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Les Organisations Régionales et Sous Régionales Africaines Professeur Daniel LUKUSA MUBENGA UPN

(brouillon)
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LES ORGANISATIONS REGIONALES ET SOUS REGIONALES


AFRICAINES.

0. Introduction

Le problème des regroupements régionaux ou sous régionaux, objet


d’étude de cet enseignement n'est pas nouvel. Il a toujours été un enjeu majeur non
seulement pour les pays africains, mais aussi pour ceux d’autres régions à l’instar de
l’Europe (Union Européenne), l’Amérique du nord, l’Amérique Centrale, l’Amérique du Sud,
l’Asie et de l’Océanie. Si certaines études considèrent que le morcellement politique de
l'Afrique est un frein à son développement économique, d’autres estiment par contre que
les regroupements économiques et politiques régionaux sont un facteur très déterminant
dans l’émergence et le développement des Etats.

Depuis leur accession à l’indépendance, presque tous les


pays d’Afrique ont souscrit à l’idée du regroupement régional, mieux, de l’intégration
régionale. Il existe aujourd’hui davantage d’organisations régionales et sous régionales en
Afrique que sur d’autres continents, et la plupart des pays africains participent à plusieurs
initiatives d’intégration régionale. Ces derniers considéraient en effet que le regroupement
régional et sous régional offrirait un cadre qui permettrait de relever les défis du monde
actuel, et de surmonter les obstacles aux échanges intra-africains et que la suppression de
ces obstacles créerait des marchés régionaux plus vastes permettant de réaliser des
économies d’échelle, de soutenir les systèmes de production et les marchés et de
renforcer la compétitivité de l’Afrique afin booster ainsi son émergence et son
développement. Entre les années 60 et les années 80, il y a eu plus de 200 initiatives
intergouvernementales de coopération économique multisectorielle, ainsi que plus de 120
initiatives bilatérales ou multinationales pour des secteurs uniques.

Cet afflux vers le régionalisme s’inscrivait de lors dans l’aspiration


plus large à l’intégration du continent, qui trouvait ses racines dans les mouvements
panafricains pour les valeurs partagées, l’autonomie collective pour le développement et
l’indépendance économique. Dès le début du processus de décolonisation dans les années
60, l’établissement de communautés économiques sous régionales a été un volet
important de la stratégie de développement de l’Afrique. Entre les années 60 et les années
80, il a été créé plusieurs organisations intergouvernementales de coopération
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économique pour promouvoir la coopération technique et économique. Ces accords


régionaux africains avaient généralement pour objectifs de :

- Promouvoir la croissance du commerce intra régionale en éliminant les obstacles


tarifaires et non tarifaires ;
- Renforcer le développement régional, à travers la promotion des secteurs
économiques, les infrastructures régionales et le lancement de grands projets dans
le secteur manufacturier ;
- Eliminer les obstacles à la libre circulation des facteurs de production ;
- Promouvoir la coopération monétaire.

Dans le même temps, beaucoup de pays africains avaient des


régimes commerciaux très interventionnistes et protectionnistes qui répondaient à des
préoccupations d’ordre budgétaire ou à un souci de protéger l’industrie nationale, et qui
s’inscrivaient dans des stratégies d’industrialisation reposant sur le remplacement des
importations. Le Plan d’action de Lagos, adopté en avril 1980 face à la détérioration de la
situation économique en Afrique, proposait une stratégie pour engager l’Afrique sur la voie
du développement durable qui allait à contre-courant des politiques suivies depuis les
années 60.

Une intégration au niveau régional et sous régional constituait le


principal mécanisme pour restructurer le continent africain fragmenté et le transformer en
entités économiques régionales et sous régionales plus cohérentes et plus robustes.
L’objectif fondamental du Plan d’action de Lagos restait une intégration régionale effective
passant par l’autosuffisance, au niveau national et sur le plan collectif. Mais durant cette
période, la politique commerciale et la stratégie de développement économique en général
en Afrique ont évolué selon deux tendances contradictoires. Si collectivement les pays
africains se sont engagés dans une stratégie régionale tournée vers l’intérieur, avec une
stratégie d’industrialisation tournée vers l’intérieur et reposant sur le remplacement des
importations et sur des marchés régionaux protégés, ces pays ont entrepris à titre
individuel, au milieu des années 80, de rationaliser et de libéraliser leur régime commercial
dans le cadre des programmes d’ajustement structurel de la Banque mondiale et du Fonds
monétaire international qui étaient tournés vers l’extérieur et qui impliquaient par
conséquent l’intégration plus étroite de l’Afrique dans l’économie mondiale. Durant cette
période, les responsables africains se sont donc davantage attachés à la mise en œuvre de
programmes d’ajustement structurel et de libéralisation économique qu’à l’intégration
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régionale, et le bon fonctionnement de beaucoup des regroupements régionaux en Afrique


en ont souffert.

Malgré ces moments de léthargie, les pays africains ont néanmoins


continué à considérer que l’approche régionale était la meilleure pour leur développement.
Un nouveau chapitre de l’histoire de l’intégration régionale en Afrique s’est donc ouvert le
3 juin 1991 à Abuja, au Nigéria, quand le traité établissant la Communauté Economique
Africaine a engagé le continent sur la voie de l’intégration économique. Ce traité prévoit
l’établissement d’une communauté économique africaine d’ici à 2027, avec une monnaie
commune, une mobilité intégrale des facteurs de production et la libre circulation des
biens et des services entre les pays africains.

En plus des critiques formulées sur les approches mises en œuvre


dans le processus d’intégration régionale et sous régionale en Afrique, il sied de souligner
que celle-ci est caractérisée par l’existence d’une multitude d’initiatives d’intégration
régionale et, par conséquent, par la participation des pays africains à divers accords
commerciaux régionaux (ACR), de nombreux pays appartenant à de multiples entités. Sur
les 53 pays africains, 27 sont membres de deux groupements régionaux, 18 appartiennent
à trois groupements et 1 pays est membre de quatre groupements. Sept pays seulement
ne sont membres que d’un seul groupement. Cette profusion d’arrangements et
d’institutions et ces appartenances multiples à l’intérieur d’une même région brouillent
quelque peu les objectifs d’intégration et induisent une concurrence contre-productive
entre pays et entités.

Si dans le temps le régionalisme en Afrique répondait à deux


nécessités ou deux impératifs principaux dont la première était de renforcer l’unité
politique au niveau panafricain, et la seconde promouvoir la croissance économique et le
développement, fait des processus d’intégration africaines, des moyens permettant aux
Etats africains de surmonter les problèmes structurels auxquels ils étaient confrontés.
Aujourd’hui, avec la monté en puissance de l’intégrisme musulman et la radicalisation de
la violence avec la multiplication des mouvements djihadistes, l’insécurité transfrontalière,
et les difficultés pour chacun des Etats, pris individuellement à faire face à ces nouveaux
types de menaces et défis régionaux, les responsables africains ont compris la nécessité
d’intégrer dans leurs politiques régionales les préoccupations sécuritaires, par le
renforcement de la coopération sécuritaire, l’échange d’expériences et d’informations et la
participation à des opérations militaires régionales de lutte contre les groupes et
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mouvements djihadistes, bref, contre l’insécurité transfrontalière et sous régionale ou


régionale.

Quel peut-être l’enjeu de cet enseignement d’organisations


régionales et sous régionales africaines dans la formation des apprenants de deuxième
année de licence en Sciences Economiques ? En d’autres termes, pourquoi le législateur
congolais a-t-il inscrit au rôle en deuxième année de licence en Sciences Economiques,
une matière sur les Organisations Régionales et Sous Régionales Africaines ? Quel rapport
peut-on établir entre cet enseignement et les sciences des relations Internationales ou les
autres domaines du savoir ? Que peut bien signifier une Organisation Internationale, une
Organisation Régionale ou Sous régionale ? Comment se forment les Organisations
Internationales régionales et sous régionales en relations internationales ? Quels sont les
critères de classification des organisations internationales, régionales et sous régionales ?
Quels peuvent être les organes principaux ou classiques des organisations régionales et
sous régionales ? Combien des regroupements régionaux et sous régionaux l’Afrique
compte-elle ? Quelles sont les particularité et/ou spécificités de chacune des régions ou
sous-régions africaines ? Quelles sont les problèmes que rencontrent généralement les
organisations régionales et sous régionales africaines ? Quelles sont les spécificités pour
chacune des organisations régionales et sous régionales africaines ? Quelles critiques
peut-on formuler au sujet des regroupements régionaux et sous régionaux africains ?
Quels sont les enjeux et les défis pour la République Démocratique du Congo à l’ère de la
mondialisation et du développement incessante des nouvelles technologies de
l’information et de la communication ?

Sont là les quelques préoccupations que soulève cet enseignement,


et auxquelles il se propose de répondre à travers les différents chapitres, sections et
paragraphes qui composent sa structure. Loin de nous la prétention de faire une analyse
systématique et très détaillée des organisations régionales et sous régionales africaines.

2. Les objectifs du cours des Organisations Régionales et Sous Régionales


Africaines

A l’issu de cet enseignement, l’étudiant de deuxième année de Licence en Relations


Internationales doit être capable de :
a. Sur le plan cognitif :
- De connaitre les notions de base des organisations internationales, régionales et
sous régionales ;
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- Connaitre les raisons qui ont conduit le législateur congolais à inscrire


l’enseignement des organisations régionales et sous régionales en deuxième année
de licence en sciences économiques ;
- Maitriser les théories générales sur les organisations internationales, régionales et
sous régionales (leurs formations, composition, fonctionnement, leurs spécificités…)
b. Sur le plan affectif :
- Développer un sens élevé d’analyse et de critique des questions relatives aux
organisations internationales en générale et particulièrement aux organisations
régionales et sous régionales africaines.
c. Sur le plan psychomoteur :
- Etre en mesure d’appliquer les connaissances acquises dans la vie active et
professionnelle.
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PARTIE I : LES THEORIES GENERALES SUR LES ORGANISATIONS


INTERNATIONALES

CHAPITRE I : LES PROLEGOMENES

Section 1ère : Esquisse notionnelle et définitionnelle

1. Définitions
1.1. Organisation internationale

Pierre Gerbet disait que le XXe siècle est celui des organisations
internationales. Celles-ci envahissent tout le champ des relations internationales. Dans une
étude menée en 1971, on recensait plus de 300 organisations gouvernementales et
quelques 3 000 Organisations Non Gouvernementales au monde. En 1985 en Afrique de
l’Ouest, une étude a permis de reconnaître qu’il y avait plus de 30 organisations sous
régionales dans cet espace où il n’y a que seize Etats.

L’absence d’une définition unanimement et universellement acceptable par


tous, a conduit les spécialistes des questions relatives aux Organisations Internationales, à
l’instar de Kadony Nguway Kpalaingu à définir l’organisation Internationale selon deux
entendements. L’organisation Internationale peut être entendue au sens large et au sens
strict.

A. Sens large de l’organisation internationale


- L’Organisation Internationale est entendue comme synonyme d’organisation de la
société internationale. La manière dont cette société ou communauté internationale
est organisée. (Lorimer 1871).
- L’Organisation Internationale renvoie aux méthodes et modalités de coopération
internationale (actions communes, réunions internationales, intégration).

NB : Cette double définition, reste vaste et trop vague, faisant de l’Organisation


Internationale une réalité suffisamment imprécise.

B. Sens strict de l’organisation Internationale


Au sens strict, l’Organisation Internationale renvoie à des
considérations d’ordre sociologiques et juridiques. Une organisation internationale dite
aussi gouvernementale est une structure de coopération interétatique, une association
d'Etats souverains poursuivant des buts d'intérêt commun au moyen d'organes
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autonomes. D’un point de vue sociologique, les organisations internationales présentent


toutes un trait commun : elles sont fondées et constituées par des Etats et animées en
général par les représentants des gouvernements.

