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Amulettes grecques
Monsieur Louis Robert
Robert Louis. Amulettes grecques. In: Journal des savants, 1981, n° pp. 3-44;
doi : https://doi.org/10.3406/jds.1981.1421
https://www.persee.fr/doc/jds_0021-8103_1981_num_1_1_1421
AMULETTES GRECQUES
•
avait dû s'exercer dans la magie à Alexandrie même où la communauté juive
était si importante. Des Syriens avaient-ils besoin de ce détour pour connaître
la pensée juive et en subir l'influence ? Dans les pages de ce mémoire le
lecteur remarquera à la fois l'influence de la Bible, sous sa forme grecque
répandue partout, et la fréquence des provenances syriennes. Un bon nombre des
documents de Syrie permettent de faire la part du sémitique, avec des
caractères hébreux ou araméens (voir ici, p. 15 et 26, « en hébreu », « en syriaque »),
des noms de puissances magiques ; le sémitique pourra véhiculer des noms
ou des notions très anciennes dans les pays syriens et mésopotamiens ; il se
prolongera bien après l'époque de nos amulettes, dont beaucoup se placent
sans doute du 111e au VIe siècle, à une époque où la magie sera sous l'habit
syriaque. Naturellement dans cette magie syncrétiste figures et noms
égyptiens apparaissent aussi en Syrie ; cela ne signifie pas que les amulettes,
phylactères, imprécations, ont été gravés, ni même conçus sous leurs formes
précises, à Alexandrie ; ces pierres ou ces feuilles sont composées et écrites
sur place par le magicien local, qui a ses traditions et sa bibliothèque
composites. Les éléments sémitiques — et d'abord juifs — de la diaspora ont passé
aussi dans les fabrications égyptiennes, puisque les Juifs de la diaspora étaient
dans toutes les villes, à Alexandrie, dans le Delta et à Cyrène comme à Antioche
et dans la Palestine. Quel contact des Juifs et des Syriens hellénisés dans une
ville comme Nysa-Skythopolis, où voisinaient les maisons juives et les maisons
païennes ! On les reconnaissait par leur décoration à l'occasion des fêtes,
lesquelles n'étaient pas les mêmes pour les uns et les autres.
D'autre part, il faudra signaler quelle doit être la simplicité de
l'interprétation de certains sujets, en dehors de toute mythologie. Le combat de
l'ichneumon contre le cobra est une amulette contre les serpents, comme
d'autres protègent contre les scorpions ; c'est l'héroïque combat de Rikki-
Tikki-Tavi, la mangouste, contre le serpent. Pour la déesse à la fourmi, il
n'y a pas à chercher quelque mythe. D'ailleurs la fourmi est le plus souvent
seule, poussant un grain de blé ; s'il y en a plusieurs, chacune a son butin 10.
Le symbolisme de la fourmi est universel : l'abondance. Pour ce type d'ailleurs
peut-on même parler d'amulette avec ce que ce terme implique de magie ?
Dans ce cas, ne rejoint-on pas ce que nous appelons porte-bonheur ? Ce n'est
point enlever des types à la magie pour en faire des « sujets de genre », sans
9. Rev. Et. Gv. 1928 ; voir ci-après.
10. J'en ai réuni une série abondante et j'ai fait photographier les types
significatifs.
6 LOUIS ROBERT
D'un côté, après les ' caractères ', on a lu cette conjuration sur 12 lignes
'E£opxi£co ere ftsòv tÒv [xéyav BapPa^t^awO- tÒv Soc^acoO- &£Òv tÒv xocO"/) fxsv
£7Tràvco toû opouç 7raXa[xvouou, fteòv tov xocxWjjaevov è-àveo toû ^octou, &eòv.
Le texte se continue de l'autre côté : tòv xa&Tjfxsvov è^àveo toû
aÙTÓc serri TravTOxpaTfop • Xéyst, croi, bàvera sàv xal auvT7][Aa Mapfjt,apauà)&
Enfin, sur la tranche : 'OpxKjfxòc outóc kax(i) 2a(3aò>£)- 'AScovat, toû
[XT] èyyicroa óti Kuptou frsoû 'Icrpoc/jX 'AxpajAji-a^afzapit. Bpacraou
'E£opxiÇ(o &sòv 'Evathàco Oa(3a&aXAov Ba^Xaiaiaco OaXay/poupcoo-apPç ,
jì.7] 7rapaxouo"7]ç to ouvo[xa toû 0soû.
Les éditeurs ont donné cette traduction : « Je te conjure par le grand
dieu Barbathieaoth Sabaoth qui demeure au-dessus du Mont de crime, le
dieu qui demeure au-dessus du roncier, le dieu qui demeure au-dessus du
Chérubin. C'est lui le créateur de l'univers. Il te dit de laisser tout et (te
donne ?) son mot d'ordre (?) Marmarauoth, Ieaoth. Cette conjuration est
de Sabaoth Adonai, de ne pas t'approcher parce que (cette personne
appartient) au Seigneur dieu d'Israël (3 noms magiques, dont Thouth) de ne pas
refuser d'écouter le nom de Dieu ».
Certaines difficultés sont marquées dans le commentaire, qui explique
ceci : « Texte douteux en plusieurs endroits. Travia où je suppose Ttàvra. cruvT7]fxa ;
je présume auvO-yj^a. Qu'est-ce que le Mont du crime (ou du vengeur du crime) ?
Mêmes questions à propos de « laisser » et de « ne pas t'approcher ». Pour le
singulier Xepou(3i(v), cf. PGM, IV, 3061. Autre exemple d'exorcisme dans
PGM, IV, 3008, hébraïque lui aussi et teinté de magie, et destiné à chasser
un démon du corps d'un possédé. Autres conjurations : voir le mot ec,opxitziv
dans PGM, III Reg. 1 ».
Tel est le point où nous en sommes l. Des trois côtés où se développe
l'inscription, je donne ici les deux côtés principaux en photographies très
agrandies fig. 1. Ce n'est pas ici la mythologie égyptienne qui peut nous aider.
Nous sommes dans un tout autre domaine.
La première expression qui soit claire pour tout lecteur et qui témoigne
d'influence juive caractérisée, c'est « celui qui siège sur le chérubin ». Les
éditeurs ont rapproché une expression du papyrus magique de Paris, Pap. Mag.,
IV, ligne 3061. Ce morceau, relatif au traitement d'un possédé, est une con-
1. M. Smith, Am. J. Arch. 1967, 418, stigmatisait ici : « several lines omitted ».
Cela signifie que les éditeurs n'ont pas transcrit le début de A, que le lecteur voit sur la
photographie et qui ne peut être ' transcrit ', puisque ce ne sont pas des lettres, mais des
signes ; les éditeurs n'ont pas omis d'indiquer : « characteres ». Le critique n'a pas eu
autre chose à faire remarquer.
AMULETTES GRECQUES 9
conjure par le dieu qui est sur le ciel, qui siège sur les Chérubins ; il a délimité
la terre et séparé la mer » ; suivent les noms Iaô, Adonaï, Sabaô et des
fioritures sur le premier de ces noms. R. Wiïnsch a rappelé la même formule dans
les Psaumes, 79, 1 et 98, 1 : ó xocO-t^evoç zt:1 twv Xspou^tv, et dans Daniel,
3, 55 (pas 31), un verset du chant des trois jeunes Hébreux dans la fournaise :
sùXoy/jTOç si, ó fiXeizcov àfivcaovç xoctHj^voç Itti XspoufUfx, « sois béni, toi qui
contemples les abîmes, siégeant sur les Chérubins ». L'origine de
l'expression sur notre amulette est claire et sûre. Ce verset figurera sur des maisons
chrétiennes ; ainsi dans le Hauran.
On lit assez fréquemment sur les amulettes ou dans les papyrus magiques
des précisions pour la formule xa^Tjixsvoç « qui siège sur » ; « sur le lotus « ziti
too àcotoG 5 ; « je suis le grand qui siège dans le ciel », èyw tl\d ó {Jtiyocç èv
oùpocvôi xaô-y)[A£voç 6, « celui qui siège à l'intérieur des sept pôles », ó èvroç tcov
sTrrà ttóXcov xa&yjfjisvoç, — « Michel qui siège au-dessus », ó èrcàvco xocôtjiaevoç
Mt,-/ca)X, — « celui qui siège sur la tête du monde », ó èm t% toû xócifjiou x£<paXvjç
xaO-yjfxsvoç ", etc. 8.
Plus caractéristiques sont les cas où les documents donnent une litanie
de ó xa$Y)[i.£voç. Ainsi sur une tablette en argent de Beyrouth avec un texte
très long 9, talisman pour une certaine Alexandra fille de Zoè, 1. 14 sqq. :
se voit sur une amulette en jaspe rouge qu'avait publiée A. Delatte, n. 254, d'après un
exemplaire chez H. Cahn : figures de Némésis et d'Hécate et l'inscription ajoutée :
pôcvov xai tòv xópiov rj^œv, « arrose aussi notre seigneur » ; H. Seyrig l'a reprise
heureusement, Rev. Num. 1969, 284-285, et il a lu : xai tòv xópiov tj^ûv Oùpavóv, les deux
premières lettres de ce mot étant renversées. C'est notre formule sans verbe, « et par notre
seigneur le Ciel ».
