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Définition de la stratégie
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métiers d’origine, transformation du business model : il n’existe pas un jour sans
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que la presse généraliste ou spécialisée ne fasse état d’actions et de manœuvres
52
:1
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stratégiques de la part des entreprises. Face à la diversité de ces pratiques, que
.1
.1
82
recouvre réellement le terme de « stratégie » ? Il existe en fait plusieurs manières
1.
:4
32
de définir la stratégie selon la perspective que l’on adopte. La stratégie peut
84
82
8
être perçue alternativement comme une trajectoire, un positionnement ou bien
:8
45
09
encore un plan formel constitué d’objectifs et de moyens d’action. 28
14
r:9
■■
Da
mise en exergue par les observateurs et analystes externes sans pour autant
:G
m
.co
Selon une perspective plus statique, la stratégie peut aussi se définir comme
er
int
■■
XII
Introduction
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défini de manière formelle et rationnelle, permet de guider précisément les chan-
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78
52
gements stratégiques et organisationnels selon une direction souhaitée. Dans le
:1
23
.1
second cas, la stratégie résulte de réactions ad hoc en réponse à des événements
.1
82
1.
non anticipés par le plan stratégique. Ces actions stratégiques émergentes, non
:4
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84
planifiées a priori, expliquent les différences constatées entre la stratégie souhaitée
82
8
:8
(« officielle ») et la stratégie finalement réalisée. L’observation des entreprises
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09
montre que la stratégie effective des organisations consiste souvent en une 14
28
r:9
corder sur l’idée que son rôle est d’organiser le futur collectif de l’organisation
ox
rv
ola
Définition
er
int
La stratégie peut se définir comme l’ensemble des choix et des décisions qui
portent sur les objectifs de long terme, les modalités d’action et l’allocation
de ressources et qui ont pour but d’assurer la performance et la pérennité
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
de l’entreprise.
XIII
Stratégie
6
leure maîtrise des facteurs clés de succès attachés à l’activité. Cependant, face
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à cette logique « d’exploitation », consistant à jouer les règles du jeu de l’activité,
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:1
23
il existe une alternative pour l’organisation en quête d’une stratégie d’activité
.1
.1
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performante : changer les règles du jeu et opter pour une stratégie de rupture,
1.
:4
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dans une logique « d’exploration » cette fois. Ainsi, face à la volatilité des posi-
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82
8
tions concurrentielles et au phénomène d’hyperconcurrence, l’entreprise a la
:8
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possibilité de recomposer le business model traditionnel communément accepté,
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14
pour innover et faire émerger une nouvelle opportunité d’affaires.
r:9
ka
Da
L
Stratégie et diagnostic
XIV
Introduction
devrait faire pour être performante. Celle-ci, de par ses produits, ses technologies,
ses ressources et ses savoir-faire, dispose d’une capacité d’action qui la poussera
à privilégier certaines opportunités de développement et certaines stratégies
mais aussi à en écarter d’autres. La stratégie résulte donc d’une confrontation
entre ce que l’entreprise devrait faire et ce qu’elle peut faire.
Dès lors, et afin de limiter les risques et les pertes liés à des stratégies inadaptées,
l’organisation devra mettre en œuvre une démarche structurée et organisée
lui permettant d’analyser et de connaître ses capacités et compétences ainsi
que les caractéristiques de son environnement. Dans ce cadre, le diagnostic
interne a pour objectif de déterminer les forces et faiblesses de l’entreprise et,
6
plus généralement, sa capacité stratégique. Le diagnostic externe vise quant à
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78
lui à déterminer les opportunités et menaces de développement ainsi que les
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:1
23
facteurs clés de succès de l’environnement. Les diagnostics interne et externe
.1
.1
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constituent en conséquence les deux composantes fondamentales du diagnostic
1.
:4
32
stratégique servant de base à la formulation des stratégies business et corporate.
84
82
8
Le diagnostic stratégique mobilise ainsi des concepts, des outils et des techniques
:8
45
09
permettant d’appréhender et d’analyser les informations clés et constituant le 28
14
support de la prise de décision stratégique.
r:9
ka
Da
L
XV
Stratégie
mise en place d’une stratégie d’activité pertinente, fondée sur une meilleure
maîtrise des facteurs clés de succès que ses concurrents dans le domaine de la
maîtrise des coûts ou de la différenciation ( chapitre 3), ou sur une réinvention
des facteurs clés de succès dans le cadre d’une stratégie de rupture ( chapitre 4).
La formulation d’une stratégie vise d’autre part la poursuite d’une croissance har-
monieuse, pérenne et rentable par le biais de la définition des axes de croissance
( chapitre 5) et des modalités qui y sont attachées ( chapitre 6). Le schéma
suivant permet de synthétiser la démarche d’élaboration d’une stratégie pour
l’entreprise, au travers de ces différentes étapes.
6
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70
Diagnostic stratégique
78
52
:1
23
.1
.1
Analyse externe : Analyse interne : Partie 1
82
1.
Identifier les règles du jeu Identifier les compétences
:4
32
de l’environnement et les capacités de l’entreprise
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882
:8
Chap. 1 Chap. 2
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09
14
28
r:9
Formulation stratégique
ka
Da
L
TE
ES
Partie 2
ola
diversification,
int
Exemple
En décembre 2014, Google annonce son intention de créer un moteur de recherche
pour enfants, regroupant également YouTube, qui filtrerait les contenus inadaptés
et qui mettrait en avant une série de services éducatifs et ludiques. Mais quelle est
donc la vision stratégique de ce géant du numérique qui multiplie les services et les
produits à destination du grand public ? Où se trouve la logique derrière l’accumulation
de ces activités ? Depuis la création de son moteur de recherche en 1998, fondé sur
un algorithme complexe lui permettant de repérer et de répertorier les informations
disponibles sur Internet, l’entreprise a fait du chemin : régie publicitaire en ligne
depuis 2000, elle facture les liens publicitaires « au clic ». Puis l’entreprise multiplie
XVI
Introduction
les nouveaux services dont la plupart sont gratuits : géo-localisation (Google Earth),
messagerie (Gmail), informations (Google News), gestion de photos sur Internet
(Picasa), vidéo (YouTube), système d’exploitation (Android, Chrome OS), suite de
logiciel bureautique (Google Apps), navigateur Internet (Google Chrome), offre
Cloud 1 , objets connectés (Google glass), etc.
Et si toutes ces offres ne visaient qu’à alimenter le business model principal de l’entre-
prise ? Celui sur lequel repose l’essentiel de ses revenus et de ses profits : la publicité…
En effet, quels sont les facteurs clés de succès de la publicité et notamment de la
publicité en ligne ? Il s’agit principalement de l’audience et du ciblage : pour séduire
les annonceurs, il faut prouver sa capacité à toucher une grande quantité de clients
(audience) et sa capacité à diriger le message publicitaire sur le client qui y sera le
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plus sensible (ciblage). Pour l’activité publicitaire de Google, il s’agit donc d’une part
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78
d’augmenter le trafic sur ses sites et d’améliorer sa notoriété dans le but de maximiser
52
:1
son audience ; quel meilleur moyen pour cela que de multiplier les services gratuits
23
.1
aux consommateurs, qui vont passer leur temps de connexion sur les services de
.1
82
1.
l’entreprise ? Il s’agit d’autre part pour Google de mieux connaître les habitudes, les
:4
32
84
comportements de consommation et les styles de vie des utilisateurs afin de maîtriser
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8
le ciblage. Là encore, la multitude des services offerts aux consommateurs lui permet
:8
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09
de connaître en profondeur leurs habitudes, leurs attentes et leurs goûts.
