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Les 

algues /alg/ sont des organismes vivants capables de produire de la photosynthèse


oxygénique et dont le cycle de vie se déroule généralement en milieu aquatique. Elles constituent
une part très importante de la biodiversité et la base principale des chaînes
alimentaires des eaux douces, saumâtres et marines. Diverses espèces sont utilisées pour
l'alimentation humaine, l'agriculture et l'industrie.
Les algues ne constituent pas un groupe évolutif unique, mais rassemblent toute une série
d'organismes pouvant appartenir à des groupes phylogénétiques très différents1. De fait, les
algues ont souvent été définies par défaut, par simple opposition aux végétaux terrestres ou
aquatiques pluricellulaires.
L'étude des algues s'appelle la phycologie. Le terme d'algologie est parfois utilisé, mais il désigne
également la branche de la médecine qui traite de la douleur2.
De nombreuses estimations ont fait varier le nombre d’espèces d’algues de 30 000 à plus d'un
million. Malgré les incertitudes quant aux organismes qui devraient être considérés comme des
algues, un inventaire établi en 2012, d'après la base de données AlgaeBase (qui inclut
15 phyla et 64 classes mais ne prend pas en compte les quelque 200 000 espèces
de diatomées, microalgues siliceuses), recense 72 500 espèces d’algues différentes3.

Étymologie
Le mot « algue » est issu du mot latin alga4 de même signification. Son étymologie est obscure.
Bien que certaines spéculations le rapprochent du latin algēre, « avoir froid »5, aucune raison
connue ne permet d'associer les algues à la température. Une source plus vraisemblable serait
*allĭga « liant, entrelaçant » (dérivé de adlĭgātĭo action de lier).
Le mot grec ancien pour « algue » est φῦκος / phŷkos, ce qui pouvait signifier soit l'algue elle-
même (probablement une algue rouge), soit un colorant rouge qui en dérive. En effet, la
latinisation fūcus désignait avant tout le rouge cosmétique. Son étymologie est également
incertaine, mais un candidat potentiel est le terme hébreu biblique ‫ פוך‬/ pūk, « peinture », un fard
à paupières utilisé par les anciens Égyptiens et d'autres habitants de Méditerranée orientale. Il
pourrait alors s'agir de n'importe quelle couleur : noir, rouge, vert ou bleu.
L'étude moderne des algues, marines ou d'eau douce, est appelée soit phycologie, soit algologie,
selon que la racine grecque ou latine est utilisée. Le mot fucus est repris dans un certain nombre
de taxons
.

Description générale, typologie


Les algues constituent un groupe polyphylétique
« Buisson » phylogénétique du vivant. Les algues appartenant au domaine des eucaryotes sont dispersées
dans différentes lignées de ce domaine6,7.

Jusque dans les années 1960, la classification du monde vivant comportait un « règne végétal »


subdivisé en thallophytes (taxon dans lequel était inclus les algues) et les cormophytes. Ces
taxons étaient des regroupements artificiels d'organismes très divers sur la base de
ressemblances morphologiques, et sont devenus obsolètes. La définition des algues est liée à
l'histoire des sciences et des classifications et répond plus à des nécessités pratiques qu'elle
n’est cohérente. Le terme collectif d'algues est en effet une dénomination commode permettant
de regrouper des organismes photosynthétiques inféodés aux zones humides mais plusieurs
groupes algaux n'ont pas d'ancêtre commun direct (groupes polyphylétiques, disséminés en
plusieurs lignées évolutives bien distinctes au sein du domaine des eucaryotes)8,9.
Dans l'acception la plus large du terme, les algues rassemblent :

 des organismes procaryotes : les Cyanobactéries (autrefois nommées « algues


bleues » ou Cyanophycées) ;
 des eucaryotes :
o divers groupes à espèces unicellulaires
(Euglénophytes, Cryptophytes, Haptophytes, Glaucophytes, etc.),
o d'autres groupes à espèces unicellulaires ou pluricellulaires :
 les « algues rouges » ou Rhodophyta,
 les Stramenopiles (regroupant notamment les Diatomées et
les « algues brunes » ou Phéophycées),
o et enfin des végétaux assez proches des plantes terrestres : les « algues
vertes », qui comprennent entre autres les Ulvophycées.
La morphologie est donc très diversifiée : de nombreuses espèces sont unicellulaires,
éventuellement mobiles, d'autres forment des filaments cellulaires ou des lames simples, d'autres
développent des architectures complexes et différenciées, par apposition cellulaire ou par
enchevêtrement de filaments tubulaires. Les algues ne possèdent cependant pas de tissus
nettement individualisés, comme on peut en trouver parmi les végétaux terrestres vasculaires.
Les couleurs des algues, qui peuvent être très variées (verte, jaune, rouge, brune...) ont servi,
dans le sillage de Lamouroux à désigner les différents « groupes » taxinomiques d'algues.
Bien que pouvant appartenir à des groupes non apparentés, les algues peuvent constituer des
groupes écologiques pertinents : les macroalgues marines ou d'eau douce, le phytoplancton,
le périphyton, le phytobenthos, etc.

Des algues en symbiose


Certaines algues contribuent à des formes symbiotiques stabilisées très répandues dans la
nature, telles que les lichens et les coraux zooxanthellés, mais certaines espèces peuvent aussi
être impliquées dans des formes de symbioses plus rares ou plus insolites, par exemple avec
certaines éponges d'eau douce comme Spongilla lacustris, avec des mollusques
nudibranches comme Phyllodesmium longicirrum et même, cas unique connu chez les Vertébrés,
avec la salamandre maculée Ambystoma maculatum.
Il existe quelques cas d'algues parasites[réf. nécessaire].

