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N#18 / MARS 2021

NEWSLETTER
É dito
Chers lecteurs,

Nous vous avons présenté il y a un an (en février 2020), une analyse sur la
réforme du Code du Travail, qui était en cours de discussion entre le Ministère
en charge de l’Emploi, le Patronat et les Organisations syndicales.

Une nouvelle rédaction, qui intègre les commentaires des partenaires sociaux et du Bureau Interna-
tional du Travail (BIT), a été arrêtée et adoptée lors du Conseil des Ministres du 19 février 2021.

Aussi, nous vous proposons dans la présente newsletter, une actualisation de notre analyse,
du Projet de Code du Travail (ci-après, nouvelle rédaction), tel qu’issu de sa version en date du
30 décembre 2020.

Nous vous ferons également l’économie du Décret no 0028/PR/MEFPTFP du 29 janvier 2021


fixant la nouvelle répartition du temps de travail en République Gabonaise.

Bonne lecture !

Olivier MINKO M’OBAME


Conseil Juridique et Fiscal agréé CEMAC
Associé

Bd du Bord de mer, Immeuble Air France


BP 805 - Libreville - GABON
tél. +241 (0) 11 72 25 72
email : o.minko@aictaxlegal.com
www.aictaxlegal.com
FOCUS SUR LES GRANDES LIGNES
DU PROJET DE CODE DU TRAVAIL

I. LES DISPOSITIONS EN FAVEUR DES TRAVAILLEURS

Il s’agit des dispositions qui sont de nature une durée inférieure à « quatre cinquième Toutefois, des incohérences apparaissent à
à favoriser et/ou à sécuriser l’emploi, à 4/5 » au moins de la durée légale du travail. la lecture des dispositions relatives aux
garantir la représentativité salariale et à définitions du contrat d’intérim, du contrat
renforcer les droits des travailleurs. Actuellement, le travail effectué à temps de mission et du contrat de mise à disposi-
partiel résulte de conventions librement tion, ainsi que de la structuration de leur
1/ UNE REFORME EN FAVEUR DE conclues entre les parties, à défaut de cadre régime juridique. Si la réforme aboutit en
L’EMBAUCHE ET DE L’EMPLOYABILITE légal. La nouvelle rédaction s’arrime ainsi à l’état, on peut craindre des difficultés de mise
une mutation en cours dans le monde du en œuvre de ces formes contractuelles.
On peut notamment citer : travail, en tenant compte des employés qui
souhaitent plus de flexibilité dans leurs b) La refonte du régime juridique du contrat
a) La consécration légale de nouvelles conditions de travail. Des garanties sont d’apprentissage (art. 95 à 113).
formes contractuelles. apportées au travailleur, dans la mesure où
ce dernier dispose des mêmes droits que La réforme s’inscrit en faveur de l’employa-
• Le contrat de travail saisonnier (art. 25 al 4) celui qui travaille à temps plein (art 37 al 4). bilité des jeunes inactifs, dans la mesure où :
et le travail à temps partiel (art. 37)
• Le contrat d’intérim et le contrat de • L’âge pour bénéficier de la qualité
La nouvelle rédaction définit le travail mission (art. 26 à 36) d’apprenti serait de 16 ans au minimum à
saisonnier comme l’« exécution de tâches 25 ans au maximum, au lieu de 30 ans
appelées à se répéter chaque année à des Ces nouvelles formes contractuelles ont été actuellement (art.95 al 1) ;
dates à peu près fixes en fonction du rythme codifiées pour limiter les abus du contrat de • L’obligation faite aux entreprises, existant
des saisons ou des modes de vie collectifs, à mise à disposition. depuis au moins 3 ans et employant entre
certains secteurs d’activités dont il est d’usage 20 et 50 travailleurs, d’accueillir un nombre
constant de ne pas recourir au contrat de La nouvelle rédaction codifie la durée du d’apprentis correspondant à 5% de ses
travail à durée indéterminée en raison de la contrat de mission, en précisant que cette effectifs, a été codifiée (art.95 al 2) ;
nature de l’activité exercée… ». dernière est désormais fixée à 2 ans « renou- • L’apprentissage peut être mis en œuvre
vellement compris » (art.30 al 3). dans tous les secteurs d’activités (art. 95 al 3) ;
Cette consécration marque la volonté de • L’apprentissage peut également s’effec-
tenir compte du caractère cyclique des La règlementation actuelle prévoit que la tuer par voie d’« insertion professionnelle » ou
activités liées à l’hôtellerie ou à l’agriculture, durée du contrat est de 2 ans maximum, d’ « alternance » (art.97) ;
en permettant aux employeurs, de s’extirper et qu’il ne peut être renouvelé qu’une fois. • Les entreprises ont la faculté de fixer
du cadre légal strict et « dissuasif » à certains des allocations additionnelles en dehors
égards du CDD. Par ailleurs, le délai accordé à l’Inspecteur de la rémunération minimale due, en fonction
du Travail pour faire viser le contrat de de la forme d’apprentissage, ce qui serait
La nouvelle rédaction innove également, mission a été portée de huit (8) à quinze selon nous de nature à constituer une source
par la codification du contrat de travail à (15) jours (art.30 al 2). de motivation pour les apprentis ;
temps partiel. Ce dernier est conclu pour • Le régime de l’apprentissage a été clairement

