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2013
RAM28210.1177/0767370113480318Recherche et Applications en MarketingDesmet et al.
Article RAM
Recherche et Applications en Marketing
28(2) 71–86
Différences de comportement © The Author(s) 2013
Reprints and permissions:
d’achat entre des magasins sagepub.co.uk/journalsPermissions.nav
DOI: 10.1177/0767370113480318
laboratoires réels et virtuels ram.sagepub.com
Pierre Desmet
Université Paris-Dauphine (DRM – UMR CNRS 7088) et ESSEC Business School, France
Richard Bordenave
BVA Group, France
John Traynor
In Vivo BVA USA
Résumé
Pour tester des initiatives marketing en magasin (packaging, prix, etc.), un magasin laboratoire virtuel (3D)
offre une alternative attractive au magasin laboratoire réel sur le plan opérationnel. Par une comparaison
sur des échantillons contrôlés, cette recherche montre que les mesures attitudinales sont identiques, mais
aussi qu’il existe des différences significatives sur les comportements en magasin et sur l’attention au prix
et que celles-ci dépendent de l’achat habituel de la marque.
Mots-clés
comportement d’achat en magasin, expérimentation, magasin laboratoire, magasin virtuel
Introduction
La méthodologie du magasin laboratoire, ou pseudo- merchandising ou la signalétique (Needel, 1998 ;
magasin (Payne, 1966 ; Pessemier, 1960), consiste à Vrechopoulos et al., 2004). Elle fait partie de la
placer une population cible dans un environnement panoplie des outils de test croisant le type de mesure
contrôlé reproduisant de manière réaliste le contexte (observé ou déclaré) et le contexte (réel ou en labo-
habituel de l’achat du produit et à observer le com- ratoire), qui vont de la mesure déclarative d’un inté-
portement d’achat simulé. Cette méthodologie per- rêt ou d’une intention d’achat (questionnaire hors
met de mesurer les conséquences commerciales des lieu d’achat) à l’enregistrement des achats réels dans
initiatives marketing envisagées par un fabriquant, un magasin en zone test (Burke, 1996 ; Wherry,
comme la modification de la gamme, du packaging 2006). Le choix entre ces outils dépend, d’une part,
ou du prix (Burke, 1996), ou par un distributeur, de la nature et du degré d’élaboration de l’initiative
comme l’organisation de l’espace de vente, le marketing, qui influencent l’importance relative de
Auteur correspondant :
Pierre Desmet, Université Paris-Dauphine (DRM – UMR CNRS 7088) et ESSEC Business School, Place du Maréchal de Lattre de
Tassigny, 75015 Paris Cedex, France.
Email : desmet@dauphine.fr
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la validité interne et externe, et, d’autre part, de la conclusions (par exemple la relation à la marque
confidentialité recherchée et du budget disponible. pour Burke et al., 1992). Enfin l’évolution des tech-
Une nouvelle catégorie de test, les magasins nologies a permis d’améliorer considérablement la
laboratoires virtuels (MLV), est apparue suite aux qualité de la représentation virtuelle, dimension
progrès importants réalisés dans les techniques de importante pour expliquer les différences observées
réalité virtuelle, qui permettent maintenant de entre virtuel et réel (Burke, 1996 ; Tjostheim et
reconstituer sur un écran, de manière très réaliste, Saether-Larsen, 2005).
l’environnement physique d’un magasin (Cohen et Grâce à une comparaison inter-groupes sur une
Gadd, 1996 ; Fox et al., 2009 ; In Store Marketing catégorie de produits de grande consommation,
Institute, 2009 ; Rosenberger et de Chernatony, cette recherche vise à évaluer la nature et l’impor-
2007 ; Willke, 2002). Cette technique est déjà utili- tance du biais introduit par l’utilisation d’un MLV
sée par des sociétés comme Kimberly-Clark ou par rapport aux résultats obtenus avec la méthodo-
Procter & Gamble (Byron, 2007) et constitue ainsi logie du MLR, qui constitue actuellement la réfé-
une alternative attractive à la mise en place de tests rence pour le test des initiatives marketing en
en magasin laboratoire réel (MLR) (Berneburg, magasin. Elle complète les études antérieures en
2008 ; Burke, 1996). éliminant deux sources d’effets indésirables impor-
Par la représentation virtuelle de l’espace maga- tants : la différence d’environnement, avec un très
sin, un magasin laboratoire virtuel offre plusieurs grand réalisme de la représentation virtuelle de l’es-
avantages : la réduction des contraintes de gestion pace de vente, et la composition de l’échantillon,
opérationnelle en magasin (grâce à l’absence de la par l’utilisation d’un même mode de recrutement
dimension physique et la manipulation d’images au contrôlé. De plus la comparaison des mesures
lieu de produits) et la possibilité de tester des initia- observées est étendue aux mesures déclarées, avec
tives n’existant pas encore (Burke, 1996), ainsi la prise en compte de l’effet modérateur potentiel de
qu’un meilleur contrôle de certaines caractéris- l’achat antérieur de la marque.
