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Chapitre 5:

Les écoulements à surfaces libres

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Généralités sur les écoulements à surfaces libres

I- Généralité sur les écoulements à surfaces libres


1. Introduction
Les écoulements à surface libre sont des écoulements qui s’écoulent
sous l’effet de la gravité en étant en contact partiellement avec un
contenant (canal, rivière, conduite…) et avec l’air dont la pression est
généralement à surface libre.
Contrairement aux écoulements en charge, la section d’écoulement
devient une caractéristique de l’écoulement et non plus seulement de
la géométrie du contenant.
Aussi, les écoulements à surface libre présentent plus de difficultés
que les écoulements en charge parce que les conditions d’écoulement
sont plus compliquées :

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Généralités sur les écoulements à surfaces libres

2. Caractéristiques et structures d’écoulements


2.1 Structures d’écoulements
De nombreux termes sont utilisés pour désigner les structures dans
lesquelles l’eau s’écoule.
Cours d’eau: Un fleuve, une rivière, un canal.
Canal: Un cours d’eau artificiel creusé par l’homme et utilisé soit pour la
navigation ou le flottage, soit pour l’irrigation ou l’assèchement de certaines
régions.
Émissaire : Canal d’évacuation des eaux de drainage.
Rivière : Tout espèce de cours d’eau abondant, et particulièrement celui qui
se jette dans un fleuve.
Ruisseau : Cours d’eau peu considérable.

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Généralités sur les écoulements à surfaces libres

✓ De toutes ces définitions, nous constatons que le terme ”cours


d’eau” est le plus général, alors que ”canal” et ”émissaire” deviennent
de plus en plus spécifiques.

✓ Dans ce texte, nous ne ferons pas référence à l’utilisation des


structures de transport des eaux. Alors, nous n’utiliserons que les
termes ”cours d’eau” et ”canal”.

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Généralités sur les écoulements à surfaces libres

2.2 Caractéristiques d’un cours d’eau


Avant de présenter les lois de l’hydraulique, la connaissance des
caractéristiques se rapportant aux canaux et aux cours d’eau s’impose. Voici
les principales définitions utiles (Figure 1) :

Figure 1: Canal trapézoïdal


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Généralités sur les écoulements à surfaces libres

Section (A) : Section normale à la direction de l’écoulement et au travers de


laquelle l’eau s’écoule (L²).

Périmètre mouillé (P) : Longueur de la ligne de contact entre le canal et l’eau


dans un plan normal à la direction de l’écoulement (L).

Rayon hydraulique (Rh) : Rapport entre la section d’écoulement (A) et le


périmètre mouillé (P) (L). A
Rh =
P
Profondeur d’écoulement ou hauteur d’eau (y) : Épaisseur d’eau dans le
cours d’eau au-dessus du fond (L).

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Généralités sur les écoulements à surfaces libres

Pente des talus (z:1) : La pente d’un talus est le déplacement horizontal
pour une élévation unitaire du talus (L/L).

Largeur au fond ou largeur au plafond (b) : Largeur du cours d’eau au bas


de la section (L)

Largeur de surface (t) : Largeur de la surface libre de l’eau dans le canal (L).

Largeur du canal ou largeur d’ouverture (T) : Largeur du canal d’une rive à


l’autre (L).

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Généralités sur les écoulements à surfaces libres

Profondeur hydraulique (D) : Rapport entre la section d’écoulement et la


largeur de la surface libre de l’eau (L). A
D =
t
Facteur d’écoulement critique (Z) : Facteur considéré lors du calcul de
l’écoulement critique (L).
A3
Z = A D=
t
Facteur d’écoulement uniforme A ( Rh )
2/3
: Facteur considéré lors du
calcul de la profondeur d’écoulement L5 / 3 .
N.B : Un canal dont la section, la pente et la rugosité ne varient pas
suivant le sens de l’écoulement est appelé canal prismatique (Les
caractéristiques hydrauliques peuvent varier!!).
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Généralités sur les écoulements à surfaces libres

3. Classification des écoulements à surfaces libres


On peut résumer la classification des écoulements à surface libre selon
la variation du débit Q ou de la profondeur d’eau y en fonction de
l’abscisse x le long de la conduite et du temps t.
3.1. Ecoulements permanents
C’est un écoulement où la vitesse U et la profondeur d’eau y restent
invariables dans le temps en grandeur et en direction. On peut
rencontrer dans ce cas les types suivants :

Figure 1 : Ecoulement permanent Régime permanent uniforme


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Généralités sur les écoulements à surfaces libres

