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« L’ancien et le nouveau »
Argumentaire
À l’âge du numérique, alors qu’un nouveau paradigme semble s’imposer partout, alors
que chaque chose est soumise à une dynamique de renouvellement accéléré qui détermine les
diverses modalités de l’existence et de la culture, il y a lieu de s’interroger plus que jamais sur
la dialectique de l’ancien et du nouveau. Depuis au moins la vieille et célèbre « Querelle des
Anciens et des Modernes » –dont l’enjeu était esthétique, mais également scientifique et
technologique– on a coutume de concevoir ces deux notions comme essentiellement
contraires. Il conviendrait pourtant de penser une telle distinction en d’autres termes. Déjà en
1963, Marthe Robert avait remarqué que « le nouveau et l’ancien ont beau se réfuter et se
combattre mutuellement, ils s’imprègnent si bien l’un de l’autre qu’il est difficile de tracer
leurs limites, et toujours impossible de mesurer la part exacte qui leur revient. » Chacun de ces
concepts n’existe en fait que dans un rapport de réciprocité . C’est pourquoi Roland Barthes
considérait bête cette distinction et appelait de ses vœux son abolition au profit d’un
mouvement en spirale, « qui est la figure véritablement progressiste de l’activité humaine dans
la mesure où elle veut que toute chose revienne mais à une autre place, à un autre niveau ».
Quand bien même on prétendrait rompre avec la tradition en exaltant la nouveauté, on ne
ferait que s’y inscrire de plus belle. Tout ce qui est nouveau (le Nouveau Roman, La Nouvelle
Vague, la Nouvelle Critique, la Nouvelle Histoire, etc.) est condamné à devenir ancien et de tels
vestiges surgit à son tour l’amorce de la nouveauté, qui, comme l’a souligné Antoine
Compagnon, n’est pas exactement synonyme de modernité ou d’actualité. Il est vrai qu’à
certaines époques l’idéal esthétique et savant consistait à imiter l’ancien, alors que d’autres
époques ont préféré revendiquer vivement la nouveauté et la surprise. Mais on ne saurait
vraiment faire le partage entre la tradition et la nouveauté, les classiques n’ayant jamais
vraiment renoncé à l’invention, de même que les romantiques ont trouvé le nouveau parmi les
ruines du Moyen-Âge. Par ailleurs, les temps modernes ont fini par composer ce que le critique
américain Harold Rosenberg avait désigné à juste titre comme « la tradition du nouveau », une
tradition devenue de nos jours ancienne. Il s’agit donc d’un couple paradoxal, mais de
considérable richesse, d’autant que son étude mène nécessairement à s’occuper d’autres
notions non moins déterminantes : tradition, classicisme, continuité, imitation, répétition et
invention ; innovation, modernité, avant-garde, originalité, surprise, rupture, provocation,
progrès, etc.
-Domaine linguistique :
-Traduction :
-Didactique :
Bibliographie orientative
CORDINA, D. RAMBERT, J. & ODDOU, M. : Pratiques et projets numériques en classe de FLE,
éditions CLE International, 2018.
FOREST, Philippe : Rien n’est dit. Moderne après tout, Paris, Seuil, 2023.
LATOUR, Bruno : Nous n’avons jamais été modernes. Essai d’anthropologie symétrique, Paris,
La Découverte, 1997.
LECOQ, Anne-Marie (ed.) : La querelle des anciens et des modernes : XVIIe-XVIIIe siècles /
précédé de "Les abeilles et les araignées", de Marc Fumaroli, Paris, Gallimard (Folio), 2001.
LIPOVETSKY, Gilles & SERROY, Jean : Le nouvel âge du kitsch : essai sur la civilisation du trop,
Paris, Gallimard, 2023.
PAZ, Octavio : Los hijos del limo. Del romanticismo a la vanguardia, Barcelona, Seix Barral,
1974.
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