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Résumé
Le transport maritime international fait l’objet d’une concurrence acharnée. Depuis le début
de la période coloniale, l’histoire du commerce maritime dans les eaux maritimes africaines
est caractérisée par leur exploitation par des pays étrangers. Aujourd’hui, l’Union africaine
(UA), à travers la Stratégie africaine intégrée pour les mers et les océans à l’horizon 2050,
prévoit de mettre en œuvre de nouvelles lois sur le cabotage visant à libérer enfin l’industrie
du transport maritime du continent de la dominance étrangère. Cependant, certains
obstacles doivent d’abord être franchis, comme par exemple augmenter la capacité et
l’efficacité de l’industrie maritime en Afrique. Le présent article procède à l’examen de
l’introduction des lois pro-africaines sur le cabotage proposée par l’UA en mettant l’accent
sur leurs retombées économiques et réglementaires. Il met également en lumière les
principaux défis que pose le combat mené par l’Afrique pour une plus grande libération
économique de ses eaux maritimes.
L’économie bleue figure en tête des priorités des dirigeants africains depuis que les membres de
l’Union africaine (UA) ont lancé une campagne en faveur de la renaissance1 du domaine maritime africain
à l’échelle continentale. Cette initiative a démarré après l’élaboration par la Conférence des ministres
chargés du transport maritime (CMRMT) de l’UA d’un Plan d’action pour les transports au Nigéria en
2007, suivi de l’adoption de la Charte africaine des transports maritimes de 1994 (AMTC) et de la Charte
africaine des transports maritimes révisée (RAMTC) en 2010 au siège de l’UA à Addis-Abeba. Lors du
premier atelier intersectoriel africain d’experts maritimes en 2010, les efforts initiaux des membres de l’UA
ont abouti à la finalisation en 2012 de sa Stratégie africaine intégrée pour les mers et les océans - horizon
2050 (Stratégie AIMS 2050) qui, avec le cabotage maritime africain, est l’objet principal du présent article.
Ce sujet a été abordé pour la dernière fois lors de la 1re Journée africaine des mers et des océans,
organisée par la Commission de l’UA en juillet 2015. Les chefs d’État et de gouvernement se réuniront au
Togo en 2016 pour un sommet portant sur d’autres questions liées à la sécurité maritime.
Ce qu’il faut retenir, c’est que ces efforts visent à promouvoir une « africanisation2 » des affaires maritimes
et une stratégie maritime intégrée pour le continent. L’industrie maritime est l’une des plus exigeantes
ARTICLE
L’attention récemment portée aux affaires maritimes africaines a ravivé les discussions
– surtout internes au continent jusqu’à présent – entre tous les protagonistes de
l’industrie maritime. Alors que certains voient des possibilités de changement et de
développement, d’autres s’opposent encore à un régime de cabotage maritime à
l’échelle du continent africain – et, plus largement, à une économie bleue africaine –
en invoquant les raisons suivantes :
• Les systèmes juridiques antagonistes (common law ou droit commun, droit civil)
Bien que ces arguments contre un projet gigantesque tel qu’un régime de cabotage
panafricain semblent reposer sur une analyse rigoureuse, ses promoteurs font valoir
qu’à l’inverse, un régime de cabotage continental serait synonyme de création
d’emplois, d’une indépendance économique accrue, d’épargnes en devises
étrangères, de sources supplémentaires de recettes pour l’État et qu’il réduirait des
frais de transport disproportionnés.3
Il convient de rappeler que l’idée d’un régime de cabotage panafricain s’inscrit dans le
cadre d’une renaissance du domaine maritime africain. En effet, l’esprit sous-jacent
aux objectifs de la Stratégie AIMS 2050 rappelle les aspirations des pays africains
dans la période post-indépendance. Le Code de conduite des conférences maritimes
des Nations unies (le Code de conduite maritime de l’ONU),4 introduit en 1971 par la
Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (anciennement
la Conférence des Nations unies sur le commerce)5 et adopté en 1974, a été une
étape clé marquant le premier effort majeur vers un secteur maritime africain plus
Le Code de conduite des
indépendant sur le plan économique.