5. Ainsi dans le papyrus de Leyde, Pap. Mag., XII, 1. 84-85 : ó etti toû Xootoû xai
~ka.\L— uptScov T7]v ôXov oîy.oufxévYjv ; de même II, 103. Tablette en or au Louvre : èyco lyn ó
ènl toû Xcotoû ty]v Sóvapiiv iycav, ó àyioç ftsoç (A. Dain, Inscr. gr. inédites Musée Louvre,
n. 204). Sur le thème, cf. S. Morenz (et J. Schubert), Der Gott auf der Blume, eine
âgyptische Kosmogonie und ihre weltweite Wivkung (Ascona, 1954). C>n Y v°it qu'en
Egypte le lotus est l'être primordial d'où sort le monde, une expression comme Pap.
yiag., IV, I684, Ó XCOTOÇ TUEÇUXCOÇ £X TOÛ (3ui(>OÛ.
6. Tablette en argent d'Amisos publiée par R. Wûnsch, Archiv Relig., 12 (1909),
Deisidaimoniaka, 24-32 : Silbertâfelchen aus Amisos. Le texte reproduit dans F. Cumont,
Studia Pontica, III (1910), n. 10 g. Une édition que n'a pas connue Wiinsch avait été
donnée par S. Pétridès (cf. Hellenica, III, 249-250) dans Échos d'Orient 1905, 88 ; elle
était assez imparfaite.
7. Ces trois derniers textes sont rapprochés par Wiinsch. Ils appartiennent au
papyrus de Paris (maintenant Pap. Mag., n. IV), 1. 1026, 2768, 1012.
8. Voir l'index des Pap. Mag., s. v. xaGvjcrOai.
9. Publiée par A. Héron de Villefosse dans Florilegium Melchior de Vogué
(1909), 287-295. Cf. Campbell Bonner, loc. cit., 101-102. Comme l'indique ce dernier
savant, il y aurait intérêt aujourd'hui à revoir le texte et à en donner un commentaire
AMULETTES GRECQUES n
Il faut expliquer une expression : « Celui qui siège sur le roncier ». C'est
Yahvé dans sa première manifestation à Moïse, dans la flamme du Buisson
Ardent sur la montagne, d'après l'Exode, 3 : « Moïse, qui paissait les moutons
de Jéthro, son beau-père, prêtre de Mâdian, et les avait menés par delà le
désert, parvint à la montagne de Dieu, l'Horeb. L'Ange de Yahvé se manifesta
à lui sous la forme d'une flamme de feu jaillissant du milieu d'un buisson.
Moïse regarda : le buisson était embrasé, mais ne se consumait pas... Et Dieu
l'appela du milieu du buisson : Moïse, Moïse... Dieu dit encore : C'est moi
le Dieu de ton père, le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac et le dieu de Jacob.
Moïse alors se voila la face de peur que son regard ne se fixât sur Dieu » 18.
C'est le mot (3aToç que la Septante a employé pour le buisson 19 : cocpïb} Se ocûtw
xyysXoç Kupiou èv 9X07! — upoç èx toû (3octou xat, ópa 6x1 6 (3a7oç xaiSTai. rupi, ó Sé
j3a7oç où xaT2xat£T0... 'ExàXscrsv aÙTÒv Kupioç èx tou (3a7ou Xéywv xtX., « lui
apparut l'ange du Seigneur dans la flamme du feu sortant du batos et il voit
que le batos est brûlé par le feu, mais il n'est pas consumé... L'ange du
Seigneur l'appela depuis le batos en disant... ». C'est le même mot qu'emploie
le Deutéronome, 33, 16 dans les bénédictions de Moïse avant sa mort, pour
Joseph : -rà SsxTà :w oçfrÉvrt. èv rw pàxw. D'où Marc, 12, 26 ; « n'avez-vous
pas lu le livre de Moïse sur le batos, comment lui parla Dieu disant : Je suis
le dieu d'Abraham et le dieu d'Isaac et le dieu de Jacob ? » oùx dcvéyvcoTs èv
77) p[[3Xco McùOascoç stù toû Bàrou 7tg3ç eÏ7isv aÒTco ó Qzbç, Xéycov xtX. ; dans le
même contexte Luc, 20, 37 : Mwucnjç è|XY)vuaev zni ttjç Boctou gx; Xéysi xtX. Dans
les Actes des Apôtres, 7, 30, Etienne, avant sa lapidation, rappelle l'Exode :
wcp&Y) ocùtco Iv t9j èp7)[xco toû opoc, Sivôc àyysXoi; èv «pXoyl Tiupoç pàrou. La
tradition chrétienne continue en de multiples commentaires sur le Batos où Dieu
se révéla à Moïse 20, y compris une inscription du monastère du Sinaï, où il
est dit des Quarante Martyrs : uv rj eùcppocjuvY) yj (Sàxoç y) àXyjS-ivT) uTràp^si 21.
La littérature gréco-juive emploie le même mot. Par exemple dans ce
passage de Philon, Vita Mosis, I, 67-70 : « C'était un batos, plante épineuse
et très chétive. Sans que personne y ait mis le feu, elle s'enflamme tout d'un
coup et, enveloppée tout entière d'un grand feu de la racine à la grosse tige,
... elle demeure intacte, sans être consumée ». Le Buisson joue un si grand rôle
dans la pensée juive que, dans des formules de serments prêtés par les Juifs,
à l'époque byzantine, le personnage qui va jurer doit se ceindre de la ronce,
ïv<x Çwcttjtoci. —}]v (3dcTov, Çcovvoa&oo tyjv P<xtov, tva 7rspt,Çaxrr)Tai tt]v ocrçûv aÙTOÛ
pàTOv, xpaToûvTa xXàSov (3octou èv ttj ^stpL, r/jv àxocTaçXsxTov pà-rov. Dans cet
ensemble de textes le terme ordinaire est batos, une fois pàpivoç 22.
Nous voyons dans le texte de l'amulette le Buisson Ardent de Moïse,
sur des lampes chrétiennes 29, elle a trouvé son chemin dans l'imagerie des
amulettes, que celles-ci soient juives, judaïsantes ou chrétiennes. Le recueil
de Campbell Bonner en a enregistré trois, n. 343 (Newell) 30, 344 (Paris) 31
et 345 (Gotha), qu'il a commentées (pp. 29, 226-227) ; la première porte au
revers des caractères hébreux ou araméens 32.
de Beth Alpha, dans l'art chrétien et dans l'art byzantin. Pour les deux synagogues, voir
aussi E. Peterson, Frùhkirche, Judentum und Gnosis, 5, note 24. H.-J. Geischer,
Jahrbuch Ant. Christ., io (1967), 126-144 e^ pi- !3-i7 : Heidnische Parallelen zum friih-
christlichen Bild des Isaak-Opfers, aboutit à une conclusion négative ; il a pris pour point
de départ les sarcophages chrétiens.
29. Pour ce sujet sur les lampes chrétiennes, je renverrai au premier exemplaire
publié (E. Le Blant, Rev. Arch. 1875, I, 2, à Ostie) et à une publication assez récente,
avec provenance assurée, la grotte des Sept Dormants à Ephèse, déjà Jahreshefte, 23
(1925), Beiblatt, 296, fig. 72). — Campbell Bonner, loc. cit., à la dernière planche de
son volume, XXV, reproduit l'angle droit d'une plaque de terre cuite, au musée de
Berlin, avec les éléments du sacrifice ; le mouton tourné vers la droite, la main de Dieu,
Abraham, la figure tournée vers la main ; il tient dans la main droite le large couteau
effilé ; Isaac est couché à genoux, la tête sur un autel bas et la main gauche d'Abraham
est posée sur sa tête.
30. Th. Klauser (voir la note 32), note 87, indique que « la même gemme
réapparaît dans E. R. Goodenough, Jewish Symbols, III (1953), n- IO39- Chez Kraeling,
The synagogue (Dura, Final Report, pi. 40, 2 ; cf. pp. 58, 130), le même type de la
collection Torrey. « Comme l'auteur remarque que cette gemme se trouve dans la collection
Torrey et était jusqu'ici inédite, il pourrait s'agir d'un second exemplaire. Il serait alors
certes surprenant que les deux morceaux, exemplaire Newell et exemplaire Torrey
ensuite, certainement pour rendre les gemmes utilisables comme amulettes, aient dû
être percés » (Klauser). Il est naturel, à mon avis, qu'il n'y ait pas un trou de suspension
sur un seul exemplaire ; voir ci-après l'amulette Schlumberger-Froehner. Voilà trois
cas où le port de l'objet comme amulette suspendue est assuré. L'amulette Newell
est reproduite, droit et revers, par F. M. et J. H. Schwartz, Am. Num. Soc. Museum
Notes, 24 (1979), 181-182, n. 44 et pi. 38. Campbell Bonner écrivait pour le revers : «Quatre
lignes, la première érasée et indistincte, d'une écriture en alphabet sémitique ; plusieurs
savants à qui ce texte a été soumis n'ont pas pu le lire et il est possible que des mots
magiques de sens inconnu aient été écrits en lettres hébraïques ou araméennes ». Les
Schwartz, sur avis de J. Teixidor, écrivent que « l'inscription est déconcertante. Il
apparaît qu'elle est en hébreu, mais contient trois caractères qui, bien que ressemblant à des
lettres hébraïques, en diffèrent significativement. Si elles étaient lues comme lettres
hébraïques, l'inscription contiendrait des lettres d'époque différentes. En dépit de quelques
lectures partielles possibles et excitantes, nous ne pouvons encore comprendre
l'inscription ».
