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MINISTÈRE DE L’ÉDUCATION, DE LA CULTURE ET DE LA RECHERCHE DE LA

RÉPUBLIQUE DE MOLDOVA
UNIVERSITÉ LIBRE INTERNATIONALE DE MOLDOVA

FACULTÉ DES LETTRES


DÉPARTEMENT DE PHILOLOGIE ROMANE « PETRU ROȘCA »

MÉMOIRE DE LICENCE
LES CRÉATIONS NÉOLOGIQUES À VALEUR STYLISTIQUE
APPARUES DANS LES ANNÉES 2010-2021 ET LEURS
TRADUCTION EN ROUMAIN
***

TEZĂ DE LICENȚĂ
CREAȚII NEOLOGICE CU VALOARE STILISTICĂ APĂRUTE
ÎN ANII 2010-2021 ȘI TRADUCEREA LOR ÎN LIMBA ROMÂNĂ
SPECIALITÉ 0231.3 TRADUCTION ET INTERPRÉTATION

Admis à la soutenance Auteur:


Chef du département Corina RUSU
Ion MANOLI, dr. hab., prof.univ. Étudiante de la III-ème année,
gr.194F
__________________
__________________
„____”____________2022

Directeur de recherche:
Ion MANOLI,
Dr. hab., prof. univ.
__________________
CHIȘINĂU, 2022

2
TABLE DES MATIÈRES

REMERCIEMENTS.................................................................................................................................3
LA LISTE DES ABRÉVIATIONS..........................................................................................................4
INTRODUCTION.....................................................................................................................................5
1. LE NÉOLOGISME: UN CONCEPT PLURIVALENT, PLEIN DE SURPRISES AU NIVEAU
DE LA THÉORIE LINGUISTIQUE.......................................................................................................8
1.1. Définition du concept de néologie.................................................................................................8
1.2. Diachronie et synchronie dans la théorie du néologisme.............................................................9
1.3. La dichotomie Langue-Parole et le dynamisme de la néologie stylistique................................10
1.4. Néologie dénominative et néologie connotative..........................................................................12
1.5. Typologie des néologismes lexicaux et sémantiques...................................................................15
1.6. Domaine de la néologie.................................................................................................................19
2. ÉTUDE PRATIQUE : LES NÉOLOGISMES DES ANNÉES 2012-2021 ET LEUR
TRADUCTION EN ROUMAIN............................................................................................................22
2.1. Préliminaires.................................................................................................................................22
2.2. Les mots de l’actualité des années 2010-2021.............................................................................22
2.3. Les mots de la mode des années 2010-2021.................................................................................30
CONCLUSION........................................................................................................................................47
BIBLIOGRAPHIE..................................................................................................................................49
ANNEXES................................................................................................................................................51

3
REMERCIEMENTS

Ma reconnaissance s’adresse à tout ce qu’on appelle dans ce monde académique tout


brièvement ULIM: Cadre universitaire où l’on étudie et l’on decouvre le monde francophone.
Merci à ce monde moderne : Réctorat, Décanat, Chaire de philologie Romane, Bibliotheque
universitaire, Secrétariat…

Enfin, j’adresse l’expression de ma plus vive gratitude à Monsieur Ion Manoli, professeur
des langues romanes, le guide de mon étude de recherche, qui a bien voulu enrichir ma thèse
d’une manière originale et indiscutable, en la couronnant par une rédaction précieuse et
pertinente.

Je prie tous ceux qui ont consenti être auprès de moi en me fournissant de précieux
renseignements tout au long de ma vie estudiantine, d’accepter mes plus sincères remerciements.

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LA LISTE DES ABRÉVIATIONS

adj. – adjectif m. – masculin

adv. – adverbe n. – nom, substantif

anc. – ancien néol. – néologisme

angl. – anglais néol. styl. – néologisme stylistique

ant. – antonyme or. – origine

arg. – argotique obsc. – obscure

cf. – comparer par ext. – par extention

cour. – courant péj. – péjoratif

d’or. – d’origine pop. – populaire

éd. – édition qqch. – quelque chose

esp. – espagnol qqn. – quelqu’un

ex. – exemple rad. – radical

express. – expression roum. – roumain

f. – féminin sl. – slave

fam. – familier superl. – superlatif

fr. – français syn. – synonyme

gr. – grec trad. – traduit, traduction

hom. – homonyme tr. – transitif

intr. – intrasitif v. – verbe

lat. – latin v. intr. – verbe intransitif

loc. adv. – locution adverbiale vulg. - vulgaire

loc.nom. – locution nominale

5
INTRODUCTION

Une langue qui ne connaîtrait aucune forme de néologie


serait déjà une langue morte, et l’on ne saurait contester que
l’histoire de toutes nos langues n’est, en somme, que l’histoire de
leur néologie.
Bernard Quemada, Banque de mots, 1971, N2
Les transformations des structures économiques, sociales, institutionnelles et
idéologiques n’ont pas été sans laisser de traces sur la langue et sourtout sur ses usages,
déplaçant la norme malgré les résistances, estompant certaines différenciations, en renforçant
d’autres. Parfois il nous semble que le néologisme lexical et celui sémantique fait tache d’huile :
on le rencontre partout : dans le langage d’économie, dans la vie sociale et politique, en
médicine, dans la diplomatie…
À cette évolution socio-économique correspond une accélération du progrès technique et
scientifique, qui trouve aussi ses applications sur les moyens de la communication linguistique.
Le développement des liaisons à distance (Internet, téléphone, radiophonie, etc. ), les
nouvelles possibilités d’enregistrement de l’oral ( cites, bandes magnétiquess ) et de diffusion de
l’écrit ( nouveaux moyens d’impression ou de complexes audio-visuels (cinéma, télévision) ont
permis l’apparition combinée de nouvelles situations de communication et de la multiplication
des échanges linguistiques.
Le néologisme surtout celui lexical est omniprésent dans notre societé partout sous toutes
ses formes :
néologisme – mot simple, néologisme composé, néologisme emprunt, néologisme-
téléscopage, néologisme syntaxique. Chaque époque a ses néololgismes et ses auteurs
néologistes. Ce n’est par un simple hasard qu’on parle et on discute sur le mécanisme néologique
de François Rabelais (1494-1553), on aborde ,,le dépérissement et mort’’ du néologisme d’Henri
II à Louis XIII, on ne cesse jamais de parler sur le néologisme de Raymond Queneau (1903-
1976).
Bref, L’actualité du sujet choisi ne pose aucun problème : le mouvement de la langue est
saissable par le décalage qui s’institue entre le langage d’une génération et celui des générations
précedentes. Chaque époque a ses néologismes lexicaux et ses néologismes sémantiques.
Le but de la présente thèse de licence est l’un peut- être le plus simple :
- établir les néologismes apparus et actualisés dans une période tout à fait ,,courte’’ 2012-
2021. Il ne s’agit pas d’une période aux frontières historiques, comme par exemple ,,les
6
néologismes de la «Deuxième guerre mondiale» ou les créations néologiques de la période
appelées ,, La Pérestroika’’.
- déchiffrer dans la mesure possible le mouvement de la langue et de la néologie (y
compris l’époque pandémique) ;
- revenir au concept de néologie et proposer une définition, plutôt une ré-définition du
concept.
Valeurs théoriques du sujet à aborder :
- Préciser les termes ,,mot’’ et ,,nouveau’’. Ceux-ci sous leur apparente banalité cachent
plusieurs questions pièges.
Signalons seulement que beaucoup de linguistes n’ont pas pu s’accorder sur la définition
du mot et que certains d’entre eux refusent même d’employer ce vocable.
Quant à la notion de nouveauté, le moins que lon puisse en dire, c’est qu’elle est
imprécise et impossible à fixer comme il est impossible de fixer la fuite de temps.
- Donner une définition plus ou moins concise, lexicographique du terme ,,néologisme de
langue’’ et celui de néologisme stylistique (ou de la parole).
- Présenter un inventaire des mots nouveaux à valeur stylistique et dévoiler le degré de
leur connotation.
- Faire un schéma-hyérarchie des sources de néologismes stylistique.
Les Valeurs pratiques du problème de la néologie des années 2010-2022 sont plus
nombreuses :
Ceux qui vont lire les matériaux de la présente thèse apprendrons une chose presque
oubliée : La néologie stylistique relève, non de l’évolution stricto-modo, mais de la création ; à
ce titre, elle se manifeste essentiellement par la formation d’un terme nouveau, qui vient enrichir
une série lexicale comme dans le cas : information n.f.-informationnel, -le, adj. , informaticien
n.m.- informatique n.m. et adj. 1962- informatisable – adj. , -informatiser v. tr.- mais
informespion n.m. qui n’est pas encore attesté par les sources lexicographiques.
- Si nous voulons préciser le caractère du dynamisme créateur de la langue, nous somme
amené à l’examiner à la lumière d’une autre dichotomie saussurienne célèbre : l’opposition
langue-parole. Cette relation entre la langue qui n’existe que dans la collectivité des sujets
parlants et la parole individuelle nous permet de mieux définir la création linguistique. Cf. :
gosse (fam. enfant, jeune garçon ou jeune fille – niveau de langue) et (gosselot n.m. ; gossaille –
groupe de petits gosses misérables ; gosseline n.f. – niveau de la parole).
- Les domaines de la néologie et de la néologie stylistique sont nombreux. Côté pratique :
nous allons établir une typologie des néologismes en tentant de les classer lexicographiquement.

7
La thèse contient deux chapitres bien distincts :
- Le premier chapitre sert de partie théorique pour la présente étude. Nous y aborderons le
néologisme comme un concept plurivalent, plein de surprises dans plusieurs points de vue :
lexicologique, lexicographique et stylistique.
- Le deuxième chapitre est consacré aux néologismes de langue et de la parole des années
2010-2021 qui n’ont pas encore été fixés et définis dans la lexicographie française.
- Les annexes ne sont que des petits glossaires des termes directement liés au sujet
annoncé dans le titre de la thèse.
Nous proposons une définition, à notre avis, plus détaillée du terme néologisme
stylistique ( ou création de L’auteur) que nous avons ,,inventée’’ après une étude sérieuse de
celles existantes.
On appelle néologisme stylistique toute création individuelle appartenant à un
écrivain, journaliste, scénariste, etc. ,,inventée’’, créé, porposée pour un mini- ou macro-
contexte et qui est toujours porteuse d’une valeur connotative. Dans la plupart des cas c’est
un néologisme ayant une forme à rebours, ayant un contexte bien défini d’une œuvre,
article, scénario.
Des mots comme bronchtoucaille n.f., tintanabulaille n.f., formulasser (inventés par
R.Queneau) sont des néologismes d’auteur, chacun ayant une forme ,,individuelle’’ et étant
porteuses d’une valeur pittoresque. Par notre définition du terme nous ne voulons point contester
ou sous apprécier les définitions déjà existantes dans des recherches classiques de P.Guiraud,
M.Riffaterre, J.Marouzeau, M. Cressot et bien sûr celles de Ch. Bally.

8
1. LE NÉOLOGISME: UN CONCEPT PLURIVALENT, PLEIN DE SURPRISES AU
NIVEAU DE LA THÉORIE LINGUISTIQUE.

1.1. Définition du concept de néologie


Lorsque L.S. Mercier choisit, en 1801, un titre pour son dictionnaire , il adopte le terme
de Néologie – enregistré par le Dictionnaire de l’Académie de 1762 – mais il sentit le besoin
d’en donner un définition en sous-titre, « ou Vocabulaire de mots nouveaux à renouveler, ou
pris dans des acceptions nouvelles », et établit une opposition entre néologie et néologisme : «
Néologie se prend toujours en bonne part, et Néologisme en mauvaise, il y a entre ces deux mots
la même différence qu’entre religion et fanatisme, plulosophie et pluilosophisme . » [13].
De ces précautions de l’auteur il convient de retenir que le néologisme continuait d’être
frappé d’interdit pour les membres de l’Institut National de France dans la période post-
révolutionnaire, tout comme au temps de Vaugelas, et que Mercier essayait de définir une
nouvelle attitude en face de l’évolution de la langue qu’il percevait, en son temps, peut-être plus
qu’à aucun autre moment de l’histoire.
Le mouvement de la langue et la néologie comme termes linguistiques sont
étroitement liés, presque inséparables [2].
Il est déjà difficile de prendre conscience du fonctionement autonome de la langue que
nous parlons dans l’instant de notre parole ; à plus forte raison apparaît-il impossible de saisir le
mouvement de transformation qui l’anime. C’est par la dimension historique que nous parvenons
à cette connaissance, c’est-à-dire par la comparaison d’un état de langue passé avec celui
d’aujourd’hui, ce qui permet d’augurer d’un état futur autre : c’est ainsi que Montaigne percevait
la transformation de sa langue : « Selon la variation continuelle qui a suivi le nôtre [langage]
jusques à cette heure, qui peut espérer que sa forme présente soit en usage d’ici à cinquante ans ?
Il escoule tous les jours de nos mains, et, depuis que je vis, s’est altéré de moitié » (Essais, III,
19).
Le mouvement de la langue est saisissable par le décalage qui s’institue entre le langage
d’une génération et celui de la génération ou des génération précédentes. La lecture des textes
des siècles antérieurs nous fait buter contre des termes ou des tours de phrase que nous sentons
comme vieillis, même si nous entrons d’emblée dans leur compréhension [14].
Le fait que la plupart des novateurs en matière de lexique aient proposé, parmi les
moyens d’enrichir la langue, la reprise de termes disparus de l’usage témoigne de l’évolution
intervenue.

9
Le débat qui s’est instauré sur la langue entre partisans de la tradition, les puristes, et les
partisans de la novation, les « néologues » , tout au long des siècles, constitue une autre forme
d’extériorisation du mouvement de la langue ; il en est l’aspect métalinguistique. Le fait même
que les puristes aient pu porter des condamnations contre des néologismes, défendre la pureté de
la langue qu’ils situent dans une vision immobiliste du parler d’une élite de leur époque, apporte
la preuve du changement qui s’opère. Les néologues, de leur côté, s’appuient sur les
transformations qui sont déjà intervenues pour justifier celles qu’ils professent ou souhaitent voir
intervenir. Les thèses antagonistes s’alimentent mutuellement.

1.2. Diachronie et synchronie dans la théorie du néologisme.


À travers ces contreverses sur la langue, se trouve posé un problème fondammental de
l’analyse linguistique : l’opposition entre le perspective diachronique et la perspective
synchronique que F. de Saussure a resumée ainsi : « Le phénomène synchronique n’a rien de
commun avec le diachronique, l’un est un rapport entre éléments simultanés, l’autre la
substitution d’un élément à un autre dans le temps, un événement. » [33]. On serait tenté au
premier abord de définir la néologie selon le perspective diachronique dans la mesure où elle se
traduit par l’apparition du nouveau se traduise corollairement par la disparition d’un élément
ancien dont le nouveau prendrait la place, c’est-à-dire par un substitution. La néologie relève,
non de l’évolution, mais de la création ; à ce titre, elle se manifeste essentiellement par la
formation d’un terme nouveau, qui vient enrichir une série lexicale ou la série des emplois
d’un mot, sans que la base lexicale ou les emplois antérieurs du mot disparaissent du même
coup. Il se produit seulement une augmentation des formes linguistiques disponibles. Le
phénomène de vieillissement concomitant ne peut être discerné que dans la masse lexicale
par l’obsolescence de certains mots ou par la perte de productivité d’un élément formateur
au profit d’une autre plus dynamique : ainsi l’élément suffixal oir désignant des noms
d’instrument recule devant eur/euse exprimant l’agent mécanisé. Le concept de néologie ne
peut donc s’analyser seulement sous la forme d’une simple accumulation de néologismes,
venant remplacer des termes anciens en voie de disparition. Il se définit mieux en synchronie,
c’est-à-dire dans la perspective du rapport des éléments du système linguistique entre eux.
C’est le locuteur qui crée la nouvelle forme ; son activité linguistique s’accomplit dans
l’ignorance ou la non-conscience, au cours de l’acte de parole, de l’état de langue antérieur,
selon la dynamique des rapports établis entre les éléments du système dans le moment présent
[16].

10
La création des locuteurs en synchronie n’est limitée par aucune interdiction. Si, en effet,
les règles du système sont générales pour tous les sujets parlants d’une communauté, elles n’ont
aucune valeur impérative pour chaque individu : « …dans la langue aucune force ne garantit le
maintien de la régularité quand elle règne sur quelque point. Simple expression d’une ordre
existant, la loi synchronique constate un état de choses ; elle est de même nature que celle qui
constaterait que les arbres d’un verger sont disposés en quinconce. Et l’ordre qu’elle définit est
précaire, précisément parce qu’il n’est pas impératif… » [33].
En réalité, diachronie et synchronie ne sont que des dimensions temporelles, la
durée et l’instant présent, appliquées à l’étude de la langue. Le dynamisme créateur d’une
langue, moyen d’expression d’une collectivité vivante, ne saurait y être totalement enfermé,
puisqu’il ne se définit ni par la seul successivité des créations une à une, ni par la seule
structure figée dans l’instant photographique. Le fonctionnement d’une langue dans ses
diverses composantes, phonologiques, morphologique, syntaxique et lexicale, est appréhendré
dans sa totalité seulement par des locuteurs contemporains de l’état de langue où se produisent
les énoncés, c’est-à-dire seulement en synchronie. Il convient donc de situer le concept de
néologie dans le dépassement de l’opposition diachronie/synchronie, de le définir dans le
cadre d’une synchronie dynamique. Un état de langue contemporain est un moment de
jonction de l’état antérieur qui s’achève et du suivant qui s’amorce, la fin d’un changement,
c’est-à-dire la formation d’un archaïsme et tout à la fois le début d’un autre changement, la
naissance du néologisme. Il n’y a nulle contradiction à voir cohabiter l « archéologie » selon
l’expression de Ch. Pougens et la néologie. C’est en réalité le même mouvement de la langue
[11].