Nations unies a été une
grande avancée pour le Il ne faut pas non plus oublier que les membres actuels de l’UA participant aux
commerce africain évènements maritimes mentionnés au début du présent article ont assisté à l’adoption
du Code de conduite maritime, qui a été une avancée pour le commerce africain,
Le cabotage ne peut pas être reglementé par le droit international, étant donné qu’il
relève des affaires intérieures – ce qui est précisément la raison pour laquelle il a
été exclu de la Convention sur le régime international des ports maritimes, adoptée
en 1923 à Genève.13 Par conséquent, comme le fait valoir Milbradt,14 la liberté de
navigation ne s’étend pas aux eaux côtières ou internes d’un État, ce qui signifie que
le droit d’accéder aux installations portuaires ne saurait être dissocié de la liberté de
navigation.15 Les raisons de ces restrictions légales sont les mêmes depuis qu’elles
ont été introduites pour la première fois par l’Europe mercantile au XVIIe siècle et
intéressent toujours autant les législateurs :
À travers l’histoire, les nouveaux ordres mondiaux – par exemple la Paix de Westphalie
26 000
(1648), le Congrès de Vienne (1815), les première et seconde guerres mondiales
(1914-1918 et 1939-1945) – ont eu pour effet d’empêcher le développement d’une
primauté africaine et la construction de nations africaines indépendantes pendant plus
La distance totale en de 300 ans, jusqu’à la période d’indépendance des années1960. Suite à la création
milles marins du violente et aléatoire de territoires impériaux en Afrique par les puissances coloniales17
littoral africain au XIXe siècle, de nombreux pays africains demeurent encore politiquement instables
et dépendants d’anciennes colonies ou de nouvelles puissances économiques.
Selon l’UA, la Stratégie AIMS 2050, qui a été officiellement adoptée en janvier 2014,
prévoit de développer :
« Cette stratégie est dédiée à la mémoire de tous ceux qui ont péri en mer à la
recherche d’une vie meilleure et de ceux qui ont perdu leurs vies dans les océans
pendant la traite négrière, la colonisation, la lutte pour l’autodétermination et
l’indépendance de l’Afrique ».26
Pour que la Stratégie AIMS 2050 permette de marquer l’avènement de nouvelles lois
pro-africaines sur le cabotage, celles-ci devraient s’appliquer aux eaux domestiques
de tout le littoral africain – soit un total de 26 000 milles marins et une industrie
maritime d’une valeur estimée à 1 trillion de dollars US par an.28 Cela signifie que les
navires battant pavillon étranger, qui dominent à l’heure actuelle le marché commercial
intra-africain et possèdent 95 % du marché mondial du transport de marchandises,
pourraient se voir interdire par la loi de participer au commerce maritime intra-africain.
Pour protéger leurs industries maritimes nationales, les gouvernements ont élaboré
un certain nombre de mesures incitatives et d’accords. D’une manière générale,
« les règlements du transport maritime intérieur peuvent être examinés sous deux
angles : (1) les avantages en matière d’accès au marché tels que les règlements sur
le cabotage ou l’accès aux marchandises pour le gouvernement et (2) les mesures
incitatives pour l’industrie comme des dispositions fiscales généreuses ou des
dispositions favorables en matière d’équipage ».29
Les derniers plans de l’UA pour le développement et la sécurité maritime en Afrique ont
été élaborés à l’occasion de plusieurs conférences :
• Janvier 2015 : l’Agenda 2063, qui incorpore la Stratégie AIMS 2050, a été adopté
par l’Assemblée de l’UA
90%
le développement
Les statistiques suivantes, tirées de la Stratégie AIMS 2050, représentent la base des
arguments avancés par les promoteurs de lois continentales sur le cabotage et reflètent
le sentiment des membres de l’UA qui soutiennent l’approche de l’africanisation :45
• 90 % des importations et des exportations africaines s’effectuent par la mer, et, par
conséquent, les perturbations et les inefficacités du système d’approvisionnement
maritime de l’Afrique peuvent avoir un impact coûteux sur les économies africaines
Chika Ezeanya, chercheuse africaine et promotrice des lois africaines sur le cabotage,
plaide en faveur d’un régime de cabotage africain :
Lorsque l’on analyse ces déclarations dans le contexte de l’impact que les lois sur le
cabotage pourraient avoir sur la libération économique des eaux côtières africaines et
l’augmentation de l’indépendance économique du continent, elles rappellent l’angle
adopté par Iheduru :
La formule 40-40-20 signifie que 40 % du commerce maritime est assuré par des
L’Afrique continue à
navires de ligne du pays exportateur, 40 % par des navires du pays importateur
attirer beaucoup
et 20 % sont laissés pour des transporteurs de pays tiers. Cela montre que le
d’attention de la part
développement de la flotte n’a pas été à la hauteur de la réponse positive initiale de
des investisseurs
l’adoption des politiques nationale relatives au transport maritime en Afrique.49 étrangers directs
Les vraies raisons d’être des nouvelles lois africaines sur le cabotage proviennent
finalement de déséquilibres majeurs des capacités maritimes. Ceux-ci résultent des
