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30 – les troubles de l’hygiène et de l’habillage

Quel que soit le stade de la maladie, il est important de vous rappeler que ce chapitre dédié à
l’hygiène est plus informatif pour vous que l’apport d’un savoir-faire. Toutefois j’aimerais vous
apporter quelques points de réflexions posés sur la démarche de la toilette comme une façon
d’améliorer la qualité de vie de votre parent malade.
Vous devez prendre conscience que pour votre parent, être obligé d’abandonner les soins de son
hygiène à un proche peut être très humiliant. Au-delà des mots, ses manifestations d’opposition,
d’irritabilité, trahissent un sentiment de gêne ou de honte au regard de l’aidant. D’autre part, ces
aides corporelles et plus intimes à ce stade sont naturellement laissées aux professionnels car cette
intimité n’est pas toujours bien vécue de la part de « l’aidant ». La toilette est un moment
particulièrement important dans la journée et ce moment de soin doit être professionnalisé.
Les aides-soignants à domicile possèdent un savoir-faire professionnel. Ils interviennent pour
prendre en charge les tâches de toilette, bain et habillage. Les moments que vous passez alors
auprès de votre parent, deviennent davantage des périodes pour lui témoigner votre amour et lui
faire comprendre que vous serez à ses côtés jusqu’à la fin.

Au stade léger
Les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer conservent longtemps la capacité de faire leur
toilette mais perdent le réflexe de propreté. Quand les premiers oublis surviennent, une simple
incitation peut suffire à réenclencher ce processus d’hygiène corporelle. À l’instar des autres gestes
de la vie quotidienne, la maladie d’Alzheimer étiole la représentation que la personne a face à son
apparence, à ses habitudes de soins de toilette et au maintien d’une hygiène corporelle.
Progressivement, la personne malade ne se rend plus compte du besoin qualitatif de se nettoyer, elle
commence à oublier de se laver, partiellement ou entièrement, et ne change plus ses vêtements.

Chaque personne développe des habitudes particulières en ce qui a trait aux soins de toilette et ceux
que nous apportons à améliorer notre apparence sont faits en privé ou, du moins, par nous-mêmes.
Le respect de l’autonomie, en dépit de l’altération du jugement et des troubles mnésiques,
conduirait à accepter le nouveau système de valeurs mis en avant par votre parent : la liberté du
choix de vie, la liberté de déplacement, etc. Mais au nom de l’autonomie seriez-vous prêts à
sacrifier partiellement le respect de la dignité de votre parent dont l’apparence physique est de plus
en plus dégradée, contrairement à ses principes antérieurs ?

Que faire quand il néglige son hygiène ?


Lorsque vous constatez que votre parent oublie de passer par la salle de bain, inutile de lui forcer la
main : les automatismes de ce genre de geste étant solidement ancrés, il faut simplement les
réactiver ; une simple incitation suffit, comme emmener le malade dans la salle de bains ou lui
mettre entre les mains le matériel utile, un gant et le savon par exemple. Pensez à ne rien changer
des habitudes de vie précédentes. Une consigne d’autant plus importante à respecter que les
personnes malades préfèrent conserver leur autonomie lors de cette activité intime.

Que faire lorsqu’il refuse de se laver ?


Avec l’évolution de la maladie, votre proche ne voit absolument pas l’utilité des soins directement
liés à l’hygiène corporelle. De plus, il est nécessaire que vous preniez conscience que votre
présence peut engendrer une gêne et une incompréhension pouvant se traduire par un comportement
de résistance voire d’agitation ou d’agressivité verbale ou physique au moment de la toilette :
– Exprime-t-il la gêne à se mettre nu devant quelqu’un ? Avez-vous pensé qu’il puisse avoir honte
de son corps vieillissant ? Êtes-vous trop pointilleux ? Essayez-vous de lui conserver des critères de
présentation qui ne font qu’ajouter un stress superflu ? Vos directives sont-elles claires ? Êtes-vous

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pressé ? Le contact de l’eau pourrait-il l’angoisser ? La température de la salle de bains lui


convient-elle ?

