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Ce document provient de l’Agrithèque, base de connaissances des Chambres d’Agriculture de Bretagne. Toute reproduction sous
quelque forme que ce soit, n’est autorisée que dans le cadre de l’usage privé du copiste ou dans le respect de la réglementation en
vigueur.
1. Introduction 2. Bibliographie
2.1. Définition de la biosécurité
Depuis plus de dix ans, les Chambres
d’agriculture de Bretagne, l’IFIP et l’Anses ont La biosécurité est définie comme un ensemble de
communiqué sur la biosécurité, via différentes mesures permettant de réduire les risques
plaquettes sur la protection sanitaire des d’introduction et de diffusion d’agents pathogènes
élevages de porc, le nettoyage-désinfection. Le dans un élevage. Cela implique d’adopter un
plan EcoAntibio 2017 accroît la prise de ensemble d’attitudes et de comportements pour
conscience des éleveurs sur la maitrise du réduire les risques (FAO/WB/OIE, 2010). La
sanitaire, aidée par la restructuration des biosécurité contribue à maîtriser la santé des
élevages avec la mise aux normes bien-être des porcs. On distingue :
truies gestantes. Actuellement, les Instituts et
les groupements proposent aux éleveurs de • La biosécurité externe, qui a pour objectif
nombreuses recommandations en termes de d’empêcher ou de limiter le risque
biosécurité, d’hygiène et de conduite d’élevage au d’introduction d’un nouvel agent
travers du guide de bonnes pratiques d’hygiène pathogène dans un élevage. Elle consiste
(GBPH) et de son manuel d’application (IFIP, à contrôler l’ensemble des voies de
2009). Néanmoins, certaines mesures ne sont contamination d’un élevage.
pas encore suffisamment appliquées en élevage. • La biosécurité interne, qui a pour but de
limiter la diffusion ou la pression
d’infection d’un agent pathogène déjà
Ce projet mené par le pôle Porc de la Chambre présent dans un élevage. Le respect des
d’agriculture de Bretagne a pour objet d’étudier recommandations zootechniques et de
les freins à la mise en place des règles de conduite d’élevage contribue également
biosécurité dans les élevages bretons et de au maintien de la santé des animaux
mesurer l’impact de la mise en place de critères (Hémonic A, 2013).
de biosécurité en élevage sur les performances
technico-économiques. La biosécurité permet de maîtriser l’état sanitaire
de l’élevage. L’apparition des signes de maladie
en élevage dépend aussi de plusieurs facteurs :
la virulence de l’agent pathogène, la pression de
Des freins de nature économique, technique et
contamination, l’état immunitaire général et
liés aux connaissances de l’éleveur pourraient
spécifique de l’élevage, la configuration et le type
être la cause de la non application de mesures de
de conduite de l’élevage et enfin la gestion de
biosécurité. Quelles solutions avons-nous pour
l’hygiène (Madec et Robert, 2002).
lever ces freins ? L’objectif final est de permettre
à chaque éleveur d’évaluer son niveau de
biosécurité à travers une grille de synthèse
identifiant les points d’amélioration et les priorités 2.2. Voies de contamination
d’action. Les voies de contamination par un agent
pathogène sont nombreuses dans un élevage.
La voie la plus à risque de transmission d’un agent concluent que l’accompagnement technique dans
infectieux est le contact direct de porc infecté à la mise en œuvre du paquet Hygiène est concret
porc sain. et bien avancé dans ces bassins de production.
Figure 1 : Les voies de contamination des Néanmoins, certaines mesures sont loin d’être
porcs appliquées par tous et parfois même dans moins
d’un élevage sur deux. Elles concernent la
quarantaine, la qualité de l’eau, la gestion de
l’embarquement des porcs et de l’équarrissage, le
respect de la conduite en bande ou des densités,
l’hygiène du personnel et des interventions
(Hemonic et al., 2010 ; Corrégé et al., 2012). Ce
sont des voies d’amélioration de la biosécurité
dans les élevages.
biosécurité par quart supérieur et inférieur. Le lorsque que la distance séparant les élevages est
différentiel de marge standardisée entre ces deux inférieure à 3 km (Madec et Robert, 2002).
catégories d’élevage est de 202 euros/truie/an.