31. Loc. cit., avec photographie. « Décrit par E. Babelon, Guide illustré au Cabinet
des Médailles (1900), pp. 37 sq., comme ' intaille chrétienne de la Perse ancienne '. Mais
il parle du bélier comme tenu par l'ange, en méconnaissant apparemment le sens de
l'arbre étrangement stylisé ». Cela venait en fait de Chabouillet, Catalogue des camées
et pierres gravées de la Bibliothèque Nationale (1858), n. 1330, parmi les « pierres
chrétiennes de l'Asie (intailles) ».
32. Th. Klauser, Jahrbuch fur Antike und Christentum, 4 (1961), Studien zur
Entstehungsgeschichte der christlichen Kunst, IV, 13 : Die frùhesten biblischen Komposi-
i6 LOUIS ROBERT
37. Pour des amulettes mentionnant l'estomac, voir Campbell Bonnkk, loc. cit.
pp. 51-62.
i8 LOUIS ROBERT
38. Cf. Campbell Bonner, loc. cit., p. 42. Sur Ares, Hadad, le foie et l'hématite,
voir A. A. Barb, Syria 1952, 271-284, dans son article Bois du sang ,Tantale.
39. MiCHAELiDis, Theolog. Wôrterbuch zum Neuen Testament, III, 914, avec la
note 10, le remarque expressément.
40. Voir Hatch et Redpath, A concordance to the Septuagint, s. v.
41. Voir Lampe, A patristic Greek English Lexicon, s. v.
42. Cf. Preisendanz, III, 5. v. pour les premiers ; Hatch et Redpath, loc. cit.,
s. v. pour la Septante.
43. Cf. notamment Hellenica, XIII, 267-268.
44. Rev. Phil. 1944, 41, n. 4 (Opera Minora, III, 1407). Campbell Bonner, loc. cit.,
97 écrivait : « Une inscription sur le revers semble avoir été entendue comme \lt) ^iyyjç
(jiou, PacxocûvY), Sicùxst. az "HXioç ; mais la lecture est incertaine et le mot {3aaxoaóv7) est
abrégé d'une manière tout à fait insolite (fixav) ». lia renvoyé à « Bull, arch., 1922,
pp. lxvi, Lxvii » [transcription en majuscules, sans coupe des mots, en sorte qu'il ne
ressort aucun sens] et à « Suppl. Epigr. Graecum, IX, 2, n° 818 », où ma
lecture-interprétation a été reproduite avec « suppl. Rob., leg. id. ». C'est l'inconvénient de se
contenter d'une publication comme SE G et de ne pas se reporter à la publication originale
Rev. Phil. 1944, 41, note 4 ; j'expliquais là : « l'amputation même d'une partie du nom
détesté, notamment des voyelles, doit avoir quelque efficacité ». C'est un procédé
normal de la magie.
45. Sur la formule Rev. Phil., loc. cit., avec les renvois.
AMULETTES GRECQUES 19
Leyde. XIII, 302, une formule « pour éteindre le feu » adjure : où pj (xou
&i*f!)ç, 7iup, où [xy] [zou XufxàvT] aàpxa, « Feu, ne me touche pas, ne détruis pas
ma chair ». On fait aussi usage de u.iz'zza&ou. M?) à^aa&oa r% cpopoùcrrçç, « ne touche
pas la porteuse (de cette amulette) », lit-on sur une feuille d'or 46, qui doit
protéger contre les pneumata de toute espèce et qui se réfère à une Siafrrjxy) vjv
eO-evTO £7tt [xeyàXou 2oXo(ì,gWoc xal Mi^arjXou tou àyyéXou, le pacte où
interviennent Salomon et l'ange Michel. L'amulette protégeait une Syntychè contre
les dangers divers : ttôcv Û5pocpo(3av xal Trâv (3dccTxavov òcO-aX^òv xal è~a— ocrro-
Xrçv (3iatav ~v£U[xa[riX7]]v xal Trâcrav cpapfxaxsCav jjiou àòacrO-at., « que ne me touche
pas toute rage hydrophobe, tout œil envieux, toute attaque violente d'un
esprit envoyé contre moi, tout poison ». Ici le mal ne pourra même pas «
approcher ». Ainsi dans les maisons placées sous l'invocation de Saint Michel et
de Sisinnios, la diablesse Gyllou, ravisseuse d'enfants, n'entrera pas (où \à\
et elle n'en approchera pas à moins de trois milles : où fr/j toX^ctco
èv tw oïxco ex£ivw àXX' à~ò Tpitov (xiXtcov (pzûc,o[iixi êx tou oi'xou éxsi-
vou 47. Ce texte est très tardif. Mais le mot se trouve avec un contexte analogue
dans la Septante. Un des passages le plus intéressant 48 est le Psaume 90,
qui a fourni tant de formules de protection 49. Il énumère les maux perfides.
46. W. Froehner, Sur une amulette basilidienne inédite du Musée Napoléon III
(extrait de Bull. Soc. Antiqu. Normandie, 7 (1867), 217 sqq.). Froehner n'avait pas reconnu
que SuvTÛ/rjv, à plusieurs reprises, était le nom de la femme protégée par ce talisman ;
d'où plusieurs erreurs. Il entendait aussi qu'il était question de la gorge (pharangi)
de la femme, alors que ce sont des mots magiques, bien attestés depuis lors. Sur ce
document voir Campbell Bonner, loc. cit., 100-101. Cf. G. Schlumberger, Mél. arch, byz.,
133 {Rev. Et. gr. 1893, 87).
47. Cf. Hellenica, XIII, 268.
48. Pour le n° 391 de Delatte et Derchain, voir ci-après, section II : àr.iyz xr.b à8i-
xou xal 90(3oç oùx èyyiazi aoi.
49. De là, verset 1, ó xoctoixwv èv {3o7]t}eta toû u^icttou èv ay.ir.zi roû 0-eoû toû oùpavoû
aûXiaîhf) aerai On le grave sur les maisons, ainsi en Syrie, et sur les amulettes. Pour ces
dernières, avec le Saint Cavalier, cf. Campbell Bonner, loc. cit., n. 319, 321, 324, 328.
La formule y est plus ou moins complète. Ainsi, sur deux anneaux du Musée
Britannique, O. Dalton, Early Christian Ant. Br. Mus. (1901), n. 157 et 158, on a lu et
transcrit en majuscules : OISATOINKOBOH et OISATOIKONEN. Il y a eu la mélecture, si
facile et si fréquente de iota et de sigma au lieu de kappa (cf. J. Zingerle, Jahreshefte,
23, Beiblatt, 371, n. 4 ; G. W. Bowersock, Harvard St. Cl. Phil., 71 (1966), 42) et on
doit entendre : ó xaToixôv èv (3or) (ftsia toû û^icttou). Sur des amulettes de Syrie, on lit
seulement après une croix, OKATYKO. H. Seyrig en les faisant connaître, Bevytus 1
(1934), 9, entendait ó xoctoixoç ou plutôt ó xa-roixwv et voyait dans « cet habitant » le
cavalier, « le protecteur mystique de la maison ». C'est le début du Psaume 90.
Campbell Bonner n. 319, a interprété ainsi une amulette exactement semblable de la
collection Xewell. Dans le même psaume, verset 13, la garantie : è— ' òlgt.ìSol xaì {3acuXtxa<rv
xal xaTaTraTrjasiç Xéovxa xal Spâxovxa. Là aussi le verset 9, tov 'j^igtov ëftou xara-
20 LOUIS ROBERT
cou (cf- aussi le verset 2 et ailleurs dans les Psaumes) ; de là est venue dans une
inscription de l'époque impériale à Sibidounda de Pisidie une dédicace au Dieu Très
Haut et à la sainte Kataphygè (hagia), expliquée Bull. Épigr. 1961, 750 ; 1965, 412 ;
C.R. Ac. Inscr. 1978, 249, dédicace d'un judaïsant.
50. S'il y avait un verbe « laisser », ce serait èàv. Le mot n'est pas rare, avec divers
contextes, dans les textes magiques (voir l'index de Preisendanz) . Campbell Bonner,
loc. cit., p. 55, cite un passage d'un lapidaire : ó «popoófisvoc oùx éà ôXœç àXyviaai tòv axó-
{xa^ov, « cette pierre, portée, ne permet absolument pas que l'estomac soit douloureux ».
51. Ce texte a été oublié dans l'index de Preisendanz. Pour sentir la force de ponéros,
il faut se rappeler que, dès le Pater et autres passages des évangiles, le ponéros est le
Diable, le Malin, le Mauvais ; sur ces mots ponéros, poneria, cf. Hellenica, XIII, 270.
Dans le phylactère de Syntychè, «pûXa^ov Suvtûxtqv òltzò rcoviqpou irvsu^aT
AMULETTES GRECQUES 21
base signifie des mouvements et des départs en voyage ; car la déesse est
appelée Énodia, protectrice des routes 57. La voir avec un seul visage est
mauvais pour tous (ttovyjpóv) ; cela prédit le plus souvent que des malheurs
viendront de l'étranger ou de la part d'un étranger. D'autre part, quel que
soit le caractère de son apparition, elle retire toujours le songeur de l'état
présent et ne lui permet pas d'y rester. Que la déesse, étant en mouvement,
soit venue à votre rencontre, cela signifie des accomplissements
correspondant à son attitude (a^^oc), à son aspect et aux objets qu'elle tient en mains.
