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Revue d'histoire et de philosophie

religieuses

La date de l'Exode
Étienne Drioton

Citer ce document / Cite this document :

Drioton Étienne. La date de l'Exode. In: Revue d'histoire et de philosophie religieuses, 35e année n°1,1955. Travaux du
premier congrès français d'archéologie et d'orientalisme bibliques. Saint-Cloud, 23-25 avril 1954. pp. 36-50;

doi : https://doi.org/10.3406/rhpr.1955.3403

https://www.persee.fr/doc/rhpr_0035-2403_1955_num_35_1_3403

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36 REVUE d'histoire et de philosophie religieuses

La date de l'Exode

Le sujet de cette communication demande à être pré


Il l'est déjà du reste par le seul fait que oe rapport
date de l'Exode a été confié à un égyptologue, qui n'es
cela, et qui s'en excuse. Il ne peut pas avoir l'outrecuidan
scruter le texte biblique, ni de tirer de sa composition litt
ou de ses relations, s'il en a, avec des textes non égyptien
indices valables sur la question proposée. Tout ce qu'i
faire, c'est, étant donnée la tradition juive, consignée d
Livre de l'Exode, qui met en cause l'Egypte, et le silenc
textes égyptiens jusqu'à présent découverts sur le fait lui-m
de chercher à l'aide de documents égyptiens quel est le m
de l'histoire de l'Egypte où cet épisode de l'Exode, so
modalités qu'il appartient aux exégètes de déterminer, a l
de chances de pouvoir s'insérer.
A défaut de certitudes, il indiquera des possibilit
défaut de faits nouveaux, il fera du moins le point
question.

Les données tirées dess textes bibliques ne sont pas


breuses, mais elles paraissent claires de prime abord.
I. Rois 61, Salomon bâtit le Temple de Jérusalem « d
480e année après la sortie des Enfants d'Israël de la
d'Egypte ». Le séjour des Hébreux en Egypte avait dur
ans, selon Exode 12 40. Ce détail de la tradition israéli
confirmé par le passage Genèse 15 13, dans lequel Iahvé
à Abraham : « Sache bien que tes descendants seront étr
dans un pays qui ne sera pas le leur ; ils y seront en ser
et on les opprimera pendant 400 ans. »
Toutefois, à l'intérieur de la tradition juive elle-mêm
chiffre du séjour de 430 ans en Egypte a reçu des interprét
divergentes. L'historien juif Flavius Josèphe, dans ses Ant
judaïques, II, 15, 2, le fait partir de l'arrivée en C
CONGRÈS D'ARCHÉOLOGIE ET D'ORIENTALISME BIBLIQUES 3

l'Egypte au mois de Xanthicos, à la néoménie, dans la 43


année après l'arrivée de notre patriarche Abraham en Canaan
et la 215e année après que Jacob se fût rendu en Egypte. »
Deux théories principales, à" quoi se ramènent plus o
moins toutes les autres, ont été avancées pour faire cadrer
tradition juive avec l'histoire de l'Egypte.

La théorie de l'Exode sous Aménophis II est la plus récem


ment apparue en égyptologie. Elle remonte à Lefébure 2, q
l'énonça en 1896. Elle fut diffusée beaucoup plus tard parmi l
exégètes catholiques par Mallon, qui, dans son mémoire sur L
Hébreux en Egypte, publié en 1921, sans se prononcer catégo
riquement, ne cacha pas sa préférence pour elle3. Ce fut
même position qu'adopta Peet dans son livre, si négatif p
certains côtés, Egypt and the Old Testament, paru en 1922
l'égyptologue anglais y déclare que, des deux théories en pr
sence, c'est pour celle de l'Exode sous Ménephtah « qu'il re
sent le plus d'antipathie » 4. Plus récemment, en 1935, dans
domaine de la grande vulgarisation, Sir Charles Marston,
propos des fouilles de Garstang à Jéricho, a repris cet
théorie et il l'a défendue avec fougue 5.
D'après les tenants de cette opinion, il suffit d'applique
ce qu'ils appellent la chronologie biblique à l'histoire d'Egyp
pour
au mieux.
que tous les événements qui entourent l'Exode s'ordonnen

Si l'on remonte en effet de 480 ans au-delà de la constructio


du Temple de Jérusalem, qui eut lieu approximativement e
960, on arrive à la date de 1440, qui est l'an X d' Aménophis
(1450-1425 av. J.-C.). Ce serait la date de l'Exode.
Le Pharaon décédé pendant le séjour de Moïse à Madia
(Exode 2 23) serait alors Thoutmôsis III, qui mourut en 1450.
L'entrée des Israélites dans la Terre de Canaan, après qu
rante ans passées dans le désert, aurait eu lieu vers 1400, a
milieu du règne d'Aménophis III (1408-1372 av. J.-C.). C'est

cetteMoïse
date qu'il
mourutfautimmédiatement
placer la prise avant
de Jéricho.
cet exploit {β eut. 31

