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Esquisse d’une grammaire du français parlé au

Cameroun : l’exemple de l’interrogation


Laurain Assipolo

To cite this version:


Laurain Assipolo. Esquisse d’une grammaire du français parlé au Cameroun : l’exemple de
l’interrogation. Christophe Désiré Atangana Kouna, Richard Laurent Omgba. Utopies littéraires
et création d’un monde nouveau, L’Harmattan, 2012, 978-2-296-96435-8. �hal-01672624�

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Esquisse d’une grammaire du français parlé au Cameroun : l’exemple de
l’interrogation
Laurain Assipolo
Université de Yaoundé I
assipolo@yahoo.fr

Résumé
Le français parlé au Cameroun développe des règles qui ne sont plus celles de la
grammaire française. On assiste à la subversion de la norme de cette langue qui, adoptée
comme langue officielle par l’État camerounais dès son accession à l’indépendance le 1er
janvier 1960, cohabite avec les nombreuses langues camerounaises sans les supplanter. Cet
article s’intéresse à l’un des résultats de cette subversion : la restructuration des phrases
interrogatives. À partir de l’analyse d’un ensemble de faits linguistiques recensés dans des
pièces du théâtre populaire, nous montrons que cette restructuration a pour socle les règles
déjà établies par les langues camerounaises.

Mots-clés : phrase interrogative, norme, subversion, restructuration, théâtre populaire.

Introduction
Les premières journées d’études organisées par l’Atelier de critique et de créativité
littéraires (Accl) les 8, 9 et 10 décembre 2010 nous invitaient à ausculter les perspectives
littéraires d’un monde nouveau à travers les écritures contemporaines, sous le prisme de
l’utopie telle que conceptualisée par Karl Mannhein (1929). Le mot latin Utopia est, bien
entendu, l’invention de l’écrivain Thomas More. Construit à partir du grec u, « non, ne …
pas », et de topos, « région, lieu », il donna ce nom à une île imaginaire, située quelque part
aux confins du Nouveau Monde, où les êtres humains vivent en une société harmonieuse.
Agnès Cugno (2002) relève que ce mot a été ensuite repris dans le langage courant pour
nommer toute construction mentale irréalisable et gentiment loufoque. Mais l’œuvre de
Mannhein viendra rompre avec cette posture épistémologique en sortant l’utopie de l’univers
onirique de More pour le plonger dans la réalité objective. Ainsi sont utopiques tout ensemble
de représentations, d’aspirations qui visent la rupture de l’ordre établi et exercent une «
fonction subversive ».
S’inspirant de Mannhein, le sociologue et philosophe marxiste franco-brésilien Michael
Löwy a écrit un article fort intéressant intitulé L’utopie écosocialiste, qu’il a présenté au
Congrès Marx International, le 06 septembre 2010. À son avis, l’écosocialisme rompt avec
l’idéologie productiviste du progrès qui se fonde sur l’expansion, à l’infini, d’un mode de
production et de consommation destructeur de la nature. Cette approche idéologique représente
aujourd’hui, soutient-il, une tentative originale d’articuler les idées fondamentales du marxisme
avec les acquis de la critique écologique.
Löwy montre ensuite comment l’idéologie écosocialiste, dont on prévoyait l’échec il y a
quelques années, gagne aujourd’hui du terrain, particulièrement en Amérique du Sud, avec
l’arrivée au pouvoir des gouvernements de gauche. Evo Morales de Bolivie et Hugo Chavez du
Venezuela se réclament tous du socialisme du XXIe siècle et de l’écologie, même si
l’économie de leurs pays dépend largement de la production et de l’exportation d’énergies
fossiles, responsables du réchauffement climatique (gaz pour le premier et pétrole pour le
second). L’initiative la plus importante qui traduit les aspirations de l’écosocialisme a été
prise, poursuit Löwy, par Rafael Correa en Équateur. Il a en effet décidé, après avoir

