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Fonctionnement des liaisons

à courant continu haute tension

par Eric JONCQUEL


Ingénieur de l’ENSEEIHT
Ingénieur-Chercheur au département Technologies et Économie des Systèmes
Électriques – EDF Recherche et Développement

1. Liaisons à convertisseurs à thyristors ............................................... D 4 762 – 2


1.1 Schéma macroscopique d’une liaison ....................................................... — 2
1.2 Réglage......................................................................................................... — 2
1.3 Interactions avec les réseaux à courant alternatif .................................... — 4
2. Liaisons à convertisseurs source de tension ................................... — 9
2.1 Généralités ................................................................................................... — 9
2.2 Réglages et caractéristiques....................................................................... — 9
3. Conclusion ................................................................................................. — 11
Pour en savoir plus........................................................................................... Doc . D 4 763

ne liaison à courant continu est constituée d’une ligne à courant continu


U reliant au moins deux réseaux alternatifs par l’intermédiaire de stations de
conversion. Deux types de convertisseurs alternatif/continu sont actuellement
utilisés dans les stations de conversion.
Les premiers, apparus dans les années 1970 en remplacement des convertis-
seurs utilisant des valves à vapeur de mercure, sont les convertisseurs à thyris-
tors. Ces convertisseurs sont disponibles sous de grandes puissance et tension
continue (jusqu’à 3 000 MW et 600 kV) ; leur coût s’est stabilisé et ils disposent
d’un bon retour d’expérience. Ils consomment de la puissance réactive, génè-
rent des harmoniques, nécessitent une bonne puissance de court-circuit et sont
sensibles aux creux de tension alternative.
Les seconds, apparus en 1997 et issus de l’industrie des convertisseurs pour
moteurs à vitesse variable, sont les convertisseurs autonomes dit « sources de
tension ». Ces convertisseurs sont disponibles dans une gamme de puissance
moyenne (jusqu’à 350 MW et 150 kV), génèrent des harmoniques HF faciles à fil-
trer et apportent aux réseaux alternatifs des fonctions supplémentaires telles
que le contrôle de la puissance réactive, l’élimination d’harmoniques, l’alimen-
tation de réseaux passifs en contrôlant tension et fréquence. Ils sont sujets à des
pertes Joule supérieures aux convertisseurs à thyristors et sont sensibles aux
courts-circuits continus.
Ce dossier décrit les réglages, caractéristiques, avantages, inconvénients et
fonctionnalités de ces deux types de convertisseurs alternatif/continu que l’on
trouve dans les liaisons à courant continu récentes.
Ce dossier fait suite au [D 4 761] «Transport d’énergie en courant continu à
haute tension ».

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FONCTIONNEMENT DES LIAISONS À COURANT CONTINU HAUTE TENSION ________________________________________________________________________

1. Liaisons à convertisseurs 1.1.2 Effet de l’empiétement

à thyristors L’empiétement, conséquence de l’inductance non nulle côté alter-


natif, entraîne que les commutations ne sont plus instantanées
comme dans le cas idéal. La fermeture d’un thyristor entraîne
l’ouverture du thyristor suivant non plus immédiatement, mais
1.1 Schéma macroscopique d’une liaison après un temps d’empiétement. On caractérise la durée de l’empié-
tement par l’angle d’empiétement υ. L’empiétement qui est le temps
pendant lequel apparaît la conduction de plus de deux thyristors
Pour plus d’informations, le lecteur se reportera à l’article Convertisseurs statiques – simultanément se traduit par une chute de la tension continue par
Réduction de la puissance réactive et des harmoniques [D 3 210]. rapport à sa valeur idéale.
Les convertisseurs à thyristors dont il est question dans ce Après calculs, on prouve que la tension continue aux bornes des
document sont dodécaphasés, c’est-à-dire qu’ils comportent convertisseurs est de :
12 interrupteurs statiques (p = 12). Cette hypothèse est correcte car
la quasi-totalité des liaisons fonctionnent grâce à des convertisseurs 6X f I d
U dR = U d0R – ---------------
dodécaphasés. π
L’étude du fonctionnement d’une liaison à courant continu ne pour le convertisseur fonctionnant en redresseur,
nécessite pas de revenir sur le fonctionnement précis du pont de
et de :
Graëtz qui en est la brique de base. Les détails concernant ce dernier
sont expliqués dans l’article [D 3 210]. 6X f I d
U d0 = U d0O + ---------------
Une liaison comporte deux convertisseurs dont l’un fonctionne en π
redresseur (transfert de puissance active du réseau alternatif vers la
ligne continue) et l’autre en onduleur (transfert de puissance active pour le convertisseur fonctionnant en onduleur,
dans l’autre sens). Ces deux convertisseurs sont identiques et c’est avec Xf inductance de fuite (une phase, en Ω) du transformateur,
leur angle α de retard à l’amorçage qui déterminera lequel fonc- Id courant continu.
tionne en redresseur (α < 90°) ou en onduleur (α > 90° ou γ < 90°,
avec γ l’angle de garde). La chute de tension due à l’empiétement étant proportionnelle à
l’intensité, elle peut être représentée par une résistance Rc que l’on
appelle « résistance de commutation » :
1.1.1 Schéma des convertisseurs dans le cas idéal 6X f
R c = ---------
π
Dans ce paragraphe, on considère le cas idéal, c’est-à-dire des
inductances nulles côté réseau alternatif. Cette résistance est fictive, c’est un artifice de calcul et elle n’est
donc pas sujette à des pertes par effet Joule. On remarque d’ailleurs
On retiendra de l’article [D 3 210] que le redresseur fournit côté
que la résistance de commutation du convertisseur fonctionnant en
continu une tension redressée de valeur moyenne Ud0R avec :
onduleur est négative, pour tenir compte que, quel que soit le sens
du courant, la tension aux bornes du convertisseur est inférieure à la
6 2
U d0R = ----------- U cos α tension interne qui correspond au cas idéal.
π