à l'âge de 120 ans. Il était donc né vers 1520, à la fin du règ

477.
la date
175.
1935,4325Réimprimé
p.
Lefébure,
Mallon,
Peet,
Marston,
de
170-180.
l'Exode
Egypt
Les
La
La
dans
Hébreux
?,Bible
and
mention
dans
la the
Bibliothèque
a les
Old
en
dit
desMélanges
Egypte,
vrai,
Hébreux
Testament,
version
Egyptologique,
Orientalia,
Charles
parLiverpool,
française
les de
Egyptiens
1921,
Harlez,
XXXV,
1922,
de
n° Luc
3,
Leyde,
s'accorde-t-elle
Paris,
p.Rome,
Clarence,
121.1896,
1912,
p. 178-1
p.Par
av
1
4
38 revue d'histoire et de philosophie religieuses

de Thoutmôsis I (1530-1520 av. J.-C.), de qui la fille, Hatchep


l'avait recueilli et fait élever comme son fils. Sa fuite en Ma
à l'âge de quarante ans s'expliquerait alors au mieux pa
mort d'Hatchepsout, après laquelle Thoutmôsis III persé
comme il le fit pour l'architecte Senenmout, ceux que la r
qu'il haïssait, avait favorisés, ou simplement protégés.
Pour en appeler à des confirmatur, les tenants de
théorie font valoir que les fouilles que Garstang a effectu
Jéricho de 1930 à 1933 ont montré que la cité avait été dét
par violence du temps d'Aménophis III. Les murs d'enceinte
été retrouvés écroulés par pans entiers. Dans la ville incen
les provisions de bouche, carbonisées, avaient été laissées
place. Aucun ustensile domestique d'une époque postérieur
a été découvert. Les tombes les plus récentes de la nécro
n'ont pas livré de scarabées plus tardifs que quelques-un
nom d'Aménophis III. Cela date de l'époque de ce roi la
truction de la ville. L'ensemble des constatations confirme
vouée à l'anathème, comme le raconte le Livre de Josué,
cho avait été livrée aux flammes après que tous les objet
métal eussent été ramassés pour le trésor de la Maison de Ia
mais sans que les troupes guerrières des Hébreux l'eussent
au pillage {Josué 618-19, 24).
De plus, font remarquer les tenants de cette opinion, il
inévitable que, descendus en Egypte avec les Hyksôs, les Héb
les suivissent de près dans leur expulsion. Ce fut la polit
des rois du début de la XVIIIe dynastie que de débarra
graduellement le pays des éléments asiatiques qui s'y ét
infiltrés. L'Exode se trouve donc historiquement plus à sa p
dans la première moitié de la XVIIIe dynastie que plus tar
De fait, parmi les missives de souverains asiatiques ret
vées à El-Amarna, celle qu'Abdikhiba, gouverneur de Jérusa
adressa à Aménophis III, appellent celui-ci à l'aide contr
incursions d'une peuplade nommée les Khapirou. Philolog
ment et historiquement, tout porte à croire qu'il s'agit là n
mément
en Canaan.
des Hébreux de Josué, qui commençaient à s'infi

Enfin, la stèle datée de l'an V de Ménephtah, sur laqu


on reviendra plus loin, fait mention d'Israël parmi les peu
de Palestine. Il fallait donc qu'Israël y fût établi, ce qui e
que l'Exode eût eu lieu depuis longtemps. D'aucune fa
d'ailleurs, cette stèle ne peut cadrer avec l'hypothèse de l'Ex
CONGRÈS D'ARCHÉOLOGIE ET D'ORIENTALISME BIBLIQUES 39

D'ailleurs, ajoutent les partisans de cette hypothèse, une


tradition recueillie par Manéthon plaçait l'Exode sous un roi
nommé Aménophis. Il faut y reconnaître un souvenir positif
d'Aménophis II. Cela fait contrepoids à la mention du nom de
Ramsès donné dans Exode lu, à une ville qui devait plus tard
porter ce nom et qui le portait en fait à l'époque où le Livre de
l'Exode fut rédigé. Il en va de même pour Genèse 47 n, où il
est dit que Joseph établit ses frères « dans la Terre de Ramsès ».
Personne ne songera à ramener pour cela l'histoire de Joseph
au temps de Ramsès II.

La théorie opposée, celle qui place la persécution des


Hébreux sous Ramsès II (1301-1235 av. J.-C.) et leur sortie
d'Egypte sous son fils Ménephtah (1234-1224 av. J.-C.), est la plus
ancienne en égyptologie. Formulée par Lepsius 6 en 1849, elle
fut reprise par de Rougé 7 en 1867 et par Chabas 8 en 1873. Elle
fut adoptée par Flinders Petrie dans son ouvrage Egypt and
Israel, paru en 1911, et qui connut un tel succès qu'il en était en
1912 à sa troisième édition. Pour ne parler que des publications
les plus récentes, le dernier en date des égyptologues qui se soit
occupé de la question, Bernhardt Grdseloff* ravi trop tôt par
la mort à la science, se déclarait en 1949 partisan convaincu
de cette théorie.
Ses tenants se fondent avant tout sur le texte Exode 1 n,
qui dit d'Israël : « Ce fut ainsi qu'il bâtit pour Pharaon les
villes-entrepôts de Pithom et de Ramsès. » Cette ville de Ramsès
est effectivement connue dans les documents égyptiens sous le
nom de Pi-Ramsès, « Maison-Ramsès », résidence préférée de
Ramsès II dans le Delta. Les fouilles archéologiques font appa¬
raître de plus en plus que les rois de la XVIIIe dynastie ne

déployèrent
du Delta, oùpas
il faut
d'activité
situerconstructrice
la ville de Ramsès,
dans la partie
qu'elleorientale
ait été