politiques commerciales nationales africaines non-durables et à d’anciennes traditions
interventionnistes et d’économies étatiques. Celles-ci, trop axées sur des accords
Seuls six pays ont ratifié commerciaux et d’accès au marché aux niveaux bilatéral et multilatéral, n’ont pas
la Charte africaine des
accordé l’importance nécessaire à une plus grande autarcie économique, à la fois aux
transports maritimes
niveaux international et intracontinental. Iheduru décrit de la sorte l’état de l’industrie
révisée de 2010
maritime en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale au cours de la période post-
indépendance :
« La libéralisation du marché du transport maritime a déjà aussi les États africains à promouvoir « une participation
fait baisser les frais de transport maritime en haute mer ; effective, aux niveaux national, régional et continental, des
elle devrait aussi faciliter le développement de services de exploitants du secteur privé ». L’article 15 de la RAMTC prévoit
feeder moins chers pour le transport de conteneurs. Étant également « la création de compagnies maritimes nationales
donné que les principaux négociants [africains] attirent les et régionales de cabotage » qui doivent être encouragées « en
exploitants mondiaux, ils pourraient aussi développer un vue de promouvoir les échanges intra-africains et de faciliter
marché à créneaux dans les services de feeder africains, l’intégration économique et socioéconomique du continent ».60
permettant ainsi à l’Afrique de se réapproprier les sociétés La section suivante examine plus en détail la question de la
de transport maritime ».57 gouvernance de l’industrie du transport maritime du continent.
De nombreux pays africains ont acquis pour la première fois un pavillon national peu
de temps après leur indépendance, processus qui a été dynamisé par le Code de
conduite maritime de l’ONU créé en 1974.63 Depuis sa création en 1994, l’AMTC
souligne l’importance du domaine maritime de l’Afrique. Pourtant, l’Afrique du Sud, par
exemple, a adopté la Maritime Service Charter, qui n’a aucun effet sur la législation, car
elle n’a pas ratifié la disposition n° 66 du Code de conduite maritime de la CNUCED.
La CMRMT, qui s’est tenue à Abuja, au Nigéria, en février 2007, a débouché sur
un premier « Plan d’action pour les transports en Afrique ».64 Lors de sa deuxième
conférence, la CMRMT a révisé l’AMRT de 1994, révision qui a été adoptée en 2010
par l’Assemblée de l’UA.65
• L’AAMA
L’AAMA, qui compte parmi le groupe d’experts sur la Stratégie AIMS 2050, s’est
engagée à promouvoir la « mise en place du cabotage et la participation effective
des exploitants du secteur privé ; la création de compagnies maritimes nationales
et régionales de cabotage en vue de promouvoir les échanges intra-africains ; et la
facilitation de l’intégration économique et socioéconomique du continent ».71
Au 23 janvier 2014, l’AMTC originale avait été ratifiée et déposée par 13 pays, alors
que 39 au moins avaient signé le traité. Entre juin 2010 et janvier 2014, aucune
autre signature ou ratification de l’AMTC n’a été enregistrée, ce qui pourrait être un
effet de l’adoption de la RAMTC en juillet 2010.72 Bien que la RAMTC prévoie une
promotion beaucoup plus intégrée et actualisée du cabotage en Afrique, à la date du
5 février 2014, elle n’avait été ratifiée et déposée que par six pays, à savoir le Bénin, la
République du Congo, l’Éthiopie, le Gabon, Maurice et le Togo, alors que seuls neufs
des 48 États membres restants ont signé le traité révisé.73
Outre les développements susmentionnés, les lois sur le cabotage sont cependant
rarement couvertes par le droit international. La raison principale est qu’elles ont été
exemptées de l’Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT) qui
porte sur le commerce international des marchandises. Le GATT a été signé pour la
première fois en 1947 et visait à réduire les tarifs et autres obstacles au commerce. Il a
défini les règles d’un système de commerce multilatéral par l’intermédiaire des séries,
ou de cycles (rounds) de négociations commerciales. Le dernier cycle de négociation
du GATT (appelé « le cycle d’Uruguay ») a duré de 1986 à 1994 et a conduit à la
création de l’OMC en 1995. Bien que la structure du GATT de 1947 ait disparue, la
plupart des règles et des disciplines du GATT de cette période ont été conservées et
Le transport maritime incorporées dans celui de 1994. La Partie II du GATT 1994, telle que convenue
international est une
dans la Déclaration de Marrakech de 1994, fait directement référence aux règles sur
industrie mondiale
le cabotage :79
portée par une
concurrence acharnée « (3) (a) Les dispositions de la Partie II du GATT de 1994 ne s’appliqueront pas
aux mesures prises par un Membre en vertu d’une législation impérative
» (c) Un Membre dont les mesures sont couvertes par cette exemption
présentera chaque année une notification statistique détaillée comprenant
une moyenne mobile sur cinq ans des livraisons effectives et prévues
des navires en question ainsi que des renseignements additionnels sur
l’utilisation, la vente, la location ou la réparation des navires en question
couverts par cette exemption.