tiques du terrain de l’étude (Needel, 1998), tant La suite de l’article est organisée de la manière
pour le contexte d’achat et le recrutement géogra- suivante : dans la première section, le cadre théo-
phique de l’échantillon que pour la réalisation du rique décrit la méthodologie du magasin laboratoire
terrain (rapidité et flexibilité accrues). La virtualité et les hypothèses sur l’influence que peut avoir ce
de l’espace magasin et des produits réduit significa- contexte sur les comportements d’achat ; la seconde
tivement les coûts fixes de l’étude, mais l’impact section traite de l’étude empirique et aborde succes-
sur le coût total reste assez faible car le coût de sivement les mesures, les données puis les analyses.
l’enquêteur, qui représente une part très importante,
est identique.
Si les avantages opérationnels sont attractifs, les Cadre theorique
sources de biais potentiels sont aussi nombreuses, Le principe d’un magasin laboratoire est d’abord
qu’elles proviennent de l’offre (absence de rupture présenté, suivi de la description détaillée du proto-
de stock, manque de réalisme de la représentation) cole mis en œuvre dans les deux environnements
ou du comportement des interviewés. Des études (réel et virtuel). L’influence potentielle de ces diffé-
comparatives sur les écarts entre les comportements rences sur les comportements est ensuite étudiée et
en magasin et en univers virtuel ont déjà été réali- amène à la formulation des hypothèses.
sées (Burke et al., 1992 ; Burke, 1996 ; Campo et al.,
1999 ; Tjostheim et Saether-Larsen, 2005). Ces
Le principe d’un magasin laboratoire
recherches soulignent dans leurs conclusions le
besoin d’études complémentaires car elles men- Un magasin laboratoire vise à permettre de com-
tionnent non seulement des limites méthodologiques prendre et de mesurer l’effet des variables marketing
significatives (composition différente des échantil- susceptibles d’influencer le choix d’un produit en
lons, différence des assortiments), mais aussi les magasin libre-service, que ce soit un nouveau pro-
effets de variables modératrices qui relativisent les duit ou un produit modifié (produit, packaging,
Desmet et al. 73
réduction des biais constatés antérieurement pour le familier. Le processus d’achat enregistré en
virtuel et donc d’une bonne corrélation des achats MLV pourrait donc être moins naturel, moins
par marque entre le MLV et le MLR. automatique et plus réfléchi, avec une atten-
tion répartie entre, d’une part, la réponse à la
H1 : Les taux d’achat des marques du MLV sont demande de l’enquêteur de reconstitution
corrélés positivement à ceux obtenus par le des achats habituels et, d’autre part, la ges-
MLR. tion d’une interface peu familière pouvant
conduire à des comportements de recherche
de confirmation ou d’exploration. On s’at-
Le comportement en rayon tend donc à ce que la durée de l’acte d’achat
D’une manière générale, l’environnement magasin soit plus longue et que les manipulations
influence le processus d’achat (Baker et al., 1992). pour accéder à l’information produit soient
Plus spécifiquement, dans un espace numérique plus fréquentes.
virtuel, le déplacement et la recherche d’informa-
tion sont significativement différents de ceux H2 : Par rapport au MLR, en MLV (a) la durée
effectués dans un espace physique (Burke et al., d’un achat est plus longue et (b) le nombre de
1992). Outre l’absence de déplacement physique produits manipulés est plus important.
