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2/10/22, 1:28 PM Journal Le Soir, édition numérique, édition BRUXELLES du 10/02/2022

Le Soir - BRUXELLES Jeudi 10 février Page:10/11

A_LA_UNE
Marché du travail  10/02/2022

La réforme Dermagne cherche ses accords 


PASCAL LORENT

Les personnes prestant pour Uber ou Deliveroo sont-elles des salariés ou des
indépendants? C’est l’une des questions

qui divisent la Vivaldi.

Hatim Kagat.

Le projet de loi sera examiné vendredi en « kern ».   Un accord est peu probable. Deux
points divisent   le gouvernement : le statut des travailleurs de plateformes   et
l’expérimentation du travail entre 20 h et minuit.  
C’était à l’automne dernier. Peu de temps après la conférence nationale sur l’emploi, la Vivaldi s’accordait sur
les grandes lignes d’une réforme du marché du travail. Les grandes lignes, seulement. Depuis, la partition
s’est remplie de notes de travail. Et une première ébauche, sous la plume de Pierre-Yves Dermagne, arrive
sur la table du « kern » ce vendredi.
Mais d’emblée, au sein du gouvernement, on assure : la probabilité d’un accord et d’un passage dans la
foulée en Conseil des ministres est faible. Très faible. Car certains points restent susceptibles de faire
grincer les cordes au sein du septet fédéral. Lesquels ?
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2/10/22, 1:28 PM Journal Le Soir, édition numérique, édition BRUXELLES du 10/02/2022

Le statut des travailleurs


de plateforme
Les personnes prestant pour Uber ou Deliveroo sont-elles des salariés ou des indépendants ? A cette
question, la famille libérale joue le second choix. Un son trop aigu pour l’aile gauche du gouvernement. Car
à côté de l’allègre vision du travailleur qui choisit ses prestations librement, le PS notamment adopte une
tonalité plus grave : des retenues sur le prix de la course si la livraison prend trop de temps, une
rétrogradation dans l’ordre des coursiers prioritaires en cas de refus trop fréquents de prester…
Bref, sous l’apparence de l’indépendance, se cacheraient des signes de contrainte. Et donc de salariat. Le
cabinet Dermagne propose donc d’établir des critères propres au travail de plateforme pour déterminer a
posteriori si une personne est indépendante ou salariée.
Une grille d’analyse existe déjà pour le marché du travail « classique » : le tribunal du travail peut ainsi
décider, si plusieurs critères sont rencontrés, qu’un travailleur preste comme faux indépendant et que son
emploi doit être requalifié en CDI. Le PS voudrait adapter cette liste à l’économie de plateforme, qu’il entend
réguler. Les libéraux ne l’entendent pas de cette oreille, c’est un euphémisme.
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Le travail jusqu’à minuit
La différence de ton est plus légère entre gauche et droite. Le ministre fédéral du Travail propose de lancer
une expérience pilote pour les entreprises dont l’activité est liée à l’e-commerce. Celles-ci pourraient
demander une dérogation pour étendre l’horaire de leurs salariés entre 20 h et minuit. Une période régie
par la législation sur le travail de nuit. Ce test durerait 12 ou 18 mois, avec les salariés volontaires, lesquels
percevraient une prime complémentaire à leur rémunération (et qui pourrait atteindre 50 % du salaire brut
horaire). Après un bilan réalisé par les interlocuteurs sociaux, une convention collective de travail (CCT)
pérenniserait ce régime au sein de l’entreprise. Un retour à l’article 57 de la loi du 25 décembre 2017, dont
l’application avait cessé en 2019 car peu d’entreprises y avaient eu recours, précise-t-on au cabinet
Dermagne.
A ce stade, le désaccord porte sur la durée durant laquelle une entreprise pourrait demander à tester cette
formule dérogatoire : réduite pour les socialistes, étendue sur plusieurs années pour les libéraux.
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Flexibilité et prévisibilité
Derrière la volonté du PS de mettre « une flexibilité qui profite au travailleur » se cache d’abord un symbole
que s’est approprié la droite : la semaine de quatre jours. Réduction et partage du temps de travail ? Non,
concentration de celui-ci. Ainsi, un salarié pourra demander à prester son horaire hebdomadaire sur quatre
jours plutôt que cinq. Il travaillera donc 9 h, voire 9 h 30 par jour (ce qui nécessite une dérogation à la loi)
dans les secteurs où le régime est de 40 heures par semaine. L’enjeu est ici de s’assurer que la demande
émane bien du salarié et que celui-ci bénéficie d’un réel droit à la déconnexion le jour où il ne travaille pas.
Dans la même veine, le projet de « semaines alternées » vient compléter ce dispositif. Il pourrait faciliter la
vie des parents séparés qui disposent d’une garde alternée des enfants. La première semaine, ils
augmenteraient leurs horaires et la seconde, ils bénéficieraient d’un régime de travail allégé pour s’occuper
de leur progéniture. Avec cette restriction : cela doit se pratiquer en périodes ininterrompues de sept jours
(du mercredi au mercredi, par exemple). Durant les mois d’été, cette organisation pourrait être mise en
place par séquences de « deux fois deux semaines ».
Par ailleurs, le projet de loi prévoit aussi d’étendre le droit à la formation à cinq jours par an (voire moins
dans les entreprises de moins de 20 salariés) et de préciser, via le Conseil national du travail, les modalités
pratiques du droit à la déconnexion.
Enfin, il s’agit d’imposer aux entreprises occupant des salariés à temps partiel de les avertir de leur horaire
trois jours avant leur prestation et non la veille ou l’avant-veille. Une partition qu’il faudra ensuite faire
respecter, y compris là où il n’y a pas d’oreille syndicale.

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