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G.

Capelle-Blancard 30/03/2017

Mutations financières
et politique monétaire

La régulation bancaire

Gunther Capelle-Blancard

Les banques
Les banques sont réglementées car elles sont
« spéciales »
Le levier
Le risque systémique
La taxation des activités bancaires

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G. Capelle-Blancard 30/03/2017

Les banques sont réglementées car elles


sont « spéciales »

Les banques sont foncièrement utiles au bon


fonctionnement de l’économie réelle
… mais intrinsèquement fragiles.

D’où la nécessité d’un encadrement

Les banques sont réglementées car elles


sont « spéciales »
Les banques sont utiles
Gestion des moyens de paiements
Service de liquidité
Service de financement
Service de placement
Mais très fragiles
Transformation d’échéance => risque d’illiquidité =>
« runs »
Financements risqués => risque de contrepartie
Les faillites bancaires sont contagieuses => risque
systémique
Coût social des faillites bancaires >> coût privé

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L’évolution de la réglementation
Avec la déréglementation des années 1980, la
réglementation bancaire change d’objectif, et vise à
assurer des conditions égales et loyales d’activité.

La réglementation change de nature, elle devient


prudentielle : orienter les banques vers plus de
prudence, en mettant l’accent sur les normes de
solvabilité notamment.

Pourtant de nombreuses crises bancaires…

Rappel - Le filet de sécurité


Le contrôle, la réglementation et la supervision, à
vocation préventive
La garantie des dépôts, à mi-chemin entre le préventif et
le curatif
Le prêteur en dernier ressort, ultime disposition curative

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Le contrôle
Typologie
On-site versus off-site
Qualitatif versus quantitatif

Objectifs
dresser un bilan de santé de la banque à un moment donné
(monitoring systems)
fournir des indicateurs avancés d’insolvabilité (early warning
systems)

Les principaux risques


Le risque de crédit, ou risque de contrepartie. C'est le
premier des risques auquel est confronté un établissement de crédit.
Le risque-pays (risque politique ou risque souverain)
Le risque d'illiquidité : la banque ne dispose pas de liquidités
suffisantes pour faire face à ses engagements immédiats. Découle
principalement de la fonction de transformation d'échéances.
Le risque de marché : diminution de la valeur des portefeuilles
bancaires à la suite de l'évolution défavorable des prix des actifs.
Le risque de taux d'intérêt (certains éléments du bilan sont rémunérés à
taux variables, d'autres sont à taux fixes)
Le risque de change
Le risque opérationnel : défini par le Comité de Bâle comme « le
risque de pertes résultant d’une inadéquation ou d’une défaillance
attribuable aux procédures, au facteur humain et aux systèmes ou à
des causes externes »

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Exemple de système de contrôle


Allemagne : BAKred Information System, 1997 (Analyse des ratios
comptables)

France : Organisation and Re-inforcement of Preventive Action, 1997 (Off-site


rating) et Système d’Aide à l’Analyse Bancaire, 1997 (Système d’alerte ; Calcul
des pertes attendues. Horizon =3 ans. Fréquence semestrielle

Italie : PATROL, 1993 (Off-site ratingEarly Warning System ; Calcul de la


probabilité de faillite)

Grande-Bretagne : Risk Assessment, Tools and Evaluation, 1998 (Analyse des


risques ; Système d’alerte)

Etats-Unis : CAMEL(S), 1980 (1997) (On-site rating) + Individual Bank


Monitoring Screens, 1980 (Analyse des ratios comptables) + System for
Estimating Exam Rating, 1993 (Système d’alerte ; Rating ; Calcul de la
probabilité de faillite Horizon =2 ans. Fréquence trimestrielle), etc.

Rating CAMELS
Indicateur composite sur une échelle de 1 à 5 (1
étant la meilleure note)
Capital adequacy : solvabilité,
Asset quality : qualité des actifs détenus,
Management quality : qualité de la gestion
Earnings ability : aptitude à réaliser des profits
Liquidity position : trésorerie
Sensitivity : sensibilité au risque

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Capital Ratios as Predictors


of Bank Failure

Estrella, Park et Peristiani, FRB NY, 2000

« It is not certain a priori that the risk-based capital ratio


is meaningfully superior to simple ratios in capturing the
overall risk of banks »

Database : all FDIC-insured commercial banks that failed


or were in business between 1989 and 1993.

Capital Ratios as Predictors


of Bank Failure
« The leverage ratio and the gross revenue ratio
predict bank failure about as well as more complex
risk-weighted ratios over one- or two-year horizons.
Risk-weighted ratios tend to perform better over
longer horizons. »

« The simple ratios are virtually costless to


implement and could supplement more sophisticated
measures by providing a timely signal of the need for
supervisory action. »

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La réglementation
Mesures structurelles
Exemples : Glass-Steagall Act

Mesures directes
plafonnement du crédit

Mesures prudentielles
Ratio de solvabilité

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Le contrôle prudentiel
Le comité de Bâle sur le contrôle bancaire :
créé en 1974 suite aux faillites de la banque Herstatt puis
de la Franklin National Bank
gouverneurs de 12 banques centrales (pays du G10 +
Suisse et Luxembourg).