Tanis, comme le veut M. Montet 9, ou Qantîr, à 25 kilomètres


au sud. Force est donc d'entendre la phrase comme elle sonne
et, puisque la tradition hébraïque lie l'Exode à l'édification de
Pi-Ramsès, de reconnaître qu'elle la situe par le fait même à

rendus
22.
250.
1873,
p. 301-311.
Réimprimé
9876 p.
Lepsius,
De
Chabas,
Montet,
des
57-67.
Rougé,
séances
Les
Comptes
Réimprimé
Die
dans
Les
nouvelles
de
Chronologie
la
Hébreux
l'Académie
rendus
Bibliothèque
dans
fouilles
de
de
la
derMoïse
des
l'Académie
Bibliothèque
Mgypter,
Egyptologique,
Inscriptions
de sur
Tanis
les
des
Berlin,
monuments
Egyptologique,
(i929-i9$2),
Inscriptions
et XXVI,
Belles-Lettres,
1849, p.
Paris,
ègypiiens.
Paris,
388.
et
XII,
Belles-Lettres,
1918,
1933>,
1869,
Paris,
Comptes
p.p.1906,
241-
18-
32.
40 REVUE D'HISTOIRE ET DE PHILOSOPHIE RELIGIEUSES

l'époque de Ramsès II. Il en va tout autrement de l'indic


géographique « dans la Terre de Ramsès », qui se trouve
un récit relatif à Joseph, à propos de la Terre de Gessen (G
47 11). Ici la précision topographique est donnée, il faut l'ad
tre, dans le langage du temps où la Genèse fut rédigée. T

fois,
pour Genèse
si l'on 46
rapproche
28-29, dontcel'élément
passage «de
dans
la version
la Terre des
de Ram
Sep

manque au texte massorétique correspondant, on a l'impre


que ce n'est, même dans le premier passage, qu'une
postérieure surajoutée au texte original.
Si le persécuteur des Israélites fut Ramsès II, oe f
pharaon qui mourut pendant l'exil de Moïse en Madian (E
223). Son successeur, Ménephtah, se trouve de ce fait dé
comme le pharaon de l'Exode, qui eut lieu alors au déb
son règne, avant la rédaction de la Stèle d'Israël dont on pa
plus loin, c'est-à-dire autour de 1230.
A l'appui de la certitude qu'ils trouvent dans la me
de la fondation de Pi-Ramsès, les partisans de cette théorie
guent que seule la période de l'affaiblissement de l'Egy
la fin de la XIXe dynastie et sous la XXe, coïncidant av
décadence à cette époque du royaume hittite, explique com
du temps de Josué et des Juges, Israël réussit à s'infiltr
Canaan et à le conquérir sans se heurter ni à l'une ni à l
puissance. Dans l'histoire de l'Exode elle-même, il est clai
le pharaon, avec qui Moïse entrait si facilement en rel
résidait à l'orient du Delta, oe qui ne se produisit que so
XIXe dynastie. Les Hébreux, en traversant la Transjordan
rencontrèrent les royaumes de Moab et d'Edom, qui n'y f
constitués qu'au xiii® siècle. Enfin, les fouilles palestini
montrent que la civilisation du Bronze Récent, celle des
Cananéens, s'y est perpétuée jusqu'à la fin du xiii® siècle 9
n'est qu'à ce moment qu'y apparaît, établie sur les ruin
villes détruites, la civilisation de l'âge de fer, mais avec une
mique grossière, un dénuement d'arts plastiques, une arc
ture sans science militaire, une absence d'objets provenan
échanges de pays étrangers, qui dénoncent une popu
sédentarisée de fraîche date, comme l'étaient les Hé
quand ils se furent installés dans le pays de Canaan.