avec U la tension alternative efficace entre phases côté alternatif et 1.1.3 Schéma de la liaison et conventions
α l’angle de retard à l’amorçage. Pour qu’il fonctionne en redresseur,
l’angle α du convertisseur est compris entre 0 et 90°. La figure 2 montre la liaison d’un point de vue macroscopique par
deux sources de tension continue variables reliées par les résistances
De même, l’onduleur fournit côté continu une tension redressée (fictives) de commutation et la résistance (réelle) de la ligne ou du
de valeur moyenne Ud0O avec : câble de liaison. La liaison continue possède deux degrés de liberté
qui sont les angles α et γ , respectivement l’angle de retard à l’amor-
6 2
U d0O = ----------- U cos γ çage du redresseur et l’angle de garde de l’onduleur.
π

avec U la tension alternative efficace entre phases côté alternatif et γ


l’angle de garde, qui dans le cas idéal est le complémentaire de α à 1.2 Réglage
180° : γ = 180° – α . Pour qu’il fonctionne en onduleur, l’angle γ du
convertisseur est compris entre 0 et 90° (ou α est entre 90 et 180°). 1.2.1 Généralités
La figure 1 montre une représentation macroscopique des conver-
tisseurs idéaux. Le réglage du transit de puissance sur une liaison à courant
continu repose sur la possibilité de régler les tensions de sorties
moyennes du redresseur et de l’onduleur par simple action sur les
angles de retard à l’amorçage de leurs valves.
α γ La liaison possède deux degrés de liberté (les angles α et γ ) ; on
peut donc lui faire réguler deux grandeurs.
Il est primordial de réguler la tension continue pour s’assurer
qu’elle ne dépassera pas la tenue du matériel continu et pour la maxi-
U Ud0R Ud0O U miser de façon à minimiser le courant (donc les pertes) à puissance
donnée. L’un des convertisseurs asservira donc son angle de retard à
Fonctionnement Fonctionnement l’amorçage à la tension mesurée pour la réguler. Si la tension est
en redresseur en onduleur régulée par l’un des convertisseur, étant donné la faible valeur de la
chute de tension résistive dans la ligne ou le câble continu, on peut
Figure 1 – Schéma fonctionnel de convertisseurs idéaux à thyristors considérer la tension régulée sur tout le réseau continu.

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Zcc1 Xf1 BL Id L ou C BL Xf2 Zcc2