De plus, Laanen et al., 2011 ; Collineau et al.,
2014 ont montré qu’améliorer le niveau de
biosécurité permet en plus de réduire l’utilisation
3. Matériel et méthodes
d’antibiotiques. Ce même constat a été établi par 3.1. Enquêtes auprès de
les Chambres d’Agriculture de Bretagne avec
structures et des éleveurs
l’existence d’une relation entre les dépenses de
santé et le statut sanitaire des élevages ainsi que
le respect de la conduite en bande et des densités Les critères techniques et les aspects humains
(Larour et Pellois, 2010). Ceci démontre l’intérêt (connaissances, attitudes, comportements) qui
des bonnes pratiques d’hygiène et de maîtrise de limitent le respect des règles de biosécurité sont
la santé pour optimiser les coûts de production. regardés pour mieux comprendre le point de vue
et le comportement des acteurs.
3.1.1. Enquêtes auprès de
2.5. Méthodes d’évaluation spécialistes
Des grilles d’évaluation du niveau de maîtrise du L’enquête auprès des professionnels de la
sanitaire en élevage de porc ont été proposées production porcine : vétérinaires, animateurs
par différents auteurs (Cariolet et al., 2009 ; techniques, techniciens de suivi d'élevage,
Laanen et al., 2010, Biocheck). Ces grilles sont d'alimentation, de génétique est réalisée soit par
basées sur l’attribution d’une note à partir d’un envoi du questionnaire par courrier ou mail, soit
relevé de plusieurs critères influençant la qualité par entretien semi-directif. 33 personnes ont
sanitaire de l’élevage. Une conduite d’élevage en répondu sur leurs préconisations (40 % de
flux tendu des bâtiments et avec un défaut de vétérinaires, 60 % techniciens) et sur l'application
marche en avant est associée à un faible score
des mesures de biosécurité en élevage de
d’hygiène (Cariolet et al., 2009). Cette faible
production.
hygiène associée au non-respect de la conduite
en bandes est source d’augmentation de pertes Tableau 1 : Domaines d’activité des
notamment en période sevrage-vente professionnels enquêtés
(Guyomarc’h et al., 2005). L’amélioration de la
maîtrise sanitaire par le respect des règles de
biosécurité devrait permettre aux animaux Domaine Technicien Vétérinaire Ensemble
d’exprimer pleinement leur potentiel génétique "Experts" 1 3 4
sur cette période et ainsi améliorer les résultats.
Suivi
1 9 10
sanitaire
2.6. Les pré-requis à Génétique 4 1 5
l’évaluation de la biosécurité
Conduite 11 11
L’application des règles de biosécurité est à
raisonner selon le type d’élevage, son contexte Aliment 3 3
économique, sa situation géographique et sa Total 20 13 33
conception :
3.1.2. Enquêtes en élevages
- un parc de bâtiments clôturé, perpendiculaire
aux vents dominants et permettant la réalisation L’enquête auprès de 23 éleveurs est réalisée
d’une marche en avant avec des circuits pendant l’hiver 2013-2014 par entretien à
spécifiques est un pré-requis favorable au respect l’élevage. Celle-ci a permis de mieux cerner les
des règles de biosécurité. La séparation des motivations ou les réticences des uns et des
ateliers naissage/post-sevrage/engraissement, la
autres, les mesures appliquées et les contraintes
cohérence de la chaîne de bâtiments, la limitation
rencontrées. Les élevages retenus sont des
de la taille des salles et des cases contribuent à
la maîtrise de la pression d’infection (Nevannen naisseurs-engraisseurs conventionnels engrais-
et al., 2011, UGPVB, 2012). L’âge et l’usure des sant « en propre » plus de 80% de leur
bâtiments n’est pas non plus à négliger. production. Le suivi en GTTT et en GTE est
recommandé pour connaître les résultats
Laanen et al., en 2011 ont constaté que le niveau
techniques et économiques de ces élevages. Deux
de biosécurité était plus faible dans les bâtiments
anciens. catégories d’éleveurs ont été sélectionnées, à
dire d’experts : la catégorie "Bons" qui regroupe
- la situation géographique et notamment la 14 éleveurs très impliqués dans l’application des
densité porcine dans les régions sont des facteurs mesures de biosécurité. La catégorie "Moins
importants à prendre en compte dans l’étude de
Bons" est constituée de 9 éleveurs se sentant
la biosécurité. En effet, la transmission aérienne
moins ou peu concernés par cette démarche.