3.1.1 Ecoulements conservatifs : Q = cste


Le débit n’est pas fonction de x (pas de pertes ni d’apports latéraux).
Cependant, on y distingue :
a- Ecoulements uniformes
La profondeur d’eau y n’est pas fonction de x ; donc y constante d’une
section à une autre.
b- Ecoulements variés
La profondeur d’eau y varie en fonction de x ; donc y varie d’une section à
une autre. Toutefois, on y distingue :
➢ Ecoulements graduellement variés: La variation de y en fonction de x
est continue et graduelle. La fonction y(x) est régulière.
➢ Ecoulements brusquement variés: La variation est brutale sur une
courte distance. La fonction y(x) n’est pas régulière.
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3.1.2 Ecoulements non conservatifs : Q ≠ cste


Le débit Q(x) varie avec l’abscisse le long de la conduite (canal avec
fuites ou apports latéraux). L’écoulement ne peut donc pas être uniforme
en raison de la variation du débit. En conséquence, la profondeur d’eau
y varie en fonction de x. Cette variation peut être continue et graduelle
(écoulements graduellement variés) ou brutale sur une courte distance
(écoulements brusquement variés).

Au sens strict, l’écoulement dans les canaux est rarement permanent.


Néanmoins les variations temporelles sont, dans certains cas,
suffisamment lentes pour que l’écoulement puisse être considéré
comme une succession de régime permanent. On peut alors définir
ainsi le régime quasi-permanent.
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Généralités sur les écoulements à surfaces libres

3.2 Ecoulements non permanents


C’est un écoulement où le débit Q et la profondeur d’eau y varient dans
le temps et dans l’espace. Dans ces conditions, les écoulements non
permanents uniformes sont rares si non inexistants. On y rencontre les
écoulements non permanents graduellement variés (la fonction y(t, x) est
régulière et les variations sont lentes et progressives) et les
écoulements non permanents brusquement variés (la variation de y (t, x)
se fait sur une courte distance et un court intervalle de temps).

Figure 2: Ecoulement non permanent


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Généralités sur les écoulements à surfaces libres

3.3 Variabilité dans l’espace

Figure 3: Variabilité de l'écoulement dans l'espace

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3.4 Eléments géométriques et hydrauliques d’un canal


➢ Le mouvement est uniforme si les paramètres caractérisant
l’écoulement restent invariables dans les diverses sections du canal. La
ligne de la pente du fond est donc parallèle à la ligne de la surface libre.
➢ Le mouvement est non-uniforme ou varié si les paramètres
caractérisant l’écoulement changent d’une section à l’autre. La pente de
la surface libre diffère de celle du fond.
➢ Un écoulement non-uniforme peut être accéléré ou décéléré suivant que
la vitesse croît ou décroît dans le sens du mouvement.
➢ Lorsque le mouvement est graduellement varié, la profondeur ainsi que
les autres paramètres varient lentement d’une section à l’autre.

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Généralités sur les écoulements à surfaces libres

➢ Lorsque le mouvement est rapidement varié, les paramètres caractérisant


l’écoulement changent brusquement, parfois avec des discontinuités.
Cela se manifeste en général au voisinage d’une singularité, telle qu’un
seuil, un rétrécissement, un ressaut hydraulique ou une chute brusque.
➢ Au régime permanent, dans un canal au régime uniforme ou non, le débit
est conservé.

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4. Eléments Caractéristiques et hydrauliques d’un canal


Dans une coupe perpendiculaire au sens de l’écoulement de l’eau, on
définit les termes suivants :
✓ Surface ou section mouillée S : c’est l’aire occupée par l’eau dans une
coupe perpendiculaire à la direction de l’eau.
✓ Périmètre mouillé P : c’est la longueur de la ligne de contact entre l’eau
et les parois dans un plan perpendiculaire à la direction de l’eau.
✓ Rayon hydraulique RH : c’est le quotient S/P. Pour une section circulaire
de diamètre D, RH = D/4.
✓ Diamètre hydraulique DH : DH = 4 x RH
✓ Hauteur d’eau ou tirant d’eau ou profondeur d’eau y : c’est la distance
verticale entre la surface libre et le fond du canal (le point le plus bas).