Up1 Up2

Vd1 Vd2
Us1 Us2
F F
a schéma montrant les constituants de la liaison

Rc1 BL Id R LC BL – Rc2

Vd1 Vd2

b schéma fictif faisant apparaître les résistances de commutation

Vdo1 = 6√2 = 6√2 Us2


π π
6X ∫ 6X ∫
Rc1 = π 1 Rc2 = π 2

BL bobine de lissage
F filtre
L ou C ligne ou câble continu

Figure 2 – Schéma macroscopique d’une liaison à courant continu

Le réglage de la puissance, à tension constante, est alors effectué Le convertisseur peut fonctionner dans les modes suivants, dont
par le réglage du courant : la puissance transmise par la liaison à pas tous sont implémentés dans le contrôle-commande :
courant continu est en première approximation le produit du — réglage en fonctionnement redresseur de l’angle d’amorçage
courant redressé imposé par le redresseur par la tension continue à minimal α min : l’amorçage de valves constituées de plusieurs thyris-
l’extrémité onduleur. Comme les angles de retard à l’amorçage tors en série nécessite une tension minimale à leurs bornes, il est
règlent la tension de sortie des convertisseurs, une boucle est ajou- donc primordial de s’assurer que l’angle d’amorçage n’est pas trop
tée qui mesure le courant et le traduit en ordre de variation de la ten- faible ;
sion, c’est-à-dire de l’angle. Si le courant est régulé par l’un des — réglage en fonctionnement onduleur de l’angle d’extinction
convertisseurs, il est régulé sur tout le réseau continu car celui-ci est minimal γ min : si l’angle de garde est trop faible, la moindre varia-
parcouru par un même courant. tion de tension entraînera un défaut de commutation, donc l’arrêt de
la liaison ; il est donc primordial de s’assurer que l’angle de garde
n’est pas trop faible ;
— réglage de la tension continue Ud par l’un des convertisseurs ;
1.2.2 Réglage rapide par les angles — réglage du courant continu Id par l’autre convertisseur (ou les
autres dans le cas d’une liaison multiterminale) ;
— réglage de la tension continue Ud par le convertisseur qui
régule le courant, au cas où la tension dépasserait de beaucoup la
Un convertisseur doit réguler plusieurs de ses paramètres (main- tension nominale ; cette régulation ne se déclenche qu’en cas de
tenir les angles α et γ supérieurs à des seuils donnés : tension et problème (tension > 110 % de sa valeur nominale, par exemple) ;
courant continus dans des plages données) avec une seule variable — réglage du courant continu Id par le convertisseur qui régule la
de commande (α ou γ ), aussi il faut choisir lequel des paramètres tension, au cas où le courant tomberait sous 90 % de sa valeur de
sera régulé. consigne ; cette régulation ne se déclenche qu’en cas de court-circuit
et permet d’en limiter les conséquences.
La façon de procéder classique est de faire fonctionner plusieurs
C’est en général le convertisseur fonctionnant en onduleur qui
régulations en même temps, d’associer à chacune un coefficient de régule la tension continue. La consigne de courant de l’onduleur, qui
pondération et de choisir celle qui est la plus importante pour le n’est sollicitée que lors de défauts, est déduite en retranchant la
système. Ces régulations fonctionnent dans un seul sens en marge de courant de la consigne de courant du redresseur :
général : la régulation d’angle α minimum ne fonctionne que si
l’angle est inférieur à sa valeur minimale, elle est inhibée dans le I cO = I cR – ∆I c
cas contraire.
La marge de courant ∆Ic est une valeur fixe souvent prise égale à
Le choix des coefficients de pondération permet de classer les 10 % de la valeur nominale.
régulations entre celles qui sont importantes et celles qui sont vita- Ce type de réglage nécessite un canal de communication entre les
les pour le convertisseur. Un système de vote (par choix de la régu- deux stations car la consigne de courant de l’onduleur est calculée
lation présentant l’erreur pondérée maximale) permet de placer le en fonction de celle du redresseur.
convertisseur dans le mode approprié pour son bon fonctionne- Les différents modes de fonctionnement sont représentés par des
ment. droites dans le plan (Ud ; Id) de la figure 3.

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Un point de fonctionnement stable est obtenu si une seule des


Ud stations de conversion règle le courant, toutes les autres réglant leur
Redresseur Onduleur tension de façon à maintenir la puissance au niveau requis. Les sta-
tions dont la puissance convertie est faible doivent nécessairement
M fonctionner avec de grands angles de retard à l’amorçage et con-
somment donc beaucoup de puissance réactive, ce qui constitue un
N
inconvénient notable de ce type de schéma.
Ic Ic
■ Dans la structure parallèle, la tension continue Ud est au contraire
commune à l’ensemble des stations, aux chutes de tension en ligne
0 près.
IcO IcR Id
Un point de fonctionnement défini et stable est obtenu quand une
seule station impose la tension continue, tandis que toutes les
autres règlent le courant qu’elles absorbent ou fournissent au
réseau continu. Le principe de réglage utilisé sur la liaison Sardai-
gne-Corse-Italie, première liaison multiterminale au monde, est une
simple extrapolation à 3 stations de la méthode de réglage utilisée
dans les liaisons point à point (figure 5).