réel (et donc d’effort), l’exploration de l’univers
virtuel ne peut se faire que de manière intermé- •• Une tâche qui demande plus de concentra-
diée, par l’utilisation de la souris, d’une part, et par tion en MLV. Par rapport à un MR, un
le retour visuel procuré par l’écran, d’autre part. consommateur a tendance à être plus atten-
La visite du magasin virtuel a donc plusieurs tif au prix dans un MLR, à lui donner plus
caractéristiques importantes : d’importance et, donc, à créer un biais d’au-
tant plus important que l’attention portée au
• Un spectre de stimulation sensorielle plus prix pour cette catégorie de produit est
limité. Le MLV reconstitue l’univers réel faible (Gabor et al., 1970 ; Nevin, 1974). Or
dans une seule dimension sensorielle : la dans un MLV, le consommateur perçoit la
vision (l’ouïe n’est pas utilisée). Il prive tâche demandée comme moins plaisante,
donc le consommateur d’autres points de plus difficile et moins naturelle que la visite
références habituels, liés par exemple à d’un magasin reconstitué. Cette difficulté
l’odorat ou au rendu haptique (toucher) de accrue pourrait donc amener le consomma-
la prise en main du produit, qui peuvent être teur à simplifier le processus de choix qu’il
déterminants dans certains actes d’achat doit simuler et à se concentrer sur l’infor-
(Jansson-Boyd, 2011). Il ne serait donc mation indispensable à l’exécution de la
adapté que pour les produits dont l’informa- tâche demandée. L’attention étant accaparée
tion pertinente pour le choix peut être trans- par la gestion de l’environnement, on peut
mise par la vue (Suh et Lee, 2005), ce qui donc s’attendre à ce que l’accès à l’informa-
est le cas pour la catégorie de produit choi- tion de prix soit moins fréquent, d’autant
sie, celle des produits de grande consomma- que l’absence d’un paiement réel réduit
tion packagés. encore l’importance de l’information prix.
• Un environnement peu familier. L’expérience
d’achat en univers virtuel est encore assez H3 : Par rapport au MLR, le MLV réduit l’accès
différente de celle créée par l’univers habi- à l’information prix.
tuel des courses en magasin. Alors que la
familiarité de l’environnement du magasin
L’attitude vis-à-vis du produit
réel conduit le consommateur à retrouver ses
routines d’achat dans le MLR, l’effet de test Aucune modification majeure n’est attendue entre
lié au contexte du laboratoire devrait être les deux méthodologies car, pour des produits cou-
plus important dans un univers virtuel moins rants, l’attitude vis-à-vis du produit est formée
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Il présente plusieurs avantages : l’information sur d’achat est faible (moyenne M = 0,04 % ; écart-
les critères habituels de choix est facilement acces- type = 0,028) ; cependant l’écart est important
sible en magasin (marque, prix, format) et son prix (supérieur à 5 points) pour deux références. Les
abordable (entre 1,53€ pour le premier prix et résultats sont plus mauvais pour le second critère
3,44€ pour Lavazza par paquet) lui assure une : l’écart moyen relatif (rapport de l’écart sur la
forte pénétration, ce qui réduit le coût du recrute- part de marché en MLR) est élevé (48 % en
ment de l’échantillon. L’assortiment, exposé sur moyenne) et dans 85 % des cas se situe en dehors
deux gondoles, est composé de différents formats d’un écart relatif de ±20 %.
non promotionnels avec plus de 90 références pro- Enfin, selon le troisième critère pour lequel les
posées par 20 marques. Les questions addition- références sont regroupées par marque (n = 11), la
nelles sur l’attitude concernent la marque leader de lecture de la Figure 2 montre que des écarts impor-
la catégorie. tants apparaissent entre MLV et MLR (par exemple
Les deux échantillons sont recrutés dans la rue +21 % pour la marque leader). Des tests en t
dans quatre villes sur quotas, selon les critères de indiquent que le taux d’achat est significativement
segmentation utilisés sur ce marché, à savoir le supérieur pour la marque de distributeur (+110 % ;
sexe (80 % de femmes) et l’âge (50 % de répon- p = 0,010) et marginalement inférieur pour une
dants entre 18 et 34 ans et 50 % de plus de 34 marque nationale (−51 % ; p = 0,069). Par contre, la
ans), et selon un critère d’achat (50 % d’ache- différence entre magasins concernant le nombre de
teurs habituels de la marque testée). Les échantil- produits achetés dans la catégorie n’est pas signifi-
lons, de tailles identiques (n = 160), sont traités cative (Mréel/virtuel = 1,06/1,10 ; Chi² = 1,96 ; p =
comme des échantillons indépendants et compa- 0,74).
rés après appariement selon la marque habituelle-
ment achetée.
