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Droit du patrimoine
culturel et naturel
2e édition
(à jour des lois du 7 juillet et du 8 août 2016)
ISBN 9782340-050600
©Ellipses Édition Marketing S.A., 2017
32, rue Bargue 75740 Paris cedex 15
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Introduction
Le patrimoine est une notion polysémique dont il faut préciser le sens et la portée,
les termes « naturel » et « culturel » étant moins évidents qu’il n’y paraît doivent
également être explicités pour cerner ce qu’est le patrimoine culturel et naturel
avant d’envisager la place de sa protection au sein des différentes branches du droit.
I. Patrimoine
Étymologiquement, le patrimonium était matière à héritage, « bien transmis
par le père1 », sans pour autant être alors un concept juridique, tandis que les res
patrimonio étaient des choses susceptibles d’appropriation privée mais composant
le domaine public romain. À l’époque féodale, « les premières acceptions col-
lectives du mot patrimoine sont venues […] fournir un produit de remplacement
aux classes sociales qui en étaient dépourvues, “les biens donnés à l’Église doivent
être le patrimoine des pauvres”, et le même terme a servi, en ce sens, à désigner
les États pontificaux, “le patrimoine de Saint-Pierre”2. » En 1694, le Dictionnaire
de l’Académie française définit le patrimoine comme « un bien qui vient du père
et de la mère, qu’on a hérité de son père et de sa mère ». Pour l’Encyclopédie de
d’Alembert, il s’agit « d’un bien de famille ; quelquefois on entend même par-là ce
qui est venu à quelqu’un par succession ou par donation en ligne directe », tandis
que l’adjectif « [p] atrimonial se dit de ce qui vient par succession, et quelques fois
en général de tout ce qui est un bonus, et que l’on possède héréditairement3. »
Le Dictionnaire de la langue française de Paul-Émile Littré donne au patrimoine
le sens premier de « [b] ien d’héritage qui descend, suivant les lois, des pères et
mères à leurs enfants », mais aussi le sens figuré de « propriété patrimoniale »,
1. J. Bouffartigue & A.-M. Delrieu, Étymologies du français, tome II, Les racines latines, Belin,
1996, p. 113.
2. J.-P. Babelon & A. Chastel, La notion de patrimoine, Liana Levi, 1994, p. 49.
3. Cf. : A. Héritier, Genèse de la notion juridique de patrimoine culturel, L’Harmattan, 2003,
p. 101-102.
1999, ainsi qu’avec les Premier et Deuxième protocoles additionnels de 1977 aux
Conventions de Genève de 1949 adoptées sous l’égide du Comité international
de la Croix-Rouge1. Elle fait son entrée dans le droit de la paix avec l’UNESCO.
Succédant à l’Institut international de coopération intellectuelle créé par la Société
des nations2, l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science
et la culture – plus connue sous son acronyme anglais d’UNESCO – est une
institution spécialisée de l’Organisation des Nations unies. L’article 1er de son
Acte constitutif la charge d’aider « au maintien, à l’avancement et à la diffusion du
savoir : en veillant à la conservation et protection du patrimoine universel de livres,
d’œuvres d’art et d’autres monuments d’intérêt historique ou scientifique, et en
recommandant aux peuples intéressés des conventions internationales à cet effet ».
Le traité majeur conclu par l’UNESCO dans notre domaine est la Convention
déjà citée pour la protection du patrimoine mondial, culturel et naturel. Solution
classique du droit international, la responsabilité d’appliquer les obligations nées
de ce traité revient prioritairement aux États, l’article 4 rend compte que chaque
Partie « reconnaît que l’obligation d’assurer l’identification, la protection, la
conservation, la mise en valeur et la transmission aux générations futures du patri-
moine culturel et naturel […] lui incombe au premier chef ». Le rôle opérationnel
de l’UNESCO est donc des plus limités. Conforme au principe de souveraineté,
cette liberté de mise en œuvre est d’autant plus grande que le droit internatio-
nal propose seulement « un rattachement supplémentaire pour l’objet juridique
complexe et global que constitue le patrimoine culturel dans son ensemble, mais
ne prétend nullement le substituer aux rattachements nationaux3 ».
Sous les auspices de l’UNESCO, ont été également adoptés des traités concernant
notre sujet, à savoir la Convention de Paris du 14 novembre 1970 concernant
les mesures à prendre pour interdire et empêcher l’ importation, l’exportation et le
transfert de propriété illicites de biens culturels – complétée par la Convention de
Rome 1995 de l’Unidroit sur les biens culturels volés ou illicitement exportés4 – et
la Convention de Ramsar du 2 février 1971 sur la protection des zones humides
d’ importance internationale (amendée en 1982 et 1987)5.
1. Cf. Ph. Ch.-A. Guillot, « La protection internationale du patrimoine culturel en droit des
conflits armés », in A. Dionisi-Peyrusse & B. Jean-Antoine (dir.), op. cit., p. 127 et s.
2. Cf. J.-J. Renoliet, L’UNESCO oubliée. La Société des Nations & la coopération intellectuelle
(1919-1946), Publications de la Sorbonne, 1999, 352 p.
3. Cl. Bories, Le patrimoine culturel en droit international, Pédone, 2011, p. 283.
4. Ce traité n’a toutefois pas été ratifié par la France.
5. Cf. N. de Sadeleer & Ch.-H. Born, op. cit., p. 164 et s. ; article L336-2 du Code de
l’environnement issu de la loi du 8 août 2016 de reconquête de la biodiversité.
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1. Cf. P.-L. Frier, « L’Europe et le patrimoine », in N. Mezghani & M. Cornu (dir.), Intérêt
culturel et mondialisation, tome II Les aspects internationaux, L’Harmattan, 2004, p. 137.
2. « Le patrimoine culturel constitue un ensemble de ressources héritées du passé que des
personnes considèrent, par-delà le régime de propriété des biens, comme un reflet et une
expression de leurs valeurs, croyances, savoirs et tradition en continuelle évolution. Cela inclut
tous les aspects de l’environnement résultant de l’interaction dans le temps entre les personnes
et les lieux », art. 2 a.
3. Seuls 17 États membres l’ont ratifiée, 5 l’ont signée mais ne l’ont pas encore ratifiée ; l’absence
de signature par la France n’a pas empêché des parlementaires de s’y référer durant les débats
sur le projet de loi relatif à la liberté de la création, l’architecture et le patrimoine.
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