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5 – les différentes mémoires

Comment définir la mémoire ?


En référence au Petit Larousse, c’est un ensemble qui inclut :
– une activité biologique et psychique qui permet de retenir des expériences antérieurement vécues,
– une aptitude à se souvenir,
– un souvenir qu’on garde de quelqu’un ou de quelque chose, voire ce qui reste ou restera dans
l’esprit des hommes,
– une relation écrite faite par une personne des événements qui ont marqué sa vie (écrire ses
mémoires).
C’est aussi aujourd’hui, « l’organe » de l’ordinateur qui permet l’enregistrement, la conservation, et
la restitution des données.

Comment la mémoire évolue-t-elle ?


Le vieillissement modifie la capacité de mémoriser et de se remémorer du fait de la disparition
progressive mais inexorable des neurones qui constituent notre cerveau.
Aussi, avec le nombre d’années, le traitement de nouvelles informations requiert-il un certain
temps, un temps qui sollicite chez une personne « normale » toute sa présence attentive, attention
indispensable à la mémorisation.
La mémoire est aussi marquée par la fuite du temps. Ce temps qui, pour paraphraser saint Augustin,
vient de l’avenir, passe par le présent, puis va dans le passé où il constitue la mémoire. Chez une
personne atteinte de démence, ces troubles ne relèveraient-ils pas d’un processus temporel ? Son
rapport au temps est vide de sens.
Dans la maladie d’Alzheimer, l’accent est essentiellement mis sur les troubles de la mémoire qui
sont constants et qui dominent toujours le tableau. Les lésions touchent les neurones d’une région
qui concerne la mise en mémoire. Il n’existe pas de centre de la mémoire à proprement parler mais
des circuits mettant en jeu l’ensemble des aires cérébrales. Grâce à la neuropsychologie, on
distingue plusieurs types de mémoire en ce sens qu’elles peuvent être touchées distinctement par
des lésions cérébrales en respectant les autres types. On parle ainsi de mémoire épisodique,
sémantique, procédurale.

La mémoire
D’un point de vue scientifique, la mise en place d’un souvenir s’effectue selon un processus en trois
phases : en premier lieu, ce que l’on appelle la phase d’apprentissage, de saisie, où l’information est
placée en mémoire. Puis vient le stockage, une sorte de rétention, boîte de rangement, c’est garder
en mémoire. Enfin, la phase de la restitution ou de rappel, c’est une sorte de remémoration, de
réactualisation, c’est recouvrer la mémoire.

Les troubles de la mémoire peuvent résulter premièrement d’un manque de fixation, d’un mauvais
stockage des souvenirs ou bien encore d’un fonctionnement défectueux au niveau du procédé de
rappel, l’oubli étant la mise en échec des techniques de récupération.

Il est à noter que la mémoire contient deux types de longévité différents : une mémoire à court
terme, soit récente, et une mémoire à long terme, soit ancienne.
La mémoire récente est dite épisodique ou autobiographique, c’est-à-dire qu’elle gère les souvenirs
des épisodes de notre propre vie. C’est notre histoire personnelle qui s’inscrit dans une relation au
temps.
La mémoire ancienne représente, en quelque sorte, les connaissances sur le monde qui nous
entoure. C’est ce que l’on désigne par la culture générale. Ce type de mémoire dite sémantique,
celle du sens des mots ou des choses est hors du temps. La première, constituée de souvenirs

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5 – les différentes mémoires

fragiles, est plus vulnérable que la seconde qui est qualifiée de mémoire consolidée.

La distinction entre ces différentes mémoires :

1 – La mémoire de travail
La mémoire de travail est une mémoire utilisée lorsque nous avons besoin de faire deux choses en
même temps, mettre des informations en mémoire provisoirement pour nous en servir pour la suite.
Par exemple, maintenir des résultats partiels en mémoire lors d’un calcul mental, suivre un texte et
se rappeler de ce que vous avez lu précédemment pour pouvoir comprendre la suite, suivre une
conversation, résoudre un problème, prendre des notes (vous devez comprendre le texte du locuteur
tout en écrivant ce qu’il a dit auparavant), mais également faire du vélo pour se rendre à un endroit
précis…

Tous les jeux de casse-tête, ou les échecs, requièrent aussi ce type de mémoire : pour avancer, il
faut se souvenir des coups qui viennent de se passer, maintenir l’information et travailler sur cette
information.

2 – La mémoire à court terme


La mémoire à court terme est une mémoire de 90 secondes. Exemple : s’il vous est donné
oralement un numéro de téléphone et que vous ne puissiez le noter dans l’immédiat sur un bout de
papier, vous devez le répéter mentalement, en boucle (discours intérieur) ou verbalement jusqu’à
l’exécuter correctement sur le cadran téléphonique ou jusqu’à pouvoir le noter. Puis, il sera oublié
aussi rapidement.
Mais si entre-temps vous étiez dérangés par autre chose, même peu de temps, vous ne vous
souviendriez plus de ce numéro et l’information serait définitivement perdue.

3 – La mémoire dite sensorielle


Cette mémoire, chez l’homme, est très fidèle bien qu’elle soit brève : elle traite des données
sensorielles* (visuelles, auditives, olfactives, tactiles et gustatives) et somesthésiques, autrement dit
la sensibilité du corps (sensations, émotions). La mémoire les sélectionne, les code sous différentes
formes, les intègre en les organisant et les restitue quand il le faut. La mémoire, au sens commun du
terme, peut être, dans cette optique, considérée comme une base d’informations.

4 – La mémoire sémantique
La mémoire sémantique est la mémoire des connaissances définitives. Par exemple, se souvenir
combien il y a de jours dans la semaine et quels sont-ils ou bien qui était Jeanne d’Arc, etc.