Des plantes aquatiques non apparentées aux algues


Tous les végétaux aquatiques ne sont cependant pas des algues. Plusieurs groupes de plantes
terrestres se sont adaptés à une existence immergée en eau douce (des mousses, les
fougères Hydropteridales, diverses Spermaphytes dont les Potamogetonacées,
les Hydrocharitacées, les Utriculaires, etc.).
Quelques familles de plantes à fleurs vivent même exclusivement ou partiellement dans la mer
(Zostéracées, Posidoniacées, Cymodoceaceae,
certaines Hydrocharitaceae, Ruppiaceae et Zannichelliaceae) constituant des herbiers marins.

Des algues en milieu terrestre


À l'inverse, de nombreuses algues unicellulaires ont conquis des habitats terrestres très
diversifiés, pourvu qu'ils soient au moins un peu humides.
Ainsi, Chlamydomonas nivalis vit dans les glaciers. Des algues verdissent de nombreuses
écorces d'arbres. L'algue Klebsormidium est fréquemment trouvée sur les façades d'Europe ainsi
que d'autres espèces selon Ortega-Calvo et al.(1991)10 ; Rindi et Guiry (2004)11 ; Barberousse
(2006)12 et Rindi (2004)13,14, dont Trentepohlia, Trebouxia, Prasiola et Chlorella ou encore une
espèce du genre Trentepohlia est responsable des traînées rougeâtres sur le ciment de poteaux
électriques, de murs ou sur le crépi de mortier appliqué sur certaines façades de bâtiments, par
exemple assez fréquemment dans l'ouest de la France. Des murs peuvent être teintés de jaune-
orangé, brun ou bordeaux en raison de la présence de caroténoïdes et de produits de
dégradation de la chlorophylle (les phycobiliprotéines) issus d’algues, de cyanobactéries et de
microchampignons. La colonisation de crépis par des bactéries chemo-organotrophiques et/ou
les produits de dégradation des cyanobactéries et des algues enrichies en fer provoque une
coloration rouge et rose des façades selon Warscheid et Braams (2000) 15, cités par Estelle Dalod
dans sa thèse sur l'influence de la composition chimique de mortiers sur leur biodétérioration par
les algues16.

Algues vertes (et mousses) sur vieux mur humide


 

Algues rouges sur mur (Bretagne)


 

trainées rouges
 

Algues rouges sur mur

Taxinomie (Classification des algues)


« Algues » procaryotes
Traditionnellement, on classait les cyanobactéries parmi les algues, référencées
comme cyanophytes ou algues bleu-vert, bien que certains traités les en aient exclues. Elles
apparaissent déjà dans des fossiles du Précambrien, datant d'environ 3,8 milliards d'années.
Elles auraient joué un grand rôle dans la production de l'oxygène de l'atmosphère. Leurs cellules
ont une structure procaryote typique des bactéries. La photosynthèse se produit directement
dans le cytoplasme. Lorsqu'elles sont en symbiose avec un champignon, elles forment un lichen.
Elles sont à l'origine des chloroplastes des cellules eucaryotes, et ont ainsi permis aux végétaux
de réaliser la photosynthèse, à la suite d'une endosymbiose.

Algues eucaryotes
Caulerpa prolifera, présente sur les fonds sableux de la côte d'Azur (France)

Toutes les autres algues sont eucaryotes. Chez-elles, la photosynthèse se produit dans des
structures particulières, entourées d'une membrane, qu'on appelle chloroplastes. Ces structures
contiennent de l'ADN et sont similaires aux cyanobactéries validant l'hypothèse de
l'endosymbiose.
Trois groupes de végétaux ont des chloroplastes « primaires » :

 les Chlorobiontes dont font partie les plantes vertes ;


 les algues rouges ou Rhodophytes ;
 les Glaucophytes.
Dans ces groupes, le chloroplaste est entouré par 2 membranes. Ceux des algues rouges ont
plus ou moins la pigmentation typique des cyanobactéries, alors que la couleur verte, et celle des
plantes supérieures, est due à la chlorophylle a et b. L'analyse biochimique des membranes
permet raisonnablement de soutenir l'hypothèse que ces groupes ont un ancêtre commun, c'est-
à-dire que l'existence des chloroplastes serait la conséquence d'un seul événement
endosymbiotique1.
Deux autres groupes, les Euglénophytes et les Chlorarachniophytes, ont des chloroplastes verts
contenant de la chlorophylle a et b. Ces chloroplastes sont entourés, respectivement, de trois ou
quatre membranes et furent probablement acquis de l'incorporation d'une algue verte. Ceux des
Chlorarachniophytes contiennent un petit nucléomorphe, reste du noyau de la cellule. On
suppose que les chloroplastes des Euglénophytes ont seulement 3 membranes parce qu'ils
furent acquis par myzocytose plutôt que par phagocytose.

Diatomées marines vues au microscope

Les autres algues ont toutes des chloroplastes contenant des chlorophylles a et c. Ce dernier
type de chlorophylle n'est pas connu du moindre procaryote ou chloroplaste primaire, mais des
similarités génétiques suggèrent une relation avec l'algue rouge. Ces groupes comprennent :
 les hétérokontophytes (par exemple : algues dorées, diatomées, algues brunes) ;
 les haptophytes (par exemple : coccolithophores) ;
 les cryptophytes ;
 les dinoflagellés.
Dans les trois premiers de ces groupes (Chromista), le chloroplaste a 4 membranes retenant un
nucléomorphe chez les Cryptophytes, et on suppose maintenant qu'ils ont en commun un
ancêtre coloré. Le chloroplaste des Dinoflagellés typiques a 3 membranes, mais il y a une
diversité considérable dans les chloroplastes de ce groupe, quelques membres ayant acquis
leurs plastes par d'autres sources. Les Apicomplexa, un groupe de parasites étroitement
apparentés, ont aussi des plastes dégénérés appelés apicoplastes, différents toutefois des
véritables chloroplastes, qui semblent avoir une origine commune avec ceux des dinoflagellés.

