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COURS PANAFRICAIN DE DROIT

INTERNATIONAL HUMANITAIRE
Yaoundé, 14-23 mars 2016

Journée du 17 mars

Thème: « Conduire les hostilités: cibler les personnes, cibler les biens,
les armes et le droit »

Pr. ATEMENGUE Jean de Noël (Cameroun)


Sous-thème n° 1 : La conduite des hostilités:
Cibler des biens
INTRODUCTION
- 1. Considérations sur le dispositif normatif
- Les « silences » de la Convention n° 4 (Les biens sont seulement et rapidement évoqués
dans les dispositions relatives à l’occupation militaire [CG IV, art. 53] ;
- Le recours possible à l’art. 3 commun aux 4 CG comme base normative générale de la
protection, s’agissant des CANI ;
- L’apport du P I (Titre IV, Chapitre 3, art. 52 à 56);
- L’apport du P II [CANI] (Titre IV, art. 14-15-16);
- la Convention de 1954 pour la protection des biens culturels en cas de conflit armé (CBC) et
ses deux Protocoles : -i. Protocole pour la protection des biens culturels en période
d’occupation; -ii. Protocole du 28 mars 1999 !!!!!
- Une lecture combinée de l’ensemble de ces instruments juridiques fait ressortir les

2. Règles générales suivantes:


Principe fondamental: [P I, art. 35]
- Interdiction d’attaques militaires qu’elles soient offensives ou défensives sur les biens
civils (Principe de discrimination [P I: 49-51-52]);
- L’objectif attaqué doit être un objectif militaire;
INTRODUCTION (suite)
- Privilégier des moyens d’attaque qui évitent les pertes en vies civiles et les
dommages aux biens civils [P I: 57];
- Attaquer exclusivement les biens dont la destruction ou le contrôle procure
un avantage militaire précis;
- S’abstenir de tout acte d’hostilité (offensive ou défensive) envers les biens
culturels.
• De ces règles et principes généraux, on peut conclure que la conduite des
hostilités, en ce qui concerne les biens, doit envisager les cibles autorisées
d’une part, et les cibles interdites d’autre part.

• I. LES CIBLES AUTORISEES


• II. LES CIBLES INTERDITES
I. LES CIBLES AUTORISEES : LES OBJECTIFS MILITAIRES

• I.1. Notion d’objectif militaire


• I.1.1. Définition : Est objectif militaire, en plus des combattants, tout bien qui,
par sa nature, son utilisation, sa finalité, son emplacement offre, du fait de sa
capture, de sa destruction ou de sa neutralisation, un avantage militaire
précis [P I, art. 52].
• I.1.2. Exemples d’objectifs militaires:
• - Voie de communication stratégique – convoi de ravitaillement militaire – QG militaire-
• Bâtiment civil évacué et réoccupé par des combattants – Matériel militaire
• Discussion: La distinction objectifs militaires / objectifs non militaires est au
cœur du projet de civilisation de la conduite des hostilités… On fait la guerre,
non pas pour détruire l’ennemi, mais pour affaiblir sa capacité militaire, en
sorte qu’il ne soit plus en mesure de poursuivre les hostilités.
I.2. Les principes régulateurs essentiels
• I.2.1. Le principe de discrimination
• Contenu: Les attaques militaires doivent être menées avec
discrimination, en distinguant soigneusement les objectifs militaires
des objectifs civils. Seuls les premiers peuvent être attaqués. [P I, art.
52 (1), (2)].
• Portée : Grande mais relativisée par le facteur très subjectif au
demeurant de la nécessité militaire. Cette « nécessité » autorise la
destruction d’un bien civil [CG IV, art. 53]; [P I, art. 54 (5)], etc.
I.2.2. Le principe de proportionnalité
• Contenu : Le principe de proportionnalité [P I: 35?]est ordonné autour
de l’idée que l’effet des moyens et méthodes de guerre utilisés ne soit
pas disproportionné à l’avantage militaire recherché.
• Un champ d’application étendu : C’est à partir de ce principe qu’est
tirée l’interdiction de causer des maux superflus ou des souffrances
inutiles; l’interdiction également d’attaques aboutissant à des
victimes dans la population civile et à des dommages aux biens à
caractère civil excessifs.
II. LES CIBLES INTERDITES :
LES BIENS CIVILS
C’est une catégorie composite dont l’essentiel de la
protection est ordonnée autour du principe de précaution.
II.1. Notion de biens civils
Les biens civils sont ceux qui ne sont pas des objectifs militaires. Ils ne le
sont pas parce qu’ils ne peuvent pas apporter une contribution effective à l’action
militaire [P I: 52]

• I.1.1. Les biens civils par nature [P I: 54]


• Les biens nécessaires à la vie des populations (ex: denrées alimentaires, zones
agricoles, ouvrages d’irrigation, etc.) Interdiction absolue de les attaquer ou
de les mettre hors d’usage.
• I.1.2. Les biens civils par changement d’usage
• Il s’agit de biens initialement affectés à un usage militaire et occupés par des
civils (ex: un bâtiment militaire abandonné et occupé par des civils). Eu égard
au principe de précaution (cf. infra), ce type de bien ne saurait faire l’objet
d’attaques.
II.2. La protection des biens
• II.2.1. Le principe régulateur de la protection: le principe de précaution
• Contenu : En cas de doute, un bien est toujours présumé à usage civil, il ne doit par conséquent
pas être attaqué. L’objectif central ici est d’épargner les populations et leur cadre de vie.
• En DIH, le principe de précaution présente quatre visages [P I: 57-58]:
- La vérification du caractère non civil de l’objectif à attaquer;
- Le choix informé des moyens de combat en vue d’éviter ou de réduire les pertes et les dommages aux civils et aux biens civils;
- L’abstention de lancer l’attaque dans la probabilité de pertes excessives par rapport à l’avantage militaire direct et concret
attendu;
- La renonciation à installer des objectifs militaires dans le voisinage de la population civile.
• Portée : Principe protecteur des biens civils, mais très difficile à mettre en œuvre car,
• les conflits se déroulent de plus en plus à l’intérieur des villes;
• mutation fonctionnelle des biens: Le caractère d’un bien peut évoluer en fonction de l’usage qui en est fait…
(Ex: une école n’est pas un objectif militaire mais, dès lors qu’elle est évacuée et occupée par des belligérants,
elle le devient).
II.2.2. La protection spéciale de certains biens

• [P I: 53 à 56]
• La typologie des biens à protection spéciale :
Les biens culturels et les lieux de culte; les biens indispensables à la survie de la
population; l’environnement naturel; les ouvrages et installations contenant des
forces dangereuses.
• Le principe : Ces biens ne doivent faire l’objet d’aucun acte d’hostilité,
même s’ils constituent un objectif militaire, ni même être utilisés à
l’appui de l’effort militaire.
• Un principe relatif: la protection peut cesser quand les biens
concernés sont utilisés pour « l’appui régulier, important et direct
d’opérations militaires » [P I: 56]. V. également P I : 54-3.
CONCLUSION

• La « civilisation » de la conduite des hostilités est très avancée en termes


formels, c’est-à-dire de droit.

• Mais, s’agissant du « ciblage » des biens, la protection visée est finalement


assez problématique car elle peut, à certains égards, être régulièrement
abaissée voire réduite à néant en raison de la nécessité militaire.

• Or, cette nécessité est d’appréciation très souvent subjective.

MERCI POUR VOTRE AIMABLE ATTENTION !

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