La principale difficulté qu'on puisse opposer à cette t


CONGRÈS D'ARCHÉOLOGIE ET D'ORIENTALISME BIBLIQUES 41

de l'Exode sous Ménephtah est le sacrifice délibéré qu'elle oblige


à faire de
Premier Livre
l'indication
des Rois.
chronologique, très claire, donnée par le

Il est certain également que le résultat des fouilles effec¬


tuées par Garstang, de 1930 à 1933, à Jéricho, est d'une grande
importancé pour la question et doit être prise en très sérieuse
considération. Mais les spécialistes ne se sont pas encore mis
d'accord sur les conclusions à en tirer. Il semble bien établi,
si l'on en juge par les comptes rendus de ces fouilles, que la
nécropole explorée en 1931 à l'ouest de la ville a cessé d'être
utilisée sous le règne d'Aménophis III. Mais tant qu'un nettoyage
exhaustif du site n'a pas été accompli, qui pourrait prétendre
qu'on n'en trouvera pas la continuation sur un autre point ?
D'autre part, si bien construite et même si monolithique
qu'elle apparaisse dans les exposés de ses défenseurs, la théorie
de l'Exode sous Aménophis II se heurte, elle aussi, à de graves
difficultés.

Son fondement, le chiffre de 480 ans avant la construction


du Temple de Jérusalem, n'est pas aussi indiscutable qu'il en a
l'air. Il est bien établi, c'est exact, par les leçons des manuscrits.
Mais on a depuis longtemps fait remarquer qu'il pourrait bien
n'être qu'un nombre symbolique 10, faisant partie de ces cadres
à compartiments symétriques, en quelque sorte « préfabriqués »,
par quoi les Orientaux pensaient donner à l'histoire une forme
intelligible et en exprimer la philosophie. Ainsi, dans Matthieu
1 17, la généalogie de Jésus est partagée en trois sections égales
de 14 générations : l'une d'Abraham à David, la seconde de
David à la déportation de Babylone, la troisième de la déporta¬
tion à la naissance de Jésus. Dans le cas qui nous occupe ici,
l'espace de 480 ans correspond à 12 générations de grands
prêtres de 40 ans chacune. En situant l'Exode 480 ans avant la
construction du Temple, on plaçait 12 générations de grands
prêtres entre l'érection du Tabernacle au désert, préfiguration
du Temple, et la réalisation de ce Temple, de même que l'on
comptait 12 autres générations, soit le même laps de 480 ans,
entre la construction du Temple et sa restauration par Zoro-
babel. On peut même soupçonner que la durée de 430 ans attri¬
buée au séjour des Hébreux en Egypte {Exode 12 4o) est com¬

mandée
les 50 ans
par
d'intervalle
le même nécessaires
système artificiel
entre la: complétée
construction
en de
effet
l'autel
par

de Béthel par Jacob et la descente de celui-ci en Egypte, elle


42 revue d'histoire et de philosophie religieuses

entre l'édification de ce premier autel et l'installation du T


nacle. Ce n'est pas à dire qu'une chronologie sacrée de ce
soit totalement dépourvue d'objectivité. Mais, systématis
la sorte, elle ne peut être, au mieux, qu'une approximat
ne pas serrer de trop près.
Si le fait de l'Exode cadre aussi bien que le prétende
partisans de l'Exode sous Aménophis II avec la politique
rale des premiers rois de la XVIIIe dynastie, qui était de d
rasser l'Egypte de tout ce qui avait été affilié aux Hy
comment expliquer la répugnance du pharaon à laisser
les Israélites ? D'autant plus que ceux-ci semblent avo
populaires parmi les Egyptiens, qui leur prêtèrent volo
leurs bijoux et leurs vêtements {Exode 321-22, 11 2, 12 35-36
dispositions, inexplicables du temps des Aménophis e
Thoutmôsis, étaient au contraire naturelles sous une dy
qui, comme la XIXe, était bienveillante pour les Asiatique
La question des Khapirou et celle de la Stèle d'Israël s
envisagées plus loin. Disons pourtant tout de suite que,
Khapirou mentionnés par les lettres d'Abdikhiba, gouve
de Jérusalem, sont les Hébreux de Josué, il est étonnant q
noms de chefs palestiniens cités dans la Bible ne correspo
pas à ceux que les lettres d'El-Amarna font connaître. De
on a l'impression que les situations sont différentes : au
des lettres d'El-Amarna, les princes cananéens cherch
s'affranchir du joug de l'Egypte et à agrandir leur territoir
dépens -les uns des autres en s'appuyant sur diverses b
armées ; à l'époque de Josué, ils sont indépendants et
coalisent entre eux pour s'opposer aux envahisseurs.
Enfin PAménophis cité par Manéthon, selon Josèp
comme ayant été le pharaon de l'Exode, se trouve être,
la liste manéthonienne, compilée par Eusèbe, le 14e et de
roi de la XVIIIe dynastie, après un Ramessès, qui est Ram
et immédiatement avant Séthos, qui est Séthi I, et un Raps
qui ne peut être que Ramsès II. Ce n'est guère favorable

datationformellement
accuse de l'Exode au
Manéthon
milieu ded'avoir
la dynastie.
inventé
D'ailleurs,
ce roi deJo

pièces. Tout récemment, M. Montet 12 a débrouillé l'imbr


de ce passage de Manéthon, cité par Josèphe, en démon
qu'il s'agissait de la transposition d'un conte égyptien rel
la Guerre des Impurs, qui éclata beaucoup plus tard, à la
la XXe dynastie, vers 1100. Cette guerre aurait été préd
CONGRÈS D'ARCHÉOLOGIE ET D'ORIENTALISME BIBLIQUES 43