d’agents infectieux peut présenter un risque
88
70
30 30
18
Comme pour la biosécurité externe, les mesures
mises en avant pour la biosécurité interne sont
différentes selon les domaines d’activité des Hommes Bâtiment Travail Coût Situation
professionnels enquêtés. Ils recommandent Elevage
d’abord une bonne hygiène des bâtiments avec
D'autres mesures sont parfois plus difficiles à que pour 40 % d'entre eux. Le lavage du quai
mettre en place et sont plus coûteuses, telle une d'embarquement après chaque départ n'est
clôture autour de l'élevage. Des écarts réalisé que par 30 % des éleveurs enquêtés.
d'application des mesures existent entre les 2 Un quai spécifique pour l'embarquement des
catégories d'éleveurs "Bons" et "Moins Bons". Ils réformes est peu fréquent. A noter cependant que
peuvent être liés à la motivation des éleveurs vis- 2 éleveurs (1 bon et 1 moins bon) utilisent une
à-vis de la biosécurité, mais aussi à la taille bétaillère pour amener leurs truies à l'extérieur
d'élevage plus importante chez les "Bons", ceci de l'élevage. Les élevages sont tous équipés de
pour un critère comme présence de douche pour bac d'équarrissage, mais seulement 87 % d'entre
le personnel et les intervenants de l’élevage. eux sont fermés.
Tableau 4 : Application des mesures de Tableau 5 : Application des mesures de
biosécurité externe dans les élevages biosécurité interne dans les élevages
enquêtés (% élevages) enquêtés (% élevages)
Critère "Bons" "Moins Ensemble Critère "Bons" "Moins Ensemble
Biosécurité Bons" Biosécurité Bons"
externe interne
Contrat de Quarantaine
93 56 78
dératisation conduite en tout 93 33 75
Mise en place plein tout vide
d'appâts par 7 44 22 Séparation
l'éleveur physique des
93 78 87
SAS Entrée 57 22 43 zones naissage-
Douche 100 44 78 engraissement
Clôture autour de Marche en avant
36 0 22 éleveur et 86 78 83
l'élevage
En cas d'absence personnel
- Enceinte de Matériel propre
86 56 74 à l'élevage 86 22 61
l'élevage fermée -
sonnette (échographe…)
1 aiguille par
50 22 39
truie
4.2.3. Marche en avant dans 83 Lavage couloirs
après transfert 92 75 90
% des élevages
animaux
Désinfection
Même s'ils reconnaissent qu'elle n'est pas
couloirs après
toujours parfaite du fait de la configuration des 54 25 43
transfert
bâtiments, la marche en avant des éleveurs et du
animaux
personnel est pratiquée dans une majorité des
Lavage quai
élevages enquêtés. Il en est de même pour la
(après chaque 43 11 30
marche en avant des animaux, même si elle est
départ)
parfois plus difficile à appliquer pour les mêmes
raisons de chaîne bâtiment. D’autres mesures de Quai spécifique
29 11 22
biosécurité interne sont moins bien appliquées, réformes
pour des raisons de temps de travail,
d'organisation des tâches. Cependant, elles le
sont davantage pour la catégorie « Bons », 4.2.4. Biosécurité externe ou
comme la conduite en tout plein tout vide en interne : quelle priorité ?