Sous l’angle juridique, les organisations internationales s’entendent


comme des associations d’Etats établies, par accord entre leurs membres et dotées d’un
appareil permanent d’organes, chargés de poursuivre la réalisation d’objectifs d’intérêt
commun par voie de simples mesures de coopération ou par voie d’intégration.

NB : Cette définition juridique fait ressortir les caractères spécifiques d’une Organisation
Internationale. Elle a un fondement interétatique, un fondement volontariste, elle a une
existence dotée d’un appareil d’organes permanant, elle jouit d’une autonomie de gestion
et poursuit des objectifs d’intérêt commun.

L’évolution des Organisations Internationales est caractérisée par


plusieurs moments forts dont les principaux sont : la création des Consulats, la mise sur
pieds des Ambassades, le recours aux Conférences ad hoc, les Unions Internationales
Privées, les Unions Internationales publiques.

1.2. Région

Le terme région trouve son origine dans le mot latin « regio » qui
signifie « entre autre », une aire géographique ou même administrative. Par ailleurs, le
terme regio est dérivé du verbe « regere » qui signifie en français diriger ou gouverner,
ce qui ajoute à la dimension géographique, une dimension politique.
Cinq caractéristiques peuvent être retenues en ce qui concerne le
concept Région. Il s’agit :
La régularité et l’intensité des interactions entre les membres comme moyen de
mettre en évidence la cohésion et l’intégration interne ;
La perception qu’ont les membres qui composent celle-ci. Elle est comprise comme
un construit social, émanant de la volonté des acteurs dans le but de fonder un
ensemble ;
La dimension institutionnelle, conçue comme un ensemble qui renvoie un ensemble
d’Etats interdépendants dans un grand nombre de domaines d’actions politiques,
économiques, militaires. Prise dans ce sens, la région se définit en fonction des
Etats qui la composent et des buts qu’ils poursuivent.
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La dimension structurelle, qui renvoie à l’existence des structures chargées de


l’organisation et du fonctionnement du système d’action mis en œuvre dans le
cadre de ce regroupement. La région est un système d’action qui guide et
règlemente les activités des Etats membres et les transforme ;
L’existence d’une entité politique multiculturelle, multidimensionnelle et dynamique,
dont les pouvoirs sont partagés entre différents niveaux d’actions : le national et le
supranational.
La définition du concept ou terme région, nous conduit à noter
quelque chose sur d’autres concepts dérivés, à savoir : le « régionalisme et
régionalisation », ainsi que « intégration régionale ».

1.3. Régionalisme et régionalisation

Le terme « régionalisme » contient le suffixe « isme », dérivé de


la terminaison grecque « ismos » et fait ainsi référence à la dimension théorique du
processus de développement d’une région. Ainsi, le terme régionalisme désigne toute
forme de coopération institutionnelle entre deux ou plusieurs Etats. Tandis que le concept
régionalisation, avec sa terminaison « tion », est aussi dérivé du latin « tio » et se réfère
donc à une action ou à un résultat de cette action. Il désigne le processus et la dynamique
même des interactions régionales.
Selon Figuière et Guilhot cité par Mwayila Tshiyembe, la
régionalisation est une concentration des flux économiques au sein d’une région
géographique donnée tandis que le régionalisme est une construction politique menée
par les Etats et matérialisée par un accord, en vue d’organiser les relations entre les pays
et favoriser la coopération de ces derniers dans divers domaines.
1.4. L’intégration régionale
Elle est la combinaison du régionalisme et de la régionalisation. Un
espace, une région et/ou une sous-région peut être qualifiée « d’intégré régionalement »,
« si et seulement s’il enregistre une concentration des flux entre les Etats qui le
constituent et s’il révèle une coordination institutionnelle instaurant durablement des
règles communes ».
De ce fait, il y a lieu de dégager premièrement trois degrés
d’intégration économique régionale. Il s’agit de :
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- L’intégration aux frontières, qui vise la coordination visant l’instauration et


l’application de règles communes portant sur les relations entre les nations ou
régulation des flux ;
- L’intégration en profondeur, qui vise la coordination et l’harmonisation des
pratiques au sein de chacune des nations partenaires, ou l’instauration des règles
communes ;
- La gouvernance régionale, renvoie à une coordination tendant à doter l’organisation
régionale de pouvoirs supranationaux.

Toutefois, trois modèles d’intégration économique régionale :


- Le modèle européen dur (l’autonomie des marchés et coopération
institutionnalisée) ;
- Le régime régional (souveraineté des Etats et coopération institutionnalisée) ;
- Gouvernance néo-libérale (autonomie des marchés et souveraineté des Etats).

2. Typologie des organisations internationales

L'extrême multiplicité et l'extrême variété des organisations


internationales obligent les spécialistes à élaborer une typologie en tenant compte de trois
critères suivants : la composition ou le champ d'action géographique, les fonctions ou les
domaines d'activité, les pouvoirs ou la nature des rapports que les organisations
internationales entretiennent avec les Etats-membres.

a) La classification d'après la composition

Elle conduit à distinguer deux types d'organisations internationales :


celles à vocation universelle et celles à vocation régionale ou inter-régionale.
L’Organisation des nations Unies et ses institutions spécialisées font partie des premières ;
l'Union Africaine, l'Union Européenne, la Communauté économique des Etats de l’Afrique
de l’Ouest ou l’Organisation des pays exportateurs du pétrole font partie de la seconde
catégorie.

b) La classification d'après les fonctions

Certaines organisations internationales ont une vocation ou une


compétence générale qui les autorise à s'occuper de toutes les questions ; d'autres ont
reçu une compétence spécialisée. D'où l'opposition entre les organisations politiques et les
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organisations techniques. Ainsi l’ONU est une organisation à compétence générale tandis
que l'UNESCO est à compétence limitée.

Sur le plan de la nature de la fonction, on distingue les organisations


internationales de coopération des organisations internationales de gestion. Les premières
s'occupent de la coordination de l'activité politique entre les Etats membres comme c’en
est le cas de l’ONU ou de l’Union Africaine ; les secondes accomplissent une tâche
spécifique ou fournissent certains services matériels (F.A.O., O.M.S., Eurocontrol, etc.).

c) La classification d'après les pouvoirs

Elle permet de distinguer les organisations de coopération des


organisations internationales supranationales (ou dites d'intégration). Les organisations
intergouvernementales de coopération entendent, comme le dit Kwam Kouassi, « laisser
intacte la structure fondamentale de la société internationale contemporaine, composée
des Etats souverains. Loin de mettre en cause leur existence et leur rôle, elles leur
permettent de mieux s’acquitter de leurs fonctions sociales, dans les domaines où la
dimension des problèmes dépasse leur capacité d’action individuelle. Elles fonctionnent
alors comme agents des Etats avant de pouvoir se comporter en acteurs autonomes. Elles
se retrouvent dans le domaine politique, qui se prête moins aisément au processus de
l’intégration ».

Si les organisations internationales de coopération sont


respectueuses de la souveraineté de chaque Etat membre, il n’en est pas ainsi des
deuxièmes. Celles-ci, d’après Kwam Kouassi, ont pour mission de rapprocher les Etats en
prenant à leur compte certaines de leurs fonctions, jusqu’à les fondre en une unité globale
dans le secteur où se développe leur activité, c’est-à-dire le domaine de leur compétence.
Ces organisations créent sur la scène internationale un nouvel acteur dont la volonté se
superpose à celle des Etats membres. L’ONU est une organisation de coopération tandis
que l’Union européenne est une organisation d’intégration.

2. Les niveaux d'analyse des phénomènes internationaux et processus de


construction des organisations Internationales.

Jean Barrea a dégagé dans un schématisme théorique trois niveaux


auxquels on peut situer l'analyse des phénomènes des relations internationales. Le
premier niveau d’analyse est celui de la politique étrangère. Il s’agit d’étudier
unilatéralement l’Etat dès lors qu’il s’engage dans la quête d’exister, d’agir et de réagir
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dans son environnement par rapport aux autres Etats. Le deuxième niveau est celui de
l'analyse de relations de puissance ; on s'occupe des questions de la frontalité des Etats et
de l'articulation des stratégies pour infléchir la volonté des autres Etats.

Le troisième niveau est celui de l'analyse systémique. Le milieu


international est considéré comme un système et on analyse les questions de la stabilité
internationale et du rôle de l'acteur universel comme l'Organisation des Nations Unies. Il
est important de noter que le champ des Relations Internationales s'observe dans deux
processus contradictoires, qui sont la guerre ou conflit/crise et la coopération/intégration.

Ce schéma est visualisé ainsi :

3 Acteur universel (systémisme ou le niveau des O.I.)

2 Relation de puissance

Guerre/Conflit Coopération et intégration


Crises accords, chartes, traités

1 politique étrangère

Acteur unilatéral/unitariste de pouvoir


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PARTIE II : ETUDE DES CAS

CHAPITRE II : L’INTEGRATION REGIONALE AFRICAINE : OBSTACLES, DEFIS ET


PERSPECTIVES

Section 1 : Pourquoi le processus d’intégration économique a-t-il échoué en


Afrique

L’analyse des initiatives en faveur de l’intégration du continent africains


montre que les Etats africains ont perdu le pari de l’intégration régionale et sous régionale,
et cela dans le domaine politique qu’économique. Ce à juste titre que Daniel Bach, cité par
Mwayila Tshiyembe souligne : « parmi les quelques 200 organisations répertoriées en
Afrique subsaharienne, rares sont celles qui, lorsqu’on s’attache à les étudier, ne révèlent
pas un écart démesuré entre les ambitions inscrites dans leurs textes fondateurs et les
réalisations effectivement mises en œuvre ».

En claire, le processus d’intégration en Afrique a échoué aussi bien dans


sa dimension politique, qu’économique. C’est dans ce cadre que nous allons, dans le cadre
ce point, tenter de brosser certaines raisons, pas toutes, de l’échec du processus
d’intégration en Afrique.

Dans son aspect purement politique, il sied de noter le manque de


consensus entre les Etats africains sur la situation politique du continent par rapport aux
autres Etats d’autres régions. L’échec de l’unité tant recherché, d’abord à travers la
création de l’OUA, puis par la création de l’Union Africaine. Le projet des Etats Unis
d’Afrique est resté lettre morte, surtout avec la mort du Président Kadhafi. L’idée même de
la création des Etats Unis d’Afrique est restée un grand mythe pour les africains. Celle-ci
n’a jamais dépassé le cap d’un concept opérationnel, avec un contenu et un sens précis.
Elle est restée un simple slogan destiné à galvaniser l’ardeur des élites africaines, alors les
populations africaines n’y comprennent.

Par ailleurs, il sied de souligner l’absence d’une vision stratégique des


Etats Unis d’Afrique à laquelle correspondraient des objectifs réalistes et des moyens
efficaces à court, moyen et long terme, ne permet pas de dépasser les rivalités d’intérêts
légitimes, reconnues et acceptées et de forger un destin régional partagé. A ceci s’ajoute
l’ignorance de la théorie de l’Etat multinational en tant que type idéal opposable à la
théorie de l’Etat-nation, reste une grande vulnérabilité supplémentaire de la pensée
africaine contemporaine. L’Afrique à besoin de l’Etat multinational ou l’Etat de plusieurs
peuples, basé sur la diversité ethnique, culturelle, linguistique, religieuse, identitaire,
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territoriale. Mais au-delà de ces raisons, il fauter l’absence de volonté politique de la part
des leaders africains au sujet de cette unité de l’Afrique.