Toutefois, si votre aide à la toilette qui n’est à ce stade qu’une simple incitation est difficile à
partager avec votre proche et devient une source d’accrochage quotidien, pensez que cela ne fait
qu’alourdir votre sentiment de fardeau (chapitre 12 – p.103). Certains jours, les soins de toilette
nécessiteront peu ou pas d’efforts, à d’autres, la moindre tâche pourra vous sembler un poids.
Décidez quelle tâche en vaut la peine et quelle autre peut être mise de côté. Vous choisirez peut-être
de faire l’essentiel comme de vêtir suffisamment bien la personne pour la tenir au chaud et de
donner les soins d’hygiène de base. Faites simplement ce qui est possible de faire. Un peu de
désordre et de saleté n’a jamais tué personne. Rappelez-vous que vous faites de votre mieux. Que
vous trouviez la cause précise du problème ou non, vous pouvez apporter plusieurs changements
afin de transformer les soins de toilette en une activité plus facile et agréable. Pensez à aider votre
parent à se déshabiller seulement au moment d’aller sous la douche ou la baignoire. Il peut être très
choquant pour certaines personnes de se dénuder même devant un proche. Faites couler l’eau et
laissez-lui-en choisir la température souhaitée.
Voici un exemple d’aide que vous pouvez apporter pour déjouer les difficultés que votre parent
présente :
Des soins quotidiens pour la bouche maintiennent ses gencives et dents en santé. (Des gencives en
santé sont essentielles pour maintenir un degré approprié d’alimentation). Donnez-lui des
instructions par étapes : – C’est le moment de te brosser les dents. – Nous allons à la salle de bains
pour te brosser les dents. – Suis-moi, je vais t’aider. – Voici le dentifrice. – Retire le bouchon. –
Appuie sur le tube et dépose du dentifrice sur la brosse. – C’est très bien – Tenez-lui la main pour le
guider et commencez le mouvement de brossage.
N’hésitez pas à vous faire aider par un professionnel. Cette solution, considérée dans le cadre du
soin, respectera l’intégrité de la personne malade, son désir d’intimité ainsi que votre rôle
« d’aidant » qui ne doit en aucun cas être confondu avec celui d’un soignant.

Stade modéré
Désormais, pour les actes du quotidien comme se laver et s’habiller, votre parent doit être
complètement assisté. Et il n’est pas évident pour l’aidant de faire comprendre au malade la
nécessité de prendre soin de son hygiène. Le moment de la toilette est souvent vécu péniblement par
tous les protagonistes : votre parent est nerveux car il ne comprend pas ce que l’on veut lui imposer.
À l’incompréhension de la situation, votre parent exprime son refus sur un mode défensif ;
l’opposition aux soins traduit l’étrangeté ressentie face à ce qu’il vit et l’incapacité de s’adapter à
cet environnement inintelligible pour lui.

Le fait de s’habiller et se déshabiller peut constituer, chez les personnes souffrant de la maladie
d’Alzheimer, une véritable épreuve quotidiennement redoutée car l’idée même de la façon dont un
vêtement s’enfile lui fait défaut.

Sur le plan moteur, la personne peut aussi souffrir de difficultés à se mouvoir et donc à se vêtir et à
se dévêtir. Rappelez-vous bien qu’il s’agit là d’une manifestation de la maladie et non pas d’un
défaut de volonté.
De plus, la personne malade, en dehors de son aspect vestimentaire continue à être, à exister, à
devenir, souvent douloureusement, mais parfois aussi avec joie.

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La toilette : un plaisir
Comment faire de la toilette un moment de plaisir et non un combat ? Si votre proche
commence à s’agiter, un petit massage associé à quelques mesures d’une chanson aimée pourra
peut-être l’aider à retrouver la sérénité. Surtout veillez à laisser votre parent faire seul ce qu’il est
encore capable de réaliser. Donnez-lui des informations orales suffisantes afin qu’il puisse aider
dans la mesure de ses capacités. Cette attitude est valorisante et lui permettra de se réinvestir.