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défini, en termes de surveillance médicale, En pratique, cette restriction ne pourrait pas b) Le renforcement du régime juridique du
d’obligations de chaque partie et de se justifier, car tout étudiant dans le cadre de travail journalier et hebdomadaire (art. 23).
discipline de l’apprenti ; son cursus est emmené à effectuer un stage
• La résiliation du contrat d’apprentissage professionnel. La réforme complète et apporte des
doit être notifiée à l’Inspection du Travail. amendements au régime légal existant en
Cette disposition mérite donc d’être clarifiée, matière de travail journalier. Ainsi :
Les changements opérés visent à rendre pour éviter toute difficulté ultérieure liée à
l’apprentissage plus attractif pour les son application. • La durée totale de ce type de contrat ne
employeurs comme pour les apprentis. peut excéder un (01) mois, sauf dans les
d) Encadrement renforcé et codification secteurs aéroportuaires et maritimes ;
Néanmoins, cette nouvelle rédaction soulève du régime de l’embauche des travailleurs • Le travailleur journalier ou hebdomadaire
des interrogations. étrangers (art. 133 à 139). est obligatoirement déclaré auprès des
Organismes de Sécurité Sociale ;
En effet, les cas de recours à l’apprentissage Les innovations suivantes sont notables : • L’immatriculation des travailleurs
ne sont pas circonscrits. Il n’y a aucune journaliers et hebdomadaires auprès des
précision s’agissant notamment des métiers • La possibilité de formuler un recours en Organismes sociaux incombe désormais
ou des niveaux de qualification éligibles à cas de rejet de la demande d’autorisation au ‘‘ bureau d’embauche ’’. Cet organisme
l’apprentissage. d’emploi auprès du Ministre en charge du prévu dans la nouvelle rédaction sera
Travail (art. 135 al 3) ; chargé de gérer toutes les formalités
Cette absence de clarté pourrait donner lieu • Des modalités particulières d’exemption administratives relatives à l’emploi des
à des abus. peuvent être accordées à certains types travailleurs journaliers et hebdomadaires.
de travailleurs étrangers tels que ceux dont
c) L’extension de la notion de stage le conjoint est de nationalité gabonaise
(art. 1er al.7, 114 et 115). (art. 138). 3/ UNE REFORME QUI RENFORCE
CERTAINS DROITS DES SALARIES
La notion de stage a été étendue au « stage e) Obligation légale de détermination de
vacances » qui concerne tout étudiant ou l’indemnité de congés payés au prorata a) La lutte contre les discriminations et
élève d’au moins seize (16) ans souhaitant des jours pris (art.223 al.4). le harcèlement moral ou sexuel (art. 5 à 9).
bénéficier d’une expérience professionnelle
1
sans que cela ne soit rattaché à un cursus Au regard de la réglementation actuelle, La réforme codifie le dispositif règlemen-
de validation de diplôme. l’indemnité de congés est déterminée sur taire existant relatif à la lutte contre le
la base des jours de congés acquis. harcèlement en milieu professionnel.
Ce type de stage ne saurait toutefois Deux formes de harcèlement (sexuel et
excéder trois (03) mois, pendant la période Il en résulte, qu’en cas de fractionnement moral) sont distinguées. Ces actes sont
de vacances scolaires. Le stage devra être de la prise des congés annuels, l’indemnité passibles d’une sanction disciplinaire ou
formalisé par une convention signée entre de congés est versée en totalité au de poursuites judiciaires (art. 6).
l’employeur et le stagiaire. La réforme moment du premier départ en congés, les
prévoit également une uniformisation du autres jours de congés pris ultérieurement La nouvelle rédaction élargit le champ
régime de sécurité sociale s’agissant des ne donnant lieu à aucune rémunération d’application de la règlementation relative au
stages « école » et « vacances ». (congés sans solde). harcèlement aux stagiaires et aux apprentis
(art.6 al 5).
Nous rappelons à cet égard, que les Avec la nouvelle rédaction, cette pratique
dispositions en vigueur ne visent que les ne serait plus possible. Le salarié percevrait Le projet de Code définit la notion de
stages professionnels, c’est-à- dire ceux à chaque départ en congés, l’indemnité « Discrimination » qui s’entend comme « toute
qui valident l’obtention d’un diplôme et équivalente à la durée des congés pris. distinction, exclusion ou préférence ayant
qui sont matérialisés par une convention pour effet de détruire ou d’altérer l’égalité
de stage (art. 1er al. 5 Code du Travail). 2/ UNE REFORME EN FAVEUR DE LA des chances ou de traitement en matière
SECURISATION ET DE LA PERENNISATION d’emploi ou de profession » (art.9).
Par conséquent, les étudiants ou élèves DE L’EMPLOI
qui exercent une activité sous la direction La réforme innove en interdisant expres-
de l’employeur moyennant (ou non) une Nous avons choisi de vous présenter les sément les discriminations en matière de
rémunération, devraient faire l’objet d’un changements les plus notables. recrutement, d’offre d’emploi, de gestion
CDD. des carrières professionnelles et de conditions
a) La rupture anticipée du CDD sans de travail fondées notamment sur l’« état
La consécration du «stage vacances», permet- indemnités (art. 57.3). de grossesse, l’état de santé supposé… » (art.9).
tra aux jeunes d’acquérir des connaissances
pratiques, et aux employeurs de s’affranchir Le travailleur employé en CDD bénéficierait La nouvelle rédaction innove également
des règles du CDD. de la possibilité (sous réserve de respecter un en invitant les employeurs à mettre en place
préavis), de rompre son contrat de travail un dispositif interne au sein de l’entreprise
S’agissant des stages professionnels, la avant le terme, lorsqu’il justifie de la pour prévenir les cas de discriminations.
nouvelle rédaction semble restrictive, dans conclusion d’un CDI.
la mesure où elle ne vise qu’une certaine En dépit de l’interdiction de principe susvisée,
catégorie d’étudiants (ceux inscrits dans une Cette disposition traduit la volonté de la nouvelle rédaction tolère certains cas de
école technique ou professionnelle ou une réduire la précarisation des travailleurs, en discrimination lorsqu’ils sont justifiés par un
grande école spécialisée), laissant supposer leur permettant de se désengager, sans motif légitime (exigence professionnelle
que « les autres » étudiants (ceux inscrits à contrepartie financière, d’un contrat moins essentielle ou déterminante) art.9 al 4.
l’université ou dans des établissements avantageux en termes de durabilité de
d’enseignement supérieur moins réputés) ne l’emploi. 1. Le harcèlement est actuellement régi par la Loi n°10/2016 du
seraient pas concernés par ce type de stage. 5 septembre 2016, portant sur la lutte contre le harcèlement en
milieu professionnel.