En dépit de sa forte croissance économique récente, le continent demeure


marginalisé sur le plan économique : sa part dans le commerce mondial n’est que de 3,2%. Les
causes sont des contraintes qui entravent le commerce au sein de l’Afrique et le commerce à
destination des marchés développés et elles englobent l’infrastructure matérielle des transports et
des communications, les procédures douanières et l’administration des frontières, la faiblesse des
marchés financiers et des capitaux, le manque de base de production diversifiée et l’absence de
coordination des politiques régionales. Par ailleurs, le grand blocage du décollage économique
de l’Afrique réside dans les stratégies d’intégration économique régionale mises en œuvre.
Celles-ci ont été fondées sur la noble idée de déconnection structurelle de l’économie
articulée autour de la division du travail coloniale et inégale : les matières premières
brutes, sans valeur ajoutée, contre les produits finis fabriqués par les métropoles
coloniales.

3. La Région Afrique :
- Une grande nécessité de l’intégration économique ;
- Une région chroniquement dépendante ;
- Environ un siècle d’une colonisation européenne
- Caractérisée par le pillage systématique des ressources,
- Comparés aux États membres de l’UE, de l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est
(ANASE) ou encore de l’Accord de Libre-échange Nord-Américain (ALENA), les États
africains sont très pauvres ;
- Héritière des États affaiblis, tant économiquement que politiquement, l’intégration
régionale est devenue pas une option, mais bien une nécessité.
- La volonté de nombreux leaders africains de transformer leurs pays et le continent dans
son ensemble d’une région chroniquement dépendante à une région prospère et
respectueuse, jouant le rôle qui lui revient sur la scène internationale ;
- Face à ces handicaps l’intégration est la seule voie pour atteindre la croissance,
l’émergence et le développement ;
- Malgré les efforts considérables consentis à cet égard, l’intégration régionale ne semble
pas avoir produit les résultats escomptés ;
4. Deux conceptions idéologiques de l’intégration africaine

- Une prônant la consolidation d’unité politique, et l’autre une coopération entre États
souverains.
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- Le Groupe de Casablanca qui prônaient la consolidation d’une unité politique, sous une
forme d’États-Unis d’Afrique, Kwame Nkrumah, L’Afrique doit s’unir).
- Le Groupe de Monrovia, dont la conception de l’unité africaine aurait abouti à la
création de l’OUA comme organisation d’États souverains et qui s’engage à respecter
cette « souveraineté »
5. Les obstacles à l’intégration économique en Afrique
a. Diversité des pôles d’allégeance et appartenances multiples

Il faut entendre par « diversité des pôles d’allégeance », l’appartenance et


l’adhésion de plusieurs États africains à des différentes Communauté Economiques
Régionales, aux différents groupements ou alliances en dehors de l’Afrique, ainsi que leur
attachement aux différents « partenaires bilatéraux spéciaux », et l’impact de cette
situation sur les projets d’intégration et d’unité africaine. Pour ce qui est des
appartenances multiples aux différentes Communauté Economiques Régionales, il sied de
rappeler que tous les États d’Afrique sont divisés sur cinq régions géographiques. Mais sur
un autre tableau on peut, constater qu’il y a sept Communauté Economiques Régionales
et sept autres Organisations Intergouvernementales sur le continent dont les membres ne
sont autres que les différents pays africains. De ce fait déjà, il est clair que certaines
Communauté Economiques Régionales et Organisations Intergouvernementales
transcendent des régions géographiques en ce qui concerne la composition de leurs
membres.

 L’exemple de la CEN-SAD dont les membres viennent des rangs de la CEDEAO


(Nigeria), de l’UEMOA (Burkina Faso), de l’UMA (Libye), de l’IGAD (Djibouti), du
COMESA (Soudan), et de la CEMAC (Tchad),
 La Commission de l’Océan Indien (COI) regroupe quatre membres du COMESA et la
Réunion.
 La République Démocratique du Congo est à elle seule membre de quatre
regroupements régionaux, en même temps membre de l’Afrique Centrale (CEEAC),
de l’Afrique Australe (SADC), L’Afrique de l’Est (COMESA) et n’est

NB : Sur les 54 pays africains 53 membres de l’UA plus le Maroc, 26 appartiennent à deux
groupements régionaux et 20 appartiennent à trois. Seuls six pays, l’Algérie et la
Mauritanie (UMA seulement), le Malawi et le Mozambique (SADC seulement), l’Égypte
(CEN-SAD seulement) et le membre de CEEAC, Sao Tomé et Principe) n’appartiennent
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qu’à une seule Communauté Economique Régionale ou Organisation Internationale


Gouvernementale. C’est le chevauchement des groupements régionaux.

b. L’instabilité politique, insécurité, conflits armés.

L’impact de l’instabilité sociopolitique et économique due à la récurrence


des crises politiques et la recrudescence des conflits armés sur tous les programmes qu’un
pays peut entreprendre n’a peut-être pas besoin de démonstration. Mais quand un
membre d’une organisation régionale fait face à des problèmes de sécurité, c’est souvent
l’ensemble de la sous-région qui est plus ou moins touché. L’impact de l’instabilité
politique sur les projets d’intégration en Afrique, tant au niveau des Communautés
Economiques Régionales qu’au niveau continental, peut être constaté dans au moins trois
domaines. En premier lieu, la principale source du financement des projets d’intégration
est ou devrait être les pays membres de chaque Communauté Economique Régionale ou
de le L’Union Africaine, et la responsabilité de la mise en œuvre de leurs différents projets
incombe au premier chef aux États membres. Or, avec les différents pays préoccupés par
leur propre survie et existence, il est inconcevable de leur part et insensé pour leurs
partenaires de la région ou de l’UA de parler d’intégration régionale.

En d’autres termes, la CENSAD, et moins encore l’UA, ne peuvent espérer


de la Somalie de payer ses cotisations à leurs budgets respectifs ou participer à la mise en
œuvre de leurs différents projets concernant l’ensemble de leurs États membres vu que le
pays est dispose d’un gouvernement il y a seulement quelques années, à cause d’une
guerre civile fratricide. Pourtant, la participation de ce pays aux différents projets de ces
différentes organisations aurait apporté un plus à ces organisations. La situation est
encore pire quand plusieurs États d’une même région sont engagés dans des guerres
civiles au même moment. Le cas de la République Démocratique du Congo, de l’Ouganda,
du Soudan, du Burundi, du de la Centrafrique.)

c. La mauvaise gouvernance

Comme on vient de le voir avec l’impact de l’instabilité politique sur le


processus d’intégration économique, il sied de noter qu’en Afrique, comme ailleurs, le
problème de gouvernance, de stabilité politique, et de la croissance ou le développement
économique sont quasiment indissociables. Et tous ces facteurs jouent pour ou contre les
projets d’intégration et de coopération en Afrique. La mauvaise gouvernance est la cause
première de presque toutes les guerres civiles et mouvements rebelles ou sécessionnistes
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sur le continent. Le fait que certains seigneurs de la guerre soient plus motivés par
l’avidité ou ambitions personnelles que par des frustrations et mécontentements nés de la
mauvaise gouvernance ne peut pas être nié, mais il faut admettre que même si des
mouvements rebelles étaient fondés sur des motifs personnels et égocentriques de leurs
leaders, il y aura presque toujours des signes de mécontentement dans la société qu’ils
visent à manipuler à leurs propres fins. Ces mécontentements sont souvent issus de la
mauvaise gouvernance ou d’un facteur connexe.

d. Le manque de volonté politique

Mais l’autre grande maladie dont souffre l’Afrique et son processus


d’intégration est et reste le manque de volonté politique comme l’un des principaux
obstacles à l’application par les États, des accords des différentes institutions africaines.
Sitôt que les chefs d’État et de gouvernement rentrent chez eux des différents sommets
de ces organisations, ils oublient tout de ce qu’ils ont adopté comme accord ou approuvé
comme projet. Cette absence de volonté politique explique dans une certaine mesure, le
manque de suivi des projets d’intégration économique. Ce dernier problème est
intimement lié à celui de la gouvernance.

Toutefois, il convient de souligner avec Pour le Professeur Adewoye


(1996), que le constitutionnalisme, sur lequel repose la société de droit, est essentiel à
l’intégration régionale. Le succès du projet d’intégration européenne est dû en partie au
fait que cette condition a été satisfaite par elle est respecté par ses Etats membres. Il note
justement que les États constitutionnalistes, habitués à la séparation des pouvoirs dans
leurs politiques internes, acceptent plus facilement de transférer une partie de leur
souveraineté à des institutions régionales et continentales avec des pouvoirs
supranationaux. Plus éloquemment encore. Le manque de constitutionnalisme en Afrique
a miné le processus d’intégration régionale de plusieurs façons. Autant l’habitude du
partage du pouvoir a servi d’appui à l’intégration régionale en Europe en facilitant la
transition à des modes de direction supranationaux, autant son absence a, en Afrique,
miné le processus. Et enfin, il y a aussi la concentration du pouvoir dans les mains des
seuls chefs d’État a particulièrement compliqué le partage du pouvoir étant donné la
jalousie avec laquelle chaque dirigeant a voulu protéger la souveraineté de son propre
territoire.
e. Le déficit en termes des finances
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Un autre obstacle et en même temps un défi majeur à relever est le


problème de financement pour assurer la réalisation des différents programmes
d’intégration sur le continent. Que ce soit dans le domaine de création d’infrastructures
panafricaines (réseaux de transport, lignes téléphoniques, télévision panafricaine, barrages
hydrauliques et électriques, etc.), des opérations de paix, ou même du fonctionnement
quotidien des différentes institutions africaines, le problème de financement fait toujours
défaut et cela entrave beaucoup de projets. Des exemples sont légion dans lesquels faute
des ressources suffisantes, les projets n’ont pas été réalisés. Le cas du Burundi, de la RDC,
de la Centrafrique, la somalie, le Mali… étalent sans ambages les échecs répétés des
organisations régionales et sous régionales africaines (l’UA, la CEPGL). La principale cause
de ce problème est sans doute le refus ou l’incapacité de certains pays membres de payer
leurs cotisations au complet et/ou à temps, ce qui nécessite parfois la suspension de
certains d’entre eux comme mesure de punition.
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CHAPITRE III : LES ORGANISATIONS REGIONALES POLITIQUES

Chapitre I : Union Africaine

I. Les Organisations Régionales à vocation politique

1. L’Union Africaine
En succédant à l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA), l’Union africaine
(UA) s’est données pour ambition de renouveler et de consolider le projet d’intégration
politique et économique dont les bases avaient été jetées en 1963. A cet effet, l’Acte
constitutif de la nouvelle organisation, dont les contours ont été tracés dans la Déclaration
de Syrte (Libye) du 9 septembre 1999, a fixé des objectifs et instauré un cadre
institutionnel allant bien au-delà de l’approche diplomatique finalement privilégiée par
l’OUA.

2. Quatre défis à relever par l’UA

- Relever les défis de la mondialisation par la promotion du développement


socioéconomique des Etats africains ;
- Gagner le pari de la mondialisation par la mobilisation de toutes les forces vives de
ses Etats, dont les femmes, les jeunes, le secteur privé en terme de partenariat ;
- L’insécurité et le fléau des conflits en Afrique, obstacle majeur au développement
des Etats africains ;
- La démocratisation et le respect des droits de l’homme ainsi que la bonne
gouvernance et l’Etat de droit.

C’est sous l’angle organique que les changements sont les plus notables,
avec notamment une Commission appelée à relayer et à impulser la dynamique unitaire. A
travers ce dernier aspect, la création du Conseil de Paix et de Sécurité traduit la volonté de
rompre avec la fatalité des guerres et de se doter d’instruments aptes à relever les défis
de la paix et à promouvoir une politique de défense commune.

Cependant, la rupture tant annoncée avec les égarements de l’OUA se


heurte une nouvelle fois aux réalités d’une Afrique toujours repliée sur le dogme de la
souveraineté étatique et confrontée à des difficultés, notamment financières, qui risquent
de renvoyer à un avenir plus lointain le vaste chantier des politiques communes. La mise
en place de l’UA le 9 juillet 2002, à Durban, en Afrique du Sud, la 38 eme Conférence des
Chefs d’Etat et de gouvernement de l’OUA proclame la naissance officielle de l’Union
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Africaine. Au-delà de la symbolique d’une telle décision, décision inaugurant une période
intérimaire d’un an au cours de laquelle les principaux organes de la nouvelle institution
seront mis en place, les dirigeants africains prenaient définitivement acte de leur volonté
d’ouvrir une nouvelle page de l’intégration de leur continent.