quarantaine : 93 % des éleveurs de la catégorie
« Bons » et seulement 1/3 dans la catégorie Les avis divergent sur le sujet, quelle que soit la
« moins bons ». L'utilisation d'une aiguille par catégorie d'éleveurs enquêtés. Les éleveurs qui
truie n'est réalisée que dans 40 % des élevages. optent de façon privilégiée pour la biosécurité
L'utilisation du matériel propre à l'élevage comme externe mettent en avant qu'il faut se protéger
l'échographe ou l'appareil de mesure de vis-à-vis de l'extérieur. L'éleveur doit être ferme
l’épaisseur de lard dorsal est plus importante vis-à-vis des intervenants dans l'élevage :
chez les "Bons". L’application plus satisfaisante de dépanneurs, techniciens, chauffeurs de
ces différentes mesures de biosécurité interne camions...Interdiction de rentrer dans l'élevage
chez « les bons » peut aussi avoir un lien avec en l'absence de l'éleveur. Même si le risque ne
leur taille d'élevage supérieure. peut pas être totalement maîtrisé, il est toujours
possible de mettre en place certaines mesures :
Le nettoyage des couloirs et du quai appeler pour un rendez-vous, clôture et
d'embarquement sont des tâches pour lesquelles signalétique élevage…
des progrès importants restent à faire. Si le
lavage des couloirs est pratiqué par 90 % des La crainte d'une contamination venant de
éleveurs, leur désinfection n'est systématique l'extérieur est plus forte chez les "Bons". Les
éleveurs pensent que les camions peuvent être Tableau 6 : Prophylaxie : Vaccinations
les principaux vecteurs de pathogènes, puis le pratiquées (% élevages enquêtés)
lisier, le vent et enfin le voisinage (autres
élevages). Certains d’entre eux ont pris des Vaccinations « Bons » « Moins
mesures pour imiter ces risques de pratiquées (% Bons »
contamination, comme le transport en bétaillère élevages)
des truies de réforme en dehors de l’élevage, des Parvo et rouget 100 100
échanges de parcelles avec des voisins pour le SDRP 93 56
risque épandage. Mycoplasme 79 67
Collibacillose 79 44
Ces craintes existent chez les "moins bons", mais Grippe 79 22
à un degré moindre, même si 2/3 d'entre eux se Circovirus 71 67
situent dans une zone de densité porcine Rhinite 64 67
moyenne à forte. Les éleveurs sont « habitués » Iléite 29 0
au voisinage et ont appris à vivre avec. Pour cette
Clostridium 7 11
catégorie "Moins bons", l’inquiétude vis-à-vis
Autovaccin
d’une contamination extérieure est plus faible. La 7 11
(strepto/actinobacille)
SAU plus importante, avec 89 % des terres
d'épandage à proximité, sur lesquelles est
épandue le lisier de l'élevage peut être une des
raisons de ce fait.
5. Discussion
Un problème sanitaire (SDRP, grippe,
Figure 6 : Provenance du risque sanitaire actinobacillose….), la mise en groupe des truies,
(% réponses éleveurs) une restructuration d'élevage ont poussé les
64 éleveurs à réfléchir à la mise en place de mesures
de biosécurité dans leur élevage.
56
Dans les deux enquêtes menées en parallèle
auprès des structures d'une part et des éleveurs
d'autre part, le frein humain est le premier frein
29 29 29 à la mise en place de mesure de biosécurité en
22
élevage de porc.