1.2.5 Réglage des stations dos-à-dos

Une station dos-à-dos comporte les convertisseurs des deux


extrémités de la liaison sur le même site. Son principe de réglage du
transit de puissance est le même que pour une liaison point à point.
En revanche, la proximité du redresseur et de l’onduleur permet de
disposer localement de deux degrés de liberté, l’angle α du redres-
Figure 3 – Liaison à courant continu point à point : principe seur et l’angle γ de l’onduleur, pour régler indépendamment deux
fondamental de réglage grandeurs sur un des réseaux. Ainsi, on peut simultanément régler
la puissance active injectée dans le réseau de l’onduleur et mainte-
nir constante sa tension alternative en ajustant sa puissance réac-
1.2.3 Réglage lent par les régleurs en charge tive. Ce principe est particulièrement intéressant dans le cas où le
réseau de l’onduleur est très impédant.

Le contrôle des angles d’amorçage et de garde permet de faire fonc- Pour obtenir les mêmes performances avec une liaison point à
tionner les convertisseurs de la liaison sur des points particuliers de point, il faut installer des moyens rapides de compensation statique
leurs caractéristiques Ud = f (Id) (figure 3), mais ceci se fait au prix dans la station onduleur ou mettre en œuvre des moyens de télé-
d’une plage de variation très grande de ces angles. Le fonctionnement communications d’une très haute fiabilité et ultrarapides.
à grand angle d’un convertisseur induit des effets indésirables (échauf-
fement des snubbers, consommation de puissance réactive) qu’il faut
limiter. C’est pourquoi un autre réglage coexiste avec celui des angles ;
c’est le contrôle des tensions alternatives en entrée de convertisseur. 1.3 Interactions avec les réseaux
Les transformateurs de convertisseurs sont munis de régleurs en à courant alternatif
charge dont le but est d’adapter la tension alternative secondaire
(celle qui est en entrée de convertisseur) au point de fonctionnement
de consigne de façon à ramener les angles α et γ dans une plage
donnée. Ainsi, les convertisseurs ne fonctionnent à grands angles 1.3.1 Généralités
que pendant les changements brusques de consigne, le temps que
les régleurs ramènent les angles dans les plages nominales. Pour un réseau alternatif, une liaison à courant continu peut être
considérée comme une charge consommant une part notable de la
puissance transitant sur ce réseau ou, au contraire, comme une
1.2.4 Structure et réglage des liaisons source de puissance active dont la contribution à l’alimentation du
multiterminales système alternatif est significative. C’est pourquoi l’intégration har-
monieuse d’un tel ouvrage passe par l’examen des interactions pos-
sibles entre le réseau à courant continu et les réseaux alternatifs, et
Une liaison multiterminale est constituée d’au moins trois sta-
par la mise en œuvre de solutions permettent de maîtriser ces inte-
tions de conversion interconnectées par une même ligne à courant
ractions.
continu. Le problème est d’assurer le réglage de la puissance échan-
gée entre le réseau à courant continu et chacun des réseaux alterna- Une grandeur significative, souvent utilisée pour caractériser le
tifs adjacents, indépendamment des autres réseaux alternatifs, en degré d’interaction entre une liaison à courant continu et le réseau
respectant toutefois la contrainte d’égalité, aux pertes près, de la alternatif adjacent, est le rapport de court-circuit Kcc. Ce rapport est
puissance injectée dans le réseau continu et de la puissance extraite défini comme le quotient de la puissance de court-circuit du réseau
du réseau continu. au point de raccordement de la station au réseau alternatif à la puis-
Le choix du type de réglage dépend fondamentalement de la sance nominale des convertisseurs, soit :
structure du réseau à courant continu : série ou parallèle.
P cc
■ Dans la structure série (figure 4), le courant continu est commun K cc = ---------
à tous les convertisseurs. P dn

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RA RA

T T

LC BL BL BL BL LC

PH PH
BL BL

RA RA
T T

PH PH

T T

PH PH

E E

BL bobines de lissage LC ligne à courant continu RA jeu de barres à courant alternatif


E ligne d’électrode PH pont de Graetz hexaphasé T transformateur de conversion

Toutes les stations sont traversées par le même courant continu

Figure 4 – Liaison multiterminale à connexion en série des stations de conversion : schéma unifilaire