En traiter n'est ni permis par la loi divine ni sûr ; le sujet est clairement
connu de ceux qui ont été initiés à la déesse ; que les non-initiés l'apprennent
des initiés » 58. 'A:ravT<ocra 'ExaTT), c'est la rencontre d'Hécate, qui peut
être le ponéron apantéma. Le mot àacpaXéç, sûr, me paraît une allusion à la
vengeance de la terrible déesse, à cette colère, -/oXy] 59, dont les épitaphes de
Phrygie menacent les violateurs d'une tombe (les démons d'Hécate la Noire) 60,
ou qu'invoquent ceux qui, pour la propreté de certains lieux, font appel à
la colère de la déesse 61, — la triple Hécate aux trois paires de bras, armées
l'une de la torche, une autre du couteau, la troisième enfin du fouet.
C'est pour parer au danger possible de ces rencontres que l'épithète
Euantétos est donnée à des déesses. Ainsi pour Hécate elle-même. En
Phrygie, près d'Amorion, un Publius Aneinius Paramonos a dédié un autel à Hécate
Euantétos 62. A Aphrodisias, c'est sur un autel avec l'image de la triple Hécate
qu'est gravée la dédicace Zcotixoç EùavrrjTW £Ùyj]v 63. D'autres divinités peuvent
être saluées de l'invocation Euantétos ; ainsi la Mère des Dieux, accompagnée
en Lydie, Hellenica, X, 115, n. 2 ; ils sont fréquents dans la première région, très rares
dans la seconde. Notons que Hécate peut être aussi Sôteira et que des personnes sont
qualifiées de TifrrçS-évTEç utcò SwTEipaç 'E>câT7]ç. La part d'Hécate est à relever dans le trésor
des sculptures sacrées enfouies pieusement dans le sol à Tomis à la fin du paganisme.
57. Sur Énodia, protectrice des voyageurs, et sur Hécate, cf. Bull. Épigr. 1980,
3I3-
58. Traduction A. J. Festugière, Artémidore, La clef des songes (1975). Ilepl wv
/.éystv oute Ôctiov ouxs àaçaXéç • euSïjXoç Se ó Xoyoç toïç fxe[i.UY)[jtivcHç ttj ftsôi • ol Se àjxÛTjTOt
TCapà TWV ^£[Jt,U7][i£VCûV [LCCJ&OLvé'ZlùGCCV.
59. Sur la colère des dieux Hellenica, XI-XII, 406-407 ; Bull. Épigr. 1978, 436 ;
CRAc. Inscr. 1978, 272, n. 7 ; 279, n. 21 ; 279 ; 282.
60. Cf. CRAc. Inscr. 1978, 264-265 ; Bull. Épigr. 1978, 19 ; 1979, 24 et 511.
61. Cf. Bull. Épigr. 1981, 420 et 442.
62. W. M. Calder, Klio (1910), 241, n. 13 ; pour le nom du dédicant, voir
Hellenica, XIII, 286.
63. R. Noll, Gr. lat. Inschriften Wiener Antikensammlung (1962), p. 37, n. 67.
Aussi avec photographies, pi. XXV, dans L. R., Hellenica, XIII, 285.
AMULETTES GRECQUES 23
à l'occasion de l'épithète latrine 64. C'est le même sens qu'a l'épithète Méter
Antaia 65 dans l'hymne orphique 41 : 'AvToda (3aaiXsia ; ce n'est pas une
Méter agressive, comme on a pu le penser 66 ; l'hymne se termine, 1. 9-10,
par l'invitation à venir euantétos :
àXXà, 9-sà, XtTOfxai as, 7roXuXX[aTY
V £7l' sÙlépWt. OSO [L\i(JTt]l.
Hécate aussi est Antaia chez Eschyle et chez Sophocle 67.
Dans l'hymne à Artémis, n. 36, la déesse, qui a ses colères et ses
vengeances et qui peut être assimilée à Hécate, est invoquée deux fois comme
euantétos, v. 7 et, vers la fin, v. 13-14 : èXOi, frsà aoOTsipa, cpiX-y;, {xocttyjictiv oltzcc-
<nv / cùàvTYjToç 68. La même déesse dans son rôle de prothyraia et Eileithuya,
n. 2, est aussi, v. 5, xXsiSoû^', sùûcvt/jts, cpiXoxpocs, Trâcjt, 7rpocr/)vy)ç.
Les papyrus magiques allégués ci-dessus et ci-après sont une bonne
introduction à la lecture de l'hymne à la Nuit n. 3, cette Nuit primordiale
à qui, seule, on offre comme encens pour la prière des éclats de pin 69. Nuit,
Nyx, protège des terreurs nocturnes. L'hymne est une enumeration des
bienfaits qu'elle apporte par le sommeil et les songes, « mère des songes,
donneuse de sommeil, amie de tous, oubli des soucis, relâche aux souffrances,
amie de la tranquillité et de la solitude propice aux songes ». Conclusion,
v. 12-15 : « qu'elle vienne, bienheureuse, désirée de tous, dont la rencontre
64. Voir Hellenica, III, 287-288, où sont utilisées et complétées par des documents
plus récemment connus les études d'O. Weinreich en 1912 et 1914 (maintenant Ausgew.
Schriften, I, 171, note 1, 313).
65. Le sanctuaire de Méter Antaia était le sanctuaire principal de Colophon
l'Ancienne, où furent découverts les très intéressants décrets du ive et du 111e siècle.
66. La juste interprétation chez Weinreich, loc. cit., I, 311-313. Il traite de l'oracle
de Didymes (maintenant /. Didyma, 504) sur l'épithète à donner à Korè : Sómpav
xXt)Çoù|Z£v utt' eùiépoiai {3oaîai / [xiXi/ov, àvrtav eïvai àei aùv [tr^xépi Atqoï. Sur le prophète
Damianos, ses scrupules pieux et son origine cyzicénienne, voir L. Robert, CRAc. Inscr.
1969, Trois oracles de la Théosophie, 583-584 ; BCH 1978, 471-472.
67. Voir C. F. H. Bruchmann, Epitheta deorum quae apud poetas Graecos leguntur
(1893), 96. Mystes d'Hécate à Tyndaris Bull. Épigr. 1966, 525.
68. Telle est la ponctuation de l'excellente édition W. Quandt, Orphei hymni
(1955 ; l'édition ayant été détruite dans un bombardement avant d'être sortie, l'auteur
avait eu l'amitié de me donner en 1951 un jeu d'épreuves de cette édition disparue).
Si l'on ponctuait après ircxaiv, le sens ne serait pratiquement pas changé.
69. Cf. Stéle Kontoleon, 4. Leur emploi pour l'éclairage dans des villages de Turquie,
que j'ai rappelé là, les cira ; par exemple Ch. Fellows, Asia Minor (1839), 140 (région
de Kûtahya, même dans les villes chez les pauvres ; à Aizanoi) ; Mrs. Scott-Stevenson,
Our ride through Asia Minor (1881), 161, dans le Taurus ; Th. Wiegand, traduit dans
BCH 1978, 444, dans le Sud-Est de la Mysie.
24 LOUIS ROBERT
pou xal çsû^eTai <xri aù-roû" uâv àvT7][xa,« qui a fait la rencontre d'un être
démoniaque ou d'un esprit mauvais et toute Rencontre fuira de lui ». Tobie est
ainsi protégé contre le démon Asmodée dans la nuit de ses noces.
Les mots rrôv... auvàvTTjjxoc me paraissent acquis. L'amulette doit
protéger contre la Mauvaise Rencontre. Mais il reste à expliquer les lettres que
j'ai laissées de côté.
73. Beaucoup plus tôt le verbe [7ra]paxoósiv semble se trouver dans l'inscription
boustrophédon I. Didyma, 18, 1. 8.
74. Hellenica, XI-XII, 258.
75. JHS 1891, 266, n. 59; MAMA, III, 77.
76. Bull. Épigr. 1962, 198 sur IGBulg., III, 1001, 1. 3 : 7Tapaxo[ûcnr]].
77. A la fin d'une imprécation funéraire à Hermoupolis Magna, SEG, 18, 692,
on a gravé : Taûra ctou 8éo\t.a.i • outcoç tuxe'v Y^v0lT0 T&v ^v P^V àyaftcôv eùopxoûvu, Trapa-
xoûovti Se "rà èvavna, « Je te demande ceci : qu'à celui qui tient son serment, il arrive de
jouir des biens de la vie, à celui qui ne le tient pas le contraire ». Dans un serment
sacerdotal sur un papyrus d'Oxyrhynchos, R. Merkelbach, Z. Pap. Epigr., 2 (1968), on
lit : éàv... [t'Î;ç 7Tap' è][/.oG racpaxoócrr) cru^pouXîaç (p. 15, 1. 4 ; p. 17).
78. Cronosolon, 10 : û[izXç 8è, co 7rXoócnoi., opôcTS [ir\ TrapavofxrjaiQTZ pnr)8è TrapaxoûairjTS
tcôvSs tcôv TrpoaTayjjiâTcov, « et vous, les riches, voyez à ne pas violer les lois et à ne
pas désobéir à ces instructions ».