» (d) Un Membre qui considère que cette exemption s’applique d’une façon
qui justifie une limitation réciproque et proportionnée de l’utilisation, de
la vente, de la location ou de la réparation de navires construits sur le
territoire du Membre qui se prévaut de l’exemption sera libre d’introduire
une telle limitation sous réserve qu’il ait adressé une notification préalable
à la Conférence ministérielle.
» (e) Cette exemption est sans préjudice des solutions concernant des
aspects spécifiques de la législation couverte par cette exemption
négociées dans des accords sectoriels ou dans d’autres enceintes. »80
Fait intéressant, l’article 3 (d) stipule qu’il existe une possibilité de justifier une
restriction réciproque et proportionnelle sur certaines règles sur le cabotage, et
pourtant, elles ne sont pas désignées par le terme « cabotage ».
En juin 1996, les gouvernements membres de l’OMC ont convenu de surseoir aux
négociations sur l’accès aux marchés pour les services de transport maritime.83
Cette décision a suspendu les dispositions de non-discrimination du GATS, appelées
« traitement de la nation la plus favorisée (NPF) », relatives au transport maritime.84 Les
pays doivent déclarer publiquement les catégories de commerce de services qu’ils
exemptent du traitement NPF. Cette décision signifiait que pour le transport maritime
aucune annonce publique ne devait être faite, ce qui a conduit à la situation actuelle
relative aux régimes de cabotage, dans laquelle l’OMC assume officiellement que les
pays font preuve de discrimination « jusqu’à la fin des négociations ».85
Le Paquet de Bali,86 qui vise à réduire les obstacles mondiaux au commerce, s’inscrit
dans le cadre du Cycle de développement de Doha qui a débuté en 2001 en vue
d’améliorer les perspectives commerciales des pays en voie de développement. Par
ailleurs, l’Accord de facilitation des échanges de l’OMC87 décrit la liberté de transit
dans son article 11 de la manière suivante :
(a) ne seront pas maintenues si les circonstances ou les objectifs qui ont
motivé leur adoption ont cessé d’exister ou ont changé de telle sorte
qu’il est possible d’y répondre d’une manière moins restrictive pour le
commerce et raisonnablement disponible ;
» (3) Chaque Membre accordera aux produits qui transiteront par le territoire de
tout autre Membre un traitement non moins favorable que celui qui serait
accordé à ces produits s’ils étaient transportés de leur lieu d’origine à leur lieu
de destination sans passer par le territoire de cet autre Membre » .