1.3. La dichotomie Langue-Parole et le dynamisme de la néologie stylistique.


Si nous voulons préciser le caractère du dynamisme créateur de la langue, nous sommes
amené à examiner à la lumière d’une autre dichotomie saussurienne célèbre : l’opposition
Langue-Parole. La langue existe dans la collectivité sous la forme d’une somme d’empreintes
déposées dans chaque cerveau à peu près comme un dictionnaire dont tous les exemplaires
identiques seraient répartis entre les individus [33]. Par opposition à la langue qui « n’est pas une
fonction du sujet parlant », la parole est au contraire un acte individuel de volonté et
d’intelligence [33]. Cette relation entre la langue qui n’existe que dans la collectivité des sujets
parlants et la parole individuelle nous permet de mieux définir la création linguistique. Celle-ci
est l’acte d’expression d’une pensée individuelle, mais en fonction de la communication. Si un
inventeur donne un nom à un objet façonné, à une technique de fabrication, à un nouveau
11
concept élaboré, c’est pour le faire connaître aux autres membres de la communauté linguistique.
Telle expression nouvelle d’un écrivain est destinée à mieux faire comprendre à
l’interlocuteur qu’est le public le sens exact de sa pensée. C’est donc le sujet parlant qui
crée le néologisme ; mais il le fait en tant que membre d’une communauté avec l’intention,
avouée ou non, d’enrichir la communication. Du même coup, l’interlocuteur est partie prenante
dans la création, puisqu’il en est le destinataire. Ainsi la formation du néologisme n’est pas
seulement un acte de parole, elle est destinée à être aussi un phénomène de langue.
La langue est la condition de l’exercice de la pensée, de la connaissance du monde.
L’expression de la réalité nouvelle se conforme au système de la langue, aux exigences de la
conscience linguistique de la communauté, sous peine que le terme nouveau qui donne existence
à la création ne soit pas reçu. Tel spécialiste qui voudra ériger son domaine d’étude en science
n’aura pas d’autre moyen de le faire qu’en se soumettant à l’usage établi de former des noms de
science par un composé à deux termes, le premier signifiant l’objet de la spécialité, le second la
notion de spécialisation (ex. : fuséologie, futurologie, gérontologie, kremlinologie). Le
néologisme ne produit alors aucun effet de choc, il est normalement reçu, au point qu’il devient
parfois difficile de le reconnaître. En définitive, la création néologique individuelle présente
nécessairement un aspect collectif, en ce sens qu’elle doit répondre à une certaine appétence de
la collectivité linguistique pour prendre naissance et s’implanter [12].
Mais le caractère contraignant du système de la langue ne constitue-t-il pas un frein à la
liberté créatrice et cet aspect ne l’emporte-t-il pas sur l’aspect producteur ? Toute langue
comporte une norme qui est l’ensemble des règles assurant le fonctionnement du système, en
vertu duquel on crée des phrases, des éléments de phrases, des mots, et on communique avec les
autres membres de la communauté linguistique. Les combinaisons de phonèmes créatrices d’une
substance linguistique interviennent nécessairement dans le cadre de la successivité, de
l’irréversibilité des sons de la parole. Toute expression phrastique, si compliquées et diversifiées
qui soient ses réalisations, se produit dans le cadre de l’énoncé fondamental, conforme au rapport
sujet-prédicat, et toute relation syntaxique de cette nature, pour être reçue, doit réaliser une
signification. A ces impératifs fondamentaux et universels de l’expression linguistique, par
opposition aux autres formes d’expression, s’ajoutent encore les règles propres à une langue
fonctionnant à tel moment de son histoire [23].
Les règles du code établi offrent au locuteur le moyen de s’exprimer, de créer des phrases
à l’infini et de trouver des interlocuteurs pour les comprendre. Elles ont donc un rôle positif et
créateur ; mais l’aspect complémentaire négatif du code est l’obligation de ne pas s’écarter des
règles qui font la permanence du système. La contradiction est dépassée par l’usage qui peut

12
instaurer l’individuel comme général, l’irrégulier comme régulier. Il existe, en effet, deux types
de créativité, celle qui résulte de l’application des règles et celle qui modifie les règles, selon une
distinction faite par Noam Chomsky. La créativité linguistique ne peut s’exercer par des moyens
fondamentalement contraires au fonctionnement de toute langue, par de marques alinguistiques,
mais elle peut modifier certains aspects du système ; elle ne saurait, par exemple, abolir, dans le
dialogue, l’opposition je/tu sauf par affectation de trangression du code comme chez certains
poètes, ou l’opposition verbe/nom, mais elle peut substituer la forme verbiale intransitive je
m’en rappelle à la forme verbiale transitive je me le rappelle [17].
Les règles fondammentales du système étant observées, la norme n’est pas plus ce qui a
été institué que ce qui naît tend à devenir.

1.4. Néologie dénominative et néologie connotative.


Il convient d'abord de faire la part des créations lexicales dont le principe ne réside pas
dans la volonté d'innovation linguistique des locuteurs mais dans le mouvement même du
monde. L'objet fabriqué fait son entrée dans la langue dès l'instant qu'il existe ou même dès que
l'inventeur ou le promoteur en conçoit 'existence. Il ne suffit pas de mettre en pointillé la relation
entre le système de la langue et la réalité du référent comme pour l'ignorer; celui-ci s'impose au
système linguistique comme en témoignent les innombrables néologismes de forme ou de sens
créés pour faire face à l'évolution du monde contemporain, à la dénomination de toutes les
inventions scientifiques et techniques. C'est cette forme de néologie que nous appelons
dénominative, dont le trait caractéristique semble être que la forme esthétique du terme n'entrave
nullement sa diffusion puisque c'est la chose diffusée qui emporte avec elle son nom, même
disgracieux, même étranger. La masse parlante s'approprie le mot par différents procédés de
simplification: ( bida n.m. pour bidasse n.m.-simple soldat (1950); bidé n.m. pour bidon n.m.-
Théâtre; échec d’une pièce,d’une représentation. Il existe une autre forme de néologie fondée
sur la recherche de l'expressivité pour traduire des pensers anciens d'une manière nouvelle ou
pour donner leur nom à des modes de penser ou de sentir inédits. Cette néologie qui relève de la
recherche stylistique liée à l'originalité et à la personnalité du locuteur, pleine de résonances
affectives, psychologiques, psychanalytiques même, nous l'appellerons néologie connotative.
Mais la délimitation entre la forme dénominative et connotative de la néologie n'est pas toujours
aisée. Une sensibilité nouvelle, une certaine manière de concevoir la vie, une aspiration au
changement est une réalité aussi précise que tel produit fabriqué, et a besoin d'être nommée.
C'est ce qu'exprimait Th. Gautier dans une préface en tête des Œuvres complètes de Baudelaire
(cité in Darmesteter, Création de mots nouveaux) : « Ce n'est pas chose aisée, d'ailleurs, que ce
13
style méprisé des pédants, car il exprime des idées neuves avec des formes nouvelles et des mots
qu’on n’a pas entendus encore. On pense bien que les quatorze cents mots du dialecte racinien ne
suffisent pas à l'auteur qui s'est donné la rude tâche de rendre les idées et les choses modernes
dans leur infinie complexité et leur multiple coloration. » C'est toute la spécificité de la néologie
littéraire en liaison avec l'esprit d'une époque qui se trouve ainsi définie par Th. Gautier.
L'écrivain est souvent présenté comme le spécialiste de la création néologique ; c'est un
droit que lui reconnaissait Vaugelas, comme une sorte de privilège professionnel. Non
seulement il l'exerce mais il lui arrive de céder à sa fantaisie et de s'adonner aux délices du
délire verbal. C'est pourquoi il convient d'essayer de définir la relation entre création
littéraire, création artistique et création linguistique. La création artistique peut être
absolument gratuite, tendre à satisfaire le seul sentiment esthétique du créateur. Dans la mesure
où la littérature est un art, l'écrivain serait en droit d'adopter la même attitude et de s'abandonner
à sa fantaisie. Mais le texte littéraire est en même temps un acte linguistique et la création
linguistique ne peut être seulement subjective parce que la langue est en même temps
l'objet de la création et ce par quoi cette création est véhiculée. On a défini dans la relation
langue /parole les limites de l'acte individuel de parole, par rapport au code de la langue et dans
la communauté linguistique. L'interlocuteur est nécessairement présent dans l'acte de création
linguistique car, en définitive, n'est expressif que ce qui est communicable à d'autres dans le
respect des règles essentielles du code, On ne doit pas perdre de vue non plus que la création
linguistique, si important que soit le rôle de la littérature pour la diffusion de la culture, la
connaissance et la perfection de la langue, n'est pas le monopole de l'écrivain. Le code
linguistique appartient à tous les membres de la communauté qui peuvent en user et inventer,
chacun de leur côté, de nouvelles expressions, l'homme de science le technicien aussi bien que
l'homme du peuple. L'expression littéraire ne constitue qu'un niveau particulier de la langue,
définissable d'ailleurs seulement parce qu'il s'oppose à d'autres niveaux. On pourrait établir une
typologie du néologisme littéraire en prenant pour objet d'étude par exemple le Dictionnaire des
mots sauvages de Maurice Rheims [31]. On y voit apparaître les traits caractéristiques de la
création littéraire marginale : le recours de préférence à certains suffixes (-ence, effulgence,
Mallarmé), (-ent, mellifluent, Apollinaire), -erre (fantasquerie, Cat. Mendès), chercherie (Jouve),
particulièrement à des suffixes de diminutifs (feuilloles, Appollinaire; se fichotter, Montherlant)
en raison du jeu de connotations qu'ils permettent par opposition à la valeur syntaxique et
sémantique précise des autres éléments du système suffixal; la transcription phonétique qui
permet des variantes expressives ou ironiques du même mot (eksistence, eggzistence,
hainexistence, aiguesistence, Queneau) et surtout le télescopage de deux mots qui se prêtent

14
particulièrement au jeu (cordoléance, Ionesco, de condoléances et cordial, infiniverti,
(Michaux), cosmopolisson, (Morand), nostalgerie, (Montherlant). Il faudrait surtout faire le
recensement quasi impossible des créations de sens, tellement incorporées au style de l'auteur,
qu'elles ne peuvent accéder au niveau de la langue. L'écrivain se soucie de frapper l'attention du
lecteur, de produire un effet dans l'acte de communication, au lieu de couler sa pensée dans les
structures les plus communément productives du système ou dans les mots déjà adoptés. Mais du
même coup ses créations sont nécessairement éphémères.
La décision d'acceptation ou de refus du néologisme ne se situe pas au niveau du système
linguistique, qui détermine seulement sa création. L'usage n'est pas une fonction immanente à
une langue. Il est le résultat d'un ensemble de conventions : ses règles varient selon le modèle
socio-culturel de la société et elles s'imposent aux sujets parlants qui en prennent plus ou moins
conscience selon leur degré de culture. Les alternances de poussées néologiques et de réactions
puristes sur le fond du mouvement général de la langue sont la traduction de la lutte permanente
entre, d'une part, l'esprit de liberté, la recherche du nouveau qui stimule la créativité des
locuteurs et notamment des écrivains accomplissant leur fonction d'inventeurs de mots et, d'autre
part, l'esprit de tradition, de conservation qui la paralyse au nom de la norme et de l'ordre établi;
elles sont indépendantes de la loi propre au système linguistique qui implique à la fois la
mutabilité et l'immutabilité; elles sont l'aspect idéologique du mouvement. Dans les faits, la
langue, et notamment le lexique, reflètent le mouvement général de la société, ne serait-ce qu'en
vertu de la néologie dénominative. C'est pourquoi L. S. Mercier pouvait parler d'une langue
républicaine, qu'il opposait à la langue monarchique et, après lui, P. Laffargue, se référant à la
période de réaction contre les innovations révolutionnaires, a désigné cet état de langue comme
celui de la « naissance de la langue bourgeoise » (in La langue française avant et après la
Révolution, l'Ere Nouvelle, janv.-fév. 1894) ; et on ne saurait nier que la langue de notre époque
porte les traces de la civilisation technicienne.
Le modèle socio-culturel implique une certaine défi nition de l'usage de la langue par
rapport à une élite cultivée, dont les contours varient selon les époques et les sociétés. Une place
éminente y est accordée naturellement aux professionnels du verbe, qui occupent la plupart des
sièges de l'Académie, à côté de représentants minoritaires des autres couches de l'intelligentsia,
C'est donc aux écrivains que les couches dirigeantes de la société confient le soin d'accepter ou
de refuser les néologismes. Dans son cours de Grammaire historique, A. Darmesteter voyait dans
l'écrivain celui qui pouvait faire barrage « à la force révolutionnaire qui n'emporte que trop vite
la langue populaire ». Girault Duvivier dans la préface de la Gram maire des grammaires a
accordé aux écrivains le pouvoir d'arbitrage souverain, « Si on est embarrassé sur le choix on

15
doit faire, dit-il, sur l'avis qu'on doit suivre, on prouvera du moins une satisfaction, c'est qu'on
aura pour déterminer l'autorité d'un grand nom, car comme l'a un auteur : « Il n'y a de
grammairien par excellence me les grands écrivains. » Les rédacteurs de dictionnaires de langue
savent bien, en effet, que le repère d'une citation d'auteur est presque toujours souhaitable pour
situé en usage, un contenu de signification. Il ne reste qu'à pour désigner ceux qu'on appellera «
grands écrivains » et à décider s'ils ont le monopole de la décision. La civilisation technicienne
contemporaine amène les sphères dirigeantes à réviser quelque peu la conception artiste au seul
profit des écrivains de l'Académie. C'est ce qui transparaît dans l'infléchissement de la doctrine
du Conseil International de la Langue Française selon laquelle la qualité dominante du français
consisterait à pouvoir faire face au besoin de dénomination de toutes les créations de la science
et de la technique en concurrençant efficacement les langues qui s'en assurent souvent le
monopole. Une ère néologique est donc ouverte dans l'idéologie du moment. On ajoutera que,
dans les faits, le flot de production verbale déversé par les moyens audio-visuels et le prestige
dont ils jouissent dans la masse parlante font plus pour l'adoption d'un néologisme que toutes les
décisions académiques.

1.5. Typologie des néologismes lexicaux et sémantiques.

Pour tenter de classer les différents sortes de néologismes, il nous faut partir d'un certain
nombre de postulats tirés de l'observation du fonctionnement de la langue.
1. Une langue fonctionne selon son propre code en vertu duquel sont produits des actes
de discours et des formations lexicales. Tout ce qui provient d'une langue autre doit être
considéré comme relevant d'un autre code.
2. Le néologisme est un signe linguistique comportant une face « signifiant » et une face
« signifié ». Ces deux composantes sont modifiées conjointement dans la création néologique,
même si la mutation semble porter sur la seule morphologie du terme ou sur sa seule
signification.
3. La formation néologique, le plus souvent, n'est pas une unité de signification minimale.
Elle résulte de la combinaison d'éléments plus simples existant dans la langue. La création réside
alors dans le mode de relation établie entre ces éléments.
4. La création du néologisme ne peut être dissociée du discours tenu par le créateur-
individu intégré à une communauté, s'exprimant dans une situation donnée.

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5. Le néologisme présente un aspect oral et un aspect écrit. Les modifications graphiques
doivent donc être considérées comme relevant de la néologie nous tentons de classer les divers
types de néologismes.
La néologie phonologique.
Le problème posé est celui de la création de la substance phonologique. Toute langue
possède son système combinatoire spécifique entre consonnes et voyelles. Certaines séquences
ne se rencontrent pas dans une langue alors qu'elles sont spécifiques d'une autre. [ex : ing de
l'anglo américain, exclu en français]. En principe toute séquence phonologiquement conforme à
la combinatoire de la langue devrait pouvoir être intégrée dans la langue. Mais l'acte de création
est inhibé par la contrainte sociale de la signification, quoique le signe linguistique soit arbitraire,
c'est à-dire sans lien direct avec la réalité signifiée, et en principe disponible pour toutes les
significations qu'on voudrait lui attacher. En fait, la création est restreinte par le besoin social de
communication qui conduit à utiliser un groupement signifiant + signifié préexistant dans la
langue ou dans une langue source. Le stock des formations onomatopéiques qui transposent dans
une forme linguistique arbitraire les bruits naturels ou les cris des êtres animés est très réduit. Il
ne s'enrichit guère que dans le vocabulaire des bandes dessinées ou de la science-fiction (ex :
glop = battement d'un « coeur perpétuel » mécanique dans le vénusik- in Gilbert, Dictionnaire
des mots nouveaux). La création intégrale d'un mot simple, c'est-à-dire d'une substance
phonologique inédite + signification inédite est extrêmement rare. L'exemple souvent cité de gaz
a été interprété comme une transposition et une adaptation phonétique la forme grecque Khaos
avec la signfication empruntée de « substance subtile ». La formation d'une nouvelle séquence
phonologique peut intervenir à partir de substances préexistantes, sous forme d'abréviation
(manif - manifestation) ou de transposition phonologique d'expressions condensées
graphiquement (ex : ZUP = zone à urbaniser en priorité) prononcé [zyp], d'adaptation de mots
étrangers importés (gadget) servant de bases à une dérivation dans la langue emprunteuse
(gadget [gadzet] gadgétiser [gadzetize]).
La néologie syntaxique.
Nous entendons par là toute formation qui s'opère par la combinaison d'éléments
préexistants dans la langue. La combinaison se présente sous un aspect lexical (base et affixe)
mais aussi sous un aspect phrastique.
En ce qui concerne l'affixation, nous groupons ensemble la procédure de la suffixation
(base + suffixe : godille > godilleur, dans le vocabulaire du ski), celle de la préfixation (préfixe +
base : pré-inscription), celle de la formation parasynthétique (préfixe + base + suffixe :
conurbation [rassemblement de plusieurs villes autonomes en une seule ]). Ce classement

17
présente des imperfections : il est fondé sur les critères externes complémentaires de la non-
existence de l'affixe en tant qu'élément autonome dans la langue et de la soudure des éléments
formateurs. Il répond imparfaitement à la description du phénomène réel de la création dans la
mesure où le principe créateur est dans la relation syntaxique profonde entre les éléments, source
de la transformation lexicale. Le préfixe, notamment, est souvent une préposition, élément
fonctionnel autonome dans la phrase.
Une seconde forme de combinatoire est représentée par la composition. Celle-ci s'opère à
partir d'éléments lexicaux autonomes ou non autonomes. Le modèle dit « savant », en effet,
fonctionne avec des éléments empruntés au latin ou au grec qui n'existent pas comme mots
indépendants du lexique (lactoduc - orthophonie) ou avec une combinaison extrêmement variée
entre termes autonomes français et non autonomes, latins, grecs (pico - seconde, pictogramme).
Les éléments de ces composés sont tantôt soudés, tantôt disjoints, selon le degré de pénétration
dans la langue du type de formation ou de la formation elle-même. Le critère le plus général qui
permet de rassembler sous un même modèle ces formations, extrêmement diverses en raison de
la productivité du type, est que l'un des éléments au moins du composé n'est pas, initialement, un
mot indé pendant du lexique français.
Un autre modèle de composition peut être décrit comme la combinaison de deux mots
autonomes à fonction grammaticale dans la phrase.
Ces composés résultent de la combinaison d'un verbe et d'un substantif (protège-nuque),
d'un substantif et d'un substantif (pneu-neige), d'un substantif et d'un adjectif (jeune-loup). Ces
composés présentent le plus souvent la forme de jonction graphique par trait d'union. A la
néologie syntaxique, nous rattachons un type de formation non-décrit dans la présentation
traditionnelle de la composition et que nous appelons dérivation syntagmatique. Il s'agit de
formations caractérisées par une transposition directe de la séquence syntagmatique de phrase en
unité lexicale sans aucune marque extérieure de la transformation qui s'opère essentiellement sur
le plan du signifié. Les termes ne sont pas réunis par un trait d'union (sécurité sociale. - journée
continue - rectangle blanc). Les éléments fonctionnels de la syntaxe de la phrase y sont
maintenus (force de dissuasion, prêt-à-porter). A cette catégorie on peut rattacher les divers types
de locutions, verbale (prendre l'air), adverbiale (coup par coup), prépositionnelle (en prise
directe sur, avec).
La siglaison est une forme particulière de cette dérivation syntagmatique : une fois l'unité
de signification créée, selon la procédure de l'extension syntagmatique par déterminations
successives, la loi de l'économie dans la communication conduit à la condensation sous une
forme graphique qui consiste à représenter chaque terme de la séquence par sa première lettre (ex

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: Z.U.P. « zone à urbaniser en priorité »). Ce procédé rappelle la syntaxe spécifiquement lexicale
par la suppression des opérateurs syntaxiques de liaison.
La néologie sémantique.
Nous considérons que la signification se manifeste dans le cadre du lexème, à la fois par
le groupement des traits ou sèmes dont celui-ci est le faisceau, par la fonction syntaxique
afférente à la catégorie grammaticale qu'il comporte et par l'usage qu'en fait le locuteur en tant
qu'individu appartenant à un groupe socio-culturel. Elle relève et de la rhétorique et de la
grammaire et de la socio linguistique. Nous appelons néologie sémantique tout changement de
sens qui se produit dans l'un des trois aspects signifiants du lexème sans qu'intervienne
concurremment un changement dans la forme signifiante de ce lexème. La première forme de
néologie sémantique est celle qui s'opère dans le changement du groupement des sèmes afférents
à un lexème, selon des modalités diverses. Celles-ci ont été décrites par les rhétoriciens sous le
nom de synecdoque, métaphore, comparaison, métonymie. L'ana lyse du mécanisme spécifique à
chacune de ces figures dépasse le cadre de cette présentation. Ce qu'il faut retenir de ces
mutations de sens, c'est qu'elles demeurent non-apparentes dans le cadre du lexème, aussi
longtemps qu'elles ne sont pas manifestées par l'insertion du mot dans la phrase, par une
distribution nouvelle des composants possibles du syntagme et de la phrase. L'emploi figuré de
en catastrophe implique une relation syntagmatique avec une unité d'une autre classe sémantique
que avion (non humain), par exemple, dans une phrase comme « un inspecteur est envoyé en
catastrophe » où l'inspecteur comporte le trait humain.
Le plus souvent il suffit d'un déterminant pour opérer la mutation d'un sème et manifester
la nouvelle signification (pirate - pirate de l'air). Dans ce cas, la néologie sémantique s'apparente
à la catégorie de la néologie syntaxique que nous avons appelée néologie syntagmatique.
La seconde forme de néologie sémantique est celle qui affecte la catégorie grammaticale
du lexème, et qu'on appelle parfois néologie par conversion. L'essence du changement nous
paraît de caractère sémantique, la catégorie grammaticale n'étant que le moyen de réalisation de
la mutation. Ainsi belle employé comme substantif féminin (les belles) implique un changement
sémantique qui dépasse la simple mutation de l'adjectif féminin, même appliqué à une femme, en
substantif.
La troisième forme de néologie sémantique est celle qu'on pourrait qualifier de
sociologique. La majeure partie des mots, à l'exception d'un noyau du vocabulaire général, se
répartissent entre des vocabulaires afférents à des activités particulières ou à des niveaux sociaux
différents. Cette catégorisation sociologique du mot est partie intégrante de sa signification.
Aussi le passage d'un terme d'un vocabulaire spécialisé à un autre vocabulaire spécialisé le