11 11
5.1. Biosécurité : Impact sur les
résultats économiques
Risque Risque lisier Risque Air- Risque Dans notre enquête, les éleveurs de la catégorie
camions vent voisinage « Bons » ont dans l’ensemble des performances
techniques supérieures à ceux de la catégorie
Bons Moins bons « moins bons ». Cela va dans le sens des résultats
de Cariolet et al., (2009) et de Corrégé et al.,
(2011). En effet ces auteurs ont mis en avant une
marge sur le coût alimentaire truie et par an
Pour les raisons inverses, des éleveurs supérieure par pour les éleveurs ayant des
privilégient la biosécurité interne, car selon eux, pratiques respectant des mesures de biosécurité.
ils peuvent la maîtriser et organiser leur travail et Laanen et al., (2013) observent aussi une relation
celui de leur personnel. C'est souvent une entre meilleure biosécurité et taille d’élevage.
avancée collective pour que chacun s'approprie Même si les performances obtenues dans les
les mesures et ne les vive pas comme une élevages enquêtés dans notre étude vont dans le
contrainte, tels les changements de tenue, le même sens, il faut noter que, d’une part, notre
lavage des bottes et des mains… " C’est un travail échantillon d’élevages est restreint (23 élevages),
de longue haleine, il faut être convaincu des d’autre part, la taille d’élevage pour la catégorie
bienfaits de la biosécurité, même si les résultats « Bons » supérieure à celle des « moins bons »
ne se voient pas tout de suite", dit un éleveur. implique généralement de meilleures
Une quarantaine longue (en moyenne 9 performances et par conséquent, un résultat
semaines), des vaccinations nombreuses (10 en économique plus élevé, Calvar et Badouard
moyenne par élevage, tous stades physiologiques (2014).
confondus pour protéger les animaux de six
maladies) font partie aussi des mesures de 5.2. Biosécurité Externe :
biosécurité interne mises en place. "Priorité au Mettre l’accent sur les jeunes
préventif, plutôt qu'au curatif".
reproducteurs
A noter que les éleveurs de la catégorie « Bons »
vaccinent davantage leurs animaux que la Si les experts et les éleveurs s’accordent sur
catégorie « Moins bons » (11,3 vaccinations vs l’importance de certaines mesures de biosécurité
8,3). La vaccination contre l’iléite n’est pratiquée externe, telle la protection de l’élevage vis-à-vis
que par les éleveurs de la catégorie « Bons ». des nuisibles, des camions, des différents
intervenants, des points faibles existent
cependant vis-à-vis de l’entrée des animaux dans naissage de l’engraissement, la marche en avant,
l’élevage. Cet axe à privilégier pour la biosécurité la conduite en tout plein-tout vide en
externe ne vient qu’en quatrième position dans quarantaine. Par contre, l’utilisation d’une aiguille
notre enquête auprès des professionnels, unique par truie et une par portée ne sont pas
pourtant son importance a déjà été soulignée par encore des pratiques de routine (40 % des
Hémonic et al., (2010) et Corrégé et al., (2012). éleveurs enquêtés). Ces résultats sont un peu
Le statut sanitaire des jeunes reproducteurs moins bons que ceux obtenus par Hémonic et al.,
constitue un maillon faible pour la biosécurité, en 2010 dans une enquête sur les bonnes
tous les éleveurs ne le connaissent pas, excepté pratiques d’hygiène (51 % des éleveurs
pour le SDRP. Ceci corrobore les résultats de enquêtés). Au contraire, deux mesures ont une
Calvar et al., (2012) sur la quarantaine, à peine évolution favorable. L’emplacement du bac ou de
60 % des éleveurs connaissent le statut des l’aire d’équarrissage est pour 61 % des élevages
animaux livrés. D’autre part, la situation du local éloigné de plus de 40 mètres, alors que
de quarantaine n’est pas toujours en accord avec seulement 22 % l’était en 2010, dans l’enquête
le respect de la biosécurité. En effet, il n’est pas de Hémonic et al., De même, les cadavres de
toujours situé en périphérie de l’élevage, comme grande taille sont stockés dans un bac fermé pour
recommandé dans le GPBH (2009). 87 % des élevages de notre enquête, 62 % dans
celle de Hémonic et al.