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28
Serait-il possible alors que la stratégie de Google ne vise pas simplement à améliorer
r:9
ka
un mail en utilisant Gmail, faisons une recherche sur Google, utilisons les services de
ES
cloud, regardons une vidéo sur YouTube, nous sommes scrutés par les robots logiciels
pe
u
ro
de l’entreprise qui accumulent des données sur notre vie, afin de nous proposer des
:G
m
.co
nous serons exposés lors d’une prochaine navigation. C’est cette maîtrise extrême
ola
ch
des facteurs clés de succès du secteur de la publicité (rendue possible par un dévelop-
l.s
na
1 L’offre de cloud computing consiste à déporter les logiciels et les données du disque dur des
ordinateurs vers les serveurs de l’entreprise.
XVII
int
er
na
tio
na
l.s
ch
ola
rv
ox
.co
m
:G
ro
upe
ES
TE
L
Da
ka
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14
et évaluer
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:8
882
84
32
:4
1.
Partie
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.1
.1
23
:1
52
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6
les ressources
Diagnostiquer
l’environnement
1
6
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70
78
52
:1
23
.1
.1
82
1.
:4
1
32
Analyser l’environnement de l’entreprise. . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
84
Chapitre
82
8
:8
45
09
14
28
r:9
2
ka
Chapitre
L
TE
ES
pe
u
ro
:G
m
.co
ox
rv
ola
ch
l.s
na
tio
na
er
int
Chapitre 1
6
B
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70
ien que la rentabilité du secteur du trans- – les low cost et les compagnies du Golfe – qui
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52
:1
port aérien ait toujours été structurelle- déploient des modèles économiques performants
23
.1
.1
ment faible (une marge nette moyenne et des stratégies agressives en termes de prix.
82
1.
:4
de 0,1 % entre 1970 et 2013), celle-ci s’est très Malgré ces conditions extrêmement difficiles,
32
84
82
fortement dégradée à partir du milieu des années certaines compagnies (telles que EasyJet, Emi-
8
:8
45
2000. La crise fi nancière mondiale, l’instabilité rates, Turkish Airlines) semblent tirer leur épingle
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14
28
géopolitique, une réglementation de plus en du jeu en témoignant de niveaux de croissance et
r:9
ka
plus contraignante à laquelle est associée une de performance économique relativement élevés.
Da
L
TE
environnementales et concurrentielles ?
a en outre connu l’arrivée de nouveaux acteurs
5 2
Profits (Mds €)
6
72
Plan
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52
:1
23
1 La place du diagnostic de l’environnement
.1
.1
au sein du diagnostic stratégique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
82
1.
:4
32
2 L’analyse du macro-environnement : le modèle PESTEL . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
84
82
8
:8
45
3 L’analyse de la structure concurrentielle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
09
14
28
r:9
Objectifs
:G
m
.co
ox
rv
de l’environnement.
l.s
na
tio
sur l’entreprise.
¼¼Analyser l’attractivité d’un secteur d’activité et identifier
les déterminants de l’intensité concurrentielle.
¼¼Comprendre les différentiels de performance et de profitabilité
entre les entreprises d’un même secteur.
¼¼Proposer des actions permettant de gérer les changements
environnementaux et concurrentiels.
Partie 1 Diagnostiquer l’environnement et évaluer les ressources
1 La place du diagnostic
de l’environnement au sein
du diagnostic stratégique
1.1 Le diagnostic stratégique
Le diagnostic stratégique constitue une étape préalable à la conception et à la
formulation de la stratégie. Il vise à repérer et analyser les éléments internes
6
72
70
et externes à l’organisation susceptibles d’impacter son développement et sa
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52
:1
performance. Il permet à l’entreprise de se situer et de se positionner face à son
23
.1
.1
environnement, à ses marchés, à ses concurrents et à leurs évolutions anticipées.
82
1.
:4
Le diagnostic conduit, en outre, l’entreprise à une meilleure connaissance de ses
32
84
82
ressources, capacités et dysfonctionnements internes qui vont être autant de freins
8
:8
45
ou au contraire de leviers dans la conduite d’une stratégie de développement.
09
14
28
Ces informations vont alors servir de fondement à la formulation de la stratégie
r:9
ka
mais interdépendantes :
ola
ch
l.s
positives et négatives ;
er
int
Définition
Le diagnostic stratégique consiste à faire le bilan de la situation de l’en-
treprise au sein de son environnement et à en déduire des implications sur
l’évolution souhaitable de sa stratégie et de son positionnement concurrentiel.
4
Chapitre 1 Analyser l’environnement de l’entreprise
La confrontation entre ce que l’entreprise devrait faire (étant donné les caracté-
ristiques de son environnement repérées par le diagnostic externe) et ce qu’elle
peut réellement faire (étant donné ses capacités stratégiques identifiées par le
diagnostic interne) permet de sélectionner un ensemble d’objectifs et d’axes de
développement à la fois souhaitables et possibles selon une synthèse en termes
de Forces-Faiblesses-Opportunités-Menaces ( chapitre 2, partie 5). Les outils,
concepts et méthodes analytiques mobilisés lors des différents diagnostics varie-
ront selon les secteurs étudiés, les problématiques qui se posent à l’entreprise et
l’accessibilité des données.
6
1.2 Le diagnostic externe ou diagnostic
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70
78
de l’environnement
52
:1
23
.1
.1
82
1.
La compréhension de l’environnement et de sa dynamique est primordiale dans
:4
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84
la détermination des choix stratégiques.
82
8
:8
45
09
Définition 14
28
r:9
ka
5
Partie 1 Diagnostiquer l’environnement et évaluer les ressources
FOCUS
La notion centrale de facteur clé de succès
Un facteur clé de succès (FCS) se définit comme une compétence, une ressource ou un actif qu’une
entreprise doit maîtriser pour réussir mieux que ses concurrents dans un secteur d’activité ou un seg-
ment stratégique donné. Autrement dit, les FCS s’apparentent à des règles du jeu attachées à un secteur
d’activité et autour desquelles s’organise la logique concurrentielle du secteur. Les entreprises doivent
maîtriser les FCS du secteur dans lequel elles évoluent afin de proposer une offre à moindre coût et/
ou une offre créatrice d’une valeur supérieure pour le client par rapport à celle des concurrents. Les
FCS sont généralement conditionnés par les attentes des clients de l’activité. Étant propres à chaque
6
72
secteur d’activité, ils ne sont pas immuables et sont au contraire susceptibles d’évoluer dans le temps
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78
sous l’effet de la transformation des styles de vie, de l’action des concurrents ou encore des évolutions
52
:1
23
technologiques, économiques ou réglementaires. L’identification des FCS d’un secteur et de leurs évolu-
.1
.1
tions potentielles constitue la finalité fondamentale du diagnostic externe. Le prix, l’image de marque,
82
1.
:4
la rapidité de la distribution, la qualité en termes de design des produits sont des exemples de FCS.
32
84
82
8
:8
45
09
14
Dans le diagnostic externe, et face à la multiplicité des éléments à prendre en
28
r:9
ka
de manière successive :
ES
pe
(voire plusieurs secteurs d’activité) et sur lesquels celles-ci n’ont que peu ou
rv
ola
6
Chapitre 1 Analyser l’environnement de l’entreprise
Le macro- PESTEL
environnement
Détermination
Le secteur Analyse des forces progressive
d’activité des opportunités,
concurrentielles menaces et FCS
L’entreprise
Les concurrents
Analyse des groupes
directs
stratégiques
6
72
70
78
52
:1
SSFigure 1.1 Les différentes étapes et composantes du diagnostic externe
23
.1
.1
82
1.