19
charge d'une signification nouvelle qui ne provient pas seulement du référent nouveau mais aussi
du milieu professionnel des locuteurs. Il en est ainsi pour les termes techniques qui passent dans
le vocabulaire général usuel, pour les mots dialectaux dont l'usage se généralise ou pour les mots
d'auteurs qui se répandent dans la masse parlante.
L'emprunt.
La néologie par emprunt consiste à faire passer un signe linguistique tiré d'une langue où
il fonctionnait selon les règles propres au code de cette langue dans une autre langue où il est
inséré dans un nouveau système linguistique. C'est pourquoi nous en faisons une catégorie
distincte bien que l'adaptation du terme à son nouveau milieu linguistique se traduise par des
altérations d'ordre phonétique et fou graphique (ex. - zoom et zoum), par des modifications
sémantiques du terme maintenu dans sa forme originelle (ex. planning employé absolu ment en
français au sens de plan) ou par le maintien de la signification originelle malgré l'adaptation
morphologique à la langue d'accueil (ex. to realize - réaliser). C'est ce phénomène d'adaptation
au nouveau code qui caractérise l'emprunt plus que la forme étrangère. Il convient de distinguer
en effet les emprunts véritables des mots étrangers qui viennent à être employés dans l'énoncé en
référence à des réalités étrangères et qu'on peut appeler des xénismes. Ces mots ont leur valeur
propre par leur forme étrangère : ils sont en quelque sorte cités comme témoins de la réalité
évoquée.
La néologie graphique.
On ne saurait négliger l'opposition entre la langue parlée et la langue écrite comme source
de néologie. Le passage d'un code à l'autre permet de créer de nouvelles formes. R. Queneau a
appelé « coagulation phonétique » le procédé qui consiste à rassembler dans une séquence
graphique unique des mots différents en rappelant le fameux de V. Hugo et en citant les
créations du vocabulaire publicitaire (Kisuzpa), en suggérant que filovan aurait été aussi joli que
automobile. On connaît l'importance de la marque graphique du trait d'union. Son apparition, sa
disparition indiquent les étapes d'une transformation sémantique. Il permet aussi le procédé qu'on
pourrait appeler, à l'exemple de Queneau, coagulation graphique par la réunion de tous les
constituants d'une phrase en une sorte de nom ou d'adjectif. La disposition graphique du texte
peut être un moyen d'invention et d'expression comme on l'a vu au temps des symbolistes et
comme on le voit dans le discours publicitaire. S'il est plus fréquent que le phonétisme d'un mot
corrompe sa graphie, il arrive que la graphie entraîne un changement de prononciation: voekser
( R. Queneau) pour vexer ; il eurîkate pour il a trouvé.

20
1.6. Domaine de la néologie
Le concept de néologie, jusqu'à ce point de l'exposé, a été appliqué au système de la
langue dans toutes ses composantes, phonologique, morphologique, syntaxique et lexicale. Il
convient maintenant d'examiner si le mouvement général de renouvellement d'une langue
l'affecte également dans toutes ses parties et si les évolutions qu'on peut discerner dans chacune
d'elles sont de même nature.
On notera d'abord une différenciation dans le rythme de l'évolution. Il a fallu deux
siècles pour que s'installe définitivement la prononciation [e] au lieu de [We] pour les finales
d'imparfait et de conditionnel. En combien de temps le passé simple a-t-il pratiquement disparu
de l'usage populaire parlé ? La création lexicale, au contraire, peut se situer dans le temps, ne
serait-ce que par les datations fournies par les dictionnaires. En second lieu, la création
phonologique et morphologique est si diffuse dans la masse parlante qu'on peut à peine employer
le mot de création pour la désigner. Dans cette sorte de transformation, le sujet parlant ne fait que
jouer un rôle passif, se contentant d'imiter un emploi entendu, de se conformer à un usage qu'il
recueille. La mutation s'opère en dehors de lui, au niveau de la collectivité linguistique. Elle se
transmet d'une génération à l'autre, s'incorporant ainsi sans heurt dans le système de la langue.
En matière de création lexicale, on peut identifier un créateur qui endosse la paternité du terme
nouveau, ou tout au moins le milieu d'où est sorti l'usage de ce terme, s'il s'agit d'une création
orale. La forme nouvelle est produite consciemment par le locuteur, afin de traduire un concept
ou un aspect non encore exprimé par un mot ; elle est souvent revendiquée par le créateur par un
procédé d'énonciation attirant l'attention sur le caractère nouveau du terme employé.
Mais toutes les formations lexicales ne relèvent pas du même type de création. Elles se
répartissent, pour nous en tenir momentanément à une classification imparfaite, entre créations
morphologiques et créations sémantiques. Dans la première forme, ce qui est acte individuel de
création, c'est la jonction de deux éléments préexistants, base et affixe, pour engendrer un
nouveau mot (radar+iste = radariste). Il existe une syntaxe lexicale relevant du système collectif
de la langue selon laquelle intervient l'acte proprement dit de création. Dans la seconde forme,
sémantique, le sujet parlant disposant du matériel lexical de la langue, choisit un terme auquel il
confère, selon une motivation d'abord purement per sonnelle, une signification nouvelle. Tels
sont les emplois métaphoriques et figurés au stade du premier emploi (ex. musclé=fort;
laminé=écrasé). Il semble que la participation individuelle soit proportionnelle au contenu
sémantique de la forme nouvelle, à l'intention de signification qu'elle traduit, nulle dans la
formation phono logique dépourvue de valeur significative autre que celle prise dans le système,
très grande au contraire dans la création métaphorique.

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On en arrive ainsi à distinguer d'une part la néologie comme un mouvement d'évolution
qui anime la langue dans son système phonologique, grammatical et syntaxique, et la néologie
lexicale qui consiste dans les créations individuelles de mots. Cette valeur particulière, sous
l'angle de la création linguistique, conférée au mot, dont la délimitation a pourtant fait l'objet de
tant de discussions parmi les linguistes, contribue à la définition de cette unité linguistique : elle
n'est pas la plus petite unité de signification de la langue (monème ou morphème) mais elle est
celle qui sert de point de départ à l'analyse linguistique puisque c'est à partir d'elle qu'on
distingue en deçà les phonèmes et au-delà les syntagmes et la phrase, celle qui donne accès au
concept et fait la jonction avec la pensée et le monde, celle enfin qui est le lieu de rencontre entre
l'archaïsme et l'innovation.
Du point de vue de l'acte linguistique, le mot, si important qu'apparaisse sa fonction
lexicale, n'est rien sans la phrase. La création linguistique ne peut se réaliser, en effet, que dans et
par la phrase. Le lexique n'est pas une partie autonome de la langue. Les différentes formes du
néologisme, à l'exception de la forme onomatopéique, apparaissent dans un processus de
caractère phrastique, si bien que le mot, malgré le rôle privilégié qu'on lui a reconnu, n'est en
définitive qu'un élément de phrase, tant du point de vue du fonctionnement que de la création
linguistique. Le schéma linguistique fondamental est la relation entre le nom et le verbe, le sujet
et le prédicat.
Du point de vue du rapport entre l'univers du monde et de la pensée et l'expression
linguistique, le mot est un catalyseur de signification parce que, d'une part, il sert à dénommer,
donc à signifier à lui seul, et que, d'autre part, il fournit un élément de combinaison pour
exprimer une signification qui dépasse le cadre de sa forme. Ce que Saussure a dit du signe
linguistique, de ses aspects contradictoires et complémentaires de mutabilité et d'immutabilité,
s'applique parfaitement au mot, en tant que forme simple, et s'étend même aux formes construites
du mot : en tant qu'élément signifiant, le mot est voué à la néologie par la disproportion
numérique entre les formes signifiantes et les choses à signifier, et par l'infinie variété des
motivations des locuteurs qui le font entrer dans leurs phrases.

22
2. ÉTUDES PRATIQUE : LES NÉOLOGISMES DES ANNÉES 2012-2021 ET LEUR
TRADUCTION EN ROUMAIN

2.1. Préliminaires
Cette réflexion sur l’état de la néologie, surtout celle stylistique, on peut la faire en
grammairien, en sociologue, en sémiologue – en un mot : en savant. On peut aussi la faire en
étudiant en licence, amoureuse de la richesse et des charmes de la langue française, de ses mots
nouveaux, de ses nouvelles connotations.
Premier constat : la langue française est vivante : radio, web, journaux, livres,
conversation, internet… Les mots nouveaux par tout. Ils sont forgés dans les cours de récréation,
dans les laboratoires de la technologie, dans les agences de communication : Le monde bouge, la
langue aussi.
Deuxième constat : la langue est moins qu’hier soumise à la norme. Hier, l’éducation
nationale, les dictionnaires, l’Académie française, disait que le bon usage est le plus important
dans une langue. Aujourd’hui, la langue batifole, hésitante sur ses bases, bousculée, au risque de
se perdre. Heureusement, les écrivains d’hier et aujourd’hui, de Molière à Modiano, servent
encore de garde-fous. Il n’est pas superflu de s’y référer en lisant leurs œuvres.
Langue de jaolis, de l’an 2019 (l’année de Covid-19) ou des semaines qui viennent de
s’écouler, elle est en quelque sorte ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre. À travers
l’histoire, la politique la communication, la littérature, nous avons voulu saisir et analyser ce que
nous a enchanté (droits de l’hommiste adj., court-fermiste n.m., écolocompatible adj.) ou déplu
(Covid-19 n.m., covidant, adj. ; covidesquement adv.)
Mots d’un jour, d’une décennie ou de toujours, ce sont de mots ou bien à garder ou bien à
oublier.
Nous avons voulu savoir ce que se passe dans la langue dans un laps le plus court possible de
temps. Et nous avons soumis à l’analyse beaucoup de mots nouveaux à créés à but stylistique. Le
français de 2010 à 2021 s’enrichit et vit avec son temps. En voici donc de nouveaux petits et
grands trésors.

2.2. Les mots de l’actualité des années 2010-2021


Les mots de l’année, en politique, sont des mots qui ont défrayé la chronique un certain
temps. Ils sont parfois réduits à des lettres, tel le trop célèbre AAA, qui n’est ni un acronyme ni
un sigle, mais une simple note comme peuvent en avoir les écoliers, aux conséquences autrement

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plus graves et imprévisibles. Ce sont aussi des mots – valises, créés de toutes pièces à partir d’au
moins deux mots pour décrire une situation, tel Merkozy ou Merkollande. Ou encore des mots
savants, devenus familiers en un jour, comme anosognosie. Nous allons présenter les mots
nouveaux la définition, le genre, le nombre, l’adj., verbe et adverbe. Là où il est possible nous
marquerons la date.
Bankster, n.m.
Définition : Nom péjoratif donné aux banquiers auxquels, pense-t-on, la crise financière a
profité. La crise banquière et financière sans précédent d’octobre 2008 a remis au goût du jour le
mot bankster, traditionnellement employé par l’extrême droite depuis les années 1930.
Origine : Mot – valise de banq(ue) + (gang)ster, créé par l’avocat américain Ferdinand
Pecora à propos de la crise de 1929. Le mot a été repris et diffusé dans l’extrême droite dans les
années 1939 par le journaliste belge Léon Degrelle. Il a été employé notamment par Jean-Marie
Le Pen en 2009 et 2012.
Cash, adj. et adv.
Définition : « Etre direct, ne pas prendre de gants. » Le mot vient du vocabulaire des
banlieues, il a été enregistré en 2017 dans le Lexik des cités (Fleuve noir) comme adverbe : « Ils
se sont expliqués cash », et comme adjectif : « Ce mec-là, il est trop cash, les préliminaires, ça
lui prend la tête. » Il a rapidement été adopté dans le vocabulaire des hommes politiques. Depuis
2009, il a fait son apparition dans le langage des entreprises. Cash est entré dans Le Petit
Larousse et Le Petit Robert en 2009, sans mention du niveau de langue pour Le Petit Larousse,
contrairement au Petit Robert qui l’enregistre comme « très familier ».
Origine : Par analogie avec payer cash, en argent liquide et en une seule fois.
Clivant, e, adj.
Définition : Qui clive, qui divise. Cet adjectif, très à la mode, a ceci d’intéressant, c’est
qu’il n’est pas encore répertorié dans les dictionnaires « officiels » (Larousse, Robert, Nouveau
Littré), bien qu’il le soit dans les dictionnaires en ligne, toujours à l’affût du nouveau. Il est
particulièrement en vogue dans le milieux politiques, et a été notamment appliqué à Nicolas
Sarkozy : « Jeudi soir dernier, dans l’ineffable ,,Paroles de Français’’ , notre président a été une
nouvelle fois clivant, conformément à la vérité sarkozienne selon laquelle la haine des une
provoque l’amour des autres », pouvait-on lire le 16 février 2011 dans Causeur magazine. Mais
il se dit aussi d’autres acteurs de la scène politique : « Personnage clivant à l’image du père,
Marine Le Pen est depuis le 16 janvier la présidente du Front national. » (Euronews, 18 janvier
2011). Il n’y a pas que les êtres humains qui puissent être clivants, les choses aussi le sont :
« Benoît Hamon, porte-parole du PS, a affirmé aujourd’hui que le projet du PS présenté demain

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serait ,,clivant’’ mais qu’il rassemblait ,,tous les socialistes’’, lisait-on dans Le Figaro du 4 avril
2011. Cet adjectif est donc entendu au sens de « qui divise », « qui ne fait pas l’unanimité ».
L’antonyme pourrait être consensuel. Le verbe cliver est à l’origine un terme de diamantaire qui
signifiait « fendre ». Il a été emprunté au hollandais au XVIIIe siècle, et est resté un terme savant
dans le domaine de la minéralogie, puis de la biologie. La psychanalyse lui a donné une certaine
noblesse en parlant du moi clivé. Jusqu’aux années 2000, le mot appartenait à la langue soutenue.
Le participe présent du verbe était utilisé transitivement en biologie.
Origine : Participe présent adjectivé du verbe cliver. Le mot reste un terme spécialisé des
instituts de sondage, mais son existence commence à être connue : «  Et le kitsch est clivant,
comme disent les sondeurs. Il range les gens dans des camps bien déterminés, tranchés, sans
recouvrement possible. » (Philippe Besson, Enjeux Les Echos, mars 2006). L’année 20117
marque le tournant : le mot sort de son berceau originel, se répand d’abord dans le milieu du
design, gagne le terrain de la politique et bientôt les milieux à la mode, tout en gardant souvent
des guillemets qui prouvent que l’on en ressent le caractère néologique. « Soyez clivant. Faites
parler de vous. A Paris, il vaut mieux que votre bistro se voie de loin… » (www.paris-
bistro.com, janvier 2007) Au-delà de cette date, si le mot reste particulièrement en usage dans les
coulisses de la politique, il reste le monopole de tous les milieux qui font l’actualité.
Сourt-termisme, n. m. Péjor.
Définition: Attitude qui a tendance à privilégier l'intérêt immédiat sans se préoccuper des
conséquences à long terme.
Origine : De la locution à court terme.
Défiltrer v. tr. (terme d'astronomie)
Définition : Dans le domaine de la photographie astronomique, enlever les filtres
notamment infra-rouges - du boîtier de son appareil photo. On peut filtrer le café ou les appels
téléphoniques, la police peut infiltrer un groupe de terroristes, on peut exfiltrer un espion.
Bernadette Chirac, elle, a utilisé le verbe défiltrer dans un sens figuré à propos de son mari
qu'elle a qualifié de défiltré à cause de sa déclaration : « Je voterai Hollande. » On le trouve
employé également au sens de « déjouer, dévoiler (un complot) ».
Origine : De dé- et filtrer.
Contexte : Pour le sens figuré : << Comment des médias aux aguets (américains, français
comme l'Huma, ou simplement soucieux de vérité) n'auraient pas pu défiltrer un complot avec
tant de gens dans la confidence ? » (Yahoo! Questions-Réponses)
Démondialisation, n. f. (2012)

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Définition : Réorganisation de l'économie mondiale visant à relocaliser la production et
les emplois, à limiter le libre-échange et à revenir à un protectionnisme caractérisé des droits de
par douane. Le nombre d'emplois du mot a sextuplé en 2011.
Origine : De dé- et mondialisation (mot créé en 1953).
Contexte : « Chantre de la "démondialisation », celui [Montebourg] qui a ratissé les
mêmes terres que Jean-Luc Mélenchon, préparant la campagne du candidat du Front de gauche,
[...] est en charge du « Redressement productif ». Ce portefeuille fait écho à ses thèmes de
campagne. Il avait notamment plaidé, l'automne dernier, pour un capitalisme coopératif », de
manière à permettre aux travailleurs d'être propriétaires de leurs moyens de production. » (Le
Figaro, 17 mai 2012)
Droits-de-l'hommiste, adj. et n. Péjor.
Définition : Partisan des droits de l'homme à qui l'on reproche une attitude moralisatrice
et bien-pensante, et que l'on accuse de faire beaucoup de bruit pour se donner bonne conscience.
L'expression est reprise à leur compte par les militants des droits de l'homme, par dérision. Ce
mot, apparu en 1989, a vu son emploi s'affirmer à partir de 2011. Les occurrences sur Internet
ont presque triplé cette année-là, après avoir longtemps stagné. Le nom droit(s)-de l'hommisme
est d'un emploi beaucoup plus modeste.
Origine : André Pellet, en 1989.
Contexte : « [...] on dit que Frédéric Dard a inventé pas moins de 20 000 néologismes. On
peut bien m'en pardonner un même si je n'ai pas l'outrecuidance de me comparer au père du
célèbre San Antonio! Mais qu'est-ce que ce déjà presque fameux "droits de l'hommisme" ?
« Tous les droits-de-l’hommistes de la Création passent devant la porte de Saint-Ouen en disant :
,,Mon Dieu, les pauvres’’ puis s’en vont pour aller dîner en ville » (Nicolas Sarkozy, Le Monde,
24 octobre 2002)
Écolocompatible, adj.
Définition : Qui est compatible avec les critères de l’écologie. Le terme est souvent
employé de manière humoristique par les politiciens, comme dans ce mot de Michel Rocard :
« On est écolo-compatibles, mais on n’est pas écolos complets » (à propos du projet du PS). Ou
encore : « Réputée plus écolo-compatible, la première secrétaire du PS avait promis la sortie du
nucléaire. »
Origine : de écolo(gie)-compatible.
Contexte : « „Nos clients ont des préoccupations environnementales, constate Jean-
François Chanal, directeur général d’ALD Automotive, mais il calculent le coût d’utilisation
total de l’électrique et de l’hybride”.»