On considère que, avec un rapport de court-circuit supérieur à trois, 1.3.3 Limitation des perturbations harmoniques
les interactions sont limitées et facilement maîtrisables. En revanche,
un rapport de court-circuit inférieur à deux traduit une forte interdé- Les convertisseurs dodécaphasés engendrent du côté alternatif
pendance de la liaison et du réseau alternatif. Des dispositions très des courants harmoniques dits caractéristiques dont les plus impor-
spécifiques doivent alors être étudiées et mises en œuvre. tants sont de rangs :

h = 12k ± 1

1.3.2 Compensation de la puissance réactive avec k entier


Du fait de déséquilibres divers, les convertisseurs engendrent
également des courants harmoniques non caractéristiques. Les
Le fonctionnement des convertisseurs, aussi bien en redresseur principaux facteurs gouvernant l’émission de ces derniers sont :
qu’en onduleur, se traduit par une consommation de puissance — les déséquilibres qui peuvent exister entre les réactances de
réactive. fuite des transformateurs de conversion d’une même unité
dodécaphasée ;
Exemple : avec un angle α de 15°, et une réactance de fuite de
transformateur de 16 %, un convertisseur consomme, au régime nomi- — un éventuel déséquilibre des tensions du réseau alternatif, pro-
nal, une puissance réactive égale à la moitié de la puissance active voqué par la proximité de charges importantes alimentées en mono-
convertie. phasé ou en biphasé (traction ferroviaire, par exemple) ou du fait de
la non-transposition des conducteurs de ligne ;
— la dispersion des instants d’allumage des valves par rapport à
En fonction de la robustesse du réseau alternatif, des moyens de
une séquence d’idéale équidistance.
compensation plus ou moins sophistiqués sont nécessaires :
En pratique, les amplitudes de ces harmoniques non caractéris-
— la solution la plus simple consiste à utiliser des gradins de tiques sont plus faibles que celles des harmoniques caractéris-
condensateurs mis sous tension en fonction des besoins ; tiques. Des conditions particulières de résonance dans le réseau
alternatif peuvent cependant induire des tensions harmoniques
— dans certains cas, un compensateur synchrone ou un compen- d’amplitude inacceptable et imposer, dans ce cas, un traitement
sateur statique peut être utilisé pour un réglage fin ; approprié de ces harmoniques par filtrage.
— un compensateur statique s’avère indispensable lorsqu’une L’injection, par les convertisseurs, des courants harmoniques
réaction rapide des moyens de compensation est nécessaire pour dans l’impédance du réseau alternatif donne lieu à des tensions har-
mieux maîtriser la tension alternative ; moniques Vh qui distordent l’onde de tension fondamentale. Il est
donc nécessaire de limiter cette injection. Cela est réalisé, d’une
— des combinaisons de ces divers moyens sont également part, par l’utilisation d’unités de conversion dodécaphasées (le
possibles. 1er rang harmonique est de rang 11 et son amplitude est inférieure à

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9 %) et, d’autre part, en piégeant les courants par des filtres d’har- 1.3.5 Surtensions temporaires consécutives
moniques shunts installés au point de raccordement des unités de à des défauts sur les réseaux alternatifs
conversion.
Ces filtres sont réalisés en agençant les bancs de condensateurs Un défaut d’isolement peut affecter une ou plusieurs phases de
de compensation en circuits passifs RLC. Le choix des valeurs des l’un des réseaux alternatifs connectés par une liaison à courant
composants vise à modifier profondément l’impédance vis-à-vis des continu. Dans cette circonstance, le comportement des convertis-
courants harmoniques de façon à limiter la distorsion de la tension seurs dépend du niveau du creux de tension perçu au droit de la sta-
au point de raccordement. On veille aussi à ce que les courants har- tion de conversion, du nombre de phases concernées et du
moniques résiduels injectés dans le réseau n’atteignent pas des fonctionnement en redresseur ou en onduleur du convertisseur
amplitudes susceptibles de provoquer des interférences dans les affecté.
circuits téléphoniques proches. En pratique, des circuits résonnants,
obtenus par assemblage en série d’un condensateur, d’une bobine ■ Un onduleur est nettement plus sensible à un défaut monophasé
d’inductance et d’une résistance d’amortissement, sont utilisés pour qu’un redresseur. Tout creux de tension à ses bornes d’une profon-
constituer un circuit à très faible impédance pour chaque harmoni- deur supérieure à 10 % conduit en pratique à un raté de commuta-
que de rang faible (jusqu’au rang 13). Pour filtrer les harmoniques tion de l’onduleur. Ce défaut se traduit par une annulation
de rang plus élevé, des structures de filtrage à large bande sont temporaire de la puissance transmise et donne lieu à des surten-
utilisées ; elles sont moins efficaces que les filtres résonnants, mais sions sur les phases saines alimentant l’onduleur, ainsi que sur le
sont suffisantes et plus économiques. réseau du redresseur. Ces surtensions sont dues au maintien sous
tension des gradins de condensateurs pour compenser la puissance
réactive, alors que les convertisseurs absorbent moins voire plus du
tout de puissance réactive. Le niveau des surtensions est d’autant
1.3.4 Surtensions transitoires plus élevé que le rapport de court-circuit est faible. En revanche,
même si la tension d’une des phases d’alimentation s’est annulée,
un redresseur est capable d’assurer la conversion alternatif-continu,
Des surtensions transitoires surviennent lors des manœuvres des et de maintenir une partie du transit initial de puissance.
gradins de condensateurs ou des filtres. Leur amplitude et leur
durée dépendent essentiellement de la puissance du gradin mis ■ Quel que soit le type de fonctionnement du convertisseur (redres-
sous tension, de la puissance de court-circuit du réseau au point de seur ou onduleur), un court-circuit polyphasé proche d’une station
raccordement de la station au réseau alternatif et de l’amortisse- de conversion entraîne une annulation de la puissance transmise,
ment du système réseau-gradin de condensateurs-filtres. Leur limi- parce que les commutations ne sont plus possibles. Comme dans le
tation et la maîtrise de leurs effets sur les matériels du poste cas de l’onduleur affecté par un défaut monophasé, cette interrup-
résultent du choix des éléments d’accord des filtres et des niveaux tion conduit à des surtensions liées à la réjection de la charge de
de protection des parafoudres du côté alternatif. l’interconnexion vue des réseaux alternatifs.