Aménophis III par son ministre, le sage Aménophis, fils de


Hapou, dès la XVIIIe dynastie. L' Aménophis dont il s'agit à la
fin du conte ne serait autre que le grand prêtre d'Aimon Amé¬
nophis, qui exerça sous Ramsès IX un pouvoir quasi-royal. Il
s'agissait en réalité d'une rébellion des partisans du dieu Seth,
aidés par des Asiatiques qu'ils avaient appelés à leur aide, qui
se termina par l'expulsion en Asie de tout ce monde. Personne
n'aurait jamais eu l'idée que cet épisode pût avoir une relation
quelconque avec l'Exode des Hébreux si Manéthon, accusé par
Josèphe de céder à sa passion anti-juive, n'avait ajouté, en
nommant le chef des révoltés, le prêtre héliopolitain Osarsiph :
« Il changea de nom et se fit appeler Moïse. » Mais est-ce là,
vraiment, une méchanceté de l'historien égyptien ? Il est plus
vraisemblable que ce chef de bande, pour consolider son autorité
sur des troupes composées en grande partie de Palestiniens, se
soit prétendu
dans cette affaire.
Moïse redivivus. Le vrai Moïse n'a rien à voir

Telles sont, à propos de la date de l'Exode, avec leurs argu¬


ments et leurs difficultés, les deux positions principales adoptées
par les égyptologues et les exégètes bibliques.
Peut-on dire que des découvertes récentes en égyptologie
permettent maintenant de choisir entre les deux théories ? Il
ne le semble pas.
Les documents les plus récents versés au dossier par
l'égyptologie sont la Stèle d'Israël, qu'il n'est pas sans profit de
reconsidérer, de nouvelles mentions des 'Aperiou — transcrip¬
tion du sémitique Khapirou — dans les textes égyptiens et le
résultat des fouilles récentes sur le site de l'antique ville de Tanis.

La Stèle d'Israël n'est pas à proprement parler un document


récent puisqu'elle a été découverte en 1895, par Flinders Petrie,
dans les ruines du temple funéraire de Ménephtah, à l'ouest
de Thèbes 13. Ce roi l'avait arrachée, avec d'autres matériaux,
au temple funéraire voisin d' Aménophis III, et retournée pour
y faire graver, dans son propre temple, un long poème de
cour célébrant sa victoire sur les Libyens en l'an V de son règne.
Elle a reçu aussitôt dans la science le nom de Stèle d'Israël, à
cause de la mention de ce peuple qu'on y trouve vers la fin.
La conclusion du poème sur la défaite des Libyens en décrit
44 REVUE d'histoire et de philosophie religieuses

par contre-coup, frappés de terreur et leur soumiss


l'Egypte s'en trouve singulièrement renforcée :

Les princes sont prosternés en disant : « Salam ! »


Il n'y en a pas un qui lève la tête parmi les Neuf-

Depuis que les Libyens sont domptés, le pays des H


[ est en
Canaan est purgé de tout ce qu'il y avait de mauv

Ascalon est conquise, on tient Gêser,


Yénoam est réduite à ne plus exister.

Israël est anéanti, il n'a plus de céréales,


Le Khôr est en veuvage par rapport à l'Egypte.

Tous les pays s'appliquent à la paix,


Quiconque brigande, on le réprime.

On a quelquefois vu dans cette description une allu


une campagne de Ménephtah en Palestine. C'est l'opposé q
vrai : le texte veut dire que toute guerre est désormai
motif dans ces régions. La paix y règne grâce au prest
l'Egypte rétabli par l'écrasement des Libyens.
Il n'y a donc pas lieu de tirer argument de cette stèle
l'opinion qui place l'Exode sous Aménophis II, en lui obj
que, puisque selon cette hypothèse, la Palestine en aura
alors au temps des Juges, il est inexplicable qu'il n'y ait pa
de cette expédition égyptienne dans le Livre des Juges. E
il n'y a pas eu d'expédition de Ménephtah.
C'est à la théorie de l'Exode sous Ménephtah que le
de cette stèle semble à première vue le plus contraire. Le
tisans de l'autre théorie ont beau jeu de faire remarqu
l'a vu, que si Israël est nommé parmi les peuples de la Pal
en l'an V de Ménephtah, il est impossible qu'il soit sorti d'E
sous le règne de ce roi, puisqu'il lui a fallu quarante
marche dans le désert avant d'aborder par le revers le p
Canaan. C'est sans doute pour cela que des exégètes, c
tout récemment le P. Couroyer dans sa traduction de l'Ex
préfèrent voir dans Séthi I le pharaon persécuteur e
Ramsès II celui de l'Exode. Mais c'est se heurter, pour l'a
ment de la chronologie, à la mention de la construct
CONGRÈS D'ARCHÉOLOGIE ET D'ORIENTALISME BIBLIQUES 45