On peut donc soutenir que les points ci-dessus – notamment les paragraphes (2)
et (3) – sont en contradiction avec les lois africaines proposées sur le cabotage
L’introduction prévue des en ce qui concerne les services de transbordement et de feeder assurés par des
lois sur le cabotage en navires étrangers dans les eaux côtières africaines. Les inspections avant expédition,
Afrique semble ainsi que le nombre accru de documents que les navires de ligne intercontinentaux
prématurée doivent produire pour contrôler et sécuriser un régime de cabotage africain,
pourraient engendrer des retards et des obstacles artificiels au commerce et entraver
Certains avancent que chaque pays maritime doit élaborer sa Deuxièmement, il est peu probable que les attentes ambitieuses
propre politique de cabotage en fonction de son emplacement de ce régime de cabotage en matière de développement et de
géographique stratégique, de ses exigences commerciales, création de richesse pour l’Afrique soient satisfaites de manière
de la taille de sa flotte marchande, des transports côtiers de réaliste dans un avenir proche : il nécessiterait une industrie
marchandises, et ainsi de suite. Cette politique est une mesure maritime bien développée, ce qui est une condition préalable
protectionniste dont même l’OMC tient compte en excluant les pour obtenir les effets économiques durables escomptés du
lois sur le cabotage des négociations. cabotage. Cette condition préalable, à savoir une industrie
maritime bien développée, n’est pas réunie dans la plupart
D’autres affirment que l’application de lois sur le cabotage des pays africains. Par conséquent, la Stratégie AIM 2050
aura un succès trop limité pour engendrer une croissance de l’UA ne semble pas encore pleinement réalisable, car le
significative des industries maritimes : l’industrie du transport développement d’une industrie maritime – dotée de marins
maritime est internationale par nature et a besoin de fonctionner qualifiés, de flottes efficaces et d’une infrastructure portuaire
dans un contexte commercial libéral. Par conséquent, ils moderne – nécessitera temps, développement et financement.
soutiennent que les lois sur le cabotage, qui exigent que
Troisièmement, si les lois africaines sur le cabotage étaient
les participants soient des ressortissants d’un pays ou d’un
introduites à un niveau intracontinental, elles pourraient avoir un
continent, sont vouées à l’échec parce qu’en contradiction avec
effet négatif sur les économies africaines, car l’effet dissuasif
la structure actuelle du transport maritime international.
sur l’industrie maritime dominée par les pays étrangers pourrait
L’UA est à l’origine à la fois de l’AMTC et de la RAMTC – être préjudiciable aux exportations africaines qui représentent la
lesquelles ne sont jamais entrées en vigueur91 – et s’apprête principale source de recettes pour beaucoup de pays africains.
À la lumière des accords de l’OMC existants (et de leurs lacunes), le cabotage comme
mécanisme d’intervention industriel nécessite une législation plus appropriée au
contexte africain.95 De plus, et avant tout, les pays africains doivent développer leurs
industries maritimes en promouvant le rôle du secteur privé et l’intégration régionale.
Pour le moment, l’introduction prévue des lois sur le cabotage au niveau continental
semble prématurée compte tenu des conditions préalables requises et des problèmes
de gouvernance auxquels est confrontée l’UA.
Le combat mené par les pays africains pour une plus grande libéralisation économique
de leurs eaux côtières est intrinsèquement lié à la recherche d’un juste milieu entre les
pratiques d’intervention gouvernementale de longue date et la bonne gouvernance,
en vue de permettre à leurs secteurs privés d’occuper la place qui leur revient. Pour
que la Stratégie AIMS 2050 atteigne ses objectifs pour le secteur maritime de l’Afrique,
c’est-à-dire créer des débouchés économiques et un environnement propice en
matière de politique, le secteur doit être considérablement amélioré et les conditions
préalables doivent d’abord être réunies.
15 Ibid., 8.
16 Ibid.
17 S Michalopoulos and E Papaioannou, The long-run effects of the scramble for Africa, Cambridge USA:
National Bureau of Economic Research, 2011, 7: « … la conception aléatoire des frontières coloniales
qui a perduré après l’indépendance africaine nous permet d’identifier l’effet causal du partitionnement.
Par ailleurs, outre les estimations de forme réduite liant le partitionnement au sous-développement,
nous découvrons le rôle préjudiciable de la conception des frontières dans la fomentation du conflit
civil ».
18 Woodrow Wilson’s ‘14 point’ speech, www.ourdocuments.gov/ document_ data/pdf/doc_062.pdf et
www.ourdocuments.gov/ document_data/pdf/doc_062b.pdf, (consulté le 21 avril 2014).
19 Voir article 1.2 de la Charte de l’ONU de 1945 telle que publiée sur le site Web de l’ONU, https://
treaties.un.org/doc/publication/ctc/uncharter.pdf, (consulté le 21 avril 2014) : « Développer entre les
nations des relations amicales fondées sur le respect du principe de l’égalité de droits des peuples et
de leur droit à disposer d’eux-mêmes, et prendre toute autre mesure propre à consolider la paix du
monde ».