1
longtemps hésité, de garder sous le sol le pétrole de Yasuni. Ce qui représente, pour la
planète, « une économie de 407 millions de tonnes de CO2, l’équivalent des émissions
annuelles d’un pays comme la France. »
Ces exemples tirés du champ de la politique peuvent-ils s’appliquer à la linguistique ?
Autrement dit, une langue codifiée peut-elle subir un processus de restructuration qui
aboutisse à la création d’une variété autonome, différente de la langue source ? Si oui,
comment ? C’est à ces questions que cet article se propose de répondre. Il s’agit, à partir de
l’examen d’un ensemble de faits linguistiques tirés d’un corpus oral issu du théâtre populaire,
d’examiner la structure des phrases interrogatives. Nous postulons a priori que l’influence des
règles déjà établies par les langues camerounaises sur celles du français aboutit au remodelage
de la langue étrangère.
I. De la subversion du français au Cameroun au développement des
(français) camerounais, terreau des auteurs du théâtre populaire
La configuration linguistique du Cameroun est complexe. Cette complexité s’explique par
les dimensions géolinguistique et socio-historique du pays qui se trouve, relève Anne-
Frédérique Harter (2005), au carrefour des régions géographiques occidentale, centrale et
septentrionale de l’Afrique. Plusieurs courants migratoires, à l’origine de sa configuration
ethnique actuelle, ont favorisé la cohabitation, sur un même territoire, d’une pluralité de
cultures et de langues. On dénombre au Cameroun environ 280 langues (Ethnologue, 2009),
auxquelles il faut ajouter les variétés hybrides que sont le camfranglais1, le pidgin-english2, le
mongo éwondo3 et le fulfuldé dont l’usage tend à se généraliser, selon Jean Boutrais (1984
:287), dans tout le Nord du Cameroun.
La cohabitation entre le français et les nombreuses langues camerounaises a entrainé la
naissance et le développement de plusieurs variétés linguistiques qui peuvent se répartir, selon
les chercheurs camerounais, suivant les grandes aires géographiques du pays. À chaque aire
géographique correspondent des traits spécifiques qui permettent d’identifier une variété de
cette langue. Paul Zang Zang (1991 : 22-172) qui a consacré une importante étude aux
tendances géophonétiques du français parlé au Cameroun relève justement que l’on peut
distinguer les français régionaux camerounais en termes de particularismes, selon trois
grandes tendances phonétiques : la tendance bamiléké de la région de l’Ouest, la tendance
nordiste des trois régions septentrionales (Adamaoua, Nord, Extrême nord) et la tendance béti
des régions du Sud et du Centre. À ces trois tendances, Gérard-Marie Noumssi et Rodolphine
Wamba (2003) proposent d’ajouter l’accent bassa, commun aux régions du Centre et du
Littoral.
Ces variétés ont fourni et continuent de fournir de la matière aux vaudevillistes camerounais
dont nous nous proposons d’examiner ici les textes. Signalons que les auteurs des pièces choisies
imitent des manières de parler à des fins ludiques. Ils se servent des formes stigmatisées pour
amuser. Il ne s’agit donc pas de leurs parlers à eux. Leurs œuvres sont, pour M. Dassi (2002),
révélatrices « des fautes, des erreurs, des confusions et des méprises phonétiques, lexicales,
sémantiques, morphosyntaxiques, […] qui affectaient les différentes pratiques
(régionalisantes) du français [au Cameroun]. »

1
Parler mixte issu, selon les chercheurs camerounais, du mélange du français, des langues nationales et même du
pidgin-english (voir notamment Jean Tabi-Manga, 2000 : 170-172).
2
Selon les considérations de Jean Tabi-Manga (2000 :17), le pidgin-english est une langue constituée sur la base
de la langue anglaise et enrichie par des mots provenant du français, de l’allemand, du portugais et des langues
camerounaises.
3
Cette variété linguistique doit son existence, Selon Jean Tabi-Manga (2000 :151), à la véhicularisation de la
langue éwondo dans la province de l’Est Cameroun.