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b) L’encadrement du congé technique dans l’obligation de maintenir la rémunération Par ailleurs, elle prévoit qu’il est interdit de
(art. 51-13). du travailleur (art. 67 al 2) ; cumuler les fonctions de Délégué Syndical
• Le versement de l’indemnité de licenciement et de Délégué du Personnel.
La réglementation en vigueur n’ayant pas à tout salarié, indépendamment de son
défini expressément le régime du congé ancienneté, licencié pour un motif autre Rappelons que la réglementation en vigueur
2
technique , les principes observés en la que la faute lourde (art. 84). prévoit que le statut des Délégués Syndicaux
matière, découlent de la pratique des doit être précisé par les Conventions Collec-
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entreprises et de l’Inspection du Travail. d) Précisions sur l’état de grossesse. tives , qui sont muettes sur la question. Il en
résulte que d’un point de vue strictement
La réforme entend préciser le régime Cette protection résulte de l’autorisation légal, la présence des Délégués Syndicaux au
juridique du congé technique : nécessaire de l’Inspection du Travail, pour sein des entreprises est sans fondement.
licencier la femme dont l’état de grossesse La réforme permettrait donc d’encadrer le
• La mise en œuvre du congé technique est est « apparent » (cf. art. 205 al. 3). statut de Délégué Syndical.
décidée par l’employeur après information
préalable des représentants du personnel e) Consécration légale de l’égalité de Cessation des fonctions de membre du
et « notification » à l’Inspecteur du Travail; rémunération entre les femmes et les CPCES
• Elle a le mérite de circonscrire plus claire- hommes (168 al.2 et 3).
ment le rôle de l’Inspecteur du Travail (IT), La nouvelle rédaction vient :
dans le cadre du congé technique. En effet, A ce jour, le principe d’égalité de rémuné-
la réglementation en vigueur prévoit que la ration est reconnu de manière générale • Enumérer les cas de cessation des
mesure de congé technique, doit être entre travailleurs. Le projet de Code vient fonctions de l’ensemble des membres du
soumise pour avis à l’IT. Désormais, les préciser ce principe entre travailleurs CPCES (art 347) ;
employeurs seront simplement tenus de hommes/femmes. • Supprimer l’obtention préalable du Comité
notifier le congé technique décidé à l’IT ; en vue du licenciement d’un de ses membres
• La durée du congé technique a été limitée f) Renforcement de la protection des (art.347).
à six (06) mois, renouvellement compris représentants du personnel (art.333 à 347).
(art.54-13 al. 3). Autorisation nécessaire de l’Inspection
Elaboration d’un véritable statut des du Travail, pour licencier les Membres du
Avec ces mesures, la réforme se donne pour Délégués Syndicaux CSST et du CPCES :
objectif de lutter contre les abus observés en
matière de congé technique. Toutefois, on La réforme encadre les principales modalités Les membres salariés du CSST et du CPCES
peut regretter le fait que le montant de de leur désignation, la durée de leur mandat bénéficient de la protection accordée aux
l’allocation ne soit toujours pas encadré. (trois ans). Délégués du Personnel (art. 253 al. 3).
2. Cf. art. 36-12 du Code du Travail.
c) Les avancées en matière de résiliation 3.Art. 294 Code du Travail / 4. Art. 301 Code du Travail.
du contrat de travail.