Quelques conseils aux soignants :


Il ne faut pas brusquer le malade. Vous devez expliquer les tâches que vous allez accomplir pour ne
pas surprendre la personne malade. Une approche trop rapide peut être source d’agression et la
personne apeurée peut se replier sur elle-même, se mettre à crier et manifester son opposition par de
l’agressivité physique. Le soignant a pour but de préserver au maximum l’autonomie de la personne
malade et de respecter ses habitudes antérieures. Pour empêcher qu’elle se sente « nue », posez-lui
une serviette sur ses genoux ou sur son torse et utilisez le gant de toilette pour nettoyer sous la
serviette. Si se mouiller la bouleverse, commencez avec ses pieds et procédez lentement vers le
haut. Essayez de parler, chanter ou demandez-lui de tenir le savon. Demandez à « l’aidant » de vous
apporter le poste de radio et faites-lui écouter les chansons qu’elle affectionnait : cela permet
de détourner son attention des soins que vous procurez.

Le moment de s’habiller
Le choix des vêtements appropriés : rendez cette tâche le plus simple possible. Vous devez
également l’encourager le plus longtemps possible à s’habiller lui-même. Tenez compte du genre de
vêtements qu’il porte et alors que la maladie d’Alzheimer progresse et qu’il nécessite de plus en
plus d’aide pour se vêtir proposez-lui des vêtements adaptés et facile à enfiler.

Voici quelques conseils pour les femmes malades : si elle ne peut enfiler un soutien-gorge
correctement, ne l’obligez pas à le porter.
Sauf si cela est indécent. Enfiler des collants peut être difficile alors, si elle n’en a pas besoin,
passez outre. Essayez des bas-tubes pour qu’elle n’ait pas à s’inquiéter de placer le talon au bon
endroit. Des pantalons à taille élastique et des chemisiers qui s’enfilent au-dessus de la tête.
Achetez-lui des souliers de type mocassin ou qui s’attachent avec du Velcro. Des souliers avec un
talon large, tels des chaussures de tennis, peuvent aider à prévenir des chutes. Si elle retire
constamment son chemisier ou sa robe en public, tentez de trouver des vêtements avec des boutons
ou une fermeture à glissière au dos. Vérifiez que le vêtement est de la bonne taille. Généralement,
les gens atteints de la maladie d’Alzheimer retirent leurs vêtements parce que ces derniers ne sont
pas confortables ou sont rugueux.

L’aider à se vêtir
Prendre les décisions les plus simples devient difficile pour lui, alors que la perte de sa mémoire
s’aggrave. Afin de l’aider à faire des choix, offrez-lui le choix d’un ou deux vêtements à la fois.
Choisissez-les avant qu’il n’entre dans la pièce pour se vêtir. Dites-lui « Désires-tu porter le
pantalon bleu ou jaune aujourd’hui ? » Montrez-lui les vêtements au moment où vous lui posez la
question.

Voici d’autres idées : il peut réaliser cette tâche correctement si vous placez ses vêtements dans
l’ordre qu’ils doivent être portés, avec les sous-vêtements au haut de la pile. Il est possible qu’il
puisse même s’habiller seul si vous lui tendez un seul vêtement à la fois. Donnez-lui un indice
verbal tel que « Voici ton chemisier ». Aidez-le en lui montrant la procédure pour enfiler son bras

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dans la manche de la chemise. Prenez le temps nécessaire à ce qu’il puisse se vêtir et laissez-le faire
seul tout ce qu’il lui est possible de faire. Il se peut qu’il désire porter toujours les mêmes
vêtements, alors tentez d’acheter le plus de vêtements semblables.

En conclusion. Nombreux sont les malades Alzheimer qui refusent de se laver et qui se mettent en
colère lorsqu’on insiste. Pensez à conserver la routine de votre parent surtout ne le précipitez pas.
Posez-lui des questions et réalisez ainsi en même temps une véritable stimulation par le langage.
Insistez aussi sur le côté plaisir, incitez-le par exemple à mettre de la lotion après-rasage ou du
parfum, félicitez-le pour ses efforts, ou encore mettez de la musique dans la salle de bains pour
rendre le moment plus agréable. Il est aussi très important de favoriser la toilette tout en conservant
la dignité et l’estime personnelles du malade. Enfin, si la toilette semble susciter conflit ou trouble
du comportement, il ne faut pas hésiter à la remettre à plus tard.

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