Si l’Union Africaine reprend à son compte les objectifs déjà assignés à


l’OUA, elle s’en distingue par un champ de coopération plus vaste, incluant désormais,
entre autres, les questions relatives à l’intégration économique, la démocratie, l’Etat de
droit, la bonne gouvernance ou encore les droits de l’homme. Ces nouvelles compétences
recouvrent pour une part les objectifs inscrits dans d’autres instruments juridiques qui
subsistent malgré l’entrée en vigueur de l’Acte constitutif. Même si, à terme, une telle
coexistence, une telle juxtaposition risque de soulever de sérieux problèmes tant sur le
plan institutionnel que fonctionnel, une synergie est ainsi envisagée dans des domaines
couverts jusque-là par le Traité d’Abuja de 1991 instituant une communauté économique
africaine, par la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples de 1981 ou encore
par la Déclaration du Caire.

A l’évidence la création de l’Union Africaine a été l’occasion de remettre «


à plat » tout le dispositif normatif adopté au fil des ans dans le sillage de l’OUA et
d’intégrer à la nouvelle organisation des structures qui s’étaient progressivement
transformées en entités quasi autonomes. C’est dans ce cadre qu’il sied d’inscrire la
question ou l’évolution du Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique
(NEPAD), créé en 2001. Conçu à l’origine comme un programme de l’OUA, celui-ci a, dans
les faits, fonctionné en relation étroite et directe avec les seuls chefs d’Etat africains en
charge du dossier (Afrique du Sud, Nigeria, Algérie et Sénégal).

Son secrétariat, installé en Afrique du Sud, a, dans la pratique, entretenu


davantage des relations de coopération que de subordination avec le siège de l’OUA à
Addis-Abeba. Ce danger de démembrement auquel a été souvent exposé l’OUA est
aujourd’hui réel pour l’Union africaine, comme en atteste un projet encore embryonnaire
de création d’un Secrétariat intérimaire chargé des questions d’environnement, qui serait
basé à Dakar. D’une manière générale, l’Union africaine, comme hier l’OUA et à l’instar de
nombreuses organisations du système des Nations Unies, n’échappera pas, elle aussi, au
risque des doubles emplois. D’ores et déjà, le NEPAD, tout auréolé de sa reconnaissance
internationale, s’est vu doter d’attributions à peu près identiques à celles dévolues à un
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organe de l’Union créé à l’initiative du Nigeria et, plus particulièrement, de son Président
Olesegun Obasanjo.

Née au début des années 1990, l’idée d’une Conférence sur la sécurité, la
stabilité, le développement et la coopération en Afrique sera reprise à son compte par
l’OUA, en juin 2000, sous la forme d’un organe ad hoc. Son mandat, à savoir la définition
d’une nouvelle vision du développement fondé sur les réformes démocratiques et
l’implication de la société civile, recoupe en grande partie celui du NEPAD. Un tel
problème, parmi beaucoup d’autres, témoigne de la complexité des questions
institutionnelles entraînées par la création de l’Union africaine et met en évidence de
multiples enjeux de leadership. Le processus de mise en place des organes principaux de
l’Union, et notamment l’adoption de leurs règlements intérieurs et statuts, a ainsi donné
lieu à des prises de position qui n’ont pas toujours obéi à la logique interétatique et
égalitaire inscrite dans l’Acte constitutif. En maintes occasions, les « grands » pays
membres (Nigeria, Afrique du Sud, Libye ou Algérie) ont essayé de peser sur les débats,
sans nécessairement y parvenir, faute d’avoir une même vision de l’organisation et les
mêmes intérêts à défendre.

3. De l’OUA à l’UA, rupture ou continuité ?

Il est à ce jour possible d’affirmer que l’Organisation de l’Unité Africaine a


pu atteindre d’une manière ou d’une autre l’objectif politique important pour l’Afrique, à
savoir : la libération politique de l’Afrique à travers la décolonisation, les indépendances, la
résolution de l’apartheid en Afrique du Sud. Mais sur le plan économique, beaucoup des
problèmes persistent et la situation socioéconomique des pays africains se dégrade,
renforcée aussi par l’insécurité grandissante sur le continent et dans bon nombres des
pays à cause de la recrudescence des conflits armés, la montée en puissance de
l’intégrisme musulman et la pauvreté des populations.

Objectifs et principes de l’OUA(art. 2) Objectifs et principes de l’UA (art. 3)


- Renforcer l’unité et la solidarité des Etats - Promouvoir la paix, la sécurité et la stabilité sur le
africains ; continent ;
- Coordonner et intensifier leur coopération et - Promouvoir les principes et les institutions
leurs efforts pour offrir de meilleurs démocratiques, la participation populaire et la bonne
conditions d’existence aux peuples gouvernance ;
d’Afrique ; - Promouvoir et protéger les droits de l’homme et des
- Défendre leur souveraineté, leur intégrité peuples conformément à la Charte africaine des droits
territoriale et leur indépendance ; de l’homme et des peuples et aux instruments
- Favoriser la coopération internationale, en pertinents relatifs aux droits de l’homme ;
tenant compte de la Charte de l’ONU et de - Créer les conditions appropriées permettant au
la Déclaration Universelle des droits de continent de jouer le rôle qui est le sien dans
l’Homme ; l’économie mondiale et dans les négociations
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- Coordonner et harmoniser les politiques internationales ;


générales des Etats africains dans les - Promouvoir le développement durable aux plans
domaines suivants : politique, diplomatique économique, social, culturel, ainsi que l’intégration
et économique, transport et communication, des économies africaines ;
éducation et culture, santé, hygiène et - Accélérer le développement du continent par la
nutrition, science et technique, défense et promotion de la recherche dans tous les domaines, en
sécurité. particulier en science et en technologie ;
Avec comme base, le respect des principes ci- - Œuvrer de concert avec des partenaires internationaux
après : pertinents en vue de l’éradication des maladies
- L’égalité souveraine de tous les Etats évitables et de la promotion de la santé sur le
membres ; continent.
- La non-ingérence dans les affaires Avec comme base le respect des principes ci-après :
intérieures des Etats ; - Participation des peuples africains aux activités de
- Le respect de la souveraineté et de l’Union ; Mise en place d’une politique de défense
l’intégrité ; commune pour le continent africain ;
- Le règlement pacifique de différends, par - Les droit d’ingérence humanitaire (crime, de guerre,
voie de négociation, de médiation, de génocide, crime contre l’humanité),
conciliation ou d’arbitrage ; - Droit des Etats membres de solliciter l’intervention de
- La condamnation dans réserve de l’Union pour restaurer la paix et la sécurité ; la
l’assassinat ainsi que des activités promotion de l’égalité entre homme et femme ; le
subversives exercées par des Etats voisins respect des principes démocratiques, des droits de
ou tous autres Etats ; l’homme, de l’Etat de droit ; et de la bonne
- Le dévouement sans réserve à la cause de gouvernance ; la promotion de la justice ; le respect de
l’émancipation totale des territoires la vie humaine ; rejet des changements
africains non encore indépendants ; anticonstitutionnels de gouvernement ;
- Affirmation d’une politique de non-
alignement à l’égard de tous les blocs.
NB : Tout Etat africain indépendant et souverain peut
devenir membre de l’organisation au terme de
l’article 4.

Ces dispositions de l’Acte constitutif laissent clairement apparaître les


importants changements opérés par rapport à l’ancienne OUA. Ils transparaissent tant du
point de vue des objectifs que de celui des organes en charge de les réaliser. En dehors
des grands principes largement consacrés par le droit international, sur lesquels était déjà
fondée l’OUA et que l’Acte constitutif rappelle solennellement (égalité, souveraineté et
interdépendance entre les Etats membres ; respect des frontières au moment de
l’accession à l’indépendance ; interdiction de recourir à l’usage de la force ; non-ingérence
d’un Etat membre dans les affaires intérieures d’un autre Etat...), des innovations ont été
introduites. L’Union repose désormais sur un socle de valeurs que l’OUA avait certes mises
en avant tout au long de la décennie 1990, mais qui préfigurent néanmoins de nouvelles
évolutions, tant dans le domaine politique (en particulier en matière de maintien de la paix
et de la sécurité) que dans les domaines économiques et sociaux. La promotion de
l’égalité entre les hommes et les femmes érigée désormais au rang de principe (article 4)
est en soi révélatrice de la nouvelle école de pensée dont s’inspire l’Acte constitutif. Elle
permettra notamment à la Commission d’inclure la question des genres dans ses
attributions.
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Au nombre des principes censés désormais guider l’action de l’Union


figurent, entre autres, le droit de l’Union « d’intervenir dans un Etat membre sur décision
de la Conférence, dans certaines circonstances graves, à savoir : les crimes de guerre, le
génocide et les crimes contre l’humanité » et « le droit des Etats membres de solliciter
l’intervention de l’Union pour restaurer la paix et la sécurité ». Même s’il existe encore à ce
jour un grand faussé entre les proclamations de principes et la réalité, cette formulation
atteste du changement de cap de l’organisation et de sa volonté de prendre en compte
des préoccupations qui, jusque-là, se sont toujours heurtées au sacro-saint principe de
souveraineté. C’est de ce même registre que procède la référence au « respect des
principes démocratiques, des droits de l’homme, de l’état de droit et de la bonne
gouvernance ». Pour répondre à ces nouvelles ambitions, l’Union se voit assigner des
objectifs qui vont bien au-delà de ceux que l’on retrouve dans les chartes constitutives des
autres organisations internationales régionales. Sont ainsi mentionnés de nouveaux
domaines de compétence.

Ces derniers constituent, pour certains d’entre eux, une véritable


révolution, en cela qu’ils ne concernent plus exclusivement des domaines politiques
traditionnels dont l’OUA avait déjà à connaître, comme le renforcement de la paix et de la
sécurité du continent ou encore la « défense des positions africaines communes sur les
questions d’intérêt pour le Continent et ses peuples », mais recouvrent désormais des
sujets plus sensibles, comme l’« intégration politique et socio-économique du continent »
(article 3) ou, plus concrets et parfois très proches des citoyens, telles la libre circulation
des personnes, des biens, des capitaux et des services, la sécurité alimentaire, la lutte
contre la pauvreté, la lutte contre les pandémies, la protection de l’environnement ou
encore la gestion de la dette.

Il faut noter aussi que c’est sur le plan institutionnel, là où les


changements étaient les plus attendus, qu’ils sont effectivement les plus palpables, aussi
bien à travers le nombre élevé d’organes prévus par l’Acte constitutif, que par la diversité
et l’étendue des prérogatives d’instances annonciatrices de futurs chantiers de l’Union.
Dans ce registre, la Commission fait figure de symbole des nouvelles orientations de
l’Union et de la volonté de rompre avec les modes d’organisation et de fonctionnement du
Secrétariat général de l’OUA. Cette préoccupation était d’autant plus fondée que les
critiques les plus sévères qu’a eu à endosser l’OUA au cours de ses quatre décennies
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d’existence s’étaient principalement focalisées sur l’administration et le personnel en


général, jugés un peu hâtivement responsables de tous les travers de l’institution.