Appartenance des algues, selon diverses classifications


 Dans le plus ancien système à 3 règnes, les algues sont dans le règne végétal, parmi
les thallophytes, avec les champignons et les lichens.
 Dans le système à 5 règnes (de Robert Harding Whittaker), les algues sont réparties
entre les Plantae et les Protista.
 En classification phylogénétique, les algues sont réparties en 11 groupes dans un
groupe polyphylétique.
Genres d'algues
La pertinence de cette section est remise en cause. Considérez son contenu avec
précaution. Améliorez-le ou discutez-en. (avril 2020)
Motif avancé : placer des bactéries parmi des algues relève d'une classification obsolète
(l'appellation algues bleues étant trompeuse).

Thalle de Fucus serratus déposé en laisse de mer sur une plage de Belgique

Quelques genres, classés selon Catalogue Of Life [archive] :

Prokaryota
Règne Bacteria

 Phylum Cyanobacteria : à ce phyllum appartiennent les Stromatolites.


o Anabaena
o Nostoc
o Oscillatoria
o Prochlorococcus
o Prochloron
o Rivularia
o Spirulina
o Synechococcus = Cyanothece

Eukaryota
Règne Chromista

 Phylum Haptophyta
o Calcidiscus (coccolithophore) (Unicellulaire)
 Phylum Ochrophyta
o Alaria
o Stypopodium
o Cystoseira
o Durvillaea
o Eisenia (Aramé)
o Fucus
o Himanthalia
o Laminaria
o Macrocystis
o Protococcus = Phaeococcus
o sargasse
o Vaucheria

Règne Plantae

 Phylum Chlorophyta
o Acetabularia (Unicellulaire)
o Blidingia, Bryopsis
o Caulerpa, Chlamydomonas (Unicellulaire), Chlorella (Unicellulaire), Clado
phora , Codium
o Dictyota
o Enteromorpha
o Haematococcus
o Mougeotia, Monostroma
o Nitella
o Oedogonium
o Pediastrum, Prasiola
o Spirogyra
o Ulothrix, Ulva
o Volvox
o Zoochlorella, Zygnema
 Phylum Rhodophyta
o Asparagopsis
o Ceramium, Chondrus (Carragheen), Corallina
o Feldmannophycus
o Gelidium
o Lithothamnium
o Nemalion
o Porphyra

Règne Protozoa

 Phylum Dinophyta
o Zooxanthella = Endodinium (Unicellulaire)

Algues fossiles
 Girvanella (Cyanobacteria)
 Diplopora
Un des projets collaboratifs de Tela botanica porte sur la création d'une base de données
Algues17 pour les algues (macroalgues et microalgues marines, saumâtres, dulçaquicoles et
terrestres) de France métropolitaine, et éventuellement ensuite des territoires d'outre-mer.

Formes des algues[modifier | modifier le code]


La plupart des algues les plus simples sont unicellulaires flagellés ou amoeboïdes, mais des
formes coloniales et non-mobiles se sont développées indépendamment dans plusieurs de ces
groupes. Les niveaux d'organisation les plus courants, dont plusieurs peuvent intervenir dans
le cycle de vie d'une espèce, sont les suivants :

 Colonial - petit groupe ordinaire de cellules mobiles.


 Capsoïde - cellules non mobiles incluses dans un mucilage.
 Coccoïde - des cellules individuelles non-mobiles avec des parois cellulaires.
 Palmelloïde - des cellules non-mobiles incluses dans le mucilage.
 Filamenteux - une kyrielle de cellules non-mobiles connectées ensemble, quelquefois
ramifiées.
 Membraneux - des cellules formant un thalle avec une différenciation partielle des
tissus.
Des niveaux plus élevés d'organisation ont même été atteints, menant à des organismes avec
des différenciations complètes des tissus. Ce sont les algues brunes qui peuvent atteindre
70 m de long (varech) ; les algues rouges et les algues vertes. Les formes les plus complexes se
trouvent chez les algues vertes (voir Charales), dans une lignée qui a conduit aux plantes
supérieures. Le point où ces dernières commencent et où les algues s'arrêtent est marqué
habituellement par la présence d'organes reproductifs munis de couches de cellules protectrices,
une caractéristique qu'on ne trouve pas dans les autres groupes d'algues.

Écologie des algues[modifier | modifier le code]

Forêt de kelp (Californie)
Article connexe : Étagement algal.
Les algues constituent, avec les bactéries et le zooplancton, une part essentielle importante de
l'écologie aquatique et de l'environnement marin notamment. Elles ont adopté des modes de vie
très divers, certaines vivant même hors de l'eau. Grâce à des spores résistantes, nombre d'entre
elles ont une capacité exceptionnelle de résistance. Le vent, les embruns et les oiseaux
migrateurs18 contribuent à leur dispersion.
Les algues jouent un rôle fondamental dans le cycle du carbone19. En effet, elles fixent le carbone
atmosphérique via la photosynthèse et contribuent ainsi à limiter l'effet de serre.
Bien qu'elles soient toutes pourvues de chlorophylle, elles peuvent être autonomes
(autotrophes ou saprophytes), parasites, ou vivre en symbiose.