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Généralités sur les écoulements à surfaces libres

Figure 4: Tirant d’eau, largeur en miroir et section mouillée


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Généralités sur les écoulements à surfaces libres

Largeur en gueule ou largeur en miroir ou largeur au plan d’eau L : c’est la


largeur de la surface libre dans la section mouillée.
profondeur hydraulique (moyenne) ym (Dh): c’est le rapport S/L.
largeur moyenne Lm : c’est le rapport S/y.
Profondeur du centre de gravité yG : c’est la distance verticale entre la
surface libre et le centre de gravité de la section mouillée.
La pente du canal est la pente du fond, mesurée tout le long de son axe, et
comptée positivement si le canal est descendant. Elle est notée i (i=tan α
=sin α ). Si z désigne la cote du fond, alors i = − dzf /dx la pente du fond.
Le tableau 4.1 donne les formules des éléments géométriques pour cinq
différents types de section de canaux. Certains cours d’eau naturels ont
une forme géométrique assez irrégulières, mais peuvent toutefois être
approximés par des sections trapézoïdales ou paraboliques.
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Généralités sur les écoulements à surfaces libres

Tableau 4.1 : Les formules des éléments géométriques


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Généralités sur les écoulements à surfaces libres

5. Débit et vitesses dans une section du canal


Le débit est le volume d’eau qui traverse une section droite par unité de
temps. Il sera noté Q pour le reste du cours. La vitesse moyenne U est le
rapport du débit par la section mouillée : U = Q /S
La vitesse n’est pas constante dans toute la section S. Elle est nulle à la
paroi et maximale au tiers environ de la profondeur. Avec un flotteur sur le
plan d’eau, on détermine la vitesse moyenne connaissant la vitesse
maximale : U = 0.82 Vmax (formule de Prony).
Dans une section, le lieu des points d’égale vitesse est appelé isodrome
ou isotache.

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Généralités sur les écoulements à surfaces libres

6. Régime d’écoulement
Le régime d’écoulement est fonction des effets de la viscosité (frottement
interne du liquide), des effets de la gravité (poids du liquide) comparés aux
effets dynamiques (forces d’inertie).
6.1 Effets de la viscosité
Le rapport force d’inertie sur force de viscosité détermine la nature de
l’écoulement. Si ce rapport est très grand, la viscosité n’entre pas en jeu. On
dit que l’écoulement est turbulent. Le nombre de Reynolds exprime l’ordre
𝑼
de grandeur de ce rapport : 𝑹𝒆 = 𝑫𝒉 .
𝜸

Si Re > 106, l’écoulement est turbulent. C’est généralement le cas en HSL.


L’écoulement est laminaire si Re < 2000.

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Généralités sur les écoulements à surfaces libres

6.2 Effets de la gravité


L’effet de la gravité est représenté par le nombre de Froude. Ce nombre
donne l’ordre de grandeur du rapport force d’inertie sur force de gravité:

U
Fr =
g ym

g ym : représente la vitesse de perturbations des petites ondes.


• Si Fr = 1, on dit que l’écoulement est critique
• Si Fr < 1, l’écoulement est subcritique ou écoulement fluvial
• Si Fr > 1, l’écoulement est supercritique ou écoulement torrentiel.
Dans un écoulement torrentiel, les petites perturbations, ne peuvent pas
remonter le courant d’eau tandis que dans le cas d’un écoulement fluvial
les perturbations remontent le courant d’eau.
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Ecoulements uniformes

II – Ecoulements uniformes
1. Définition ‐ Propriétés
Un écoulement est dit uniforme si les filets liquides sont rectilignes,
parallèles entre eux et parallèles aux parois. En d’autres termes, on parle
d’écoulement uniforme lorsque les paramètres qui caractérisent
l’écoulement restent invariables dans les différentes sections du chenal.
Le débit Q, la vitesse U et le tirant d’eau y sont constants.
Conséquences
La vitesse est constante le long d’un filet ;
La section mouillée est constante ;
La vitesse moyenne U ne change pas d’une section à une autre ;
La répartition de pression est hydrostatique dans une section ;
Les pentes de la surface libre, de la ligne d’énergie et du fond du canal
sont égales. 23
Ecoulements uniformes

2. Pression et charge dans une section


2.1 Pression hydrostatique
La distribution des pressions est hydrostatique si l’écoulement est quasi-
rectiligne et quasi-parallèle (pas d’accélération dans le plan de la section
mouillée). Cela suppose que le canal soit prismatique ou assimilable à un
prisme. La pression en un point courant M (figure ci‐dessous) est donnée
par la relation suivante :

PM = P0 + ρ.g.hM
avec hM = yM cosθ

En passant à des pressions relatives


on obtient : PM = ρ.g. yM cosθ
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Ecoulements uniformes

3. Charge Hydraulique
La charge hydraulique HM au point M est fournie par la relation suivante :

La distribution des pressions est hydrostatique, on a :

La côte ou ligne piézométrique est définie comme suit :


ZP = Zf + y cos θ
La côte de la surface libre est donnée quant à elle par la relation suivante :
ZPL = Zf + y / cos θ

25
Ecoulements uniformes

4. Charge moyenne et charge spécifique


La charge moyenne est le flux d’énergie qui traverse la section rapporté
au débit correspondant :

avec
α est appelé coefficient de Coriollis ou coefficient d’énergie cinétique. Il
tient compte de la répartition des vitesses dans la section. α est toujours
supérieur à 1. L’expérience montre que α varie de 1.06 à 1.36 pour des
canaux prismatiques courants. Plus la section est grande, plus α est
faible. On prendra α = 1 dans la suite du cours et cosθ = 1.