79. Ant. Jud., I, 190 (Agar ; -apaxoûoucrav [xèv xou fteoû, « désobéissant à Dieu ») ;
I, 47, Trapaxoûaaç tcôv ê{i.ôiv èv-roXcov, « ayant enfreint mes commandements » ; VI, 142 :
7rapa9povsîo{>at Se xal ::apaxoûaî>a!., « déraisonner et désobéir ».
80. 65, 12 (renvoi dans Liddell-Scott-Jones) : Dieu dit (outcoç léyzi Kûpioç), èxâXeaa
'j[iôiç xal oùx 'JTcr^xouaaTS, ÈÀàXyjaa xai T:apr;xoûcaT£ xal è~ot7;caT£ xò r:ov7)pòv èvavTLov è[ioù
xal â oùx È^ouXo^v zizhzL%G§z, « je vous ai appelés et vous n'avez pas écouté, j'ai
parlé et vous avez entendu de travers et vous avez fait le mal devant moi et vous avez
choisi ce que je ne voulais pas ».
26 LOUIS ROBERT
d'Esdras 81. Il est fréquent dans les papyrus magiques 82, et on lit ^
Trapaxoucrflç 83 comme [xtq [aou 7rapaxoî><T7]ç, vsxuSocifzov, tcov èvtoAcov xaì tcov òvo-
aàicov 84, « ne désobéis pas, démon du mort, à mes commandements et aux
noms » (des puissances que j'évoque). On lit aussi èycó sîjxi ó è7iixaXoû{Aevoç
as SuptCTTt freòv [xéyav ÇaaXa7]pt.9pou, xal au frrç TiapaxoucnQç tyjç 9cov9jç, *E|3pa'ùm •
a(3XavafraXf3a a(3pacn.Xa>a 85, « je suis, moi, celui qui t'évoque en syrien, dieu
grand, etc., et toi ne désobéis pas à la parole, en hébreu, ablanatalba abra-
silôa ». Le verbe se trouve notamment dans le papyrus IV, 3008 sqq.,
formule judaïque pour exorciser les possédés du démon, SoapumaÇofjisvoi : « je te
conjure par celui qui s'est révélé (Ò7crav0évTa) à Osraël dans une colonne de
lumière et un nuage de jour et qui a sauvé (puaàfxsvov) son peuple de Pharaon
et qui a apporté à Pharaon les dix plaies parce qu'il n'obéissait pas, ttjv
Ssxà7rXr)Yov 8t,à to uapaxousiv ocutóv». Ces cas de désobéissance font penser aux
adjurations des papyrus magiques : àxouaov, âxous, èuàxoucrov 86. La fréquence
du mot de notre amulette dans les papyrus magiques et dans la Bible est
intéressante.
les noms divins Iaô, Sabaoth, Adonai, parmi bien d'autres, mais d'emprunts
continus et significatifs aux textes sacrés juifs et au vocabulaire de la
Septante.
Le verbe éyyiÇeiv se lit sur une autre amulette du Cabinet des Médailles
que les éditeurs décrivent ainsi, n° 391 :
« Froehner 2916. Scorpion décapode entouré du Bélier et du Taureau
représentés par les têtes seules, de la Balance, du soleil et de la lune. — Rev.
Palme et signe rappelant un chrisme. En légende : omz^/z o"10 àStxou xal <po[3oç
oùx èvyio-eo croi, « tiens-tois à l'écart de l'injustice (ou de l'homme injuste)
et la crainte ne s'approchera pas ». Jaspe jaune et brun, 27 X 21 ».
Cette maxime morale fait penser aussitôt à l'Ancien Testament, aux
règles que donnent par exemple les Proverbes, la Sagesse de Sirach ou la
Sagesse de Salomon. Le mot èyyiÇsiv, on l'a vu ci-dessus, est fréquent dans
la Septante. De fait, la ' Concordance ' 1 nous assure qu'il s'agit, avec un très
léger changement, d'un verset d'Isaïe 2, où le prophète ordonne et assure,
54, 14 : (XTzé~/o\) ano àSixou 3 xal où <po(3y]&Y]O7] xal Tp6[ioc, oùx êyytsï aoi, « abstiens-
toi de l'injuste et tu ne seras pas effrayé et le tremblement d'effroi
n'approchera pas de toi ». C'est ainsi que la Septante adapta le texte hébreu qui donne
(Bible de Jérusalem) : « tu seras fondée sur la justice, à l'abri de l'oppression,
car tu ne craindras plus, à l'abri de la terreur, et le tremblement d'effroi ne
s'approchera pas de toi ». Tpoji.oç a été remplacé sur la pierre par <poj3oç.
Comme phobos, tromos se lit dans la Septante et les deux mots vont souvent
ensemble ; ainsi dans l'Exode, le Deutéronome, les Juges, Isaïe, le Psaume 54,
Beziehungen zu Judentum und Christentum (1907), 108 ; M. P. Nilsson, loc. cit., 63-67 :
« der jiidische Einschlag ist ausserordentlich stark » ; R. Heim, Incantamento, magica,
522, 523, 527 ; A. J. Festugière, L'idéal religieux des Grecs et V Évangile, 287, n. 9 ;
294, n. 1 ; 298, n. r ; La révélation d'Hermès Trismegiste, IV, 183, notes 3 et 4 ; 186, note 2,
8, 9 ; 187, n. 6 ; 189, n. 7 ; 196, n. 7 ; M. Simon, Verus Israel, 394 sqq. ; Recherches
d'histoire judéo-chrétienne, 142-144 ; Campbell Bonner, loc. cit., 26-32.
1. Hatch et Redspath ; cf. ci-dessus.
2. Il s'agit de la partie que la critique moderne appelle « le deutéro-Isaïe ». La
distinction n'a pas d'importance pour notre monument.
3. De son serviteur Job le Seigneur dit : à.r.zyó\Ltvoc, óltzò Tiavròc xaxoû, Job, 2, 3 ;
cf. 28, 8 : to 8è àTré/ea&ai ârrô xax.ûv.
28 LOUIS ROBERT
4. Voir Hatch et Redspath, loc. cit., s. v. xpo^oç. Les deux mots aussi dans une
imprécation inédite de Carthage ou d'Hadrumète, 1. 11-13 : àvoysTCùcàv [toi où mikcci
toû "ASouç xal è^sfystpjaç àvccTzéyL'^ov [i[oi] tôv ììtzò as vsxpwv 7rv[e]u[(x]dcTcov é'va SaLjjiova ço(3co
[xai] Tpó[[x]w xarsxófXEVOv.
5. Cf. A. DiETERiCH, Abraxas, 87.
6. Voir notamment A. Dieterich, ibid., 86 sqq. ; L. Deubner, Ath. Mitt. 1902,
253-364 : Phobos ; P. Wolters, Bonner Jahrbiicher, 118 (190g), Ein apotropaion aus
Baden im Aargau, 269-274 ; Weiszâcker, dans Roscher, Lexikon, s. v. Phobos. Une
lampe d'Athènes publiée par Deubner porte le nom Phobos au-dessus d'un ours.
L'éditeur y a vu Phobos personnifié sous la forme d'un animal redoutable ; de même P.
Wolters. Je pense que, selon la suggestion de Gustav Kôrte, c'est le nom d'un ours dans les
combats de l'amphithéâtre, où la bête était aux prises avec un bestiaire spécialisé dans
ce combat, l'ursarius. Sur les noms de bêtes dans l'amphithéâtre, cf. mes Gladiateurs
dans l'Orient grec, 158, avec la note 2, et 191. Ce nom-ci est bien naturel. A Carthage,
sur une mosaïque de chasse à l'amphithéâtre, deux ours sont appelés Homicida et Cru-
delis (Mon. Piot, 34 (1932), 129-130). Pour les ursarii, depuis mes Gladiateurs et les
suppléments dans Hellenica, III, V, VII, Vili, j'aurai à ajouter toute une série de
monuments, relevés surtout en Asie Mineure.
7. Sylloge3, 1122 ; Tod, Hist. Gr. Inscr., I, n. 37 ; cf. Bull. Épigr. 1964, 632 ; 1965,
505 ; 1966, 521 ; 1967, 716.
8. Pap. Mag., XIII, 519. Cf. Dieterich, loc. cit.
9. Cf. Dieterich, loc. cit., 89.
10. IG, XIV, 2413, 8. Cf. Dieterich, loc. cit., 89 ; L. Deubner, Ath. Mitt. 1902,
256 ; P. Wolters, loc. cit., 269 ; surtout F. Pradel, Griechische und suditalienische
Gebete, Beschwôrungen und Rezepte des Mittelalters (Relig. Vers. Vorarb., III 3 ; 1907),
77 ; aussi Campbell Bonner, loc. cit., p. 95.
11. Ainsi dans F. Pradel, loc. cit., p. 7. S. Eitrem, Pap. Osloenses, I (1925), p. 52,
renvoie à Pradel pour cette formule ; mais c'est, dans le manuscrit médiéval, la
reproduction du Psaume 90, comme l'avait indiqué Pradel, et le [xoccttiç, le fouet, n'est point
celui des dieux égyptiens, mais celui de l'Ancien Testament.
AMULETTES GRECQUES 29
Mag., X, 25 sqq., donne la recette d'un thymokatochon, qui est efficace contre
tous, -poç Ttàvraç 7:01st. Le verbe 7:01s tv a le sens fort de « faire, agir sûrement ».