2
Il est intéressant d’examiner ces textes, car certaines formes et constructions syntaxiques
fixées par la littérature et la presse camerounaises sont généralement issues de la langue orale,
lieu où s’exerce la créativité. En plus, la plupart des études sur le français en Afrique
s’appuient principalement sur la littérature qui, du point de vue d’Omer Massoumou (2006), a
un poids peu considérable dans la vie sociale de la population, les cultures africaines étant
essentiellement liées à la tradition orale. Nous soutenons le point de vue selon lequel au
Cameroun, un ensemble de facteurs extrasystémiques interagit avec la langue française. Ces
interactions aboutissent finalement à la subversion de la norme du français et provoquent la
restructuration de sa grammaire, illustrée ici à travers l’étude de l’interrogation.
II. La restructuration de l’interrogation en français camerounais
Gabriel Manessy (1994) et plus récemment Katja Ploog 2007) ont parlé de restructuration
pour rendre compte de l’appropriation du français en Afrique. Ploog signale que cette
restructuration est le fruit d’une dynamique structurelle qui « aboutit à des usages locaux
suffisamment divergents du français standard pour mettre en péril l'intercompréhension avec
la francophonie extérieure. » À son avis, l’observation des dynamiques structurelles doit avoir
pour base un microsystème d’unités. Ainsi, « Lorsqu’une caractéristique non standard se
stabilise comme unité d’un microsystème, on parlera de restructuration. Formellement, celle-
ci constitue une modification des contraintes constructionnelles.»
Dans notre perspective, il faut comprendre par restructuration un ensemble de facteurs
extrasystémiques qui interagissent avec le système linguistique du français, lequel voit
finalement sa structure remaniée. Ce remaniement, qui lui donne une nouvelle configuration,
ne porte pas uniquement sur des microsystèmes d’unités, mais aussi sur des structures
syntaxiques entières. Ainsi, la langue française, en vue d’une meilleure adaptation aux
besoins des locuteurs, acquiert une nouvelle organisation, de nouvelles structures suivant de
nouveaux principes, de nouvelles règles qui ne sont plus celles de sa grammaire.
Les faits linguistiques répertoriés dans le corpus que nous avons constitué le prouvent.
S’agissant du système interrogatif du français parlé au Cameroun, objet de la présente étude,
on recense de nombreuses interrogatives dont les structures ne sont pas celles du système
interrogatif de la grammaire française. Trois principales tendances sont à signaler : les
interrogatives sans pronoms interrogatifs, les interrogatives avec pronoms postposés et les
interrogatives introduites par donc. Le cas de l’adverbe non que certains usages tendent à
assimiler à une marque interrogative est également abordé.

II.1. Les interrogatives construites sans pronoms interrogatifs


Les interrogatives regroupées ici sont toutes construites sans pronoms interrogatifs, ce qui
leur donne les caractéristiques de l’interrogation totale du système linguistique français.
Celle-ci est marquée, d’après Martin Riegel et al. (1994 : 392), « par une intonation suivant
une courbe ascendante et laissant en suspens la dernière syllabe de la phrase ; cette intonation
correspond au point d’interrogation à l’écrit. » La règle générale pour l’interrogation totale est
l’inversion du sujet. Ce qui l’a différencie de la phrase assertive qui lui sert de modèle de
base. Mais l’avis des grammairiens sur ce point diffère. Martin Riegel et al. (idem)
soutiennent que l’interrogation totale, qui appelle généralement une réponse par oui ou non,
peut se construire sans inversion ou avec inversion du sujet. Dans la forme de l’interrogation
construite sans inversion du sujet, « seule l’intonation non conclusive la distingue de la phrase
déclarative, dont elle garde l’ordre des constituants » (idem). Si l’on s’en tient au point de vue
de ces grammairiens, on peut croire, en observant les interrogatives ci-dessous, que leurs
auteurs respectent les règles grammaticales du français :

3
(1) sur toutes les facultés qu'il existe là-bas à Paris vous êtes choisi seulement la
picichologi'a ? (Kouokam Narcisse, Téléphone circulaire)
(2) je vous ai envoyé à Paris pour manger le ndolè ? (Kouokam Narcisse, Téléphone
circulaire)
(3) tu connais Monsieur Nkueh ? (Kouokam Narcisse, Téléphone circulaire)
(4) vous avez bien fêté le troisième millénaire ? (Kouokam Narcisse, Appelez-moi
honorable)
(5) vous avez l'habitude de voir ces femmes défiler devant sa porte ? (Fingon Tralala,
Bailleur coincé)
L’examen des exemples ci-dessus révèlent néanmoins que le maintien de l’ordre canonique
de la phrase ne se justifie pas. Avec l’interrogation totale en effet, seul l’usage du complexe
interrogatif est-ce que en début de phrase – et les grammairiens cités plus haut le
reconnaissent – permet le maintien de l’ordre sujet-verbe, et évite le recours à l’inversion du
sujet, indiqué dans les exemples (3), (4) et (5). En (1) et (2), l’usage de est-ce que en début de
phrase est indiqué. Ces observations montrent clairement que dans ces phrases, la norme du
français n’est pas respectée. Ce d’autant qu’avec de nombreux autres exemples, on note la
présence de ce complexe en début de phrase, employé seul ou associé à un autre marqueur
interrogatif.