Ud Ud Ud

Ud Ud Ud
FR1 FO1 FO2

Id = Cte Id = Cte Id = Cte

0 IdR = IcR Id 0 IdO1 = IcO1 Id 0 IcO2 = IdO2 Id


Italie Corse Sardaigne
a redresseur 1 : IdR = IcR b onduleur 1 : IdO1 = IcO1 c onduleur 2 : IdO2 = IdR – IdO1

courant continu absorbé respectivement par l'onduleur 1 et l'onduleur 2

Figure 5 – Réglage des échanges de puissance d’une liaison multiterminale : exemple de la liaison SACOI (Sardaigne-Corse-Italie)

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À l’élimination t2 du défaut (produit en t1) par les protections du nateurs des centrales nucléaires de 900 MW d’EDF). Lorsque l’amor-
réseau perturbé (figure 6), les convertisseurs doivent rétablir le tissement négatif introduit par les convertisseurs devient supérieur à
niveau initial de transit de puissance le plus rapidement et le plus l’amortissement apporté par le réseau alternatif lui-même, par le frot-
sûrement possible. Dans la plupart des ouvrages en CCHT, le réta- tement de la vapeur dans les turbines et par la régulation de tension
blissement de la puissance transmise est complet au bout d’un des alternateurs, le phénomène peut conduire à des oscillations
temps t3 de 200 à 300 ms après la réapparition de tensions saines. d’amplitudes divergentes entraînant la rupture de la ligne d’arbre.
La durée de rétablissement (t3 – t2) est plus longue dans le cas d’un Cela peut être le cas notamment lorsqu’un groupe de production se
défaut affectant une ligne à courant continu comportant des câbles, retrouve seul à débiter dans une liaison à courant continu.
du fait de l’énorme capacité de ces câbles. Quand les conditions de
fonctionnement normal sont rétablies (au voisinage de t2), la source Une parade efficace à ces problèmes consiste à introduire un
de courant limité que constitue le redresseur doit tout d’abord amortissement positif aux fréquences préalablement identifiées
recharger cette capacité (temps t3). comme critiques, en introduisant des boucles stabilisatrices, agis-
sant en parallèle avec la boucle interne de courant continu, afin de
De plus, il arrive souvent que l’élimination du défaut s’accom- corriger la dynamique des convertisseurs. De plus, les machines doi-
pagne d’une réduction importante de la puissance de court-circuit vent être équipées de protections spéciales détectant l’apparition
du réseau affecté. Combiné à la saturation des transformateurs de d’oscillations de torsion, pour pallier une éventuelle défaillance des
conversion remis sous tension, ce concours de circonstances peut boucles stabilisatrices.
donner lieu à des surtensions temporaires d’un niveau très élevé,
qu’il convient de limiter pour protéger les matériels de poste. Cette
limitation passe par la mise en œuvre de toute une panoplie de solu- 1.3.8 Compatibilité avec les protections du réseau
tions. Ces solutions vont de la conception de convertisseurs, capa-
bles de fonctionner sous des tensions très élevées et d’absorber une
puissance réactive élevée, jusqu’à l’installation de limiteurs de sur- Le principe de fonctionnement des protections d’un réseau alter-
tension à oxyde métallique sur le jeu de barres de la station de natif contre les défauts d’isolement repose sur la mesure des cou-
conversion, capables d’absorber une énergie considérable, en pas- rants et des tensions en des points bien précis du réseau, dans les
sant par la mise en œuvre d’automatismes mettant une partie des postes.
condensateurs de compensation hors tension.
La présence d’une puissance réactive importante, fournie par les
Dans certains projets, la limitation des surtensions temporaires à condensateurs de compensation dans une station de conversion,
un niveau acceptable a conduit à installer des compensateurs stati- peut se traduire par une modification des formes d’ondes vues par
ques présentant de fortes capacités d’absorption de puissance réac- les protections proches de la station. Les harmoniques de courant et
tive. En cas de réjection de charge de la liaison, ils sont capables de tension sont également mesurés par les protections.
