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Présentation :

Bonjour à tous, dans le cadre de la SAE sur le dialogue social, mes camarades et moi avons
choisi d’aborder l’ouverture à la concurrence de la RATP sur les lignes de bus parisienne.
Vous le savez peut-être ou non mais les lignes de bus en grande couronne ne sont pas
entièrement gérées par la RATP, certaines le sont par d’autres compagnies. Jusqu’à
présent, la RATP était en monopole sur Paris et sa petite couronne mais désormais, cette
situation va être amenée à changer puisque le gouvernement à décider d’ouvrir la
concurrence dès le 1 janvier 2025 sur ce territoire. Cette ouverture à la concurrence est
jugée trop précipitée par les agents de la RATP et leur mécontentement s'est fait ressentir.

Nous sommes donc en droit de nous demander : Quel type de dialogue social est mis en
place pour limiter les conflits sociaux liés à l’ouverture à la concurrence de la RATP à
partir de 2025 ?

Avant toute chose revenons sur la notion d’ouverture à la concurrence :

L'ouverture à la concurrence de la RATP est une mesure visant à permettre à d'autres


entreprises de concurrencer l'opérateur historique des transports en commun de la région
parisienne, la RATP. Plus précisément, il s'agit de permettre à d'autres opérateurs de
proposer des services de transport en commun sur les lignes de bus de la RATP, dans le
but de stimuler la concurrence et d'améliorer la qualité et l'efficacité des services de
transport en commun offerts aux usagers.
L'ouverture à la concurrence peut également inciter la RATP à améliorer ses propres
services pour rester compétitive. En effet, l'opérateur historique pourrait perdre des parts de
marché si les autres opérateurs proposent des services plus attractifs.
Cette mise en concurrence se fait grâce à la formation de 12 lots distincts de lignes de bus,
auxquels les concurrents pourront prétendre en présentant à IDFM leurs ambitions pour la
gestion des lots auxquelles ils s'intéressent.

Désormais nous allons vous expliquer les éléments principaux du conflit, puis nous
partagerons notre enquête.

La loi sur l’orientation de la mobilité du 26 décembre 2019 visant à améliorer la qualité des
services de transport d’île de France vient approuver l’ouverture à la concurrence des
transports en commun d’île de France. En 2021 seuls les réseaux de bus de la grande
couronne étaient concernés. Mais en 2025, les lignes d’autobus de la RATP de la petite
couronne et de Paris même seront ouvertes aux appels d'offres des concurrents. Puis plus
tard, les métros et tramways suivront.

Alors que 2025 arrive à grand pas, la RATP se met d’accord pour négocier avec les
autorités politiques d’un cadre social territorialisé. C’est-à-dire de négocier un accord pour
mettre à jour les conditions de travail et les rendre applicables pour tous les concurrents qui
offreront une prestation de transport dans Paris et la petite couronne.

Concrètement, ce nouvel aménagement des conditions de travail entraîne la suppression de


6 jours de repos par an et l'augmentation du nombre d’heures de travail annuel de 120
heures.
La RATP a alors proposé aux agents de rendre applicable cet accord non pas en 2025, mais
dès maintenant : en leur promettant une revalorisation brute mensuelle des salaires en
échange. La RATP augmente le temps de travail et réduit le nombre de congés, ça lui
permet de faire un économie sur le recrutement, et elle reverse une partie de ce bénéfice
sur les salaires.

De longues négociations entre les organisations syndicales et la direction de l’entreprise ont


eu lieu pour définir le montant qu’aurait cette revalorisation des salaires, mais les
propositions insuffisantes de la direction ont engendré des mouvements de grève.

Finalement, c’est le 6 janvier 2023 que les syndicats et la direction ont signé l’accord.

Mais accord ou pas, le personnel de la RATP, direction comprise, se dit inquiet par cette
mise en concurrence.
Le processus en cours rejoue les affrontements idéologiques entre les défenseurs du
service public qui doit assurer un service coûte que coûte (même s’il n’y a que 3 voyageurs
et que le service n’est pas rentable) et les défenseurs d’une application de la loi du marché
c’est à dire une vision plus capitaliste (si c’est pas rentable, ça ne sert à rien).

Ces deux visions s’affrontent dans un contexte tendu et notamment par l’arrivée imminente
des Jeux olympiques en 2024. En effet, l’ouverture à la concurrence est peut-être jouée pour
la partie bus, mais du côté des métros, tramways et des RER, tout est encore à jouer. Par
conséquent, le ministre des transports redoute des mouvements sociaux au moment où le
monde entier regardera la France et sa capitale.

Maintenant, vis-à-vis des interviews que nous avons réalisés, nous avons posés
différentes questions qui nous paraissaient les plus pertinentes à même de répondre
à notre problématique :

Partie interviews :

Résumé ROCCO :

Rocco DE LUISE est un machiniste, syndiqué CGT, il participe aux réunions entre
représentants du personnel et la direction. Il est contre l’ouverture à la concurrence. Pour lui,
la RATP est avant tout un service public et à pour principale mission de rendre service à la
population, et non pour faire des bénéfices. Pour lui, ouvrir à la concurrence c’est perdre ce
côté humain et ce côté famille qu’il y a à la RATP (même si c’est d’après lui déjà de moins
en moins le cas). Il ajoute qu’en plus de ça, cette décision n’a pas été suffisamment
préparée. Il explique que d'après lui, ça ne s’est pas assez bien organisé, ça s’est fait trop
vite, et ils ne seront pas prêts pour 2025.
Il pense faire grève que cela soit pendant les JO ou à un autre moment pour défendre ce
point de vue. Pour lui, il est impensable de ne pas faire grève, surtout face à un projet
comme celui-là, c’est-à-dire un projet conçu trop rapidement et sans l’accord des
machinistes alors que ça risque d’avoir un large impact sur leurs conditions de travail. Il
pense également que l’accord du 6 janvier 2022 n’est pas suffisant et que les syndicats
n’auraient pas dû le signer.