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Autrement dit, malgré les incitations gouvernementales, les entreprises neréférencent
qu’une poignée de modèles pour afficher une image écolo(-) compatible. » (Les Échos, 5 juin
2012, qui écrivent, contrairement à d’autres, écolo-compatibles).
Fadette, n.f.
Définition : 1. Facture détaillée des communications téléphoniques fournie par un
opérateur à ses abonnés. 2. Liste d'appels émis et reçus depuis un mobile avec les numéros,
dates, heures et durée de communication Un fadet, une fadette, dans le Berry, sont, comme nous
l'a appris George Sand, un « petit lutin », une « petite fée », du latin fata, « déesses des destinées
», forme féminine de fatum, « énonciation divine », « destin » (Dictionnaire historique de la
langue française), d'où vient également l'adjectif fatal. Les moteurs de recherche ne nous
apprennent pas grand-chose sur la fréquence d'emploi de ce mot, car si l'on peut éviter facilement
le roman de George Sand dans les recherches, il est impossible de filtrer tous les salons de beauté
qui portent ce doux nom de Fadette, pas plus que les internautes qui ont choisi ce pseudonyme.
On peut simplement constater que le mot fadette (et non plus fadet) fait une timide apparition en
2009 et prend définitivement sa place en 2010 à cause de l'affaire Bettencourt. Le Petit Robert a
enregistré fadette dans son édition 2013.
Origine: Mot-valise construit sur fa(cture) + (détaillée).
Contexte : Les fadettes qui ont envahi la presse en 2010 ont moins à voir avec les
histoires de fées et de sorcellerie qu'avec les histoires de contre-espion nage, non moins sombres
sans doute. Le journal Le Monde avait révélé, dans son édition du 18-19 juillet 2010, des liens,
sinon occultes du moins gardés secrets, de politiciens au pouvoir avec la patronne de l'Oréal,
Liliane Bettencourt. Horrifié de ces « fuites » intempestives, on aurait requis le contre-
espionnage, selon ce journal, pour en percer les origines. Et c'est en examinant les fadettes,
d'abord appelées fadet mais avec la même prononciation, d'un journaliste de ce quotidien que la
police secrète serait par venue à comprendre qui avait informé le journaliste.
Gaz de schiste, loc. nom.
Définition : Forme de naturel qui gaz est extrait à partir de terrains schisteux.
Origine : De gaz et de schiste. On dit aussi gaz schisteux, qui paraît plus ancien, gaz de
roche-mère ou gaz de shale, shale étant le nom anglais du schiste. La locution a fait son entrée
dans l'édition 2013 du Petit Robert.
Contexte : « La ruée vers le de gaz schiste. Grâce au gaz de schiste (shale gas en anglais)
- aussi dénommé res source non conventionnelle les États-Unis sont devenus cette année le
premier pays producteur au monde de gaz naturel devant la Russie. Et ce n'est qu'un début ! »
(Azar Khalatbari, Sciences et Avenir, janvier 2011)

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Merkhollande n. propre
Définition : Surnom donné au couple franco-allemand, en référence à celui préalablement
donné par les institutions européennes au couple Merkel Sarkozy.
Origine : Mot-valise construit sur les noms propres du Président français et de la
chancelière allemande.
Contexte : « ,,Frangela’’ ou ,,Merkollande’’ pour remplacer "Merkozy"? Pour l'option
"popculture" (ou mythologie, selon vos références), un lecteur du Financial Times a proposé au
quotidien britannique "Homer", une option que le journal Le Monde n'a pas hésité à reprendre en
titre de son article de ce mardi 8 mai sur le futur couple franco-allemand. En langue an glaise, il
semblerait que "Frangela", utilisé aussi bien par un site économique australien que par le Times
britannique (qui propose aussi "Merklande"), sonne bien. En français, c'est "Merkollande" qui
semble s'imposer au vu des nombreuses reprises du terme, notamment chez Europe 1, Le
Parisien ou encore La Tribune. Notre journaliste économique Gérard Horny a préféré une légère
variation orthographique avec un "Merkhollande" qui respecte l'intégralité du nom du président
élu français. » (Slate.fr, 8 mai 2012)
Omniprésidence, Hyperprésidence, n. f.
Définition : Ces termes, parfois admiratifs, mais souvent critiques, ont été utilisés pour
parler de Nicolas Sarkozy, quoique l'on puisse aussi trouver cette désignation appliquée à
l'ancien président tunisien, ou à l'actuel président russe.
Origine : Le préfixe grec hyper-, qui signifie « au-dessus », « au-delà », exprime
généralement l'excès et, en tout cas, le très haut degré. Un hypermarché est simplement « très »,
et pas « trop », grand. Quant au préfixe latin omni-, il veut dire « tout ». Chacun de ces mots en
évoque d'autres, qui sont proches par la forme : hyperprésident rappelle les hyperactifs, qu'on
doit, depuis quelques années, détecter dès l'école primaire. Omniprésident suscite,
inévitablement, omniprésent, on comprend donc que le président est partout à la fois, qu'on le
voit partout et qu'il s'occupe de tout lui-même. C'était le cas jusqu'en 2009, où les deux mots
étaient employés l'un pour l'autre, et autant l'un que l'autre. Depuis 2010, il semble
qu'hyperprésident ait pris le dessus. Le mot, en 2011, a été employé deux fois plus que son
quasi-synonyme. Cela correspond à un changement, au moins sur le plan de la communication.
L'omniprésident a laissé la place à l'hyperprésident. Était-ce parce que le président avait pris de
la distance, qu'il se voulait désormais << au-dessus » de la mêlée ? Ou bien était-il le président
des présidents, le champion des champions, en un mot celui qui vit sa mission comme un super-
héros? Toujours est-il que son successeur, François Hollande, ne laissera personne décider pour
lui : « Les pleins pouvoirs de l'État "hollandais". Il a l'œil sur tout. S'il repousse le modèle de

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l'omniprésidence, incarné par son prédécesseur Nicolas Sarkozy, François Hollande n'est pas du
genre à se laisser aller à une présidence sous influence. Sous son apparent manque de dureté, le
président ne laisse pas les autres déci der pour lui ou sans lui. Et à y regarder de plus près, c'est
un État "hollandais" qui s'est bien constitué. » (Le Figaro, 22 juin 2012)ю
Président normal, loc. nom. masc.
Origine: L'emploi de cette locution, que l'on a beaucoup entendue pendant les élections
présidentielles, remonte en réalité au début de l'année 2011. Elle pourrait avoir été utilisée pour
s'opposer à la fois à DSK et à Nicolas Sarkozy.
Contexte: Longtemps décrit comme l'homme de la synthèse, ce compromis improbable
entre tous les courants du PS, François Hollande laisse entrevoir depuis plusieurs mois une
personnalité plus complexe, mélange de retenue et de détermination. Il est devenu celui que la
droite aime craindre tant il s'affiche comme l'exact contraire de Nicolas Sarkozy, promettant
d'être un homme tranquille, un président normal, loin du bling-bling et de la confusion entre vies
publique et privée. Adossé à un éventail de propositions, fiscales, éducatives, industrielles, qui
ont en commun de faire de la jeunesse, génération sacrifiée dans la crise, la priori té de l'action
politique des prochaines années. (La Tribune, 28 février 2011).
Sans-abrisme, n.m.
Définition : Fait d’être sans-abri, sans domicile, de vivre dans la rue. Le mot semble être
une transposition de l’anglais homelessness et exister en français depuis 1995. Cependant et
jusqu'aux éditions 2012 du Petit Robert et du Petit Larousse, en dépit d'un nombre très important
d'occurrences, il n'est pas enregistré dans ces dictionnaires. Le mot a fait un triste record pendant
l'année 2011, puisque le nombre de ses occurrences a doublé.
Origine : Dérivé du nom composé sans-abri.
Contexte : « Le paradoxe c'est que si la France est l'un d'Europe pays à avoir l'une des
définitions du sans-abrisme les mieux établies, et si le gouvernement de Nicolas Sarkozy a
élaboré une stratégie de prise en charge des personnes sans-abri ou mal logées, dont les objectifs
sont censés être atteints en 2012, elle est la plus mauvaise dans le traitement social des sans-abri.
La France est "dans une situation désastreuse par rapport aux autres pays d'Europe", explique
Xavier Vandromme. Les objectifs inscrits dans l'agenda politique sont "incohérents", ajoute
Julien Damon, professeur à Sciences Po Paris spécialiste des questions sociales et urbaines. »
(Louise Andrieu, Slate.fr, 1er août 2011)
Souchiste, adj. et n.
Définition : Se dit des Français de souche, c’est à dire qu’on imagine français depuis la
nuit des temps, par rapport aux immigrés. L’expression Français de souche, qui existe depuis le

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début du XIXe siècle, a été notamment employée au moment de la guerre d'Algérie. Rappelons
qu'en 2006, Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur, écrivait : « Cette France [qu'il faut
construire] est un pays réconcilié. [...] C'est une France où l'expression "Français de souche" a
disparu. Où la diversité est comprise comme une richesse. Où chacun accepte l'autre dans son
identité et le respecte. Où la surenchère des mémoires s'incline devant l'égalité devenue enfin
réalité. »> C'est sur cette expression que se sont créés le mot souchiste et son antonyme
nonsouchiste. Quasi inconnu en 2006, ce mot a commencé une progression en 2009. Il est
toujours employé dans un contexte raciste, spécialement à l'encontre des immigrés d'origine
arabe, et de préférence musulmans. Le mot s'est dit aussi souchien, ce qui a valu un procès à la
personne qui l'a prononcé.
Origine: Construit à partir de l'ex pression Français de souche.
Tracter, v. intr.
Définition: Distribuer des tracts.
Origine: Verbe dénominal, construit sur le mot tract. Construction très habituelle en
français d'Afrique, où l'on trouve panner, « être en panne », doigter, indexer, « montrer du doigt,
de l'index », torcher, « éclairer avec une torche », etc. Le mot n'est pas nouveau, mais s'installe
dans la langue. Il a été très employé à l'occasion des élections successives de 2012.
Contexte : « Tracter pour attirer les futurs électeurs » (La Nouvelle République, 22 mai
2012)
Transfèrement, n. m.
Définition: Action de transférer des prisonniers d'un lieu de détention dans un autre.
(Dictionnaire de l'Académie française, 1935) Ce mot, qui peut paraître superfétatoire par rapport
à son homologue transfert, a envahi les médias depuis 2008, et comme il n'était guère connu que
des juristes, il a paru être un néologisme inventé par un journaliste en mal de scoop. Mais si l'on
en croit Littré et l'Académie française, et l'on voit mal comment ne pas les croire, le mot est
réservé au domaine du droit. Ainsi, on peut lire dans le Littré (1863) : « Action de transférer.
Legoarant : "C'est au moyen de voitures cellulaires qu'on opère le transfèrement des forçats" » et
dans le Dictionnaire de l'Académie 1935 : « Action de transférer. Il ne se dit guère que de
l'action de transférer des prisonniers d'un lieu de détention dans un autre. Le transfèrement des
prisonniers se fit au moyen de voitures cellulaires. » C'est à la faveur de l'actualité internationale
que le mot a ressurgi. Une Convention sur le transfèrement des personnes condamnées ayant été
conclue à Strasbourg le 21 mars 1983, elle a été signée par les deux tiers des États, dont la Russie
assez récemment (2007). Cette convention a permis l'intervention de l'État français notamment
dans deux affaires. On a vu le mot dans tous les journaux à l'automne 2007, au moment de

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l'arrestation des membres de l'Arche de Zoé, association qui avait voulu évacuer une centaine
d'enfants du Tchad dans des circonstances mal élucidées. Puis, lors de l'affaire Florence Cassez,
détenue au Mexique : « Le transfèrement de la jeune femme demandé par le président de la
République française avait été refusé par l'État mexicain. Ces deux affaires, très médiatisées, ont
redonné un certain lustre à ce mot un peu oublié. »
Origine : Du verbe transférer (droit).
Tacler, v. tr.
Définition: Intercepter, bloquer l'adversaire ou le ballon, qu'il soit rond ou ovale. Ce sens
est enregistré dans les dictionnaires depuis les années 1950. Mais son sens figuré, aujourd'hui
très employé par les politiciens, évolue. De « reprendre l'avantage sur quelqu'un », il a
progressivement pris le sens de « contrer, dénoncer le comportement de » ou tout simplement «
attaquer (un adversaire), s'en prendre à lui ».
Origine: De l'anglais to tackle, « empoigner, saisir, plaquer ».
Contexte: «  Cécile Duflot se fait tacler par Morano pour avoir porté un jean en conseil
des ministres » (Slate.fr, 18 mai 2012). « Copé : l'art de tacler son adversaire sans en avoir l'air »
(Libération, 5 juillet 2012).

2.3. Les mots de la mode des années 2010-2021


Dans le champ sémantique de la mode, on ne peut échapper à la branchitude, la hype, à
modeux, peopolerie, peopoliser, pipoliser, ni à preppy ou à workaholic. La plupart de ces mots
s’affirment progressivement depuis quelques années. Certains, comme modeux, peopolerie,
peopoliser, pipoliser, ont déjà les honneurs du dictionnaire. Ce qui ne les empêche pas d’être
considérés comme tout à fait « à la page », comme on aurait dit naguère.
Bikeuse, n.f.
Définition : Femme qui fait de la moto, généralement avec passion. Le masculin biker
existe également. Le mot bikeuse est bien connu, et depuis longtemps, du monde de la moto. Il
s’applique souvent à des conductrices de motos de collection, comme les Harley-Davidson.
Contexte : Vanessa Paradis, bikeuse pour Interview. Notre fierté nationale Vanessa
Paradis pose sur la couverture du magazine Interview, édition Russie du mois de mai, et autant
vous dire que si d'habitude elle aime se faire rare, naturelle et discrète, sur lacouverture en
question, elle est méconnaissable ! À bientôt 40 ans, l'actrice/chanteuse fait ressortir son côté
rebelle en posant telle une motarde fashion, pleine de bijoux, de pièces de créateurs et de
maquillage au style carrément rock. J’adore ! Non mais cette banane parfaite en guise de

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coiffure, c'est la touche en plus pile dans le rôle de jeune fille prête à intégrer le groupe de
motard des Hell's Angels. » (Mode Doctissimo, Le Blog Mode, 25 avril 2012)
Branchitude, n. f. Fam.
Définition : Le fait d'être à la mode, à l'avant-garde de ce qui se fait, se dit (Syn.: HYPE,
FASHION, TRENDY, AVANT GARDE, TOP TENDANCE). Le suffixe -itude, contrairement à
un suffixe tel -tion, n'a pas produit beaucoup de noms en français. Tout au plus peut-on en
trouver une quarantaine dans un dictionnaire inversé. Parmi ces noms, certains sont très courants,
comme solitude, inquiétude, habitude, etc. L'emploi du mot a explosé à partir de 2007,
probablement à cause du bruit fait autour de Ségolène Royal qui avait parlé de bravitude le 6
janvier 2007 sur la Muraille de Chine. Aujourd'hui, avec près de 66 500 occurrences, on peut
considérer qu'il a pris sa place dans le registre familier du lexique français. Il est enregistré dans
l'édition 2013 du Petit Larousse.
Origine : De l'adjectif familier branché, « à la mode », + suffixe -itude, qui désigne la
qualité ou l'état exprimé par la base auquel il s'ajoute.
Contexte : « À Paris, la mode et la branchitude se déplacent régulière ment, par
mouvements répétés, d'un quartier à l'autre, d'une rue à l'autre, selon un processus à la fois
prévisible et totalement aléatoire, qui répond au tant aux déplacements de populations qu'à l'air
du temps. Et l'air du temps ne se mesure pas si facilement. Depuis une quinzaine d'années, les
bobos parisiens des III et IVe arrondissements, ceux aussi des X, XI ou XVIII, retricotent leur
branchitude avec plus ou moins de bonheur, recréent leurs lieux à la mode dans les cafés, les
restaurants, les boutiques. » (Libération, 16 mai 2005).
Couplicité, n. f.
Définition : Connivence ainsi qu'égalité sexuelle et émotionnelle qui caractérisent le
couple moderne. Bien que simplement « montant », ce mot, dont s'est emparé le marketing, est
très « tendance ».
Origine : Mot-valise, créé par le sociologue Ronan Chastellier sur coupl(e) +
(compl)icité. Contexte : « Le climat d'instabilité et l'avenir incertain accentuent le besoin des
Français de se protéger et l'autre, l'amoureux, offre un refuge sécurisant selon le sociologue
Ronan Chastellier qui a inventé le terme "couplicité" pour désigner cette tendance [...] Le couple
est un duo uni avec des codes identiques proches de l'uniforme. Toujours dans la mode, le jeans
boyfriend est également un exemple très explicite de la couplicité. » (Les Filles du marketing 23
novembre 2011)
Déglamouriser, v. tr.

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Définition : Contraire de glamouriser, « rendre glamour, sexy, attirant ». Glamouriser est
plus employé (près de 10 000 occurrences en 2011), mais son contraire, qui se comprend aisé
ment, produit un effet de style souvent saisissant surtout quand il est employé hors du contexte
de la mode.
Origine: Anglicisme construit sur le mot anglais glamour, « charme », dans le domaine
de la mode, du spectacle.
Contexte : Gilles de Kerchove, à propos du tueur de Toulouse : « Ce qui est commun aux
terroristes c'est l'avoir déshumanisé leurs victimes, de sorte qu'ils ne perçoivent plus les
conséquences des actes qu'ils posent. Redonner de la voix, redonner de la présence aux victimes,
montrer les conséquences abominables de l'acte terroriste, d'une certaine manière, contribue à
"déglamouriser" l'acte terroriste, et de ce fait ce sont des politiques actives de "contre-narratif"
qu'il faut développer. » (Euronews, 23 mars 2012).
Hype, n. f. Fam.
Définition: Le dernier cri, le dernier snobisme, la pointe de la mode. Loin de reculer, ce
mot, qui avait fait une grimpée spectaculaire en 2007, s'est installé en 2011 en doublant ses
emplois (Syn.: BRANCHITUDE, FASHION, TRENDY, AVANT-GARDE, TOP
TENDANCE).
Origine : Emprunt à l'anglais hype, « battage publicitaire ».
Contexte : « Sous ses airs de fille facile, la hype est une vraie plaie à maîtriser. Prête à
tout pour la définir avec exactitude, j'ai courageusement interrogé les plus grands hypeurs de
l'univers. Qui évitèrent sèchement de répondre. En effet, sachez que tel Voldemort dans Harry
Potter, la hype ne doit pas être nommée, car celui qui prononce son nom est immédia tement
frappé de ringardise (un branché ne dit jamais qu'il est branché, il l'est, point). L'un des maîtres
m'assassina même d'un: "Vouloir définir le concept hype, c'est carrément mars 93". Face à mon
insistance, les hypeurs me noyèrent finalement sous une trentaine de définitions contradictoires,
dont je tirai que la hype, à la fois nom masculin et féminin, adjectif et ad verbe au futur antérieur,
désigne tout bêtement la branchitude, la fashion, le trendy, l'avant-garde, bref, le top de la
tendance. À noter: en anglais, le mot hype signifie « battage médiatique exagéré ». C'est
intéressant, mais perturbant : je pensais que ça, c'était un buzz. Croyant m'aider, un célèbre DJ
londonien m'explique qu'en british, on ne dit pas hype, mais cool. Terme que je pensais
totalement has been, du moins en France. » (Caroline Rochet, Marie-Claire, janvier 2008).
Modeuse, n. f.
Définition: Femme qui suit la mode frénétiquement, droguée de mode. L'emploi du mot
modeuse a littéralement explosé entre 2009 et 2010, ce qui lui a valu une entrée dans Le Petit

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Larousse 2011 (paru en juillet 2010), preuve s'il en est que les dictionnaires deviennent très
sensibles à l'air du temps.
Origine : De mode + suffixe -euse.
Contexte : « Il n'existe pas non plus de Parisienne type. Irène et Hélène Lurçat en
dénombrent même des pelletées: la néo-bourgeoise rive gauche, l'intello hard, la branchée rive
droite, la modeuse, la workaholic, la bio addict, la bébé fashion... » (À nous Paris, 4-10 avril
2011).
Preppy, adj.
Définition : Bon chic, bon genre made in USA (Syn. : RÉTRO-BOURGEOIS, absent des
dictionnaires !) . Le mot fait fureur depuis deux ans.
Origine : Le mot preppy fait référence à la mode vestimentaire, à la way of life qui a cours
dans les campus des prep schools, qui préparent l'entrée aux grandes universités américaines.
Contexte: « Venu tout droit des campus américains, cet american way of life revient en
force sur les podiums depuis deux saisons. Connaissez-vous ses codes vestimentaires et ses
icônes de mode? Bonne réponse : Pantalon chino retroussé et pull collège. Ajoutez des
chaussures bateau, un blazer bleu marine, une chemise en oxford et vous aurez la base du
dressing preppy. » (Claire Mabrut, Le Figaro Madame, 3 juin 2011)
Redesigner,v.tr.
Définition : Refaire le design de (quelque chose). La recommandation officielle pour design est
la stylique, qui pour l'instant reste loin derrière son synonyme anglais (818 occurrences sur
Internet pour les six premiers mois de 2012 contre près de 3 millions pour desgin). On devrait
donc dire « refaire la stylique». Le mot, qui était rare en 2005, s'affirme depuis 2011, année où le
nombre de ses occurrences a doublé sur Internet.
Origine : De l'anglais design.
Contexte : « Dans les années 2000, tout en revisitant la Semeuse de Grasset, Larousse fait
appelle à Christian Lacroix puis Karl Lagerfeld pour redesigner Le Petit Larousse ». (Wikipedia,
article sur les Éditions Larousse, juin 2012)
Shooting, n. m.
Définition : Dans le langage du marketing, prise de vues, séance photo. Le mot est de
plus en plus employé depuis 2010.
Origine : Mot anglais, qui signifie « tir » , «  fusillade » ou « tournage (de film) ».
Contexte : « Nicolas âgé de 27 ans et originaire de Marseille a commencé les shootings photos à
18 ans ! » (Casting. Fr, 6 juillet 2012)
Tattooisme, n. m.