 Algues autotrophes
o Algues flottantes du plancton
 Algues unicellulaires, en colonies lâches ou filamenteuses
formant le phytoplancton,
 Algues flottantes de grande taille : les sargasses, algues
brunes adaptées à la vie flottante, elles ont donné leur nom à
la mer des Sargasses, ou bien algues brunes ou rouges qui
forment des boules ou pelotes flottantes
appelées aegagropiles.
o Algues thermophiles
o Algues aériennes
o Algues fixées
 sur des rochers : épilithes
 Ce sont les organismes sessiles20 benthiques,
représentés par des algues des côtes
rocheuses fixées aux rochers ou aux galets
jusqu'à une profondeur de 50 à 75 m, mais elles
se raréfient très rapidement avec la profondeur
au-delà de 30 m, les radiations utiles à la
photosynthèse étant absorbées par l'eau de mer.
Elles se développent plus sur des côtes en pente
douce qui forment des plates-formes littorales
étendues. C'est parmi ces algues qu'on trouve les
espèces géantes : les laminaires,
les Durvillea de Nouvelle-Zélande longue de
10 m, ou les Nereocystis de la côte Ouest de
l'Amérique du Nord dont les frondes peuvent
atteindre 50 m de long.
 NB : la posidonie (Posidonia oceanica),
espèce endémique de Méditerranée, n'est pas
une algue, mais une plante à fleurs de la famille
des Posidoniacées. La zostère est également une
plante à fleurs. Quant à la salicorne, c'est une
plante terrestre halophile (qui aime le sel).
 sur des animaux : épizoïques
 Les paresseux (aï ou unau) portent sur leur poils
une algue brune pendant la saison sèche et verte
pendant la saison des pluies, qui les aide à se
confondre avec leur environnement.
 sur des végétaux : épiphytes
 sur du bois : épixyles
 Algues saprophytes
 Algues parasites
 Algues symbiotiques :
o on appelle zoochlorelles ou zooxanthelles les algues vivant en
association avec des organismes animaux, selon qu'il s'agit d'algues
vertes ou d'algues brunes. Les organismes concernés sont
des spongiaires, des cnidaires, des bryozoaires ou des protozoaires.
o avec des champignons : les lichens. Toutes les algues qui prennent part
à la formation de lichens sont des Chlorophycées, la plupart
unicellulaires.
Les macroalgues croissent surtout dans les eaux peu profondes et procurent des habitats
différents. Les microalgues, qui composent le phytoplancton, sont à la base de la chaîne
alimentaire marine. Le phytoplancton peut être présent en forte densité là où les nutriments sont
abondants, par exemple dans les zones de remontée d'eau ou eutrophisées. Elles peuvent alors
former des efflorescences, et changer la couleur de l'eau.
Les marées vertes qui peuvent couvrir certaines plages d'un matelas nauséabond de quelques
décimètres d'épaisseur et de quelques mètres voire dizaines de mètres de large, sont dues à la
prolifération d'algues vertes, essentiellement Ulva lactuca, dans un milieu enrichi en nitrates par
le ruissellement dans les zones d'agriculture intensive ou par un traitement insuffisant des eaux
usées de zones urbaines.
La consommation animale de populations algales est le fait de filtreurs (microalgues, spores
d'algues), de brouteurs d'algues (animaux marins qui raclent ou sucent, à l'aide de leur radula,
les algues microscopiques, les jeunes germinations des macroalgues) ou de patureurs (animaux
broutant des morceaux de macroalgues, principalement les poissons phytophages). La pression
animale sur ces populations provient essentiellement des animaux de la zone de balancement
des marées qui ont également une répartition étagée : Mollusques Gastéropodes
(Littorines, aplysies, Gibbules, Troques, Pourpres, Patelles) et des Crustacés Cirripèdes
représentés par plusieurs espèces de Balanes21.
Les algues offrent des supports à l'épifaune fixée (ascidies, vers polychètes), abritent une
macrofaune vagile (crabes, oursins) et une microfaune importantes servant de nourriture à
différents prédateurs (poissons, crustacés)22.

Utilisations[
Historique[
Le plus ancien document attestant de l'usage médicinal des algues remonte en Chine avec
le Shennong bencao jing, ouvrage traitant des drogues végétales, animales et minérales et dont
la paternité a été attribuée à un empereur mythique Shennong vivant aux environs de 2800 av.
J.-C. Un chapitre entier de ce livre traite des algues et recommande notamment l'usage d'algues
brunes riches en iode (Laminaria digitata, Laminaria saccharina, Fucus vesiculosus, Sargassum)
dans le traitement du goitre, réalisant une iodothérapie avant la lettre23. L'auteur chinois Sze Teu
écrit en 600 av. J.-C. « certaines algues sont les seuls mets dignes de la table d'un roi » mais
la civilisation gréco-romaine se montre moins enthousiaste pour les végétaux marins (la seule
exception étant les matrones romaines qui destinent le Fucus à des usages cosmétiques.
Ainsi Virgile écrit dans l’Énéide « nihil vilior alga » (rien de plus vil que les algues)24.
L'exploitation des goémons comme engrais remonte au moins au haut Moyen Âge en France.
L'exploitation du varech devient industrielle à partir du XVIe siècle25.
Légume méprisé car situé en bas de la chaîne des êtres d'Aristote, l'algue est parfois
consommée par les populations littorales pour faire face aux difficultés et aux menaces
de disettes, cette consommation étant supplantée par celle de la pomme de terre dont la culture
s'étend en Europe pendant toute la première moitié du XVIIIe siècle et contribue à mettre fin aux
famines endémiques26.
Les décennies 1990 et 2000 voient les algues être stigmatisées : les plages doivent en être
débarrassées pour les touristes qui veulent des plages « propres » et les marées
vertes produisent un effet désastreux sur l'opinion publique ; mais leur retour en grâce est
amorcé avec la valorisation de nombreux produits à base d'algues pour l'industrie cosmétique,
l'alimentation, la médecine, la thalassothérapie, etc.27

Algues utiles[modifier | modifier le code]


Alimentation humaine[modifier | modifier le code]
Article détaillé : Algue alimentaire.