La reconnaissance de la rupture amiable


comme cause de cessation du CDI (art.74)

La réforme consacre ainsi une pratique


répandue dans le monde du travail et
définit le cadre légal de sa mise en œuvre.

Si la rupture émane de l’employeur, ce


dernier devra verser au travailleur toutes
les indemnités légales dues au jour de la
rupture de la relation contractuelle et
prévoir des mesures d’accompagnement.

Des dispositifs plus protecteurs en cas


de licenciement (art.61, 67 et 84)

• L’établissement et la signature du procès-


verbal d’entretien préalable le jour de
l’entretien (art. 61 al 7) ;
• La réduction du délai de traitement de
l’autorisation de l’Inspection du Travail, en
matière de travailleurs protégés ;
• Un délai suffisant (vingt jours) pour
intenter un recours hiérarchique contre
la décision de l’Inspection du Travail, en
matière de licenciement des travailleurs
protégés (art.67 al 4). Actuellement ce
délai est de cinq (05) jours s’agissant du
licenciement mis en œuvre contre les
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Délégués du Personnel ;
• Durant la période de mise à pied conser-
vatoire du salarié protégé, l’employeur sera

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II. LES MESURES A DESTINATION DES EMPLOYEURS

1/ LA REFORME ET SES INTERETS licenciement susceptible d’être retenu par un Les Pouvoirs publics ont souhaité ainsi
POUR L’ENTREPRISE employeur ne peut, par principe, pas être favoriser le recrutement de travailleurs
contesté par l’employé. étrangers, dans le cadre de projets priori-
a) Précisions sur le régime du CDD. taires pour l’Etat, et pour lesquels le
d) La libre répartition de la durée légale de recrutement d’un travailleur gabonais ne
L’article 23 du Code du Travail précise que travail par l’employeur (art. 194). pouvait pas être envisagé.
la durée ne peut excéder 2 ans « renouvel-
lement compris » (art. 23 al. 1er). La durée légale du travail en vigueur est g) Dispositions diverses.
de quarante (40) heures par semaine, l’horaire
Pour rappel la rédaction actuelle de l’article journalier étant de huit (8) heures par La réforme prévoit de nombreuses autres
23 prévoit que la durée du CDD « ne peut jour, comprises entre 7H 30 et 16H30. innovations, telles que la définition de la
excéder 2 ans. Il ne peut être renouvelé notion d’employeur ou celle de la clause
qu’une fois ». C’est ce qui résulte du Décret no0028/PR/ de non-concurrence. Toutefois, nous avons
MEFPTFP du 29 janvier 2021 publié au souhaité mettre un accent particulier sur
La rédaction actuelle continue de donner Jounal Officiel du 12 février 2021. Il nous la notion de « mandataires sociaux », telle
lieu à des divergences d’interprétation, semble pertinent de faire un développement qu’elle est appréhendée par le projet.
laissant penser à certains que la durée du particulier sur ce point (p.6).
CDD était de 4 ans, renouvellement inclus. A cet égard, le projet prévoit en son
La réforme prévoit que la répartition article 1 al.9 et 10 que les mandataires
La nouvelle rédaction a le mérite de lever journalière de la semaine de quarante heures sociaux « […] sont à leur tour considérés
les difficultés d’interprétation observées par semaine peut être fixée « librement » comme des travailleurs dans leurs relations
actuellement. en fonction des secteurs d’activités. avec l’employeur qu’ils représentent à
condition qu’ils cumulent un contrat de
La réforme consacre une pratique assez travail et que la révocation ad nutum ne
b) Reconnaissance légale du télétravail répandue chez certains employeurs en leur soit pas de nature à emporter la résiliation
(art.50). permettant désormais de s’appuyer sur un de leur contrat de travail ».
cadre légal, pour adapter la répartition de
La nouvelle rédaction définit le télétravail l’horaire journalier en fonction des nécessités Ce texte semble consacrer la position de
ainsi que le cadre général de sa mise en et des particularités de leurs activités. l’Administration en matière de formalités
œuvre. Elle donne aux parties (employeurs d’embauche/de séjour des dirigeants
et salariés) la latitude de régler conven- e) L’encadrement du droit de grève. étrangers (à savoir l’établissement de contrats