1988, Accord de Bâle sur les fonds propres (ratio


Cooke).
Entrée en vigueur : 1992 : naissance de la supervision
prudentielle.
Les normes qui en résultent et la concurrence accrue à
laquelle les banques sont soumises exercent sur ces
dernières une forte pression prudentielle.

Le ratio Cooke
Oblige les banques à disposer d'un montant de fonds
propres (FP) et quasi-fonds propres (QFP)
proportionnel au volume de crédits accordés, ces
crédits étant pondérés selon une échelle de risque.
Le montant minimal de FP et QFP a été fixé à 8 %
des crédits pondérés (avec un sous-ratio concernant
les fonds propres exclusivement à 4 %, pour
empêcher les banques d'utiliser de manière
excessive les QFP).

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Le ratio Cooke
Plus le risque inhérent à un crédit Ci est élevé, plus le
montant des fonds propres à constituer est élevé.
Par exemple, les crédits accordés aux pays de l'OCDE sont
pondérés à 0 % (ai = 0 %), les crédits accordés aux
collectivités locales des pays de l'OCDE à 20 %, et les crédits
accordés à des entreprises à 100 %.
Ainsi, un crédit de 100 accordé à un pays de l'OCDE
n'obligera pas la banque à augmenter ses fonds propres.
Le même crédit accordé à la Ville de Paris lui imposera un
surcroît de fonds propres égal à 1,6 (8 % x 100 x 20 %) et si
le client est une entreprise, les fonds propres à constituer se
montent alors à 8 (8 % x 100 x 100 %).

Les limites du ratio Cooke

Avec le développement des opérations sur


produits dérivés (hors-bilan), augmentation des
risques de marché
Élargissement du ratio d’exigence minimale de fonds
propres à ce type d’opérations.
Directive sur l'adéquation des fonds propres (Capital
Adequacy Directive) en Europe en 1993, puis au niveau
international en 1996 dans le cadre d'une nouvelle
recommandation du Comité de Bâle.
Ne prend pas en compte la diversification

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Les objectifs de Bâle 2


Inciter les banques à améliorer leur mesure et leur
gestion des risques
Mieux faire correspondre les exigences en FP et QFP
aux risques encourus par chaque banque.
Mieux connaître tous les risques auxquels les banques
sont exposées
Renforcer le rôle du contrôle interne et de la discipline
de marché

La mesure du risque de crédit

Risque de crédit

Les approches IRB (Internal Rating based, systèmes


internes de notation) sont fondées sur l’appréciation,
par les banques, de leur risque de crédit mais ne
permettent pas à celles-ci de déterminer elles-
mêmes leur niveau d’exigences en fonds propres

Deux approches IRB possibles :


l’approche « fondation » (simple),
l’approche « IRB avancée » (compliquée).

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L’approche IRB simple


Repose sur les notations externes
=> le rôle des agences de notation devrait encore
s’accroître

Standard & Poors et Moody’s et la petite agence


européenne Fitch & IBCA

L’approche « IRB avancée »


Principe : Les banques doivent au préalable
classer leurs expositions au sein de cinq
portefeuilles :
Entreprises ;
Souverains ;
Banques ;
Détail ;
Actions.

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Les limites des accords de Bâle

Désavantage pour les petites banques


Désavantage pour les pays émergents
Standardisation accrue de la gestion des risques
Un raffinement à l’excès
Lisibilité
Contrôle

La supervision
Niveau micro-prudentiel : prévention des risques
individuels de faillite.

Niveau macro-prudentiel : prévention du risque


systémique.

D’autre part, l’action préventive doit être complétée par


du curatif : la garantie des dépôts et le prêteur en
dernier ressort.

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La régulation
La réglementation

Le contrôle interne

La discipline de marché

Bank regulation and supervision:


What works best?

Barth, Caprio et Levine, NBER, 2002.

Base de données pour 107 pays

Résultat en faveur de la supervision, de la diffusion


d’information (disclosure), de l’implication du secteur
privé

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L’assurance des dépôts


Création de la Federal Deposit Insurance Corporation en
1934

En 1995 : 49 pays → En 2003 : 83 pays

Directive européenne en 1994

En France création du Fonds de Garantie des Dépôts


(FGD) en 1999

L’assurance des dépôts


Rôle préventif et curatif
Prime fixe ou actuarielle (réforme de 1991)
Assurance limitée ? Par compte ? Par individu ?
Exclure certains dépôts (interbancaire, en monnaie
étrangère) ?