Dans la suite, on considère que la charge moyenne est :

26
Ecoulements uniformes

4.1 Ligne piézométrique


P
C’est par définition le lieu de Z p + lorsque P décrit une ligne de courant.
g P
Or l’éloignement de P à la surface libre mesuré verticalement est: cos 
g
P
Si la pente est faible, cet éloignement est pratiquement égal g
(figure 5)

Figure 5 : Ligne piézométrique


27
Ecoulements uniformes

4.2 Ligne de charge moyenne


La ligne de charge moyenne est obtenue en reportant graphiquement
V2/2g au-dessus de la ligne piézométrique (figure 6). Sur cette figure, le
tirant d'eau est assimilé à la distance verticale entre le fond et la surface
libre, toujours compte tenu de l'hypothèse de pente faible. Cette
approximation sera conservée par la suite.

Figure 6 : Ligne de charge et ligne piézométrique


28
Ecoulements uniformes

4.3. Charge spécifique


La charge spécifique HS dans la section d’un canal (figure 7) est la charge
hydraulique mesurée par rapport au fond du canal.

Figure 7 : Ligne de charge et charge spécifique (α est ici supposé égal à 1)

29
Ecoulements uniformes

5. Équation de continuité
L’équation de continuité exprime que la masse de liquide sortant d’une
section 2 est égale à celle qui entre dans une section amont 1 pendant le
même intervalle de temps ∆t . D’autre part, le liquide est supposé
homogène et incompressible (ρ g = constante). Il y a donc aussi continuité
du volume.
Le volume entrant Q1 .∆t est donc égal au volume sortant Q2 .∆t ⇒ Q1 = Q2 .
En écoulement permanent (uniforme ou non), le débit se propage en
restant constant.
En outre y étant constant par définition, S est aussi constant, ainsi que la
vitesse moyenne V = Q / S .
En écoulement permanent uniforme, section mouillée et vitesse moyenne
sont constantes.
30
Ecoulements uniformes

6. Équation du régime uniforme


Soit I = − dZf /dx la pente du fond. La pente de la surface libre lui est aussi
égale car le tirant d’eau est constant dans l’espace.
La charge moyenne en une section est par définition :
H = y + Zf + V 2 / 2g
Entre une section 1 et une section 2, la charge varie d’une quantité H1 – H2
appelée perte de charge (figure 8).
Le théorème de Bernoulli exprime que dans un écoulement permanent
d'un fluide parfait (viscosité nulle), la charge est constante le long d’une
ligne de courant. Mais nous nous intéressons à des liquides réels, donc
visqueux. Le théorème de Bernoulli généralisé exprime simplement que la
variation de la charge ∆H est égale à la perte de charge J.∆x .

31
Ecoulements uniformes

La perte de charge linéaire (J) est donc identique à la pente de la ligne de


charge: J = − dH /dx D’où

car y comme V sont constants. Il en résulte : I = J .


Dans un écoulement uniforme la ligne de charge, la surface libre et le fond
sont parallèles.

Figure 8 : Evolution de la charge dans un écoulement permanent uniforme


32
Ecoulements uniformes

7. Equation de mouvement
Du fait que l’écoulement est uniforme.

▪ Projection des forces de pression FP sur l’axe (Ox) :

Car l’écoulement est uniforme, donc la section S et yG ne dépendent pas


de x.
▪ Projection des forces volumiques suivant l’axe (Ox) :

▪ Projection des forces de frottement suivant l’axe (Ox) :


On obtient finalement :
car I = J pour un écoulement uniforme.
33
Ecoulements uniformes

7.1 Formule de Chezy


Chezy fût le premier à poser que le frottement à la paroi était
U2
proportionnel au carré de la vitesse =  g 2
C
La combinaison de cette relation combinée avec la formule :
nous conduit à : U = C RH .I
Où C est le coefficient de Chezy. Il tient compte de la rugosité du canal, de
sa forme et des conditions dʹécoulement.
Il existe de nombreuses formules empiriques ou semi-empiriques qui
dérivent de la formule de Chezy en adoptant des expressions plus ou
moins complexes du coefficient C (Bazin, Kutter, Manning-Strickler). Dans
la suite du cours, seules les formules de Chezy ou de Manning seront
utilisées.

