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Repères talmudiques

CHAPITRE II
63. Exode, 20.
64. Genèse, 17.
65. Genèse, 38,5. TRANSCRIPTION
66. Genèse, 32,33.
67. Exode, 16,23.
68. Genèse, 29,27 et 50,10.
69. Genèse, 14,18-20.
70. Maimonide, Sépher Hamitsvot, Mossad Harav Kook, p.
(en hébreu).
71. Ibid.
72. Deutéronome, 33,4.
73. Makot, 23 a et 23 b.
74. Béhar, 110 b.
La transcription de la Loi orale : le Talmud
75. Exode, 3,15.
76. Maimonide, Haqdama lamichna, Mossad Harav Koo»
Pendant des siècles, l'interdiction de transcrire « l'ensei-
p. 28 (en hébreu). gnement oral», la Tora chébéal pé, a été considérée comme
77. Sanhédrin, 71 a. une loi fondamentale :«Ceux qui transcrivent la Halakha
78. Haqdama lamichna, op. cit. (note 76), p. 37.
79. Ibid., p. 39.
sont comme ceux qui brûlent Ia Tora '.» « Celui qui
80. Ibid., p. 40. transcrit la Aggada perd sa part du monde qui vient.»
81. C'est l'expression qui prévaut en araméen. Plus tard, les Maîtres de la Tradition décidèrent de
82. Haqdama lamichna, op. cit. (note 76), p. 37. mettre l'enseignement oral sous une forme écrite. Geste
qu'ils justifièrent en interprétant un verset des Psaumes
dans le sens : «Il vient un moment où vous pourrez annuler
la Tora pour la fonder. » II vaut mieux qu'une partie de la
Loi soit abrogée plutôt que Ia Loi tout entière soit ou-
bliée '.
La transcription de la Loi orale constitue le Talmud.
L'historique de la rédaction du Talmud est très complexe,
trop complexe pour que nous puissions l'exposer dans les
quelques points de repère formulés ici. Mais voici l'essen-
tiel de ce qu'il faut savoir pour pouvoir aborder une étude
talmudique sans trop d'embûches.

Le Talmud

Le Talmud forme l'essentiel de Ia pensée hébraïque.


Tout ce qui est dit en matière de judaïsme s'enracine dans

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cette œuvre monumentale qui a été élaborée dans la forme 3) Le féminin: ordre intitulé Nachim, littéralement « Des
que nous lui connaissons sur une période de plus de sept femmes ».
siècles : du 1 siècle avant l'ère chrétienne jusqu'au milieu 4) La société: ordre intitulé Nezikin, littéralement « Des
du vr" siècle. dommages ».
Le Talmud se compose de deux parties distinctes : la 5) Le sacré: ordre intitulé Qodachim, littéralement « Des
Michna et la Guemara. La première représente le texte sacrifices ».
proprement dit et la seconde en est le commentaire. 6) La mort: ordre intitulé Taharot, littéralement « Des
choses pures».
Maimonide donne un sigle mnémotechnique en prenant
la première lettre de chacune des appellations hébraïques ;
La Michna cela donne : Z e Ma Ne Na Q a T. Deux mots qui peuvent
signifier « prendre le temps».
En hébreu, les six parties se disent Chicha Sidré, expres-
On désigne sous le nom de Michna un recueil de sion abrégée en «Chas», terme qui désigne souvent le
décisions et de lois traditionnelles embrassant toutes les Talmud dans son ensemble.
parties de la législation civile et religieuse. Ce code, à la
constitution duquel ont travaillé plusieurs générations de
Maîtres appelés Tanaim, fut définitivement rédigé par
Rabbi Yéhouda Hanassi, vers la fin du 1 siècle de notre Les soixante-trois traités de la Michna
ère. Il se divisè en six parties (ou ordres) qui se subdivisent
à leur tour en traités, chapitres et alinéas. La partie se
nomme Sédér, le traité, Massékhèt, le chapitre, Pérèq, Même s'il est possible de résumer très brièvement les six
l'alinéa le plus simple du recueil porte, comme le recueil thèmes de la Michna comme nous venons de le faire, il est
lui-même, le nom de Michna. important d'exposer, ne serait-ce que sommairement, le
Il y a en tout soixante-trois traités de Michna qui sujet précis de chaque traité, sorte d'index thématique.
rassemblent un total de cinq cent vingt-quatre chapitres.