Aux termes de l’article 5 de l’Acte constitutif, les organes de l’Union sont


les suivants : la Conférence de l’Union, le Conseil Exécutif, le Parlement Africain, la Cour
de Justice, la Commission, le Comité des Représentants Permanents, les Comités
Techniques Spécialisés, le Conseil Economique, Social et Culturel, les Institutions
financières. D’autres organes peuvent être créés à l’initiative de la Conférence de l’Union,
comme elle le fit pour le Conseil de paix et de sécurité dès l’entrée en vigueur de l’Acte
constitutif. Plus de deux ans après l’entrée en fonction de l’Union Africaine, seuls les
organes-clefs, considérés d’ailleurs comme prioritaires par le Sommet de Lusaka de juillet
2001 (la Conférence de l’Union, le Conseil exécutif, le Comité des représentants
permanents et la Commission), ont été définitivement mis en place après l’adoption, lors
de la Conférence de Durban en juillet 2002, des règlements intérieurs des trois premiers et
des statuts de la Commission. Mais pour les autres institutions, leur mise en place reste à
ce jour subordonnée soit à la ratification des Protocoles ad hoc qui sont en cours
(Parlement panafricain, Cour de justice, Conseil économique, social et culturel, Conseil de
paix et de sécurité).

D’une manière générale, la Conférence de l’Union et le Conseil exécutif


s’inscrivent dans la continuité de la Conférence des Chefs d’Etat et de gouvernement et du
Conseil des Ministres de l’OUA. Qualifiée d’organe suprême (article 6-2), la Conférence de
l’Union est composée des chefs d’Etat et de gouvernement des pays membres (ou de «
leurs représentants dûment accrédités »). Elle se réunit, comme son homologue de l’OUA,
en session ordinaire une fois par an et, en session extraordinaire, à la demande d’un Etat
membre et sur approbation des deux tiers des Etats membres. Ses pouvoirs et ses
attributions en font la pièce maîtresse de l’Union : c’est à elle que revient la charge de tout
le volet politique de l’Union, qu’il s’agisse du contrôle du fonctionnement de la
Commission, de la nomination de ses principaux dirigeants ou bien encore de la définition
des politiques. L’Acte constitutif fait en outre une mention spéciale (article 9) de la «
gestion des conflits, des situations de guerre ainsi que de la restauration de la paix ».

De par son caractère éminemment politique, la Conférence de l’Union a


vocation à connaître de toutes les questions, ce qu’elle ne manque jamais de faire
lorsqu’elle est saisie à cet effet. La Conférence prend ses décisions par consensus, ou à
défaut, à la majorité des deux tiers des Etats membres, à l’exception des questions de
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(brouillon)
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procédure soumisses à la majorité simple. Mais dans les faits, les décisions sont toutes
adoptées sans vote, dès lors qu’elles ont été, au préalable, retenues par le Conseil Exécutif
et soumises formellement à l’approbation de la Conférence. Il arrive néanmoins que faute
d’un accord au Conseil Exécutif, la Conférence soit amenée à trancher directement.

La création de la Commission comme organe de l’Union Africaine, est la


grande innovation de l’architecture institutionnelle de cette Organisation. C’est
essentiellement sur elle, ou plutôt sur son dynamisme, que repose la mise en œuvre du
projet d’intégration inscrit dans l’Acte constitutif. Si ce dernier est laconique sur les
attributions de la Commission (« déterminées par la Conférence », article 20 § 3), sa
configuration organique, la spécialisation de ses membres, ses méthodes de travail plus
collégiales, ses fonctions telles qu’elles ressortent de ses statuts et de son règlement
intérieur, marquent une rupture avec l’ancien Secrétariat général de l’OUA. Fortement
inspirée du modèle de la Commission de l’Union européenne, elle est appelée à
fonctionner comme un organe collectif, chaque commissaire ayant son « portefeuille » à la
façon d’un ministre, mais toutes les questions étant débattues collégialement, sous
l’autorité d’un président.

Incarnant la continuité de l’Union, et en relation constante avec le Comité


des représentants permanents, la Commission est en charge de préparer et de mettre en
œuvre les décisions de la Conférence et du Conseil de l’Union. Tout en assurant le
secrétariat de l’Union, avec tout ce que cela comporte comme tâches strictement
administratives, elle assume une fonction de représentation de l’Union sur le plan
international. C’est par elle, entre autres, et les négociations qu’elle aura à mener avec les
partenaires extérieurs à l’Afrique, que devra passer l’indispensable accroissement des
ressources financières de l’Union. Longuement débattue, la question de sa composition
définitive (un président, un vice-président et huit commissaires) et de la répartition des
attributions entre ses différents membres obéit à une double préoccupation d’efficacité et
de spécialisation des tâches. La présélection très rigoureuse des candidatures aux
fonctions de commissaires, sous la forme d’un classement établi à partir des seuls critères
de compétences, a permis d’éviter le piège de la politisation dans lequel s’est trop
longtemps enfermé l’OUA, dans le choix des secrétaires généraux adjoints.

4. Les obstacles, pesanteurs et ou difficultés de l’Union Africaine

A sa création en 2003, L’Union Africaine a suscité beaucoup d’espoir et


l’euphorie des africains, qui pensaient pouvoir finalement vivre le changement. Mais plus
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d’une décennie après sa création, celle-ci se trouve aussi, comme son prédécesseur dans
l’impasse. Plusieurs raisons font que l’Union Africaine n’arrive pas à atteindre ses objectifs.
Dans le cadre de cet enseignement, nous avons retenu ce qui suit :

 La dépendance politique, financière et économique des Etats africains vis-à-vis de


l’extérieur ;
 L’absence de volonté politique des Etats membres ;
 Les comportements dilatoires de certains délégués,
 Les arguties de procédure,
 Le renvoi systématique des questions « sensibles » à un examen « plus approfondi
par le Conseil exécutif », les discours purement rhétoriques, on mesure combien est
difficile le passage d’une OUA moulée dans le respect de la sacro-sainte
souveraineté étatique à une Union africaine vouée, quant à elle, à promouvoir une
véritable intégration du continent. Le refus de renforcer les prérogatives et pouvoir
du Président de la Commission de l’Union, le réduisant au simple rôle de porte-
parole des Chefs d’Etat et de gouvernement.
 Difficulté pour les dirigeants de s’affranchir de la tutelle des Etats membres,
 Allégeances des certains gouvernants aux puissances étrangères ;
 La mauvaise gouvernance des Etats et de l’Organisation.
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Chapitre IV : Les Communautés Economiques régionales Africaines

Dans sa division géographique, l’Afrique est divisée en cinq régions


naturelles : ouest, est, sud, nord et centre.
Tableau 2 : Les principales Communautés Economiques Régionales (CER) en Afrique

Domaines Date Objectif


Principales CER Type d’intégration et de d’entrée en Etats membres spécifié
coopération vigueur
Union du Maghreb Zone Biens, services, 17 fév. Algérie, Jamahiriya Union
arabe (UMA) de libre investissements, 1989 arabe libyenne, Maroc, économique
échange migrations Mauritanie, Tunisie intégrale
Marché commun de Zone Biens, services, 8 déc. Angola, Burundi, Marché
l’Afrique de l’Est et de libre investissements, 1994 Comores, Djibouti, Égypte, commun
de l’Afrique australe échange migrations Érythrée, Éthiopie, Kenya,
(COMESA) Madagascar, Malawi,
Maurice, Namibie,
Ouganda, République
démocratique du Congo,
Rwanda, Seychelles,
Soudan, Swaziland,
Zambie, Zimbabwe
Communauté des États Zone Biens, services, 4 fév. Bénin, Burkina Faso, Côte Zone
sahélo sahariens (CEN- de libre investissements, 1998 d’Ivoire, Djibouti, Égypte, de libre
SAD) échange migrations Érythrée, Gambie, Lybie, échange et
Mali, Maroc, Niger, intégration
Nigéria, dans certains
République centrafricaine, secteurs
Sénégal, Somalie, Soudan,
Tchad, Togo, Tunisie
Communauté Zone Biens, services, 1er juil. Angola, Burundi, Union
économique des États de libre investissements, 2007 Cameroun, Congo, Gabon, économique
de l’Afrique centrale échange migrations Guinée intégrale
(CEEAC) équatoriale, République
centrafricaine, République
démocratique du Congo,
Rwanda, Sao Tomé et
Principe Tchad
Communauté Zone Biens, services, 24 juil. Bénin, Burkina Faso, Cap Union
économique des États de libre investissements, 1993 Vert, Côte d’Ivoire, économique
de l’Afrique de l’Ouest échange migrations Gambie, Ghana, Guinée, intégrale
(CEDEAO) Guinée Bissau, Libéria,
Mali, Niger, Sénégal, Sierra
Leone, Togo
Autorité Zone Biens, services, 25 nov. Djibouti, Érythrée, Union
intergouvernementale de libre investissements, 1996 Éthiopie, Kenya, Ouganda, économique
pour le développement échange migrations Somalie, intégrale
(IGAD) Soudan
Communauté de Zone Biens, services, 1er sept. Afrique du Sud, Angola, Union
développement de de libre investissements, 2000 Botswana, Lesotho, économique
l’Afrique australe échange migrations Malawi, Maurice, intégrale
(SADC) Mozambique, Namibie,
République
démocratique du Congo,
République Unie de
Tanzanie, Swaziland,
Zambie, Zimbabwe
Communauté Union Biens, services, 24 juin Cameroun, Congo, Gabon, Union
économique et douanière investissements, 1999 Guinée équatoriale, économique
monétaire de l’Afrique migrations République centrafricaine, intégrale
centrale (CEMAC) Tchad
Communauté Union Biens, services, 7 juil. Burundi, Kenya, Ouganda, Union
d’Afrique de l’Est douanière investissements, 2000 République Unie de économique
(CAE) migrations Tanzanie, Rwanda intégrale
Union douanière Union Biens, services, 15 juil. Afrique du Sud, Botswana, Union
d’Afrique australe douanière investissements, 2004 Lesotho, Namibie, douanière
(UDAA) migrations Swaziland

Union économique Union Harmonisation 10 janv. Benin, Burkina Faso, Côte Union
et monétaire ouest douanière du droit 1994 d’Ivoire, Guinée Bissau, douanière
africaine (UEMOA) commercial, Mali, Niger, Sénégal, Togo
convergence
des politiques
macroéconomiques
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Source : CNUCED, 2009


Sous-Régions Communauté Économiques
Afrique Centrale - La Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale
(CEEAC/ECCAS) ;
- La Communauté Economique et Monétaire d’Afrique Centrale
(CEMAC) ;
- Communauté Economique des Pays de Grands Lacs
(CEPGL) ;
- L’Union Douanière et Economique de l’Afrique Centrale
(UDEAC) ;
Afrique de l’Ouest - La Communauté Economique des Etats de l’Afrique de
l’Ouest (CEDEAO/ECOWAS) Ecomog (groupe militaire
d’intervention) ;
- L’Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA) ;
- L’Union de la Rivière Mano (URM/MRU) ;
- La Communauté des Etats Sahélo-Sahariens (CEN/SAD).

Afrique Australe - La Communauté de Développement de l’Afrique Australe


(SADC) ;
- L’Union Douanière pour l’Afrique Australe (SACU) ;
- La Commission de l’Océan Indien (COI/IOC) ;
- Le Marché Commun de l’Afrique Orientale et Australe
(COMESA)
Afrique Orientale - La Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC) ;
- L’Autorité Intergouvernementale pour le Développement
(AIGD/IGAD) ;
Afrique du Nord - L’Union du Maghreb Arabe (UMA)

Section 1 : La Communauté Economique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDAO)

La CEDAO a été créée le 28 mai 1975 à Lagos (Bénin, Burkina Faso, Cap-
Vert, Côte d’Ivoire, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée-Bissau, Libéria, Mali, Niger, Nigéria,
Sénégal, Sierra Leone, Togo.). Ses principes de base sont : l’égalité, l’interdépendance, la
solidarité, l’autosuffisance collective, la coopération, l’harmonisation et l’intégration
économique, la non-agression, le maintien de la paix, le respect mutuel, la promotion et la
protection des droits de l’homme, la justice économique et sociale, la libre circulation des
personnes et des biens, la promotion et la consolidation de la démocratie.