Ramsès, qu'il est impossible, et contraire à Γ évidence archéo¬


logique, I.d'attribuer,
Ramsès comme cela deviendrait nécessaire, à

On a remarqué depuis longtemps que le déterminatif donné,


sur la Stèle de Ménephtah, au nom d'Israël, diffère de celui des
autres peuples et se trouve là seul en son genre. Toutes les
autres mentions de lieux sont déterminées par le signe de la
montagne : cela désigne, en plus de la ville qui est citée, tout le
territoire dont elle était la capitale. Il en va autrement pour le
nom d'Israël. Il est déterminé par le groupe d'un homme et
d'une femme, suivis des trois traits du pluriel. C'est le déter¬
minatif des peuplades, sans relation nécessaire avec un territoire.
Peut-être peut-on, si fragile que cela paraisse, tirer de l'ordre
dans lequel les lieux sont énumérés quelque indication sur la
localisation de ces gens. Le premier nommé est le lointain
royaume des Hittites. Puis, plus proche de l'Egypte, Canaan —
que ce soit directement le nom du pays ou celui de la ville,
voisine d'Hébron, qui le lui a donné — avec les centres d'agita¬
tion qui s'y trouvaient, énumérés du sud au nord, en s' éloignant
d'Egypte : Ascalon, Géser et Yénoam, aux approches du lac de
Génésareth. Puis Israël, et après lui le Khôr, ou région de la
Palestine touchant à l'Egypte et remontant le long de la cote
méditerranéenne. Dans la mesure où l'on peut faire fonds sur
cet ordre, qui énumère du nord au sud les grandes divisions
territoriales, mais procède du sud au nord à l'intérieur de
chacune d'elles, on conclura qu'Israël est localisé ici comme
peuplade à la frontière même de l'Egypte, en avant du pays de
Khôr.

Si l'on se place dans l'hypothèse de l'Exode sous Ménephtah;


on a là une mention, non pas de la persécution, comme on se
l'est parfois imaginé en comprenant « il n'a "plus de semence
(humaine) », allusion à la mise à mort des enfants mâles des
Israélites (Exode 1 ie), mais du départ d'Israël. Spiegelberg,
dans son étude sur la Stèle d'Israël 15, a bien démontré que la
phrase « il n'a plus de grains (c'est-à-dire de céréales, de
vivres) » est un cliché qu'on retrouve, dans les inscriptions de
Ramsès III, appliqué aux Libyens anéantis :

-— Leurs villes sont réduites en cendres, détruites, anéan¬


ties (fk) : ils n'ont plus de céréales (pour se nourrir).
46 revue d'histoire et de philosophie religieuses

céréales.
— Le feu pénètre parmi nous : nous n'avons plu

— Le pays des Machaouach est détruit d'un seul coup


céréales.
Libyens et les Bédouins sont supprimés : ils n'ont plu

Du point de vue égyptien, ces gens qui s'étaient enf


dans le désert sans emporter avec eux de réserves de blé
faire du pain étaient pratiquement anéantis. Qu'Israël, do
nom n'apparaît dans aucune autre inscription égyptienn
avant, ni après, ait été cité ici par un poète de la cour d
Ménephtah, cela semble bien être une allusion de circons
à des démêlés avec ces ennemis de l'Egypte. On peut supp
qu'il s'agit bien là des faits dont la tradition a été conse
par le Livre de l'Exode et que la Stèle d'Israël leur est de
peu postérieure.

Un autre sujet sur lequel des découvertes récente


Egypte ont apporté sinon des lumières, du moins des docum
nouveaux, est celui des Khapirou.
Il y a longtemps que l'on a admis que ce terme, qui app
déjà dans les textes babyloniens du temps d'Hammou
correspond phonétiquement d'une façon parfaite aux 'Ib
Hébreux de la Bible, et aux 'Aperiou des textes égyptiens.
jusqu'à ces derniers temps, ces 'Aperiou des textes égyp
ne se rencontraient qu'entre 1300 et 1150, à une époque beau
plus tardive que les Khapirou des textes sémitiques : il s'agi
de prisonniers de guerre, réunis en équipes pour assurer
travaux d'utilité publique, extractions de carrières, construc
de temples, ou corvées diverses. Cet important décalage de
entre les données des sources asiatiques et celles des docum
égyptiens n'était pas sans obscurcir singulièrement la ques
En 1943, l'égyptologue égyptien Ahmed Badawy pub
dans les Annales du Service des Antiquités de l'Egypte 16
grande stèle historique d'Aménophis II, qu'il venait d'exhu
des ruines de Mit-Rahineh, sur le site de l'ancienne Mem
Le roi y raconte ses campagnes de l'an VII et de l'an IX en
Dans le compte final des prisonniers de guerre ramenés pa
36.300
à Memphis,
Khôrites.
il énumère
Plus récemment
3.600 'Aperiou
encore,
, contre
en 15.200
1952, M.
Saso
S