C'est exactement celui qu'il a dans l'astrologie, où les astres ne « signifient »
point telle destinée, mais ils la « font » 12. Des astres kakopoioi et phthoro-
poioi rapprochons l'amulette de Madrid IG, XIV, 2413, 11 13, qui emploie
ces mots pour les esprits : ~5.v ([i)izpbv 7:vsijfj.a xal xaxo—otòv xal
a~oiky.Gov xtX. La recette de Londres agit, 7:01st yàp ~poç éyj}poùç xal
xal X^a-rac xal 90{3ouç xal çavTacrptoùç ôvstpcov, « contre les ennemis, les
accusateurs, les brigands, les terreurs et les apparitions des rêves ». Dans l'hymne
orphique à la Nuit, cette divinité est priée de renvoyer les terreurs nocturnes,
<po[3ouç 8' òltzó-zil-z vu/auystç 14. Le papyrus de Leyde, Pap. Mag., XIII, fournit
cette invocation : sTuxaXoOtzat as ròv èv tw oùpàvco (jtéyav 0-sóv, xuptov, [Asyacr-
O-ev9j 'Iàco (puis série de voyelles) ó wv, StaçûXaçov fxs aTrò Travroç cpó(3ou, à~ò
TravTOç xtvSuvou toû svso"7cotOç [xot, sv tyj cr/jfxspov 7)[xépa, év tt] àpTt topa, « je
t'invoque, le grand dieu dans le ciel, seigneur, à la grande force, Iaô, celui
qui est, protège-moi de toute terreur, de tout danger qui me menace, dans
l'heure d'aujourd'hui, dans l'heure présente ». L'influence juive est
spécialement marquée par l'expression ó oov 15. D'autres documents magiques, aussi
des amulettes, protègent à-ò <pó[3ou, 7:pòc cpó(3ov 16. On a remarqué que la
Septante employait volontiers la formule StacpuXa^ov, en publiant cette prière
chrétienne 17 : « protège cette maison avec tous ses habitants de tout mal,
de toute fascination des esprits aériens et du mauvais œil humain et de la
souffrance terrible et de la morsure du scorpion et du serpent par le nom du
12. Cf. Entretiens Fondation Hardt, XV, L'épigramme grecque (1968), 215-217.
Le papyrus magique d'Oslo, I (1925), n. 1, emploie ce verbe plusieurs fois : sic TràvTa
tïouôv (1. 1), [xé/pstç xal :rpoç PaaiXéaç t.qizï (1. 36), roiTjaarat tï)v &£Ïva v^v etexev 7) Sstva
àypoiTcvsîv (1. 147, adressé « aux démons sous la terre », « aux démons de la profondeur »),
TToisï Se xal -poç 87]!ì.ovio7:Xt)xtouc, ceux qu'a frappés un démon (1. 276) ; aussi Pap. Leyde).
P. 203, S. Eitrem commente : « presque identique à ivyysiv, agir, être efficace » ; il allègue,
avec L. S. J., Strabon, V, 234 C, à Sinuessa, Ospjzà Xourpà xdcXXioTa, Troiouvra 7rpoç voaouç
èviaç.
13. Cf. Bonner, loc. cit., p 96.
14. Voir la section I.
15. Cf. M. P. XiLSSON, Opuscula Selecta, III, 297-303 : Zwei Altare aus Pergamon,
traitant surtout d'un autel de Pergame, avec l'inscription singulière : 0soç xûpioç, ó o>v
sic àsl ; au-dessous la dédicace : Zcorcupoç tcô xvpioìi tòv pco^òv xal tyjv çonTocpopov [iz-zà.
toû çXoyoo/ou ; sur le même autel E. Bickerman, Studies in Jewish and Christian
history, II, The Altars of Gentiles, 341-342.
16. Voir E. Peterson, Eis Theos, 353, note 34, partant de la tablette d'Aerai.
17. A. Friedrichsen dans S. Eitrem et A. Friedrichsen, Ein christliches Amulett
auf Papyrus (Kristiania, 1921), 25. Repris dans P. Oslo, I, n° 5, p. 21 et dans Pap. Mag.,
tome II, P 3 (p. 190) ; cf. aussi M. X. Tod, /. Eg. Arch. 1939, 58 sqq., pour les reptiles.
30 LOUIS ROBERT
dieu très haut » 18, ce SuxcpuÀot^ov qui se lit dans le Psaume 90 19. Une des
amulettes de la Bibliothèque Nationale, n. 177, montre d'un côté le génie
anguipède cuirassé avec tête de coq et le palindrome Ablanathanalba, et
de l'autre, avec un dieu ailé debout sur le dos d'un lion couché et des lettres
magiques, cette prière dans un cartouche : SiacpuAa^óv jxs fatò ttocvtoç xaxou 20.
Tandis qu'on se protège du phobos, il est bon aussi de l'inspirer aux puissances
adverses. Ainsi dans un texte tardif comme la Prière de Saint Michel, on dit
à l'Envie fascinatrice, au Mauvais Œil : cpo^O-^Tt, Bacjxoauvy], to ^sya ovopx
tou ftsou 21, « prends peur, Fascination, par le grand nom de Dieu ».
Notre amulette présente simplement une sentence morale. Ce qui
protège du phobos, c'est l'intégrité de l'homme juste, de celui qui s'est abstenu
de toute injustice. La source de cette morale et les termes qui l'expriment
sont tirés de la sagesse hébraïque, ici spécialement du prophète Isaïe. D'autre
part, l'autre côté du talisman nous introduit, par ses figures, dans les
doctrines astrologiques avec les signes planétaires, lien remarquable. Enfin, au
centre de la face qui contient la sentence qui borde en cercle l'amulette, le
christianisme est évoqué par cette image : une croix en tau traversant et
surmontant une croix de Saint André et accostée d'une palme.
3. Copie de Froehner.
4. Berytus, 1, pp. 5 sqq. et dessin. Voir plus loin note 12.
5. Au bas de cette face, le Mauvais Œil assailli en bas par ses ennemis traditionnels,
deux lions, ibis, serpent, scorpion ; en haut deux couteaux le transpercent.
6. Syria, 49 (1972). Magica Verba, pp. 344-353.
7. Loc. cit., pp. 173-174. A. Barb relève que plus tard Bonner, Hesperia 1951,
331, n. 41, a publié une amulette avec les mots coufzap9-a çy)X^ (= felix) tx$px*,o<.ç.
8. Renvoi à Preisendanz, III, p. 207.
AMULETTES GRECQUES 33
9. Ces textes sont bien plus tardifs et ils viennent de l'Italie du Sud.
10. Telle est la coupe des mots adoptée par Barb, et non 2oXwjì.ovo (ç ) [NJomtajx.
11. L'étude de cette diablesse d'après des textes byzantins, une fresque de Baouit
et des amulettes, est une partie importante du beau mémoire de P. Perdrizet, Nego-
Hunt perambulans in tenebris (Strasbourg, 1922), 11-27. Sur les origines de cette figure
voir E. Peterson, Eis Theos (1926), 103-130, 311. Quant au « chien vorace » des amulettes,
voir Hellenica, XIII (1965), 267, n. 1, où est restituée et expliquée la formule, après
les noms de Sisinnios et Sisinnia, [xal] ó Xà{3pa£ xoûov (= xûgjv). Je n'ai pas considéré
ce chien comme le chien des Enfers, persistance de Cerbère. Je croirais que c'est un chien
de chasse, qui accompagne les cavaliers partis à la poursuite de la diablesse comme des
xuv7jyoî, des chasseurs (le mot se trouve dans la rédaction de la légende republiée par
Perdrizet). Pour les listes des noms, outre Perdrizet, voir A. Delatte et Josserand
dans les Mélanges Bidez (p. 21), 231-232 ; pour la demie s'ajoutant au chiffre des noms,
après Perdrizet, voir ibid., 226, pour les démons. Pour le premier nom Gyllou, voir aussi
après Perdrizet et Delatte- Josserand, A. Barb, Journal Warburg Courtauld Inst., 16
(1953), 211 et 237, n. 315-316.
12. A. Grabar (note suivante) rappelle que des amulettes unissent S. Michel et
S. Sisinnios. Sisinnios et Sinodôros sont nommés dans une Légende de S. Michel ; cf.
P. Perdrizet, loc. cit., 20.
13. A. Grabar, Mélanges Henri-Charles Puech, Amulettes byzantines du Moyen
Ag*> 534-535 et pi. III, au bas.
14. A. Grabar, ibid., 537 et pi. VII.
34 LOUIS ROBERT
■
Le numéro 19g, provenant de la collection Froehner, est ainsi décrit
et expliqué. « A. Cynocéphale ithyphallique debout à droite, coiffé d'une
étoile, dans un geste d'adoration, les deux mains levées. Derrière lui, un
ménisque. — R. En inscription de trois lignes : IAH / IAEI / IEQ. En légende
•
commençant sur le biseau et se continuant par une seconde ligne sur le plat :
Aoç /àpiv [/.opcprjv vbcvjv ZçupiSaSt, / ôv stsxsv ©(.voucnpic. (Trad.) : Donne la
grâce, la beauté, la victoire à Sphyridas, qu'a mis au monde Thinousiris.
On notera que la filiation est donnée par rapport à la mère, en des termes
rappelant la formule égyptienne. Intaille décrite par Froehner, Cahier XIV, 20.