Zéraim, « semences »

Les six ordres de la Michna: le « Chas » l) Bérakhot, « bénédictions ». Règlements relatifs à la


liturgie.
2) Péa, «coin». Questions soulevées par la loi concer-
Les six ordres de la Michna sont articulés autour de six nant les « coins du champ» (Lévitique, 19,9).
thèmes: 3) Demmai, « douteux ». Sur les grains, etc., acquis par
1) La terre: ordre intitulé Zéraïm, littéralement « Des une personne suspectée de n'avoir pas payé la dîme aux
semences ». prêtres.
2) Le temps: ordre intitulé Moèd, littéralement « Temps 4) Kilayim, «mélanges». Des croisements de semences
des rendez-vous». de bestiaux, etc., prohibés par Lévitique, 19,19.
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11) Moèd katan, « petite fête». Des jours intermédiaires
5) Chévihit, « septième ». Loi sur l'année sabbatique
durant les fêtes de la Pâque et des Tabernacles.
(Exode, 33,11 ; Lévitique, 25,2 sq. Deutéronome, 15 sq.). 12) Haguiga, « sacrifice des fêtes». Des sacrifices offerts
6) Téroumot, « dons pour les prêtres». Loi sur les pendant les trois pèlerinages annuels ( Deutéronome, 16,
offrandes (Nombres, 18,21 sq.). 16 sq.).
7) Maassérot, « dimes ». Loi sur la dime des Lévites
(Nombres, 18,8 sq.).
8) Maasser chéni, « seconde dîme». Règlements fondés Nachim, « femmes »
sur Deutéronome, 14,22 sq.
9) Halla, «pâte». La part de la pâte à donner aux l) Yébamot, « mariage de lévirat». Sur la loi du mariage
prêtres d'après Nombres, 15,21. avec une belle-sur sans enfants ( Deutéronome, 25,5 sq.).
10) Bikourim, «prémices». Les prémices à présenter au Des degrés de parenté prohibant le mariage (Lévitique, 18).
Temple ( Deutéronome, 26,l sq.). 2) Kétoubot, « documents matrimoniaux». Traités de la
11) Orla, « incirconcision ». Loi sur les fruits des arbres dot et du contrat de mariage.
durant les quatre premières années de leur plantation 3) Nédarim, « veux ». Comment on les contracte et les
( Lévitique, 19,23 s4.). annule, particulièrement en ce qui concerne les femmes
(Nombres, 30,3 sq.).
4) Nazir, « naziréat ». Du vœu de naziréat (Nombres, 6).
Mod, « fêtes » 5) Sotà, « adultère présumé». De la femme suspectée
d'adultère (Nombres, 5,12 sq.).
I) Chabbat. Travail interdit pendant le Chabbat. 6) Guittin, « divorces ». Des lois annulant le mariage
2) Erouvin, « mise en communauté». Notion de com- ( Deutéronome, 24, I sq.).
munauté: de la limite territoriale à ne pas dépasser le jour 7) Kidouchin, « sanctification ». Des statuts matrimo-
du Chabbat ; comment elle peut être étendue. niaux.
3) Pessahim, «Pâque». Observation de la fête de la
Pâque.
».
4) Chékalim, « sicles La taxe annuelle due au trésor Nezikin, « des dommages»
du Temple ( Exode, 30,12 sq.).
5) Yoma, « le Jour». Rituel du jour de Kippour (Léviti- 1) Baba kamma, « la première porte». Dommages aux
biens, préjudices aux personnes.
que, 16). 2) Baba métsia, «la porte médiane». Propriété fon-
6) Souka, «cabane ». Observation de la fête des Taber-
cière, bail, vente, location, objets trouvés.
nacles ( Lévitique, 23,34 sq.). 3) Baba batra, « la dernière porte». Bien immobilier.
7) Bétsa, «ceuf ». Ou: Yom tov, « solennité ». Travail
Succession héréditaire.
interdit et travail autorisé lors d'une fête.
8) Roch Hachana, « nouvel an». Observation de la fête 4) Sanhédrin, «tribunaux». Des tribunaux. De la
procédure judiciaire. De la peine de mort.
qui marque le commencement d'une année nouvelle.
5) Makot, «coups». Pénalités frappant les faux té-
9) Taanit, «jeûne». Des jeûnes publics.
moins. Villes de refuge (Nombres, 35,10 sq.). Des crimes
10) Méguila, « rouleau ». De la récitation publique du
encourant la flagellation.
livre d'Esther le jour de la fête de Pourim.
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ption