Söderbergh17 a publié deux mentions d "Aperiou empl


CONGRÈS D'ARCHÉOLOGIE ET D'ORIENTALISME BIBLIQUES 47

comme vendangeurs, déœlées par lui dans des inscriptions de


tombes thébaines remontant au règne de Thoutmôsis III et peut-
être même d'Hatchepsout. Enfin, dans l'intervalle, en janvier
1945, Grdseloff 18 avait exposé en séance de l'Institut d'Egypte,
au Caire, copie et traduction d'une stèle fort abîmée du Musée
de Jérusalem, provenant de Beth-Se'an, qui mentionne une
attaque des 'Aperiou contre une ville située à l'ouest du Jour¬
dain, sous le règne de Séthi I. Désormais, la lacune est comblée.
Les ' Aperiou se trouvent mentionnés par les textes égyptiens à la
même époque que les Khapirou des documents asiatiques.
Ce n'est pas ici le lieu d'exposer les discussions qui ont eu
lieu autour des Khapirou. Il en ressort, comme l'a conclu
M. Dhorme dans la Revue Biblique de 1909 19, que le mot, quelle
qu'en fût l'étymologie, n'avait pas de valeur ethnique, ni terri¬
toriale. Il servait simplement à désigner les clans non sédenta¬
risés, quelle que fût leur race, qui erraient dans les déserts du
Proche-Orient et exerçaient à l'occasion leurs rapines dans les
plaines cultivées. Le mot Hébreu dans sa plus ancienne acception
n'avait pas d'autre sens. Les Septante ne s'y sont pas trompés
lorsque, dans le passage Genèse 14 13, où l'on vient annoncer à
Abraham la capture de Lot, ils ont traduit par
"Αβρα|χ τω περάτη, « à Abram le nomade ». Comment ce terme,
plutôt péjoratif, puisqu'il ressort des Lettres d'El-Amarna qu'il

des
était Israélites
parfois synonyme
? C'est désormais
de bandit, facile
est-il devenu
à concevoir.
le nom De
national
toute

antiquité, on appelait des Khapirou les nomades, de quelque


race qu'ils fussent, qui sillonnaient les déserts de cette partie
du Proche-Orient. Nous avons vu qu'Abraham en était un
{Genèse 14 13) lorsque, à son retour d'Egypte, il faisait paître
ses troupeaux près des chênes de Mambré. Or en Egypte les
Israélites étaient désignés par les Egyptiens sous ce vocable
générique ( Genèse 39 14, 17, 41 12 ; Exode 1 15, 19, 2 6, 7), transposé
en (A periou, qu'ils partageaient d'ailleurs, les textes égyptiens
d'époque postérieure le prouvent, avec tous les captifs faits
parmi les nomades asiatiques. C'est pour parler un langage

Pharaon,
compréhensible
nommeaux
Iahvé
Egyptiens
« le dieu
quedes
Moïse,
Hébreux
en »
s'adressant
(Exode 5 s,
à

7 le, 9i et 13), autrement dit le dieu des ' Aperiou , bien que les
Fils d'Israël fussent alors probablement les seuls parmi les
Asiatiques d'Egypte à adorer Iahvé. C'est que, pendant leur
48 REVUE d'histoire et de philosophie religieuses

séjour en Egypte, les Israélites, à force de s'être entendus


mer 'Aperiou par les habitants du pays, s'étaient accoutu
considérer ce vocable comme leur gentilioe. Sans avoir à ch

rou
de nom,
, ou nomades
les Fils d'Israël
; ils en étaient
sortaient
entrés
comme
en Egypte
Hébreux.
comme K

On voit le danger qu'il y a — et comment c'est en


l'histoire sur de fausses données — que d'identifier dè
apparition dans les textes les Khapirou, ou les ' Aperiou
le peuple des Hébreux. C'est en se laissant entraîner
mirage que l'égyptologue Grdseloff 20 a reconstruit comm
l'histoire de la descente de Jacob en Egypte. La Stèle d
Rahineh, en mentionnant un contingent de 3.600 Hébreux
nés par Aménophis II de sa campagne de l'an IX en
montre qu'il s'était produit à cette époque, vers 1440
pénétration massive des Hébreux en Palestine. Continu
mouvement, un de leurs clans, conduit par Jacob, descen
1438 dans la Vallée du Nil et vint s'amalgamer avec l
sonniers d'Aménophis II. Grdseloff, qui adopte l'indicat
Josèphe fixant à 215 ans le séjour des Israélites en Egypte
de ce chef l'Exode en 1223, qui serait, selon Rowton, d
il suit la chronologie, la dernière année du règne de Ram

Les fouilles conduites par M. Montet depuis 1929 sur


de San el-Hagar, au sud du lac Menzaleh, dans le Delta or
de
ne l'Exode.
sont pas non plus sans intérêt pour la question de l

M. Montet a d'abord entrepris de prouver que l'impr


nant amas de ruines que renferme ce tell représente les
de trois cités qui se seraient succédées et superposées
endroit : Avaris, Pi-Ramsès et Tanis 21 . Cette triple identifi
d'abord contestée, a finalement rallié les suffrages de la m
des égyptologues. Toutefois une tendance se dessine à e
Pi-Ramsès de cette équation et à revenir à sa localisation
jadis par M. Mahmoud Hamza 22, à Qantîr, à 25 kilomèt
sud de Tanis, où des fouilles ont mis au jour un pal
Ramsès II et, plus récemment, des inscriptions de fonction
attachés à la ville de Pi-Ramsès. Il convient d'attendre la