d’absorber instantanément l’excès de puissance réactive des gra-
dins de compensation, jusqu’à la mise hors tension de ces derniers. Pour garantir les performances d’une protection, il peut être
nécessaire, dans certains cas, de la modifier, en introduisant, par
exemple, un filtrage des mesures.
1.3.6 Limites de stabilité Par ailleurs, quand la puissance injectée dans un réseau par une
liaison en courant continu devient voisine de la puissance consom-
Vue du réseau alternatif, une station de conversion est une charge mée par ce réseau, la stratégie de protection du réseau doit être
particulière capable d’échanger de la puissance active et de la puis- réexaminée, notamment si la station de conversion n’est pas équi-
sance réactive avec ce réseau. pée de compensateurs synchrones, capables d’apporter une cer-
taine puissance de court-circuit.
Les caractéristiques de stabilité de cette charge sont essentielle-
ment imputables à la boucle interne de réglage du courant continu En effet, un défaut d’isolement sur une ligne proche de la station
de la liaison. conduit au blocage quasi instantané des convertisseurs qui n’injec-
tent donc plus de courant dans le réseau et ses protections. Ces der-
La stabilité est également influencée par la valeur du rapport de
nières ne peuvent donc plus agir pour éliminer le circuit en défaut.
court-circuit décrit au paragraphe 1.3.1. Pour une valeur supérieure
à 3, le système réseau alternatif et réseau continu est stable sans
qu’il soit nécessaire de prendre des mesures particulières.
1.3.9 Limitation des perturbations
En revanche, lorsque le réseau devient plus impédant et donc la radioélectriques
puissance de court-circuit plus faible, le maintien de la stabilité
passe par la mise en œuvre d’un réglage de la tension alternative
par les convertisseurs ou par un dispositif complémentaire (com- Les valves et les enroulements secondaires d’un transformateur
pensateur statique, compensateur synchrone). de conversion sont le siège de variations de tension particulière-
ment rapides, à chaque commutation du pont. L’application de
fronts de tensions très raides (typiquement 100 kV en 1 µs) aux
1.3.7 Interactions hyposynchrones nombreux éléments d’impédance du circuit (capacités ou induc-
tances localisées ou réparties) donne lieu à des oscillations à des
fréquences élevées. Le spectre de ces oscillations présente deux
La boucle interne de régulation du courant continu permet un bandes principales : de 10 à 60 kHz et de 0,5 à 40 MHz, correspon-
réglage de la puissance transmise, rapide en regard des constantes dant au domaine des fréquences utilisées en radioélectricité.
de temps des phénomènes électromécaniques apparaissant sur les
réseaux alternatifs. Vis-à-vis de ces phénomènes lents par rapport à Afin de limiter l’émission de ces perturbations à l’extérieur du
sa dynamique propre, une liaison à courant continu fonctionnant à bâtiment des valves, on confine les convertisseurs dans une cage
puissance constante apparaît comme une charge très particulière et de Faraday aussi étanche que possible aux ondes radioélectri-
non linéaire, qui tend à augmenter son courant lorsque la tension ques. Néanmoins, une partie des perturbations est toujours
alternative diminue. Elle introduit donc un amortissement négatif conduite à l’extérieur du bâtiment par les connexions des valves,
dans une certaine bande de fréquence (inférieure à 50 ou 60 Hz). Cela puis rayonnée par tout conducteur extérieur. Il peut s’avérer
présente une grande importance vis-à-vis des oscillations de torsion nécessaire, dans certains cas, d’installer des filtres destinés à
des arbres des turboalternateurs présents dans le réseau au voisi- arrêter la propagation des perturbations conduites lorsqu’elles
nage d’une station de conversion. Les fréquences propres de torsion interfèrent avec des fréquences utilisées pour les radiotélécom-
les plus basses peuvent descendre jusqu’à 6 Hz (cas des turboalter- munications.

