES


La résolution des problèmes pratiques de protection, de traitement des eaux et d’épuration
des eaux usées exige la détermination très précise de l’espèce et de la quantité des matières
polluantes dans les eaux de différentes origines et à différents stades de leur traitement ou
épuration.
Les exigences élevées du contrôle que demande l’aggravation de la qualité des eaux
potables, superficielles et des eaux usées, la classification unique de la pureté des cours d’eau, les
exigences des organismes d’hygiène, de l’inspection étatique aquicole et des entreprises
industrielles purifiant leurs propres eaux usées, le système de contrôle dans les stations de
traitement et d’épuration exigent l’utilisation de méthodes uniques pour les prises d’échantillons et
la détermination des propriétés physiques, chimiques et biologiques des eaux.
I. Analyse Des Eaux :
I.1. Expression De La Composition Quantitative Des Eaux :

Il existe des normes (ex: normes françaises NF, normes européennes ou normes OMS) pour
l’expression des résultats de l’analyse physique et chimique de toute sorte d’eau. La composition de
l’eau est exprimée en concentration massique (g.l-1, mg.l-1, µg.l-1, ou éventuellement en kg.m-3,
g.m-3, mg.m-3) ou en concentration de quantité de matière (mmol.l-1, µmol.l-1, ou évent. mol.m-3,
mmol.m-3). Le symbole de l’élément, ion, composé chimique doit être indiqué avant la donnée de
concentration correspondante (ex. chlorure (Cl)=10 mg.l-1).

La concentration molaire est exprimée habituellement en moles de molécules entières,


d’atomes et d’ions entiers (ex. le magnésium (Mg)=0,5 mmol.l-1). En cas de besoin, il est possible
de l’exprimer en moles d’équivalents chimiques (ex. le calcium (Ca/2) = 1,00 mmol.l-1).

I.2. Échantillonnage

Une des conditions fondamentales d’obtention de résultats d’analyse précis et justes est que
l’échantillon de l’eau à analyser puisse représenter par sa composition, la composition moyenne de
toute la quantité d’eau suivie, qu’il contienne toutes les composantes dans le même rapport
massique ou volumique qu’elles apparaissent dans la ressource suivie.

I.2.1. Prise D’échantillons Pour Analyse Physique Et Chimique

On distingue les prises d’échantillon unique et répétitives, les prises ponctuelles (uniques,
simples) et les prises d’échantillons mixtes (coulées).
La prise d’échantillons unique : donne une image de l’état instantané. L’échantillon est pris
en une seule fois (dans une seule bouteille et par le même opérateur) et est analysé séparément.

La prise répétitive d’échantillons : sert à la détermination de la variabilité spatiale, temporelle


ou des deux à la fois des échantillons. Les échantillons sont pris toujours en relation avec un autre
groupe d’échantillons. On constitue ainsi une série d’échantillons dont les résultats sont traités
statistiquement.

On distingue également :

La prise d’échantillons zonale : les échantillons sont pris à différentes profondeurs sur un axe
verticale d’une colonne d’eau d’un point déterminé à la surface à un point choisi en profondeur sur
la verticale ;

La prise d’échantillons temporelle : les échantillons sont pris de manière répétitive à des
intervalles de temps déterminés.

Selon le type, on distingue les échantillons ponctuels et mixtes :

L’échantillon ponctuel : est généralement obtenu en une seule prise.

L’échantillon mixte : est obtenu par mélange de quelques échantillons ponctuels, pris au fur
et à mesure d’un seul endroit.

L’échantillon moyen : est une sorte d’échantillon mixte qui caractérise la composition
moyenne de l’eau dans l’espace, le temps ou les deux à la fois.

I.2.2. Prise D’échantillons Des Eaux Usées

Les eaux usées exigent des méthodes spéciales de prise d’échantillons du fait de la
variabilité de leur qualité. Les échantillons sont pris soit sous forme d’échantillons moyens,
d’échantillons mixtes (pour 24 heures, pour une relève ou pour 1 heure), ou bien les prises sont
faites comme prises séquentielles, respectivement sous forme de prises faites en même temps
(échantillons pris en différents endroits du cours d’eau des eaux usées pris en vue du temps de
retard entre les différents endroits de prise).

L’échantillon représentatif est pris, dans la mesure du possible, dans les endroits du plus fort
courant. Dans les bassins de stations d’épuration, les échantillons sont pris comme dans les eaux
stagnantes. Dans les canalisations, on trouve parfois installés des robinets de prise.
Un grand soin doit être voué aux prises d’échantillons destinés à la détermination des
concentrations de l’oxygène dissous. Lors de la prise, l’échantillon ne doit être en contact avec
l’atmosphère, l’échantillon ne peut être conservé, l’oxygène doit être immédiatement fixé, précipité.
La bouteille contenant l’échantillon doit être bouchée convenablement de sorte qu’il n’y ait aucune
bulle d’air.

I.2.3. Prise D’Echantillons Pour Analyse Microbiologique (Bactériologique)

Lors de la prise d’échantillons dans le but d’analyse microbiologique (bactériologique), une


attention toute particulière doit être portée à ce que l’échantillon ne soit pas contaminé. Les
échantillons sont pris dans des bouteilles en verre au bouchon rodé, à la contenance de 100, 250 ou
500 ml. Les bouteilles devraient être stérilisées auparavant par autoclave et ensuite séchées à
150°C. Les bouteilles avec leur bouchon sont laissées emballées dans un emballage stérilisé
jusqu’au moment de prise d’échantillons. L’ouverture et la fermeture de la bouteille lors de la prise
doit se faire avec soin afin d’empêcher une contamination accidentelle par des bactéries.

L’échantillon à partir d’une source d’eau superficielle est pris en premier, avant
l’échantillonnage pour analyse biologique et chimique. Les échantillons ne sont pas pris
directement à la surface de l’eau, qui est souvent contaminée par la composante bactériale de l’air,
mais à partir de la couche superficielle. A partir des sources, des forages les échantillons sont pris
comme pour des échantillons d’eau superficielle.

Pour les prises d’échantillons à partir des robinets de conduite, l’extrémité du robinet (le
point de sortie de l’eau) doit être brulée un court instant et l’eau doit couler environ 5 minutes
avant la prise. La température de l’eau ne doit pas dépasser 10°C, de sorte que les bactéries
présentes ne puissent se multiplier. Il est recommandé de stocker les échantillons dans de la glace et
de les conserver au plus tard le temps exigé par les normes de conservation.

I.3. METHODES D’ANALYSE


I.3.1. Analyses chimiques

En analyse chimique des eaux, on utilise essentiellement les méthodes de la chimie


analytique classique pour la détermination des composants inorganiques. Parmi ces méthodes, la
gravimétrie sert à la détermination des sulfates, des phosphates, du fer, du sodium. L’analyse
volumétrique avec indication visuelle du point d’équivalence est utilisée pour la détermination du
calcium, du magnésium, de l’oxygène, de l’ozone, du chlore, des carbonates, des sulfites, des
fluorures. Mais le plus souvent on utilise les méthodes colorimétriques et photométriques pour la
détermination, par exemple du fer, de l’aluminium, de l’ozone, du chlore, des nitrites, des nitrates,
des sulfites, sulfures et des phosphates.

Pour la détermination de la quantité totale de matières organiques dans les eaux, on utilise
particulièrement les méthodes basées sur la consommation chimique et biochimique d’oxygène.

 La demande chimique en oxygène – DCO (où COD – Chemical Oxygene


Demand – pour équivalent anglais) : détermine la quantité d’oxygène nécessaire à l’oxydation, au
moyen d’agents oxydants (KMnO4 , K2Cr2O7 ), de matières organiques. Pour les eaux potables et
les eaux superficielles pures dont la concentration maximale de chlore ne dépasse pas 300 mg.l-1, on
utilise la méthode dite de Kubel.
Par l’utilisation de cette méthode, les matières capables d’être oxydées, sont oxydées par
KMnO4 à l’ébullition en milieu d’acide sulfurique dilué. Mn7+ est alors réduit à Mn2+. La quantité
de KMnO4 consommée est déterminée par titrage en retour de la quantité ajoutée non utilisée de la
solution d’acide oxalique par la solution volumétrique de KMnO4. Les résultats sont indiqués en
mg.l-1 d’oxygène et caractérisent la DCO par méthode de Kubel, ou DCO par permanganate, ou
DCO(Mn).
Pour tous les types d’eaux usées, on utilise l’oxydation des matières organiques par le
dichromate en milieu d’acide sulfurique dilué á 50% et à ébullition pendant 2 h. Le surplus de
K2Cr2O7 est déterminé par titrage en retour par sel de fer à l’indicateur redox de ferroine. La
réaction est catalysée par les ions Ag+. Les résultats de la détermination caractérisent la DCO par
dichromate, ou DCO(Cr) et sont exprimés en mg.l-1 d’oxygène.
 La demande biochimique en oxygène (DBO) : est la quantité d’oxygène
consommée par les microorganismes lors de l’oxydation biochimique (minéralisation) des matières
organiques en conditions aérobies et sans présence de microorganismes photosynthétisants et
pendant un certain intervalle de temps. Cette quantité d’oxygène est proportionnelle à la quantité de
matières organiques dégradables. C’est ainsi qu’à partir de la valeur de la DBO on peut estimer le
degré de pollution des eaux usées. La DBO peut être déterminée à partir de l’échantillon naturel
d’origine ou de l’échantillon convenablement dilué en faisant la différence entre la quantité
d’oxygène avant et après incubation dans les conditions normales (20°C, sans accès de l’air et de la
lumière). Si le temps d’incubation est de 5 jours (plus utilisé), on parle de DBO5, si le temps
d’incubation est de 20 jours, il s’agit alors de la DBO20.
La quantité d’oxygène est déterminée soit par la méthode iodométrique de Winkler, soit par
la méthode d’Alsterberg ou encore par électrode membranaire. Les résultats de la DBO sont
exprimés en mg.l-1 d’oxygène.
La quantité totale des substances organiques dans les eaux peut également être caractérisée
par la quantité du carbone organique Corg. Les méthodes permettant de déterminer le Corg se
basent sur l’oxydation des substances organiques par incinération à froid (par ex. mélange chromé
et peroxosulfate en présence d’ions d’argent comme catalyseurs) ou par incinération thermique. En
incinération thermique, le gaz carbonique produit est déterminé selon l’absorption dans la bande
infrarouge, ou bien le CO2 est réduit en méthane (CH4), lequel est déterminé par un détecteur
ionisant à flamme.

L’identification et la détermination des polluants organiques en trace se basent sur


l’utilisation des méthodes chromatographiques (chromatographie à couche étroite, chromatographie
liquide, ou chromatographie gazeuse), ou des méthodes spectrophotométriques (spectrophotométrie
infrarouge, ultraviolet, visible) également des méthodes de spectrométrie massique (le plus souvent
en combinaison avec la chromatographie gazeuse),..etc.

Pour l’identification et la détermination des substances inorganiques en trace on utilise le


plus souvent les méthodes spectrophotométriques (spectrométrie à absorption atomique,
spectrophotométrie à flamme, spectrophotométrie à absorption moléculaire) ou enfin les méthodes
électrochimiques (polarographie, potentiométrie).

I.3.2. Analyses bactériologiques

Le but de l’analyse bactériologique est de déterminer la présence ou non d’agents pathogènes


dans l’échantillon d’eau étudié, autrement dit si cette eau est sanitairement inoffensive. L’analyse
bactériologique est réalisée comme suit : l’échantillon d’eau à analyser est injecté sur un sol
bactériologique ferme et après un temps d’incubation de 1 à 3 jours dans le thermostat à une
température fixée prescrite on compte le nombre de colonies macroscopiques développées.
L’analyse complète suppose qu’en plus de l’analyse chimique et bactériologique on ajoute l’analyse
biologique. La population animale et végétale vivant dans l’eau dévoile par sa biodiversité
d’espèces la qualité de l’eau analysée. L’analyse chimique, microbiologique et biologique des eaux
est régie par des normes déterminées.

I.4. Microbiologie Des Eaux Usées

Etant donné la constitution des cellules des microorganismes vivants, un certain volume
d’eau dans leur milieu ambiant est la condition indispensable à leur activité vitale. Pour une grande
majorité de microorganismes, l’eau constitue une source de nutrition et d’énergie.
I.4.1. Quelques notions de microbiologie

La vie microscopique dans l’eau est le résultat du complexe d’actions de toute une série de
facteurs physiques et biologiques dans un milieu donné – le biotope. Les liaisons mutuelles entre
ces agents et l’adaptation génétique et physiologique des différents microorganismes aux conditions
d’un biotope donné déterminent son importance dans la population « la biocénose » d’un segment
étudié du milieu « la localité ». Ainsi, est déterminé le degré et l’étendue d’occurrence des
microorganismes appelé sa valence écologique.

Selon la microflore présente on peut, d’une certaine manière, évaluer la qualité du biotope.
Selon l’origine de la microflore présente dans les eaux, on distingue 2 types :

a) Autochtone : Sont des microorganismes dont le milieu d’origine est le biotope aquatique
donné. Sa qualité conditionne la croissance des microorganismes qui sont par leur
occurrence, lié à lui. La culture de ces microorganismes ne réussit généralement pas dans les
conditions de laboratoire.
b) Allochtone : C’est le type de microorganismes amenés dans le biotope étudié à partir
d’autres biotopes qui étaient leur milieu d’origine. En fonction de la qualité de la localité
aquatique et leur exigences fixées génétiquement, certains de ces microorganismes périssent
ou bien vont survivre un certain temps. Certains peuvent à certaines conditions s’adapter au
nouveau milieu et même se multiplier.
I.4.2. Indicateurs De La Qualité De L’Eau

Selon l’affinité au carbone, nous distinguons 2 grands groupes de bactéries :

 Les bactéries organotrophes (ou hétérotrophes) : Utilisent la matière organique


comme source d’énergie et de carbone ;

Dans la pratique, on classe dans ce groupe, les bactéries qui exigent pour leur existence des
matières organiques comme source d’énergie et de carbone. Selon la quantité avec laquelle elles
apparaissent on peut juger de la pollution totale du type d’eau étudié. Elles ont pour origine les sols
environnants, les plantes, ou bien se développent par suite d’un apport important de matières
organiques. Leur évaluation se fait exclusivement par culture artificielle. On considère non pas le
nombre de bactéries mais le nombre de colonies formant l’unité (CFU – colony forming unit).
Selon les normes utilisées, on distingue pour l’évaluation de la qualité de l’eau, 2 groupes de
bactéries organotrophes : les bactéries mésophiles et psychrophiles.
 les bactéries mésophiles exigent une température optimale de 37°C ±0,5°𝐶
 les bactéries psychrophiles quant à elles vivent dans les milieux à température optimale de
20°C.

 Les bactéries autotrophes : Utilisent les matières minérales comme source


d’énergie, le carbone elles l’assimilent sous forme de CO2.
I.4.3. Indicateurs de pollution fécale

Dans les eaux utilisées comme eau potable en agglomération ou individuellement et dans les
eaux superficielles traitées comme pour l’AEP, il est important de faire un suivi de la présence des
microorganismes pathogènes ou pathogènes à certaines conditions, parmi lesquels les bactéries
jouent un rôle essentiel. Ces bactéries peuvent provoquer des maladies très dangereuses et même
mortelles comme par ex. les bactéries de types Salmonelle et Shigella, vibrio cholera, certaines
Escherichia coli, yersinia Enterocolitica, certains types de Campylobacter qui peuvent être
responsables des infections graves des intestins. L’infection a lieu soit par injection directe de l’eau
contaminée, soit par le contact avec ces eaux. Mais comme indicateurs de pollution fécale suivis
avec attention par les organismes d’hygiène on considère les bactéries coliformes et les
enterocoques.

I.4.4. Les systèmes saprobiens

La présence de contaminants dans les eaux se manifeste au fur et à mesure non seulement
par le changement de propriétés physiques et chimiques mais aussi biologiques. Avant tout
plusieurs représentants de zooplancton et de phytoplancton vont périr, d’un autre côté d’autres
espèces d’organismes vivants vont se développer, entre autres les microbes. A chaque type de
pollution correspond une certaine biocénose. Ce qui donne la possibilité d’évaluer l’état actuel de la
qualité de l’eau engendré par le développement des espèces. L’état biologique engendré par la
pollution de l’eau par des substances organiques biologiquement dégradables est désigné comme
saprobité ou système saprobien (du grec sapros= pourriture). Le système saprobien est un facteur
important qui se rattache à la qualité de l’eau. On le détermine essentiellement par l’analyse des
populations vitales, dont la base est la détermination des espèces vivant dans la localité étudiée.