34
Ecoulements uniformes

7.2 Formule de Manning-Strickler


Manning et Strickler ont une formulation simple du Coefficient de Chézy
qui sʹexprime dans le système SI par les équations ci‐dessus qui ne
diffèrent que par la notation :
1 1/6
C= R H (Manning)
n
C = K R 1/6
H (Strickler)

Où n est le coefficient de Manning et K celui de Strickler (K=1/n).


Ces deux formules sont donc identiques et leurs substitutions dans la
formule de Chezy donnent la vitesse moyenne U et le débit Q en fonction
de la rugosité K, du rayon hydraulique RH (section S divisée par
périmètre mouillé P) et de la pente du canal I.

35
Ecoulements uniformes

U = K S R 2/3
H I
S5/3
Q = KS S R 2/3
H I = KS I
P 2/3

Le coefficient KS à la dimension L1/3 T‐1. Les valeurs qui sont données


dans les tables correspondent au système International (m1/3/s). On
trouve des valeurs de KS allant de 100 (parois très lisses) à 15 (parois
très irrégulières) et il faut remarquer que plus la paroi est rugueuse, plus
KS est faible.

36
Ecoulements uniformes

7.3 Choix de Ks
Connaissant la nature des parois du canal, le choix se fait en se référant
aux tables donnant la valeur à adopter pour différents types de matériaux.
Si l’on connaît le débit, la pente, la section mouillée et le périmètre mouillée
à partir d’un jaugeage, on peut estimer Ks dans un bief. On fera ensuite des
interpolations ou des extrapolations.
Cas particulier : dans une rivière très large, et de forme rectangulaire, le
rayon hydraulique devient sensiblement égal au tirant d’eau.
On en déduit: S5/3 1/2
Q = K S .L. y5/3 .I1/2 Q = KS 2/3
I
P
Il existe donc dans ce cas particulier une relation explicite donnant le tirant
d’eau en fonction du débit :
y = Q KS 3/5 -3/5
L-3/5
I -3/10

37
Ecoulements uniformes

Voici quelques ordres de grandeur du coefficient de Strickler.


Nature des parois Valeur de K en m1 / 3 / s

Béton lisse 75-90

Canal en terre, non enherbé 60

Canal en terre, enherbé 50

Rivière de plaine, sans végétation arbustive 35-40

Rivière de plaine, large, végétation peu dense 30

Rivière à berges étroites très végétalisées 10-15

Lit majeur en prairie 20-30

Lit majeur en vigne ou taillis 10-15

Lit majeur urbanisé 10-15

Lit majeur en forêt <10

Résumé: Ecoulement uniforme Q = K .S.R2/3.I1/2


pente surface libre = pente ligne de charge = pente du fond
y = constante (tirant d’eau dit normal). 38
Ecoulements permanents graduellement variés

III- Ecoulements permanents graduellement variés


1- Présentation du problème considéré
En pratique dans un chenal uniforme, c’est à dire de section, pente et
rugosité uniformes, le tirant d’eau n’est constant qu’à une grande distance
des extrémités. Près des extrémités, l’écoulement est varié, c’est-à-dire
que le tirant d’eau varie. Plus généralement, l’écoulement est également
non uniforme lorsque le chenal est non uniforme (sa géométrie et/ou sa
rugosité sont variables).
Un écoulement graduellement varié est obtenu lorsque :
✓ Les dimensions, les formes, la rugosité, la pente du chenal varient
faiblement sans brusquerie ;
✓ Le tirant d’eau varie faiblement.

39
Ecoulements permanents graduellement variés

Ecoulement graduellement varié


2. Équation de la ligne d’eau ; tirant d'eau normal
Supposons connues la géométrie et la rugosité du chenal ainsi que la
valeur du débit permanent.
La charge moyenne dans une section d’abscisse x est :
Avec: y = tirant d’eau V2 Q2
H = y + Zf + = y + Zf +
Zf = côte du fond 2.g 2.g S2

V = vitesse moyenne dans la section, ces trois valeurs y, Zf et V étant des


fonctions de x.
40
Ecoulements permanents graduellement variés

2
La perte de charge vaut J = - dH = - dy - dZf + Q dS (car Q est constant au
dx dx dx g S3 dx
long du canal).
dZf S S
D’autre part : = - I et dS = dx + dy = L dy
dx x y
L est la largeur au miroir.
2 dy I- J
dH dy L Q dy =
D’où: J=- =- +I+ 3
Soit: dx L.Q 2
dx dx g S dx 1-
g .S3