(6) qu'est-ce que tu fais avec l'argent ? (Jean Miché Kankan, Voiture dans l’eau)
(7) qu'est-ce que tu appelles que variste ? (Jean Miché Kankan, Voiture dans l’eau)
(8) qu'est-ce que vous prenez beau-frère ? (Jean Miché Kankan, La fille du bar)
(9) est-ce que tu as mis le pull-over Michel ? (Kouokam Narcisse, Téléphone
circulaire)
(10) est-ce que je peux appeler là s'il vous plaît ? (Fingon Tralala, Bend skin course)
(11) est-ce que les machines de boss game center sont déjà arrivées s'il vous plaît ?
(Fingon Tralala, Bend skin course)
(12) est-ce que je le vois même ? (Fingon Tralala, Bailleur coincé)
en (6), (7) et (8), l’usage du marqueur interrogatif que ((13), (14)) et des interrogatives
dont la construction ne nécessitait pas la présence d’une marque interrogative ((16), (17),
etc.) :
Si dans ces premiers exemples les interrogatives se réalisent par effacement des
morphèmes interrogateurs, ceux-ci, présents dans les exemples suivants, sont relégués en fin
de phrases.

II.2. Les constructions avec pronoms interrogatifs postposés


Dans les exemples ci-dessous, les termes interrogateurs sont placés à la fin des phrases
interrogatives. Ils correspondent pourtant à l’interrogation partielle du système linguistique de
la langue française, avec un terme interrogatif simple qui aurait dû se placer en tête de
phrase :

(13) Kankan tu es même comment ? (Jean Miché Kankan, Voiture dans l’eau)
(14) tu m'appelais même pourquoi ? (Kouokam Narcisse, Téléphone circulaire)
(15) vous êtes là pourquoi ? (Fingon Tralala, Bailleur coincé)
(16) tu fais le cache-cache avec qui ? (Fingon Tralala, Bailleur coincé)
(17) les papiers là c'est pourquoi ? (Fingon Tralala, Bailleur coincé)
(18) mais tu es sorti très tôt / tu étais où ? (Fingon Tralala, Bailleur coincé)
(19) il va me faire quoi ? (Fingon Tralala, Bailleur coincé)

4
L’exemple (13) est une interrogative portant sur un circonstant, construit avec l’adverbe
comment. L’inversion du sujet dans ce cas est obligatoire et cette règle n’est pas respectée.
Cette observation vaut également pour tous les autres exemples. En (19), on note l’usage du
terme interrogateur quoi. Bien qu’il soit apte à interroger sur le sujet, l’attribut, l’objet et le
complément non circonstanciel, l’interrogateur que placé en début de phrase aurait été
préférable.
En ce qui concerne l’usage de quoi postposé à la place de que, Martin RIEGEL et al (ibid. :
398) font observer que des formes familières ou populaires de l’interrogation coexistent à
côté des structures standards. Ainsi, on rencontre le pronom interrogatif quoi en fonction
complément d’objet direct, par opposition au que standard placé en tête de phrase (Que
regardes-tu ?) → (Tu regardes quoi ?). Ces exemples peuvent être considérés comme des
particularités de la langue familière qui « simplifie les structures pour aboutir à une certaine
unité de l’interrogation : l’intonation joue un rôle essentiel et la phrase garde l’ordre habituel
de la phrase déclarative » (ibid. : 399). Nous jugeons cependant que ces explications ne
peuvent s’appliquer à nos exemples comme nous le montrerons plus bas.
Outre tous les exemples ci-dessus, nous relevons dans notre corpus des interrogatives dans
lesquelles la conjonction de coordination donc se trouve en début de phrase et a tendance à
s’assimiler à un morphème interrogateur.

II.3. La postposition de la conjonction de coordination donc dans les phrases


interrogatives
Dans tous les exemples suivants, la conjonction de coordination donc se trouve en tête des
interrogatives qui présentent toutes les caractéristiques de l’interrogation totale. Celle-ci
« porte sur l’ensemble du matériau (ou du contenu propositionnel) de la phrase et appelle
une réponse globale oui ou non, qui équivaut à la reprise affirmative ou négative de la
question posée […] » (ibid. : 391).
(20) donc tu n'as pas l'assurance ? (Jean Miché Kankan, Voiture dans l’eau)
(21) donc cette fois-ci tu vas lui laisser hein ? (Jean Miché Kankan, La fille du bar)
(22) donc tu étais encore derrière moi ? (Fingon Tralala, Bend skin course)
(23) donc c'est vous Monsieur boss game center mon frère ? (Fingon Tralala, Bend
skin course)
(24) donc je te remets les cinq mille ? (Fingon Tralala, Bend skin course)
(25) donc je suis sur un numéro privé ? (Fingon Tralala, Bend skin course)
(26) donc je vais encore te donner l'argent ? (Fingon Tralala, Bend skin course)
(27) donc vous me ralentissez dans mon action ? (Fingon Tralala, Bailleur coincé)
(28) okolo’oo la mère-ci / donc toi aussi tu cherches les blancs sur Internet (Mojor
Asse, Mon blanc à moi)
S’agissant de la conjonction donc et surtout de sa présence au début de phrases
interrogatives, nous notons que son usage n’est pas maîtrisé. En (20), (21), (24) et en (25) par
exemple, on se serait attendu à le retrouver après le verbe. Ces usages entrainent sa
décatégorisation, la tendance étant à son assimilation au pronom interrogatif. Il convient en
plus de relever que dans tous ces exemples ((20) à (28)), les interrogatives n’ont pas pour
objet de requérir des informations, mais de s’assurer que l’on a bien compris son interlocuteur
ou du moins son intention. Avec ces usages donc, la phrase interrogative n’est plus
simplement une question. Elle ne permet plus de demander quelque chose, même si
l’intonation, en fin de phrase, appelle le point d’interrogation. En fin de compte, c’est comme
s’il y avait un consensus préalable entre les interlocuteurs, mais trahi ; d’où la postposition de
donc marquant la surprise du locuteur. Si la conjonction donc fonctionne dans nos exemples