Dans les élevages enquêtés, la durée de
quarantaine de 9 semaines en moyenne est Comme le souligne cet auteur, beaucoup de
supérieure à celle observée en 2012 par Calvar et pratiques de biosécurité ou d’hygiène sont liées à
al., celle-ci était de 52 jours, soit près de 7,5 la conception initiale des élevages et ne peuvent
semaines. Cet allongement de la quarantaine donc pas être facilement modifiées. Par contre, le
n’est pas toujours effectué pour des raisons respect de la conduite en bandes, la conduite en
sanitaires, mais plus pour des motifs de conduite, tout plein–tout vide des locaux, le non mélange
avoir des cochettes plus âgées à la 1ère mise bas d’animaux sont des actions de biosécurité
(Calvar et al., 2012). facilement applicables par tous. Il en est de
même pour le nettoyage-désinfection des salles,
Selon les professionnels et les éleveurs enquêtés,
couloirs et du quai de stockage des animaux, mais
le quai d’embarquement et le bac d’équarrissage
celui-ci est loin d’être systématique pour tous les
sont aussi deux points faibles de la biosécurité
stades physiologiques dans les élevages
externe. Leur emplacement, leur nettoyage ne
enquêtés. Pourtant, Corrégé et al., 2011 ont mis
sont pas réalisés systématiquement. Hémonic et
en avant que celui-ci avait un impact favorable
al., 2010 et Corrégé et al., 2012 avaient fait le
sur les performances technico-économiques.
même constat.
Autre point important concernant la protection de 5.4. Biosécurité : Freins et
l’élevage, les camions sont les premiers vecteurs leviers d’action
de pathogènes qui peuvent contaminer l’élevage,
Pour les experts enquêtés, le premier frein à
le lisier est la 2ème voie de contamination aux dires
l’application des mesures de biosécurité en
des éleveurs. La bibliographie sur la biosécurité
élevage de porc, c’est l’homme. Cela a été aussi
n’évoque pas ces risques potentiels de
mis en avant en production bovine par Frappat et
contamination, car de nombreuses enquêtes se
al., (2011, 2012). Les éleveurs de bovins ne sont
focalisent sur l’élevage lui-même.
pas encore assez sensibilisés à la biosécurité. Les
Laanen et al., (2013) montrent dans leurs pratiques sont souvent perçues comme coûteuses
travaux que les éleveurs jeunes ont une meilleure en temps, freinant la liberté d’organisation ou
biosécurité externe que l’ensemble. Au contraire, lourdes en investissements. Les résultats de
Racicot (2011) a mis en avant que la biosécurité Laanen (2013) mettent bien en avant que l’âge
était mieux appliquée en élevage avicole par des des bâtiments et leur vétusté sont un point
éleveurs ou salariés avec des années négatif important pour l’application de la
d’expérience. Ces auteurs s’accordent cependant biosécurité interne de l’élevage. Névannen et
sur le niveau de formation qui joue un rôle al.,(2011) ont quant à eux, pensé la biosécurité
important. Ce lien n’est pas évident dans notre en amont. Ils ont recensé les critères à prendre
étude, pas plus que le niveau de formation des en compte lors de la conception ou la rénovation
éleveurs. Même si lors de l’entretien avec de bâtiments afin de permettre à l’éleveur
l’éleveur, des questions concernant son âge, ses d’optimiser la conduite sanitaire optimale de son
diplômes, la formation continue étaient abordées. élevage.
Les professionnels enquêtés sont aussi partagés
La majorité des éleveurs enquêtés pense que la
sur le sujet.
mise en place progressive de la biosécurité est
5.3. Biosécurité Interne : plus durable dans le temps, car chacun peut
s'approprier les règles et les respecter. Ecrire
Respecter les règles de base
quelques règles simples, les expliquer et les
de la conduite d’élevage afficher met tous les intervenants de l’élevage au
En biosécurité interne, certaines mesures même niveau d’information. Cela permet des
recommandées par les experts sont plutôt bien échanges sur les avantages et les contraintes
appliquées en élevage, telles, la séparation du qu’apportent la mise en place de certaines
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