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Définition : Mode du tatouage, goût pour le tatouage.
Origine : Anglicisme, du mot tattoo, «  tatouage ».
Contexte : « Quand je reçois ce bel ouvrage d'art - il n'y a pas d'autre mot – signé Chris
Coppola et Frédéric Claquin, intitulé Tattooisme, je feuillette... je découvre... je m'étonne... je
m'ébahis, m'ébaubis, et reconnais qu'à l'évidence, il y a des artistes qui ne manquent pas de peau
pour exprimer leur talent. » (blog-hrc.typepad.com, 7 novembre 2011)
Nouvelles réalités, nouveaux mots : 2010-2021
Depuis Montaigne, le monde n'a pas cessé d'être une branloire pérenne, mais si l'on se fie
au vocabulaire, il s'américanise de plus en plus : vous êtes invité à rencontrer l'âme sœur au cours
d'un speed dating. Vous protestez ? Mais voyons, depuis la collection Harlequin, on sait bien on
sait bien que le coup de foudre est immédiat. Vous êtes invité à faire du couchsurfing, à surfer
sur n'est pas du tout ce que vous croyez. La vie est un grand jeu, la preuve : on gamifie le travail
dans les des canapés, mais les entreprises, jusqu'au RH qui va tapoter sur Internet pour vous
googliser avant de vous rencontrer. Ne psychotez pas, Internet n'est pas (encore) Big Brother.
D'ailleurs, plutôt que de risquer le burn-out, rejoignez donc le mouvement Slow, les locavores et
les flexitariens ils ont beau être plutôt américains, ils sont partisans de la lenteur !
Afropéen, -ne, adj. et n.
Définition : Personne d’origine africaine qui est née et a grandi en Europe. Ce mot est
issu d’une analogie avec le mot Afro-Américain, popularisé dans les sixties, qui désignant les
Américains descendant généralement des anciens esclaves noirs, dont la figure emblématique fut
sans aucun doute Angela Davis. L'emploi du mot commence à frémir depuis 2011, frémissement
qui se confirme en 2012.
Origine : Mot-valise de Afr(icain) + (eur)opéen.
Contexte : « Intitulé Séquences afropéennes Saison 1 (la saison 2, Paris' Boogie est annoncée),
ce roman est construit comme un CD musical. Les personnages se dévoilent en une séquence à
eux seuls (presque) réservée, puis se croisent, interagissent les uns avec les autres. » (Cunéipage,
7 octobre 2010, à propos de Blues pour Élise, de Léonora Miano, Plon, 2010).
Autolib, n. f.
Définition : Véhicule électrique en libre-service parisien. On écrit Autolib' ou Autolib.
Origine: Construit sur le modèle Vélib, à partir de auto(mobile) + lib(erté).
Contexte : « Autolib' : la voiture électrique en libre-service débarque à Paris. Le parc
devrait être porté à environ 2 000 véhicules d'ici à fin juin 2012. Une première cohorte d'une
soixantaine de Bluecars d'Autolib', un système de voitures électriques en libre-service sur le
modèle du vélo Vélib', lancé en 2007, sillonne pour la première fois dimanche 2 octobre les rues

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de Paris et sa banlieue. » (Le Monde, 2 décembre 2011) « Un piéton blessé par une Autolib. »
(Le Parisien, 6 décembre 2011)
Dérivé: Le mot autolibiste a fait une première apparition avec des guillemets dans le
journal Le Monde du 30 avril 2009. Pour l'instant, il n'y a qu'une vingtaine d'emplois sur Internet.
Le mot en est à ses tout débuts. On ne peut donc pas prédire l'avenir qui lui est réservé.
Bancable, bankable, adj.
Définition : 1. Se dit de titres rem plissant les conditions requises pour être réescomptés
auprès de la Banque de France (Le Petit Robert). 2. Par extension, se dit d'un artiste connu, qui
est une valeur sûre pour quelqu'un qui investit dans l'art, le show-biz (cinéma, musique). On
trouve aussi la graphie : banquable. Au sens 2., qui est le sens néologique, on prononce à
l'anglaise : « bankébeule». Toujours au sens néologique, l'emploi du mot, écrit bankable, a
décollé en 2010 et s'est envolé en 2011.
Origine : Au sens 1., vient de banque et du suffixe -able; au sens 2., calque de l'anglais
bankable.
Contexte : Interview Jean Dujardin : acteur bankable. "Les avantages d'être un acteur
bankable? La liberté." » (interview vidéo Le Soir, Belgique, 13 février 2012) «  Cet état de grâce,
un Omar Sy et un Dany Boon le connaissent aussi dans I'Hexagone depuis les succès fulgurants
d'Intouchables - 18,9 millions d'entrées en salle pour le premier-, de Bienvenue K chez les
Ch'tis-20,45 millions pour le second. Côté actrices, on peut citer Marion Cotillard et Audrey
Tautou. Grâce à leur # performance, tous sont entrés dans le s club privilégié des "bankable",
comme on les appelle à Hollywood. En clair, sure leur seul nom, le producteur sait qu'il pourra
lever l'argent nécessaire pour faire son film. Un statut convoité, fragile mais exceptionnel...
emblématique de l'attrait qu'exercent les stars. » (Les Échos, 17 février 2012).
Bientraitance, n. f.
Définition : «  Posture professionnelle qui consiste en une manière d'être, d'agir et de dire,
soucieuse de l'autre, réactive à ses besoins et à ses demandes, respectueuse de ses choix et de ses
refus. » (Haute autorité de santé) Cette notion a été développée dans le contexte de la formation
des personnes appelées à s'occuper de patients dépendants, quand on a réalisé qu'elle n'allait
forcément de soi... Le mot fait son entrée dans Le Petit Larousse 2013.
Origine : Terme technique du domaine psycho-social.
Contexte : « La bientraitance (contrairement à la maltraitance) en institut gériatrique ou
maisons médicalisées pour personnes âgées, est une notion qui appartient au domaine de
l'éthique. Elle s'applique aux enfants, aux personnes âgées, aux personnes handicapées, aux
accidentés et victimes de catastrophe, à des prisonniers, aux animaux domestiques, d'élevage, de

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zoos ou cirques... Cette notion recouvre un ensemble d'attitudes et de comportements po sitifs et
constants de respect, de bons soins, de marques et manifestations de confiance, d'encouragement
et d'aide envers des personnes ou des groupes en situation de vulnérabilité ou de dé pendance
(tout particulièrement les enfants, les personnes âgées, les per sonnes handicapées, les malades
très vulnérables tels que ceux touchés par la maladie d'Alzheimer).» (AISTHESIS Formation).
Boîter, v. intr.
Définition : Mettre (un tract, publicitaire ou politique) dans des boîtes à lettres.
Origine : Verbe dénominal (comme le verbe tracter) construit sur le mot boîte (à lettres).
Ce mot, employé par les militants des divers partis politiques, a, naturellement, été très utilisé à
l'occa sion des élections successives de 2012.
Contexte : Ils ont laissé les jeunes militants boîter dimanche matin.
Burn-out, n. m.
Définition : Phénomène d'épuise ment physique, mental et émotionnel. Le mot est entré
dans Le Petit Larousse en 2010, mais son emploi de 2010 à 2011 a plus que doublé. Les suicides
- bien souvent des cadres - à la Poste, chez Renault, puis cette année dans l'Éducation nationale
en font un phénomène de société préoccupant.
Origine: Emprunt à l'anglais, to burn out, verbe utilisé en électricité et signifiant « griller
»
Contexte : « Le burn-out, ou épuise ment professionnel, est un syndrome d'épuisement
qui peut s'installer sur le long terme, de manière insidieuse, en réaction au surmenage et au
stress. Il touche particulièrement fréquemment les personnes qui s'investissent beaucoup dans
leur travail.» (Description donnée par le secrétariat d'État à l'Économie de la Confédération
Helvétique).
Сorporate, adj.
Définition : Anglicisme à la mode qui signifie « professionnel », «  institutionnel » . Pur
effet de mode, cet adjectif anglais n'ajoute pas grand-chose à notre adjectif professionnel, qu'il ne
fait guère que traduire...
Origine : Anglicisme, même origine que le mot anglais corporation « réunion, corps constitué »
(d'où vient notre mot corporation, du latin médié val corporari « se former en corps »).
Contexte : « Dès les débuts du site, une fonction alors inédite, devenue commune depuis, séduit
les aficionados de la mode : le réseau social. En 2000, Mark Zuckerberg n'a alors que 16 ans
quand les concepteurs de SHOWstudio imaginent une architecture du site dans laquelle chacun
peut se créer un profil de "viewer" (spectateur). Dans la hiérarchie de SHOWstudio, au dessus de
ces viewers, interviennent 600 "contributors" dont les projets sont directement liés au site. C'est

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un véritable Who's Who de la hype où des écrivains, mannequins, couturiers ou photographes
sont présentés et mis en avant. Anonymes ou modeux s'emballent pour ce réseau social cor
porate. » (Libération, 29 mars 2011) « Les 12 points communs des blogs corporate à succès. [...]
Prenez exemple sur les blogs corporate qui réussissent : trouvez un ton spécifique et humain pour
votre blog ! » (Réseaux professionnels et médias sociaux, 19 septembre 2011).
Couchsurfing, n. m.
Définition: Forme de tourisme alternatif qui consiste à voyager dans le monde entier sans
payer d'hôtel, en étant membre d'un réseau qui engage à héberger des voyageurs (les
couchsurfeurs) ou à être hébergés par eux quand on se trouve dans leur région. Le mot
couchsurfing est le nom d'un réseau d'hospitalité, mais il est passé dans le langage courant pour
désigner n'importe lequel d'entre eux. L'expression française réseau d'hospitalité n'est pas encore
très affirmée.
Origine : Emprunt à l'anglais, action de surfer sur couch, « canapé », de passer d’un
canapé à l’autre.
Contexte : « Couchsurfing est certainement le leader des réseaux d'hospitalités dans le
monde. Le terme signifie "surfer sur le canapé" », les membres sont à la fois hébergeurs
lorsqu'ils sont sédentaires ou hôtes lorsqu'ils sont nomades." (Jean-Yves Hégon et Jean Louis
Pagès, Voyager (presque) gratuit, Solilang, 2009).
Détroncher, v. tr. (2012)
Définition: Reconnaître quelqu'un qui ne l'aurait pas souhaité, le repérer, le démasquer;
repérer la personne chargée de vous suivre. Dans l'argot « classique », ce verbe signifiait
« tourner la tête ». Au rugby, détroncher a plutôt pour sens « casser la tête », « réduire à néant ».
Origine : Argot de la police, du nom féminin tronche, « tête ».
Contexte : « Les gonzes en vêtements de ville, avec ou sans revolver accroché à leur
ceinture naviguaient dans l'immense périmètre, librement, de terminaux en terminaux, pour
"détroncher" les profils intéressants. L'art de dénicher la mallette gavée d'euros et dé posée par
un caïd de la drogue c'était, d'après eux, la spécialité maison. Performants les gabelous... » (Blog
de M. Berthomeau, 24 juin 2012).
Effet nocebo, loc. nom. masc.(2012)
Définition : Contrairement à l'effet placebo (en latin « je plairai ») qui est l'effet produit
par une « substance dé pourvue d'effet thérapeutique ou un traitement sans valeur thérapeutique
spécifique » (Lemoine, 1996), l'effet nocebo « peut se définir comme un effet placebo négatif,
c'est-à-dire une altération inattendue et importante sur la santé de la personne ». On constate que
le mot et la chose semblent s'affirmer aujourd'hui.

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Origine: Du latin nocebo, « je nuirai ».
Contexte : «  Bien connu, l'effet placebo tendrait de plus en plus à se transformer en effet
nocebo. C'est ce qu'explique le Pr Didier Raoult, spécialiste des maladies infectieuses tropicales
émergentes à la faculté de médecine de Marseille, dans un article du Point. Ce spécialiste note
que, dans la société actuelle, l'effet nocebo explose. Lors d'études comparant un placebo contre
un vrai médicament, même les pilules inertes génèrent au moins 15 % d'effets négatifs
(démangeaisons, diarrhées, boutons...). Un constat qui est une conséquence du climat de défiance
qui règne au tour du médicament !» (Celtipharm.com, évoquant un article du Point de février
2012).
Escort boy, loc. nom. masc.
Définition: Gigolo. L'emploi de cette locution explose depuis 2011. Presque inconnue en
2000 (5 occurrences), encore peu usitée en 2005 (316 occurrences), ses consonances anglaises
feraient-elles concurrence à celles du gigolo des années 1900, qui n'est italien que d'apparence?
Origine : De l'anglais to escort, « accompagner ».
Fixie, n. m.
Définition : Vélo à pignon fixe, très léger, à une seule vitesse et sans dé railleur, avec un
unique frein avant, voire sans frein. Véritable phénomène de mode de l'année 2011, le fixie ou
encore le fixe est « chic et vintage » !
Origine : Mot anglais.
Contexte : « Par cette belle journée ensoleillée pendant que vous faites bronzette en
manches courtes à votre terrasse de café, moi, vaillante blogueuse, toujours prête à se sacrifier
pour la cause des Parisiens avides de nouveautés, j'ai testé pour vous un après midi en fixie ! Et
ce n'était pas gagné ! La tête aérée, les poumons rechargés me voilà troquant mon Vélib' contre
un fixed gear, pignon fixe, fixie,.. Appelez-le comme vous vou lez. Eh oui, tout est possible ! À
peine montée dessus je me suis dit que la légèreté du vélo était très agréable mais, étant dans une
pente, le vélo est parti sans moi, premier réflexe freiner ! Mais où sont les freins ?! Ça
commence bien : pas de freins, et on fait comment si on veut s'arrêter ? » (Le blog d'Anne
Sophie, 20 avril 2011) « La folie "fixie". Tendance. Un vélo épuré, sans dérailleur, parfois sans
frein. Le vélo, ces temps-ci, se dépouille du superflu. Aux orties, les dérailleurs, garde-boue,
éclairages et triple plateau. La dernière mode, à Paris et dans les grandes villes, est au pignon
fixe, plus sobrement nommé "fixe", voire "fixie". Un genre faussement nouveau, puisqu'inspiré
des origines de la bicyclette, mais terriblement tendance. Un fixe se résume à l'essentiel : un
cadre sans fioritures, issu du cyclisme sur piste, deux roues, deux pédales, une selle et un cintre.
» (Alain Mercier, Le Point, 24 février 2011).

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Flexitarien, adj.
Définition : Végétarien qui mange occasionnellement de la viande. Le concept est né aux
États-Unis en 2000, grâce au best-seller The Flexitarian Diet, de D. J. Blatner. L'emploi du mot
en français a fait une poussée spectaculaire en 2011, il semble s'être installé dans notre langue,
en même temps que la pratique qu'il désigne, s'il n'est pas encore entré dans les dictionnaires.
Origine : Mot-valise de flexi(ble) + (végé)tarien.
Contexte : «Êtes-vous flexitarien sans le savoir ?[...] Ni végétarien ni carnivore, le
flexitarien est un militant qui accepte de faire des écarts... La viande rouge, ça émet des tonnes
de méthane et de CO₂, la volaille est élevée en batterie et le poisson est nourri aux antibiotiques.
Consommée en excès, la viande rouge peut aussi être mauvaise pour la santé. Pour toutes ces
raisons, les flexitariens refusent de consommer de la viande... mais font parfois des écarts. Cette
nouvelle tendance, moins radicale que le végétalisme ou le végétarisme, consiste à manger peu,
voire pas de viande chez soi, mais à accepter les invitations d'amis à un barbecue ou à ne pas
rechigner devant une petite assiette de charcuterie à l'apéritif. Pour l'industrie de la viande, cette
tendance a un impact considérable selon une : étude publiée en août par Euromonitor
International, les ventes de viande dans le monde ont augmenté de moins de 14% entre 2005 et
2010, tandis que les ventes de légumes et fruits secs, sources de protéines végétales, ont
augmenté d'environ 18 %. » (Audrey Chauvet, 20 Minutes, 5 septembre 2011) « Le flexitarien
est végétarien à temps partiel, il se soucie de l'impact de son alimentation sur sa santé et sur
l'environnement, plus que du droit des animaux comme la plupart des végétariens. Concrètement,
il réduit volontairement sa consommation de viande, consomme des produits durables ou
équitables et de saison, préfère le "homemade" que les plats préparés, se résigne à entrer dans un
fastfood seulement lorsque les amis ne lui donnent plus le choix. Le mouvement flexitarien
compte de plus en plus d'adeptes dans ses rangs, cette tendance se confirme par le lancement de
nombreuses campagnes en faveur d'une réduction de la consommation de la viande ou pour une
consommation plus responsable tout simplement. » (Trublione.com, mai 2010).
Gamification, n. f. (2015)
Définition: Transformation en jeu de n'importe quelle activité (apprendre, travailler, etc.).
Origine: De l'anglais game, « jeu ».
Contexte : « La gamification, c'est l'utilisation des mécaniques de jeu et de la dynamique
de jeu au sein d'une activité dans le but d'influencer les comportements et de rendre l'activité plus
motivante et amusante. On peut gamif ier la plupart des activités humaines (même si celles-ci
ne sont pas initialement du domaine du jeu) : on peut par exemple gamifier une situation
d'apprentissage ou de travail. Pour les entreprises, la gamification est aussi une promesse