5
comme morphème interrogateur, l’adverbe non, placé à la fin des phrases interrogatives,
renforce l’expression de la subjectivité des locuteurs.

II.4. Quelques usages de l’adverbe non


Le mot non peut à lui seul exprimer la négation d’une phrase entière. Il s’oppose ainsi à oui
ou si, et s’emploie dans ce cas seul ou renforcé par un adverbe. Il est, dans nos exemples,
relégué en fin de phrases et ses emplois ne correspondent nullement aux différents usages que
la grammaire française lui reconnaît.
Au sujet de son usage en contexte camerounais, Gabriel Manessy (op., cit.) signale que
dans les énoncés, sa présence indique une demande de confirmation et sert aussi à appeler une
réponse de la part de l’interlocuteur. Cette observation est attestée en (38), (40) et (41). Mais
au-delà de ces valeurs d’usage, nous constatons que cet adverbe apparaît à la fin des énoncés
et les transforme en quelque sorte en phrases interrogatives. L’intonation, montante, porte sur
ce mot et celle-ci ne peut être matérialisée à l’écrit que par le point dit interrogatif (?). Si les
exemples (38) et (41) peuvent être considérés comme des phrases interrogatives dans la
mesure où il y a effectivement demande d’informations, les autres exemples ont par contre
toutes les caractéristiques des phrases exclamatives. Leurs auteurs expriment leur sentiment à
l’égard de ce qu’ils disent et s’étonnent que leurs allocutaires ne saisissent pas le sens de leurs
discours. Ce mot vient donc renforcer l’expression de la subjectivité des locuteurs, d’où les
exemples ci-dessous :
(29) ton voiture neuf que tu viens d'acheter non ? (Jean Miché Kankan, Voiture dans
l’eau)
(30) je me balade non ? (Jean Miché Kankan, La fille du bar)
(31) mais tu m'as vu avec qui je suis toute seule non ? (Jean Miché Kankan, La fille du
bar)
(32) c'est à toi que je pose le même question non ? (Jean Miché Kankan, La fille du
bar)
(33) nous voilà d'abord en face non ? (Jean Miché Kankan, La fille du bar)
(34) qu'il parle non ? (Jean Miché Kankan, La fille du bar)
(35) mais je vous ai dit que je ne suis pas là non ? (Kouokam Narcisse, Téléphone
circulaire)
(36) oui non ? (Kouokam Narcisse, Appelez-moi honorable)
(37) mais l’économie des macros non ? (Kouokam Narcisse, L’interview)
(38) tu es là-dedans non ? (Fingon Tralala, Bend skin course)
(39) (A+) ma gnia moto sa'ala4 (A-) non ? (Fingon Tralala, Bend skin course)
(40) tu vois non ? (Fingon Tralala, Bailleur coincé)
(41) tu connais Bicks non ? (Fingon Tralala, Bailleur coincé)
Au total, on constate que pour la formation des phrases interrogatives, les locuteurs dont
les parlers sont imités par les auteurs des pièces du corpus n’ont pas recours aux règles
grammaticales du français. On pourrait voir, dans ces exemples, l’application de la loi du
moindre effort et du principe de l’économie. Mais s’économiser et économiser signifieraient
que ces locuteurs maîtrisent la grammaire française. Ce qui est loin d’être le cas. Quelle est
donc la grammaire qui dicte la construction de leurs phrases ? Nous avions, au préalable,
postulé l’influence des règles déjà établies par les langues camerounaises sur la structure du
français. Il convient donc d’observer la structure des interrogatives dans lesdites langues.