:4
32
84
2 L’analyse du macro-
82
8
:8
45
09
14
développe ;
na
er
int
Définition
Le modèle PESTEL est une méthodologie d’analyse qui permet d’appréhender
et d’évaluer, à travers six dimensions principales, l’environnement général
des entreprises dans le but d’identifier les facteurs susceptibles d’influencer,
positivement ou négativement, leur développement et leur performance.
Les six dimensions retenues par le modèle sont d’ordres politique, économique,
social, technologique, environnemental et légal et représentent autant de
facteurs potentiels d’influence. Chaque dimension se décompose elle-même en
7
Partie 1 Diagnostiquer l’environnement et évaluer les ressources
MACRO-ENVIRONNEMENT
Dimension politique Dimension technologique
• Stabilité du gouvernement et des institutions • Apparition de nouvelles technologies
• Attitude vis-à-vis du privé et de la • Convergences technologiques
concurrence • Financement public de la R&D
• Politiques publiques sectorielles • Clusters technologiques et pôles de
6
• Politiques monétaires et budgétaires compétitivité
72
70
• Politiques en matière de commerce • Émergence ou confortement de standards
78
international et d’aide à l’exportation technologiques
52
:1
• Politiques en matière de recherche • Investissements R&D du privé
23
.1
.1
82
1.
:4
Dimension économique Dimension légale
32
84
82
• Évolution du PIB • Normes techniques et sanitaires
Environnement
8
:8
• Taux d’inflation et de chômage • Droit du travail et des sociétés
45
• Taux d’épargne et d’endettement des concurrentiel • Réglementation fiscale et financière
09
ménages 14 • Lois sur la protection de l’environnement
28
• Évolution des salaires et du pouvoir d’achat et la responsabilité sociale des entreprises
r:9
Entreprise
ka
et démographique
ox
la consommation verte
l.s
L’objet de cette analyse n’est pas de dresser un listing ou une check-list exhaustive
et descriptive de l’ensemble des caractéristiques environnementales. Le risque
est en effet grand pour l’analyste de se perdre dans une multiplicité de données
et de faits bruts qui n’apportent pas ou peu d’informations sur les enjeux et les
questions clés qui se posent à l’entreprise.
L’objectif est au contraire de se concentrer sur les tendances significatives,
lourdes et durables (les variables pivots) qui ont une influence majeure sur le
développement du secteur d’activité auquel appartient l’entreprise. L’anticipation
des futures tendances lourdes et structurantes (les faits porteurs d’avenir) doit
permettre dans un second temps de dresser des scénarios potentiels d’évolution
du secteur.
8
Chapitre 1 Analyser l’environnement de l’entreprise
6
72
À ce stade de l’analyse, une série de recommandations ou de réponses straté-
70
78
52
giques peut d’ores et déjà être listée et envisagée.
:1
23
.1
.1
82
Exemple
1.
:4
32
L’année 2013 a été marquée pour l’industrie pharmaceutique française par la multi-
84
82
plication des plans sociaux (plus de 27) et par une forte réduction des emplois (2 700,
8
:8
45
soit une baisse de 2,7 %) et des capacités de production. L’analyse PESTEL permet
09
de comprendre les difficultés et les enjeux auxquels est confronté actuellement le 14
28
r:9
marché français des médicaments, qui connaît une décroissance régulière aussi bien
ka
Da
en termes de prix (– 3,5 % en 2012 et 2013), que de volumes de vente (– 2,3 % en 2012)
L
TE
ES
est fortement dépendant des financements publics et des politiques publiques en matière
m
.co
de santé. Or la faiblesse des taux de croissance pour la zone Europe et l’aggravation des
ox
rv
ola
déficits publics et de la dette (94 % du PIB) laissent entrevoir des politiques de finance-
ch
l.s
ment et de prise en charge par l’État et la Sécurité sociale de plus en plus restrictives.
na
tio
En outre, les autorités publiques, en baissant les prix imposés sur les médicaments de
na
er
9
Partie 1 Diagnostiquer l’environnement et évaluer les ressources
Nature Conséquences
Criticité
Facteurs environnementaux des impacts et stratégiques
ou significativité
des influences potentielles
POLITIQUE
• Politique de réduction du déficit de
l’assurance-maladie et de maîtrise des Réduction des coûts et
dépenses de santé (baisse des prix, Menace Influence majeure des capacités
déremboursement, incitation à la modé- et impact croissant Restructurations, exter-
ration des prescriptions) –––ì nalisations
6
72
70
ÉCONOMIQUE
78
52
• Faiblesse de la croissance économique
:1
23
Influence limitée Nécessité d’évolution du
.1
aggravant le déficit de l’assurance-
.1
82
maladie, baisse du pouvoir d’achat des Menace par l’importance modèle économique
1.
:4
accordée à la santé
32
ménages
84
–è
82
8
:8
• Croissance économique soutenue et
45
09
amélioration du niveau de vie dans les Influence croissante L’exportation comme
Opportunité 14
28
pays émergents (poids croissant des +ì relais de croissance
r:9
ka
dépenses de santé)
Da
L
TE
ES
SOCIAL
pe
u
ment de la population
.co
renforcement de maladies liées à l’évolu- Opportunité influence croissante ments de clients à plus
ch
diabète…)
int
TECHNOLOGIQUE
• Développement des biotechnologies
• Développement de la distribution digi- Tendance Adoption de la tech-
tale de médicaments confirmée et nologie et des modèles
• Maturité des technologies de chimie Opportunité influence croissante de fonctionnement des
de synthèse et ralentissement du taux de +ì start-up biotech (bio
découverte de nouvelles molécules techisation)
10
Chapitre 1 Analyser l’environnement de l’entreprise
Nature Conséquences
Criticité
Facteurs environnementaux des impacts et stratégiques
ou significativité
des influences potentielles
ENVIRONNEMENTAL
• Pollution et dégradation environnemen-
tales entraînant des problèmes de santé Facteur émer-
• Fort impact environnemental des pro- Menace gent d’influence
cessus de conception et de conditionne- modérée
ment des médicaments –è
LÉGAL
6
72
• Réduction des références remboursables
70
Influence majeure Réduction des coûts
78
• Baisse du taux de prise en charge
52
Menace et impact soutenu et des capacités
:1
• Baisse des prix imposée par les orga-
23
dans le temps Restructuration, exter-
.1
nismes et agences publiques
.1
82
• Durcissement des critères d’homologa- ––– nalisation
1.
:4
32
tion et de remboursement
84
82
8
:8
SSTableau 1.1 L’analyse PESTEL de l’industrie pharmaceutique française
45
09
14
28
r:9
ka
Da
L
3 L’analyse de la structure
TE
ES
pe
u
ro
concurrentielle
:G
m
.co
ox
rv
ola
ch
l.s
na
11
Partie 1 Diagnostiquer l’environnement et évaluer les ressources
Définition
L’analyse concurrentielle vise à évaluer l’attractivité d’un secteur d’activité à
travers l’étude approfondie de son intensité et de sa structure concurrentielles.
6
d’analyser de manière systématique et exhaustive l’ensemble des forces et fac-
72
70
78
teurs qui déterminent la structure concurrentielle d’un secteur. Cette méthode
52
:1
23
s’appuie sur deux principes fondamentaux :
.1
.1
82
–– le niveau de profitabilité d’un secteur (et donc son attractivité) est déterminé
1.