Parallèlement au système saprobien ils existent d’autres facteurs de la qualité de l’eau


comme la trophie, la toxicité, la radioactivité éventuellement d’autres facteurs qui interfèrent parfois
avec lui. Le système saprobien est évalué selon le système d’organismes saprobiens (par méthode
microscopique ou macroscopique), la toxicité est évaluée par les tests de toxicité et la radioactivité
par des analyses radiométriques.

Selon Sladeček, le système de la qualité de l’eau, du point de vue biologique peut être
représenté par le schéma de forme circulaire suivant :

Saprobité

L E

K T

Asaprobité

 KATAROBITÉ (K) : représente les eaux les plus pures (les eaux potables)
 LIMNOSAPROBITÉ (L) : représente les eaux superficielles (mais aussi les eaux
souterraines) plus ou moins polluées
 EUSAPROBITÉ (E) : représente les eaux usées qui contiennent une grande quantité de
matières organiques pourries que leur dégradation soit rapide ou lente
 TRANSSAPROBITÉ (T) : représente les eaux résiduaires dans lesquelles les facteurs
saprobiens (asaprobiens) (par ex. la température, les poisons, les huiles, les radionuclides)
ont des effets décisifs.

En d’autres termes, on définit le système des saprobies comme méthode d’analyse


biologique des eaux polluées par des matières organiques, par l'étude de la flore et de la faune
aquatique; et on définit cinq catégories d'eaux:
 Oligosaprobe: eau claire, sans pollution, sinon légère, et à forte teneur en Oxygène
dissous (OD);
 Beta-mésosaprobe: eau modérément polluée à teneur encore élevée en OD;
 Alpha-mésosaprobe: eau polluée à relativement faible teneur en OD;
 Polysaprobe: eau fortement polluée à teneur en OD négligeable;
 Antisaprobe: eau si polluée qu'aucun organisme vivant ne peut y survivre.

II. EAUX RÉSIDUAIRES


II.1.DEFINITION

Par l’activité humaine la qualité naturelle des eaux change. Les eaux se dégradent et deviennent
des eaux résiduaires. Les eaux résiduaires ou usées sont des eaux utilisées dans des cités,
agglomérations, dans les maisons, usines, établissements sociaux et autres édifices ou
établissements, si après leur utilisation leur qualité a changé. On divise les eaux résiduaires selon
différents critères. Selon leur origine on distingue les eaux résiduaires :

Domestiques : mélange des eaux vannes (toilettes) et des eaux ménagères sont des eaux
résiduaires provenant des foyers, des établissements sociaux, des établissements de restauration et
d’hébergement,…etc.,

Urbaines : mélange des eaux résiduaires domestiques et d’autres, surtout industrielles qui coule
par les canalisations publiques,

Industrielles : eaux polluées provenant des processus de production,

Agricoles : eaux polluées issues de la production végétale et animale,

Pluviales : eaux des précipitations atmosphériques évacuées par les systèmes d’égout,

Autres eaux résiduaires : on y trouve là des eaux d’hôpitaux, des eaux de refroidissement et
autres eaux résiduaires

Selon la qualité on distingue des eaux résiduaires fraîches, pourries, infectieuses, radioactives
et toxiques.

II.2.Quantité et qualité des eaux résiduaires


Les eaux résiduaires sont caractérisées par leur quantité et qualité, ainsi que par la variabilité
temporelle de ces deux variables. La quantité et la qualité sont déterminées par mesure directe, par
calcul, par modélisation. La quantité des eaux résiduaires et sa variabilité temporelle sont exprimées
par certains débits caractéristiques, obtenus comme résultat d’un traitement statistique
d’observations à long terme du débit des eaux résiduaires.

L’évaluation de la quantité des eaux résiduaires repose sur le débit moyen journalier 𝑄𝑗,𝑚 ,
résultat de la somme des débits moyens journaliers des eaux résiduaires divisée par 365 (débit
moyen journalier des eaux résiduaires). Il est exprimé en m3.jour-1.

- Le débit maximal horaire des eaux résiduaires sans apport pluvial 𝑄𝑚𝑎𝑥 est
𝑸𝒋,𝒎
𝑸𝒎𝒂𝒙 = 𝑲𝒎𝒂𝒙 ∗ ( 𝟐𝟒 ) [m3.h-1 ou l.s-1]

oú 𝐾𝑚𝑎𝑥 est le coefficient d’irrégularité maximale horaire, dépendant de plusieurs facteurs


(grandeur et type d’agglomération,...etc).
- Le débit minimal horaire 𝑄𝑚𝑖𝑛 des eaux résiduaires est défini comme
𝑸𝒋,𝒎
𝑸𝒎𝒊𝒏 = 𝑲𝒎𝒊𝒏 ∗ ( 𝟐𝟒 ) [m3.h-1 ou l.s-1]

oú 𝐾𝑚𝑖𝑛 est coefficient d’irrégularité minimale horaire (𝐾𝑚𝑖𝑛 ~ 0,55- 0,65).

Si 𝑸𝒋,𝒎 n’est pas connu, il peut être estimé comme le débit consommé par une
agglomération de « 𝒏 » équivalents habitants (EH) à raison d’une dotation de « 𝒙 » litres par jour et
par EH, donc

𝑸𝒋,𝒎 = 𝒏 ∗ 𝒙

Le débit moyen journalier des eaux usées sans apport pluvial est :

𝑸𝒋 = 𝑸𝒋,𝒎 + 𝑸𝒋,𝒊 + 𝑸𝑩

Oú;

𝑸𝒋,𝒎 débit moyen journalier des eaux usées produites par la population,

𝑸𝒋,𝒊 débit moyen journalier des eaux usées produites par l’industrie (s’il y’en a)

𝑸𝑩 débit d’eaux balast ( s’il en existe).


- Le débit maximal journalier des eaux usées : 𝑸𝒎𝒂𝒙,𝒋 = 𝑲𝒋 ∗ 𝑸𝒋,𝒎 + 𝑲𝒋,𝒊 ∗ 𝑸𝒋,𝒊 + 𝑸𝑩
- Le débit maximal horaire des eaux uses sans apport pluvial est choisi comme le plus grand
des deux débits suivants :
(𝑲𝒋 ∗ 𝑲𝒉 ∗ 𝑸𝒋,𝒎 + 𝑲𝒋,𝒊 ∗ 𝑸𝒋,𝒊 + 𝑸𝑩 )⁄
𝑸𝒎𝒂𝒙,𝒉 = 𝟐𝟒

et
(𝑲𝒋 ∗ 𝑸𝒋,𝒎 + 𝑲𝒋,𝒊 ∗ 𝑲𝒉,𝒊 ∗ 𝑸𝒋,𝒊 + 𝑸𝑩 )⁄
𝑸𝒎𝒂𝒙,𝒉 = 𝟐𝟒

Oú:

𝑲𝒋 : Coefficient d’irrégularité journalière (population) ;

𝑲𝒋,𝒊: Coefficient d’irrégularité journalière de l’industrie;

𝑲𝒉 : Coefficient d’irrégularité horaire (population);

𝑲𝒉,𝒊: Coefficient d’irrégularité horaire de l’industrie.

Tableau III.2.1 Coefficients d’irrégularité journalière en fonction de l’agglomération


Grandeur de l’agglomération (EH) 𝐾𝑗
Jusqu’à 1000 1,5
1 000– 5000 1,4
5000- 20 000 1,35
20 000 – 100 000 1,25
plus de 100 000 Individuellement

Tableau III.2.2 Coefficients d’irrégularité horaire en fonction de l’agglomération


Grandeur de l’agglomération (EH) 𝐾ℎ
30 7,2
40 6,9
50 6,7
75 6,3
100 5,9
300 4,4
400 3,5
500 2,6
1 000 2,2
2 000 2,1
5 000 2,0
10 000 2,0
20 000 1,9
30 000 1,8
50 000 1,7
100 000 1,6
Plus de 1 000 000 1,4

On utilise aussi le débit de pointe 𝑄𝑝 pour caractériser quantitativement les eaux usées
urbaines drainées par un réseau d’assainissement. Il est calculé comme:

𝑸𝒑 = 𝑪𝒑 ∗ 𝑸𝒎

𝟐,𝟓
où 𝑪𝒑 = 𝟏, 𝟓 +
√ 𝑸𝒎

𝑪𝒑 : Coefficient de pointe
𝑸𝒎 : Débit moyen des eaux usées urbaines en l/s.

Pour apprécier s’il faut traiter les eaux résiduaires biologiquement, chimiquement ou physico-
chimiquement, il faut connaître en plus de leur qualité, aussi leur composition chimique, et leurs
propriétés biologiques et bactériologiques.

II.3.Propriétés et composition chimique des eaux résiduaires

Les eaux résiduaires domestiques : Sont d’habitude de couleur grise ou gris-marron, d’odeur
fécale, après épuisement d’oxygène dissous l’odeur s’intensifie et l’eau devient sombre (formation
de sulfure de fer par réaction de sulfate avec les composés de fer). La réaction de l’eau est
faiblement alcaline.

Les eaux résiduaires domestiques ont une composition relativement stable, elles contiennent
surtout des matières organiques. Une part importante de matières polluantes provient de l’urine et
des excréments solides. Certaines matières polluantes proviennent aussi des buanderies et des salles
de bain (produits de lavage et adoucissants tels que savons ; phosphates ; silicates), des cuisines
(les restes de nourriture, des graisses, des produits de nettoyage),…etc.

Les eaux résiduaires domestiques contiennent :

a) Matières en suspension (restes de nourriture, sables, excréments, huiles, graisses),


b) Matières dissoutes (solution colloïdale ou standard),
c) Microorganismes (bactéries, virus),
d) Gaz (CO2, H2S, CH4 , …etc).

Parmi les matières organiques contenues dans les eaux usées domestiques on y trouve
surtout les saccharides et leurs produits dérivés, les lipides. Pour la quantité énorme de
microorganismes des plus variés y compris de microbes et virus pathogènes qui provoquent des
hépatites virales, de la tuberculose,…etc., qui se trouvent dans les eaux usées, celles-ci constituent
un facteur potentiel sérieux de propagation des infections.

Les eaux résiduaires industrielles (ERI) : Sont nées lors de l’obtention des matières
premières organiques et inorganiques et pendant leur traitement industriel. Selon les processus
technologiques dans lesquels l’eau est utilisée, les eaux usées industrielles se distinguent surtout par
le caractère de pollution, la composition chimique et par leurs propriétés physiques. Les eaux
résiduaires provenant des entreprises industrielles sont en grande partie un mélange de différentes
eaux usées issues de leurs différentes productions, ainsi que des eaux usées domestiques provenant
surtout des toilettes de ces entreprises.

Les eaux résiduaires industrielles peuvent avoir une pollution d’origine organique ou
inorganique. Selon la qualité elles peuvent être divisées en eaux résiduaires :

1. extrêmement nocives : Ces eaux sont à éliminer séparément, éventuellement sont à


prétraiter convenablement avant qu’elles soient mélangées avec d’autres eaux
résiduaires similaires,
2. polluées en grande partie par des matières organiques biologiquement
dégradables : Ces eaux sont appelées aussi eaux résiduaires pourries. Les valeurs de
leur DBO5 et DCO dépassent respectivement 50 et 1000 mg.l-1. Ces eaux doivent être
épurées dans une station d’épuration biologique commune,
3. polluées en grande partie par des matières inorganiques, éventuellement par des
matières organiques : Ces eaux sont résistantes au traitement biologique et où un
traitement chimique est envisagé. Elles sont aussi appelées eaux résiduaires non
pourrissables. Leur DBO5 est de l’ordre de quelques mg.l-1 et leur DCO est de l’ordre de
quelques dizaines de mg.l-1,

4. relativement inoffensives.

Selon le caractère des matières organiques contenues dans les eaux résiduaires on distingue
les eaux résiduaires aux matières :

a) Non toxiques, biologiquement dégradables (aminoacides, protéines, saccharides, et


autres) ;
b) Non toxiques, biologiquement difficilement dégradables (composés aliphatiques,
composés hydro aromatiques, peintures organiques, et autres) ;
c) Toxiques, biologiquement dégradables (phénols, insecticides organo
phosphoriques,…etc.) ;
d) Toxiques, biologiquement difficilement dégradables (carbures chlorées,
dinitrophénols,…etc.).

La base de tout projet de station d’épuration des eaux résiduaires est de déterminer les
propriétés des eaux résiduaires à traiter dans la station d’épuration sur la base de l’étude analytique
des échantillons des eaux résiduaires. Les échantillons doivent rendre le caractère réel des eaux
résiduaires et leur composition durant toute la période de leur écoulement à la station d’épuration.

Dans les eaux résiduaires sont déterminées avant tout :

 Les substances dissoutes et en suspension ;


 La capacité de neutralisation et pH ;
 La DCO, comme donnée sur la pollution organique totale ;
 La DBO5, pour distinguer les matières biologiquement dégradables des matières non
dégradables biologiquement.

III. Normes de qualité

La qualité de l’eau qu’elle soit à usage de consommation domestique, à usage agricole,


industriel ou qu’elle soit une eau de surface ou souterraine doit répondre à certains critères de
qualité, à certaines règles d’utilisation, donc à des normes de qualité.
On mesure les caractéristiques les plus appropriées et on les compare à des normes, de
préférences internationales (si les normes nationales sont moins exigeantes !). Ces normes ne sont
pas définitives et sont constamment révisées, étant donné que le déversement des eaux usées
industrielles augmente la quantité et la diversité des produits toxiques, présents dans une eau. De
plus, le développement du progrès technique permet de mieux cerner les effets de différentes
qualités d’eau sur la santé humaine. Les tableaux suivants indiquent les normes et
recommandations de la Communauté Economique Européenne (CEE) et de l’Organisation
Mondiale de la Santé (OMS) pour différents types de paramètres :

Tableau III. 1 Concentrations maximales admissibles d’organismes biologiques, suivants les


normes bactériologiques et biologiques de la CEE, pour l’eau potable

Microorganismes Concentration
Coliformes totaux 0/100 mL
Coliformes fécaux 0/100 mL
Streptocoques fécaux 0/100 mL
Comptage total à 70°C <10/mL
Comptage total à 22°C <100/mL
Clostridium sulfito-réducteurs 2/20 mL
Salmonelles (0/5mL)
Staphylocoques pathogènes 0/100 mL
Bactériophages fécaux 0/100 mL
Virus entérogènes 0/10 mL
Protozoaires pathogènes Absence
Animalcules pathogènes Absence
Source : W.J. MASSCHLEIN– processus unitaires du traitement de l’eau potable, CEBEDOC, Liège 1997

Tableau III.2 Facteurs de toxicité : normes pour les maxima admissibles ou recommandés des
concentrations dans l’eau potable (mg/m3) [Source : W.J. MASSCHLEIN]

OMS OMS
Facteurs CEE Européenne Intern.
(3) (4) (5)

Ag 10 - -
As 50 50 50
Ba 100 - -
Cd 5 10 10
-
CN 50 50-100 50-100
Cr 50 50 50
F 1500 1500 1500
Hg 1 1 1
Ni 50 - -
NO3-(mg/L) 50 45 45
NO2- 100 - -
Pb 50 50 100
Sb 10 - -
Se 10 10 10
HPA 0,2 0,2 -
Aldrine A - -
Chlordane - -
DDT - -
Dialdrine d - -
Endrine e - -
Heptachlore f - -
Heptachlore epoxyde i - -
Lindane n - -
Méthoxychlore i - -
Phosphates et carbonates r - -
org.

Tableau III.3 Paramètres physico-chimiques : normes et objectifs pour l’eau potable (μg/L)
OMS OMS intern.(5)
CEE 3)
Paramètres Européenne( CMA
CMA Objectif Norme
4) Objectif
Cu 100 - 50 1500 50 1000
Fe 200 50 100 1000 100 300
Mn 50 20 50 500 50 50
P 2000 - - - - -
Zn 100 - 5000 15000 5000 5000
Phénols 0,5 - 1 2 1 1
Détergents 100 - - 200 100 500
Couleurs (Pt) 20 1 15 FTU 50 5 15
Turbidité(SiO2) 10 1 1 NTU - - (5JTU)
Odeur 2-3 0 - - - 3
Goût - - - - - -
Température(°C) 25 12 - - - -
Ph 9,5 6,5-8,5 <8 6,5-9,2 7,0-8,5 -
К (μS/cm) - 400 - - - -
Ca(g/m3) [unité
- 100 - 500 100 TH 2 meq/L
CaCO3]
Mg(g/m3) 50 30 30 150 (30) -
Na(g/m3) 175 20 - - - -
K(mg/m3) 12 10 - - - -
Al(mg/m3) 200 50 - - - -
CO3H- (g/m3) - 120 - - - -
SO42-(g/m3) 250 100 250 400 200 -
Cl- (g/m3) 200 50 600-200 600 200 -
NH4+ (mg/m3) 500 50 - - - -
O2 (g/m3) - >5 - - - -
Matière dissoute(g/m3) - - - - - 500
Source : W.J. MASSCHLEIN – processus unitaires du traitement de l’eau potable, CEBEDOC, Liège 1997

CMA – Concentration maximale admissible


Tableau III.4 Conditions préliminaires à l’épuration de l’eau industrielle.