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d'augmentation de l'engagement des consommateurs dans une marque ou un service. » (Clément
Muletier, 19 octobre 2011).
Génération Y, loc. nom.
Définition : Nom donné aux jeunes adultes diplômés qui ont grandi dans un monde de
post-révolution informatique.
Origine : Le journal Les Échos du 18 janvier 2000 écrivait : « ... les consultants ont
trouvé un nouveau nom pour désigner les 15-25 ans d'aujourd'hui : la "génération Y". Cette
appellation fait référence au roman de Douglas Coupland, Génération X. Publiée en 1991,
l'œuvre, qui fut la coqueluche des milieux branchés un peu partout dans le monde, se voulait un
descriptif de la jeunesse de l'époque. L'expression est restée... » Cette désignation, pourtant
ancienne puisqu'elle remonte aux années 2000, et qui relève actuellement surtout du monde de
l'entreprise, s'affirme puisque ses occurrences ont quadruplé depuis 2009.
Contexte : « Le terme de génération Y est souvent utilisé pour qualifier les personnes
nées entre 1980 et 1999. Alors que certains associent cette lettre au mot anglais Why illustrant les
multiples questionnements des concernés, l'origine de cette expression serait pour d'autres une
suite logique à la génération précédente, la génération X, représentant les Occidentaux nés entre
1960 et 1979. Pour un dernier groupe, ledit caractère symboliserait le chemin parcouru par les
fils des écouteurs sur le torse des amateurs de musique, toujours plus nombreux et ayant
bénéficié d'un walkman, lecteur CD portable, minidisc ou plus récemment d'un lecteur MP3
comme l'iPod ou fonctionnalité associée au sein d'un téléphone mobile. [...] Bref, la génération Y
est hyper connectée ! » (Baptiste Simon aka TiChou, Waebo, 13 décembre 2011).
Gentrification, n. f.
Définition : Fait de s'embourgeoiser, et notamment pour un quartier, de se peupler de
gens chics et riches. Le mot boboïsation, apparaît pour l'instant moins sur la Toile que son
synonyme soutenu gentrification. La raison en est, peut-être, qu'il appartient encore à la langue
familière orale (Syn.: EMBOURGEOISEMENT; syn. fam. : BOBOÏSATION).
Origine : Anglicisme, de gentry, « petite noblesse ». Néologisme anglais inventé en 1964
par Ruth Glass, socio logue marxiste, à propos de Londres.
Contexte : « La gentrification du football. Le foot change de public. Les dirigeants visent
les spectateurs aux poches les plus remplies et tant pis pour les autres. Du footix au bobo. Tous
les éléments sont réunis pour une mutation profonde dans le football : le changement de ses
spectateurs. Le foot n'est plus un sport, c'est un spectacle et un business. Pour filer la métaphore,
c'est davantage une comédie musicale de Kamel Ouali remplissant le palais des Sports qu'un

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Coluche des débuts dans le peu glamour Café de la gare... » (Olivier Monod, Le blog foot de
Slate. fr, 15 décembre 2011).
Googliser, v. tr.
Définition: 1. Rechercher sur Internet, spécialement sur le moteur de recherche Google,
des informations, des références sur une personne. 2. Référencer quelqu'un ou quelque chose
dans un moteur de recherche.
Origine : De Googl(e) + suffixe -iser. Les variantes orthographiques sont intéressantes,
on constate que la graphie la plus proche de la prononciation courante « googueliser » est
anecdotique. Celle qui l'emporte pour l'instant est une sorte de chimère barbare qui associe le
nom du moteur de recherche dans sa prononciation anglaise au suffixe français -iser, qui a pour
sens « soumettre à l'action de ».
Contexte : « Les recruteurs ont pris l'habitude de vous "googliser" avant de vous
rencontrer ? Normal, ils sont curieux comme vous et moi ! » (Experts-recrutement, 16 juin
2011).
Impacter, v. tr.
Définition : 1. Avoir une influence, un impact, des conséquences sur (qqch). 2. Toucher,
rencontrer brutalement, s'écraser sur. Le sens propre est moins employé que le sens figuré.
« Comme "élément de langage" , ce mot est sorti du petit milieu des cabinets et des
administrations centrales de l'État où il était très employé dans les textes de la Révision générale
des politiques publiques (RGPP). On l'entend maintenant chez tous les commentateurs du
fonctionnement de l'État. » (Guy Jannot, ancien fonctionnaire international). Ce verbe est présent
dans Le Petit Larousse depuis 2006 et dans Le Petit Robert depuis 2010. Il a fait un saut en 2011
puisqu'il a plus que doublé ses occurrences.
Origine: Du mot impact.
Contexte : « Il y a encore quelques années il aurait été beaucoup plus difficile (voire impossible)
de mettre la main sur de telles informations et encore plus de les partager. Données personnelles
et fuites d'informations vont impacter l'image corporate. » (reputationsquad, 14 décembre 2011).
Locavore, adj. et n.
Définition: Qui mange les produits locaux, cultivés et achetés dans un rayon de 150 à 200
km. Le mot est intégré au Petit Larousse depuis 2010, qui, si l'on se fie aux occurrences
d'Internet (le nombre d'occurrences, encore faible en 2010, a doublé en 2011 et s'affirme en
2012), a pris le risque d'être en avance sur son temps. Le Petit Robert 2012 n'a pas encore intégré
ce mot.

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Origine : Il s'agit d'une sorte de mot valise construit à partir de loca(l) + -vore, suffixe
latin -vorus, de vorare, « manger », « avaler ».
Contexte : « Être locavore, c'est consommer des produits locaux. [...] L'esprit de l'épicerie
locavore remet au goût du jour l'inestimable qualité de nos produits locaux. Et comme tout ce qui
n'est pas cultivé, transformé ou exploité dans la région sera importé d'autres coins de France ou
du Monde, ce sera dans une logique de commerce équitable. Manger "local", c'est prendre en
compte l'environnement, c'est favoriser les circuits courts, c'est se soucier de l'économie locale,
de notre santé, de celle de nos enfants et de notre voisin. C'est aussi contribuer à la pérennité du
producteur en respectant ses coûts de production. » ( alimentation.gouv, 23 janvier 2012) « Un
locavore se défini comme un aventurier culinaire consommant des produits dont la provenance
est à moins de 160 km de son habitation. Pourquoi manger local pourriez-vous vous demander !
Tout simplement afin de réduire le coût écologique induit par le voyage des denrées alimentaires
et d'en maîtriser la traçabilité. » (Revue d'alimentation bio, 18 avril 2010).
Locavorisme, n. m.
Définition: Attitude des partisans d'une façon équitable de consommer, qui, en décidant
de ne manger que les produits locaux achetés dans un rayon de 150 à 200 km, associent
l'écologie, la démocratie et la solidarité. Le locavorisme est proche du mouvement slow food. Le
saut, dans les emplois, est le même en 2011 que celui fait par le mot racine locavore mais le nom
locavorisme reste encore peu courant, contrairement à l'adjectif.
Modularité, n. f.
Définition : Fait d'être composé : d'éléments modulables, pouvant être diversement
agencés. Le mot n'est pas nouveau, mais avec la mode des monospaces, il explose dans le
domaine de la construction automobile.
Origine : De module, terme d'architecture.
Contexte : « Habitabilité généreuse, moteur vivant, modularité pratique, parrainage de
Toyota. » (Le Figaro Culture, 15 octobre 2007)
Monitorer, v. tr.
Définition : Mesurer, surveiller, observer. Ce verbe a des sens techniques dans les
domaines de la médecine, de l'informatique, de l'écologie... Mais, c'est à travers le langage du
marketing, que son emploi s'est généralisé et s'implante en français avec le sens de « surveiller,
contrôler ».
Origine : Du mot américain monitoring, « contrôle, commande ». Le verbe monitorer, qui
peut passer aisément pour un barbarisme, est né de l'emploi d'un procédé de dérivation

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syntaxique propre au français, et qui consiste à créer un verbe (dénominal) du premier groupe à
partir d'un nom anglais (lui même venant du latin monitor).
Contexte : « S'il est impossible de : contrôler la concurrence, il est possible cependant de
bien suivre ses actions, de les monitorer et de s'y comparer, de façon à s'assurer de ne pas
prendre trop de recul par rapport à celle-ci. » (paper blog, 6 juillet 2012)
Procrastiner, v.
Définition: Tendance à remettre au lendemain ce que l'on doit faire. Ceux qui ont fait des
versions latines dans leur jeunesse connaissent ce verbe d'origine latine fort bien, mais ne
l'employaient généralement pas de peur de passer pour pédants. Ceux qui ont fait de l'anglais, ils
sont plus nombreux, ont appris dans cette langue ce mot qu'ils traduisaient, jusqu'à il y a peu, par
la périphrase : « remettre au lendemain ». En anglais, le mot est tout à fait courant. Mais
aujourd'hui, la prépondérance de l'anglais aidant, le vieux mot latin nous est revenu avec un
parfum de modernité, voire de mode. Jusqu'ici, le verbe n'est pas à la nomenclature des
dictionnaires Robert ou Larousse, contrairement au nom procrastination. Remarquons encore
que l'emploi du verbe a fait un bond en 2008, alors que le nom, beaucoup plus fréquent, a fait le
même bond en 2005. (Syn.: DIFFÉRER, SURSEOIR.)
Origine : Anglicisme, du latin procrastinare, « remettre au lendemain », de pro, « en
avant », et crastinus, « du lendemain », dérivé de l'adverbe cras, « demain ».
Contexte : «L'art de procrastiner intelligemment. La procrastination est la tendance à
toujours tout remettre au lendemain. Faut-il la combattre, l'accepter ou ruser avec elle ? David
d'Équainville a trouvé un remède définitif contre la procrastination : l'accepter. Contre la folie
qui voudrait que l'on devienne tous des gens parfaitement organisés, rigoureux et jamais en
retard, le jeune éditeur prône même une "procrastination active" qui est une forme de résistance à
l'esprit du temps. » (Jean-François Dortier, Sciences humaines, 1er juillet 2011)
Protocoler, v. tr.
Définition : Établir le protocole de soins (d'un patient). Ce verbe, s'il est absent des
dictionnaires courants, est bien implanté dans le jargon hospitalier. Il se rencontre dans d'autres
domaines, tels l'informatique, mais pas uniquement.
Origine : Verbe dénominal, construit sur le nom protocole.
Contexte : « Auditionné, le prévenu s'est refusé à toute déclaration lorsque les policiers
ont voulu protocoler ses dires. » (Bulletins journaliers du service de presse de la Police
Cantonale de Genève, 5 juin 2012)
Reliance, n. f.

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Définition : Besoin de se relier, besoin d'appartenance sociale. Comme il arrive parfois,
ce mot est soluble à l'usage, c'est à-dire que son sens se dissout par des emplois dans des
domaines multiples. Utilisé comme concept scientifique en sociologie comme en psychanalyse
(Julia Kristeva), il a migré notamment vers l'ésotérisme et une spiritualité assez vague.
Origine : « De l'anglais reliance, confiance; dépendance », du verbe to rely (on), «
compter sur (quelqu’un, quelque chose), avoir confiance, se fier à », du latin religare, « relier ».
Le terme a été créé par le sociologue Marcel Bolle de Bal et repris par le sociologue Edgar
Morin.
Contexte : « Il y a des mots qui entrent dans un vocabulaire épisodiquement, voire par
effraction. Puis on se dit : tiens, voilà un mot qui me convient bien. C'est comme des virus. Une
fois qu'ils sont rentrés, qu'ils trouvent le chemin favorable, ils se multiplient. C'est ce qui s'est
passé pour moi avec le virus reliance. Il me vient de plus en plus souvent en bouche ou sous la
plume, ce qui signifie qu'il a trouvé un terrain favorable et se multiplie comme un virus. Cette
notion de reliance, j'en avais besoin : cela me paraît de plus en plus évident. J'aime à définir la
reliance, dans la dimension normative que je lui attribue, comme le partage des solitudes
acceptées et l'échange des différences respectées. » (Edgar Morin)
Routinisation. n. f.
Définition : Mise en place de routines, souvent pour se défendre contre un sentiment de
vulnérabilité.
Origine : Du mot routine.
Contexte : « Au centre de la routinisation des pratiques pédagogiques, l'évaluation tient
une place à la fois centrale : elle marque le parcours scolaire (voire social) de l'élève. » (Gestion
et gouvernance scolaires, 24 juin 2012 [sic]).
Souplex, n. m.
Définition : Appartement sur deux niveaux aménagé en rez-de-chaussée et en sous-sol.
Origine : Mot-valise, de sous(sol) + (du) plex.
Contexte : « Après le duplex, le souplex. C'est la dernière trouvaille des propriétaires et
des agents immobiliers. Les souplex, comme les duplex, sont des appartements sur deux niveaux.
Mais la ressemblance s'arrête là, car les souplex sont juste des logements en rez-de-chaussée
auxquels on a ajouté un sous-sol, avec une cave plus ou moins aménagée. » (Blog L'Express, 10
mars 2010)
Job dating, loc. nom.
Définition : Entretien d'embauche minute. Forme organisée de rencontres dans un temps
très court (cinq à dix min) entre recruteurs de tous horizons et personnes à la recherche d'un

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emploi.
Origine : Emprunt de l'anglais.
Contexte : « La nouvelle directrice générale de Transilien SNCF lance jeudi, à la Gare du
nord, un job dating géant avec 1 000 postes à pourvoir. » (Le Parisien, 6 avril 2011)
Tourdumondiste, n. m. et f. Fam.
Définition : Globe-trotteur, comme on dit en franglais ! Ce petit mot anecdotique, qui
n'aura probablement jamais les honneurs du dictionnaire, est néanmoins de plus en plus employé
à écrit, avec ou sans guillemets, pour désigner les circumnavigateurs.
Origine : De tour du monde.
Contexte : « À vélo, en voiture ou à la voile... Tous les récits de tourdumondistes qui
réalisent leurs rêves ! » (Overblog, 7 juillet 2012)
Tsunamiser, v. tr. Fam
Définition : Mettre sens dessus dessous, bouleverser.
Origine : De tsunami, (japonais tsun « port » et nami, « vague »), raz-de marée provoqué
par un séisme.
Contexte : « [...] Monica reçoit les mémoires de son grand-père Rosenfelder, difficiles à
déchiffrer, mais explicites. Elle en lit deux pages, puis repose les feuillets, pendant six mois ou
un an. C'est que l'émotion la "tsunamise". » (Yaël König à propos de la traduction du livre de
Monica Waitzfelder, L'Oréal a pris ma maison : les secrets d'une spoliation, Hachette, 1er
décembre 2006)
Wesh!, interj.
ché! ché !, interj.
Définition : 1. Salut amical principalement employé par les jeunes équivalent à « Ça va ?
». 2. Selon le ton employé, peut devenir une mise en garde hostile, équivalent à « Qu'est-ce que
t'as ? ». Cette interjection n'est pas un néologisme à proprement parler, puisqu'elle est enregistrée
dans le Lexik des cités (2000), et qu'elle a été utilisée dans le titre du film d'Ameur Zaïmeche,
sorti en 2001. Mais sa sphère d'emploi s'est aujourd'hui élargie au vocabulaire de bien des jeunes
bourgeois. En revanche, l'interjection a récemment été « retournée », selon le procédé bien connu
du verlan, en Ché! Ché!, expression très agressive, correspondant au deuxième sens de wesh!,
«Quoi ! Quoi ! Qu'est-ce que tu veux ? »
Origine : Argot « des banlieues », de l'expression arabe wesh rak, « comment vas-tu ? ».
Contexte : « Les Chants de Mandrin: du "wesh" des cités au cri des brigands » (Le
Monde 24 janvier 2012), titre d'un article sur le film de Rabah Ameur-Zaïmeche, Wesh wesh
qu'est-ce qui se passe ?

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Workaholic, workaddict, adj. et n.
Définition : Se dit des personnes travaillant trop, comme atteintes d'une addiction. Ces
adjectifs ont été inventés dans la seconde moitié du xx° siècle. Le mot workaholic a commencé
son ascension en 2008, pour la poursuivre jusqu'aujourd'hui. Il est pour l'instant bien installé
dans les pages en français des moteurs de recherche. Cet emprunt à l'anglais remplace
l'expression française bourreau de travail, le passage à l'anglais ajoutant à ce comportement
l'aspect « addiction, drogue», trait sémantique ab sent de l'expression française. Son premier
envol n'est peut-être pas sans rapport avec l'invitation au travail de Nicolas Sarkozy, slogan de la
campagne présidentielle de 2007. Mais il n'en est pas moins lié au contexte économique et social
des entreprises françaises, où les cadres sont menacés de burn out. L'emploi du mot s'envole en
2011. L'Office québécois de la langue française propose le terme d'ergomanie, du grec ergon,
« travail » et de manie qui renvoie à l'idée d'idée fixe, pour remplacer cet emprunt à l'anglais.
Origine : Mot-valise, formé des mots anglais work « travail » et alcoholic, « alcoolique »
ou addict « drogué ».
Contexte : «"Même si je ne le crie pas sur tous les toits, j'avoue faire partie des
workaholics, raconte Hélène, agent immobilier à Paris. Je suis incapable de partir en vacances
sans mon ordinateur et mes dossiers en cours... C'est maladif, je consulte mes e-mails au moins
vingt fois par jour, je passe des coups de fil, je fais des recherches... C'est plus fort que moi."
Cette quadra parisienne est loin d'être seule dans son cas. » (Peggy Frey, Le Figaro Madame, 26
juillet 2011)

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CONCLUSION

Nous avons eu la bonne intention de savoir ce que se passe dans le lexique français dans
une période toute à fait courte – une décennie (2010-2021). Quelques constats très importants : la
langue française est vivante : dans une seule année calendrier nous avons entre 30.000 et 40.000
mots, expressions, locutions nouveaux. La lexicographie est toujours en retard : elle ne peut ni
fixer, ni définir tout mot récemment apparu. Deuxième constant : les néologismes ,,se moquent’’
de la norme, si importante et si chère surtout pour les puristes et pour l’Académie française.
Une seconde conclusion se rapporte au sentiment de nouveauté. Chaque personne définit
et conçoit la nouveauté d’une façon très individuelle. Le sentiment de nouveauté d’un mot
dépend de bien des facteurs dont l’âge et le milieu social sont des composants importants. Ce qui
est classique pour l’un peut être totalement nouveau pour l’autre. Un mot nouveau, par ailleurs,
met toujours quelque temps pour s’affirmer.
Un mot d’actualité comme clivant qui existait seulement comme participe présent, a fait
son apparition comme adjectif en 2012. Peut employé jusqu’en 2015, on voit son usage
littéralement exploser en 2016. Il passe peu à peu du statut de néologisme à celui de mot du
lexique français usuel.
Dans la période temporelle étudiée nous avons remarqué que les mots - valises sont très à
la mode: ils sont créés de toutes pièces à partir d’au moins deux mots pour décrire une situation,
tel Merkozy (Merkel et Sarkozy) ou Merkollande (Merkel et Hollande) ou encore des mots à la
nature savante, devenus familiers en un jour comme par exemple anosognosie (2012). La
traduction n’est pas difficile : anosonosie. Il peuvent être des mots-phantômes, résurgis d’un
passé que l’on croyait à jamais aboli, tel que bankster n.m. – nom péjoratif donné aux banquiers,
auxquels pense-t-on, la crise financière a profité. Autrefois il était popularisé par un Belge. Il y a
aussi des mots du sport, comme la troisième mi-temps, le carton jaune (le domaine du sport) très
prisés chez les hommes politiques. Ce sont des néologismes sémantiques. Bref, les mots de
l’actualité politique (2010-2021) ont trait à tous les domaines de la vie.
Les néologismes, ou innovations lexicales, ont souvent et longtemps été considérés
comme un phénomène secondaire, notamment de par la rareté de leurs occurrences en discours et
leur faible impact apparent sur la structure des langues. Pourtant, ces innovations fournissent de
précieuses informations sur différents mécanismes linguistiques sous-jacents, de l'emprunt à
l'affixation, en passant par la composition et les phénomènes de réduction. Pour faible que soit le
taux de néologisme dans les textes, il n'en reste pas moins que le mécanisme néologique est la

48
preuve de la vitalité d'une langue et de sa créativité, et constitue une propriété essentielle des
langues vivantes. Les néologismes fournissent également de précieuses informations sur les
tendances sociétales, qu'il s'agisse de besoins expressifs ou encore d'utilisations liées au prestige
et permettent ainsi de tracer les contours de groupes sociaux spécifiques. Avec l'avènement des
technologies et corpus numériques, il est maintenant possible d'étudier ce phénomène à grande
échelle.
Dernière conclusion est directement liée aux entrées et aux sorties des mots néologues.
Comment un mot entre-t-il dans le dictionnaire ? Généralement c’est L’Académie française qui
décide, preuve, s’il en est besoin ,,de laisser un mot entrer’’ ou non. Le respect qu’on les
Français pour cette institution est immense. Mais visant les néologismes la réalité est un peu
différente. Dans chaque maison d’édition de dictionnaires, une ou plusieurs personnes sont
préposées aux dépouillement quotidien de la presse et des revues. Chaque mot nouveau est
consigné dans une base de données avec sa date d’apparition, son contexte et la source (journal,
revue, etc.) et ce, sur plusieurs années. Tous les ans, avant la nouvelle édition, une liste de
néologismes est présentée sur laquelle on doit se prononcer. (y compris les créations
individuelles).
Comment un mot sort-il ? En quatorze ans, 1998 et 2012 ont connu les refontes les plus
importantes pour Larousse puisque près de 1.500 mots ont été ajoutés et plus de 4.000 supprimés
en 1998, tandisque l’édition de 2012 a 1.880 mots en plus et près de 450 en moins que la
précédente. Le problème Entrées – Sortie du néologisme c’est un sujet qui mérite d’études plus
détaillées que nous espérons aborder pendant nos études en Master.