:4
32
par l’intensité concurrentielle qui y règne : plus la concurrence est intense,
84
82
8
moins le secteur est profitable ;
:8
45
09
–– l’intensité concurrentielle est elle-même fonction de l’action combinée de
28
14
cinq forces concurrentielles qui sont les nouveaux entrants, les produits de
r:9
ka
Da
substitution, les clients, les fournisseurs et les concurrents directs. Ces forces
L
TE
ES
Produits de
ola
ch
substitution
l.s
na
tio
na
er
int
Figure 1.3 Menace
Le modèle des cinq de nouveaux entrants
forces concurrentielles
de Porter
12
Chapitre 1 Analyser l’environnement de l’entreprise
FOCUS
La notion de force concurrentielle
dans le modèle de Porter
Le modèle de Porter propose une vision élargie concurrence avec les entreprises du secteur dans la
de la concurrence en ne se limitant pas unique- captation des profits générés, et peuvent donc être
ment aux seules entreprises rivales mais en inté- considérées comme des acteurs rivaux. Ces pres-
grant des acteurs périphériques. Ces cinq forces sions, lorsqu’elles sont importantes, débouchent
concurrentielles, par leurs ressources et leurs sur une réduction des marges et/ou des volumes
comportements, ont un pouvoir d’influence leur de ventes des entreprises du secteur. L’entreprise
6
72
permettant de s’accaparer une partie de la valeur devra donc intégrer ces acteurs (leur positionne-
70
78
créée au sein du secteur, au détriment des entre- ment et leurs mouvements) dans sa réflexion et
52
:1
23
prises qui le composent. En ce sens, elles sont en ses actions stratégiques.
.1
.1
82
1.
:4
32
84
82
L’analyse de la structure concurrentielle se réalise en trois étapes successives :
8
:8
45
09
1. Passer en revue chacune des forces concurrentielles selon des 28
14 L’analyse concurrentielle permet
r:9
d’amélioration de la position
ro
:G
menaçantes.
l.s
significatives.
concurrentielles
L’influence et le poids de chacune des forces concurrentielles peuvent être évalués
sur la base de critères détaillés. Il s’agit ici d’identifier la nature et l’importance
des pressions exercées par chacune des cinq composantes du modèle de Porter.
1 « B to B » ou parfois « B2B » pour « Business to Business » désigne les échanges ou transactions
commerciales effectués d’entreprise à entreprise.
13
Partie 1 Diagnostiquer l’environnement et évaluer les ressources
6
72
qualité, de quantité, de délais de Un certain nombre d’éléments déterminent les rapports de force qui
70
78
livraison ou de paiement.
52
s’établissent entre l’entreprise et ses acheteurs/clients ( tableau 1.2).
:1
23
.1
.1
82
Pouvoir de négociation des acheteurs
1.
:4
Éléments à considérer
32
Élevé Faible
84
82
8
:8
Clients réduits
45
Clients nombreux
09
Nombre et concentration des clients et concentrés,
14 et dispersés
28
achetant en volume
r:9
ka
Da
Offre standard et
L
homogène au sein
ES
Faible Importante
.co
de changement de fournisseur
na
er
int
14
Chapitre 1 Analyser l’environnement de l’entreprise
6
72
70
pouvoir de négociation élevé.
78
52
:1
23
.1
Exemple
.1
82
1.
:4
Si l’on considère le secteur de la production des cartes à puce (les encarteurs de type
32
84
Gemalto ou Oberthur), deux types de fournisseurs peuvent être identifiés :
82
8
:8
45
–– les fournisseurs de supports plastiques ;
09
–– les fournisseurs de microprocesseurs (ou fondeurs). 14
28
r:9
ka
les entreprises du secteur de la carte à puce disposent d’une forte facilité de transfert
ro
:G
m
moyens financiers, elles peuvent aisément s’intégrer en amont et racheter les producteurs
rv
ola
valeur apportée par le produit fourni à la valeur totale du produit du client, est faible. Les
tio
na
leur capacité de transfert est faible, et le degré de qualité liée est élevé (notamment
pour la technologie NFC de paiement sans contact). En conséquence, il est possible
de conclure à un fort pouvoir de négociation des fournisseurs de microprocesseurs.
15
Partie 1 Diagnostiquer l’environnement et évaluer les ressources
Exemple
Dans le secteur du transport aérien, les produits ou technologies de substitutions sont
nombreux (le train, le transport maritime, l’automobile et le covoiturage) et menacent
6
72
l’ensemble des différents segments : le court, le moyen et le long courrier. Le segment
70
78
le plus menacé est le court courrier avec la montée en puissance des trains et des lignes
52
:1
23
à grande vitesse. Air France est la compagnie qui a le plus pâti de cette concurrence
.1
.1
82
(baisse de 1,5 % de son trafic sur les lignes radiales Paris-province). Ainsi, et sur les
1.
:4
dessertes de moins de deux heures, le TGV détient près de 80 % de parts de marché.
32
84
Des avantages en termes de tarifs (billets à moins de 30 euros) et de localisation (gares
82
8
:8
situées en centre-ville) ont profondément modifié un rapport de force qui était, il y
45
09
14
a une quinzaine d’années, très largement en faveur de l’avion. La densification du
28
r:9
Barcelone…) est susceptible d’accentuer les pertes d’Air France et de menacer, à terme,
L
TE
l’achat en une seule fois d’un voyage international comprenant l’acheminement TGV
ox
rv
ola
Enfin, le fret aérien, du fait de l’envolée des prix du pétrole (+ 500 % en 15 ans), a
été fortement impacté (baisse du trafic de 1,2 % et du CA de 3 % en 2013) par la
concurrence du fret maritime, beaucoup plus compétitif en termes de prix.
La SNCF se voit elle-même concurrencée par la montée en puissance du covoiturage
(la levée de fonds en 2014 de plus de 73 millions d’euros du leader des sites de covoi-
turage, Blablacar, illustre l’importance grandissante de cette activité). Face à cette
menace, la SNCF rachète en 2013 123envoiture.com (devenu idvroom.com) dans une
logique plutôt de compréhension de ce marché et des clients, que de diversification.
16
Chapitre 1 Analyser l’environnement de l’entreprise
6
72
ments qui affectent à court terme leurs profits et leurs marges. Baisse des prix,
70
78
innovation et différenciation constituent donc les trois principales mesures de
52
:1
23
rétorsion mobilisables par les entreprises en place contre les nouveaux entrants.
.1
.1
82
1.
:4
Cette menace doit être évaluée selon les critères suivants :
32
84
82
Le taux de croissance et le niveau de rentabilité du secteur : plus ceux-ci sont
8
■■
:8
45
élevés, plus ils constituent un signal d’appel pour les entreprises extérieures.
09
14
28
■■
ka
Da
de distribution) ;
–– technologique (l’accès aux brevets, aux savoir-faire, à des approvisionne-
ments et des ressources rares) ;
–– réglementaire et juridique (les normes techniques et sanitaires restrictives,
la réglementation limitant le nombre de concurrents et l’accès au marché…).
Bien que généralement surmontables, ces barrières induisent pour les nouveaux
entrants des dépenses et des hausses de coûts conséquentes qui remettent en
cause leur compétitivité et leur pérennité au sein de l’industrie1 .
1 Le concept de barrière à l’entrée est une notion relative dont l’importance et la nature varient
selon les ressources et les compétences dont disposent les entreprises. Ainsi, ce qui peut paraître
insurmontable pour une entreprise ne l’est pas pour une autre disposant de ressources financières
et/ou de compétences technologiques plus importantes qui satisfont aux conditions d’entrée (notion
de ressources ou actif seuil).