20 Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux, adoptée par la
résolution 1514 (XV) de l’Assemblée générale le 14 décembre 1960, www.un.org/en/decolonization/
declaration.shtml, (consulté le 21 avril 2014).
21 Stipulée comme droit international général (jus cogens) dans l’article 53 aux fins de la Convention de
Vienne sur le droit des traités depuis 1969 :
« Une norme impérative du droit international général est une norme acceptée et reconnue par la
communauté internationale des États dans son ensemble en tant que norme à laquelle aucune
dérogation n’est permise et qui ne peut être modifiée que par une nouvelle norme du droit
international général ayant le même caractère », www.worldtradelaw.net/misc/viennaconvention.pdf.
download, (consulté le 10 décembre 2014), article 53, 17. Comme l’ont déclaré Hilary Charlesworth
et Christine Chinkin : « La liberté des États de conclure des traités est […] limitée par les valeurs
fondamentales de la communauté internationale ». Voir The gender of jus cogens, Human Rights
Quarterly, 15:1, février 1993, 63–76. Bien que l’application du jus cogens soit controversée, elle ne
l’est pas en cas d’agression, de génocide, de crimes contre l’humanité, de crimes de guerre, de
piraterie, d’esclavage et de pratiques liées aux esclaves, et de torture ». Voir M Cherif Bassiouni,
International crimes: ‘Jus Cogens’ et ‘Obligatio Erga Omnes’, Law and Contemporary Problems, 59:4,
1996, 68.
22 KM Khamis, Présentation sur l’Agenda 2063 à la réunion de l’Association des armateurs africains, 23
juillet, 3 (ii).
23 Voir Conseil de la paix et de la sécurité, 387e réunion au niveau ministériel, 29 juillet 2013, Addis-
Abeba, Éthiopie, PSC/MIN/COMM.2(CCCLXXXVII)- Rev.1, 1 Nr. 4 : « Les dirigeants de l’Afrique
centrale et de l’Afrique de l’Ouest ont franchi une étape importante et louable vers la sûreté et la
sécurité maritimes car l’avenir de l’Afrique réside dans son économie bleue, une nouvelle frontière
de sa renaissance ». www.peaceau.org/uploads/psc-387-com-yaounde-summit29-07-2013.pdf,
(consulté le 13 avril 2014).
24 Sur invitation du gouvernement portugais, une délégation de l’équipe de travail sur la Stratégie AIMS
2050 de l’UA a participé à la Conférence Atlantique de Lisbonne qui s’est tenue les 4 et 5 décembre
2013. Communiqué de presse de l’UA, Lisbonne, 5 décembre 2013, The AU 2050 Africa’s integrated
Maritime strategy making strides on the international level, http://pages.au.int/maritime/events/au-
2050-africa-s-integrated-maritime-strategy-making-strides-international-stage, (consulté le 15 avril
2014).
25 Stratégie AIMS 2050, http://pages.au.int/sites/default/files/2050%20AIM %20Strategy%20
%28Eng%29_0.pdf, (consulté le 15 avril 2015).
26 Ibid., 6.
27 Selon un rapport de l’OCDE de 2001, Regulatory issues in international maritime transport, le
cabotage maritime est définit comme la réservation du commerce maritime intérieur d’un pays aux
navires battant pavillon national, et s’applique aux voyages côtiers et en haute mer, ainsi qu’aux
cargaisons sur les voies navigables intérieures.
28 Institut d’études de sécurité, Africa should wake up to the importance of an integrated maritime
strategy, 8 octobre 2012, www.issafrica.org/ iss-today/africa-should-wake-up-to-the-importance-of-
an-integrated-maritime-strategy, (consulté le 30 juin 2014).
29 MR Brooks, Maritime cabotage: International market issues in the liberalisation of domestic shipping,
in A Chircop, N Letalik, TL McDorman and S Rolston (eds), The regulation of international shipping:
International comparative perspectives, Leiden and Boston: Martinus Nijhoff Publishers, 2012, 295.
30 1re Conférence des ministres africains chargés des affaires liées à la mer, parallèlement au quatrième
Atelier intersectoriel des experts africains du domaine maritime sur la Stratégie AIMS 2050, 17 avril
2012, Addis-Abeba, Éthiopie.