Le comportement en rayon
La comparaison MLV/MLR montre que la plus
Le test des hypothèses grande difficulté à retrouver les routines d’achat en
Les résultats détaillés figurent dans le Tableau 1 et magasin dans un univers virtuel se traduit par des
le test des hypothèses est effectué ci-dessous. changements importants du comportement en
rayon. L’hypothèse d’une différence de comporte-
ments observés (H2) est supportée : la durée
Le comportement d’achat moyenne d’un achat est significativement plus
L’hypothèse H1, qui postule que les taux d’achat longue dans l’univers virtuel (Mréel/virtuel = 14,8/34,8
MLV/MLR sont corrélés, n’est que partiellement secondes ; t = −5,65 ; p < 0,0001). Le pourcentage
validée. En effet, si la corrélation des taux d’achat est d’interviewés ayant manipulé au moins un produit
bien positive et significative, des différences impor- est plus élevé en virtuel (Mréel/virtuel = 14 %/24 % ;
tantes existent par marque, qui rendent probléma- Chi² = 4,43 ; p = 0,035). Cependant la motivation de
tique la lecture des résultats au niveau de la marque. la manipulation accrue serait plutôt une vérification
La comparaison des taux d’achat par référence qu’une exploration car le pourcentage de manipula-
et par marque est effectuée sur les trois critères tions de plus d’un produit est plus faible (Mréel/virtuel
retenus par Burke et al. (1992). Le taux d’achat = 43 %/21 % ; Chi² = 3,46 ; p = 0,062, marginale-
des références les plus vendues (n = 40) est globa- ment significatif).
lement très corrélé pour les deux univers (coeffi- L’hypothèse (H3) d’une moindre attention por-
cient de corrélation de Pearson = 0,81 ; p = 0,0001) tée au prix est, elle aussi, supportée. Un écart très
et cette corrélation est cohérente avec les résultats important est observé pour la fréquence déclarée de
des études précédentes (entre 0,67 et 0,96 selon consultation du prix, celle-ci étant très fortement
les catégories de produits pour Burke et al., 1992). réduite dans le magasin virtuel (Mréel/virtuel = 39 %/9
En valeur absolue, l’écart moyen entre les taux % ; Chi² = 5,02 ; p = 0,025).
Tableau 1. Comparaison des mesures selon le type de magasin laboratoire.
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Figure 2. Taux d’achat selon le magasin laboratoire pour les six marques principales.
Les mesures d’attitude vis-à-vis d’une observé et déclaré (H5 supportée). Comme le montre
marque le résultat d’une régression logistique (Chi² Wald =
82,4 ; p < 0,0001), le taux d’achat de la marque étu-
La reconnaissance a posteriori de la présence d’une
diée est influencé directement (p < 0,0001) et par un
marque dans le linéaire est significativement infé-
effet d’interaction marginalement significatif (p =
rieure en virtuel (Mréel/virtuel = 85 %/78 % ; Chi² = 5,26
0,076). Dans un MLV, le taux d’achat de la marque
; p = 0,021). Cependant, pour les évaluations déclara-
est plus élevé pour les acheteurs habituels, à 74,5 %
tives après la visite, l’hypothèse (H4) d’une absence
contre 56,6 %, alors qu’il est plus faible pour les
de différence entre les attitudes mesurées à l’issue de
acheteurs des autres marques (de 13,6 % à 10,8 %).
la visite du magasin est supportée. Les moyennes de
L’effet du type de magasin sur la reconnaissance
l’intention d’achat déclarée (Mréel/virtuel = 2,20/2,02)
a posteriori de la marque (binaire) est modéré par
ne sont pas significativement différentes entre les
univers, de même que les moyennes des notes d’ap- l’achat habituel de la marque (Chi² Wald = 32,7 ; p <
préciation générale de la marque (Mréel/virtuel = 0,0001). Pour un MLR, les acheteurs habituels ont
7,22/6,95). Aucune différence systématique n’est un taux de reconnaissance légèrement supérieur
identifiée non plus pour les attitudes vis-à-vis du pac- (Mhabituel/réel = 87,9 % ; Mautre/réel = 81,8 %) et celui-ci
kaging (Mréel/virtuel = 6,67/6,79), du produit (Mréel/virtuel est plus élevé en MLV, alors que le taux de recon-
= 7,36/7,04) et de la cherté (Mréel/virtuel = 6,71/6,41). naissance pour les acheteurs des autres marques est
très inférieur en MLV (Mhabituel/virtuel = 98,3 % ; Mautre/
virtuel = 57,6 %).