17
Partie 1 Diagnostiquer l’environnement et évaluer les ressources
Exemple
Pendant près de quinze ans, le marché français de la téléphonie mobile a été dominé
par trois opérateurs (Orange, Bouygues Telecom, SFR) sans qu’aucun nouveau concur-
rent ne vienne remettre en cause cet oligopole. L’existence de barrières à l’entrée de
types légal et capitalistique explique cette situation. L’entrée sur ce marché passe en
effet par l’attribution par l’État d’une licence dont le montant (plus de 600 millions
d’euros) et les conditions d’obtention (l’obligation d’un taux minimal de couverture de
la population à partir de son propre réseau) sont tels qu’aucun acteur n’est capable d’y
répondre jusqu’en 2012. Bénéficiant d’une baisse du prix de la licence et s’appuyant
sur les liquidités générées par son activité de fournisseur d’accès Internet, Free
pénètre ce marché en 2012 par le biais d’une stratégie novatrice en termes d’offre et
agressive en termes de prix. L’entreprise propose en effet des forfaits illimités à prix
6
72
cassé (deux fois moins cher que ses concurrents), sans engagement et sans téléphone.
70
78
Cette rupture lui permet de gagner plus d’un million d’abonnés en quelques jours
52
:1
23
et quatre millions en moins d’un an. Sa part de marché s’établit aujourd’hui à 11 %
.1
.1
avec un parc de 8 millions d’abonnés. L’entrée de Free a profondément bouleversé
82
1.
:4
l’équilibre concurrentiel du secteur et déclenché une guerre des prix entre les prin-
32
84
cipaux opérateurs. Celle-ci s’est traduite par une baisse des prix, qui s’est fortement
82
8
:8
accentuée en 2013 (– 25,5 % contre – 11,4 % en 2012). Les autres opérateurs, qui
45
09
ont été contraints de développer leur propre offre low cost (par exemple Sosh pour
28
14
Orange) ont vu leurs revenus et leurs marges chuter sensiblement en 2013 (– 4,5 %
r:9
ka
Da
pour Orange, – 11 % pour Bouygues Telecom et – 9,6 % pour SFR). En 2014, Free
L
TE
récidive en proposant gratuitement son option 4G. À cette même date, SFR sort du
ES
pe
De la même façon qu’il existe des barrières à l’entrée d’un secteur, il existe des
ox
rv
ola
facteurs qui rendent difficile la sortie d’une entreprise de ce secteur. Ces facteurs
ch
l.s
na
18
Chapitre 1 Analyser l’environnement de l’entreprise
6
72
70
taille, leur stratégie, les caractéristiques de leur offre) et des actions qu’elles
78
52
mettent en œuvre ( tableau 1.3).
:1
23
.1
.1
82
Rivalité intra-sectorielle
1.
Éléments
:4
32
à considérer
84
Forte Faible
82
8
:8
Faible, voire stagnant : la prise de parts Élevé : la croissance est partagée entre
45
Taux de croissance
09
de marché ne peut se faire qu’au détri- 14
les différents concurrents
du secteur
28
ment des concurrents
r:9
ka
Da
du secteur
:G
Degré –– Faible : la concurrence se porte uni- –– Forte : faible concurrence frontale sur
ch
l.s
concurrentes
int
19
Partie 1 Diagnostiquer l’environnement et évaluer les ressources
FOCUS
L’État, une 6e force concurrentielle ?
L’une des adaptations du modèle de Porter consiste à intégrer l’État en tant que sixième force concur-
rentielle. En effet, les autorités publiques, par leurs interventions réglementaires, leurs subventions et
aides et, plus généralement, leurs politiques publiques, peuvent favoriser ou contraindre le développement
d’un secteur d’activité. Des actions de lobbying peuvent être envisagées afin d’influencer l’action de
l’État. La prise en compte de cet acteur est généralement effectuée en amont, lors de l’analyse PESTEL,
à travers l’analyse des dimensions politiques et légales du modèle. Une étude détaillée de l’influence
des autorités publiques sur les conditions et la structure concurrentielle du secteur peut néanmoins
6
venir enrichir l’analyse des cinq forces et compléter l’analyse PESTEL.
72
70
78
52
:1
23
.1
.1
82
Exemple
1.
:4
32
84
L’analyse du modèle des forces concurrentielles appliquée au secteur de la sidé-
82
8
:8
rurgie à la fin des années 2000 permet de conclure à un degré d’attractivité qui s’est
45
09
accru après des années de crise et de consommation morose. En effet, même si les
14
28
fournisseurs présentent un fort pouvoir de négociation (dû à la pression existant sur
r:9
ka
ment), les clients (automobile, BTP…) ont vu leur pouvoir de négociation diminuer
ES
intra-sectorielle est assez faible du fait de la forte croissance du marché (très forte
ola
ch
3.3 La hiérarchisation
des forces concurrentielles
et les recommandations stratégiques
Une fois l’analyse de chacune des forces effectuée, une synthèse et une hié-
rarchie des forces concurrentielles doivent être réalisées afin de juger du niveau
d’intensité concurrentielle du secteur et d’en déduire son degré d’attractivité et
de profitabilité moyen. De manière résumée, plus les forces concurrentielles
sont nombreuses et puissantes, plus l’attractivité et la profitabilité de l’industrie
seront faibles.
20
Chapitre 1 Analyser l’environnement de l’entreprise
E N P R AT I Q U E
Une synthèse graphique, prenant la forme d’une donné ici ( figure 1.4), l’intensité concurrentielle
représentation radar, est généralement utilisée afin est élevée avec une prédominance de trois forces
de visualiser l’intensité concurrentielle. Celle-ci concurrentielles : les clients, les fournisseurs, la
consiste à noter selon une échelle de 0 à 5 chacune rivalité interne.
6
des forces concurrentielles, la note 5 traduisant
72
70
78
une forte menace ou un fort pouvoir de pres- Clients
52
:1
sion de la force considérée. En reliant chacune 5
23
Rivalité intra-
.1
.1
des notes atteintes, on obtient une surface ou 4
82
concurrentielle
1.
une aire révélatrice de l’intensité concurrentielle
:4
Fournisseurs
32
3
84
du secteur. Plus cette surface est importante, et
82
2
8
recouvre le pentagone concurrentiel maximum
:8
45
09
(note maximale pour chacune des forces concur- 1
14
28
rentielles), plus la rivalité est importante au sein 0
r:9
ka
Nouveaux Produits
.co
entrants de substitution
rv
21
Partie 1 Diagnostiquer l’environnement et évaluer les ressources
E N T R E P R I S E
6
72
le client final et différenciation accrue
70
78
manœuvres de • Acquisition
52
:1
fidélisation • Actions marketing
23
.1
• Diversification des de fidélisation des
.1
82
sources clients
1.
:4
d’approvisionnement
32
84
et des débouchés
82
8
:8
45
09
14
28
r:9
ka
SSFigure 1.5 Les manœuvres de réduction du pouvoir de pression des forces concurrentielles
m
.co
ox
rv
ola
ch
FOCUS
l.s
na
tio
na
er
int
22
Chapitre 1 Analyser l’environnement de l’entreprise
6
72
ou hétérogénéité stratégique se traduisant par l’existence de différences de
70
78
52
positionnements et de choix stratégiques entre les entreprises du secteur. Cette
:1
23
hétérogénéité explique les différentiels de performance existant entre des firmes
.1
.1
82
qui évoluent pourtant au sein du même secteur et de la même structure concur-
1.