Paramètres Valeur Unités


Ph <6
Conductivité <250-500 mS/m
Alcali <1-2 kg/m3
MES 0,5-2 kg/m3
Hydrocarbures extractibles à 0,2-0,5 kg/m3
l’éther de pétrole
Sulfures 25-50 g/m3
Hydrates de carbone 0,5-1,5 g/m3
Cyanures 10-20 g/m3
Sulfates 1,8 kg/m3
Métaux :
Cr, Cu, Ni, Zn, Cd 20 g/m3 individuellement
50 g/m3 globalement
As, B, Pb, Se, Hg 5 mg/m3 individuellement
20 g/m3 globalement
Source : W.J. MASSCHLEIN– processus unitaires du traitement de l’eau potable, CEBEDOC, Liège 1997
Partie 02 : LES PROCÉDÉS DE TRAITEMENT DES EAUX

Les eaux brutes plus ou moins polluées ont besoin d’être traitées avant qu’elles ne soient
utilisées par les différents usagers. Pour leur traitement on utilise différents procédés. Leur nombre,
type et leur ordonnancement dans une ligne technologique « station de traitement des eaux » dépend
de la qualité de l’eau en entrée de cette ligne, de la qualité de l’eau exigée en sortie et d’autres
facteurs encore. Le choix des procédés doit être tel que la qualité exigée puisse être atteinte
techniquement, technologiquement, économiquement et par une ligne technologique simple de
gestion.

Les eaux usées (le terme d’eaux résiduaires est aussi utilisé sans différence significative de
sens) doivent être traitées dans une station d’épuration des eaux usées (STEP) avant leur rejet dans
un récipient naturel (cours d’eau, lac ou autres). On utilise généralement les mêmes procédés de
traitement que pour les eaux naturelles. C’est le nombre de procédés, l’ordre d’intégration dans la
station de traitement et la qualité des eaux qui décideront pour l’un ou l’autre type de traitement.
I. Classification des principaux procédés

Les procédés de traitement des eaux peuvent être divisés en procédés de pré-traitement, de
procédés primaires, secondaires et tertiaires ou en procédés physiques et physico chimiques,
chimiques et biologiques. Dans les chapitres qui suivent certains procédés seront décrits de façon
plus détaillée que les autres.

I.1. Procédés de pré-traitement :


 Le dégrillage ;
 La dilacération ;
 Le tamisage ;
 Le dessablage ;
 Le dégraissage.
I.1.1. Dégrillage

Est un prétraitement utilisé pour débarrasser les eaux usées des polluants solides les plus
volumineux qui pourraient gêner les traitements ultérieurs, voire endommager les équipements de la
STEP. Ce procédé consiste à filtrer les eaux usées au travers d'une grille dont les barreaux, plus ou
moins espacés, retiennent les matières les plus volumineuses qui seront ensuite éliminées avec les
ordures ménagères. Donc Le dégrillage est destiné à retenir les matières solides volumineuses et
déchets de toutes sortes contenus dans les eaux usées. On le place généralement en amont d'une
filière de traitement des eaux usées. L'opération est plus ou moins efficace selon l'écartement entre
les barreaux de la grille.

 le pré-dégrillage (écartement supérieur à 40 mm)


 le dégrillage moyen (écartement compris entre 40 et 10 mm)
 le dégrillage fin (écartement compris entre 10 et 6 mm)

En fonction des caractéristiques de l'eau à traiter et les étapes suivantes du traitement, des
grilles avec des écartements différents peuvent être placées les unes derrière les autres ou encore
séparément (dégrillage plus fin juste à l'amont d'une étape de traitement critique). Le nettoyage des
grilles se fait soit manuellement, soit au moyen d’un système automatique. Cet équipement exige un
dimensionnement correct de manière à obtenir une bonne efficacité du procédé. Le dégrillage
optimal est obtenu lorsque la grille est légèrement colmatée.
Le dégrilleur automatique vertical utilise une cinématique simple: le nettoyage de la grille à
barreaux s'opère par raclage pendant la remontée de la benne. On l’utilise pour le traitement des
eaux douces, eaux de mer, eaux résiduaires. Il accepte tous les débits jusqu'à 25 000 m3/h

I.1.2. Dilacération

La dilacération est une opération physique préliminaire qui s’applique plus particulièrement
aux traitements des eaux usées urbaines et des eaux résiduaires industrielles. Elle a pour objet le
déchiquetage, en tête des stations d’épuration, et le pompage des matières solides volumineuses
contenues dans les effluents, de façon à leur permettre de poursuivre leur circuit vers les stades de
traitement suivants.

L’intérêt du processus de dilacération est de pouvoir supprimer les sujétions et nuisances


provoquées par l’évacuation et la décharge des déchets solides présents dans les effluents, à leurs
arrivés aux stations. En général, ces unités de dilacération sont assujetties aux grilles mécaniques
automatiques ou statiques retenant les détritus à l’arrivée.

I.1.3. Dessablage

Le dessablage est un procédé simple qui permet, par simple sédimentation d’éliminer les
sables contenus dans les eaux de ruissèlement ou amenés par l’érosion des canalisations. Ce
matériau doit être éliminé au préalable, sinon il se déposerait plus loin dans les éléments importants
de la STEP et gênerait ainsi le fonctionnement de la station et provoquerait une usure plus rapide de
ses éléments mécaniques (les pompes). Pour limiter le pourcentage de matières organiques dont la
dégradation provoque des odeurs, et une instabilité mécanique du matériau, les sables extraits
doivent être lavés avant d'être mis en décharge.

I.1.4. Dégraissage

Ce type de prétraitement utilise généralement le principe de la flottation pour l'élimination


des huiles. Son principe se base sur l'injection de fines bulles d'air dans le bassin de déshuilage, ce
qui permet de faire remonter rapidement les graisses en surface (les graisses sont hydrophobes) et
les éliminer ensuite par raclage de la surface.

Il est important de limiter au maximum la quantité de graisse dans les ouvrages en aval afin
d’éviter un encrassement des ouvrages. Leur élimination est exigée également pour limiter les
problèmes de rejets de particules graisseuses, les difficultés de décantation ou les perturbations des
échanges gazeux.
I.2. Procédés physiques ou physico-chimiques

Ces procédés sont utilisés pour éliminer une forte quantité de MES. On élimine jusqu’à
70 % de MES par simple décantation. Parmi les procédés qui entrent dans ce groupe, on peut citer:

 décantation (appelée aussi sédimentation)


 filtration
 le microtamisage
 flottation
 adsorption
 extraction
 les résines échangeuses d’ions
 les procédés membranaires (osmose inverse,…etc.)
 procédés radiochimiques
 procédé de dégazage
 distillation
 coagulation/floculation

I.3. Procédés biologiques


 Procédé aérobie
 Procédé anaérobie

I.4. Procédés tertiaires


 Filtration
 Adsorption sur charbon actif
 Déminéralisation – adoucissement
 Déferisation – démanganisation

II. Théorie de quelques procédés :


II.1.Tamisage et micro-tamisage
II.1.1. Définition

Le tamisage est un procédé classé d’habitude dans le groupe des procédés de prétraitement
des eaux usées domestiques ou industrielles.
Le tamisage est un procédé physique de traitement des eaux dont la technique consiste à
faire passer un liquide contenant des impuretés à travers une toile de fils ou de fibres ou à travers
une membrane poreuse. Ainsi, durant le passage du liquide (eau polluée par exemple), certains
solides sont arrêtés soit directement (par les mailles du tamis), soit indirectement (par les matières
solides accumulées sur le tamis).

Le micro tamisage est un procédé dérivant directement du tamisage. Si la grosseur des


mailles du tamis est supérieure à 150 μm, celle du micro- tamis est inférieure à ce diamètre. Les
impuretés sont arrêtées à la surface et à l’intérieur de l’épaisseur des fibres. Au début de l’opération
les matières solides sont retenues par tamisage (si on a à faire au tamis) dans les pores et les fibres
et au fur et à mesure de l’opération la couche de matières arrêtées augmente et le procédé de
tamisage devient un procédé de micro tamisage et de filtration.

Les micros-tamis peuvent intercepter le plancton et les particules organiques et minérales


dont la taille est supérieure à celle des ouvertures du micro tamis. Par contre, les micros-tamis
n’arrêtent ni les éléments minéraux fins (argiles), ni les substances dissoutes. Le micro-tamisage
n’améliore donc pas la turbidité causée par de fines particules et ne modifie pas la couleur de l’eau.

• Le tamisage est le procédé physique le plus simple de séparation de matières solides de la


suspension; ces matières sont retenues par les mailles du tamis, ou par un filet dont les
orifices sont plus petits que le diamètre des matières retenues – celles-ci sont
continuellement raclées;

• Le micro-tamisage est un procédé dérivant du tamisage, dont les orifices du tamis sont
encore plus petits que ceux utilisés dans le tamisage où le procédé suit celui du tamisage. La
rétention des matières en suspension a lieu à la surface et à l’intérieur d’une toile de fils ou
de fibres ou d’une membrane poreuse.

Les micros tamis sont utilisés dans les situations suivantes :

a) Traiter les eaux des lacs faiblement contaminées dont la turbidité est faible et la
couleur peu intense. Ici, le micro tamisage est suivi de la filtration et désinfection,
b) Réduire les quantités des MES présentes dans les eaux usées après leur épuration,
c) Clarifier les eaux résiduaires industrielles (ERI) ;
d) Récolter les algues après un traitement par lagunage.

II.1.2. Théorie du micro-tamisage


II.1.2.1. Aspects théoriques

Tous les aspects théoriques (grandeur de la surface filtrante, pertes de charge initiales,
vitesse d’augmentation des PC, pertes de charges maximales tolérées par un micro tamis encrassé,
durée d’utilisation d’un micro tamis entre deux (2) lavages, …etc. Tous ces aspects peuvent être
résumés par la mesure de l’indice de filtrabilité d’une eau.

II.1.2.2. Indice de filtrabilité d’une eau

Cet indice dépend du micro-tamis et des caractéristiques de l’eau (solides en suspension et


température,…). On le mesure en faisant passer des volumes d’eau tout en gardant constantes la
température, le débit et la concentration des MES.

La loi qui décrit la variation des pertes de charges est la suivante:

𝒅𝑯
= 𝑰𝑯 (1.1)
𝒅𝜷

Où 𝐻 : Perte de charge due au micro tamis (m)

𝛽 : Volume d’eau filtrée par unité de surface (m)

𝐼 : Constante de proportionnalité –Indice de filtrabilité.

Cet indice de filtrabilité est exprimé après intégration de l’équation (1.1),

𝑯 𝒅𝑯 𝜷
d’ où ∫𝑯 = 𝑰 ∫𝟎 𝒅𝜷 (1.2)
𝟎 𝑯

soit 𝒍𝒏𝑯 = 𝑰𝜷 + 𝒍𝒏 𝑯𝟎 (1.3)

C’est l’équation d’une droite de pente 𝑰 (Fig. 1.1) représentant l’indice de filtrabilité de l’eau.

𝑯𝟎 : Perte de charge initiale d’un micro tamis propre.

Cet indice peut également être calculé en modifiant légèrement l’équation (1.3):

𝒍𝒏𝑯−𝒍𝒏𝑯𝟎 𝟏 𝑯
𝑰= = 𝒍𝒏 ( ) (1.4)
𝜷 𝜷 𝑯 𝟎
rges (𝑙𝑛𝐻)

𝐼 = Indice de filtrabilité
Fig.1.1 Variation des pertes de charges en fonction du volume d’eau filtré

(source: Raymond Desjardins, le traitement des eaux, école polytechnique de Montréal, 1997)

La Fig.1.1 appelle les observations suivantes:

 La valeur de 𝐻0 est fonction uniquement du micro-tamis et de la vitesse

d’écoulement de l’eau. 𝐻0 augmente lorsque la dimension des mailles est réduite ou


si le débit de l’eau augmente.
 La valeur de 𝐼 est fonction à la fois des caractéristiques de l’eau et de celles du micro
tamis.
II.1.2.3. Durée d’utilisation d’un micro tamis entre deux lavages

Une expression mathématique permettant de calculer la durée d’utilisation d’un micro tamis
entre 2 lavages est possible. Cette durée est fonction des caractéristiques du micro tamis (surface,
grosseur des mailles) et des caractéristiques de l’eau (température, Indice de filtrabilité, débit).

𝑸
𝑯𝟎 = . 𝑪𝒇 (1.5)
𝑨

𝑸 : Débit d'eau brut en m3/s

𝑨 : Surface filtrante du micro-tamis en m2

𝑪𝒇 : Facteur de grille, exprimé en secondes (s)

𝑯𝟎 : Pertes de charges initiales en m


On le définit comme étant la perte de charge initiale (𝐻0 ) lorsque l’eau passe par le micro-tamis à
une vitesse de 1m/s et sa température est à T=10°C.

Si la température de l’eau est différente de 10°C, la perte de charge initiale 𝐻0 doit être
corrigée au moyen de la formule empirique suivante :

𝑯𝑻 .(𝟗𝑻+𝟐𝟏𝟎)
𝑯𝟏𝟎 = (1.6)
𝟑𝟎𝟎

où 𝑯𝟏𝟎 : Perte de charge à la température de 10°C

𝑯𝑻 : Perte de charge à T°C

𝑻 : Température de l’eau en °C

Chaque type de micro tamis a une durée d’utilisation propre. On peut donc déterminer la
durée d’utilisation selon 2 types de micro tamis existants : le micro tamis à nettoyage manuel et le
micro tamis à nettoyage automatique.

II.1.2.4. Durée du micro tamis à nettoyage manuel

Le micro tamis à nettoyage manuel se caractérise par une grille fixe, à mailles fines, et
placée en travers de l’écoulement de l’eau. Dès que la différence de charge entre les niveaux d’eau
en amont et en aval atteint une valeur prédéterminée, appelée valeur de consigne, la grille est retirée
et nettoyée. Une expression permettant de calculer cette durée existe et exprimée:

𝑯 = 𝑯𝟎 × 𝒆𝒕𝜷 (1.7)

Sachant que

𝑸.𝒕
𝜷= (1.8)
𝑨

Où:

𝑸 : Débit (m3/s)

𝒕 : Durée de micro-tamisage (s)

Les autres variables sont déjà expliquées.

La combinaison des équations 4, 5, 6 donne:


𝑸.𝑪𝒇 𝑰.𝑸.𝒕
( )
𝑯= 𝒆 𝑨 (1.9)
𝑨

D’ oú

𝑨 𝑯𝑨
𝒕= 𝒍𝒏 ( ) (1.10)
𝑰𝑸 𝑸𝑪𝒇

Cette équation sert à calculer la durée nécessaire du micro-tamisage pour passer des pertes
de charges 𝐻0 à 𝐻. C’est aussi la durée entre deux lavages successifs du micro tamis.

II.1.2.5. Durée d’un micro-tamis à nettoyage automatique

Les micro-tamis à nettoyage automatique se basent sur le même principe. La toile forme un
cylindre dont l’axe est horizontal et le micro-tamis est continuellement en mouvement. La partie du
micro tamis qui pénètre dans l’eau est d’abord propre, plus elle s’enfonce dans l’eau plus elle retient
d’impuretés et plus elle s’encrasse. Lorsqu’on la ressort de l’eau elle est encrassée et il faut donc la
nettoyer avant qu’elle ne soit de nouveau immergée. Le nettoyage est réalisé par jets d’eau traitée.
La vitesse de circulation du micro tamis « S », permet de déterminer la durée d’utilisation d’une
section donnée du micro tamis entre 2 lavages. Les équations 1.5, 1.7 et 1.8 avec l’équation :

𝑨
𝑺= (1.11)
𝒕

Oú 𝑆 = vitesse de circulation de la section du micro-tamis m2/s

Soit donc :

𝑸𝑪𝒇 𝑰.𝑸
( )
𝑯= 𝒆 𝑺 (1.12)
𝑨

II.1.2.6. Choix des micro-tamis

Les critères de choix des micros-tamis sont les suivants :

 Pertes de charge initiales tolérées entre 0,05 et 0,15 m


𝑄
 Les charges superficielles pour les micro-tamis manuels ou automatiques sont
𝐴

généralement inférieures à 100 m/h ;


 Plus les mailles sont petites, plus la charge superficielle doit être faible ;
 Les diamètres des mailles les plus courants sont de 65 ; 35 et 23 μm ;
 Les micro-tamis à nettoyage automatique ont des vitesses de rotation de 0,5 à 5 t/min.
II.2.Clarification - Coagulation/floculation

Le processus de clarification du traitement des eaux sert à éliminer des particules fines à
colloïdales responsables de la turbidité de l’eau. Il consiste en trois processus distincts mais
complémentaires: coagulation, floculation et décantation.