5 – La mémoire procédurale (ou mémoire motrice) est inconsciente ; elle assure l’acquisition des
savoir-faire, des compétences du sujet et porte sur les gestes habituels. Elle est très fiable et
conserve ses souvenirs même s’ils ne sont pas utilisés pendant plusieurs années. Elle permet par
exemple de se souvenir sans faire d’efforts que l’on sait faire du vélo ou que l’on sait nager,
marcher ou manger.

6 – La mémoire épisodique
Le système de mémoire épisodique sous-tend le niveau de spécificité le plus grand qui stocke des
informations de brève durée, de quelques secondes, minutes ou quelques heures au maximum. Il
permet de retenir des informations sur les activités reliées aux buts actuels et contient des détails
sensoriels, perceptifs, intellectuels et affectifs liés à l’événement vécu et organisés selon un ordre

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chronologique.
La mémoire épisodique porte sur les faits ou les événements qui proviennent de différentes périodes
de la vie antérieure ; elle stocke les caractéristiques liées aux événements pour les retrouver.
La mémoire enregistre à long terme et de façon quasi illimitée des évènements personnellement
vécus , des informations dans un contexte spatio temporel particulier.sa caractéristique essentielle
est que la récupération implique non seulement l’évènement lui-même mais aussi l’information du
contexte à savoir le lieu , le moment et les évènements contemporains de l’épisodes au cours duquel
le souvenir s’est produit.autrement dit c’est le seul systéme de mémoire qui permet de revivre
consciemment des expériences antérieures.
La mémoire épisodique enregistre tous les événements biographiques d’un sujet. Elle est soumise
aux aléas des interférences, c’est-à-dire à l’ajout de souvenirs sur la trace même du souvenir, de
l’oubli, de la subjectivité qui varie selon la personnalité, les variations de circonstance, de la teneur
des émotions, et de la fréquence. En somme, c’est partir d’une information de la situation présente
pour se rappeler du nom de ses camarades d’école, de l’adresse où l’on habitait, du nombre de
visites faites à un parent dans une période particulière, la date d’un événement public marquant…
ce que vous avez mangé aujourd’hui au déjeuner, avec qui vous avez parlé hier au téléphone et les
projets que vous avez pour demain.

Le trouble initial
La mémoire initialement touchée dans la maladie d’Alzheimer.

Quand passe-t-on d’un trou de mémoire à la maladie d’Alzheimer ?


On ne passe pas d’un trou de mémoire à la maladie d’Alzheimer et c’est là tout le contraire de la
logique. Ce qui caractérise le début de la maladie, c’est un trouble de la mémoire, un manque de
mémoire, qui n’a rien à voir avec le fait de perdre ses clefs, ses lunettes et d’oublier des noms. Cela
veut simplement dire que nous ne sommes pas attentifs à des choses qui ne présentent pour nous
que peu d’importance, qu’on ne prête pas attention à des gestes machinaux. Ce n’est que l’oubli
banal. Et il existe un certain nombre de circonstances qui peuvent affaiblir la mémoire tel que la
prise de certains médicaments, des troubles du sommeil, et le vieillissement tout simplement.
En revanche, c’est l’oubli d’un fait important comme la mort d’un proche qui est inquiétant… et à
ce moment-là, c’est souvent l’entourage qui va se dire que la personne a franchi le cap de la
maladie. Ce qui caractérise une personne atteinte de la maladie d’Alzheimer, c’est que ses pertes de
mémoire ne la préoccupent pas vraiment.
Elle trouvera toujours un prétexte pour les justifier ou les niera.

Pour parvenir à se souvenir d’une information, trois étapes sont toujours nécessaires dans le
processus de mémorisation. La première étape est appelée encodage ou enregistrement, dans la
seconde étape cette information est stockée. Lorsqu’on en a besoin l’information est restituée, on
s’en souvient, c’est la troisième étape.
Dans la maladie d’Alzheimer, les deux premières étapes ne fonctionnent plus, il est donc impossible
de se souvenir de faits qui n’ont pas pu être stockés dans le cerveau. Les faits récents ne sont ainsi
plus mémorisés.

C’est ainsi que l’atteinte première de la maladie se caractérise par l’oubli à mesure. En début de
maladie, ce sont d’abord les faits récents qui ne sont plus traités et donc oubliés. Par exemple, la
personne oubliera d’abord la naissance de son dernier petit-enfant, puis le mariage de son fils, et
enfin la naissance de son propre enfant. On retrouve souvent un maintien des souvenirs propres de
la petite enfance.

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5 – les différentes mémoires

La mémoire ancienne reste en général intacte jusqu’à un stade avancé de la maladie. Puis, il y aura
un processus d’effacement des souvenirs, remontant petit à petit l’histoire de la personne et les
événements survenus tout au long de sa vie. Certains souvenirs seront préservés de tout oubli,
d’autres disparaîtront rapidement. Ceci est différent pour chaque malade. Il est parfois déroutant de
voir que certains événements, même minimes, restent vivaces. Cette perte de mémoire entraîne
chez la personne une pseudo-réalité qui n’est pas la nôtre.

Si la personne a perdu plusieurs décennies de souvenir, elle se croit trente ou quarante ans plus
jeune et dans son quotidien qui était le sien à cette époque. Elle peut s’inquiéter à propos de l’heure
de sortie de classe de ses enfants, ou bien de l’attention qu’elle doit donner à ses parents
vieillissants… ce qui peut expliquer certaines demandes qui vous paraîtront délirantes mais qui
prennent un sens une fois replacées dans le contexte de l’époque. Nous y reviendrons plus
précisément dans le chapitre sur les troubles psycho-comportementaux lorsque nous les
développerons plus loin.

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