Dans le second membre, Q et I sont des constantes connues et L et S sont


des fonctions connues de y. Reste le terme J. On considère que la perte de
charge à la même valeur qu’en régime uniforme pour le même tirant d’eau et
2
le même débit.  Q 
J=  2/3 
Donc d’après la formule de Manning Strickler:  K S R H 

Nous avons bien une équation différentielle de la ligne d’eau. Puisqu’elle est
du premier ordre, le problème est complètement résolu si l’on se fixe une
condition à la limite.
41
Ecoulements permanents graduellement variés

Remarque:
Lorsque I = J on retrouve dy/dx= 0 (y = constante), c’est-à-dire le régime
uniforme .
Par définition, le tirant d'eau normal ( yn ) est la solution de l'équation
dHS dH S
différentielle en y : =0 Or H S = H - Z  = I-J
dx dx

yn est donc la solution de l'équation en y : Q = K Si1/2 R H 2/3

Nous constatons qu'en régime uniforme (I = J), le tirant d'eau réel est
forcément le tirant d'eau normal. En régime non uniforme, si la pente est
négative, il ne peut exister de tirant d'eau normal. Enfin, si la pente est
positive, le tirant d'eau réel n'a aucune raison d'être égal au tirant d'eau
normal.
42
Ecoulements permanents graduellement variés

3. Tirant d’eau critique


Par définition le tirant d’eau est dit critique lorsque l'énergie spécifique est
minimale.
dHS Q2
L’énergie spécifique : avec HS = y +
dy 2 g S2
 S
Q2 S 
D’où en dérivant : dH S = dy - dx + dy 
 x
g S3 y 
Par définition du régime graduellement varié, S varie peu avec x et le
premier terme est nul.
S
En admettant en outre que les pentes des parois sont fortes, = L
dHS Q2 y
=1- L
dy g S3 Q2
L’énergie spécifique est donc minimale lorsque le tirant d’eau vérifie L 3
=1
g.S
Par définition, cette valeur est appelée tirant d’eau critique.
Et l’énergie spécifique minimale (critique) est : SC y
HS = yC + = yC + m
2L 2
43
Ecoulements permanents graduellement variés

44
Ecoulements permanents graduellement variés

Dans le cas d’un chenal rectangulaire, le tirant d’eau critique peut


s’expliciter ainsi : Q2 V2
yC = 3 2
=
gL g
3
et l’énergie spécifique minimale vaut : H SC = yC
2

4. Exercice d’application :
Déterminer la profondeur critique d’un canal rectangulaire ayant un débit
Q = 1.88 m3/s et une largeur au plafond b = 1.5 m. On donne Ks = 80.
Réponse :
Canal rectangulaire on a : L = b et S = b y

Q2 L Q 2b Q2
= =1  yC = 3 = 0.543 m
g. ( b y )
3 3 2
g .S g .b

45
Ecoulements permanents graduellement variés

5. Écoulement fluvial, écoulement torrentiel


Le phénomène physique :
Supposons un canal à section constante, à pente constante et avec une
hauteur h et un débit constant Q. On crée une perturbation grâce à une
vanne que l’on ferme et que l’on ouvre très rapidement.

Figure 9 : Fermeture rapide d'une vanne


46
Ecoulements permanents graduellement variés

Au niveau de la surface libre, il se crée deux ondes (ondes de gravité).


L’une se propage toujours vers l’aval et l’autre se propage vers l’amont si
la vitesse dans le canal est inférieure à la vitesse de l’onde de gravité ;
elle s’oriente vers l’aval dans le cas contraire.

Figure 10 : Régime critique

47
Ecoulements permanents graduellement variés

U : vitesse de l’écoulement
c : célérité des ondes
c’ : vitesse de l’onde amont
c’’ : vitesse de l’onde aval

Figure 11 : Régime fluvial et torrentiel


48
Ecoulements permanents graduellement variés

Q2 L V
Posons Fr = appelé nombre de Froude. Il s’écrit aussi Fr = ,
g S3 g ym
Où ym = S / L est le tirant d'eau moyen dans la section.
Le nombre de Froude est un nombre sans dimension dont le carré
représente le rapport de l’énergie cinétique du liquide en mouvement à
l’énergie potentielle de la pesanteur. Il à un rôle tout à fait fondamental
pour caractériser les écoulements.
V
En section rectangulaire, S = L y. D’où Fr = . Il est souvent pratique
gy
d’utiliser le débit linéaire ou débit par mètre de largeur du lit q = Q / L . Le
q
nombre de Froude en section rectangulaire s’écrit donc aussi : Fr =
g y3
En section quelconque: q
Fr =
g ym3

49
Ecoulements permanents graduellement variés

➢ Lorsque Fr = 1 , le tirant d’eau est critique d’après ce qui précède.


dHS
Alors : = 1- F2
dy
➢ Lorsque Fr < 1 (ou lorsque y > yc ) le régime est dit fluvial. Hs est une
fonction croissante de y et l’on se trouve sur la branche de droite de la
courbe figure 12.
➢ Lorsque Fr > 1 (ou lorsque y < yc ), le régime est dit torrentiel.