Jaspe jaune, 16 x 12 ».
La filiation par la mère n'est pas une « formule égyptienne ». Elle est
régulière dans tous les documents de la magie, que ce soit à Carthage, en
Macédoine, dans l'Asie Mineure, en Syrie, à Rome, partout : ôv stsxs Mapxiavv],
quem peperit Ma. Toute opération magique doit désigner sans erreur la victime
ou le bénéficiaire, en fournir une identification exacte ; d'où la mention de la
mère en vertu de l'adage mater certa, pater incertus. Il n'est guère de savant
familier avec les documents magiques qui n'ait rappelé cette règle de
l'état civil dans le monde innombrable de la magie l ; il serait oiseux de
Liturgie » étudié par Dieterich est caractéristique : au Se sûOicoç èm&zq SsEiòv SàxT<j>.ov
IîtI tò arópia xal Àéys * Sty/], Siy/], Sty/), <7Ûpi[3oXov frsoû Çwvtoç àcpftâp-rou, « mets le doigt
droit sur la bouche et dis : Silence, Silence, Silence, symbole (cf. p. 64, note 3) du dieu
vivant, incorruptible » ; çuXa^ov, \iz, Siy/), « protège-moi, Silence ». Cf. A. Barb, Gnomon
ig6g, 304, avec la note 4.
17. La disparition de la nasale est un phénomène courant dans les transcriptions
en grec ; par exemple Clemens est transcrit par Kàyj[ì.7]c
1. C'est l'occasion de citer une amulette, feuille d'or achetée à Damas, publiée par
P. Perdrizet, Rev. Et. Gr. 1928, 73-82 : Amulette grecque trouvée en Svrxe. Après douze
lignes de noms divins et de « caractères », on lit cette formule pour la santé Kûpiot.
ap/dcvysAot. &sol xal f>ïoc yjxpxxzr^zq a-zXo.aoi.TZ ttSv xaxòv xai. -âaav [èrîX^Jtx'yt.v xal -àaav
:
fxoiXjapytav (ou xapSiaÀyîav) à(y.)-\b raiSîjou ?jv STSxsfv] OPII — ; « la prière ne devait
pas dire le nom de l'enfant ». Mais ne faut-il pas retrouver le nom, bien nécessaire
dans la magie, en restituant 'Ay.r.\z7i]o'j ? Le nom féminin 'Ajj.r£À!.ov est bien attesté ;
ainsi à Blaundos (J. Ki;il et A. von Pri;mi:rsti:in, IIe Reise, n. 276) ; à Héraclée de
Macédoine (Bull. Epiçr. 1955, I3i)) à Syros (/G, XII 5, 678 ; Peek, Gy Versinschriften,
2030), à Smyrne (BCH 1894, 199), en Egypte. Une imprécation inédite de Carthage
'•
ou d'Hadrumète vise non pas à la possession d'une femme, comme d'ordinaire, mais
à la constitution d'un petit harem, 1. 20-27 s— l r/;v FIoaTouixav [rtv st|exs[v TjspToGÂXa
xal èri 7f,v TîCTOU/.AÏvav rtv ërcxsv OXaouîa xal i~\ tyjv IIïprsTO'Jav t'.vsç <AoL zia'.v Ojoào'jctioc
:
36 LOUIS ROBERT
citer des noms pour quelque partie du monde antique que ce soit.
Le nom Sphyridas est connu par deux témoignages au moins. Dans
un compte d'Épidaure au IVe siècle a. C. apparaît un [2]cpupi8ocç 2. Scpupwv
était allégué par Bechtel à Iasos au Ve siècle 3 parmi les noms des parties du
corps, en l'espèce la cheville. Mais il notait l'ambiguïté du nom, car il
pourrait avoir aussi pour origine un outil, açûpa, le marteau. Il rapprochait aussi
le nom Sphyros, fils de Machaon, fondateur d'un des temples d'Asclépios
à Argos selon Pausanias, I , 23, 4 4, le nom encore à Argos de la subdivision
civique des SçupîjSai. Il semble qu'il y ait là un groupe homogène en Argo-
lide 5.
Parmi les noms en Egypte, le Namenbuch de Preisigke enregistre un
Hcpûpiç ó xal Oécov dans les papyrus de Tebtunis en 208 p. C. et le même en
205 6. D. Foraboschi ajoute pour 2<pOpiç un ostracon de Michigan, 93, au
ive siècle. En Asie Mineure, dans la ville phrygienne de Tymandos, MAMA,
IV, 257, une épitaphe de l'époque impériale mentionne, au datif, une 'Icrcpu-
piSt, ; l'index a transcrit le nom 'Iccpupiç ; mais il s'agit du iota prosthétique
de t<7TpaTi,GVr/]ç, tcrréçocvoç, etc., et la personne s'appelait Zcpuptç. Le
nominatif ZcpupiSâç — un nom en -ôcç — est assuré pour le bénéficiaire de l'amulette
•
par le datif 2<popi85c8t, qui pourrait être aussi, spécialement en Egypte, Scpupi-
8ôcti. Cette même forme est introduite dans l'anthroponymie de l'Egypte
xal Oauaaavoç xal è-l rrçv KâvSiSav rtv 2tsxsv Zouxéaaa * xaTaSTjaov xal xpàr/jcov aÙTàç ëpam
xal Trónco • àypuTrvstTWCTav, (jLspijjLvetTcoaav 81 'ôX/jç vuxtoç xat Tjfiipaç oïaTpw xal tzô^cù èizi rfj
sjiT) çiXla, e-l t£> è{zÇ> spom toû Tatou ô stsxsv OùiraXiç * xat s7Ti9-u(JLÎa rupoujxevot. ràç f^ux*Çi
Tàç xapSîaç, zac, arcXâv/yaç aùrtov, paaavi^opLevot èizì tov 7% ^wtjç \iox> xpóvov.
Même litanie 1. 33-37, après les impératifs xaxaSYjaov xat xaûoov, çXéÇov, rûpwcov xal àçov
[toi T7)v IIoaToûpiav Yjv Stsxsv TspToûXXa et la suite. — Dans le Catalogue de la collection
De Clercq par A. De Ridder, VII, 2, Les pierres gravées (191 1), le n. 3437 offre l'image
du génie à tête de coq et à jambes de serpent. Au revers, l'éditeur a reconnu, 1. 3-4,
cpóXa^óv [is, et après des séries de voyelles, èyw eî|zi. C'est ainsi qu'ordinairement — on
l'a vu — se présente le dieu ou génie. Ici je reconnais le porteur du jaspe vert, qui donne
son identité, car je lis : Ayj^tpic (= A7)(ZY)Tpi.oç) ôv ersxs (l'éditeur avait lu la 3e lettre
comme sigma lunaire), puis, après un rhô douteux, un nom qui doit se continuer en
ap(3ou ; ce peut être un nom de femme au nominatif en -où ; ensuite B0AS, fin du nom
de la femme en -âç ? En tout cas, le nom de la mère. Enfin, dans IlKFISTP^IAON, je
reconnais TrspiaTsTXóv \xz, « protège-moi ».
2. Publié par Charitonidis ; voir Bull. Épigr. 1958, 235.
3. Hist. Personennamen, 283. L'inscription d'Iasos : Sylloge3, 169, 17.
4. Cf. Pfisïer dans le Lexikon de Roscher, s. v. Sphyros, qui commente le nom
considéré comme abréviation de Sphyromachos et l'emploi d'un marteau dans la
trépanation.
5. Bechtel, loc. cit., 603, parmi les noms tirés d'outils (aussi sur opitXYj et rópov),
cite Sphyrôn d'Iasos avec le commentaire : « l'explication est incertaine ».
6. P. Tebtunis, II, 307, 1. 7 et 605.
AMULETTES GRECQUES 37
7. Signalé par D. Foraboschi et comme nom nouveau en Egypte. Mais les références
106 et 108 sont prises à l'index du recueil qui, par une gênante bizarrerie, renvoie aux
numéros de l'inventaire, et non à ceux de la publication.
8. Planche XII. Le n. 248 est tout à fait différent : le singe monte un lion. Dans 246,
aux pieds, un cobra.
9. Loc. cit., 154-155.
10. Il suffit de renvoyer à A. Audollent, Defixionum tabellae (1904 ; ainsi le n. 487
de Chypre) ou à R. Wùnsch (1909 ; cf. ci-dessus, p. 10, n. 6). Encore la tablette d'Athènes
Bull. Épigr. 1938, 23 (publiée par G. W. Elderkin) ; celle de Nysa-Skythopolis, ibid
!939> 13 (publiée par H. C. Youtie et C. Bonner).
11. A. Audollent, loc. cit., n. 15 et 16; lectures d'Audollent et de R. Wunsch.
12. Ils ont été suivis par divers auteurs. De même encore Preisendanz, ci-après
note 15.
13. Pour Beyrouth, lire l'imprécation contre cochers et chevaux publiée par
R. Mouterde, Mèi. Beyrouth, 15 (1930), Le glaive de Dardanos, Objets et inscriptions
magiques de Syrie, 106-123. Dans la tablette de Carthage, Audollent, loc. cit., n. 247,
on remarquera, 1. 51 sqq., la précision des détails corporels contre quatre cochers de la
38 LOUIS ROBERT
17. Libamus, Pro salt., 57 : nous montons au théâtre sEetxsOvteç Oiaiv tzoHwv,
çopàv ysipcôv, vsujj-drrcov... E'jxpizocjTÎav, oàcoç toû ttxvtoç sùa/r^ocriv/jv.