La consommation alimentaire d’algues en Europe, bien que marginale y est cependant


ancienne : affiche lithographique de Leonetto Cappiello vers 1920, célébrant le « potage » Maraliment, un
« suraliment aux algues marines » commercialisé à l'époque, supposé avoir des vertus curatives « pour les
enfants, les vieillards et pour tous ».

Une cinquantaine d'espèces d'algues comestibles sauvages ou cultivées28 sont utilisées pour


l'alimentation humaine, soit directement, soit sous forme de compléments alimentaires, soit sous
forme d'additifs :

 Comme aliment direct, les algues sont une sorte de légume, comme la laitue de
mer (Ulva lactuca). Au goût généralement d'iode mais aussi de caramel, violette ou
champignon, souvent vendues sous forme séchée (nori, wakame, hijiki) ou fraîches
conservées dans le sel (haricot de mer)28, elles contiennent généralement
des protéines, sels minéraux et vitamines. Elles n'ont cependant pour le moment
qu'une importance marginale dans la plupart des pays occidentaux, à l'exception
notable de certaines îles ou régions proches de la mer : Grande-Bretagne (Pays de
Galles) ou Bretagne par exemple. Elles tiennent une place plus importante dans
l'alimentation de nombreux pays d'Extrême-Orient : Chine, Corée du Sud, Japon, Viêt
Nam.
 Les compléments alimentaires incluent par exemple la spiruline, microalgue bleue,
commercialisée sous forme de gélule comme complément particulièrement riche
en protéines, acide γ-linolénique et en vitamines.
 Les additifs pour l'industrie agroalimentaire incluent par exemple l'Aramé ou le fucus
vésiculeux (ce dernier également connu sous les noms de varech ou goémon) ;
l'algine29 ou acide alginique, utilisée comme liant dans les charcuteries.
Les carraghénanes extraits de Chondrus crispus sont des gélifiants utilisés
couramment dans les flans, pâtes dentifrices…
Les algues sont aussi une source d'oligo-éléments, notamment de magnésium et d'iode, qui font
souvent défaut à l'alimentation dans les pays industrialisés (ceux qui consomment peu
de poisson notamment, et qui consomment du sel raffiné dépouillé de son iode naturel). Elles
renferment également des polyphénols antioxydants appelés phlorotanins.
Il faut éviter la consommation d'algues qui vivent dans l'eau polluée, car certains polluants sont
absorbés par ces végétaux. C'est le cas par exemple avec les rejets d'eau radioactive près
des centrales nucléaires côtières, des centres de retraitement de déchets
radioactifs (Windscale en Grande-Bretagne, usine de la Hague en France par exemple) ou des
lieux d'expérimentation de bombes atomiques (l'atoll de Moruroa en Polynésie française par
exemple) : les teneurs en radionucléides peuvent alors rendre ces algues dangereuses pour la
santé.
Alimentation animale[
On note l'utilisation ancienne du goémon dans la fabrication de farines et tourteaux incorporés
aux aliments composés, pour volailles notamment.
En Bretagne, le goémon était utilisé pour l'alimentation des vaches.
Engrais et amendements[
Le goémon, ou varech, est récolté sur les côtes, notamment en Bretagne depuis très longtemps
pour en faire de l'engrais. Autrefois, il servait aussi à produire de la soude et de la potasse. Il
existe plusieurs façons d'utiliser les algues comme engrais naturels pour l'usage agricole ou de
jardinage.

1. Ramassage à l'automne de préférence ; après les cultures, le déposer sur la


terre et l'enfouir (bêchage superficiel) - ce n'est valable que pour les algues rouge
ou verte.
2. Pour les autres types d'algues (laminaires, varech), étaler et laisser sécher pour
évacuer le chlorure de sodium ; ceci autorise un ramassage étalé sur l'année en
fonction des tempêtes.
3. Mélanger à un compost de déchets ménagers - maturité obtenue au bout de 6
mois. Les algues contiennent 70 % de matières organiques et beaucoup
d'éléments minéraux : azote 2 %, potasse 3 % (le fucus en contient
6 %), phosphore en faible quantité 0,3 %, calcium 2 %, magnésium 1 %, soufre 1
à 8 %, sodium 5 %, fer, nickel, cuivre, zinc, iode, manganèse. La richesse des
algues en produits fertilisants ne doit pas faire oublier la présence de sel
(sodium) dont l'excès occasionne une infertilisation par brûlure des sols.
Deux usages sont préconisés : l'alternance des types de fumure 1 an sur 2 (algue-fumier
animal) ; et une utilisation modérée 2 à 3 kg/m2 ou 20 tonnes par hectare. Lors du ramassage, il
faut prendre en compte le sable associé aux dépôts d'algue d'estran, il peut représenter 25 à
30 % du poids total, et selon la nature du sol à amender, il est susceptible de fragiliser la
structure de rétention aqueuse des sols initiaux ou au contraire alléger des sols un peu lourd.
Le maërl, ou Phymatolithon calcareum (Lithothamnium calcareum), une algue rouge calcifiée,
était utilisé pour l'amendement des sols acides. Les fonds à maërl sont maintenant protégés.
En 2022, près de cinquante sociétés dans le monde développent des composés bioactifs marins
extraits d'algues pour élaborer une gamme caractéristique de biostimulants qui limitent l'utilisation
d'engrais30. Par exemple, la société Goëmar fait depuis les années 1980 des recherches sur
des stimulateurs de la défense des plantes et a mis au point un vaccin à base de laminarine qui a
obtenu l'homologation sur plusieurs cultures31.
Production de biocarburants
C'est probablement à partir d'algues que les biocarburants pourront être produits avec le meilleur
rendement32,33 rendant ainsi envisageable une production en quantité significative
sans déforestation massive. Des cultures d'algues unicellulaires à forte teneur en lipides (50 % à
80 % en masse) et à temps de doublement rapide (de l'ordre de 24 h) permettent en effet une
production de biodiesel moins polluante et incomparablement plus efficace que l'agriculture
intensive de végétaux terrestres : les superficies nécessaires sont 30 fois moindres.
Plusieurs techniques de production sont étudiées :