La coagulation est la déstabilisation des particules en dispersion en des particules


agglomérées.

La floculation consiste à former des flocs de particules assez grands par mélange lent des
agents chimiques avec l’eau usée afin de faciliter leur décantation. Ces flocs sont cinétiquement
instables et ont tendance à tomber et décanter. Si la coagulation doit être un procédé rapide, la
floculation par contre est un procédé relativement lent.

Lors de la clarification est utilisée la notion selon laquelle les matières colloïdales
s’adsorbent bien sur des flocs d’hydroxydes de Fer ou d’Aluminium. Ces flocs ont une telle
grosseur qu’il est possible de les éliminer par filtration ou sédimentation libre.

II.2.1. Buts du procédé


 Elimination de particules colloïdales, responsables de la turbidité et de la couleur,
 Destabilisation des particules, donc facilitation de leur agglomération par injection et
dispersion de produits chimiques,
 Floculation pour favoriser les contacts entre particules destabilisées – formation de flocs

II.2.2. Particules colloïdales en suspension


La turbidité est due à la présence des particules de différentes origines, à savoir:
 Particules d’origine naturelle: érosion des terres, dissolution de substances minérales et
décompositon de matières organiques;
 Particules d’origine humaine: déversement des eaux domestiques, industrielles et
agricoles;
 Turbidité due aux substances inorganiques;
 Couleur due aux matières organiques et le fer.

II.2.3. Systèmes de dispersion


Selon la taille des particules nous distinguons les systèmes de dispersion suivants:

Analytique .... < 1 nm


Colloïdal .... 1 nm à 1 µm
MES .... > 1 µm

a. Affinité des particules colloïdales à l’eau

Suivant leur affinité à l’eau, les particules peuvent se classées en deux catégories :

 Particules Hydrophiles
 Particules Hydrophobes

Les particules hydrophiles: Sont des particules ayant une bonne affinité avec l’eau. Ces
particules déshydratées se dispersont très rapidement dans l’eau et sont entourées de molécules
d’eau qui empèchent leur agglomération  stabilité.

Les particules hydrophobes: Sont des particules qui « détestent » l’eau. Elles ne sont pas
entourées de molécules d’eau et il n’y a pas de spontanéité dans leur dispersion. Cette spontanéité
peut être facilitée par des moyens physiques ou chimiques.

En général:

Particules hydrophiles: particules de matières organiques

Particules hydrophobes: particules de matières inorganiques (minérales)

b. Charges électriques et double couche


 Couche liée
 Couche diffuse
Fig.II.2. Double couche d’une particule

II.2.4. Théorie de la coagulation


 particule colloïdale dont le noyau est chargé – dans les eaux de surface
 1 couche liée ou fixée (couche hydratée), formés d’ions + et - , se déplaçant avec la
particule
 1 couche diffuse , formée d’ions + et –
 Modèle de Stern – le potentiel Zeta (potentiel electrocinétique) entre les 2 couches
 Particules :
 hydrophiles, entourées de molécules H2O
 hydrophobes, non entourées de molécules H2O

Les particules colloïdales contenues dans les eaux de surface possedent une charge
électrique négative à leur surface. Ces charges « primaires » attirent les ions positifs (H+ ou autres)
en solution dans l’eau. Ceux-ci adhèrent fortement à la surface de la particule, se déplacent avec elle
et créent ainsi la couche dite liée.

Une autre couche constituée également d’ions + et – mais dont les ions positifs adhèrent
faiblement à la particule est appelée couche diffuse.
Il y’a donc un gradient electrostatique entre la particule et la solution qui l’entoure.

Le plan de cisaillement, limite entre la partie qui se déplace avec la particule et celle qui se
dépace indépendemment d’elle est doté d’un potentiel électrostatique, appelé potentiel Zeta (pour
une particule hydrophobe, sa valeur est de l’ordre de 40 à 100 mV).

La stabilité des particules colloïdales dans la solution (ex. Eau) est fonction du potentiel

Zeta. Ce potentiel dépend, par ailleurs, de la force ionique de l’eau. Celle-ci peut être calculée par

l’équation: cn, Zn

𝟏
𝝁= ∑ 𝑪𝒏 𝒁𝟐𝒏
𝟐 𝟎

µ = force ionique

Cn = concentration de l’ion n (mol/L)

Zn = valence de l’ion n

L’augmentation de la force ionique engendre la compression de la couche diffuse vers la


particule. Ce qui a pour effet la diminution du potentiel Zeta des particules hydrophobes.

II.2.5. Coagulants utilisés pour la destabilisation des particules et obtention de flocs


 Sulfate d’alumine (𝐴𝑙2 (𝑆𝑂4 )3 . 18𝐻2 𝑂)
 Aluminate de sodium (𝑁𝑎 𝐴𝑙𝑂2 )
 Chlorure d’aluminium 𝐴𝑙𝐶𝑙3
 Chlorure de fer 𝐹𝑒𝐶𝑙3
 Sulfate de fer 𝐹𝑒2 (𝑆𝑂4 )3
 𝐹𝑒𝑆𝑂4 , 𝐶𝑢𝑆𝑂4
II.2.6. Facteurs influencant la coagulation
 pH, pour les sels de Fe, Al sont resp. 4-6 et 5-7
 Sels dissous (pH optimale, temps de floculation, quantité de coagulant)
 Température de l’eau, surtout sur la décantation

Selon le pH sous lequel a lieu la clarification nous distinguons :


 Clarification acide (on n’ajoute pas de base) pour pH=4-6 ;
 Clarification neutre (en plus du coagulant on ajoute aussi une base ; habituellement
hydroxyde de calcium) ;
 Clarification alcaline a lieu sous un pH=9,5-10 en plus de l’hydroxyde est précipité
du coagulant aussi le CaCO3.

Etant donné que la plupart des matières organiques présentes dans les eaux de surface sont
de caractère acide, la coagulation est réalisée dans la région acide sous (pH=4-6).

II.2.7. Détermination des doses de réactifs

L’estimation de la dose optimale d’un coagulant utilisé pour une eau usée donnée se fait soit
par l’utilisation d’un dispositif appelé JAR TEST, soit en utilisant les formules chimiques.

L’estimation de la dose du coagulant pour les eaux de surface peut être faite au moyen de la
formule suivante :

𝐷 = 𝑐 ∗ 100

D : Dose du coagulant en mg.l-1
𝑐 : Concentration de 𝐻𝐶𝑂3− en mmol.l-1
100 : Facteur empirique, valable pour 𝐹𝑒𝐶𝑙3 . 6𝐻2 𝑂 ou 𝐴𝑙2 (𝑆𝑂4 )3 . 18𝐻2 0

Dans le cas de quantité insuffisante de 𝐻𝐶𝑂3− on ajoute avec la dose du coagulant une dose
de chaux ou soda dans les quantités suivantes :

Pour le chlorure de fer (𝐹𝑒 𝐶𝑙3 . 6𝐻2 𝑂)


𝒅 ∗ 𝟏, 𝟏𝟏
𝑫 = 𝟎, 𝟓 [( ) − 𝒎]
𝟏𝟎𝟎

Pour le sulfate d’aluminium (𝐴𝑙2 (𝑆𝑂4 )3 . 18𝐻2 𝑂)

𝒅 ∗ 𝟗, 𝟗
𝑫 = 𝟎, 𝟓 [( ) − 𝒎]
𝟏𝟎𝟎

𝑑 : est la dose de 𝐶𝑎𝑂 (chaux) ou 𝑁𝑎2 𝐶𝑂3 (soda) en mmol.l-1 sachant que 1 mm𝑙 𝐶𝑎𝑂 =
56,08 mg et 1 mm𝑙 𝑁𝑎2 𝐶𝑂3 = 106,00 mg
D : dose du coagulant en mg.l-1
m: concentration de 𝐻𝑂𝐶𝑂−3 en mmol.l-1

II.2.8. Cinétique de la coagulation - floculation

Du point de vue cinétique la coagulation-floculation a deux phases distinctes:

La première phase – appelée phase péricinétique est caractérisée par la formation d’une
grande quantité de microflocs grâce à un mélange rapide de l’eau polluée avec une dose de
coagulant. Ainsi est obtenue une dispersion uniforme du coagulant dans le volume d’eau et un
rapprochement des particules colloïdales entre elles. Cette phase dure quelques secondes
(jusqu’à 5 mn max.).
La deuxième phase est la phase orthocinétique. Le mélange obtenu dans la phase
péricinétique est continué de façon lente. Cette phase dure donc beaucoup plus longtemps que la
phase 1 (jusqu’à 30 mn.). Durant cette phase il y’ a formation de flocs plus grands (0,5 à 0,6
mm de diamètre) qui peuvent être ensuite éliminer par des procédés mécaniques (décantation,
tamisage,...etc.).

II.3. Décantation
II.3.1. Définition

La décantation appartient à l’un des procédés de séparation les plus répandus dans le
traitement des eaux. La séparation des substances solides a lieu grâce à la force de gravitation. En
pratique ce procédé est utilisé pour la séparation de particules dont la vitesse de décantation de la
particule 𝑉𝑝 est supérieure à 10-5 m/s.

Du point de vue décantation les paramètres importants sont le caractère et la concentration


de la suspension. Selon le caractère des particules on distingue dans le traitement des eaux la
suspension grenue (discrète) et la suspension floculante.

 La suspension grenue ou discrète est constituée de particules qui ne coagulent pas et


qui ont une vitesse de décantation constante.
 La suspension floculante est par contre caractérisée par des particules sujettes à
coagulation et qui ont une vitesse de décantation variable, les particules changent
donc de forme et de masse.

Selon la concentration de la suspension il faut distinguer entre les différents types de


décantation suivants:

 Décantation simple (libre) ou décantation de particules discrètes;


 Décantation de particules floculantes;
 Décantation freinée;
 Décantation en compression de boue.

Dans ce chapitre, nous traiterons seulement de la décantation simple ou libre.

II.3.2. Décantation libre (particules discrètes)

Dans la décantation libre, les particules gardent dans leur chute leur caractère individuel. Du
fait que les particules gardent leur caractère individuel, elles seront étudiées selon les lois
(formules) déduites pour la chute d’une particule isolée dans un liquide illimité et au repos.

Théorie de la Décantation libre

Pour simplifier nous considérons la chute d’une particule solide de forme sphérique. La chute
d’une sphère dans un liquide est due à la force de gravitation 𝐹g qui donne à la sphère une

accélération initiale. Par son mouvement, la particule crée une résistance (force de frottement) qui
s’exerce contre le mouvement créé par la gravitation que nous noterons 𝐹𝐷 . Cette force est donc
dirigée en sens inverse à la force 𝐹g . L’accélération initiale diminue très rapidement, les forces qui

s’exercent sur la sphère s’équilibrent (deviennent égales) et la particule (la sphère) chute avec une
vitesse constante.

Considérons les forces agissant sur la particule de forme sphérique selon la figure II.3

𝐹g

𝜌𝑝 𝜌𝑒

𝐹𝐷

𝐹𝑅
Figure II.3 Forces agissant sur une particule qui chute

𝐹g = 𝑉 ∗ g ∗ (𝜌𝑝 − 𝜌𝑒 )
𝜋. 𝑑 3 . g
𝐹g = ( ) ∗ (𝜌𝑝 − 𝜌𝑒 )
6
(𝐶𝐷 . 𝐴𝑝 . 𝜌𝑒 . 𝑉𝑝2 )
𝐹𝐷 =
2
𝜋. 𝑑 3 𝑑𝑉𝑝
𝐹𝑅 = 𝜌𝑝 ∗ ( )∗
6 𝑑𝑡

Où :
𝐹g : Force de gravité (N)

𝐹𝐷 : Force de frottement (résistance) (N)


𝜌𝑝 : Masse volumique de la particule (kg/m3)

𝜌𝑒 : Masse volumique de l’eau (eau) (kg/m3)


𝑉 : Volume de la section de la particule sphérique (m3)

𝐴𝑝 : Aire de la section de la particule (m2) = π d2/4

𝐶𝐷 : Coefficient de frottement
𝑉𝑝 : vitesse de chute de la particule (m/s)

g : Accélération de la pesanteur (m/s2)


𝒅 : Diamètre de la particule (m)

Le nombre de Reynolds 𝑁𝑅 est donné par l’équation connue en hydraulique :


𝑽𝒑 ∗ 𝒅
𝑵𝑹 =
𝝂

Ou
𝑽𝒑 ∗ 𝒅 ∗ 𝝆 𝒆
𝑵𝑹 =
𝜼

𝝂 : viscosité cinématique (m2/s)

𝜼 : viscosité dynamique du liquide (eau) (Pas)

Deux cas peuvent se présenter pour le calcul du coefficient de frottement CD :

𝑭𝑹 = 𝑭𝐠 − 𝑭𝑫

𝝅𝒅𝟑 𝒅𝑽𝒑 𝝅𝒅𝟑 (𝑪𝑫 ∗ 𝑨𝒑 ∗ 𝝆𝒆 ∗ 𝑽𝟐𝒑 )


( ) 𝝆𝒆 ∗ = [𝐠 ∗ ( ) ∗ (𝝆𝒑 − 𝝆𝒆 )] − [ ]
𝟔 𝒅𝒕 𝟔 𝟐

Après une accélération initiale, la particule descend avec une vitesse constant; donc :

𝒅𝑽𝒑
=𝟎
𝒅𝒕

D’où après remplacement et arrangement, la vitesse de chute est:

𝟏⁄
𝟒𝐠∗(𝝆𝒑 −𝝆𝒆 )∗𝒅 𝟐
𝑽𝒑 = [ (𝟑𝑪𝑫 ∗𝝆𝒆 )
] (2.2)

a) Si 𝑵𝑹 ≤ 𝟏

𝟐𝟒 𝟐𝟒𝜼
𝑪𝑫 = =
𝑵𝑹 (𝑽𝒑 ∗ 𝝆𝒆 ∗ 𝒅)

𝑽𝒑 = 𝐠 ∗ 𝒅𝟐 ∗ (𝝆𝒑 − 𝝆𝒆 )/𝟏𝟖𝜼
Cette équation est connue sous le nom d’équation de Stokes

𝟒
b) Si 1 < 𝑵𝑹 < 𝟏𝟎
𝟐𝟒 𝟑
𝑪𝑫 = ( ) + 𝟏⁄ + 𝟎, 𝟑𝟒 (2.3)
𝑵𝑹
𝑵𝑹 𝟐

Dan ce cas pour calculer la vitesse de chute 𝑉𝑝 de la particule, il faut procéder par essais en
utilisant les équations (2.2) et (2.3).

Pour de grandes valeurs du nombre de Reynolds 𝑁𝑅 (aire de Newton) les pertes de charge ξ
𝟏⁄
sont constantes et 𝑽𝒑 = 𝒅 𝟐

II.3.3. Procédés De Décantation :


 Décantation Statique

Dans le cas de la décantation statique, l’étude porte sur un décanteur rectangulaire à flux
horizontal. Il s’agit d’un décanteur idéal au sens de Hazen, ce qui requiert le respect de plusieurs
conditions :

 particules indépendantes tombant à leur propre vitesse ;


 écoulement laminaire sans turbulences ni courants ;
 floculation en amont du décanteur et sans remise en suspension de la boue ;
 et enfin toute perturbation thermique doit être négligée.

 Décantation lamellaire

La nécessité de disposer de décanteurs de faible surface pouvant admettre de forts débits a


mené les spécialistes à une modification de la technologie. Afin de satisfaire cet objectif, on dispose
de lamelles, tubes ou modules hexagonaux selon un angle α par rapport à l’horizontale. Chaque
élément est ainsi un décanteur unitaire.

La surface projetée 𝑺′ de chaque lamelle est égale à [𝑺. 𝐜𝐨𝐬(𝜶)] (Avec 𝑺 : surface réelle
d’une lamelle). Ainsi, l’expression de la charge hydraulique superficielle est :

𝑸
𝑽𝒔 =
𝐧. 𝑺. 𝒄𝒐𝒔 𝜶
Les décanteurs lamellaires sont considérés comme des décanteurs multi-étages dans lesquels
la surface S a été multipliée par le nombre de lamelles parallèles en respectant l’angle permettant
l’évacuation des boues. On distingue trois possibilités de circulation de l’eau et des boues :

 décantation à co-courant (circulation dans le même sens de l’eau brute et des boues) ;
 décantation à contre-courant (sens contraire eau et boues) ;
 décantation à courants croisés.

 Décantation à contact de boues


 Décantation à flot lesté
 Décantation avec réactifs chimiques. Dans ce type de décantation, on fait appel à des
réactifs appelés coagulants.

II.4. Epuration biologique

L’épuration biologique est toute technique d’épuration des effluents bruts liquides ou
gazeux faisant intervenir des microorganismes pour l’oxydation des substances organiques
biodégradables, en particulier les substances carbonées, azotées et phosphorées.