:4
32
rentielle. En fonction des trajectoires et des positionnements stratégiques adoptés,
84
82
8
:8
les entreprises seront ainsi plus ou moins en concurrence les unes par rapport aux
45
09
autres et subiront différemment la pression des autres forces concurrentielles. 28
14
r:9
Les firmes ayant fait des choix identiques sur un certain nombre de variables et
ka
Da
Définition
ox
rv
ola
23
Partie 1 Diagnostiquer l’environnement et évaluer les ressources
6
72
70
l’industrie. Ces variables doivent non seulement permettre de répartir les firmes
78
52
en des sous-ensembles homogènes mais aussi être suffisamment discriminantes
:1
23
.1
en traduisant de réelles différences stratégiques entre les groupes d’entreprises.
.1
82
1.
La construction des cartes suit une méthodologie décrite par la figure 1.6.
:4
32
84
82
8
:8
45
09
14
28
Identifier les variables ou dimensions les plus
r:9
Dim X
ka
Dim Y
m
.co
ox
Dim X
rv
Firme A
ola
Firme C
ch
Firme D Firme E
Positionner les firmes sur une matrice à deux dimensions
l.s
na
Firme B
2
tio
Firme F
er
stratégiques retenues
int
Dim Y
Groupe stratégique 1
Dim X
Firme A Firme C
Firme D Firme E Groupe
Placer les firmes qui se situent dans une zone stratégique 2
3 proche dans le même groupe stratégique Firme G
Firme B
Firme F Groupe stratégique 3
Dim Y
Dim X
Firme A
Firme C
Firme D Firme E
Firme B
Firme G
4 Tracer un cercle autour de chaque groupe Firme F
Dim Y
24
Chapitre 1 Analyser l’environnement de l’entreprise
Exemple
Variables ou dimensions stratégiques discriminantes
6
72
70
–– Intensité des dépenses R&D
78
52
–– Degré de spécialisation
:1
23
.1
–– Qualité perçue des produits
.1
82
1.
–– Position en termes de coût
:4
32
84
–– Politique de prix
82
8
:8
–– Intensité des dépenses marketing
45
09
–– Degré d’intégration verticale 14
28
r:9
–– Intensité capitalistique
L
TE
ES
–– Largeur de la gamme
ola
ch
–– Services associés
–– Différenciation des produits
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
Dans un second temps, les stratégies des entreprises sont caractérisées selon les
variables retenues. Une représentation sur un graphique à deux dimensions –
chaque axe du graphique correspondant à l’une des variables retenues – permet
de visualiser les choix effectués par chaque entreprise du secteur et donc de les
situer au sein de la carte stratégique. Si plus de deux dimensions sont retenues,
cela conduira à l’élaboration et à l’analyse simultanée et complémentaire d’autant
de cartes stratégiques que nécessaire. Les firmes qui sont proches les unes des
autres occupent le même espace stratégique et font donc partie du même groupe
stratégique. Le recensement graphique de l’ensemble des positionnements stra-
tégiques des entreprises constitue la carte stratégique de l’industrie.
25
Partie 1 Diagnostiquer l’environnement et évaluer les ressources
Exemple
Le marché de la vente de vin par Internet, bien que ne représentant que 15 % des ventes
de vin en France, est un secteur en plein essor avec un taux de croissance annuel de
plus de 30 % depuis 2007. Générant un chiffre d’affaires de plus de 750 millions d’euros
(500 millions en 2012), qui devrait être multiplié par deux dans les années à venir, ce
marché, en raison de son potentiel de croissance et des faibles barrières à l’entrée, ne cesse
d’attirer de nouveaux acteurs. Aujourd’hui, ce sont plus de 350 entreprises (hormis les
domaines viticoles) qui évoluent dans un secteur fortement concurrentiel, peu structuré
et qui connaît un fort taux de renouvellement (7 à 8 % par an) à travers des cessions,
des rachats, de nombreuses entrées et sorties (créations, faillites, arrêts d’activité…).
Le profil des acteurs qui composent ce marché est très diversifié. Ainsi, aux côtés des
poids lourds historiques que sont 1855.com, Chateauonline.fr (racheté récemment par
6
72
1855), Wineandco.com, on trouve les spécialistes de la vente événementielle (Vente-
70
78
privee.com) ainsi que les sites Internet de la grande distribution (tels que Auchandirect.fr
52
:1
23
ou Ooshop.com) mais aussi les cavistes et les négociants tels que Nicolas ou Millesima.
.1
.1
82
Deux critères discriminants permettent néanmoins d’identifier des positionnements
1.
:4
32
stratégiques types au sein de l’industrie. Il s’agit d’une part du degré de spécialisation
84
82
produit qui permet de distinguer les entreprises dont le vin constitue l’unique produit
8
:8
45
de vente par Internet des sites proposant d’autres produits (alimentaires ou non). Le
09
14
deuxième critère a trait au degré de spécialisation sur le canal de distribution en ligne
28
r:9
qui permet de différencier les pure player utilisant comme unique mode de distribution
ka
Da
distribuant uniquement du vin via leur site Internet. On retrouve ainsi des sites
rv
ola
Lepetitballon.com.
na
tio
na
26
Chapitre 1 Analyser l’environnement de l’entreprise
6
4.3.1 L’analyse intra-groupe
72
70
78
52
:1
L’analyse intra-groupe vise à déterminer les caractéristiques internes de chaque
23
.1
.1
groupe afin d’en déduire leur attractivité et profitabilité respectives. L’attractivité
82
1.
:4
32
sera fonction de trois éléments :
84
82
–– le nombre et la taille des concurrents composant chaque groupe : plus ceux-ci
8
:8
45
09
sont nombreux et de taille identique, plus la rivalité concurrentielle intra-
14
28
groupe sera forte ;
r:9
ka
Da
–– le degré d’exposition du groupe aux pressions exercées par les cinq forces
L
TE
concurrentielles ;
ES
pe
u
stratégique.
.co
ox
rv
ola
ch
FOCUS
l.s
na
tio
na
er
int
Les barrières à l’entrée sont des éléments protégeant certains groupes stratégiques d’entreprises exté-
rieures souhaitant les intégrer. Elles s’assimilent à des ressources, des compétences dont la détention
est fondamentale pour pouvoir intégrer ou migrer vers un groupe jugé plus attractif. Les coûts et les
investissements associés au choix d’un nouveau positionnement stratégique, lorsqu’ils sont significa-
tifs, vont limiter les phénomènes de mobilité et d’imitation intergroupe. Plus les barrières à l’entrée
ou conditions d’accès attachées à un groupe sont importantes et coûteuses à surmonter, plus le degré
d’attractivité de celui-ci sera important et durable dans le temps.
27
Partie 1 Diagnostiquer l’environnement et évaluer les ressources
(voire à anticiper) les mouvements de chacun d’entre eux. Une faible distance et
des phénomènes convergents sont révélateurs d’une forte rivalité concurrentielle
ou d’un accroissement de celle-ci. À l’inverse, des écarts ou des mouvements
divergents importants conduisent les entreprises à se différencier stratégiquement
et à ne pas être en concurrence frontale sur les mêmes variables.
En fonction des résultats de l’analyse effectuée, trois types de choix s’offrent à
l’entreprise ( figure 1.7) :
■■ Poursuivre son développement au sein du même groupe stratégique. Sa
stratégie consistera à améliorer sa position au sein du groupe (par le biais
d’acquisitions, d’un accroissement de sa taille ou de son avantage concurren-
6
72
tiel) et à renforcer ou développer des barrières à l’entrée.
70
78
52
Évoluer vers un groupe stratégique jugé plus performant. Ce choix est
:1
■■
23
.1
conditionné par l’adéquation entre les ressources et compétences détenues
.1
82
1.
par l’entreprise et celles nécessaires au nouveau positionnement stratégique
:4
32
84
(les barrières à l’entrée du groupe visé).