Figure 12 : Relation charge spécifique – tirant d’eau pour un débit donné


50
Ecoulements permanents graduellement variés

La figure 12 à l’intérêt de montrer que pour une même énergie spécifique,


deux tirants d’eau sont possibles l’un fluvial et l’autre torrentiel. Bien
entendu, la connaissance de la condition à la limite aiguillera vers l’un ou
vers l’autre, selon sa position par rapport à yc .
6. Calcul d’une courbe de remous
Il s’agit simplement de résoudre une équation différentielle du premier
ordre du type dy /dx = f(y) connaissant une condition aux limites y = y0
pour x = x0 .
Attention, la condition doit être donnée à l’amont si l’écoulement est
torrentiel et à l’aval s’il est fluvial.
Donnons un exemple avec un changement de pente net (figure 12).

51
Ecoulements permanents graduellement variés

Fluvial vers torrentiel

Figure 13 : Passage fluvial – torrentiel


La ligne d’eau amont est fluviale et le tirant d’eau tend vers l’amont vers le
tirant d’eau normal yn1. La forme de la ligne d’eau est imposée par un
contrôle aval, ici y = yc .
De même, dans la partie torrentielle, le tirant d’eau tend vers le tirant
d’eau normal yn2 vers l’aval. Le contrôle est amont (le même, y = yc ).
52
Ecoulements rapidement variés

IV- Ecoulements rapidement variés


Les écoulements rapidement variés se rencontrent soit en cas de
changements de géométrie brutaux en plan (convergents, divergents),
soit dans le cas d’écoulements dont les lignes de courant deviennent très
courbes (en profil).

Figure 14 : Photos du seuil dénoyé à gauche et noyé à droite.


53
Ressaut hydraulique

1. Ressaut hydraulique
1.1 Définition
Un ressaut s’observe lorsque l’écoulement passe d’un régime torrentiel à
un régime fluvial. Il se caractérise par une surélévation brusque de la
surface libre et s’accompagne de pertes de charge importantes

Figure 15 : Ressaut hydraulique et ses caractéristiques.


54
Ressaut hydraulique

La figure 16, illustre le domaine de contrôle ABCD auquel est appliqué le


théorème des quantités de mouvement pour calculer le rapport entre les
profondeurs conjuguées h1 et h2 de part et d’autre du ressaut hydraulique.

Figure 16. Domaine de contrôle ABCD du ressaut hydraulique.


55
Ressaut hydraulique

Les hauteurs y1 (avant) et y2 (après) sont appelées profondeurs


conjuguées du ressaut. On peut classer le ressaut hydraulique en
fonction de la force dissipée :
▪ Si : 1 < Fr1 < 1.7, le ressaut est dit ondulé ;
▪ Si : 1.7 < Fr1 < 2.5, ressaut faible ;
▪ Si : 2.5 < Fr1 < 4.5, ressaut oscillant ;
▪ Si : 4.5 < Fr1 < 9.0, ressaut établi ;
▪ Si : Fr1 > 9.0, ressaut fort.
1.2 Quelques valeurs caractéristiques
Hauteur du ressaut, c’est la quantité : hR = (y2 ‐ y1);
Longueur du ressaut, la distance entre les sections 1 et 2. La longueur
du ressaut est très difficile à déterminer. Elle peut être approchée
empiriquement par : LR = 6.(y2 ‐ y1)
56
Ressaut hydraulique

1.3 Classification des ressauts sur la base du Froude d’amont

57
Ressaut hydraulique

2. Perte de charge dans le ressaut :


La perte de charge ΔH due au ressaut est définie par l’abaissement de la
ligne d’énergie entre les sections (S1) et (S2) de part et d’autre du
ressaut . La perte de charge se détermine donc comme suit:
ΔH = HS2 - HS1
HS2 et HS1 : Les énergies spécifiques à l’amont et à l’aval du ressaut.
Avec: V12 V22 Ce qui donnera finalement :
H S1 = y1 + et H S2 = y 2 +
2g 2g

Une perte de charge égale à :