Dans les procédés biologiques de traitement des eaux polluées, sont utilisés différents
microorganismes vivants « MOV » responsables d’un grand nombre de transformations chimiques
et biochimiques, qu’on peut rencontrer dans l’interface eau-sol. Ce traitement imite en quelque sorte
les procédés utilisés par la Nature.

Les microorganismes peuvent être divisés selon leur

 Affinité à l’oxygène en :
 microorganismes aérobies – besoin d’oxygène moléculaire pour leur survie ;
 microorganismes anaérobies – capables de vivre dans un milieu sans
oxygène ;
 microorganismes facultativement anaérobies – capacité de vie avec ou sans
oxygène.
 Affinité au carbone en :
 Autotrophes : pas besoin de composés organiques pour leur métabolisme
mais utilisent les matières inorganiques pour acquérir le carbone nécessaire
sous forme de 𝐶𝑂2 . Pour l’assimilation, ils utilisent l’énergie lumineuse
(photosynthèse grâce aux plantes vertes, algues et certaines bactéries) ou bien
l’énergie chimique (chimiosynthèse réalisée par uniquement
certaines bactéries) ;
 Hétérotrophes : une source organique de carbone est indispensable pour leur
survie.

Dans la nature les matières organiques sont minéralisées sous des conditions aérobies ou
anaérobies.

Sous conditions aérobies : les produits finaux sont 𝐶𝑂2 , 𝐻2 𝑂, 𝑁𝑂3 , …etc., et la
minéralisation obtenue est complète.

En revanche, sous conditions anaérobies : il y’a toujours des produits intermédiaires–


métabolites (par ex. acides organiques et méthane) qui ne se décomposent plus ensuite.

II.4.1. Procédés aérobies


II.4.1.1. Croissance bactérienne discontinue

Le déroulement de l’élimination biologique de matières organiques dépend essentiellement


de la concentration d’entrée de matières organiques (substrat), de la concentration de
microorganismes épurateurs et du temps de contact du substrat avec les microorganismes (en plus
d’autres facteurs ambiants). Ces paramètres de base permettent de contrôler le processus de
dépollution.

Dans les conditions normales favorables, chaque cellule de microorganisme


(microorganismes unicellulaires) se divise en deux (2) en un intervalle de temps qui est spécifique
et dépendant de plusieurs facteurs. Cet intervalle de temps est appelé temps générationnel. C’est le
temps nécessaire au doublement du nombre de cellules (microorganismes) ou de la biomasse.

Si le nombre initial (au temps 𝑡 = 0) de microorganismes est 𝐍𝟎 , nous aurons après n


générations ( ou après un temps t) un nombre 𝐍𝐧 = 𝟐𝐧 . 𝐍𝟎

Cependant, la croissance de la population microbienne dans une culture donnée ne suit pas
toujours la loi exponentielle, n’est pas toujours continue mais le plus souvent elle se déroule de
façon discontinue.

Selon des études faites sur la croissance microbienne, on peut distinguer (selon les auteurs)
jusqu’à 6 phases de croissance :
 Phase de latence : Phase assez courte – une partie de microorganismes meure
(n’arrivant pas à s’adapter au nouveau milieu ou substrat) et une autre s’adaptera
rapidement et aura suffisamment de nutriments- substrat) ;
 Phase de croissance accélérée : Les bactéries ont suffisamment de substrat et
leur nombre croitra rapidement jusqu’à atteindre une vitesse de croissance
maximale à la fin de la phase ;
 Phase exponentielle : Phase caractérisée par une durée plus importante que la
précédente et le nombre de microorganismes naissants suit une loi exponentielle
par suite de suffisance de substrat. La vitesse de croissance reste constante
jusqu’au moment où commence à diminuer la quantité de substrat ;
 Phase de croissance décélérée (freinée) : C’est la phase caractérisée par une
transition courte entre la phase exponentielle et la phase stationnaire. Elle peut
être considérée comme une extrapolation de la phase exponentielle ;
 Phase stationnaire : Par l’augmentation du nombre de microorganismes, la
quantité du substrat diminue et la quantité de produits métaboliques (quantité de
matières dégradées) augmente, ce qui va engendrer soit la faim, soit
l’intoxication de cellules. La phase stationnaire commence lorsque le nombre de
cellules mortes est égal au nombre de cellules naissantes. Dans cette phase, le
substrat contenu dans la solution (eaux usées) est pratiquement épuisé et la
croissance des cellules est arrêtée ;
 Phase de déclin : L’insuffisance du substrat provoque la mort des
microorganismes et leur minéralisation continue, et ainsi commence la
diminution de la biomasse.

La courbe de croissance ne peut être étudiée que dans un système discontinu. Le plus simple
est de décrire la courbe de croissance pour la phase exponentielle. Dans cette phase les cellules se
multiplient selon la relation :

𝑿 = 𝑿𝟎 × 𝒆𝝁𝒕 (II.4.1)

Où 𝑋, 𝑋0 : concentration de la biomasse (nombre de microorganismes dans une unité de volume) au


temps 𝑡 et 𝑡0 ,

𝜇: vitesse de croissance spécifique


Si on exprime le temps nécessaire au doublement du nombre de microorganismes au début
de la courbe (II.4.1) par 𝒕𝑮 ce temps sera égal à :

𝒍𝒏𝟐 𝟎,𝟔𝟗
𝒕𝑮 = = (II.4.2)
𝝁 𝝁

Si on néglige l’influence des inhibiteurs, la vitesse de croissance spécifique dépendra de la


concentration du substrat limitant (𝑆) selon la formule de Monod :

𝑺
𝝁 = 𝝁𝒎𝒂𝒙 ∗ ( ) (II.4.3)
𝑲𝑺 +𝑺

𝑺 : La concentration du substrat S limitant la croissance des microorganismes considérés

𝜇 : vitesse de croissance spécifique de microorganismes

𝜇𝑚𝑎𝑥 : vitesse de croissance spécifique maximale de ces microorganismes

𝝁𝒎𝒂𝒙
𝐾𝑆 : Coefficient de saturation ou constante de demi-vitesse ie la valeur de 𝑺 quand vaut 0,5
𝝁
𝝁𝒎𝒂𝒙
tel que 𝝁 =
𝟐

Figure 4.II.1. Ajustement de l'équation de Monod aux données observées.

La majorité des procédés d’épuration est continuelle. Le cas le plus simple est la culture
obtenue de façon continuelle sans recirculation de microorganisme (Fig. II.4.2):

Q, S0
S, X, V

O2 S, X, Q

Fig. II.4.2 Schéma d’une culture continue sans recirculation de microorganismes

(Schéma reproduit avec l’aimable autorisation des auteurs de l’ouvrage [6])

Dans un bassin aérobie de volume V coule un débit de solution (des eaux résiduaires) avec
une concentration de substrat S0. Dans le bassin la concentration de substrat est S et la concentration
de la biomasse (microorganismes) est X, la sortie d’eau du bassin est en volume égal à l’entrée
d’eau Q, la concentration de substrat et des microorganismes est aussi la même dans le bassin et à la
sortie de celui-ci. En dehors du fait que les microorganismes se multiplient, ils meurent aussi.

𝒅𝑿
Le changement total de la concentration de microorganismes en un instant ( 𝑑𝑡), est égal
𝒅𝒕
à l’augmentation de la concentration en un instant donné

𝒅𝑿
= 𝝁𝑿𝟎 . 𝒆𝒙𝒑(𝝁𝒕) = 𝝁𝑿 (II.4.4)
𝒅𝒕

Diminué d’une dégradation de la concentration en biomasse (microorganismes) par manque de


substrat

𝒅𝑿
= −𝑲𝒅 . 𝑿 (II.4.5)
𝒅𝒕

𝑲𝒅 : est une constante de vitesse de dégradation de la biomasse

Et diminué d’une dégradation de la concentration en biomasse par écoulement du bassin


𝒅𝑿 𝑸
= − ( ) . 𝑿 = 𝑫. 𝑿 (II.4.6)
𝒅𝒕 𝑽

Où 𝑫 est la vitesse de dilution des cellules

Ainsi donc

𝒅𝑿
= 𝝁𝑿 − (𝑲𝒅 . 𝑿 + 𝑫. 𝑿) (II.4.7)
𝒅𝒕

La vitesse du changement de la concentration des microorganismes (biomasse) dans le


réacteur est égale à la vitesse d’accroissement des microorganismes (biomasse) diminuée de la
vitesse de dégradation et de la vitesse d’entrainement des microorganismes du bassin.

Après obtention de l’état stable, l’équation d’équilibre s’écrit :

𝒅𝑿
=𝟎
𝒅𝒕
L’état stable dans un système continu a donc lieu lorsque :

𝝁 = 𝑲𝒅 + 𝑫

Les concentrations de microorganismes et du substrat dans le réacteur sont donc constantes.

L’équation (II.4.7) ne décrit que des conditions les plus simples lors de l’élaboration d’une
culture simple de microorganismes. Les eaux usées sont d’habitude un mélange varié de différentes
matières organiques (un substrat à plusieurs composantes) et en épuration des eaux, on opère avec
une culture mixte contenant des espèces différentes de microorganismes aux différents temps de
génération et aux différentes vitesses spécifiques de croissance.

Les procédés biologiques se distinguent aussi par leur origine. L’organigramme suivant
donne leur classification :
épuration par
irrigation

Naturelles filtration des sols

épuration dans les


Méthodes aérobies bassins d'activation
de traitement
biologique

filtres biologiques

Artificielles

épuration par boue


activée

Les méthodes naturelles d’épuration des eaux usées sont utilisées uniquement lorsque les
conditions géologiques, hydrogéologiques et climatiques sont réunies. Leur efficacité
d’épuration dépasse en général 95% en DBO5. Ces méthodes nécessitent cependant de
grandes surfaces.
Le procédé d’épuration dans les biofiltres ou filtres biologiques ont lieu sur la surface
d’un matériel grossier avec aération suffisante. Sur la surface des grains constituant la
couche de matériel granuleux se forme un film biologique constitué d’un grand nombre
de microorganismes aérobies. Ce biofilm capte et minéralise les matières organiques
dissoutes, colloïdales et MES.
Epuration dans des colonnes biologiques
Le plus efficace des procédés biologiques est le procédé par boue activée.

Ce dernier procédé d’épuration aérobie est actuellement le plus utilisé. C’est en quelque
sorte une imitation des procédés d’autoépuration dans les cours d’eau et leur intensification dans
des bassins artificiels avec apport suffisant d’air.

La notion de boue activée renvoie à une biocénose complexe de microorganismes aérobies


et facultativement anaérobies, composée en grande partie d’espèces variées de bactéries. Les
bactéries filamenteuses sont à proscrire dans ce type de traitement. L’activation est un processus de
formation continue de boue activée.
II.4.1.2. Oxydation biologique

L’oxydation biologique donc correspond à la dégradation des polluants gazeux (ex.


traitement des gaz dangereux captés sur les lieux de travail) ou liquides (ex. traitement des eaux
usées domestiques) par des microorganismes. Ces microorganismes sont le plus souvent des
bactéries, mais peuvent aussi être des champignons, moisissures, levures ou algues. Ils utilisent les
polluants pour leur propre biosynthèse (anabolisme) ou comme source d’énergie (catabolisme). Les
composés organiques, par exemple, seront utilisés comme source de carbone, en présence
d’oxygène. Ainsi, l’oxydation complète d’un substrat organique carboné va conduire à la formation
de biomasse et de composés minéraux (𝐶𝑂2 et 𝐻2 𝑂).

 Les microorganismes se développant en phase aqueuse, les composés susceptibles d’être


dégradés et l’oxygène nécessaire devront être transférés vers la phase aqueuse dans
laquelle la dégradation biologique aura lieu. Ainsi donc la biodégradation s’effectue en
deux étapes : absorption du polluant dans la phase aqueuse et puis son oxydation.
 Les conditions opératoires remplies, les performances d’un tel système seront fonction
des propriétés physico-chimiques de la pollution organique à biodégrader. La solubilité
et bien sûr la biodégradabilité des molécules des polluants seront des facteurs
importants.

II.4.1.3. Les polluants

Les composés à éliminer par la voie biologique devront être :

 Non toxiques : le bromométhane ainsi que de nombreux polluants aromatiques


chlorés ne peuvent pas être traités ;
 Suffisamment biodégradables ;
 Suffisamment solubles ;
 Non générateurs de métabolites indésirables.

Les organochlorés et les organosoufrés dont le traitement génère 𝐻𝐶𝑙 et 𝐻2 𝑆𝑂4 qui rendent
le pH du milieu très acide, incompatible avec l’activité biologique, exigent l’ajout de 𝐶𝑎𝐶𝑂3 pour
tamponner le milieu.
II.4.1.4. Le temps de séjour

Le temps de séjour permet de définir le volume du lit (bassin d’aération) nécessaire. Une
étude expérimentale permettra d’établir une courbe « rendement/temps de séjour » qui facilitera le
choix quant aux dimensions du bassin.

II.4.1.5. Les conditions opératoires

La bio-épuration exige une température optimale pour les microorganismes mésophiles


entre 10 et 40°C, la température de 55°C est la limite maximale à ne pas dépasser. L’humidité du
milieu doit rester dans l’intervalle 40-60%. Le pH du milieu doit être compatible avec la vie
microbienne (de 5 à 8). La concentration en oxygène doit être suffisamment importante pour
maintenir des conditions aérobies.

II.4.1.6. Procédé par boues activées «procédé d’activation »

II.4.1.6.1. Introduction
Le procédé par boues activées, également appelé procédé d’activation est le procédé
biologique le plus utilisé pour l’épuration des eaux usées.

L’activation est un process complexe, composé de l’activation proprement dite et de la


séparation des boues activées (Fig.II.4.8). L’activation a lieu dans des bassins d’activations (bassins
d’aération) et la séparation (le plus souvent par décantation) se fait dans des décanteurs secondaires
(appelés aussi clarificateurs).

Fig. II.4.8 Schéma d’activation


(1) Eau à traiter (eau usée), (2) eau traitée (eau épurée), (3) bassin d’activation (d’aération), (4)
bassin de décantation (clarificateur) , (5) apport d’air (d’oxygène), (6) mélange boue activée + eau
usée, (7) boue de retour (boue recirculée), (8) boue en excès (évacuée).

II.4.1.6.2. Principe
Dans le bassin d’activation l’eau brute est mélangée avec des boues activées et
l’oxygénation de ce mélange a lieu par l’air ou l’oxygène pur tout en maintenant un mélange
intensif. Durant le séjour du mélange dans le bassin d’aération(on utilisera indifféremment bassin
d’aération ou bassin dáctivation) il y’a augmentation de la quantité des boues et en même temps une
dimunition de matières organiques biodégradables dans l’eau traitée.

Les boues activées avec l’eau constituant soit-disant le mélange activé coule vers le
clarificateur ou décanteur secondaire où ils se séparent. Les boues s’épaississent et retournent
comme boues de recirculation dans le bassin d’aération. Une partie des boues activées est extraite
comme boues en excès. Du clarificateur est évacuée l’eau usée biologiquement épurée.

II.4.1.6.3. Parametres d’activation


On distingue les paramètres d’activation de base et les paramètres d’activation
déduits. Les paramètres d’activation de base constituent quatre groupes:

 Le débit d’eau brute Q0 , le débit des boues en excès Qex et le débit des boues de retour
Qr tous exprimés en m3.j-1;
 La concentration de matières organiques dans l’eau brute (S0 ) , dans le bassin
d’aération (Sa ) et dans l’eau épurée (Se ) exprimée en kg.m-3;
 Concentration du résidu sec des boues (résidu organique) dans le bassin d’aération
(Xa), des boues de retour (Xr) et concentration des MES de l’eau épurée (Xe) exprimée
en kg.m-3 et enfin
 Volumes des deux bassins Va et Vc en m3.

II.4.1.6.4. Parametres d’activation deduits


 Temps de séjour Ts (en h ou en j selon le débit d’entrée)
𝑽𝒂
𝑻𝒔 =
𝑸𝟎
 en considérant en plus les boues de retour on a le temps de contact
𝑽𝒂
𝑻′ =
(𝑸𝟎 + 𝑸𝒓 )
avec
𝑸𝒓
𝑹=
𝑸𝟎

On a

𝑻𝒔
𝑻′ =
(𝟏 + 𝑹)

𝑹 : Taux de boues recirculée


 Age des boues A(j) avec
𝑽 𝒂 . 𝑿𝒂
𝑨=
[𝑸𝒆𝒙 . 𝑿𝒓 + (𝑸𝟎 − 𝑸𝒆𝒙 ). 𝑿𝒆 ]

les symboles sont déjà expliqués


 Charge volumique Cv en kg.m-3.j-1
𝑸𝟎 . 𝑺𝟎
𝑪𝒗 =
𝑽𝒂

𝑺𝟎
𝑪𝒗 =
𝑻𝒔

Il indique la quantité de matières organiques dans les eaux usées apportée à une unité de
volume du bassin d’aération en une unité de temps.
 Charge massique Cm en kg.kg-1.j-1
𝑸𝟎 . 𝑺𝟎
𝑪𝒎 =
𝑽𝒂 . 𝑿𝒂

𝑺𝟎
𝑪𝒎 =
𝑿𝒂 . 𝑻𝒔

𝑪𝒗
𝑪𝒎 =
𝑿𝒂
Ce paramètre indique quelle est la quantité de substrat (matières organiques) est disponible
pour les microorganismes dans les boues activées.