L’effet modérateur de l’achat habituel L’effet du type de magasin (variable nominale)
de la marque sur l’intention d’achat (variable ordinale) est étudié
L’achat habituel de la marque modère significative- par la statistique de Cochran-Mantel-Haenszel pour
ment l’effet du MLV sur le comportement d’achat la différence de score entre les lignes (CMH²). Le
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niveau légèrement plus élevé d’intention d’achat en Même si, comme dans les études précédentes, la
virtuel (Mréel/virtuel = 2,20/2,02 ; CMH² = 2,02 ; p = structure globale des taux d’achat est bien corrélée
0,15) résulte d’un effet d’interaction avec l’achat pour toutes les marques présentes, les résultats sont
habituel de la marque. En effet l’intention d’achat à prendre avec précaution pour les analyses par
est significativement plus élevée pour les acheteurs marque, compte tenu de l’importance des écarts
habituels (Mréel/virtuel = 1,85/1,51 ; CMH² = 4,77 ; p observés.
= 0,029), alors qu’elle est identique pour les ache- Deuxièmement, pour ce qui est des attitudes
teurs des autres marques (Mréel/virtuel = 2,55/2,51 ; déclarées vis-à-vis du produit, les résultats des MLV
CMH² = 0,03 ; p = 0,85). ne sont pas différents de ceux des MLR. Ceci peut
Les principaux résultats sont donc que le MLV provenir du fait que l’information utilisée pour
donne des résultats comparables à ceux du MLR répondre à ces questions est fournie de la même
pour les attitudes déclarées (H4 supportée) et que manière par les deux environnements, ou que la
les taux d’achat sont globalement assez corrélés, visite a un effet globalement faible sur les informa-
même si des écarts importants sont constatés par tions utilisées lors du choix pour la catégorie de
marque (H1 partiellement supportée). Cependant produit considérée (PGC).
des écarts significatifs existent sur les mesures com- Troisièmement, il existe des différences impor-
portementales, avec un temps passé plus long, une tantes au niveau des comportements en rayon. En
plus grande fréquence de manipulation (H2 suppor- magasin virtuel, la durée de l’achat est plus longue
tée) et une moindre attention au prix (H3 suppor- et la reconnaissance de la présence des produits en
tée). De plus, la différence de comportement linéaire est inférieure. Le shopper en univers virtuel
engendrée par l’univers virtuel dépend de l’achat donne une priorité importante à l’information sur la
habituel de la marque (H5 supportée). marque et limite fortement le comportement d’ex-
ploration, y compris pour une information aussi
importante que celle concernant le prix à payer.
Conclusion Quatrièmement, une caractéristique individuelle,
Cette recherche a pour but d’évaluer les biais créés la fidélité à la marque, a une forte influence sur les
par une représentation virtuelle plutôt que réelle différences induites par la visite d’un magasin vir-
d’un magasin laboratoire en contrôlant deux sources tuel et pourrait donc fausser l’analyse des résultats
d’écarts mentionnés dans la littérature (recrutement, agrégés. Les acheteurs habituels de la marque testée
réalisme de la représentation visuelle). La compa- ont ainsi une plus forte tendance à reconnaître et à
raison porte non seulement sur le comportement acheter leur produit habituel en virtuel. L’effet de
d’achat observé mais aussi sur des variables décla- l’achat habituel de la marque, qui était déjà un cri-
rées sur l’attitude vis-à-vis d’une marque. tère de segmentation important dans le MLR, est
Globalement, les résultats obtenus indiquent que encore amplifié en virtuel.
le processus de décision et les comportements en
magasin virtuel sont structurellement différents de Implications managériales
ceux observés dans un univers réel et conduisent à
des mesures différentes. Compte tenu du réalisme Cette recherche n’offre pas de réponse additionnelle
de la reconstitution du magasin en virtuel, cet écart à la question de la validité prédictive des résultats
ne devrait plus se réduire du fait de l’évolution tech- obtenus en MLV par rapport à un MR, considérée
nologique. Il pourrait encore être influencé par l’ap- comme globalement acceptable (Burke, 1996). Elle
prentissage de l’interface pour certains segments de contribue à éclairer la décision d’un annonceur de
consommateurs et pour certaines catégories de pro- recourir à un MLV au lieu d’un MLR pour le test
duits, notamment du fait des achats en ligne. Plus d’une initiative marketing influençant le choix en
spécifiquement, quatre contributions sont à relever. magasin.