 Culture en étang.
 Culture sous serre.
 Culture dans des bioréacteurs fortement insolés 34, où la production d'algues est
accélérée par barbotage de CO2 (évitant ainsi le rejet immédiat de ce gaz à effet de
serre issu d'une industrie polluante comme une cimenterie, une centrale
électrique thermique à flamme).
Les lipides extraits de cette biomasse peuvent être utilisés :

 soit directement comme huile végétale pour alimenter les moteurs diesel
o à 100 % pour ceux qui le tolèrent : tracteurs, moteurs de bateaux,
moteurs de camions et voitures de modèles des années 1990 ;
o ou en mélange à du gazole, jusqu'à 50 % sans modification, pour les
moteurs récents, plus sensibles,
 soit soumis à une transesterification pour produire du biodiesel. Les résidus peuvent
encore être valorisés, par exemple par une fermentation produisant du bioéthanol.
Une limite de cette filière est la nécessité d'alimenter les cultures d'algues en fortes
concentrations de CO2. Tant que ce CO2 sera issu de l'exploitation d'une énergie fossile, on ne
pourra pas considérer cette source de biocarburant comme une énergie renouvelable.
La microalgue euglena est un exemple tangible de biocarburant à base d'algue. En effet, en
2015, la société japonaise Euglena (entreprise) fournit quotidiennement un bus en biocarburant,
composé à hauteur de 1 % d'euglena35. La société a aussi pour ambition de développer du
biocarburant pour avion, et a annoncé vouloir l’utiliser à l’occasion des Jeux olympiques d'été de
2020, mais aucun avion n’a pour le moment volé avec du biocarburant produit par la société36,37.
Propriétés antifouling des algues[modifier | modifier le code]
Les macroalgues marines constituent une source de recherche non négligeable pour les
molécules antifouling38. En effet ces organismes sont sujets au biofouling avec l’adhésion de
multiples organismes tels que des bactéries, des microalgues, d’autres macroalgues ou encore
divers mollusques. Il y a par exemple entre 102 et 107 cellules.cm−2 de bactéries épiphytes selon
les espèces de macroalgues39. Le développement de biofouling peut avoir des effets délétères
pour l’algue. En effet, le recouvrement de leur surface d’échange par les organismes invasifs
peut limiter l’accès aux nutriments40 mais aussi à la lumière, empêchant la photosynthèse. Les
microorganismes adhérés peuvent également être pathogènes pour l’algue et nuire à son
développement41. Pour contrer le biofouling, la macroalgue développe donc des moyens de
défense chimiques et physiques. Par exemple, l’algue peut endiguer l’invasion d’organismes en
générant des dérivés réactifs de l’oxygène (ROS)2, mais aussi en sécrétant des métabolites
secondaires biocides ou répulsifs (molécules anti-quorum sensing42). Certaines macroalgues
présentent également une topographie particulière de surface43, recouverte d’une
couche mucilagineuse inhospitalière limitant la fixation d’organismes.
Les revêtements antifouling écoresponsables peuvent donc s’inspirer des algues pour inhiber
l’adhésion des organismes sur une surface, à la fois en imitant leur topographie de surface, mais
aussi en y greffant des molécules d’algues à visée antifouling. Quelques exemples de molécules
et leur spectre d’action sont présentés dans le tableau ci-dessous.

Algue Type d’activité Composé actif


Caulerpa prolifera Antibactérienne, antialgale Esters Acetylène sesquiterpenoide44

Sargassum spp. Anti-algale Phlorotanin45

Laurencia viridis Anti-diatomée Dehydrothyrsiferol46

Grateloupia
Anti-balane Floridoside47
turuturu

Ulvaria obscura Anti-appétante Dopamine48

Autres usages industriels[modifier | modifier le code]