Les premières idées qui émergent sur la nécessité de la création ou du


regroupement au niveau de la sous-région étaient fondées sur l’autosuffisance collective et
l’intégration à travers la création d’un marché unique articulé autour d’une Union
économique et monétaire. Face à l’étroitesse des marchés intérieurs n’offrant aucune
perspective sérieuse aux Etats membres face aux grands blocs commerciaux. La
promotion du commerce entre les Etats de la sous-région obligera ces derniers à
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supprimer les droits de douane, établir un tarif extérieur commun, et l’harmonisation des
politiques économiques et financières, ainsi que la création d’une zone monétaire.

Celles-ci renferme en elle des forces et faiblesses qu’il sied de relever


brièvement ici. S’agissant des faiblesses, il y a lieu de retenir l’instabilité politique, la
mauvaise gouvernance, l’inadaptation des infrastructures nationales aux exigences d’une
économie moderne. Mais en terme de force il convient de retenir entre autres la signature
et la mise en œuvre du Protocole sur la libre circulation des personnes signé en 1978, la
suppression des barrières douanières sur certains produits. La CEDEAO passe pour l’une
des organisations sous régionales africaines la mieux notée sur le continent, du fait de son
dynamisme en ce qui concerne ses interventions du point de vue économique et politique.
La CEDEAO a été très efficace dans la résolution des crises politiques, tensions socio-
économiques et politiques ayant caractérisé certains de ses Etats membres. Mais
globalement, celle-ci, comme toutes les autres organisations régionales ou sous
régionales, présente un bilan négatif en matière d’intégration économique régionale.

D’où l’émergence d’une autre dynamique sous régionale, à savoir : l’Union


Economique et Monétaire Ouest-africaine créée à Dakar le 10 janvier 1994, dont le siège
se trouve au Burkina Faso.

Section 2 : La Communauté Economique des Etats d’Afrique Centrale (CEEAC)

1. Naissance et origine de la CEEAC

La Communauté économique des États d’Afrique centrale


(CEEAC) est créée le 18 octobre 1983. Le traité de sa création est entré en vigueur en
décembre 1984. Elle est considérée comme l’un des quatre piliers de l’intégration
économique de l’Union Africaine (UA), et comprend, à ce jour 11 Etats membres, à savoir
: « Tchad, la République Centrafricaine, le Cameroun, le Gabon, le Congo-Brazza, la
République Démocratique du Congo, la Guinée Equatoriale, l’Angola, le Burundi, Sao Tome
et Principe ». Après quelques années de léthargie, la relance de la CEEAC s’est opérée à
Libreville en 1998, en marge de la réunion des pays de l’association Afrique Caraïbes et
Pacifique (ACP). Cette initiative correspond « à une exigence historique car la
mondialisation ou la globalisation qui se structure dans tous les continents se fait
prioritairement au profit des grands pays ou des grandes organisations ». Elle vise à
donner une nouvelle impulsion au processus d’intégration et de coopération régionale en
Afrique centrale où elle a largement pris du retard. Lors d’un sommet à Libreville le 6
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(brouillon)
29

février 1998, les chefs d’État et de gouvernement présents se sont engagés à faire
renaître l’organisation, et à prendre la responsabilité de la paix et de la sécurité dans la
sous-région. Certains des pays appartiennent à d’autres organisations d’autres régions. Le
Tchad fait partie de la Communauté des Etats sahéliens. Le Cameroun, la Centrafrique, le
Tchad font partie de la Commission du bassin du lac Tchad.

L’Angola, la RDC sont les partenaires de ceux de la Communauté


de développement de l’Afrique australe (SADC). Le cadre spatial de la CEEAC est une voie
stratégique directe partant du pôle nord en direction de l’Atlantique Sud. Le Tchad, le
Cameroun, le Congo-Brazzaville, la République démocratique du Congo, qui sont sur cet
itinéraire direct vers l’Atlantique Sud, revêtent, individuellement et en groupe, un intérêt
géostratégique qui suscite des convoitises multiples des grandes puissances. De plus, cet
espace - carrefour est aussi l’une des zones les plus riches en ressources naturelles
variées. Rappelons brièvement que tous ces Etats, excepté encore le Rwanda et le Burundi
sont des Etats pétroliers.

La Côte atlantique, principalement le golfe de Guinée, la baie du


Biafra, s’annoncent comme le terminal pétrolier africain le plus important et probable point
d’exportation du brut soudanais, tchadien, centrafricain, nord-camerounais dans un avenir
proche. L’Angola, la Guinée équatoriale, le Congo Brazzaville, sont producteurs de pétrole
après le Nigeria avec lequel ils partagent comme le Cameroun, Sao Tomé et Principe, les
aspirations pour une même sphère de coprospérité et de paix dessinée par la Commission
Les Organisations Régionales et Sous Régionales Africaines Professeur Daniel LUKUSA MUBENGA UPN
(brouillon)
30

du golfe de Guinée. C’est également dans cette zone que se trouve, avec le projet Inga I,
II, le plus puissant potentiel hydroélectrique d’Afrique. La RDC sera ainsi le point de départ
des autoroutes de l’énergie électrique en direction de l’Afrique de l’Ouest et du Nord via le
Nigeria, le Bénin. Elle le sera également pour le Moyen-Orient via l’Afrique orientale et
l’Egypte. Le Cameroun, point de passage, est au cœur de ce réseau. Les autres pays
situés sur son prolongement vers l’Afrique du Sud, sont sur l’itinéraire de l’autoroute de
gaz, de source nigériane, et à destination de l ‘Afrique australe. Les ressources forestières
d’une part et les ressources minières d’autre part, de la zone CEEAC sont les plus
importantes de toute l’Afrique médiane. La RDC et le Gabon, l’Angola et le Cabinda sont
de véritables « scandales géologiques ».

2. La vision de la création de la Communauté Economique des Etats de


l’Afrique Centrale

L’idée de la création de cette Organisation Sous Régionale


Africaine a été plus dictée par le souci et le besoin qu’avaient éprouvés les Chefs Etats des
pays membres de cette sous-région. Il s’agit du développement économique, social et
culturel, basés sur la coopération, en vue d’atteindre la stabilité politique et économique
des Etats de la région. De cette vision globale, découle une mission fondamentale, à savoir
la promotion et le renforcement d’une coopération harmonieuse, afin de promouvoir le
développement à travers l’intégration économique régionale dans divers domaines.
(L’industrie, le transport, la communication, l’énergie, l’agriculture, le commerce, la
douane, les finances, le tourisme, la culture et l’enseignement. Toutefois, il faut noter que
les activités de cette organisation sont souvent affectées par la recrudescence des conflits
armés et l’instabilité politique qui caractérise la plupart des Etats membres de cette région.

3. Les objectifs

- L’établissement des politiques économiques ;


- La promotion du dialogue politique entre les pays de la région ;
- La création d’une Union Douanière ;
- La création d’un marché commun entre les Etats de la région ;

4. Les structures de la CEEAC

La Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale


dispose de plusieurs structures, parmi lesquelles : La conférence des Chefs d’Etat et des
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(brouillon)
31

gouvernements, le Conseil des Ministres, le Secrétariat, la Cour de Justice, la Commission


Consultative, les Comités techniques Spécialisés.

4.1. La conférence des Chefs d’Etat et de gouvernement

La conférence des chefs d’État est « l’organe suprême », et de


gouvernement, qui constitue la clé de voûte de la structure. Au sein de la CEEAC, la
conférence des Chefs d’État et de gouvernement apparaît comme l’institution souveraine
dans laquelle se concentrent tous les pouvoirs essentiels et importants du groupement
économique régional. Située en haut de la pyramide institutionnelle, la conférence
constitue la véritable et seule instance de définition des politiques et stratégies de
l’organisation. Elle est ainsi chargée d’en assurer la direction générale, d’en définir la
politique générale et les grandes orientations, et d’en examiner les questions de politique
générale. C’est l’organe de conception, d’orientation et de contrôle. La conférence décide
de tout, statue en dernier ressort, exerce sa tutelle sur l’ensemble des institutions qui lui
sont subordonnées et surveille le fonctionnement des mécanismes communautaires.

Pour la CEEAC, l’autorité en matière budgétaire reste entre les


mains de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement, qui arrête le budget de la
communauté et fixe la contribution annuelle de chaque État membre, sur proposition du
Conseil des Ministres. C’est là une influence et une manifestation du «. Présidentialisme
panafricain ». Cette disposition essentielle confirme que ce sont les chefs d’État et de
gouvernement qui détiennent la réalité du pouvoir et la place centrale dans les
constitutions nationales.

4.2. Le Conseil des Ministres

Le Conseil des Ministres donne des directives aux autres institutions


communautaires relevant de son autorité et oriente ainsi les activités du secrétariat, ainsi
que des organismes techniques et spécialisés. Il exerce en outre directement, tous les
pouvoirs ou fonctions qui lui sont assignés par le traité constitutif ou que lui délègue la
conférence. Le règlement intérieur du Conseil des Ministres est approuvé par la
conférence, après son élaboration par le Conseil des Ministres.

NB : Les autres organes ne sont pas encore opérationnels jusqu’à ce jour.

Le défi majeur de la CEEAC reste donc de pouvoir suppléer efficacement


ces interventions extérieures et plus encore, d'élaborer et de décliner une stratégie de
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(brouillon)
32

prise en charge effective de la sécurité dans son espace, en se dotant d'une capacité, y
compris militaire de dissuasion, d'anticipation et de gestion des conflits, des actes de
brigandage et des menaces terroristes.

5. Situation Economique

La situation socio-économique de la CEEAC est peu reluisante. Les


indicateurs statistiques de développement humain traduisent le contexte économiquement
difficile de l’ensemble des pays de la CEEAC marqué par la prépondérance de l’économie
de rente. L’Angola, le Burundi, la Centrafrique, la RDC, le Rwanda, le Tchad sont en phase
de transition à la fois politique et économique. Les indicateurs de développement humain
sont globalement faibles et oscillent entre 0,376 pour le Tchad et 0,664 pour la Guinée
équatoriale. Néanmoins, l’Afrique centrale est la région qui s’en sort le mieux avec un taux
de croissance supérieure à 5%. Les économies des pays de la CEEAC sont lourdement
handicapées par le lourd service de la dette d’une part, les effets pervers de l’économie de
guerre, des économies souterraines, les dépenses militaires lourdes qui compromettent à
la fois le développement, la sécurité et la paix.

6. Situation politique

L’histoire politique de l’Afrique centrale dans toutes ses configurations est


une réalité éminemment conflictuelle. Dès 1954, les mouvements nationalistes
camerounais de décolonisation ouvrent l’ère des conflits armés en s’opposant
violemment au processus d’indépendance planifié par la France. La rébellion poursuivra
cette contestation contre le régime de Yaoundé qui en viendra finalement à bout en 1971.
Le Congo-Léopoldville, (ex-Zaïre), actuelle RDC, grande victime de la rivalité Est-Ouest,
s’inscrit dès 1960, dans la phase la plus violente et déstabilisatrice de son histoire par
l’assassinat du « héros national » Patrice Emery Lumumba. On aurait pu convenir avec
Franz Fanon que la position particulière de la RDC au cœur de l’Afrique (dont la forme est
celle d’un fusil et la RDC la gâchette) ouvre, avant 1960, le cycle de la violence qui, du
Tchad en passant par la Centrafrique et le Congo-Brazzaville, n’épargne pas
l’Angola, le Cabinda, le Rwanda et le Burundi voisins. Sous de formes moins
nationalistes, la violence politique qui accompagne certains modes d’alternance au
pouvoir, tels les coups d’Etat et autres mutineries, atteignent tous les pays de la CEEAC.
Dans l’ensemble, une telle transition politique a été globalement favorable à une tonalité
et aux méthodes autoritaires singularisant les régimes en place avant 1990.
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(brouillon)
33

Le triptyque des modalités de crise permet de cerner les ressorts de la


permanence de la violence dans la zone. On distingue : le modèle classique de crise
permanente (Tchad, Angola, RDC, RCA) nourrissant la conflictualité depuis une
quarantaine d’années ; le modèle de crise politico-identitaire accompagnée de violence à
répétition (Rwanda, Burundi) et enfin, le troisième modèle, en apparence synthèse des
deux premiers, mais en réalité modèle à part entière de recours à la « démocratie » ou à
la « révolution » : cas de la RDC, Congo-Brazzaville. Les changements politiques
intervenus dès les années 1990 du fait du « vent de l’Est » ou des « appels d’air » internes
s’articulent aisément à cette triptyque.