6) Chévouot, «serments». Des serments privés. Des Taharot, « choses pures »


serments en justice.
7) Edouyot, «témoignages». Ensemble de témoignages l) Kélim, «ustensiles». Sur l'impureté des récipients
de rabbins sur les décisions d'autorité plus anciennes. (Lévitique, ll ,33 sq.).
8) Avoda zara, « idolâtrie». Des rites et cultes païens. 2) Ohalot, « tentes ». Sur l'impureté causée par la mort
9) Pirké avot, « chapitres des pères». Traité moral (Nombres, 19,l4sq.).
rassemblant les maximes favorites des Tannaim. Appen- 3)Négaim, « plaies ». Lois concernant la lèpre (Léviti-
dice : «Le chapitre de Rabbi Meïr sur l'acquisition de la que, 13 s4.).
Tora.» 4) Para, «vache». Règlements concernant la génisse
10) Horayot, «décisions». Du péché commis par mé- rousse (Nombres, 19).
garde à Ia suite d'un avis erroné reçu des autorités religieu- 5) Taharot, « choses pures». Euphémisme visant les
ses. impuretés en général, qui durent jusqu'au coucher du soleil
(Lévitique, 11,24 sq.).
6) Miqvaot, « bains ». Loi sur le bain rituel ( Lévitique,
Kodachim, « choses saintes » 15,11 sq.).
7) Nidda, « impureté de l'indisposition mensuelle». A
I) Zévahim, «sacrifices». Sur le système sacrificiel du propos des lois formulées dans Lévitique, 12 ; 15, 19 sq.
Temple. 8) Makhchirin, « préparations ». Sur l'impureté des
2) Ménahot, « sacrifices de farine». Des offrandes de liquides.
farine et de boissons (Lévitique, 2). 9) Zavim, « personnes atteintes d'écoulements». De
3) Houllin, « choses profanes». De l'abattage des l'impureté ainsi causée ( Lévitique, 15,2 sq.).
animaux. Des mélanges alimentaires lactés-carnés. 10) Tevoul yom, « immergé pendant un jour». De l'état
4) Békhorot, « premiers-nés ». Sur les premiers-nés de d'une personne qui s'est soumise à une immersion, mais
l'homme et des animaux (Exode, 13,f2 sq.; Nombres, dont la purification est incomplète avant le coucher du
18,15 sq.). soleil.
5) Arakhin, « estimations ». De la valeur estimée des I l) Yadayim, « mains ». De l'impureté des mains et de
personnes et des choses vouées au Temple (Lévitique, 27). leur purification.
6) Témoura, « substitution ». Traité de l'échange 12) Ouksin, « tiges ». Détails sur l'impureté des ali-
d'animaux offerts en sacrifice (Lévitique, 27, 10-33). ments.
7) Kéritot, « retranchement ». Des péchés encourant le Certains chercheurs* modernes pensent qu'il existait un
«retranchement» (Exode, 12, 15). septième ordre qui aurait pour nom Séder Hokhma:
8) Mela, « empiètement ». Du sacrilège envers la Sagesse. II traiterait de l'éthique, des règles de comporte-
propriété du Temple. ment pour la vie quotidienne. II renfermerait les conseils
9) Tamid, « offrande perpétuelle». Description du des sages qui ne sont pas des lois. Ainsi, le traité Avot
rituel quotidien du Temple. serait-il un vestige de ce septième ordre.
10) Middot, «dimensions ». De l'architecture du
Temple.
I I) Quinim, « nids d'oiseaux». Sur les offrandes d'oi- * A Steinsaltz par exemple; Hatalmoud lakol («Le Talmud
seaux (Lévitique, 1, 14 ; 5, 7 ; 12,8). pour tous »), en hébreu.