Certaines substances tirées des algues, notamment l'algine, déjà citée, sont utilisées comme
gélifiants, épaississants, émulsifiants, dans de nombreuses industries : pharmacie, cosmétiques,
matières plastiques, peintures…
L'agar-agar sert de base pour la fabrication des milieux de culture bactériologique.
Phymatolithon calcareum (Lithothamnium) fournit un calcaire poreux utilisé pour la filtration de
l'eau.
La capacité des algues à filtrer l'eau en concentrant ses constituants est également utilisable
dans des stations d'épuration des eaux usées (villes) ou des eaux sortant d'installations
industrielles (industrie chimique notamment). Il reste à choisir ce qu'il est fait de ces algues
devenues des déchets, en général toxiques.
Les alginates sont utilisés dans les pansements gastriques (formation d'un gel surnageant à la
surface du contenu gastrique), les pansements destinés aux grands brûlés (activation de la
cicatrisation) maintien d'un environnement humide avec un grand pouvoir d'absorption) et les
prises d'empreintes dentaires49.
Les extraits d'algues sont recherchés pour leurs principes actifs (vitamine C, polyphénols…)
incorporés dans les crèmes anti-âge hydratantes, régénérantes et anti-UV qui représentent les
plus fortes valeurs ajoutées50 de la filière cosmétique utilisant les algues51.
Il est également possible de fabriquer des biomatériaux et matériaux biosourcés à partir d'algues,
sans faire appel au pétrole (tensioactifs issus de laminaires dont sont extraits
des mannuronates, bioplastiques biodégradables produits à l'aide de microalgues élevées dans
les eaux usées, briques composées à 60 % de sargasses52.

Effet anti-inflammatoire des algues[modifier | modifier le code]


Les principales familles de molécules anti-inflammatoires présentes chez les macroalgues sont
les polysaccharides sulfatés, les acides gras polyinsaturés (PUFAs), le vidadol A et B,
les caroténoïdes (fucoxanthine, astaxanthine), les alcaloïdes (caulerpine), les terpénoïdes, et
la phéophytine a53. 
La fucoxantine est un dérivé des caroténoïdes et a été isolé chez l’algue brune Myagropsis
myagroides. Des études in vitro sur des lignées cellulaires de macrophages de souris RAW 264
induites par LPS ont permis de montrer qu’il y a principalement inhibition de la production
de NO de manière dose-dépendante par la fucoxantine et que ceci est dû à l’inhibition de la
transcription de iNOS (en). Il y a donc inhibition de la sécrétion de cytokine et en particulier
de TNFα. La fucoxanthine réduit aussi la translocation vers le noyau des protéines P50 et P65 et
donc la dégradation, dans le cytoplasme, de l’inhibiteur de B (ikB) ce qui induit la diminution de la
transactivation du facteur NFkB et inhibe la phosphorylation des protéines kinases mitogènes
(MAPKs, JNK, ERK…). De plus, des tests LDH ont permis d’établir la non cytotoxicité de la
fucoxantine54.
La caulerpine est un alcaloïde bi-indolé. Plusieurs isomères de la caulerpine ont été isolés chez
les rhodophycées et les chlorophycées. Pour étudier in vivo l’effet anti-inflammatoire de la
caulerpine, deux modèles ont été utilisés chez la souris : l’œdème de l’oreille induit par
des capsaicines et la l’inflammation du péritoine induite par des carrageenans. Une inhibition de
la formation de l’œdème des oreilles de souris de 56 % est observée lorsqu’il y a eu
préalablement traitement à la caulerpine. De même, il y a réduction de l’inflammation du péritoine
chez les souris traitées à la caulerpine. Des mécanismes d’action similaires à l’indométhacine
tels que l’inhibition de COX et des phosphilases A sont possibles. La caulerpine est
aussi antinociceptive, anti-tumorale, régulatrice de croissance et a des propriétés stimulantes
pour la croissance de la racine des plantes55.
Une étude in vitro révèle que la phéophytine a isolée d’Ulva (Enteromorpha) prolifera supprime
l’induction de la production d’anion superoxyde par un composé pro-inflammatoire. La
phéophytine inhibe la chimiotaxie des leucocytes ainsi que la formation de l’œdème de l’oreille de
souris et ce, in vivo56.
L’effet cytotoxique d’un ensemble de polysaccharides sulfatés extraits de l’algue Sargassum
hemiphyllum a été testé in vitro en mesurant la prolifération cellulaire ainsi que la production
de LDH ; il n’y a pas d’effet cytotoxique détectable in vitro. Des analyses in vitro semblent
montrer que les polysaccharides inhibent la formation des médiateurs de l’inflammation tels que
les cytokines. Ces études mènent les chercheurs à penser que les polysaccharides sulfatés
interagissent avec la voie de formation du facteur de transcription trimérique NF-kB en
séquestrant l'un des monomères à l’extérieur du noyau57.

Effets neuroprotecteurs de certaines microalgues[modifier | modifier


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Des études ont montré que certaines espèces de microalgues et les métabolites qu'elles
produisent auraient une activité neuroprotectrice qui pourraient présenter un intérêt pour le
traitement de la maladie d'Alzheimer58.
Des extraits de l'espèce Chlorella vulgaris, Synechococcus et Nannochloropsis oculata sont
riches en caroténoïdes et protègent le cerveau contre les dommages neuronaux associés
au stress oxydant, qui est considérée comme l'un des facteurs qui contribuent au développement
de la maladie d'Alzheimer . Nannochloropsis  (en) oculata, Tetraselmis
chui  (en) et Cocculinella minutissima  (en) possèdent de forts effets inhibiteurs sur l'activité
de  l'acétylcholinestérase qui dégrade l'acétylcholine responsable de l'amélioration de la mémoire
et la cognition. Un extrait de l'espèce Nannochloropsis oceanica limiterait le stress oxydant induit
par l'agrégation des peptides bêta-amyloïdes dans le cerveau et qui nuit à la croissance et à la
survie des neurones.58

Adaptation aux ultraviolets[modifier | modifier le code]


En zone intertidale, les algues, qui sont des organismes fixés, sont soumises à de nombreux
stress, dont le rayonnement ultraviolet (UV). Les UV provoquent un stress oxydant en entraînant
la formation de dérivés réactifs de l’oxygène (DRO) comme le peroxyde d'hydrogène (H2O2). Ces
DRO peuvent endommager l'ADN, et provoquer la peroxydation des lipides et
la carboxylation des protéines au sein des cellules. À long terme, cela peut engendrer le
vieillissement cellulaire, des cancers, ou encore des inflammations. Afin de tolérer ces stress, les
algues possèdent des stratégies d’adaptation comme la synthèse de métabolites
secondaires photoprotecteurs.
L'exposition aux UVA entraine une production de DRO. Les effets du stress oxydatif sont contrés par
Porphyra-334.