7. La relance de la CEEAC

La relance de la CEEAC s’inscrit dans la logique du traité d’Abuja (Nigeria)


dont tous les Etats sont signataires. Elle participe à la construction d’un des piliers de la
future communauté économique africaine validée par le traité d’Abuja. Elle marque aussi
la volonté des leaders de la sous-région à participer au dit projet. Du point de vue
géopolitique, elle consacre l’importance de l’Afrique centrale comme catalyseur ou entrave
au développement économique et la stabilité du continent. Du point de vue de la
conflictualité, la spirale des conflits et leur forte tendance à la régionalisation inscrivent la
consolidation de la paix et la dynamique du développement dans la perspective commune
et sous régionale. En juin 1999 à Malabo, dans le cadre de la relance et de la
redynamisation de la CEEAC, les chefs d’Etat et de gouvernement ont adopté une nouvelle
vision de l’intégration s’articulant autour des quatre domaines de concentration :

L’intégration humaine ;
Le développement des capacités d’analyse, d’action, d’intervention, d’initiatives
entrepreneuriales, de communication et de négociations collectives ;
Le développement de l’intégration physique, économique et monétaire ;
Le développement des capacités de maintien de la paix, de la sécurité et de la
stabilité.
8. Traits caractéristiques

L’organisation de la CEEAC s’articule autour de trois caractéristiques


essentielles : la prédominance de l’inter-étatisme, le caractère embryonnaire des organes
intégrés et la persistance du déficit démocratique.

a. La prédominance de l’inter-étatisme
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(brouillon)
34

Nous entendons par « inter-étatisme », une approche de l’intégration


basée sur la souveraineté des États et conditionnée par l’emprise des États membres sur
le fonctionnement des institutions régionales. L’inter-étatisme se traduit d’abord par la
prégnance des gouvernements au niveau des organes de décision. Il ne se confond pas à
« l’inter-gouvernementalisme ». Celui-ci se manifeste ensuite dans la procédure
d’élaboration et d’adoption des actes communautaires, par la règle du consensus, dont
l’effet est d’assurer la primauté des souverainetés nationales sur l’intérêt général. Il se
reconnaît, finalement, par la faible portée des décisions régionales.

b. Le primat de l’inter gouvernementalisme

La prépondérance de l’inter gouvernementalisme résulte du fait que le


sommet de la hiérarchie institutionnelle est occupé uniquement par des organes composés
de représentants gouvernementaux : la conférence des chefs d’État.

c. Consécration de la règle du consensus et déficit démocratique du cadre


Institutionnel

La règle du consensus, à l’instar de celle de l’unanimité (dont elle n’est pas


synonyme), tend à assurer le respect plénier du principe de la souveraineté des États
membres, puisqu’aucune obligation ne peut être imposée à un État membre, en dehors
d’un engagement ou d’un acte exprès de volonté de sa part. La règle du consensus ne se
confond néanmoins pas avec l’unanimité. Si le consensus « n’interdit pas l’explication,
l’abstention, la réserve, le refus de se considérer comme juridiquement lié, voire le
désaccord profond quoique non formulé »).

d. Le déficit de l’état de droit, mauvaise gouvernance et pauvreté

Ces deux éléments constituent, pour la sous-région, les principaux


facteurs d’insécurité et d’instabilité. Les structures de l’Etat sont faibles ; taillées à la
mesure des intérêts particuliers, elles sont inaptes à garantir le fonctionnement républicain
des institutions dont la capacité politique et juridique est très insuffisante. Le système
judiciaire et pénal manquant de ressources financières, ne dispose pas de l’autorité de
dissuasion nécessaire face aux initiatives criminelles. Les lois fondamentales sont
constamment modifiées juste pour assurer la pérennité du régime et de celui qui l’incarne.
Dans ce contexte, la mauvaise gouvernance, parrainée par un secteur de la sécurité
suranné, est globalement érigée en pratique de gouvernement, avec ses effets pervers
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(brouillon)
35

que sont la corruption officielle et le développement des économies criminelles, la


mauvaise gestion endémique des ressources, les abus des droits de l’homme.

e. Prépondérance des intérêts étrangers

En raison des facteurs historiques, des intérêts géostratégiques,


géoéconomiques, la CEEAC en partage avec la vaste région des Grands Lacs, est devenue
le centre d'activités économiques, diplomatiques et humanitaires des pays occidentaux.
Ainsi, plusieurs installations occidentales, y compris les missions diplomatiques et les
activités d'investissement, constituent des cibles attrayantes, aussi bien « dures » que «
molles », pour des attaques terroristes. En d’autres circonstances, la prépondérance peut
aussi être un accélérateur de conflit : Le Rwanda, pressenti comme « Eta-tampon » entre
l’ex-Zaïre francophone et l’Ouganda anglophone, a été surarmée sous Habyarimana.

Section 3 : La Communauté de Développement de l’Afrique Australe (SADC)

La création de la SADC remonte au mois d’avril 1980, avec la création de


la Conférence de Coordination du Développement de l’Afrique Australe (SADCC) suite à
l’adoption de la Déclaration de Lusaka. L’objectif principal de l’Organisation n’était pas de
mettre en place un mécanisme d’intégration, mais plutôt de réduire la dépendance vis-à-
vis de l’Afrique du Sud. La coopération, plutôt que la prise d’engagements exécutoires, a
été la stratégie adoptée par la nouvelle organisation.

En 1992, une année après l’adoption du Traité d’Abuja, la SADCC a été


transformée en Communauté de Développement de l’Afrique Australe, suite à l’adoption
de la Déclaration et du Traité de la SADC à Windhoek, en Namibie. Ce Traité a, par la
suite, été amendé en août 2001. Le programme d’échange de la SADC est défini dans le
Protocole sur le commerce qui a été conclu en août 1996 et est entré en vigueur le 25
janvier 2000. Conformément au Protocole, le but de la SADC est de créer une zone de
libre-échange dans un délai de huit ans à compter de l’entrée en vigueur du Protocole, soit
en 2008.

La SADC compte comme membres, l’Angola, le Botswana, le Lesotho, le


Malawi, le Mozambique, la Swaziland, la Tanzanie, la Zambie, le Zimbabwe, la Namibie,
l’Afrique du Sud, Maurice, la République Démocratique du Congo, le Madagascar et le
Seychelles.

1. Objectifs
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(brouillon)
36

Les objectifs du présent Protocole sont les suivants :

- Promouvoir et soutenir l’établissement par chacun des Etats parties des


mécanismes qui sont nécessaires pour prévenir, dépister, punir, et éradiquer la
corruption dans les secteurs public et privé ;
- Promouvoir, faciliter et réglementer la coopération entre les Etats parties en vue
d’assurer l’efficacité des mesures et actions visant à prévenir, dépister, punir et
éliminer la corruption dans les secteurs public et privé ;
- Encourager les Etats parties à élaborer des politiques et des législations nationales
visant à prévenir, dépister, punir et éliminer la corruption dans les secteurs public et
privé et à les harmoniser.
2. Caractéristiques et Obstacles
- La SADC est l’une des rares Organisations sous régionales africaines la plus active
dans la gestion des situations multiforme qui caractérisent ou touchent ses Etats
membres. Avec l’évolution du monde et la reconfiguration de la sous-région du fait
de la mondialisation et de l’apparition des nouveaux facteurs sur le continent, à
l’instar de la menace sécuritaire, la recrudescence des conflits armés internes et
interétatiques… celle-ci s’est vue obligée de recadrer ses objectifs, vers la
promotion de la sécurité. Dans la mesure où, aucun objectif de développement en
Afrique ne peut être atteint sans un environnement instable et insécurisé.
- La grande influence, ou mieux, la domination de l’Afrique du Sud sur l’organisation.
3. Principes fondamentaux

- L’harmonisation des politiques et programmes socioéconomiques dans les États


membres ;
- L’élaboration des politiques visant la suppression progressive des obstacles à la libre
circulation des capitaux et de la main-d’œuvre, des biens et services et des
populations de la région, en général, entre les États membres ;
- Approche basée sur l’intégration régionale axée sur la coopération sectorielle ;
- La libéralisation du commerce inter-régional de biens et services sur la base de
mécanismes commerciaux justes, réciproques, équitables ;
4. Situation de l’intégration régionale

Contrairement aux autres Communauté Economiques Régionales, basées


sur l’approche vinérienne classique, dont l’axe primordial est que les avantages de
l’intégration régionale découlent presqu’exclusivement d’une perspective commerciale, la
SADC, à l’inverse, se fonde sur le désir d’indépendance économique et les besoins de
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(brouillon)
37

sécurité politique des États de la ligne de front, a adopté une approche à l’intégration
régionale basée sur le développement. Pour elle, l’argument le plus fort plaidant en faveur
de la régionalisation est lié à des problèmes d’intérêt plus large, avec les faiblesses
structurelles considérées comme la contrainte essentielle au commerce intra régional.
Section 4 : La Communauté des États sahélo-sahéliens (CEN-SAD)

La Communauté des États sahélo-sahéliens est la dernière-née des


Communautés Economiques Régionales. Elle a été créée en février 1998, avec l’adoption
du Traité instituant la Communauté des États sahélo-sahéliens. Elle a ensuite été reconnue
comme Communautés Economiques Régionales lors du 36ème Sommet de l’OUA, qui s’est
tenu à Lomé en juillet 2000. À la différence des autres Communautés Economiques
Régionales, son étendue géographique ne correspond à aucune des cinq régions
géographiques identifiées dans le Traité d’Abuja.

Elle est composée des pays qui sont déjà membres d’autres Communautés
Economiques Régionales. Les membres fondateurs de la Communauté des États sahélo-
sahéliens étaient le Burkina Faso, le Tchad, la Libye, le Mali, le Niger et le Soudan. Une
année plus tard, la République Centrafricaine et l’Érythrée ont adhéré à l’organisation. Et,
en 2000, ce sont la République de Djibouti, la Gambie et le Sénégal qui ont, à leur tour,
adhéré au Traité. Depuis lors, le Bénin, la Côte d’Ivoire, l’Égypte, le Ghana, la Guinée
Bissau, le Liberia, le Maroc, le Nigeria, la Sierra Leone, la Somalie, le Togo et la Tunisie
ont également rejoint le bloc, portant le nombre total de ses membres à 23 États.

Quoique cette expansion rapide ait pour effet d’élargir le marché couvert
par la Communauté des États sahélo-sahéliens, elle pose également de sérieux problèmes
en ce qui concerne la cohérence entre ses politiques et celles des autres Communautés
Economiques Régionales qu’elle recoupe.

Au nombre des objectifs de la Communauté des États sahélo-sahéliens,


figurent la suppression des obstacles à la libre circulation des biens, des marchandises et
des services et l’amélioration du transport par voies terrestre, aérien et maritime. Au plan
des principes, les buts de la Communauté des États sahélo-sahéliens sont, donc,
compatibles avec la création d’un marché commun pour les produits agricoles. Toutefois,
le plus grand défi auquel est confrontée la Communauté des États sahélo-sahéliens est
l’harmonisation et la coordination de ses propres programmes et politiques de
libéralisation des échanges avec ceux déjà mis en œuvre par les diverses Communautés
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(brouillon)
38

Economiques Régionales auxquelles ses membres sont partis. Aux fins de la présente
étude, nous laisserons de côté le programme de libéralisation des échanges de la
Communauté des États sahélo-sahéliens naissante pour analyser ceux des autres
Communautés Economiques Régionales auxquelles ses membres sont partis et qui
fonctionnent depuis plus longtemps.

