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Chapitre 9

Réponse du climat aux


forçages par les aérosols

9.1 Forçage radiatif, rétroactions


et réponse climatiques
9.1.1 Forçage radiatif
Il est utile de définir et de différencier les concepts de forçage radiatif, ré-
troaction et réponse climatiques. Pour ce faire, nous nous plaçons dans le cadre
d’un système climatique à l’équilibre, pour lequel l’énergie qui sort du système
sous forme de rayonnement infrarouge est égale à l’énergie qui rentre dans le
système sous forme de rayonnement solaire, comme nous l’avons illustré sur
la figure 5.17. Cet équilibre n’est réalisé qu’en moyenne sur une période de
plusieurs décennies car le système climatique génère une variabilité interne na-
turelle qui est importante. En présence d’une nouvelle perturbation, le système
climatique évolue vers un nouvel équilibre pour lequel le bilan radiatif mais
aussi les autres paramètres du système diffèrent de l’équilibre initial.
En réalité, le système climatique n’est jamais à l’équilibre car il subit un
certain nombre de perturbations externes qui agissent à des échelles temporelles
très variées. Certaines perturbations sont d’origine naturelle comme l’évolution
des paramètres orbitaux de la Terre autour du Soleil, les variations spectrales
du rayonnement solaire ou l’activité volcanique. D’autres ont une cause an-
thropique comme les émissions de gaz à effet de serre à longue durée de vie, les
émissions d’aérosols et de précurseurs d’aérosols ou des changements dans l’uti-
lisation des sols. Toutes ces perturbations se superposent et le climat est donc
en perpétuelle évolution. Néanmoins, comme on l’a vu dans l’introduction, les
perturbations anthropiques sont maintenant devenues plus importantes et plus
rapides que les perturbations naturelles et ont contrôlé l’évolution récente du
climat.

O. Boucher, Aérosols atmosphériques


© Springer-Verlag France, Paris 2012
164 Aérosols atmosphériques - Propriétés et impacts climatiques

Les perturbations climatiques, aussi appelées forçages climatiques, sont sou-


vent d’origine radiative et peuvent être caractérisées à l’aide d’une quantité
appelée forçage radiatif. Un forçage radiatif, que l’on note ΔF , correspond au
déséquilibre radiatif (mesuré en W m−2 ) causé par une perturbation climatique.
Il est souvent estimé au niveau de la tropopause avant que la troposphère et la
surface terrestre ne répondent à cette perturbation (c’est-à-dire avec des profils
verticaux de température, d’humidité et de nuage fixes) mais après ajustement
de la stratosphère qui est essentiellement en équilibre radiatif (Forster et al.,
2007). Dans la pratique, on effectue un double appel au code de rayonnement
dans un modèle de climat avec et sans la perturbation radiative (après ajuste-
ment de la stratosphère). La différence de flux radiatif au sommet de l’atmo-
sphère ou de la tropopause est alors égal au forçage radiatif. On reviendra un
peu plus loin sur cette définition.

9.1.2 Rétroactions climatiques


Le système climatique répond à une perturbation via un grand nombre de
mécanismes que l’on appelle rétroactions climatiques. Une rétroaction implique
une modification de l’état de l’atmosphère, de l’océan ou de la cryosphère qui
vient amplifier (rétroaction positive) ou réduire (rétroaction négative) la per-
turbation initiale due au forçage radiatif (cf. figure 9.1).
La principale rétroaction climatique négative est celle qui contribue à aug-
menter le rayonnement infrarouge sortant de l’atmosphère quand la surface de
la planète et l’atmosphère se réchauffent. Cette rétroaction est appelée rétroac-
tion du corps noir car elle obéit au premier ordre à la loi de Stefan-Boltzmann
d’émission du corps noir qui spécifie que le rayonnement émis par un corps
noir de température T est égal à σT 4 (voir chapitre 5). Si l’on fait l’hypothèse
que le système Terre peut être approximé par un corps noir, l’incrément de
température, ΔT0 , nécessaire pour contrecarrer un forçage radiatif ΔF vérifie

ΔF = 4 σ Te3 ΔT0 (9.1)

où Te est la température moyenne d’émission de la planète (qui correspond à la


température moyenne de l’atmosphère à une altitude d’environ 5 km) que l’on
peut prendre égale à 255 K. En l’absence de toute autre rétroaction climatique,
le rapport entre changement de température de surface et forçage radiatif, que
l’on appelle sensibilité climatique, est donc égal à :

λ0 = ΔT0 /ΔF = (4 σ Te3 )−1 = 0, 26 K (W m−2 )−1 . (9.2)

Les autres rétroactions sont en général exprimées en fonction de la rétro-


action du corps noir. Elles sont souvent proportionnelles au changement de
température de surface et viennent à leur tour modifier l’équilibre radiatif de
la planète si bien que leur impact sur le changement moyen de température de

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