49
BIBLIOGRAPHIE
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linguistique et suivi des néologismes en corpus  : point d’étape sur les tendances du français
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roumain, roumain – français. Chișinău : CEP USM, 2014.
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17. Juilland Alphonse. ,,L’autre français’’ ou doublets, triplets et quadruplets dans le lexique
verbal de Céline. – Le français moderne. Revue de linguistique française. Paris : Hachette, 1980.

50
18. Lemnitzer Lothar. Mots nouveaux et nouvelles significations : que nous apprennent les mots
composés? – Cahiers de lexicologie. Paris : CLASSIQUES GARNIER, 2012.
19. Les 100 mots de l’année, édition 2012. Langue française, hors-série, Le Figaro. Paris :
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20. Manoli Ion. Dictionnaire des termes stylistiques et poétiques. Chișinău : Epigraf, 2012.
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22. Manoli Ion. Didactique du néologisme : Quels néologismes faut-il enseigner aux lycée et
aux facultés où le français est le première langue étrangère. (FLÉ). In :Intertext. Chișinău :
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23. Manoli Ion. Mots anciens – sens nouveaux : le français actuel dans le contexte des parlers
francophones. La Francopolyphonie. Chișinău : ULIM, 2011.
24. Manoli Ion. Néologismes lexicaux et néologismes sémantiques créations néeologiques-
termes et néologismes stylistiques comme sujet de la lexicographie. Intertext. Chișinău : ULIM,
2015.
25. Martinet André. Elemente de lingvistică generală. București : Editura Științifică , 1970.
26. Munteanu Cristinel. Lingvistica integrală coșeriană Teorie, Aplicații și interviuri. Iași :
Editura Universității ,,Al. Ioan-Cuza’’, 2012.
27. Prouvost Jean, Sablayrolles Jean- François, Les Néologismes. Paris : P. U. F., 2003.
28. Retour à la traduction : Recherches et applications. – Le Français dans le monde. Numéro
spécial. Paris : EDICEF, 1987.
29. Rey Alain. Présentation du Supplément : Dictionnaire alphabétique et analogique de la
langue française : Les mots et les associations d’idées. Paris : Le Robert, 1970, 1976, 2015.
30. Retman Roman. Un inventaire des suffixes adjectivaux du français contemporain. – Le
français moderne. Revue de linguistique française. Paris : Hachette, 1980.
31. Rheims Maurice. Dictionnaire des mots sauvages : écrivains des XIX-e et XX-e siècles. Paris
: Larousse.
32. Riffaterre Michael. Poétique du néologisme. Communication au XXIV- ème Congrés de
l’Association Internationale des études françaises (juillet – 1972). – Cahiers de l’Association.
Paris, 1973.
33. Saussure Ferdinand de. Cours de linguistique générale. Laussanne : Payot, 1972.

51
ANNEXES
ANNEXE 1
Schématiquement on pourrait présenter le thème de la néologie de la façon suivante:

Néologie : vision générale

néologie de langue néologie de la parole

Néologismes lexicaux Néologismes sémantiques Néologismes lexicaux Néologismes sémantiques


stylistique à valeur stylistique

Diachronie et synchronie: niveau de la langue Diachronie et synchronie: niveau de la parole

Néologie dénominative Néologie connotative

Typologie des néologismes stylistiques


Typologie des néologismes-termes

Créations normatives Créations individuelles

52
ANNEXE 2
Schématiquement ce que nous venons de dire pourraît être représenté de la façon
suivant :

Néologie

néologie lexicale néologie sémantique

néologismes de la paole
néologismes de langue

néologismes
créés d’après les
modèles
normatifs

Néologismes aux
formes à rebours

53
ANNEXE 3

Glossaire des termes directement liés au problème de la néologie [élaboré par l’auteur].

Français / Explication Roumain Anglais


1. Abréviation n.f. Abreviere Abreviation
Toute representation d’une unité
ou d’une suite d’unites par une
partie de cette unite.
Ex. : homme-rob pour homme-
robot ; pluvio pour pluvio-
neigeuse.
2. Abstraction n.f. – Opération Abstracție Abstraction
intelectuelle qui consiste à isoler
par la pensée l’un des caractère de
quelque chose et à le considérer
indépendamment des autres
caractère de l’objet.
3. Acception n.f. – En lexicographie, Accepție Acception
on dit d’un mot qu’il a plusieurs
acceptions quand il a plusieurs
sens différents selon les contexts.
Par ex. : frigidaire n.m. Emploi
figure mettre quelque chose au
frigidaire - mettre en attente de
côté ; délaisser pendant un certain
temps.
4. Acculturation n.f. – On désigne Aculturație Acculturation
par ce nom tous les phénomènes
socio – culturels qui relèvent de
l`acquisation, du maintien ou de la
modification d`une culture.

54
5. Actualisateur n.m. – Tout Actualizator Updater
processus permettant
l’actualisation, c’est -à-dire le
passage de la langue à la parole.
6. Actualisation n.f. – C’est Actualizare Actualisation
l’opération par laquelle une unite
de la langue passe en parole.
Actualiser un concept, c’est
l’identifier à une représentation
réelle du sujet parlant.
7. Adjectif n.m. (néologisme) – La Adjectiv neologism Adjective neologism
grammaire traditionnelle définit ce
terme comme le mot qui est joint
au nom pour exprimer la qualité de
l’objet ou de l’être. Le nombre de
neologismes est énorme, mais il ne
dépasse point celui des noms et des
verbes. On distingue adj-
néologismes de langue :
décontractant ; et neologismes de
la parole: nudistique ( R.Queneau).
8. Adverbe n.m. – Un mot qui Adverb Adverb
accompagne un verbe, un adjective
ou un autre adverbe pour en
modifier ou en préciser le sens. Ex.
: mississipiquement.
9. Adverbialisateur n.m. - On donne Adverbialisator Adverbialisator
ce nom à un morphéme, en
particulier à un suffixe, qui fait
passer un terme de la catégorie des
adjectifs dans celle des adverbs.
Ainsi, en français, le suffixe –ment
est un adverbialisateur dans
barbare- barbarement ; capitaliste
55
– capitalistement. ( R. Queneau )
10. Affectif adj. – On appellee Afectiv Affectif
néologisme affectif celui qui
traduit l’intérêt personnel que nous
prenons à nos paroles par une
manifestation naturelle et
spontanée. Tout néologisme
stylistique est affectif.
11. Affixe n.m. – C’est un morphéme Afix,afixoid Affix
non-autonome qui est adjoint à un
radical d’un mot pour en indiquer
la function syntaxique. Les affixes
jouent le role primordial dans la
creation de nouvelles unites
lexicales : trinqueballement.
12. Allitération n.f. – C’est la Aliterație Alliteration
repetition d’un son ou d’un groupe
de sons à l’initiale de plusieurs
syllables ou de plusieurs mots d’un
même énoncé : sussurer,
chuchotter.
13. Anglicisme n.m. – Mot, formule, Anglicism Anglicisme
expression, idiotisme proper à la
langue anglaise.
14. Antonyme n.m. – Ce sont des Antonim Antonyme
unites dont les sens sont contraires.
15. Aphérèse n.f. – C’est un Afereză Aphaeresis
changement phonétique qui
consiste dans la chute d’un
phonème initial ou dans la
suppression de la partie initiale
(une ou plusieurs syllables) d’un
mot : festaille pour manifestaille

56
(R. Queneau) ; grouille pour
grenouille.
16. Apocope n.f. – C’est un Apocopă Apocope
changement phonétique qui
consiste dans la chute d’un ou
plusieurs phonèmes ou syllables à
la fin d’un mot : frigo pour
frigidaire ; ciné pour
cinématographe.
17. Archaïsme n.m. – En stylistique Arhaism Archaism
c’est l’emploi d’un terme
appurtenant à un état de langue
ancient et passé d’usage dans la
langue contemporaine :
l’archaïsme fait partie de
l’ensemble des écarts entre la
langue standard et la
communication littéraire. Le verbe
s’adombrer est un archaïsme : se
masquer, se dissimuler, se courir
d’ombre.
18. Argot n.m. – L’argot proprement Argon,argotic Slang
dit a été d’abord celui des
malfaiteurs. Il s’est développé dans
certaines professions (marchands,
armée, prisonniers). C’est une
riche forme d’enrichir le
vocabulaire. M. Rheims fixe
plusieurs unites argotiques qui on
tune forme néologique : fumeron –
(arg.) . désigne les jambs.
19. Autonome adj. – A. Martinet dit Autonom,-ă Autonomous
qu’une unite est autonome quand
elle peut apparaître dans différents
57
points de l’énoncé sans que la
différence de place modifie en
quoi que ce soit son rôle ou son
acception propre.
20. Axiome n.m. – C’est l’ensemble Axiomă Axiom
des formules correctes, mais non
démontrés, d’un système ou d’une
théorie linguistique. En lexicologie
la règle qu’un néologisme est une
unité lexicale nouvelle d’après la
forme et nouvelle d’après le
contenu a le caractère d’un
axiome.
21. Barbarisme n.m. – On donne ce Barbarism Barbarism
nom à la forme d’un mot qui n’est
pas générée par les règles de la
langue et de la norme. Un mot
comme anticonstitutionnellement,
un verbe comme solutionner,
formulasser pourrant être
considérés par les grammairiens
puristes comme des barbarisms.
Les ziaux bruns, les ziaux noirs,
les ziaux de merveille (R.
Queneau) ont l’apparence d’un
barbarism.
22. Bucolique adj. – Dans la Neologism Bucolic neologism
formule ,,néologisme bucolique’’ idilic,pastoral
c’est une creation burlesque;
moustachon n.m. , salisson n.m.

58
23. Bilinguisme n.m. – D’une manière Bilingvism, syn. : Bilingualism
générale, le terme désigne la plurilingvism
situation linguistique dans laquelle
les sujets parlants sont conduits à
utiliser alternativement, selon les
milieux ou les situations, deux
langues différents. C’est le cas le
plus courant du plurilinguisme.
24. Bisémique adj. – On dit qu’un mot Bisemic; cu sens Bisemic
est bisémique quand il a deux sens dublu
différents selon les contextes; ainsi
chasser un lion (chercher à le tuer
ou a le capturer) et chasser une
personne ( la faire sortir, l’éloigner
) sont des sens différents de
chasser qui est dit bisémique.
25. Cacophonie n.f. – On donne ce Cacofonie ; Cacophony
nom à une répétition, fugée Synonymes :
désagréable à entendre, des mêmes tautofonie, aliterație
sons (phonèmes ou syllabes ). On
rencontre des formules et des mots
qui sont porteurs de cacophonie :
le con court qu’elle a… ; Qui
cause, ose, dise… ;
chemindeferrique de L. – P.
Fargue a une dose d’une
cacophonie.

59
26. Calembour n.m. Calambur Quibble
Figure aux effets humoristique,
fondée sur une similitude de sens
et en recouvrant une différence de
sens : A quoi na sert (Nasser) ;
vice-verso, versa-vircé, vircé-
versa, vircé-verso (Ionesco)
27. Calque n.m. Calc, Calque
On dit qu’il y calque linguistique împrumut ,,brutal’’
quand, pour dénommer une notion
ou un objet nouveaux, une langue
A (le français, dans notre cas)
traduit un mot, simple ou composé,
appartenant à une langue B
(allemand ou japonais, par
exemple) en un mot simple
existant dejà dans la langue.
28. Chiasme n.m. Chiasma Chiasme
Figure stylistique formée d’un
croisement de deux groupe
significatifs formant une antithèse
néologique dans l’ordre inverse de
celui qui laisse attendre la
symétrie : Qui me rend visite me
fait honneur- Qui ne me rend pas
visite me fait plaisir. (H. de
Montherlant).

60
29. Classification n.f. Clasificare Classification
C’est une opération linguistique
qui consiste à répartir les unités
linguistique dans des classes ou
des catégories qui ont les mêmes
propriétés. On classe les
néologismes en deux grandes
catégories :
- néologismes lexicaux et
néologismes sémantiques ;
- néologismes de langue et
néologismes de la paroles ;
- néologismes termes
(scientifiques) ;
- néologismes d’auteur.
30. Connotation n.f. Conotație, conotativ Connotation
L’opposition entre connotation et
dénotation est reprise à la logique.
Le terme a une nature complexe et
dans la linguistique il a plusieurs
définitions. Référence est souvent
faite au contenu émotif, expressif
ou affectif. Tout ce qu’on ajoute au
premier sens du mot pour obtenir
plus d’expressivité s’appelle
connotation.
31. Contexte n.m. Context ; anturaj Context
C’est l’environnement, c’est-à-
dire, les unités qui suivent une
unité déterminée, s’appelle aussi
contexte ou contexte verbal. Pris à
part, hors contexte le mot gorgiase
n.f. ne dit presque rien. Mais dans
le contexte de Goncourt : Des
61
gorgiases, aux blondes chairs – on
décode qu’il s’agisse d’une fille ou
femme très grasse. (M.Rheims,
p.287).
32. Contrepèterie ou contrepetterie Contrapetrie Contrapetrie
n.f.
C’est une sorte de jeu ou un lapsus
consistant à permuter certains
élémenrs phonetiques ( syllabes ou
phonèmes) de telle manière que
l’on obtienne un nouvel énoncé qui
apparaisse comme une
déformation burlesque du premier
énoncé. C’est un moyen
néologique très cher à B. Vian, J.
Audilerti, J. Prêvert, E. Ionesco,
etc. Ex. : Qu’on me piche la faix
(Ionesco) pour : Qu’on s’en fiche
de la paix.
33. Conversion n.f. Conversie Conversion
Transposition d’un mot,
traditionnellement appartenant à
une partie de discours, dans une
autre partie. Ex. : Tous les
marchers, toussers, mouchers,
éterneurs… (B.Pascal).

34. Création individuelle n.f. Creație individuală, Individual creation


C’est une unité lexicale nouvelle hapax legomenon
créée par un écrivain, poète,
journaliste pour un seul
contexte*). Voir sous ce mot.
Écrivaineux – c’est une création de
L.-F. Céline à valeur péforative
62
pour désigner un écrivain
médiocre. L’adj. vain s’entrevoit.
35. Création parasynthétique n.f. Creație parasintetică Parasynthetic
C’est un mot formé par l’addition creation
d’un préfixe (au commencement
du mot) et d’un suffixe :
archidifficillement ;
archiréactionnaire.
36. Créativité n.f. Creativitate Creation
On peut distinguer deux types de
créativités, la première consistant
dans des variations individuelles
dont l’accumulation peut modifier
le système (créativité qui change
les règles). La seconde consiste à
produire des mots et des phrases
nouvelles aux moyens des règles
récursives de la grammaire
(créativité gouvernée par les
règles). Le meilleur ex. sert le
poème de Queneau, Les Ziaux.
37. Creux adj. Vid Empty words
On rencontre des formules ‘’style
creux,, , ‘’paroles creuses,, , ‘’mot
creux ,, , comme AAA ; joca.
38. Croisement n.m. Încrucișare ; Contamination
On appelle par ce terme l’action de contaminație
deux mots agissants l’un sur
l’autre par contamination* (voir
sur ce mot), ainsi recroqueviller
semble dû au croisement de
coquille et de croc.

63
39. Datation n.f. Datare, fixarea datei Datation
En lexicographie, l’étymologie du (apariției)
mot d’entrée y compris le
néologisme est souvent
accommpagné de la date de la
première attestation écrite, suivie
de la référence à l’ouvrage où ce
premier emploi a été relevé. Ex. :
Homme-grenouille n.m.~ 1960.
Militaire : Plongeur spécialement
entraînément et muni d’un
échipement autonome.
40. Définition n.f. Definiție Definition
Dans un dictionnaire, la définition
est l’analyse sémantique du mot
d’entrée. Dans un de l’apparition
du vocable, les signes
grammaticaux (n., adj., v., adv.,
pron.) et puis vient la définition
proprement dite.
41. Dénotation n.f. Denotație,denotativ Denotation
De nos jours le terme s’emploie
largement dans les études
linguistiques et sert à désigner des
vocables dépourvus de valeur
expressive, émotive ou affective.
Le mot république n.f. est
dénotatif, tandis que républiquette
devient connotatif. (Voir sur le
terme connotation).
42. Dérivation n.f. Derivație Derivation
Pris en un sens large le terme peut
désigner le processus de formation
des unités lexicales. Dans un
64
emploi plus restreint et plus
courant, le terme de dérivation
s’oppose à composition (formation
de mots composés, de mots
télescopage).
Les éléments d’un dérivé sont : -le
radical, les affixes.
Ex. : Déconfessionnalisation : dé +
confession + confessionnel + isa-
tion.
43. Désinance n.f. Dezinență Desinence
Par ce terme nous appelons l’affixe
qui se présente à la finale d’un
mot-nom, d’un pronom ou d’un
adjectif ou à la finale d’un verbe
pour constituer avec la racine une
forme fléchie.
44. Diachronie n.f. Diacronie/ sincronie Diachronie
La langue peut être considérée
comme un système fonctionnant à
un moment déterminé du temps
(synchronie) ou bien analysé dans
son évolution (diachronie) ; par la
diachronie, on suit les faits de
langage dans leur succession, dans
leur changement d’un moment à
un autre de l’histoire. La néologie
peut être analysée dans le plan
diachronique et celui
synchronique. Les deux sont
importants.
45. Dictionnaire n.m. Dicționar Dictionary
C’est un objet culturel qui présente
le lexique d’une (ou plusieurs)
65
langue sous la forme alphabétique
en fournissant sur chaque termes
un certain nombre d’information
(prononciation, étymologie,
categorie grammaticale, définition,
synonymes, antonymes,
paronymes. Les dictionnaires des
néologismes, des mots nouveaux,
des mots sauvages sont très utiles
dans l’enseignement du lexique
français.
46. Diglossie n.f. Diglosie, bilingvism Diglossie
On donne d’une manière générale,
le nom de diglossie à la situation
du bilinguisme. Voir ce mot.
47. Emprunt n.m. Împrumut Loan word
Acte par lequel une langue
accueille un élément d’une autre
langue ; élément (mot,tours) ainsi
incorporé. Le français actuel
emprunte à l’anglais, à l’espagnol,
à l’italien, au russe.
Ex. : Hold-up n.m. ~ 1950. Mot
américain. Altaque à main armée
pour cambrioler une banque, un
bureau de poste, un magasin, etc.
48. Étymon n.m. Etimon Etymon
On appelle par ce terme toute
forme donnée ou établie dont on
fait dériver un mot : il peut être le
radical, la base à partir de laquelle
on a créé avec un affixe un mot
récent : ainsi automobile est
l’étymon de l’automobiliste,
66
comme gosse n.m. pour gosselot.
49. Évolution (néologique) n.f. Evoluție Evolution
Toute langue est en continuel
changement, toute langue a son
histoire de la néologie. L’histoire
néologique détermine les
conditions de l’évolution
linguistique proprement dite.
50. Exemple n.m. Exemplu Exemple
En lexicographie de la néologie
qulle qu’elle soit les exemples sont
des mots comportants des
occurrences du mot d’entrée en
fournissant des informations
linguistiques sur les traits
nouveaux, sur la nouveauté,
l’année de l’apparence. Ainsi l’ex.
… L’homme japonais dvait
devenir l’homme-robot d’une
société surindustrialisée sert
comme explication du néologisme
homme-robot n.m. – l’être humain
déshumanisé par la société
industrielle.
51. Exhaustivité n.f. Exaustif, complet Exhaustive
Une étude ou un corpus sont
exhaustifs quand ils prétendent
prendre en considération tous les
faits de langue impliqués par
recherche. Nul dictionnaire des
néologismes ne pourrait pas
prétendre qu’il soit exhaustif.
52. Expressif adj. Expresiv Expressive
On appelle un néologisme
67
expressif toute création
individuelle nouvelle d’après la
forme et d’après le contenu.
Enviolir – devenir violet c’est un
verbe expressif de F. Poictevin.
53. Expression n.f. Expresie Expression
En grammaire traditionnelle on
appelle expression tout constituant
de phrase : mot, mot composé,
néologisme.
54. Extra-linguistique adj. Extra-lingvistic Extra-linguage
On qualifie par ce terme les
facteurs qui n’appartiennent pas en
propre à la grammaire. Ces
facteurs sont ceux du sujet et de la
situation.
55. Familier adj. Familiar Familiar
On dit qu’un néologisme a l’air
familier quand sa structure et son
contenu implique un degré
d’intimité. Les créations de
Queneau comme le demi-neveu, le
semi-cousin sont familières.
56. Fonction n.f. Funcție Fonction
On appelle par ce terme le rôle
joué par un terme (phonème,
morphème, mot, syntagme, etc.)
dans la structure grammaticale de
l’énoncé.