Porphyra-334 reflète les UVA réduisant le stress oxydatif dans la cellule.

Il existe chez les algues une diversité importante de molécules photoprotectrices, qui agissent de
différentes manières : filtres UVA-filtre UVB, molécules induisant la mélanogénèse, molécules
réflectrices, anti-oxydantes et cicatrisantes. Leurs propriétés intéressent de plus en plus les
industriels, notamment en cosmétique : l’objectif est de trouver des filtres naturels afin de réduire
les filtres chimiques présents dans les crèmes solaires afin de limiter les réactions d’allergies et
réduire la pollution des milieux par ces substances. Les molécules photoprotectrices qui sont le
plus fréquemment retrouvées chez les algues sont les acides aminés analogues de la
mycosporine ou MAA (pour l'anglais mycosporine-like amino acid). Pour les algues n’ayant pas
de MAA pour se protéger des UV, il existe d’autres types de molécules comme
les phlorotanins ou les caroténoïdes.
Acides aminés de type mycosporine[modifier | modifier le code]
Les MAA sont présents chez de nombreux organismes (mollusques, macroalgues, bactéries,
cyanobactéries…). Les MAA sont de petits métabolites secondaires, d’une grande diversité
structurale et possédant la propriété de chromophore : ils ont la possibilité de former un nuage
électronique délocalisé pouvant entrer en résonance avec des rayons incidents d’une longueur
d’onde donnée. Par exemple, le porphyra-334, extrait de Porphyra umbilicalis, capte et reflète les
UV d’une longueur d’onde de 334 nm (UVA) sans produire de dérivés réactifs de l'oxygène. Leur
synthèse est induite par l’exposition aux rayonnements solaires.
Leur propriété photoprotectrice est transmise le long de la chaine trophique jusqu’au
consommateur secondaire. Par exemple, les oursins doivent se nourrir d’algues possédant des
MAA afin de conférer à leurs œufs une résistance solaire permettant leur bon développement.
Récemment, une équipe de chercheurs a mis en évidence l’efficacité photoprotectrice des MAA
et notamment la porphyra-334 chez des fibroblastes humains. La porphyra-334 ne semble pas
toxique pour ces cellules et semble réduire leur sénescence. Cette MAA limite le stress en
reflétant les radiations UVA, réduisant le stress oxydatif lié à l'exposition aux UV et réduit la
synthèse de métalloprotéases matricielles (MMP) impliquées dans la destruction des tissus
conjonctifs. La porphyra-334 est également impliquée dans la capture des DRO impliqués dans
les dommages ADN, peroxydation des lipides et carboxylation des protéines.
Ainsi les MAA présentent un haut potentiel cosmétique dans la protection solaire et la lutte contre
la sénescence cellulaire.
Phlorotanins[modifier | modifier le code]
Les phlorotanins sont des polyphénols trouvés chez les algues brunes. Ce sont des oligomères
de phloroglucinol avec une variété de combinaison entrainant une diversité importante de ces
molécules. Ils ont différents rôles comme la protection contre les herbivores. Ils sont suspectés
de protéger les algues contre les UVB puisque leur spectre d’absorption présente un pic à
environ 270 nm (UVB). En 2011, une équipe de chercheurs a démontré que les phlorotanins
avaient un effet photoprotecteur chez des embryons de poisson-zèbre. En effet, les phlorotanins
réduisent la génération de dérivés réactifs de l'oxygène, l’hyperpigmentation et la mort cellulaire
liées à une exposition aux UVB chez ces embryons.

Algues toxiques et nuisibles


Des algues unicellulaires microscopiques (Dinoflagellées) peuvent rendre toxiques pour l'homme
les mollusques (moules, huîtres, praires, coques, palourdes…) et interdire leur consommation
sous peine de troubles gastro-entériques graves ou, plus rarement, d'atteintes
neuromusculaires ; c'est un phénomène assez récurrent dans la mytiliculture de l'étang de
Thau en Languedoc et sur les côtes de l'océan Atlantique, notamment en Bretagne et
en Vendée.
Sargassum muticum, algue brune introduite accidentellement en Europe en 1973 avec
des huitres japonaises, a colonisé rapidement le littoral atlantique de l'Espagne à la Norvège
ainsi que la Méditerranée occidentale jusqu'à Venise. Elle a remplacé certaines espèces
(laminairia saccharina en particulier) et a pu constituer une nuisance importante pour
la conchyliculture. Ce phénomène a été clairement caractérisé pour la première fois dans les
années 1970, les pollutions augmentant de manière importante dans les années 1980, avant de
se stabiliser dans les années 1990.
Caulerpa taxifolia, algue verte tropicale échappée accidentellement du musée océanographique
de Monaco est devenue depuis quelques années envahissante en mer Méditerranée au
détriment de la végétation autochtone, entre autres les herbiers de posidonie. Elle présente une
faible toxicité et n'est pas consommée par la faune locale.
Les goémoniers considèrent comme une « mauvaise herbe » Saccorhiza polyschides,
une laminaire très robuste, sans intérêt économique, qui colonise rapidement les rochers
dépouillés par l'exploitation des Laminaria digitata.

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