Résumé Sandrine Vigourt :


Sandrine Vigourt est employée à la RATP depuis 23 ans. Elle est recruteuse, responsable
formation d’unité, maladie, habillement. Elle n’est pas syndiquée car elle pense que les
personnes qui représentent les employés ne sont pas en adéquation avec ce qu’ils vivent. et
que les syndicats ne représentent pas ce que l’ensemble des salariés pensent. Selon elle,
l’ouverture à la concurrence peut être une bonne chose si elle permet à la RATP de
s'améliorer, de se perfectionner et de ne pas rester sur leurs acquis. Cependant, il y a une
crainte car il y a un risque que l’argent ne devienne la nouvelle priorité et que ce soit au
détriment des voyageurs. Aussi, cela a créé une modification des conditions de travail pour
les machinistes qui ne lui plait pas, comme la suppression des compensations.
Dans son poste, Mme Vigourt ne se sent pas particulièrement touchée car la formation est
toujours nécessaire pour les conducteurs de bus. Après il y aura sûrement une
restructuration mais ça peut être une opportunité d’alléger les processus administratifs. Mme
Vigourt ne participe pas et ne va pas participer aux grèves en raison de son poste de cadre.
Pour autant, elle soutient entièrement le droit de grève et comprend les raisons qui peuvent
pousser les grévistes. Selon Mme Vigourt, le dialogue au sein de la RATP se fait avec les
N+1 et les N+2 mais elle-même ou des machinistes n’ont pas leur mot à dire sur les
décisions. Elles sont déjà prises par la direction sans demander l’avis des salariés en bas
dans l’organigramme.

Résumé Geoffroy :

Geoffroy DEBEBEC est un agent de maintenance à la RATP, il est contre l'ouverture à la


concurrence. Il pense que cela n'apportera rien de bien, car selon lui les transports en
commun sont un service public qui ne doit pas être rentable. Il pense également que cette
décision aura un impact sur les salaires des employés et sur la qualité des services de bus
et de maintenance à long terme qui finiront par se dégrader.

A côté de ça, il dit se sentir écouté par ses supérieurs jusqu’à un certain degré de hiérarchie.
Finalement, vis-à-vis de la question de faire grève ou non en 2024, lui n’en fera pas puisqu’il
pense que les grèves sont devenues une solution démodée et que la prime de présentéisme
est une incitation pour les employés à ne pas faire grève.

Résumé Olivier VINCENT [manager]

Olivier Vincent est responsable maintenance au centre bus de Thiais. Lui est ni pour ni
contre l’ouverture à la concurrence. Il est en partie pour parce c’est une façon d’obliger les
entreprises à s’améliorer et à se challenger car les entreprises devront être compétitives lors
des appels d’offres afin qu’IDFM les choisissent comme opérateurs.
D’un autre côté, il est contre car il trouve que ça s’est fait trop rapidement, que personne
n'est réellement prêt alors que l’échéance arrive bientôt. De plus, il rajoute que socialement
et historiquement, le fait d’avoir le monopole permet une certaine sécurité de l’emploi. Il
explique qu’en tant qu’organisation en monopole dans le service publique, même avec de
mauvais résultats, l’organisation était soutenue financièrement par le gouvernement.

Olivier explique aussi que l’ouverture à la concurrence ne changera pas tant que ça le
quotidien des agents. Il dit qu’à moins qu’il y ait un problème majeur avec la manière de
fonctionner de l’organisation, un machiniste fera le même métier à la RATP ou chez un
concurrent. La plupart des métiers ne subiront aucun changement majeur. Il dit que lui n’a
pas peur d’une reprise de Thiais par un concurrent car il ne pense pas que ça affectera
beaucoup son poste mais que si c’est le cas, il est assez proche de la retraite pour ne pas le
subir longtemps.

A la suite de ça, il a évoqué le fait que même si le sujet de la mise en concurrence des bus
est déjà traité presque dans son intégralité, il souligne que le sujet de l’ouverture à la
concurrence en général (donc les métros, tramways, RER) est loin d’être achevé.
Premièrement parce que les négociations n’ont pas commencé et que le bruit court que les
syndicats voudront obtenir le même accord que les agents du département bus. Les
négociations risquent donc d’être assez compliquées, surtout que certains envisage de faire
grève lors des JO pour faire pression : il explique : audio (1,59 - 2,41)

Conclusion interviews :

Avec les interviews de ces 4 salariés, on voit bien leurs points de vues et leurs
revendications vis-à-vis de l’ouverture à la concurrence. Pour les postes de managers, ou
ceux plus près de la direction, ils se sentent plutôt écoutés et ne sont pas directement
impactés par l’ouverture à la concurrence. Cependant, les machinistes, agents de
maintenance ont un poste à risque, avec des conditions de travail qui se détériorent. Ils se
sentent moins écoutés. D’ailleurs, les deux machinistes interviewés font partie d’un syndicat,
preuve qu’ils ont des revendications. Globalement, tous les 4 sont d’accord pour dire que
cette ouverture à la concurrence est risquée. Ils trouvent les délais trop courts. Ça a déjà
causé beaucoup de changements dans leurs vies (notamment avec l’accord du 6 janvier) et
ils ont peur qu'il y ait d'autres mesures qui soient prises. Il y a donc aussi une part
d’inquiétude. Certains ont peur que dorénavant, l’unique but soit de faire du profit et que ça
soit fait au risque de perdre la qualité du service public qui est bénéfique aux voyageurs.

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