( y2 − y1 )
3

H =
4 y1 y2

Figure 17: Diagramme d’énergie du ressaut hydraulique


58
Ressaut hydraulique

3. Rendement hydraulique
Rendement du ressaut : c’est le rapport de l’augmentation de l’énergie
potentielle sur la diminution de l’énergie cinétique :
( y2 − y1 )
=
V22 V12

2g 2g
Ce qui donnera :

4 y1 y2
=
( y2 − y1 ) 2

59
Ressaut hydraulique

4. Détermination des profondeurs conjuguées


L’application du théorème d’Euler (Equation de quantité de mouvement)
entre les sections 1 et 2 au niveau desquelles la répartition des pressions
est hydrostatique et celle des vitesses est régulière conduit à :

En projetant chacune des termes de l’équation suivant l’axe (OX) d’un


canal on a :

60
Ressaut hydraulique

L’équation devient alors :

Cette relation est appelée courbe conjuguée. Connaissant yG1, on peut


déterminer yG2 et vis‐versa.

61
Ressaut hydraulique

4.1 Calcul du ressaut pour un canal rectangulaire


Pour un canal rectangulaire on à : S = b x y ; yG = y/2. L’équation de la
courbe conjuguée devient :

En multipliant chaque membre de l’équation par 2g.y1y2, et en mettant


(y2 – y1) en facteur, la conservation de l’impulsion totale se réduit à une
équation symétrique du second degré en y1 et y2 :
2
q
y1 y2 2 + y2 y12 − 2 =0
g
62
Ressaut hydraulique

q2 y1 y 2 2 y 2 y12 q2
y1 y 2 2 2
+ y2 y - 2
1 = 0  + - 2
g y13 y13 g y13
2
 y2   y2  2 q
Finalement :   +  - 2 Fr1 = 0 Avec Fr1 =
 y1   y1  g y13

Cette équation de second degré se résout en :

y2 =
y1
2
(
−1 + 1 + 8 Fr12 )
On arriverait de même à:

y1 =
y2
2
(−1 + 1 + 8 Fr2 2 )
y1 et y2 sont appelés tirants d’eau conjugués.

63
Ecoulements permanents graduellement variés

5. Les différents types d’écoulements:

Figure 18 : Ecoulements uniforme, graduellement varié et rapidement varié

1 : uniforme fluvial
2 : fluvial graduellement décéléré
3 : rapidement accéléré (fluvial puis torrentiel)
4 : ressaut
5 : uniforme fluvial
6 : rapidement accéléré (fluvial puis torrentiel)

64
Calcul des déversoirs

6. Déversoirs
6.1 Définition
Le déversoir est un ouvrage de bifurcation qui permet un partage des
débits dans deux canaux ou collecteurs. Par rapport à une simple
bifurcation, où les débits sont partagés quelle que soit la hauteur d’eau,
dans un déversoir, le déversement n’a lieu que si la hauteur du fluide
atteint la hauteur de la crête déversante.

Figure 19 : Déversoir et ces termes


65
Calcul des déversoirs

Si l’épaisseur e de la crête (partie du seuil qui touche l’eau) est faible par
rapport à la hauteur d’eau h1 (h1 > 2e), on parle de déversoir à seuil
mince. Autrement (h1 < 1.5 e), c’est un déversoir à seuil épais. Entre les 2
limites, les deux modes d’écoulement peuvent se produire.
Lorsque le niveau à l’aval h2 augmente et devient supérieur à 2/3 h1, on
dit que le déversoir est noyé.

Nous nous contentons de donner la relation liant le débit aux paramètres


géométriques du seuil et de l’écoulement dans le cas d’un seuil avec ou
sans contraction.
𝑯𝟏 𝟐𝑯𝟏
Dans le cas d’un seuil n’étant ni mince ni épais <𝒆< , aucune loi
𝟐 𝟑

ne peut être utilisée à priori. Une étude spécifique est alors nécessaire.

66
Calcul des déversoirs

Figure 20 : Ecoulement correspondant à un seuil mince

Figure 21 : Ecoulement correspondant à un seuil épais


67
Calcul des déversoirs

L’application du théorème de Bernoulli pour un déversoir rectangulaire


2
de largeur L nous donne : Q= 2 g L.h 3/2
3
Sous les hypothèses suivantes :
La hauteur d’eau h1 varie de 0 à h ;
Les pertes de charges sont négligeables ;
La pression à la section 2 est égale à la pression atmosphérique.
Cependant, ces hypothèses ne sont pas toujours vérifiées, et on corrige
la valeur du Q avec un coefficient μ. μ est appelé coefficient de débit :

Q = μ 2 g L.h 3/2
Pour un déversoir rectangulaire à seuil mince, μ = 0.42

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