Problème d’aléa moral (too big to fail)

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Le Prêteur en Dernier Ressort : en


théorie
Thornton en 1802 puis Bagehot en 1873
Les conditions :
1. que les prêts soient garantis par des titres de bonne
qualité
2. qu’ils se fassent à des taux pénalisants, pour limiter
l’effet d’aléa moral
3. que l’intervention soit annoncée publiquement et que le
cadre d’intervention soit connu à l’avance

Le Prêteur en Dernier Ressort : en


pratique
Banques illiquides versus insolvables

Intervention privée versus publique

Banques versus IF

Intervention nationale versus supranationale

Banque centrale versus autorité indépendante

Transparence versus « ambiguité constructive »

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Les principales composantes de


l’actif des banques en France

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Le portefeuille titres des


établissements de crédit en France
Les titres de transaction sont des titres à revenu fixe ou variable, notamment
acquis en vue de leur revente à brève échéance et dont le marché de
négociation est jugé actif.
Les titres d’investissement sont des titres à revenu fixe, que l’établissement a
l’intention et la capacité de détenir jusqu’à leur échéance.
Les titres de placement sont des titres qui ne répondent pas aux exigences
permettant le classement dans les autres portefeuilles.
Les titres de l’activité de portefeuille sont des investissements réalisés de
façon régulière avec pour seul objectif d’en retirer un gain en capital à moyen
terme sans intention d’investir durablement dans le développement du fonds de
commerce de l’entreprise émettrice, ni de participer activement à sa gestion
opérationnelle

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Un levier excessif ?

Excessive Leverage and Risk in Banking


Anat R. Admati
Peter M. DeMarzo
Martin Hellwig
Paul Pfleiderer
https://www.gsb.stanford.edu/faculty-research/excessive-leverage

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Other People’s Money


“Traders risk the bank’s capital.... If they win they get a share
of the winning. If they lose, then the bank picks up the losses....
the money at risk is not their own, it's all OPM --- other
people’s money.... Traders can always play the systemic risk
trump card. It is the ultimate in capitalism --- the privatization
of gains, the socialization of losses.... Traders are given every
incentives to take risk and generate short-term profits.”

Das (2010, p. 151)

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Complexité et opacité
Alistair Darling, British chancellor of the exchequer
“[The top management in banks both here and in the US]
didn’t understand what they were doing, the risks they were
taking on, or, often, the products they were selling (…), [They]
failed to understand – or even ask – what was apparently
making them so much profit and what were the risks”
Luyendijk (2015, p.154-155)

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Complexité réglementaire
“Contrary to claims by many, the reformed capital regulations
are overly complex, dangerously inadequate and poorly
designed”
Anat R. Admati (2016), It Takes a Village to Maintain a Dangerous Financial System

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Le risque systémique
Where the Risks Lie: A Survey on Systemic, Risk,
S. Benoit, J.-E. Colliard, Ch. Hurlin, & Ch. Pérignon, Review of Finance, 2016, 1–44

Les sources de risque systémique


La contagion
L’amplification

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Les sources de risque systémique


Des investissements très corrélés
“too-many-to-fail”
Risque de liquidité
Risques extrêmes
Les contraintes réglementaires ont incité les banques à
prendre des risques extrêmes, mal pris en compte dans
les modèles d’évaluation
Perotti, Ratnovski, and Vlahu (2011)
Mimétisme et bulles spéculatives

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La contagion
Par les bilans
Par le système de paiement et les chambres de
compensation
Par l’informartion

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Identifier les SIFIs


Deux « familles » de scoring :
aggregate low-frequency regulatory data
higher-frequency market data on banks' security prices
Marginal Expected Shortfall (MES) & Systemic Expected Shortfall (SES) -
Acharya et al. (2017)
Systemic Risk Measure (SRISK) - Acharya, Engle, and Richardson (2012),
Brownlees and Engle (2017)
Delta Conditional Value-at-Risk (∆CoVaR) - Adrian and Brunnermeier (2016).

30 banques internationales désignées comme SIFIs


Contraintes en capital additionnelles (3,5%)
Basel Committee on Banking Supervision (BCBS) & Financial
Stability Board (FSB)
Pitfalls in Systemic-Risk Scoring,
S. Benoit, Ch. Hurlin, & Ch. Pérignon, 2017.

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5 catégories :
size
interconnectedness
substitutability
complexity
cross-jurisdictional activity

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46 Pitfalls in Systemic-Risk Scoring,


S. Benoit, Ch. Hurlin, & Ch. Pérignon, 2017.

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47 Pitfalls in Systemic-Risk Scoring,


S. Benoit, Ch. Hurlin, & Ch. Pérignon, 2017.

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La taxation des activités bancaires

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