Premièrement, les résultats indiquent que la Le choix d’un type de magasin laboratoire doit
principale mesure finale (le taux d’achat) est dépendre du niveau de développement de l’initia-
influencée par le type de magasin laboratoire. tive marketing étudiée (comparaison de concepts ou
Desmet et al. 81
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84 Recherche et Applications en Marketing 28(2)
Observation Entretien
Expérience réelle MR MR naturel oui
Expérience en Affiche : poster 2D sur un mur test en salle contrôlé oui
laboratoire réel (photo) ; pas de déplacement
Linéaire réel : gondole unique test en salle contrôlé oui
pour la catégorie de produits
testée (produits réels et fictifs) ;
pas de déplacement
MLR : magasin et produits réels, magasin fictif contrôlé oui oui
plusieurs catégories de produit,
chariot ; déplacement libre dans le
magasin
Expérience en Linéaire 2D : photographie d’un test en salle contrôlé oui
laboratoire linéaire présentée sur un écran sur internet sur
virtuel 2D d’ordinateur ; interaction limitée internet
et choix du produit par clavier et
souris
Expérience en MLV 3D avec vue subjective cabine contrôlé oui oui
laboratoire : vision réaliste avec écran avec écran sur
virtuel 3D haute définition ; navigation ; d’ordinateur internet
déplacement, par clavier et souris, sur internet
d’un chariot dans un magasin
proposant plusieurs catégories de
produits
MLV 3D avec vue externe : cabine contrôlé oui oui
magasin dans lequel l’avatar de avec écran sur
l’acheteur se déplace comme d’ordinateur internet
dans un jeu ou un monde virtuel sur internet
(type Second Life®) ; pilotage du
comportement de l’avatar par
clavier et souris
Toulouse, Montpellier)
sur quotas des variables de segmentation de la catégorie : âge (50 %
18-34 ans, 50 % > 34ans) et sexe (80 % féminin)
sur quotas de la marque achetée la plus souvent (50 % marque
étudiée) par la reconnaissance (photo) puis appariement sur les
parts de marché
Consignes « Faites vos courses pour cinq catégories de produits (céréales de petit- idem
déjeuner, sodas, café moulu arabica, biscuits, eaux gazeuses), achetez les
produits comme vous le feriez dans votre magasin habituel. »
Explications préalables présentation de l’interface du magasin virtuel et
achat accompagné dans une catégorie de produit
(autre que la catégorie étudiée)
Visite du magasin ambiance sonore non promotionnelle ambiance sonore enregistrée d’un magasin et retour
laboratoire visite libre avec un chariot sonore d’actions
passage en caisse simulé visite en présence d’un enquêteur
passage en caisse simulé
Mesures temps passé pour l’acte d’achat (mesuré sur enregistrement vidéo mesures à partir des mouvements de la souris et des
comportementales par la présence du chariot face aux gondoles de la catégorie) clics
dans le rayon étudié manipulation d’au moins un produit (binaire)
nombre de produits manipulés (comptage)
actes d’achat (présence d’articles dans le chariot à la caisse) (binaire)
Mesures déclaratives reconnaissance a posteriori de produits présents en linéaire idem
en cabine (binaire) sur écrans successifs, avec rotation de l’ordre de
sur le rayon présentation
attention portée au prix (binaire) « J’ai/je n’ai pas regardé le prix »
Mesures déclaratives attitudes vis-à-vis des composantes (échelle de Likert à 10 positions) idem
en cabine : produit (3 items) : « C’est un … haut de gamme. », packaging (3) : «
sur la marque étudiée Le packaging de ce produit me plaît. », cherté (1) « C’est un … qui me
semble cher. »
attitude générale vis-à-vis de la marque (liking, 1 à 10) « J’aime cette
marque de … »
intention d’achat (1 à 5) : « Avez-vous l’intention d’acheter cette
marque de … ? » 1 = certainement, probablement, je ne sais pas,
probablement pas, 5 = certainement pas
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