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même texte de la Michna: le premier, élaboré par les


maîtres des écoles situées en terre d'Israël, qui constituera
la Guemara de Jérusalem; le second, fruit des recherches
Braita et Tosséfta des maîtres des écoles situées en Babylonie, qui formera la
Guemara de Babylone.
Rabbi Yéhouda Hanassi n'a pas incorporé dans la
Michna toutes les décisions des Docteurs qui l'avaient
précédé. Bon nombre d'entre elles n'y ont pas trouvé place, Le Talmud
soit qu'elles fissent double emploi avec celles qu'il avait
publiées, soit qu'elles n'eussent pas joui à ses yeux d'une
autorité suffisante. La plupart furent recueillies un peu Le mot Talmud, de la racine lamèd, désigne de manière
plus tard sous le nom de Braïtot- « qui sont à l'extérieur» précise l'ensemble de la Michna suivie de son commentaire,
- dans l'ordre même de la Michna et avec les mêmes la Guemara. Étant donné qu'il existe deux Guémarot
divisions et subdivisions. Ces Braïtot donnèrent naissance différentes, nous avons donc deux Talmuds distincts : celui
à un nouveau livre, la Tosséfta, ou «complément». de Jérusalem et celui de Babylone.
La Tosséfta est due aux écoles de Babylonie et a pour
auteurs Rabbi Hiya et Rabbi Ochaya; elle présente les
mêmes caractères extérieurs que la Michna, même langue,
même style. Cependant, l'anecdote y entre pour une part Le Talmud de Jérusalem
bien plus considérable. Par ailleurs, il n'existe pas de
Tosséfta pour les traités Avot, Tamid, Midot, Kinnim.
Écrites dans un hébreu qui a subi une forte empreinte de Le Talmud de Jérusalem est l'œuvre des écoles installées
la langue chaldéenne et a aussi largement donné droit de en terre d'Israël : des académies de Séphoris, Tibériade,
cité à nombre de mots latins et surtout grecs, la Michna et Césarée et Lydda (Lod); il fut rédigé à Tibériade vers 380.
la Tosséfta se présentent sous un style simple, concis, mais Des deux Talmuds, c'est donc le plus ancien. Le commen-
souvent obscur à force de concision ; elles évitent les taire y est moins vaste que dans la version babylonienne.
digressions, et les rares anecdotes qu'on rencontre çà et là De ce fait, il a été quelque peu négligé par les Docteurs et
ont pour but d'éclairer les opinions émises à la lumière d'un les copistes du Moyen Age. II nous est parvenu très
fait. endommagé, non sans avoir perdu plus d'une page dans sa
marche à travers les ans. On ne possède qu'une copie
manuscrite, celle qui a servi à l'édition princeps. II fut
imprimé pour la première fois, sans commentaire, à Venise
en 1523.
La Guemara

La Guemara est le commentaire perpétuel qui suit la


Michna dans toutes ses divisions et subdivisions. Nous
possédons en fait deux commentaires différents pour le

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