68
57. Formation de mots n.f. Formare de cuvinte Word formation
On appelle formation de mots
l’ensemble de processus morphu-
syntaxiques permettant la création
d’unités nouvelles à partir de
morphèmes lexicaux. On utilise
ainsi, pour former des néologismes
les affixes de dérivation*(voir sous
ce mot) on les procédures de
composition.
Médicalisation n.f. > médical-
isation ; mère-célibataire n.f. –
femme non-mariée qui a un ou des
enfants (sans la nuance péjorative
de fille-mère).
58. Fusion n.f. Fuziune Fusion
C’est la combinaison de deux
éléments en contact à l’intérieur
d’un mot, qui rend difficile
l’analyse directe. Ainsi le
néologisme mégalophaseur n.m.
c’est un composé de la racine
grecque mégalo-, grand, et de
phaseur,- qui fait des phrases.
Celui qui fait de grandes phrases
(creuses, bien entendu).
59. Glose n.f. Glosă Glose
On appelle glose ou gloses les
traductions d’un mot rare ou
inhabituel ; aussi le glossaire est-il
un dictionnaire des mots rares ou
des termes d’une langue différente
de la langue courante. Par ex.
matuvuisme n.m. c’est un
69
néologisme plaisant, dérivé de
m’as-tu-vu, qui désigna d’abord un
acteur vaniteux (c’est la question
qu’il pose).
60. Glossaire n.m.
Voir sous glose.
61. Hapax n.m. Cuvânt rarisim Hapax
On donne le nom d’hapax à une
forme, un mot ou une expression
dont on ne connaît qu’un exemple
dans un corpus défini. On dit : les
hapax de Mallarmé, de L.-F.
Céline.
62. Homonyme n.m. Omonim Homonym
Dans le lexique, un homonyme est
un mot qu’on prononce ou/et
qu’on écrit comme un autre, mais
qui n’a pas le même sens que ce
dernier.
Ex. : Dans un verre vert, il y a un
ver vert.
63. Idiome n.m. Idiom Idiome
On appelle par ce terme le parler
spécifique d’une communauté
donné, étudié ce qu’il a de
particulier par rapport au dialecte
on à la langue auxquels il se
rattache. Le terme d’idiome peut
être synonyme de ,,langue’’. On
dit : les néologismes d’idiome
normand.

70
64. Idiotisme n.m. Expresie Idiotisme
On appelle idiotisme toute caracteristică (în
construction qui apparaît propre à exclusivitate) numai
une langue donnée et qui ne unei limbi
possède aucun correspondant
syntaxique dans une autre langue.
Bien sûr qu’un m’as-tu-vuiste c’est
un idiotisme lexical.
65. Index n.m. Index,cronologie Index
Dans le vocabulaire général, un
index est la table alphabétique des
mots cités (propres ou communs),
des sujets traités, des termes
techniques définis, etc.
66. Infixe n.m. Infix Infixe
On appelle infixe l’affixe qui
s’insère à l’intérieur d’un mot
(d’un néologisme) pour en
modifier le sens L.F.- Céline en est
le maître : bav(ard)er : bavacher,
bavocher, bavoucher.
blabla(ter) : blaver, blafouiller,
blablatiser, etc.
67. Innovation n.f. Inovație,cuvânt Innovation
nou,creație neologică
Action d’innover. C’est le
contraire de l’archaïsme* (voir
sous ce mot).
On dit : les innovations de
Queneau, de le Clézio, d’un auteur,
etc.

71
68. Jargon n.m. Argon Slang
Par extension jargon est employé
pour désigner soit une langue dont
on juge qu’elle est déformée ou
incompréhensible : on parle ainsi
de jargon franglais (français
déformé par de nombreux
anglicismes)
69. Lexème n.m. Lexem, morfem Lexem
Le lexème est l’unité de base du lexical
lexique, dans une opposition
lexique- vocabulaire, ou le lexique
est mis en rapport avec la langue et
le vocabulaire avec la parole.
70. Lexicalisation n.f. Lexicalizare Lexicalisation
C’est le processus par lequel une
suite de morphèmes (un syntagme)
devient une unité lexicale.
Le mot m’as-tu-viste n’est pas
senti comme trois unités et ne
diffère pas dans son comportement
de hospitalisme.
71. Lexicographie n.f. Lexicografie ; Teoria Lexicographie
si practica
C’est la technique de confection
dicționarelor
des dictionnaires et l’analyse
linguistique de cette technique. La
pratique lexicographique française
est fort ancienne : les premiers
témoignages écrits que le français
possède ce sont des glossaires et
des nomenclatures. La
lexicographie française à côté de
celles anglaise, allemande,
japonaise, chinoise est l’une de
72
plus riche.
72. Lexique n.m. Lexic, lexicul unei Lexique
limbi
Référé à la lexicographie, le mot
lexique désigne l’ensemble des
unités formant la langue d’une
communauté, d’une activité
humaine, d’un locuteur, etc.
73. Macrocontexte n.m. Macrocontext. Macrocontexte
1. On appelle par ce terme un Antonyme :
environnement plus large que le Microcontext
mot qui précède ou suis le terme
envisagé, par opposition au
microcontexte ; ce macrocontexte
peut être la phrase ; le paragraphe
ou le discours tout entier.
Pour le mot goncourtiser, il suffit
d’avoir l’information d’une phrase
qui sert comme macrocontexte.
2. En stylistique on appelle plus
particulièrement macrocontexte
l’ensemble des données
contextuelles présents à l’esprit du
lecteur quand il lit un texte ; le
macrocontexte est alors contitué
par la situation culturelle du
lecteur.
74. Métaphore n.f. Metaforă Metaphore
La métaphore est une source riche
de création des néologismes
sémantiques : Des fauteuils
hostiles, délicieux et scandaleux.
(M. Proust). La métaphore joue un
grand rôle dans la création
lexicale : homme-grenouille,
73
homme-accordéon, homme-robot.
75. Microcontexte n.m.
Voir sous macrocontexte.
76. Monème n.m. Monem Monem
Dans la terminologie de Martinet,
le monème est l’unité significative
élimentaire. Ce peut être un mot
simple : homme pour hommisme
(Henri Michaux), un radical : hurl
pour hurlis, dérivé de hurler, un
affixe, une désignance.
77. Mot-valise n.m. Telescopaj ; cuvânt Word fusion
Celui-ci résulte d’une suite de compus prin
mots à un seul mot qui ne conserve contaminație
que la partie initiale du premier
mot et la partie finale du dernier :
démoblicain : démo(crate) +
(répu)blicain.
78. Néologie n.f. Neologie Neologie
La néologie est le processus de
formation de nouvelles unités
lexicales. On distingue néologie de
forme et néologie de sens.
79. Néologisme n.m. Neologism Neologism
On appell néologisme toute
création nouvelle d’après la forme
et nouvelle d’après le contenu
(néologisme lexical) ou
traditionnelle d’après la forme et
nouvelle d’après le contenu
(néologisme sémantique).
Beaucoup de linguistes considèrent
que tout mot récemment emprunté

74
à une autre langue est aussi appelé
– néologisme.
Cadeau-gigogne, glisseur (skieur
remarquable) ce sont des
néologismes lexicaux ;
Gigantisme n.m.
En économie : dimension énorme
ou excessive c’est un néologisme
sémantique.
80. Néologisme de langue n.m. Neologism - termen Neologism language
Tous les mots nouveaux qui ne
sont que de termes d’un domaine
scientifique quelconque s’appellent
néologismes de langue.
Néologismes médicaux,
économiques, juridiques.
81. Néologisme de la parole n.m. Neologism stilistic, Stylistic neologism
Toutes les créations individuelles creație individuală
appartenant aux écrivains, poètes,
journalistes qui ont une occurrance
minimale s’appellent néologismes
stylistique. Dans la conception de
Saussure ce sont des créations au
niveau de la parole :
Circonlocutasserie (L.-F. Céline) ;
croquemitanerie ( H. de
Montherlant) ; crieur (Paul-Jean
Toulet) se sont des formations
strictement individuelles au niveau
de la parole.
82. Norme n.f. Normă Norme
Tout ce qui est d’usage commun et
courant dans une communauté
linguistique. Tous les néologismes
75
de la parole sont un écart de la
norme.
83. Occurrence n.f. Ocurență; frecventă Occurrence
Toutes les fois qu’en élément lexicală
linguistique figure dans un texte,
on parle d’occurrence (token).
L’apparition du terme
électoralisme n.m. (En politique :
déclaration d’un homme, d’un
parti inspiré par une tactique
électorale) dans un texte analysé
du point de vue linguistique sera
une occurrence du mot
électoralisme. Les occurrences des
néologismes stylistiques sont tout à
fait faibles.
84. Onomatopée n.f. Onomatopee Onomatopoeia
On appelle par ce terme une unité
lexicale créée par l’imitation d’un
bruit naturel : clapot doublet
dialectal de clapotis, vrombrissant
– variante de vrombissant,
vrombissement sont des
onomatopées néologiques.
85. Oxymoron n.m. Oximoron Oxymoron
On appelle oxymoron une alliance
de mots, qui consiste à réunir deux
mots apparement contradictoires.
Ils sont assey nombreux dans la
langue : un silence éloquent ; Un
beau montre (la Vie) ; un
nauffrage formidable (le sommeil
d’enfant), etc.
86. Paragraphe n.m. Paragraf Paragraph
76
C’est une unité de discours
constituée d’une suite de phrases,
formant une subdivision d’une
énoncé long et définit
typographiquement par un alinéa
initial et par la clôture du discours
ou par un autre alinéa.
Parfois pour décoder en
profondeur le sens d’un
néologisme lexical on a besoin
d’analyser le contenu d’un
paragraphe.
87. Paralexème n.m. Paralexem Paralexem
On donne parfois le nom de
paralexème au mot composé ou à
une contamination (interviews-
éclairs, loi-programme), par
opposition au lexème
(décontaminer).
88. Parasynonyme n.m. Parasinonim Parasynonyme
On appelle par ce mot un terme qui
est presque synonyme d’un autre,
c’est-à-dire qui présente une
grande partie de traits pertinants en
commun ; ainsi, bois et forêt sont
des parasynonymes l’un de l’autre,
la différence éetant celle
de ,,grandeur’’.
89. Paronyme n.m. Paronim Paronyme
Ce sont des mots ou des suites de
mots de sens différent, mais de
forme relativement voisine. Ainsi,
collusion et collision, allocution et

77
allocation sont paronymes.
90. Péjoratif adj. Peioratif Pejorative
Un affixe ou un morphème lexical
sont péjoratifs quand ils
impliquent un jugement de mépris,
une nuance dépréciative. Galavard
(pour fainéant, paresseux) ;
aumonard (dérivé péjoratif de
aumone ) sont péjoratifs.
91. Plein adj. Cuvinte cu formă Ample
1. On appelle forme pleine la plină
forme d’un mot existant à côté
d’une forme réduite (par apocope,
élision, etc.) ; ainsi le latin nihil
existe à côté de la forme réduite
nil.
2. On appelle mots pleins par
opposition aux mots vides les
morphèmes lexicaux apposés aux
termes grammaticaux. Les
néologismes comme
désinvestissement n.m.,
déstalinisatrice n.f.,
orchestrateusement adv. sont
considérés trops pleins (lourds).
92. Polysémie n.f. Polisemie Polysemie
On appelle polysémie la propriété
d’un signe linguistique qui a
plusieurs sens. L’unité linguistique
est alors dite ,,polysémique’’.
L’unité polysémique est souvent
opposée à l’unité monosémique.
93. Potentiel adj. Potențial Potentiel
On appelle mot, énoncé, phrase
78
potentielle tout énoncé, tout mot
qui peut être formé à partir des
règles de grammaire d’une langue
et qui peut être interprété au
moyen des règles sémantiques de
cette langue, mais qui n’a pu être
relevé dans un corpus.
Par ex. : capture n.f. – capturer
v.tr. mais recapture n’existe pas à
côté de recapturer v.tr.
94. Préfixe n.m. Prefix Prefix
On appelle par ce terme de la
classe des affixes un morphème à
l’initiale d’une unité lexicale :
prévisionniste n.m. – spécialiste de
la présion, de l’analyse ou de la
gestion prévisionnelles (surtout en
économie).
Les préfixes participent activement
dans la formation des termes
nouveaux, mais ils sont présents
aussi dans les créactions
individuelles : détronisation n.f.
(H.Michaux) ; mini-gosserie n.f.
(P.Fargue).
95. Prothèse n.f. Proteza Prosthesis
On appelle prothèse le
développement, à l’initiale d’un
mot, d’un élémentt non
étymologique comme, en français,
l’introduction d’un [e] à l’initiale
de tous les mots commençant par
les groupes consonautiques [sp] ;
[st] ; [sk], etc. : étoile de stella,
79
épaule de spatula (m), etc.
96. Proverbe n.m. Proverb Dicton, sentence
Sentence, maxime exprimée en
peu de mots et qui est devenue
commune.
Les proverbes ne sont pas
néologismes, mais il arrive des cas
quand sous la plume d’un maître le
proverbe ai un air nouveau.
Prévert, Ionesco sont des vrais
proverbialisateurs.
97. Redondance n.f. Redundanță Redundancy
Superfluité de mots et
d’expressions.
L.-F. Céline de phraser nous
offre : phrasibuler, phrasouiller et
phrasuler. Tous les verbes se
prêtent difficilement à être
commentés linguistiquement.
Synonymes : verbiage, tautologie.
98. Science-fiction n.f. Literatura de ficțiune. Science-fiction
Ce terme est un américanisme Mais peu à peu le
(1950). C’est une littérature terme science-fiction
d’idées, qui s’appuie sur des est accepté par la
axiomes de base différents de ceux norme.
qui réagissent le monde où nous
vivons.
Dans les œuvres science-fiction
nous trouvons un nouveau langage
où les néologismes font tache
d’huile.

80
99. Sentiment linguistique n.m. Sentiment/simț Linguistic feeling
On donne ce nom à l’intuition du lingvistic
sujet parlant/écrivant qui lui
permet de porter sur des phrases,
des mots des jugements de
grammaticalité.
100. Sigle n.m. Siglă/abreviere Abbreviation
On appelle sigle la lettre initiale ou
le groupe de lettres initiales
constituant l’abréviation de
certains mots qui désignent des
organismes, des partis politiques,
des associations, des clubs
sportifs ; des États, etc. ULIM-
Université Libre Internationale de
Moldova.
101. Signifiant n.m. et adj. Semnificant Signifiant
Le terme est de la linguistique
saussurienne : il s’agit de l’image
acoustique d’un mot ; c’est la
manifestation matérielle du signe.
Tout néologisme est porteur d’un
signifiant et d’un signifié.
Ex. : Flottance n.f. – dérivé de
flottant : incertitude propre aux
sentiments. Le suffixe –ance, chez
aux décadents donne une sonorité
et un peu d’academisme.
102. Signifié n.m. et adj. Semnificat ; concept Concept
Il s’agit du contenu sémantique du
signe ; opposé au signifiant(Voir
sous ce mot).
Flotteusement- néologisme
humoristique pour désigner
81
la ,,manière ‘’ ample (pour un
vêtement de flotter.

103. Stylistique n.f. Stilistica (lingvistică) Stylistics


Partie composante de la
linguistique qui étudie largement :
1. Les différents styles dans toute
leur empleur et leur diversité ;
2. Les particularités émotives,
expressives et affectivent des
moyens de la langue. Les
néologismes stylistiques
constituent l’un des thèmes
importants de la stylistique
lexicale.
104. Superlatif stylistique n.m. Superlativul stilistic Stylistic superlative
Moyen stylistique qui consiste
dans un emploi d’un superlatif
absolu créé non d’après les règles
grammaticales existantes, mais
d’après un choix lexical individuel.
Par ex. : Mascarille est un fourbe
et fourbe fourbissime. (Molière).
Le superlatif stylistique peut se
marquer :
- au moyen de certains préfixes
comme archi-, extra-, multi-,
super-, ultra-. Ex. : ultrasuper-
célébre  ;
- au moyen du suffixe –issme (lat.-
ismus).
Par ex. : capitalissime,
(A.Maurois).
105. Volume du mot n.m. ou Volumul, masa Word volume
82
Masse du mot n.f. cuvântului, lexemului
On appelle volume ou masse du
mot la quantité de phonèmes
composant un néologisme
prononcé isolément, c’est-à-dore le
volume désigne une masse sonore.
Le lexique néologique français
fournit des mots de masse très
inégale depuis les mots de
quelques signes, Z.U.P. – Zone à
urbaniser en priorité, jusqu’aux
mots d’un grand nombre de
syllabes comme
diabolicosceptiquement adv.
(R.Queneau) ; vertébrothérapeute
n.m. ; dysorthographier v.tr.

83
106. Vocabulaire n.m. Vocabular Vocabulary
Ensemble de mots, expressions,
tournures phraséologiques dont
dispose une langue. Dans la
terminologie linguistique, un
vocabulaire est une exhaustive des
occurrences (voir sous ce mot)
figurant dans un corpus. Toutefois,
l’opposition entre lexique et
vocabulaire n’est toujours faite,
c’est à retenir des expressions
comme ,,vocabulaire de
base’’, ,,vocabulaire
commun’’, ,,vocabulaire général’’,
,,vocabulaire des français
élémentaire’’.
Le terme de vocabulaire reste
pleinement motivé dans les études
portant sur des corpus spécialisés :
vocabulaire de la linguistique,
vocabulaire de l’aviation,
vocabulairee diplomatique, etc.
Pour le linguiste R.L.Wagner ,,le
terme de vocabulaire désigne
conventionnellement un domaine
du lexique qui se prête à un
inventaire et à une description’’.

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