Selon les valeurs de ces deux parametres de charge on définit les différents types de charge
des stations d’épuration:

Tableau II.4.2.4.1 Valeurs des charges volumiques et massiques en fonction des types de charge

Type de charge 𝐶𝑚 𝐶𝑣
Forte charge 0,4 à 1 1,5
Moyenne charge 0,15 à 0,35 0,5 à 1,5
Faible charge 0,1 0,3
Aération prolongée 0,07 0,25

Une station d’épuration présentant un faible volume de bassin et recevant beaucoup de


pollution est dite une station à forte charge. Elle est dite à faible charge dans le cas contraire.

On distingue aussi des STEP à moyenne charge.

 Indice de MOHLMAN IM [ml.g-1 ]


𝑽𝟑𝟎
𝑰𝑴 =
𝑴𝑺

𝑉30 : Volume relatif des boues après 30 mn de décantation en l.m-3 ramené au volume total des
boues ,
𝑀𝑆 : Concentration nominale en kg.m-3.
 Le rendement de la station d’épuration (%)
(𝑺𝟎 − 𝑺𝒆 )
𝑬 = 𝟏𝟎𝟎. (%)
𝑺𝟎

Selon le rendement on distinge des STEP de grande efficacité (95% de réduction de DBO5),
d’efficacité moyenne (env.90%), de faible efficacité (80%) et d’efficacité partielle (<70%).

II.4.1.6.5. Boues biologiques:


II.4.1.6.5.1. Production de boues:
La connaissance de la quantité des boues biologiques est indispensable pour le
dimensionnement de la filiere boue.
La quantité des boues produite a fait l’ objet de plusieurs modèles d’évaluation. Parmi les plus
connus, on peut citer celui d’ Eckenfelder . Ce modèle s’applique uniquement aux stations de forte
et moyenne charge. Il est exprimé par la formule suivante:
𝑷 = 𝑺𝒎𝒊𝒏 + 𝑺𝒅𝒖𝒓 + 𝒂𝒎 ∗ 𝑳𝒆 − 𝒃 ∗ 𝑺𝒗 − 𝑺𝒆𝒇𝒇
Où:
𝑷: Production de boeus biologiques en kg de MS par jour;
𝑺𝒎𝒊𝒏 :Masse de matières minérales en suspension de l’eau brute évaluée à 30% des MES;
𝑺𝒅𝒖𝒓 :Masse de matières en suspension difficilement biodégradables évaluée à 17,5% des MES;
𝑳𝒆 :Masse de DBO5 éliminée par jour;
𝑺𝒗 :Masse de boues organiques dans le bassin d’aération en kg de MVS;
𝑺𝒆𝒇𝒇 :Masse de boues évacuées avec l’ effluenttraité en kg de MES par jour;
𝒂𝒎 : Biomasse produite par kg DBO5 ;
𝒃 : Fraction de biomasse détruite par jour.

Les coefficients am et b sont fonction de la charge massique. En aération prolongée, ils sont
pris respectivement égaux à 0,6 et 0,055.

Tableau II.4.2.5.1 Coefficients en fonction de la charge massique

𝑪𝒎 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5

𝒂𝒎 0,66 0,59 0,56 0,53 0,5

𝒃 0,065 0,07 0,07 0,07 0,07

II.4.1.6.5.2. Aeration (Besoins en oxygène):


L’oxygène est indispensable dans tout procédé biologique aérobie. Les bactéries épuratrices
ont besoin de cet élément pour leur travail de dépollution. Ces besoins dépendent du degré de
pollution carbonée et azotée à éliminer chaque jour et de la consommation de la biomasse. La
quantité d’oxygène nécessaire à la dégradation du carbone se divise en quantité nécessaire à la
respiration endogène et la dégradation de la DBO5. Ces quantités sont calculées par 𝑏 ′ . 𝑆𝑣 et 𝑎′ . 𝐿𝑒 .

Evaluation des besoins en O2 pour aération est donnée par la formule suivante:

kg
𝑩𝑶 = 𝒂′ . 𝑳𝒆 + 𝒃′ . 𝑺𝒗 + 𝟒, 𝟑𝑵𝑵 − 𝟐, 𝟖𝟓. 𝒄′ . 𝑵𝑫𝑵 ( ⁄j)

Où :

𝑩𝑶: Besoin théorique en oxygène pour l’aération brassage en kg par jour

𝒂′ : Quantité d’oxygène nécessaire à l’oxydation de 1kg de DBO5 (faible charge: 0,65 et moyenne /
forte charge de 0,5 à 0,6)

𝑳𝒆 : Masse de DBO5 éliminée par jour

𝒃′ : Quantité d’oxygène nécessaire à la respiration endogène de 1kg de MVS de boues par jour (0,06
à 0,07 pour faible charge; 0,080 pour moyenne charge et 0,1 pour forte charge)

𝑺𝒗 : Masse de boues organiques dans le bassin d’aération en kg de MVS

4,3: Taux de conversion de l’azote réduit en azote nitrique


𝑵𝑵 : Flux d’azote à nitrifier en kg de N

2,85: Taux de conversion de l’azote nitrique en azote gazeux


𝒄′ : Fraction de l’oxygène des 𝑵𝑶−
𝟑 récupérée par dénitrification (entre 60 et 70%)

𝑵𝑫𝑵 : Flux d’azote à dénitrifier en kg de N

Tableau III.1.3.5.2 Valeurs des coefficients 𝒂′ et 𝒃′ en fonction de Cm

𝑪𝒎 <0,1 0,1 0,15 0,2 0,3 0,4 >0,5

𝒂′ 0,66 0,65 0,62 0,6 0,56 0,53 0,5

𝒃′ 0,06 0,075 0,085 0,7 à 1,2


II.4.1.6.5.3. Clarification

À la différence des boues filamenteuses, les boues biologiques sont des boues floconneuses
de densité proche de celle de l’eau. Leur type de décantation appartient au groupe de décantation
freinée, c’est à dire que la chute d’une particule de floc est influencée par celle des autres. Leur
sédimentation se passe en masse à partir d’une certaine concentration. Selon la théorie de KYNCH,
la vitesse de chute est fonction de la concentration. Elle est donc élevée en haut du clarificateur et
diminue continuellement jusqu’au fond. L’Indice de MOHLMAN caractérise l’aptitude des boues à
décanter. Cet indice varie en fonction de la charge massique du bassin et des caractéristiques de
l’eau brute (il est proche de 90 ml/g de MVS pour une faible charge et 130 ml/g pour une forte
charge).

Le clarificateur (décanteur secondaire) est situé après le bassin d’aération, donc en aval du
traitement biologique. Il assure la séparation de l’eau épurée de la biomasse floculée. Le mélange
(eau brute + boues activées) convenablement aéré et brassé, entre dans le clarificateur avec une
concentration de 3 à 4 g.L-1. L’eau sortant du clarificateur voit sa concentration en MES diminuer
jusqu’à 30 mg.L-1, soit un rendement d’élimination de 99%. Afin d’atteindre ce rendement, il est
important de bien concevoir et dimensionner cet ouvrage.

II.4.1.6.5.3.1. Dimensionnement du clarificateur

Un des premiers paramètres à considérer est la vitesse ascensionnelle, ou charge hydraulique


𝑸𝒑
superficielle, définie par le rapport , où 𝑸𝒑 est le débit de pointe en 𝒎𝟑 . 𝒉−𝟏 et 𝑺 la surface du
𝑺
plan d’eau du clarificateur en 𝒎𝟐 .

Afin d’éviter toute surcharge hydraulique qui influerait sur la décantation, il est
indispensable de tenir compte du débit de pointe. On préconise généralement des vitesses
ascensionnelles inférieures à 0,4 𝒎. 𝒉−𝟏 pour des installations à faible charge.
Un autre paramètre important est la charge superficielle massique, également appelée charge
au radier. Ce paramètre quantifie le flux horaire de boues entrantes par m2 et il est donné par la
relation suivante :

(𝑸𝑬𝑩 + 𝑸𝑹)
𝑫é𝒃𝒊𝒕 𝒎𝒂𝒔𝒔𝒊𝒒𝒖𝒆 = ∗ 𝑴𝑺𝑩𝑨 (𝒌𝐠 𝐌𝐒. 𝒎−𝟐 . 𝒉−𝟏 )
𝑺

Tableau III.1.3.5.3.1 Paramètres de dimensionnement d’un clarificateur

Clarificateur classique Clarificateur lamellaire

Moyenne Cm Faible Cm Moyenne Cm Faible Cm


Charge hydraulique. 1,2 0,4 0,45 0,3
Charge au radier 5 5 25 25

(Tableau reproduit avec l’aimable autorisation des auteurs de [1])

Tableau III.1.3.5.3.2 Paramètres principaux des Stations d’épuration à boues activées.

Paramètres Forte charge Moyenne Faible charge


charge
𝑪𝒎 >0,5 0,2 à 0,5 0,1

𝑪𝒗 >1,3 0,6 à 1,3 0,3

MS 1à2 3à5 3à5


Âge des boues 1 >10 >15
Production de 1à2 0,8 à 1 0,6 à 0,8
boues (𝑷)
Besoins en 0,4 à 0,8 0,8 à 1,2 2
Oxygène (𝑩𝑶)
Nitrification difficile avancée complète
RENDEMENTS en %
DBO5 65 à 87 90 à 93 93 à 97
DCO 60 à 83 85 à 88 88 à 95
MES 70 à 92 88 à 96 88 à 97

(Tableau reproduit avec l’aimable autorisation des auteurs de [1])

II.4.1.7. Épandage

Cette technique agricole consiste à répandre divers produits sur des zones cultivées, soit
pour améliorer leur fertilité en leur apportant des éléments nutritifs (issus de la production agricole
ou des stations d’épuration), soit pour éliminer certains produits nocifs par des procédés naturels
d’auto-épuration des sols.

II.4.1.7.1. Produits utilisés :

Les produits utilisés dans l’épandage peuvent être :

 Des biocides, pesticides (herbicides) ;


 Des engrais chimiques (nitrates, phosphates, potassium, mélanges...) ;
 Des produits naturels, comme des excréments animaux ;
 Des boues d’épuration urbaines;
 Des effluents liquides (urbains, industriels) ;
 Des boues d'origine industrielle.

II.4.1.7.2. Les différents modes d’épandage :

Les épandages peuvent être:

a) Épandage aérien de pesticides:


Ce mode d'épandage est celui qui est le plus susceptible de polluer l'air. Il est peu utilisé en
Europe, mais fréquent aux États-Unis.

Pour des raisons de santé publique, il est interdit dans de nombreux pays (des dérogations
sont possibles pour des cas particuliers). Il vise généralement la démoustication ou la protection des
végétaux, au moyen d'aéronefs. Il fait en Europe et en France l’objet de réglementations.

Des risques importants de dérive de produits sous forme d'aérosols ou de gouttelettes


existent. On réserve donc les épandages à des zones peu accessibles ou de faible portance (Ex :
marais à démoustiquer) et/ou à des végétaux assez hauts, avec des conditions de météorologie, de
topographie (pentes/ruissellement), pédologiques, quand il y a urgence (espèce envahissante et à
risques..) ou pour des surfaces trop importantes pour permettre l'utilisation de matériels "terrestres".

Il est plus fréquemment utilisé en Amérique du Nord sur les grandes exploitations, et l'a été
en Amérique du Sud pour la lutte contre les cultures destinées au marché de la drogue ou durant la
guerre du Vietnam (défoliants).

En Europe, depuis le 26 novembre 2011, tous pesticides utilisés en épandage aérien doivent
avoir fait l'objet d'une évaluation spécifique à cet usage.

b) Épandage de boues

L'épandage de boues liquides, issues de station d’épuration petite à moyenne, est effectué à
l'aide d'une tonne à lisier. Les boues pâteuses sont épandues à l'aide d'épandeurs (type épandeur à
fumier par exemple).

L'épandage de boues comprend trois filières, à savoir:

 La filière liquide;
 La filière solide et pâteuse;
 La filière compostage.

Des plans d’épandages sont établis et des règles précises sont fixées pour la qualité des
boues dont :

 Des taux maximums pour les éléments traces métalliques (ETM) ;


 Des taux maximums pour les composés traces organiques (CTO) ;
 Preuve de l’innocuité sur les sols ;
 Interdiction d’épandage à moins de 100 mètres des habitations et à moins de 35
mètres des puits, cours d’eau ou forages ;
 Interdiction d’épandage sur sols détrempés ou inondés ;
 Valeur limite de 3 kg de matière sèche par mètre carré en 10 ans ou à 30 tonnes de
matière sèche par ha en 10 ans.

II.4.1.7.3. Traitement des eaux résiduaires urbaines

En France en 2004, le traitement des eaux résiduaires urbaines a généré plus de 900,000
tonnes/an de matière sèche (50 grammes de matière sèche par jour et par habitant) issue des boues
d’épuration. Entre 55 et 60 % d'entre elles sont épandues en agriculture, tandis que 20 à 25 % sont
mises en décharge et 15 à 20 % sont incinérées. Cependant en raison de l’accroissement
démographique, de la croissance du parc des stations d’épuration (step) et de l’amélioration du
rendement d’épuration, la production de produits résiduaires ne cesse d’augmenter, alors que les
filières de recyclage et d’élimination diminuent. La surface agricole utile concernée par les
épandages de boues d'épuration ou de boues industrielles est très faible (moins de 5 % de la SAU).

La filière épandage reste le débouché le plus pertinent d'un point de vue environnemental
(apports d'engrais naturels se substituant aux engrais du commerce et de matière organique
nécessaire à l'entretien des sols) et économique (coûts d'épandage plus faibles que l'incinération ou
le stockage ("mise en décharge").

II.4.1.8. Lagunage

Le lagunage, est une technique naturelle d’épuration des eaux qui se base sur l’élimination
de l’eutrophisation. Le principe est de recréer des bassins « tampons » durant lesquels les eaux
usées vont transiter, avant d'être rejetées dans le milieu naturel. Les phénomènes d'auto-épuration
des eaux se font ainsi dans ces bassins, de grande surface, plutôt que dans le milieu naturel (lac,
rivière) qui est ainsi préservé des conséquences néfastes de ce phénomène d'auto-épuration (la
dégradation de la matière organique par les micro-organismes aérobies, entraine une chute du taux
d’oxygène dissous, ce qui a pour conséquence d'asphyxier la macrofaune et la macroflore
aquatique).

II.4.1.8.1. Description :
Le lagunage consiste à établir un écoulement lent par gravité des eaux usées dans plusieurs
bassins de rétention peu profonds en éliminant le risque d’infiltration dans les eaux souterraines.
Pour cela, les bassins sont rendus étanches par la mise en place d'une géomembrane synthétique, ou
plus rarement par une couche d'argile compactée.

II.4.1.8.2. Fonctionnement :

Comme dans toute station d'épuration collective, l'eau usée est généralement prétraitée au
préalable par un dégrilleur (élimination des déchets solides grossiers de type bouteilles, branches,
etc...) et éventuellement un dégraisseur/dessableur (décanteur et insufflateur d'air, dimensionnés
pour des vitesses ascensionnelles rapides et permettant la décantation du sable et la flottation des
graisses).

Les premiers bassins sont des bassins à micro-organismes, où est dégradée la matière
organique contenue dans les eaux usées. L'eau transite ensuite dans des bassins moins profonds,
dont le but est le traitement de l'azote (généralement transformé en nitrates lors de la dégradation de
la matière organique par les micro-organismes) et du phosphore. La photosynthèse favorise le
développement de microphytes (planctons, algues) qui consomment de l'azote et du phosphore.

Il est possible d'optimiser le fonctionnement d'une lagune en la plantant de macrophytes


(iris, roseaux, joncs ...). Ces derniers assurent une oxygénation complémentaire des sédiments, et
absorbent une partie des éléments minéraux issus de la dégradation de la matière organique pour
leur croissance.

Le fonctionnement d'une lagune peut être optimisé également par la mise en œuvre de
brasseurs d'eau ou d'aérateurs dans les premiers bassins, ce qui favorise la recirculation de l'eau.
Dans ce cas, on parle de lagunage à haut-rendement ou de lagunage aéré.