II.3.4. La structure des interrogatives dans les langues camerounaises

4
Expression issue du Bazou (Nda’nda’ du sud), littéralement j’ai laissé la moto ici.

6
Près de 280 langues ont été recensées au Cameroun, appartenant à trois grandes familles
linguistiques (afro-asiatique, nilo-saharien et niger-kordofan). Nous avons observé les
structures des interrogatives au moins dans une langue appartenant à ces différents phylums
(Podoko5, Ngiemboon6, Batoufam7, Nugunu8, Bulu9 et kóózime10, etc.).
De nos observations, il ressort que dans ces langues, l’interrogation se réalise généralement
par l’ajout des morphèmes interrogatifs qui appartiennent indistinctement à la catégorie du
déterminant, du pronom ou de l’adverbe, généralement postposé au verbe ou au nom. En
podoko, soutient Elisabeth Jarvis (1989), « La marque générale de l'interrogation est la
particule na à la fin de la phrase », comme le montrent les exemples suivants :
Exemple 1 :
a saba sǝ ka na na ?
FOC1 venir-DESC-PERF venir tu QUEST
« es-tu descendu ? »
Exemple 2:
y
a tǝ dafǝ ù ka na na ?
FOC1 prépare-1MP boule tu QUEST
« est-ce que tu prépares la boule ? »
Marie-Rose Abomo-Maurin (2006) qui s’est penchée sur le bulu propose les exemples
suivants :
Exemple 4:
Wóè bóè dzé ?
Tu faire quoi ?
Que fais tu (sic) ?
Exemple 5:
’ndè oè tóâ vé ? OèÈ Ñaà bïèaèlé vé ?
Et tu habiter où ? tu naître où ?
Où vis-tu ? Quel est le nom de ton village ?

L’interrogation peut également se construire, dans les langues camerounaises, par l’ajout
d’une voyelle finale qui « se réalise phonétiquement par allongement ou par dédoublement
que la dernière syllabe de l’énoncé soit ouverte ou fermée. Elle se signale à la fin du discours
interrogatif » (Laurence Ndiola Tsuata, 2008 : 75). Cette voyelle sans forme fixe n’a aucun
équivalent en français et sert uniquement à appeler l’interrogation comme l’illustre l’exemple
ci-dessous, s’agissant du Ngiemboon :

5
Langue tchadique du phylum afro-asiatique, de la branche centrale (Biu-Mandara) ; dans l’Atlas linguistique du
Cameroun, elle figure dans le groupe wandala. Cette langue est parlée au nord du Cameroun, dans
l'arrondissement de Mora.
6
Selon Laurence Ndiola Tsuata, le Ngiemboon est une langue du groupe bamiléké-central. Elle se parle dans les
groupements Batcham, Balatchi, Bangang et Bamegoung situés dans le département des Bamboutos et dans le
groupement Balessing du département de la Menoua.
7
Le Batoufam a été répertorié dans l’Inventaire préliminaire de l’Atlas Linguistique du Cameroun (Alcam 1983)
comme une variante dialectale du nda’nda’ qui se parle à Bachingou, Bangou (nda’nda’ de l’ouest), Batcha,
Balengou, Bazou, Bamena (nda’nda’ du sud), Batoufam, Badrefam, Bangoua et Bangang (nda’nda’ de l’est).
8
La langue Nugunu est parlée au Cameroun, dans la région du Centre, département du Mbam, plus précisément
dans les arrondissements d' Qmbessa et de Bokito. Cette langue est classée dans la sous-famille bénoué-congo.
9
Langue parlée par les populations de la région du sud Cameroun.
10
Langue parlée dans la région de l’est du Cameroun, département du Haut-Nyong. La langue kóózime est aussi
connue sous le nom de « Njεm ». Elle est classée comme A-84 par Guthrie et porte le numéro 432 dans Dieu et
Renaud (1983).