82
8
:8
45
Se positionner sur un espace vierge de la carte en créant un nouveau groupe
09
■■
14
28
stratégique. Cette stratégie de rupture de type « océan bleu » ( chapitre 4)
r:9
ka
est risquée, mais elle peut aussi être extrêmement profitable dans le sens où
Da
L
TE
directs.
u
ro
:G
m
.co
ox
rv
Renforcer la position
ola
au sein du groupe
er
int
GS1
GS2
Firme
Dim 2
SSFigure 1.7 Les options stratégiques issues de l’analyse des groupes stratégiques
28
Chapitre 1 Analyser l’environnement de l’entreprise
6
72
maximum : ce traitement fait référence à l’intelligence
70
78
économique chez Air France.
52
:1
23
.1
Quels sont les enjeux et les processus associés
.1
82
1.
au diagnostic stratégique et à l’intelligence
:4
32
84
économique au sein d’Air France ?
82
8
Le travail d’intelligence économique vise à alimenter le
:8
45
09
processus de planification stratégique qui consiste à établir
14
28
des vecteurs d’objectifs à trois ans glissants. Avec Internet
r:9
ka
Da
et de diagnostic ?
Les vraies limites sont liées à la capacité de l’entreprise à
prendre les bonnes décisions face à ces informations et ces
analyses. Mais le plus difficile, lorsqu’on a un processus
bien établi, consiste à savoir « sortir de la boîte » pour aller
au-delà des raisonnements routiniers. Il en va ainsi des
changements de paradigmes qu’il faut guetter sans relâche
(comme la généralisation de « l’open sky » ou la disparition
des régulateurs étatiques) ou de l’émergence de nouveaux
modèles économiques (comme le low cost). ■
29
Partie 1 Diagnostiquer l’environnement et évaluer les ressources
6
72
70
doit faire face l’organisation.
78
52
:1
23
.1
¼¼Le modèle des forces concurrentielles vise à caractériser l’environnement
.1
82
1.
direct ou concurrentiel de l’entreprise et à déterminer l’intensité concurren-
:4
32
84
tielle (et donc l’attractivité) du secteur dans lequel elle évolue. Cette analyse
82
8
:8
doit s’appliquer à chaque segment de l’industrie si celle-ci est fortement
45
09
hétérogène en termes de FCS et de conditions concurrentielles. 14
28
r:9
ka
Da
que sont les clients, les fournisseurs, les nouveaux entrants, les produits
pe
u
¼¼Le modèle des groupes stratégiques se focalise sur les concurrents directs
na
er
int
30
Chapitre 1 Analyser l’environnement de l’entreprise
APPLICATIONS
b. L’analyse des forces concurrentielles vise à déter-
QCM Corrigés p. 181
miner la nature de l’avantage concurrentiel dans un
secteur.
c. L’analyse des forces concurrentielles vise à déter-
Une seule bonne réponse par question. miner l’espérance de rentabilité dans un secteur d’ac-
6
tivité donné.
72
1
70
Le modèle PESTEL est une méthodologie
78
52
permettant d’identifier : 6 Une stratégie de rupture de type « océan bleu »
:1
23
conduit à :
.1
a. Les activités créatrices de valeur dans le processus
.1
82
de production de l’entreprise. a. Créer un nouveau positionnement stratégique au
1.
:4
32
b. Les opportunités ou menaces globales issues du sein du secteur.
84
82
macro-environnement. b. Maîtriser mieux que les concurrents les FCS exis-
8
:8
45
c. Les principaux groupes stratégiques. tants de l’industrie.
09
14
c. Faire évoluer l’entreprise vers un groupe stratégique
28
2
r:9
c. Des capacités des nouveaux entrants à surmonter a. Les FCS sont contingents aux entreprises et aux
u
ro
:G
3
rv
les fournisseurs aux entreprises du secteur analysé c. Les FCS sont principalement de nature techno
l.s
na
logique et commerciale.
na
déduire que :
er
int
31
Partie 1 Diagnostiquer l’environnement et évaluer les ressources
Exemples
Format Surface Assortiment Implantation
d’enseignes
Alimentaire et Périphérie Leclerc
Hypermarché > 2 500 m² non-alimentaire centre commercial Carrefour
40 000 références Auchan
Petite : 400 à Alimentaire et Petit : quartier Intermarché
1 000 m² non-alimentaire résidentiel, petite Carrefour
Supermarché
Grande : 1 000 à 5 000 à 10 000 ville Express
2 500 m² références Grand : périphérie Super U
Périphérie Lidl
Hard- 700 à 1 000 réfé-
Moyenne : 600 m² Quartier résidentiel Leader Price
discount rences
Centre-ville Aldi
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72
70
Quartier résidentiel City Carrefour
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Supérette 120 à 400 m² 2 000 références
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Petite ville Petit Casino
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.1
.1
SSTableau 1.4 Les caractéristiques des différents formats de vente
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1.
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82
d’euros. Au sein de cette industrie, on distingue quatre baisse (–0,7% en 2013) alors que le drive (commande
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:8
principaux formats qui se différencient quant à la
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par Internet et retrait par le client dans des sites dédiés),
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taille des surfaces de vente et au nombre de références 14
la vente par Internet (livraison à domicile) et les for-
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r:9
Les GSA dominent la distribution alimentaire avec forts taux de croissance (+ 40 % du parc de drive en
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67 % des ventes dans l’alimentaire. Cependant, cette 2013 et 4 % de parts de marché). Après quarante ans
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pe
domination est remise en cause à travers le renouveau de croissance, les formats de type hypermarchés et
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boucheries…) et le développement des ventes en si on anticipe une croissance des petits supermarchés).
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rv
ligne. En outre, le CA réalisé dans le non-alimen- La marge nette moyenne du secteur est de 1,4 % et
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ch
a fortement chuté au cours de ces dernières années hard-discount (HD) semble lui aussi être en perte
tio
na
fait principalement de la montée en puissance des en 2013 à 12,4 % contre 15 % cinq ans auparavant.
grandes surfaces spécialisées (GSS) dans l’électro- Le marché français de la distribution fait l’objet depuis
domestique, le bricolage, les produits culturels et des trente ans de très nombreuses réglementations (loi
grandes plateformes d’e-commerce de type Amazon. Galland, loi Raffarin, loi Royer…) qui ont visé soit
Le modèle économique des GSA s’appuie sur des à limiter l’expansion des grands distributeurs (ce qui
volumes de ventes (parc important de magasins de a constitué un désincitatif à l’entrée de concurrents
grande taille) et d’achat élevés qui leur permettent de étrangers), soit à réguler les rapports que les GSA
générer des économies d’échelle et un fort pouvoir entretiennent avec leurs fournisseurs en vue de pro-
de négociation. Cette stratégie permet ainsi aux GSA téger ces derniers. La dernière réglementation, la
de proposer un vaste assortiment de produits à prix loi de modernisation de l’économie (LME) mise
réduit. La similarité des assortiments de grandes en place en 2010, vise à relancer la concurrence au
marques offerts par les différents concurrents rend profit des consommateurs (baisse des prix, facilité
la différenciation difficile et conduit à une lutte d’implantation des formats de type HD) et à protéger
concurrentielle principalement basée sur les prix les fournisseurs en supprimant les marges arrières.