20 Grdseloff, op. cit., p. 26-28.


CONGRÈS D'ARCHÉOLOGIE ET D'ORIENTALISME BIBLIQUES 49

cation de ces documents et les résultats de la discussion qui


s'ensuivra pour s'écarter, s'il est besoin, dé l'opinion de M. Mon-
tet. Celle-ci semble actuellement la plus probable.
Si Tanis est vraiment Pi-Ramsès, le résultat des fouilles
de M. Montet est nettement favorable aux partisans de l'Exode
sous Ménephtah. Aucune trace d'activité monumentale des rois
de la XVIIIe dynastie n'y a encore été découverte. Dans l'état
actuel des informations, Pi-Ramsès semble avoir été la création
exclusive de Ramsès II. Il en va du reste de même de Qantîr,
où l'on n'a pas trouvé de traces de la XVIIIe dynastie.
Que ce soit Tanis même ou Qantîr, qui est dans ses environs,
que l'on identifie avec Pi-Ramsès, il ne faut pas oublier que
c'est dans cette région qu'un autre témoin de la tradition juive,
le Psaume 78 12, 43, place les événements qui ont précédé l'Exode:

— Devant leurs pères il avait fait des prodiges,


au pays d'Egypte, dans les champs de Tanis.

— (Le jour) où il montra ses prodiges en Egypte,


ses miracles dans les champs de Tanis.

Ce qui, étant donné le résultat des fouilles dans cette région,


vient en faveur de l'opinion qui rapporte l'oppression des
Hébreux à Ramsès II et l'Exode à Ménephtah.

En résumé, les découvertes récentes faites en Egypte ne


permettent pas encore de trancher définitivement la question de
savoir si l'Exode des Hébreux a eu lieu sous Aménophis II, vers
1480, ou sous Ménephtah, vers 1230. Les deux opinions conser¬
vent des arguments valables.
Toutefois, il semblerait que les recherches entreprises à
Tanis, résidence du pharaon de l'Exode d'après le Psaume 78,
et qu'une interprétation plus serrée de la Stèle d'Israël font,
en attendant que le résultat des fouilles de Garstang à Jéricho
soit mieux tiré au clair, pencher plus fortement la balance en
faveur de l'opinion qui place l'Exode sous le règne de Ménephtah.
50 REVUE D'HISTOIRE ET DE PHILOSOPHIE RELIGIEUSES

Interventions à propos de la communication


du Chanoine Drioton

M. Dhorme. — La mention des Khapirou se retrouve dans to


Mésopotamie et chez les Hittites à Boghaz-Keui, Lagash, Antioche,
la première moitié du IP Millénaire. Car il faut bien lire Khapirou d
les textes de Ras-Shamira alphabétiques, idéogramme qui est transc
hébreu : ce qui permet de l'identifier avec la forme Hpr d
par les textes égyptiens et qui rend impossible l'identification av
□''lay bibliques. Les Hébreux sont ceux qui viennent d'au-de
l'Euphrate ; les Khapirou, ce sont des étrangers, des « personnes
cées ». D'après les textes d'El-Amarna, ils forment en quelque sort
légion étrangère à la solde des chefs cananéens. D'après les text
Boghaz Kheui, le mot s'applique à des dieux étrangers. Les textes d
mentionnent une Khapirot d'Assur, donc une personne étrangère.

M. Parrot. — 11 est également question des Khapirou dans les tex


Mari,
M. Dhorme.
ce qui amène à une conviction tout à fait opposée à ce

Un interlocuteur. — Est-ce que Hébreu vient de « Heber » (G


11 14) ?

M. Dhorme répond que ' eber, "Qy, signifie au-delà, fils de


désigne celui qui vient d'au-delà de l'Euphrate et non pas du Jo
( Josué 24 2-s), parle des dieux que révéraient les pères des Israéli
l'autre côté du fleuve, ηπ3Π "Π3Π, be 'eber hannahar, c'est-à-di

l'Euphrate, et par la suite le mot 'eber signifiant au-delà a été person

M. Parrot. — Le problème s'est compliqué depuis de nouvelles


les menées à Jéricho d'après lesquelles la ville n'aurait pas ex
l'époque de Josué. Les fouilles de Garstang ont été menées suivan
méthodes tout à fait défectueuses et les erreurs faites peuvent être
cilement rattrapées par des fouilles ultérieures. De la même maniè
fouilles Glück en Transjordanie avaient laissé penser que le royau
Moab n'existait pas à cette époque. Mais ses conclusions ont été total
infirmées par les fouilles récentes de Lancaster Harding, qui ont m
jour un matériel de haute époque. Donc une date haute de l'Exode
pas impossible.

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