7
Exemple 6:
fopa l més ɳà à
fopa P1-préparer-pf cl1 couscous du maïs (sic) VFR
fopa a préparé le couscous du maïs (sic) ?
S V O VFR
« fopa a-t-elle préparé le couscous du maïs ? »
Le même schème est attesté dans les autres langues camerounaises et Évelyne Ngantchui
Debana (1989 : 20) note, pour le cas du batoufam, qu’il peut arriver qu’un mot d’interrogation
placé en début de phrase soit renforcé par une voyelle placée quant à elle en fin d’énoncé :
Exemple 7 :
tǝ yé shí nku’ –ù
INT cela FUTUR suffire-INT
« Est-ce que cela va suffire ? »
Exemple 8 :
ǝ zhÏk yi –i
il partir-INT
« Est-ce qu’il peut partir ? »
Le mot d’interrogation placé en début de phrase a pour seul rôle, selon Dieudonné Toukam
(2008 : 109), « de marquer davantage l’interrogation ». Les langues camerounaises offrent
donc plusieurs autres possibilités pour former des phrases interrogatives et le moyen choisi
détermine la place de la marque qui se trouve, en règle générale, en fin d’énoncé.
À la suite de ces exemples, il convient de signaler un autre mode de construction des
interrogatives, celles dans lesquelles les marques peuvent avoir pour correspondants les
pronoms interrogatifs français qui, quoi, quel, lequel qu’on retrouve, sans que cette tendance
soit à systématiser, en début d’énoncés. Elles se forment néanmoins avec une voyelle finale
réalisée comme dans les exemples ci-dessous tiré d’Evelyne Ngantchui Debana (op., cit. :
295-296) :
Exemple 9 :
myε nyu’ -ù
quel vin-INT
« Quel vin ? »
Exemple 10 :
tsy nyu’ -u
lequel pf. plaire lui-INT
« lequel (des deux) lui a plut ? »
Lors du passage de l’une de ces langues au français, il se pose généralement le problème
de l’équivalent de ces mots d’interrogation et des voyelles finales. On constate par exemple
que les interrogatives dans lesquelles la conjonction donc a tendance à être assimilée à un
morphème interrogateur correspondent à des types de discours précis, notamment les
interrogatives argumentatives. Le locuteur « pose une question pour exprimer son
étonnement, sa stupeur ou sa surprise par rapport à une situation communicationnelle qu’il ne
parvient pas à saisir » (Laurence Ndiola Tsuata, op., cit. : 68-69). Cette forme argumentative
est souvent rendue, suivant les considérations de la même auteure, par pǝ lǝ k qui a pour
équivalent français « comment donc ? »
mé ɳʷeöʔè pǝ lǝ k
on ipf- écrire-Po seulement comment ? que

8
« comment écrit-on donc ?
S’agissant du batoufam, Évelyne Ngantchui Debana fait observer que pour exprimer une
impatience contenue avec peine, le locuteur utilise concomitamment les marques
interrogatives kǝ et l ainsi illustré :
p yi kǝ l
nous partir INT INT
« pouvons-nous donc partir ? »
Ces exemples, comme ceux précédemment mentionnés, montrent toute la complexité des
moyens disponibles pour la construction des interrogatives dans les langues camerounaises,
ces possibilités dépendant largement des modalités d’énonciation. La tendance pour les
locuteurs dont les parlers sont imités par les auteurs des pièces du corpus à transférer les
règles grammaticales des langues préalablement assimilées lorsqu’ils construisent les
interrogatives entraine finalement la subversion de la norme du français, et le processus de
restructuration observé permet d’établir le système interrogatif du français parlé au
Cameroun.

III. Le système interrogatif du français parlé au Cameroun : une utopie ?


L’acte de questionner ou d’interroger en français se fait, selon la situation, par le recours à
une intonation spécifique et des structures morphologiques et syntaxiques diverses. On aura
ainsi l’interrogation totale si l’acte porte sur l’ensemble du contenu phrastique et
l’interrogation partielle s’il porte sur un élément de la phrase. Martin Riegel et al (op. cit., :
399.) signalent également l’interrogation alternative qui prend les deux formes précédentes.
L’interrogation totale, qui appelle généralement une réponse par oui ou non, se construit
par l’intermédiaire de diverses structures : interrogation sans inversion, avec intonation non
conclusive (vous viendrez demain, Paulin ?) ; interrogation avec inversion du sujet (vendrez-
vous demain ?) ; interrogation avec est-ce que (est-ce que vous viendrez demain ?).
L’interrogation partielle se construit par le biais d’un terme interrogatif généralement placé
en tête de phrase (qui vient demain ?) et l’interrogation alternative s’analyse en deux parties
par ou alternatif (est-ce un cahier ou un livre ?). Plusieurs procédés sont donc disponibles en
français pour construire les phrases interrogatives en français et des règles ont été codifiées.
Le locuteur qui les ignore ne peut donc les actualiser convenablement
Nos analyses ont permis de cerner les grands traits du français parlé au Cameroun
s’agissant de la construction des phrases interrogatives et ont dévoilé les stratégies mises en
œuvre par les locuteurs pour leur construction. Ils s’inspirent, comme nous avons pu l’établir,
des différents modes de formation de l’interrogation dans les langues camerounaises. Quatre
principales tendances sont donc à signaler : les interrogatives sans morphèmes interrogateurs,
les interrogatives avec postposition des termes interrogateurs, les interrogatives construites
avec le complexe est-ce-que et les interrogatives argumentatives.
Les interrogatives construites sans pronoms interrogatifs peuvent être perçues comme des
cas typiques de transfert des interrogatives construites dans les langues camerounaises avec
une voyelle finale réalisée (VFR), suivant la formule : S+V+O+VFR. Les VFR sont, dans les
langues camerounaises, soit un support d’un complexe interrogatif, soit le support interrogatif
de la phrase tout entière. La tendance dans ces premiers exemples est l’assimilation de
l’intonation à la VFR, qui se retrouve ici dans sa fonction de support interrogatif de la phrase.
S’agissant des exemples dans lesquels les pronoms interrogatifs sont relégués en fin
d’énoncés, on constate que leur construction est également influencée par les schèmes