59 Voir Charte africaine des transports maritimes, adoptée lors de la troisième session de la Conférence
des ministres africaines des transports maritimes, à Addis-Abeba du 13 au 15 décembre 1993, www.
au.int/en/sites/default/files/ treaties/7776-file charter_en_african_maritime_transport_tunis_june1994.
pdf, (consulté le 4 février 2016), article 11.
60 Voir Charte africaine des transports maritimes révisée, adoptée par la 15e Session ordinaire de
l’Assemblé de l’Union africaine à Kampala, Ouganda, le 26 juillet 2010, article 15, www.peaceau.org/
uploads/revised-african-maritime-transport-charter-en.pdf, (consulté le 4 février 2016).
61 O Iheduru, Merchant fleet development by legislation: Lessons from West and Central Africa, Maritime
Policy & Management: The Flagship Journal of International Shipping and Port Research, 19:4, 1992,
297.
62 Ibid.
63 Le Code de conduite des conférences maritimes de l’ONU de 1974 aborde la question du pouvoir
des conférences maritimes et du lien réel qu’il existe entre l’armateur et le navire. Dans son article
2(4a) il stipule que pour déterminer une part du trafic au sein d’une conférence maritime, il doit exister
des droits égaux de participer au fret et au volume du trafic généré par les échanges extérieurs et
transporté par la conférence. La section 4(b) parle du principe de « 40-40-20 », qui signifie que pour
des échanges donnés entre deux pays, 40 % de la cargaison de la conférence doivent être réservés
à des compagnies maritimes membres du pays importateur, 40 % à des compagnies maritimes
membres du pays exportateur et 20 % à des compagnies maritimes tierces ou à des exploitants
non-membres. Voir http://treaties.un.org/Pages/ViewDetails.aspx?src=TREATY&mtdsg_no=XII-
6&chapter=12&lang=en, (consulté le 22 avril 2014).
64 Deuxième session de la Conférence des ministres africains des transports, 21–25 novembre 2011,
Luanda, Angola, http://au.int/ar/sites/default/files/AU-TPT-EXP-2B-Report%20on%20the%20,
(consulté le 22 avril 2014).
65 Décision sur l’adoption de la Charte africaine des transports maritimes, Assembly/AU/3(XV),
Assembly/ AU/Dec. 293(XV), adoptée par la quinzième session ordinaire de l’Assemblée de
l’Union le 27 juillet 2010, Kampala, Ouganda. Voir www.dfa.gov.za/diaspora/docs/audecision/
summitJul2010Decisions.pdf, (consulté le 26 avril 2014).
66 Premier atelier intersectoriel des experts africains du domaine maritime sur la stratégie 2050 AIM,
20–22 décembre 2011, Addis-Abeba, Éthiopie, http://pages.au.int/sites/default/ files/Concept%20
Note%2C%20Experts%20Workshop%2020-22%20Dec%2011_0.pdf, (consulté le 12 avril 2014).
67 Ibid.
68 Direction de l’information et de la communication de l’UA, communiqué de presse no. 021/2012,
www.au.int/en/sites /default/files/ PR%20AIM%20Press%20Release%20-%20Conference%20
and%20Workshop%20on% 20African%20Maritime%20Strategy%20%2019%20April%202012%20
_2__1_.pdf, (consulté le 27 avril 2014).
69 Pour de plus amples renseignements, voir www.au.int, (consulté le 3 décembre 2015).
70 Association des armateurs africains, www.african-shipowners.org/ page-1856399, (consulté le 28 avril
2014).
71 AAMA, www.african-shipowners.org/, (consulté le 28 avril 2014).
72 Voir la liste des États signataires de la Charte africaine des transports maritimes, adoptée à Tunis,
Tunisie, juin 1994, www.au.int/en/sites/default/ files/treaties/7776-sl-maritime_transport_charter.pdf,
(consulté le 4 février 2016).
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77 Voir www.wto.org/english/tratop_e/tradfa_e/tradfa_e.htm, (consulté le 27 janvier 2016).
78 Voir le site Web de l’OMC pour la dernière version de l’accord (WT/L/931, publié précédemment sous
la référence WT/PCTF/W/27).
79 Voir www.wto.org/english/docs_e/legal_e/06-gatt_e.htm, (consulté le 30 avril 2014.
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