Section 5 : Les problèmes et obstacles des communautés régionales africaines


5.1. Principales lacunes des communautés économiques régionales
5.1.1. Les adhésions multiples.
Cette situation constitue un véritable problème en Afrique. En moyenne,
95% des membres de chaque communauté économique régionale appartiennent à une
autre communauté. La première question est de se demander si les décideurs sont
conscients des conséquences de l’appartenance à plusieurs communautés économiques
régionales aux mandats similaires. D’après les résultats des enquêtes effectuées sur cette
question, plus d’un quart des pays membres de plus d’une communauté économique
déclarent que cette situation leur pose problème s’agissant du respect de leurs obligations
financières vis-à-vis de ces communautés. Par ailleurs, 23% d’entre eux affirment que les
adhésions multiples sont à l’origine des problèmes de mise en œuvre de leurs
programmes.

Enfin, deux autres problèmes essentiels, à savoir la faible participation aux


réunions et le dédoublement des programmes, ou les contradictions liées à leur mise en
œuvre, sont également à imputer à l’appartenance à plusieurs communautés. Connaissant
ces problèmes, pourquoi les pays continuent-ils d’adhérer à plusieurs communautés ? La
moitié des pays citent des raisons politiques et stratégiques pour justifier l’adhésion à l’une
ou l’autre des communautés. Les intérêts économiques viennent loin derrière, avec 35%
des réponses. Quant au critère géographique, qui constitue un élément essentiel du Traité
d’Abuja, il n’est évoqué que par 21% des pays seulement.

5.1.2. Le chevauchement des programmes.

La mise en œuvre de programmes similaires dans différentes


communautés économiques régionales constitue une autre contrainte qui pèse sur les
actions d’intégration dans le continent. Sur les 12 principaux programmes mis en œuvre
par les communautés économiques régionales en Afrique de l’Ouest, au moins 9 se
retrouvent ailleurs. Les programmes d’intégration dans les domaines du commerce, des
marchés, de l’agriculture et de la sécurité alimentaire sont menés par trois des quatre
Les Organisations Régionales et Sous Régionales Africaines Professeur Daniel LUKUSA MUBENGA UPN
(brouillon)
39

communautés économiques régionales. En dépit de la multiplication des actions en faveur


de l’intégration du commerce et des marchés, les échanges au sein des communautés
économiques régionales de l’Afrique de l’Ouest sont très limités. Les neuf programmes
d’intégration en Afrique de l’Ouest auraient probablement pu être envisagés de façon
harmonisée avec une seule communauté économique régionale s’occupant d’une question
donnée, tout en couvrant l’ensemble de la région.

La majorité des communautés économiques régionales du continent


reconnaissent que le double emploi pose problème, notamment pour les programmes
destinés à faciliter les échanges et les programmes d’intégration du commerce et des
marchés. En l’absence de coordination, il est peu probable que les communautés
économiques régionales, avec leurs méthodes de travail actuelles, puissent progresser sur
la voie de l’intégration continentale. L’absence d’instruments d’harmonisation destinés à
faciliter le processus d’intégration des marchés signifie que chaque communauté a ses
propres règles d’origine ou ses propres procédures de certification, ce qui ne peut que
limiter les échanges.

5.1.3. Sous-financement.

Le dédoublement des programmes et les adhésions multiples ont des


effets négatifs sur le processus d’intégration en Afrique, surtout si l’on y ajoute les
contraintes financières des communautés économiques régionales. En moyenne, un tiers
des pays membres ne s’acquittent pas de leurs obligations statutaires et cette proportion
peut atteindre la moitié des membres dans certaines communautés. Les mécanismes de
financement internes des communautés économiques régionales sont mis à rude épreuve.
Plusieurs raisons peuvent expliquer cette situation :
- Les pays se sentent excessivement sollicités par les nombreuses communautés
économiques régionales ;
- Les pays ne sont pas convaincus des avantages attendus des communautés
économiques régionales sous-financées, sachant que, depuis leur création, ces
entités n’ont pas engrangé beaucoup de gains ou, si gains il y a, ils ne sont pas
encore apparents ;
- Les pays ont adhéré aux communautés économiques régionales sans avoir réfléchi
suffisamment à l’importance de l’engagement politique nécessaire pour appuyer
l’initiative d’intégration par des moyens financiers.
5.1.4. Incapacité d’attirer le personnel nécessaire
Les Organisations Régionales et Sous Régionales Africaines Professeur Daniel LUKUSA MUBENGA UPN
(brouillon)
40

Les contraintes en matière de ressources semblent peser lourdement sur


les recrutements. Á l’exception de l’Union économique et monétaire ouest-africaine, dont
les actions d’intégration semblent avoir bénéficié de ressources humaines nécessaires, la
plupart des communautés économiques régionales ont apparemment de petits secrétariats
aux effectifs insuffisants. En outre, 55% du personnel appartient à la catégorie des
services généraux alors que les programmes mis en œuvre par les communautés
économiques sont plutôt de nature technique. La faiblesse des salaires pourrait expliquer
les difficultés de recrutement du personnel spécialisé.

En effet, 40% des cadres gagnent plus de 20 000 dollars É.-U. par an et
40% gagnent entre 10 000 et 20 000 dollars É.-U. Les communautés sont également
confrontées au problème de la rotation rapide du personnel qui risque d’avoir de graves
conséquences, notamment pour les petites communautés.

5.1.6. Appui national limité pour les communautés économiques régionales


et Fragilité des institutions.

Le succès de l’intégration régionale est fonction des capacités nationales


et sous régionales. La fragilité des institutions en Afrique risque de compromettre
sérieusement la coopération et l’intégration. Sur l’ensemble des pays africains, 32%
seulement disposent d’un ministère consacré exclusivement à l’intégration régionale. Les
autres pays n’ont pas de structure centrale pour coordonner les activités économiques
sous régionales. Environ 18% des pays africains mettent en avant la diversité des
politiques induites par l’intégration pour justifier l’absence de ministère chargé de
l’intégration. Plus de 25% pensent que les mécanismes existants, en général d’autres
ministères qui servent de centres de coordination pour l’intégration régionale, sont
suffisants. Enfin, 53% disposent de plus d’une structure de coordination pour l’intégration
régionale. Ces difficultés en matière de coordination risquent d’entraver les actions
d’intégration et de s’aggraver par l’appartenance à plus d’une communauté économique
régionale.

- Inefficience et inefficacité des communautés africaines économiques régionales :


deux bonnes raisons de les rationaliser : (Les efforts déployés pour rationaliser les
communautés économiques régionales, Adhésions multiples, Dédoublement des
programmes, Inefficacité, Inefficacité globale des communautés économiques,
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(brouillon)
41

régionales, Mesures de rationalisation prises par les communautés, économiques


régionales)
- Inertie et absence de consensus au niveau national : (Cadre institutionnel et
gestion de l’intégration régionale au niveau national, Inscrire les objectifs en
matière d’intégration dans les plans nationaux, État de l’exécution des programmes
retenus, Les processus législatifs liés aux questions d’intégration, Respect des
obligations financières à l’égard des communautés économiques régionales,
Avantages de l’intégration, Coûts de l’intégration, Faire du secteur privé un
partenaire, Démocratiser l’intégration régionale en même temps que la société
civile)
- Coordination défaillante à l’échelle du continent (Nécessité de la coordination L’état
actuel de la coordination).

NB : Toutes ces défaillances peuvent s’expliquer par : les lacunes inhérentes aux
communautés économiques régionales ; la faiblesse d’appui au niveau national ; et les
problèmes de coordination entre les différentes communautés économiques régionales.

Section 6 : La RDC et le processus d’intégration régionale en Afrique :


avantages, Enjeux et défis à relever ?

La République Démocratique du Congo est le seul pays en Afrique qui


partage ses frontières avec 9 autres États voisins : l’Angola, le Burundi, le Congo-
Brazzaville, la République Centrafricaine, l’Ouganda, le Soudan, le Tchad, le Rwanda, et la
Zambie. Singulièrement, cet immense territoire est à la fois un atout au plan externe et un
handicap au plan interne. Comme atout, la RDC a l’avantage précisément d’être au cœur
de l’Afrique et donc à la croisée de plusieurs influences et possibilités de rayonnement vers
différentes régions du continent. Comme handicap, ce pays est un « espace écartelé »
entre trois ensembles économiques faiblement intégrés entre eux mais adossés à des
mouvances d’échanges extérieurs, à savoir : la mouvance de l’Afrique australe dans
laquelle s’insèrent les provinces du Katanga et des deux Kasaï ; la mouvance de l’Outre-
mer et de l’Afrique centrale qui intéressent la capitale Kinshasa et les provinces du Bas-
Congo et de l’Equateur ; et la mouvance de l’Afrique orientale dans laquelle s’inscrivent le
grand Kivu et la Province Orientale.

Ces traits géographiques expliquent sans doute que la RDC puisse


appartenir à quatre communautés économiques régionales : la CEEAC, la CEPGL, le
Les Organisations Régionales et Sous Régionales Africaines Professeur Daniel LUKUSA MUBENGA UPN
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COMESA et la SADC. Des considérations d’ordre politique et sécuritaire fondent également


l’appartenance initiale de la RDC à la CEPGL et son récent retour au sein de celle-ci, après
une longue période d’inactivité de cette communauté économique régionale. C’est aussi le
cas de l’attachement que la RDC manifeste à l’égard de la SADC dont l’appui militaire de
deux pays membres le Zimbabwe et la Namibie a été très déterminant dans le conflit armé
qui l’opposait au Rwanda et à l’Ouganda, en 1998-1999. Sur le plan diplomatique, l’Afrique
du Sud a pesé de tout son poids pour faire aboutir les processus de paix et de
démocratisation, notamment en organisant sur son sol l’essentiel des négociations entre
les belligérants et en finançant en partie les élections présidentielles et législatives en
2006.

Tableau 5. Performance de la RDC en matière d’intégration économique

Evolution de l’indice Rang en termes d’effort d’intégration dans les CER


d’intégration
108,7 2e sur 3 au sein de la CEPGL
118,0 19e sur 20 au sein du COMESA
101,9 9e sur 11 au sein de la CEEAC
86,4 14e sur 14 au sein de la SADC
87,2
Les Organisations Régionales et Sous Régionales Africaines Professeur Daniel LUKUSA MUBENGA UPN
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Bibliographie sélective

- Angela Meyer, L’intégration régionale et son influence sur la structure, la sécurité et la


stabilité d’états faibles l’exemple de quatre états centrafricains, Paris, Institut
d’Etudes Politiques de Paris, Ecole Doctorale de Sciences Po, CRI, Décembre
2006.

- Laurent Carroué, Géographie de la mondialisation, Paris, 2e Edition Armand Colin, 2005.

- Mwayila Tshiyembe, Organisations Internationales. Théorie générale et étude de cas,


Paris, L’Harmattan, 2012.

-Mwayila Tshiyembe, Régionalisme et problèmes d’intégration économique, Paris,


L’Harmattan, 2012.

- Kabamba Kazadi Bob, Interrégionale des pays des grands Lacs Africains. Élaboration d’un
modèle d’intégration régionale en Afrique et son application à la Région des
Grands Lacs (Burundi, République Démocratique du Congo, Kenya, Ouganda,
Rwanda et Tanzanie)., Liège, Thèse de Doctorat en Sciences Politiques,
Université de Liège,

- Nissé Nzereka Mughendi, guerres récurrentes en République Démocratique du Congo.


Entre fatalité et responsabilité, Paris, L’Harmattan, 2010.

- Kadony Nguway Kpalaingu, Organisations Internationales, Université de Kisangani, cours


destiné aux étudiants de Première Licence Relations Internationales,2006-2007.

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