18. Galien, H}'!,., II, éd. Kùhn, VI, 155 : òpy-^cs-cóv oli ctjvtovoi •/.w'rpzic,, zv xïç
àXÀovTxi ixéyiaTX xal —spiSivouvxat (JTpsçojxsvoi idyiazx xai ozÀâaav-rcç ê£avîaTavTai xai ~poa-
a-'jço'iai y.oà ^.xa/uo'jtjtv z-i -~azïo~ov Ta axéXï) y.xi à-Xâiç eJ-sîv èv aïç oçÛTara zivouvrai, àc-tov
xai [iuwSsç xal rrxXvjpòv xal tt'jxvov eti te aûvrovov àrrorsAouai to atoii-x.
10. Voir ci-après note 33
20. Opera Minora, I, 423 (BCH 1928) ; 436 (REG 1929) ; /^7. épi<j,r. philol., 102-103.
Dans ce dernier livre, 108, eutonia des athlètes chez Philon et de la danse chez Diodore
20a. Prise de position sur certains travaux relatifs à la pantomime dans Rev. Phil
195X, 52, n. 1 et Bull. Épigr. 1954, 20 1959, 68 ; 1963, 484 1972, 242.
21. Typique le papyrus de Florence, XXV, qui assure yâpiTxv xxl àuvxpûxv xal
;
VLX7]V (XXÌ TTVS'JfAX, ÏCTV'JV ) E[.£~pOC7f}EV — XVTWV, XvSpcôv [AlXpCOV XXL IjLSVXAOùV, OJÇ Xal [XOVOfi.â"/G)V
xal GTpaTtcaTcôv xal ~xyxvwv xal yuvxixcov xal xopxaîcov xal ~xi8icov xal ~âvTwv, « hommes
petits et grands, comme au?si gladiateurs, soldats, civils, femmes, filles, enfants
et tous ». La victoire peut être remportée au jeu de dés ; Pap. Ma^.,[izz'VII, 423 sqq.
xulicjovTa vixàv ' le joueur devra se dire [XY]S' zXc, was twv rat^óvTcov èfi.oO Xaoc, ït~o>
:
:
40 LOUIS ROBERT
sont salués du cri 6 vtxcov Ta xaxà 22. Mais la magie est très répandue
naturellement dans le monde du cirque, du stade, du théâtre et, si la figure s'y
prête, comme ici, l'interprétation agonistique de nikè sera la plus obvie. Le
mot apparaît dans les défixions contre des auriges à Carthage, à Berytos 23.
Dans le papyrus IV, à Paris, 2145 sqq., le « tristique » d'Homère servira,
détaille-t-on, à diverses catégories : l'athlète sera invaincu, àXsiTiToç 24 ; de
même le cocher ; pareillement dans un tribunal ; enfin, que le gladiateur le
porte, xal fxovo[xaxoç Se tocutoc cpopsiToo.
Morphè, la beauté, peut être un souhait universel. Mais elle est
indispensable à l'art de Sphyridas et aux succès amoureux si vantés des danseurs.
Dans l'épitaphe métrique du pantomime Crispus à Héraclée du Pont 25,
au vers 5, à la tombe est confiée to xàXXoç iacpépouaa ^opcp-yj ; les vers 14-16
sont un intéressant résumé de la profession de ce citoyen d'Alexandrie : « il a
reçu la plus haute couronne de la tragédie rythmique ; le monde a admiré
le jeu de ses mains et l'a glorifié ; il a vu en lui la fleur dorée de ses théâtres » 26.
Tïjç èvpu&jxou TpaycoSiocç 27 azé<poq XaJBwv tò TtpcoTOV 28
tÒv ^£t,povo[xoûvTa 29 &aufxàaaç xal Soçàcraç 6
àv&oç y_pûo-£ov tcov iSicov sISs
ou Xafjuropiévyjv tt]v /àpiv zafizazv à
ó ~piGiv Ssxàcnv — Xï]pou[i.évaiç Xittoov èviauTÓc.
xal (3à).Xco QO7. OéXo>, « que personne ici parmi ceux qui jouent avec moi ne me soit
égal et je jette ce que je veux » ; pour le vulgarisme t^tco il convient très bien au
vocabulaire des malédictions et de la magie, comme je l'ai fait remarquer, CRAc. Inscr.
1978, 262 avec la note 113.
22. Je donnerai ailleurs mon interprétation du type Héraclès et les trois K, avec
ses variantes dont chacune renforce la magie contre les forces mauvaises.
23. Audollent pour Carthage, R. Mouterde pour Berytos dans Le glaive de Dar-
danos. Un seul exemple à Carthage (Audollent, n. 237 ; L. R., Et. épigr. philol., 100, n. 3) :
açsXs aÙToiv ty]v vsLXTjv. J'en reparlerai (la magie et le cirque ; cf. L'épi gramme grecque
(1969), 274) en complétant l'interprétation de l'épigramme Anth. Pal., XI, 259, de
Lucilhus sur un cheval thessalien à Rome.
24. Sur le sens exact du mot, voir Hellenica, XI-XII, 330-342.
25. Sencer Çahin, Z. Pap. Epigr., 18 (1975), 293-297.
26. C'est un texte grec intéressant à joindre aux Epigrammstudien de Weinreich.
27. C'est une variante intéressante des mots que j'ai expliqués : rpaytxr] lvpui>[i.oç
xiv/jciç, èvpó$ti.ou xivrjcscoç UTroxpiaiç, Tpaytxrjç xsivïjascoç ûrcoxpicriç, TpaytXT) xêvtjckç, voir
Hermès 1930 {Opera Minora, I) ; Rev. Et. Gr. 1966, 765 ; Bull. Epigr. 1976, 721. Chez
Libanius, Sait. 72, xivrçciç àcpcovoç.
28. Je n'ai pas traduit « la première couronne » pour éviter que l'on ne comprenne
éventuellement : la première couronne remportée dans des concours. C'est la couronne
suprême, la première de toutes, une couronne à la mesure du monde. Cf. Bull. Épigr.
1976, 687.
29. Pour le jeu des mains, voir note 16.
AMULETTES GRECQUES
Les deux derniers vers indiquent que sa charis brillante fut éteinte à l'impro-
viste par la 29e année de son âge 30. Ils nous fournissent le mot charis, qui
s'applique aussi à Sphyridas le pantomime.
La charis, la grâce, la faveur, est souvent demandée dans les papyrus
magiques et sur les amulettes. Le mot fut étudié par Bell, Nock et Thomas 31.
C'est très souvent la grâce amoureuse. Le sens peut être précisé par la figure
choisie ; ainsi une inscription yj yjy.pic accompagne le couple Arès-Aphro-
dite 32. Sur un papyrus, è'Scoxaç aÙTyj <ç> ryjv yjnoiv hi èxsivyj -ryj yjjjiépa ;
l'image représente une Isis parfumée se rendant vers Osiris 33. Cela nous
rappelle que le prophète Alexandre d'Abônouteichos, en sa jeunesse, fut le
compagnon et le disciple d'un sorcier, yoyjç, « de ceux qui promettent
sortilèges, charmes étonnants et faveurs pour les affaires d'amour, des évocations
contre les ennemis, des trésors qui surgissent, des héritages », twv fxaysiaç xal
sgticcuouç U7uc%voufji.évû)v xal yónpi7y.q èrcl Tote èpcorixotç xal £~aya>yàç ~oïç
ic, xal ÔTjcraupwv àvaTtofX7ràç 34. Les lecteurs de ce passage ne sentent
vraiment ces lignes que s'ils se sont promenés un temps parmi les papyrus magiques
et les amulettes. Nous tenons dans le jeune Alexandros un utilisateur de ces
documents, loin loin de l'Egypte. Une gemme du Cabinet des Médailles,
n. 468, doit assurer au possesseur la charis, yjxpiv KavàiSco ; les éditeurs ont
bien vu qu'elle était portée par quelque cocher du cirque, car après
l'inscription sont incisés un fouet et une couronne. La « recette de victoire d'un
coureur » évoquée ci-dessus lui dit d'écrire sur les ongles : àoç [xot, c-'/ru/iav,
£7ra9po((it.)aiav, 5ó^av, */àpt,v zv -£> G-yMo? « donne-moi le succès, la beauté
qui inspire l'amour, la gloire, la faveur du stade » 35. Une autre pierre du
36. Cf. déjà P. Perdrizet, BCH 1914, 100 ; E. Peterson, Eis Théos (1926), 87,
257-260, 310 ; A. D. Nock, Harvard Theol. Rev., 33 (1940), 257 ; K. Preisendanz,
Byz. Z., 59 (1966), 392. Il peut rester à dire sur Aphrodite Hilara. Je signale ici que la
bizarre figure de la face A trouve son pendant exact dans un anneau d'or dont la
photographie se trouve dans le catalogue Sotheby Catalogue of the superb collection of rings...
formed by the late M. E. Guilhou, of Paris (nov. 1937), n- 60, PI. XXVII. Je donne ici
la photographie très agrandie du n° 514 du Cabinet des Médailles et celle de l'anneau
Guilhou, à la dimension et très agrandie, fig. 5.