Cette technique présente la caractéristique de nécessiter une surface importante, entre 15 et


20 m² pour un volume de 50 m³ d'eau, voilà pourquoi on lui attribue la propriété extensive. Le
temps de séjour doit être élevé (minimum 30 jours, voire plus). Les boues se concentrant sur le fond
et intervenant dans la biologie du système ne doivent être évacuées qu'après quelque 5 à 10 années.

Une lagune peut servir en tant que traitement à part entière pour des petites collectivités (de
l'ordre de 100 à 1000 Equivalents-Habitants).
Une lagune peut également servir de traitement de finition en sortie d'une filière intensive de
type boue activées, afin d’affiner les performances de traitement, dans les cas où c'est nécessaire
(présence de sites classés ou zones sensible, performances exigées sur le paramètre phosphore ou
sur les micro-organismes pathogènes).

II.4.1.8.3. Entretien

Pour que le système fonctionne au mieux, il est nécessaire d'effectuer chaque semaine un
nettoyage des pré-traitements, une tonte régulière des abords, et une surveillance de l'ensemble de la
station. Pour éviter toute contamination de l'eau, il faut faucarder les macrophytes chaque année,
en automne. C'est l'un des principaux postes d'entretien des stations de lagunage. Il faut également
prévoir, tous les 5 à 10 ans, l'élimination des boues accumulées au fond de la lagune « c'est
l'opération de curage ». Deux techniques sont envisageables :

 la première, la plus usitée, consiste en la vidange de la lagune suivie du raclage des


sédiments, à l'aide d'un engin de chantier par exemple. Elle nécessite toutefois la mise en place d'un
bypass des eaux usées le temps du raclage.
 la seconde, non invasive, consiste en un pompage des boues par l'intermédiaire d'un
radeau qui se déplace en surface de la lagune. Cette méthode ne nécessite pas de modifier le
fonctionnement habituel de la lagune.

II.4.1.8.4. Organismes utilisés:

Les organismes participant aux processus d'épuration, en particulier les bactéries et les
algues, sont classés selon leur activité en organismes hétérotrophes et organismes autotrophes.

Le premier bassin est la lagune à microphytes où l’on trouve les bactéries et les algues
microscopiques. La minéralisation de la matière organique soluble en suspension est assurée par les
bactéries aérobies, elles la transforment en eau, gaz carbonique, nitrates et phosphates . Ces
composés simples vont être assimilés par les algues qui, grâce à la lumière du soleil, vont effectuer
la photosynthèse pour assurer leur métabolisme et libérer de l’oxygène essentiel pour la vie des
bactéries aérobies dans la lagune. La matière organique sédimentant au fond des bassins
(décantation) est dégradée par les bactéries anaérobies selon le processus de fermentation anaérobie
produisant la minéralisation des boues et des dégagements gazeux (azoté) fixés pour certain par les
algues. Les eaux restent environ 50 jours dans le bassin à microphytes.
Les lagunes à macrophytes constituent le plus souvent le deuxième et le troisième bassin
(s’il y en a trois). Il y vit en plus des algues macroscopiques et des plantes aquatiques capables
d’absorber des substances inorganiques notamment les formes minérales de l’azote et du phosphore,
l’ammonium, le nitrate, l’o-phosphate et de les mettre en valeur. Les plantes aquatiques fixent
également les sels minéraux pour leur croissance, il se développe alors des micro-organismes qui se
nourrissent des plantes elles-mêmes. L’apparition de zooplancton (daphnie, cyclopes,…) permet
d’améliorer la filtration de l’eau. Il s’établit ainsi des chaînes alimentaires entre les bactéries, le
phytoplancton, le zooplancton et les végétaux. Les eaux restent environ 40 jours dans ce type de
lagune.

Le lagunage est placé au niveau D en matière d’impact des rejets sur le milieu récepteur, en
accord avec les quantités minimales suivantes :

 matières en suspension totales (MES ) : 180 mg/l ;


 demande chimique en oxygène (DCO ) : 120 mg/l ;
 demande biologique en oxygène en 5 jours (DBO5 ) : 40 mg/l.

On constate aussi une grande efficacité sur la réduction des concentrations en phénols,
hydrocarbures, détergents et engrais dans les eaux en sortie de lagunage. La longue exposition des
eaux aux rayons ultraviolet du soleil permet de réduire considérablement le nombre d’agents
pathogènes l'été (bactéries, virus et parasites ...), ce qui justifie l'intérêt de la filière si le rejet des
eaux traité est effectué dans une zone de baignade naturelle.

II.4.1.8.5. Energie nécessaire :

Une puissance de 20 W/m³ permet que l'ensemble des boues reste en suspension et soit
transporté avec l'effluent. Si un recyclage des boues provenant de la décantation secondaire est
prévu, l'installation est alors une installation à boues activées avec de grandes durées d'aération.

Le plus répandu est le lagunage mixte. Une puissance de 3 à 4 W/m³ suffit alors pour faire
circuler et alimenter en oxygène la totalité de l'eau. Mais dans ce cas, la boue se dépose au fond et
agit sur les matières nutritives ramenées au-dessus d'elle, comme une boue fixe, avec action
biologique aérobie, analogue au film biologique du lit bactérien.
Le lagunage naturel comme procédé d’épuration des eaux est conseillé pour des stations
ayant une capacité de 250 à 1500 éq-hab (mais peut se rencontrer de 100 à 2000 éq-hab). Le
lagunage aéré est conseillé de 400 à 2000 éq-hab (mais peut se voir de 200 à 3000 éq-hab).

II.4.1.8.6. Avantages et inconvénients


II.4.1.8.6.1. Avantages

Le lagunage naturel présente de nombreux avantages par rapport aux procédés traditionnels :

 Excellente élimination de la pollution microbiologique ;


 Faibles coûts d'investissement et de fonctionnement ;
 Très bonne intégration paysagère ;
 Valorisations aquacole et agricole de la biomasse planctonique produite et
des effluents épurés ;
 Contribue au développement et à la diversification de la flore locale, ainsi
qu'à la protection de la faune et de la biodiversité.

II.4.1.8.6.2. Inconvénients

 Grande emprise foncière (occupation du sol);


 Contraintes possibles s'il y a la nécessité d'imperméabiliser le sol ;
 Variation saisonnière de la qualité de l'eau en sortie ;
 N'apprécie pas les grandes pollutions ponctuelles et les pollutions chimiques ;
 En cas de mauvais fonctionnement, risque d'odeurs ;
 Veiller à ne pas atteindre l’état de putréfaction.

II.4.2. Procédés anaérobies

Les principaux procédés anaérobies utilisés dans l’épuration de quelques eaux usées et dans
l’élimination des boues sont la fermentation acide et la fermentation méthanique. Dans certains cas,
fermentation sulfurée est aussi réalisée. Ces procédés sont désignés dans le traitement des eaux sous
le vocable commun de digestion ou méthanisation.

Le procédé de méthanisation est composé de deux phases : - de la phase de pré-


méthanisation et – de la phase de méthanisation proprement dite, qui se différencient d’un côté,
par la réaction sous laquelle elles se réalisent et de l’autre, par les produits finaux de décomposition.
La phase de pré-méthanisation est le fait de bactéries facultativement anaérobies qui décomposent
les matières organiques monomères et polymères avec formation de matières organiques simples
(mélange d’acides aliphatiques inférieurs, d’aminoacides, d’alcools, de monosaccharides,…etc.).
Les produits finaux de la phase pré-méthanique sont utilisés par les bactéries strictement
anaérobies dans la phase de méthanisation avec formation au final de 𝐶𝐻4 et 𝐶𝑂2 (fermentation
méthanique). Les bactéries méthaniques vivent en symbiose avec les microorganismes de la phase
de pré-méthanisation. Durant la phase de méthanisation se forme un gaz de boue – biogaz contenant
surtout du 𝐶𝐻4 et 𝐶𝑂2.

Le principal procédé de la phase de pré-méthanisation est l’hydrolyse de matières hautement


moléculaires avec action de bactéries produisant des enzymes hydrolytiques (hydrolases). Les
produits de l’hydrolyse sont ensuite décomposés avec formation d’acides aliphatiques inférieurs et
alcools. Les produits du métabolisme de la phase de pré-méthanisation constituent un substrat pour
les bactéries méthaniques. Les différentes espèces de bactéries méthaniques sont capables de
métaboliser toujours uniquement certains composés, c’est pourquoi il faut la présence d’une culture
mixte de bactéries méthaniques dans la phase de méthanisation.

Les bactéries organotrophes produisent à partir d’acides gras et alcools du méthane :

𝑪𝑯𝟑 𝑪𝑶𝑶𝑯 → 𝑪𝑯𝟒 + 𝑪𝑶𝟐


𝟒𝑪𝑯𝟑 𝑶𝑯 → 𝟑𝑪𝑯𝟒 + 𝑪𝑶𝟐 + 𝟐𝑯𝟐 𝑶

Les bactéries lithotrophes sont responsables de la réaction:

𝟒𝑯𝟐 + 𝑪𝑶𝟐 → 𝑪𝑯𝟒 + 𝟐𝑯𝟐 𝑶

II.5. Procédés tertiaires


II.5.1. Filtration

La filtration est un moyen de séparation de certaines matières par écoulement à travers une
couche filtrante. La couche filtrante est constituée d’un milieu poreux formé de matériau granuleux
ou de filoche. Selon la qualité du liquide à filtrer, éventuellement de la matière en suspension et du
caractère du matériel filtrant nous distinguons quatre types de filtration :
A. Filtration des liquides propres à travers une couche de matériau granuleux. Dans ce
groupe appartient la filtration à travers des matériaux d’adsorption et quelques
échangeurs d’ions anciens ;
B. Filtration des liquides propres à travers des matériaux granuleux compressibles aux
changements de volume et d’ions. Cette filtration a lieu dans les filtres d’échangeurs
d’ions ;
C. Filtration de matières en suspension peu concentrées à travers matériau granuleux. Les
particules de la suspension sont retenues dans la couche filtrante et la colmatent au fil du
temps, ce qui engendre l’augmentation de la résistance de filtration. Ce type de filtration
est employé dans le traitement des eaux et ces derniers temps même dans l’affinage des
eaux usées purifiées biologiquement ;
D. Filtration de matières en suspension hautement concentrées à travers des fibres filtrantes.
Les particules retenues de la suspension constituent elles-mêmes sur les fibres une
couche filtrante, appelé « gâteau de filtration ». La filtration à travers le gâteau filtrant
est surtout répandue dans le drainage des boues.

Lors de la filtration des liquides propres à travers un matériau granulaire deux cas peuvent
se produire :

 L’eau courante ne cause pas de mouvement de grains dans la couche (couche


filtrante stable),
 ou le liquide coule en sens contraire de la gravitation terrestre et sa vitesse est telle
que les grains sont en suspension (couche fluide).

En hydraulique urbaine on distingue en général une filtration lente et une filtration


rapide :

1. La filtration lente est caractérisée par une membrane biologique d’épaisseur 1 à 2 cm,
formée à partir de microorganismes dans la partie supérieure de la couche du matériau
filtrant. La filtration (et la séparation de matières en suspension) est donc conditionnée
par des processus biologiques, physiques et chimiques,
2. La filtration rapide est un type de filtration pour des matières en suspension peu
concentrées, de sorte que les suspensions sont retenues dans toute la couche de matériau
granulaire qui se colmate au fur et à mesure. La couche colmatée est régénérée par un
courant d’eau de bas en haut de sorte que le matériau filtrant augmente de volume et les
matières retenues sont évacuées. Du point de vue pratique et théorique la filtration rapide
est donc un procédé cyclique, constitué de deux phases : la filtration proprement dite et
le lavage de filtre.

II.5.2. Désinfection :
II.5.2.1. Définition :

Garantir une eau de qualité du point de vue sanitaire est une affaire de procédé
technologique de traitement des eaux qui élimine les germes dangereux pour la santé humaine. Les
bactéries pathogènes sont responsables de la plupart des maladies hydriques. Le plus souvent elles
sont éliminées par désinfection de l’eau. Cependant pour l’élimination complète de tous les
microorganismes vivants pathogènes présents dans l’eau c’est la stérilisation qu’il faut.

Pour la désinfection de l’eau les procédés suivants ont montré leur efficacité :

o Procédés d’oxydation basés sur le chlore et ses composés, l’ozone, et d’autres agents
oxydants (𝐾𝑀𝑛𝑂4, 𝐻2 𝑂2) ;
o Utilisation des effets oligo-dynamiques de 𝐴g et 𝐶𝑢 ;
o Effets de radiation par rayonnement ultraviolet ;
o Désinfection par la chaleur, procédé le plus économique « bouillir de l’eau à plus de
70°C ».
II.5.2.2. Les méthodes de désinfection
II.5.2.2.1. Oxydo-réduction

Les procédés d’oxydation sont utilisés dans la désinfection des eaux potables, le dégazage
de l’eau, la déférisation et la démanganisation (voir plus bas) et dans la purification des ERI. Les
oxydants utilisés dans ce procédé sont le chlore, l’oxyde de chlore, le permanganate de potassium
(𝐾𝑀𝑛𝑂4), l’oxygène de l’air, l’ozone, …etc.

Comme exemple, nous indiquerons l’élimination par oxydation des eaux chargées de
cyanures. La réaction d’élimination a lieu en 2 phases :

𝑪𝑵− + 𝑪𝒍𝟐 + 𝟐𝑶𝑯− → 𝑪𝑵𝑶− + 𝟐𝑪𝒍− + 𝑯𝟐 𝑶 … … … … … . . 𝑷𝒉𝒂𝒔𝒆 (𝟏)

Dans la 𝑃ℎ𝑎𝑠𝑒 (2), le cyanate est oxydé par le surplus du chlore jusqu’à donner :

𝟐𝑪𝑵𝑶− + 𝟑𝑪𝒍𝟐 + 𝟒𝑶𝑯− → 𝑵𝟐 + 𝟐𝑪𝑶𝟐 + 𝟔𝑪𝒍− + 𝟐𝑯𝟐 𝑶


Ainsi donc les cyanures toxiques sont complètement éliminés.

L’oxydation des matières organiques est utilisée surtout pour oxyder les phénols et les
hydrocarbures. Comme oxydant de ces matières on utilise l’ozone.

Les procédés de réduction sont importants surtout pour l’élimination des eaux résiduaires
chromées de l’industrie mécanique. Les ions 𝐶𝑟 6+ sont réduits par les réducteurs tels que 𝐹𝑒𝑆𝑂4 ,
𝑆𝑂2 , 𝑁𝑎𝐻𝑆𝑂3 en milieu acide (pH de 3 à 5 ) pour donner des ions 𝐶𝑟 3+ lesquels se précipitent
pour donner 𝐶𝑟(𝑂𝐻)3 .

La réduction par des sels de Fer a lieu selon la réaction suivante :

𝑪𝒓𝑶𝟐−
𝟒 + 𝟑𝑭𝒆
𝟐+
+ 𝟖𝑯+ → 𝑪𝒓𝟑+ + 𝟑𝑭𝒆𝟑+ + 𝟒𝑯𝟐 𝑶

Après la fin de la réduction le pH est corrigé par la chaux (𝐶𝑎(𝑂𝐻)2 ) à la valeur de 8,5 à
9,5 et ainsi les ions𝐶𝑟 3+ sont précipités sous forme de 𝐶𝑟(𝑂𝐻)3

𝟐𝑪𝒓𝟑+ + 𝟑𝑪𝒂(𝑶𝑯)𝟐 → 𝟐𝑪𝒓(𝑶𝑯)𝟑 + 𝟑𝑪𝒂𝟐+

La réduction s’emploie même pour l’élimination des composés azotés. Par cette réduction se
forment des aminoacides, moins dangereux et biologiquement mieux dégradables.

II.5.2.2.2. Chloration

Une des techniques employées pour la potabilisation de l'eau est la chloration à partir de
l'eau de Javel (solution d'hypochlorite) ou de chlore gazeux.
Le chlore et ses composés sont jusqu’à présent les moyens de désinfection les plus utilisés et
les moins chers. Le chlore est très bien soluble dans l’eau et désinfecte fiablement dans les régions
acide et neutre du pH. Le chlore ou ses composés demandent jusqu’à 2 heures de contact avec l’eau
à traiter. Ainsi le chlore, comme ses composés sont sujets à l’hydrolyse avec formation d’acide
chloreux qui est instable et dégage de l’oxygène. L’oxygène actif ainsi formé désinfecte l’eau en
attaquant le protoplasme des cellules bactériennes et provoque ainsi la mort des microorganismes
pathogènes. Il oxyde en même temps les matières organiques et inorganiques présentes dans l’eau.
La chloration a lieu en général comme dernier traitement avant utilisation de l’eau. Le rendement
d’élimination des germes pathogènes est supérieur à 99%. La dose de chlore nécessaire est de 0,2 à
5 mg de chlore pour 1 litre d’eau.
Eau de Javel : La technique de chloration consiste dans le mélange progressif de celle-ci avec
l'eau à traiter à l'aide d'une pompe doseuse. Solution économique, mais demande cependant de
la maintenance : l'hypochlorite étant instable, des dépôts de sels se forment et entraînent des
colmatages. Chlore gazeux en bouteilles de 50 kg
Procédé utilisé dans des unités importantes. Mais, la manipulation de ce produit pur et dense
n'est pas sans danger en cas de fuite. Son utilisation est réglementée.