tionnellement (par voie d’accord collectif, de Directeurs Généraux).
ou par une convention entre l’employeur et le La grève fait désormais l’objet d’un régime
salarié) les différentes questions résultant plus strict dans le cadre de sa mise en œuvre : En effet, la pratique actuelle observée au
de son implémentation. sein de l’Administration du travail conduit
• Sanction d’un salarié gréviste qui s’est les entreprises à ‘’recruter’’ les Directeurs
c) Refonte du régime du licenciement rendu coupable d’une faute lourde ou de Généraux selon les règles applicables à
pour motif personnel (art.60 à 67). voies de fait avec menaces (art. 380). l’emploi des salariés étrangers (autorisation
• Extension du service minimum à toutes d’emploi/contrat de travail), alors même
La nouvelle rédaction prévoit qu’un les entreprises (art. 383 al. 1er). que ces derniers ont été désignés par les
employeur peut licencier pour motif Organes sociaux, dans les conditions
personnel, un salarié pour « tout motif » Actuellement, un service minimum est prévues par la réglementation applicable
autre que ceux : obligatoire pour certaines entreprises (en en matière de Droit des Sociétés.
raison de leur utilité sociale ou de leur spécificité,
• Liés à sa personnalité ; cf. art. 348 Code du Travail). Il convient toutefois de souligner que cette
• Liés à l’exercice de ses droits légaux et disposition est contraire aux dispositions
contractuels ; Le préavis devra indiquer les modalités du de l’Acte Uniforme OHADA relatif au droit
• Liés à son appartenance à une organisation service minimum dans les entreprises dont des sociétés commerciales et du GIE (Acte
syndicale ; l’arrêt total est de nature à porter atteinte Uniforme) qui prévoit une distinction des
• Discriminatoires. à la sécurité et à l’accès aux soins ainsi fonctions de mandataire social et de salarié.
qu’à l’équilibre de l’économie nationale.
On peut constater la suppression de la En effet, les mandataires sociaux ne peuvent
distinction actuelle entre le licenciement Les secteurs d’activités concernés sont listés conclure un contrat de travail que si ce dernier
résultant d’une faute et celui résultant de dans le projet de Code (cf. art. 383 al. 3). correspond à un emploi effectif 5.
l’inaptitude du salarié.
Cette mesure devrait permettre aux Il résulte donc des dispositions de l’Acte
La nouvelle rédaction supprime également employeurs de préserver une certaine Uniforme :
la notion du caractère réel et sérieux du continuité du service dans l’entreprise,
motif de licenciement. réduisant ainsi l’impact économique • Qu’un mandataire social ne peut conclure
pouvant résulter d’une situation d’inactivité. un contrat de travail que pour une fonction
Cette volonté de simplification du régime du distincte de son mandat ;
licenciement pour motif personnel tend à f) Mesures destinées à favoriser l’investis- • Que le cumul des qualités respectives de
fragiliser l’emploi. sement (art.140). mandataire social et de salarié, entraîne
l’application d’un régime juridique distinct
En effet, dès lors que l’employeur n’est plus Cette procédure simplifiée est destinée et spécifique, notamment en ce qui concerne
tenu de justifier d’un motif réel et sérieux au cas particulier des grands chantiers d’infra- la cessation de leurs fonctions, (à savoir, la
pour mettre en œuvre un licenciement pour structures conclus avec l’Etat Gabonais. révocation par les Organes habilités ou la
motif personnel, l’Inspection du travail ainsi démission pour le mandataire social et la
que les juges n’ont plus la capacité d’en La réforme prévoit à cet égard, que les mise en œuvre d’une procédure de licenciement
apprécier le bien-fondé. formalités liées à l’emploi des travailleurs ou la démission s’agissant du Dirigeant salarié).
étrangers pourront être effectuées dans un
Ainsi, en listant limitativement les motifs délai maximum de huit (08) jours. On peut déplorer le fait que cet aspect de la
de licenciement abusifs, la nouvelle rédac- réforme opère une confusion entre la qualité
tion laisse supposer que tout autre motif de de mandataire social et celle de salarié.