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interrogatifs des langues camerounaises. Nous rangeons ici les interrogatives qui se présentent
comme des calques syntaxiques de ces langues comme, par exemple :
(42) d'où que tu sors ? (Jean Miché Kankan, Voiture dans l’eau)
(43) tu es avec qui ? (Jean Miché Kankan, La fille du bar)
(44) tu m'appelles comme ça d'où ? (Kouokam Narcisse, Téléphone circulaire)
(45) mais Michel / qu'est-ce que j'entends-je ? (Kouokam Narcisse, Téléphone
circulaire)
(46) tu me poses des questions subversives que je réponds comment ? (Kouokam
Narcisse, L’interview)
(47) on peut faire quoi ? (Kouokam Narcisse, Appelez-moi honorable)
(48) que quoi ? (Fingon Tralala, Bend skin course)
Ces exemples correspondent aux interrogatives de type S+V+INT des langues
camerounaises, qui ont la particularité de se construire avec une marque générale de
l’interrogation qui se place en fin de phrase. Généralement, seule l’intonation sert à marquer
l’interrogation.
Les interrogatives construites avec est-ce que en début de phrase se font suivant le
schème : INT+S+V+O+VFR. L’analyse des énoncés dans lesquels le complexe est-ce que
joue le rôle de terme interrogateur dévoile par ailleurs que la modalité interrogative n’était pas
nécessaire. Ce complexe tend à jouer le rôle d’une particule de focalisation utilisée pour
marquer davantage l’interrogation.
L’usage de donc en début de phrase interrogatives, qui correspond à un type de discours
particulier, est à rapprocher avec les exemples dans lesquelles l’adverbe non joue le rôle du
support de l’interrogation. L’intention du sujet parlant dicte le recours à ces constructions. Il
veut soit obtenir de son interlocuteur la confirmation d’un propos mal perçu ou encore
l’exactitude d’une information. Il s’agit donc des interrogatives argumentatives dont le but
n’est pas la demande d’informations.
Toutes ces constructions traduisent finalement la manière de dire propre aux langues
camerounaises. Des caractéristiques qui doivent être pris en compte lorsqu’on examine les
interférences de la grammaire des langues locales sur celle du français.

Conclusion
Nous avons examiné des pièces du théâtre populaire camerounais pour montrer que la
langue française au Cameroun se restructure. En nous intéressant principalement à la structure
des phrases interrogatives, nous avons dégagé quatre tendances caractéristiques du système
interrogatif du français parlé au Cameroun. Ont ainsi été signalées les interrogatives
construites sans pronoms interrogatifs, les interrogatives dans lesquelles les pronoms
interrogatifs sont relégués en fin d’énoncés, les interrogatives construites avec est-ce que en
début de phrase, l’assimilation de donc à un morphème interrogateur et des exemples dans
lesquelles l’adverbe non joue le rôle du support de l’interrogation. Nous avons montré que les
langues camerounaises influençaient la construction de toutes ces interrogatives, à travers une
étude contrastive. Toutes ces constructions traduisent finalement la manière de dire propre
aux langues camerounaises. Des caractéristiques qui doivent être prises en compte lorsqu’on
examine les interférences de la grammaire des langues locales sur celle du français.

Bibliographie

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Tandandan vol. 2, Douala, Espace Musical.
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Kankan, Jean Miché, 1986, « Voiture dans l’eau », dans Les Mésaventures de Jean Miché
Kankan vol 1.2, Yaoundé, Ébobolo fia Production.
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Yaoundé, K.N. Production.
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K.N. Production.
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Production.
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