II.5.2.2.3. Ozonation

L'ozone, du grec "ogeiv" (sentir), est une molécule composée de 3 atomes d'oxygène (𝑂3).
C'est un gaz de couleur bleue. Poids moléculaire : 48 g/m, densité/air : 1,66, poids spécifique: 2,143
kg/m3. C'est un oxydant puissant, utilisé pour traiter l'air ou l'eau.
Il est plus onéreux à fabriquer que le chlore, mais a l'avantage d'être inodore et de pouvoir être
produit instantanément.

Utilisations :

 Désinfection bactérienne et virale de l'eau et de l'air


 Potabilisation de l'eau : décoloration, désodorisation, élimination des substances
organiques, etc.
 Traitement des eaux résiduaires
 Recyclage des eaux de lavage
 Désodorisation

L'eau de lavage est d'abord traitée à l'ozone afin de :

 la débarrasser des odeurs, microbes, virus


 faciliter la phase de séparation, notamment d'une partie de la matière organique, de
détergents, de solides.

Le taux de contact peut être très élevé - jusqu’à 99 %. Sans ozone, un système de recyclage
deviendrait un nid de germes dangereux et malodorants. L'ozone aide à casser les surfactants des
savons et cires, il oxyde également les métaux et facilite leur décantation. Il aide également à traiter
les eaux chargées d'algues microscopiques. Grande efficacité sur: odeurs, virus, parasites, algues,
spores, champignons, hydrocarbures, détergents, phénols, pesticides, composés organiques. L'ozone
gazeux oxyde les matières organiques contenues dans l'eau. Plus l'ozonation est puissante, plus on
casse de grosses molécules, ce qui facilite les traitements ultérieurs.
Elle peut être complétée par l'injection de peroxyde d'hydrogène liquide dans la colonne
d'ozonation.

L'ozone agit par oxydation directe sur le substrat (par ozonolyse ou avec perte d'hydrogène)
ou par oxydation catalytique par l'oxygène présent dans l'air ozoné. L'ozone peut être produit par de
l'air circulant sur des lampes, par un ozoneur à décharge (entre 2 électrodes avec différence de
potentiel de 10 à 20 kVolts) (Corona Discharge ozone) ou par d'autres procédés.

II.5.2.2.4. Irradiation

Le rayonnement UV provoque des transformations biochimiques dans les cellules de


microorganismes vivants pathogènes et cause leur mort. En hydraulique urbaine les effets du
rayonnement UV sont utilisés pour l’inactivation des germes pathogènes. Ce rayonnement est
utilisé dans la bande de longueur d’onde 230-395 nm.

II.5.2.3. Adsorption sur charbon actif

Si on met en contact une eau polluée avec une matière solide de grande surface spécifique,
on observe que la concentration de cette eau a diminué. C’est que la matière solide a fixé une partie
des matières se trouvant dans l’eau. Ce phénomène est appelé Adsorption.

• Adsorbant - matière solide qui adsorbe

• Adsorbat – matières solides adsorbées

L’équilibre entre l’adsorbat et l’eau polluée (à traiter) est appelé équilibre d’adsorption. Nous
distinguons principalement :

 adsorption moléculaire
 adsorption ionique

En technologie de l’eau, l’adsorption est décrite par la formule suivante:

𝐕
𝒂 = ( ) . (𝒄𝒐 − 𝒄𝒆 ) et est donnée en mg.g-1
𝐦

𝐕 : Volume initial de la solution (eau polluée) en litre (l)


𝐦 : Masse de l’adsorbant en g

𝒄𝒐 : Concentration initiale en mg.l-1

𝒄𝒆 : Concentration en équilibre en mg.l-1

Les concentrations sont exprimées sous forme de DCO ou DBO5 en mg.l-1. La quantité
d’adsorbat en équilibre à température constante dépend de la concentration d’adsorbat en solution.
La représentation graphique de cette dépendance est appelée isotherme d’adsorption.

L’isotherme d’adsorption est la forme la plus utilisée pourexprimer les résultats sur
l’adsorption :

A température constante, nous mesurons différentes concentrations.

Analytiquement les isothermes d’adsorption sont exprimées soit par:

 L’isotherme de FREUNDLICH

𝟏⁄
𝒏
𝒂 = 𝑲 𝒇 ∗ 𝑪𝒆

ou éventuellement comme

𝟏
𝐥𝐨𝐠 𝒂 = 𝐥𝐨𝐠 𝑲𝒇 + ( ) 𝐥𝐨𝐠 𝑪𝒆
𝒏

𝑲𝒇 diminue quand T°C augmente et n est toujours >1

 Isotherme de Langmuir:

(𝒃. 𝑪𝒆 )
𝒂 = 𝒂𝒎𝒂𝒙 ∗ [ ]
(𝟏 + 𝒃. 𝑪𝒆 )

𝟏
Si on pose 𝑩=
𝒃

On aura

𝑪𝒆
𝒂 = 𝒂𝒎𝒂𝒙 ∗ [ ]
(𝑩 + 𝑪𝒆 )

L’isotherme de FEEUNDLICH est la plus utilisée !


En technologie de l’eau (traitement de l’eau) on utilise surtout le charbon actif comme
adsorbant. Le charbon actif est utilisé sous forme de poudre ou de granulés. Les valeurs élevées de
pH influent de façon négative sur l’adsorption.

Principales applications des charbons actifs comme adsorbants :

 En traitement d’affinage des eaux potables ou des eaux industrielles. Ils sont utilisés
pour améliorer les propriétés organoleptiques (couleur, goût, odeur,…). Les charbons
actifs sont également utilisés pour l’élimination des polluants et micropolluants
(phénols, hydrocarbures, pesticides, métaux lourds,…)
 Traitement des eaux résiduaires industrielles lorsque l’effluent n’est pas biodégradables
ou s’il contient des éléments toxiques organiques
 En traitement tertiaire des eaux résiduaires ou industrielles élimine les composés
organiques réfractaires au traitement biologique, réduit la DCO « dure »
 Pour réduire les oxydants comme le chlore, ClO2 et l’ozone,…

II.5.3. Neutralisation

La neutralisation des eaux usées est un procédé courant en traitement des eaux, mais surtout
dans la purification des eaux résiduaires industrielles. Elle sert à corriger le pH des eaux usées
acides et basiques. La neutralisation peut être réalisée de la manière suivante :

 Rejet des eaux résiduaires acides dans la rivière où ils sont neutralisés par les hydrogènes
carbonates présents dans l’eau de rivière ;
 Mélange des eaux résiduaires acides et basiques au sein de la même unité industrielle et puis
une correction ultérieure du pH des eaux résultantes par de petites doses d’agents de
neutralisation ;
 Filtration des eaux résiduaires acides à travers une couche filtrante de calcaire (CaCO3) ou
de dolomite (CaCO3MgCO3) de granulométrie convenable. L’élimination des acides a lieu
selon l’équation suivante :
CaCO3 + H2SO4 = CaSO4 + H2O + CO2
La neutralisation par filtration n’est pas à conseiller là où peuvent se former des matières
insolubles pouvant colmater le filtre et diminuer ainsi l’efficacité de la couche filtrante.
II.5.4. Déminéralisation et adoucissement
a) Résines échangeuses d’ions

L’échange d’ions est un procédé répandu dans la nature. Il a été découvert en 1850 par
Thompson et Way lors de l’analyse de la terre arable. Les premiers échangeurs d’ions utilisables
dans l’adoucissement de l’eau ont été fabriqués en 1906. Les échangeurs d’ions sont utilisés
actuellement dans la plupart des cas pour le traitement de l’eau destinée à une utilisation
énergétique. Dans le procédé d’échange d’ions est utilisée la capacité de certaines substances
d’échanger des ions de leurs molécules propres par des ions de solution qui les traversent.

Ainsi la réaction selon laquelle a lieu ce phénomène est la suivante :

n ( R-A+) + Bn+ R-nBn+ + nA+

Où R- = radical anionique faisant partie de la résine échangeuse d’ions


A+ = ions fixés sur la résine neuve
Bn+ = ions en solution

Les résines échangeuses d’ions (REI) sont des substances hautement moléculaires insolubles
qui contiennent des radicaux ionisables. Par leur composition chimique les REI peuvent être de type
soit inorganique (zéolite, zirconium de phosphate, glauconies, …etc.), ou organique (phénol formol
polycondensats, polystyrène-di vinylbenzène copolymères, …etc.). Par leur origine, les 2 types
peuvent être naturels ou synthétiques. Selon le radical, les REI sont soit des échangeurs de cations
(REC) ou d’anions (REA). Par leur pouvoir de dissociation les REC (ou REA) peuvent être
fortement, moyennement ou faiblement acides (basiques). Les REC sont essentiellement des acides
insolubles polyvalents qui ont des radicaux acides avec une charge négative ( par ex. –SO3H, -
COOH, -PO(OH)2, AsO(OH)2 et le radical phénol –OH). L’échange de cations est schématisé
comme suit :

REC—SO3-H+ + NH4+ REC—SO3-NH4+ + H+ Cycle H+


REC—SO3- NH4+ + Na+ REC—SO3-Na+ + NH4+ Cycle Na+

Les REA sont des bases organiques polyvalentes qui ont des radicaux basiques avec une
charge électrique positive (ex. –N+R3 , -[NHR], -[NH2] et autres. L’échange d’ anions a lieu selon
le schéma :
REA—NH3+OH- + CH3COO- REA –NH3+CH3COO- + OH-
REA—NH3+CH3COO- + H+Cl- REA –NH3+Cl- + CH3COO-H+

Une REI mono radicale ne contient qu’une seule sorte de radicaux, les REI poly radicale
contiennent plusieurs radicaux.

Les REI sont à la base de procédés spécifiques utilisés pour des usages bien précis. C’est la
raison pour laquelle il est important de bien déterminer d’abord les caractéristiques des eaux brutes
(eaux d’alimentation des échangeurs d’ions) et des eaux traitées (effluent de l’échangeur).

Les résines peuvent être sujettes au colmatage par toutes sortes d’impuretés, il faut donc que
l’eau à traiter par REI ne contienne pas de solides en suspension et que sa turbidité soit faible.

Le fer et le manganèse peuvent notamment entrainer certains problèmes particuliers. En


effet ces substances peuvent se trouver sous forme dissoute (Fe2+ et Mn2+) à l’entrée de l’unité
d’échange d’ions, s’oxyder au contact de l’air et précipiter à l’intérieur de cette unité.

b) Elimination partielle du calcaire et du magnésium par précipitation (adoucissement


partiel)

Dans de nombreux cas d’utilisation de l’eau pour le refroidissement et dans quelques unités
industrielles, il n’est pas nécessaire d’éliminer complètement les ions calcaires et magnésiens. Dans
ces cas, il y va surtout de l’élimination des carbonates acides par décarbonatation. Les procédés les
plus courants sont :

 Précipitation par la chaux


 Décomposition par l’acide
 Décomposition thermique ( á ébullition)

Décarbonatation par précipitation par la chaux

La précipitation par la chaux est utilisée pour l’élimination de toutes les formes de CO2 des
-
eaux contenant des quantités élevées de HCO3 ( plus de 2 mmol/L).

En comparaison avec d’autres méthodes ( ex. traitement par échangeurs d’ions) ce procédé
est moins cher. La formation de composés très peu solubles (Précipités) CaCO3 et Mg(OH)2 est
représentée par les équations suivantes :
Ca2+ + CO2 + 2 OH- = CaCO3 + H2O (3.3.4.1)

2Ca2+ + 2HCO3 - + 2 OH- = 2 CaCO3 + 2 H2O (3.3.4-2)

Mg2+ + 2HCO3 - + Ca2+ + 2 OH- = MgCO3 + CaCO3 + H 2O (3.3.4.3)

MgCO3 + Ca2+ + 2 OH- = CaCO3 + Mg(OH)2 (3.3.4.4)

Dans le cas des eaux sans déficit de calcaire il suffit d’avoir un pH <= 10 (9,3 á 10 ) et les
équations (3.3.4.1) et ( 3.3.4.2) s’appliquent. Il n’y a que le CaCO3 qui est précipité. Sa solubilité á
20°C est de 15 mg/L.

Pour le calcul de la dose théorique de la chaux (CaO) (sur la base du contenu fixé de HCO3 –
et du CO2 libre en mmol/L on peut utiliser la formule :

DCaO = 56. ( [HCO3 -] /2 + [CO2] ) (g/m3) (3.3.4.5)

Si pour une eau brute l’inégalité 2 [Ca2+] < [HCO3 -] ( l’eau avec déficit en

calcaire ) c’est la réaction ( 3.3.4.3) qu’il faut considérer et c’est le MgCO3 bien

soluble qui se forme ( solubilité 94 mg/L) . Ce n’est qu’après l’augmentation de

la concentration des ions OH- par un autre ajout de chaux á pH<= 11 que se

forme Mg(OH)2 très peu soluble ( solubilité seulement 10 mg/L). La phase

précipitée a 2 composantes : CaCO3 et Mg(OH)2 .

La dose nécessaire de chaux pour ce cas est donnée par la formule :

DCaO = 56. ( [HCO3 -] /2 + [Mg2+] + [CO2] ) (g/m3) ( 3.3.4.6)

II.5.5. Déferisation et démanganisation

Les composés de Fer et de Manganèse se trouvant dans les eaux utilitaires et dans les eaux de
fabrication sont la cause de différentes difficultés technologiques; à l’eau de consommation elle
donne en plus un mauvais goût. Le fer est l’un des éléments les plus abondants dans les sols : il est
plus fréquent que le manganèse et en concentration plus élevée. Les concentrations de fer sont en
général inférieures à 10 mg/l et celle de manganèse à 2mg/l. Le fer et le manganèse ne sont pas
nuisibles à la santé. Le fer est un élément même nutritif essentiel.

Des concentrations élevées de ces métaux peuvent entrainer certains inconvénients d’ordre
esthétique ou technologique. A cause de ces inconvénients l’Organisation mondiale de la santé
(OMS) recommandent des concentrations maximales de 0,3 mg/l pour le fer et 0,1 mg/l pour le
manganèse. Le fer et le manganèse se trouvent dans la nature surtout sous forme Fe2+ et Mn2+ plus
soluble. Le but de la déferisation et de démanganisation est de les rendre moins solubles dans l’eau,
donc sous la forme de Fe3+ et Mn3+ . Ceci est atteint par des procédés d’oxydation. Les autres
procédés d’élimination de fer et de manganèse sont la précipitation sous forme de carbonates ou par
échangeurs d’ions.

L’oxydation du fer et du manganèse par l’oxygène dissous dans l’eau a lieu selon les
équations suivantes :
4 Fe2+ + O2 + 10 H2O = 4 Fe(OH)3 + 8 H+

2 Mn2+ + O2 + 2 H2O = 2 MnO2 + 4 H+


Oxydation par le chlore
2 Fe2+ + Cl2 + 6 H2O = 2 Fe(OH)3 + 2 Cl- + 6 H+

Mn2+ + Cl2 + 2 H2O = MnO2 + 2 Cl- + 4 H+


Oxydation par le permanganate de potassium

3 Fe2+ + KMnO4 + 7 H2O = 3 Fe(OH)3 + MnO2 + K+ + 5 H+

2 Mn2+ + 2 KMnO4 + 2 H2O = 5 MnO2 + 2 K+ 4 H+


….et d’autres oxydations par d’autres oxydants.
BIBLIOGRAPHIE
1/ CARDOT, C. : Les traitements de l’eau – Procédés physico-chimiques et biologiques –
cours et problèmes résolus, Ed. Ellipses, Paris 1999
2/ DEJARDINS, R. : Le traitement des eaux. Editions de l’Ecole Polytechnique de
Monréal, 1997
3/ MASSCHLEIN , W.J. : Processus unitaires du traitement de l’eau potable (traduit de
l’américain par H. Chevolet). Edition CEBEDOC, Liège 1996
4/ MEMENTO TECHNIQUE DE L’EAU, tome 1 et 2 – Ed. Degrémont Suez, 2005
5/ RODIER, J. et coll.: L’analyse de l’eau. DUNOD, Paris 2005
6/ TÖLGYESSY J. , PIATRIK M. : Technológia vody, ovzdušia a tuhých odpadov,
CHTF STU, Bratislava, 1992

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