5. Art. 426, 466 et 486 de l’Acte Uniforme.


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DECRET No 0028/PR/MEFPTFT DU 29 JANVIER 2021
FIXANT LES MODALITES DE REPARTITION DE
LA DUREE HEBDOMADAIRE DU TRAVAIL
EN REPUBLIQUE GABONAISE

Le conseil des Ministres en date du 22 janvier 2021 a entériné le projet


de décret fixant les modalités de répartition journalière de la durée
hebdomadaire du travail en République Gabonaise. Ce Décret a été
publié au Journal Officiel no102 bis en date du 12 février 2021.

Le Texte pris en vue d’augmenter la compétitivité des entreprises gabo-


naises, se distingue du Décret no933 en date du 30 décembre 2009
précédemment applicable, en ce qu’il augmente le temps de travail
effectif ainsi que le temps de pause de trente (30) minutes.

Ainsi, la durée journalière comprise entre 7H30 et 15H30 incluant


trente (30) minutes de pause est désormais comprise entre 7H30 et
16H30 avec une (1) heure de pause, soit neuf (9) heures de présence
décomposées comme suit :

- Huit (08) heures de travail ;


- Une heure de pause (observée entre 12H30 et 13H30).

Le Décret prévoit expressément que l’heure de pause n’est pas prise en


compte dans le décompte du temps de travail effectif journalier et partant,
dans l’appréciation des quarante (40) heures de travail hebdomadaire.

Il convient de souligner qu’il s’agit d’une modification du régime de


droit commun qui ne vient pas remettre en cause les régimes dérogatoires
existants. Ainsi, les sociétés travaillant en deux (2) ou trois (3) huit
conservent leur spécificité. Il en est de même pour les entreprises dont
les implications économiques nécessitent une répartition différente du
temps de travail.

Le Décret ayant été publié, les entreprises sont désormais tenues de


s’arrimer aux nouveaux horaires. A notre sens, les règlements intérieurs
doivent être mis à jour en conséquence.

ACTUALITE JURIDIQUE AU 28 FEVRIER 2021

J.O n°83 ter/2020


Décret n°295/PR/MCAPMEI du 14 août 2020, fixant les conditions de délivrance des autorisations administratives
pour l’exercice des activités industrielles.
Décret n°297/PR/MCAPMEI du 14 août 2020, réglementant le suivi et le contrôle des activités industrielles en
République Gabonaise.

J.O n°90/2020
Arrêté n°025/MCPMEI/MER du 30 octobre 2020, fixant les conditions d’attribution de la dispense prévue à
l’article 120 de l’Acte Uniforme OHADA relatif au Droit des Sociétés Commerciales et du Groupement d’Intérêt
Economique.

J.O n°98 bis/2021


Loi n°044/2020 du 11 janvier 2021, déterminant les ressources et les charges de l’Etat pour l’année 2021.

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