et sur des politiques promotionnelles agressives. La demande de biens alimentaires est fortement liée à
Après une croissance de plus de 11,2 % entre 2004 la conjoncture économique et à l’évolution du pouvoir
et 2010, le CA des GSA n’a cessé de diminuer depuis d’achat des ménages. Du fait d’une conjoncture défavo-
(– 4,1% entre 2010 et 2013). Les formats hypermarchés rable (crise économique et financière de la zone euro),
et supermarchés ont été les plus affectés par cette celui-ci n’a que très faiblement progressé au cours de
32
Chapitre 1 Analyser l’environnement de l’entreprise
l’année 2013 (+ 0,3 %) après une baisse record en 2012 souhait d’une consommation plus raisonnée menacent
(– 0,9%). La poussée du chômage, l’évolution à la hausse aussi le modèle traditionnel des GSA et induisent
des prix (liée à l’augmentation du prix des matières des investissements supplémentaires pour celles-ci.
premières), l’augmentation de la pression fiscale et la Près de sept acteurs s’affrontent sur ce marché et
faible croissance économique (0,3 % en 2012 et 2013) se répartissent entre des grandes chaînes intégrées
ont fortement restreint les dépenses de consommation (Carrefour, Casino, Auchan, Lidl et Aldi) et des grou-
(+0,3 % par an depuis 2008). pements d’indépendants (Système U, Intermarché,
À ces évolutions conjoncturelles s’ajoutent des chan- E. Leclerc). Les deux leaders représentent près de
gements structurels. Ainsi, du fait de l’élévation du 40 % des ventes. Si Carrefour reste leader, il est
niveau de vie, la part relative des dépenses alimentaires peu à peu rattrapé par E. Leclerc qui a vu sa part de
a fortement chuté dans la structure de consommation marché continuellement croître ces dernières années.
des ménages français (12,9 % en 2013 contre 30 % en Intermarché et Système U poursuivent aussi leur
1959), au profit des loisirs et de la santé. Au cours des progression. Les hard-discounts (les derniers entrants
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72
deux dernières décennies, des mutations culturelles, sur ce marché à la fin des années 1980) voient le taux
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socio-économiques et démographiques (vieillissement de croissance de leurs ventes chuter sensiblement. Ils
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:1
de la population, diminution du nombre de personnes semblent avoir subi de plein fouet la concurrence des
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.1
.1
par foyer, réduction du temps dévolu aux courses, marques de distributeur (MDD) premier prix qui
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1.
sensibilité accrue au facteur « prix », développement se sont multipliées et le développement d’enseignes
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des mono-ménages, concentration urbaine…) ont hard-discount ou de rayons hard-discount au sein
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profondément affecté les modes de consommation. La même des magasins existants (tel que Leader Price par
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09
rapidité de l’acte d’achat, sa simplicité, une recherche Casino). Les enseignes les plus rentables (en termes
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28
de proximité permettant des gains de temps et la de marge nette) sont pour les formats hyper et super
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ka
réduction des déplacements automobiles (à la fois pour E. Leclerc (1,79 %), Super U (1,35 %), Intermarché
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des raisons écologiques et environnementales mais (1,31 %) et pour les formats hard-discount et proxi-
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aussi du fait de l’augmentation du prix du carburant) mité Franprix (Casino) (2,08 %), U Express (1,67 %),
u pe
sont autant de facteurs aujourd’hui valorisés par les Carrefour Express (1,61 %) et Intermarché contact
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consommateurs et qui remettent en cause certaines (1,22 %). Pour la majorité des acteurs, l’internationa-
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formules de vente caractérisées par des magasins de lisation, les formats de proximité ainsi que le modèle
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ola
très grande taille localisés en périphérie. Le rejet de drive et, plus généralement, une stratégie multicanal
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l.s
et de qualité des produits (à la suite des nombreux sance importants. Les caractéristiques des différents
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int
scandales et crises alimentaires), d’une plus grande concurrents et de leur positionnement stratégique
transparence des filières d’approvisionnement et le sont détaillées dans le tableau 1.5.
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
33
Partie 1 Diagnostiquer l’environnement et évaluer les ressources
Du petit producteur local de fruits et légumes ou de la individuels. La plupart des distributeurs proposant
coopérative agricole à la multinationale agro-alimen- les mêmes grandes marques nationales ou mondiales
taire telle que Nestlé ou Danone en passant par les à leurs clients à des prix équivalents, la fidélisation
géants de l’industrie des produits de grande consom- par le biais de l’offre semble difficile. Les évolutions
mation du type Unilever ou Procter & Gamble, les technologiques, telles que le développement d’Internet,
fournisseurs des GSA ont des profils très variés. En la mise à disposition en ligne de comparateurs de prix
France, la majorité des fournisseurs de la grande ainsi que le recours aux publicités comparatives ont
distribution est constituée de PME : 2/3 des four- fait des consommateurs des acteurs de plus en plus
nisseurs sont des PME françaises, et les PME vont (et de mieux en mieux) informés, accroissant leur
jusqu’à représenter 93 % des fournisseurs si l’on volatilité. En outre, leur attachement croissant aux
inclut les PME étrangères. Elles représentent en outre marques pousse les distributeurs à une inflation du
29 % des références et 55 % du CA des GSA. À titre portefeuille produits dans les linéaires, augmentant
de comparaison, les grands groupes étrangers, qui leur dépendance vis-à-vis des grands industriels.
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72
représentent 2,5 % des fournisseurs des distributeurs Cet accroissement de la volatilité conduit les distri-
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français comptent pour plus de 45 % du CA et 48 % du buteurs à approfondir leur pratique analytique et
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:1
nombre de références. Les volumes de vente par PME opérationnelle de la gestion de la relation client, le
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.1
.1
sont très faibles. Depuis 2010, les grands industriels CRM (Customer relationship management). Afin
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1.
ont vu eux leur taux de marge s’accroître, de même d’éviter une concurrence fondée uniquement sur
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que leur différentiel de rentabilité avec la grande les prix, les distributeurs tentent de développer des
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8
distribution : + 14 % depuis 2008 pour les premiers, offres plus différenciées, à plus forte valeur ajoutée
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45
09
– 13 % pour les seconds. Leur marge d’exploitation et qui s’appuient sur :
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28
et leur marge nette, en 2013, s’établissent respecti- –– des produits ou des marques exclusives ;
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vement à 15,9 % et 10,1 % contre 6,1 % et 2 % pour –– des aménagements et des services spécifiques ;
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les distributeurs. Ces acteurs, qui ont tendance à se –– un CRM repensé et renforcé ;
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concentrer (mouvement de fusions-acquisitions) ont –– une gamme rationalisée, voire réduite, de pro-
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réussi à développer des portefeuilles de marques duits correspondant aux attentes spécifiques des
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mondiales (Lesieur, Nutella, Coca-Cola, Pampers…) consommateurs et à l’évolution de leur mode de vie
.co
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et nationales dont les distributeurs ne peuvent se (produits du terroir et marques régionales, produits
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passer. Les différences de rentabilité existant entre les bio, MDD premier prix comme haut de gamme…).
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l.s
des marchandises, lui-même déterminé par le pouvoir En tant que business analyst d’un cabinet de conseil
na
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int
de négociation de leurs centrales d’achat. Depuis en stratégie, vous êtes chargé(e) de conseiller une
2010, une réglementation plus stricte, ainsi que la entreprise souhaitant entrer sur le marché français des
mise en place de filières qualité et de véritables par- GSA. Il vous est donc demandé un rapport construit
tenariats entre producteurs agricoles et distributeurs en trois parties :
(notamment pour les marchés valorisant la traçabilité 1. Identifier les facteurs environnementaux qui
et la qualité des produits), ont permis de rétablir un affectent le développement du secteur.
certain équilibre avec les PME. 2. Analyser les principales forces concurrentielles
La distribution étant un marché de masse, les grands de l’industrie.
distributeurs sont confrontés à un très grand nombre 3. Repérer et caractériser les principaux positionne-
et à une très grande diversité de consommateurs ments stratégiques ou groupes stratégiques.
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