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1 pu
A

220 A

C
1 pu
D
1 pu
930 A

t1 t2 t3 t
a court-circuit triphasé sur le réseau français ; la station française fonctionne en redresseur à 500 MW

G
1 pu

1 pu
H

I
1 pu

t1 t2 t3 t

b court-circuit triphasé sur le réseau anglais ; la station anglaise fonctionne en onduleur à 500 MW

A tension alternative (400 kV) du réseau français F tension alternative (400 kV) du réseau français
B courants des primaires de transfromateur G courant continu, côté français
C tension continue H tension continue des câbles
D courant continu I courant continu, côté anglais
E courant dans les filtres d’harmoniques J tension alternative (400 kV) du réseau anglais

t1 défaut t2 élimination du défaut t3 fin de recharge de la capacité des câbles

Figure 6 – Comportement dynamique d’une liaison à courant continu. Conséquences de défauts triphasés sur le fonctionnement de l’interconnexion
France-Angleterre de 2 000 MW

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2. Liaisons à convertisseurs Une liaison continue à VSC consiste en deux convertisseurs VSC,
connectés chacun à un réseau alternatif dont on relie les côtés
source de tension continus par un câble. Chaque convertisseur est capable d’échanger
de la puissance réactive avec le réseau alternatif sur lequel il est
connecté. La liaison rend possible l’échange de puissance active
entre les deux réseaux ac dans les deux sens. Un schéma de prin-
cipe est présenté dans [D 4 761].
2.1 Généralités

Un VSC, Voltage Sourced Converter, convertisseur source de 2.2 Réglages et caractéristiques


tension ou convertisseur autonome, est un convertisseur alterna-
tif/continu composé d’interrupteurs commandables à la ferme-
ture et à l’ouverture contrôlé en modulation sinusoïdale MLI, 2.2.1 Réglage de la puissance réactive
modulation de largeur d’impulsions ([E 3 967] Modulations MLI côté alternatif
et MPI). La figure 7 montre un exemple de modulation MLI et de
la tension quasi sinusoïdale obtenue après filtrage. Un VSC se
comporte comme une source de tension alternative autonome Côté alternatif, le principe du convertisseur source de tension est
dont on contrôle parfaitement phase et amplitude. Ainsi, un VSC de générer une tension triphasée synchrone avec celle du réseau, et
peut échanger avec le réseau alternatif des puissances active et d’imposer ainsi une différence de potentiel contrôlée aux bornes de
la réactance de phase comme on le voit figure 9.
réactive, en restant dans les limites de fonctionnement de la
figure 8. On suppose dans un premier temps la tension générée en phase
avec celle du réseau.
On dispose sur un VSC d’au moins deux degrés de libertés qui
sont l’amplitude et la phase de la tension générée. Toute diffé- Si la tension générée est d’amplitude plus faible que celle du
rence d’amplitude entre les tensions du réseau et du convertisseur réseau (figure 10a), le courant induit à travers la réactance par la dif-
se traduit par un échange avec le réseau de puissance réactive. férence de potentiel, en quadrature retard par rapport à cette der-
Toute différence de phase entre les tensions du réseau et du nière, est en quadrature avance par rapport à la tension du réseau.
convertisseur se traduit par un échange avec le réseau de puis- Ainsi le convertisseur se comporte comme une capacité et fournit de
sance active. l’énergie réactive au réseau.

Réciproquement, si l’amplitude de la tension générée est infé-


rieure à celle du réseau, le VSC se comporte côté alternatif comme
une réactance (figure 10b) et absorbe de l’énergie réactive du
1 réseau.

2.2.2 Réglage de la puissance active côté alternatif


0

Lorsque la tension générée est en phase avec le réseau, le courant


est perpendiculaire à la tension et la puissance active échangée avec
le réseau est nulle. Si l’on génère une tension en avance sur celle du
–1
réseau (figure 11a), le courant présente une composante colinéaire
0 4 8 12 16 20 24 28 32 36 42 avec la tension du réseau, qui signifie que le VSC échange de la puis-
Temps (ms) sance active avec le réseau (ici, le VSC fournit de la puissance
active).
Figure 7 – Exemple de forme d’onde de tensions (avant et après Réciproquement, si la tension générée est en retard par rapport à
filtrage) générées par un VSC à deux niveaux (–1 et +1 celle du réseau, le VSC absorbe de la puissance active du réseau
sur cette figure) (figure 11b).

Q [pu]
2.2.3 Réglage de la tension continue

1
L’un des convertisseurs a le rôle de réguler la tension continue en
P 2 + Q 2 = Sn 2 jouant sur la puissance active qu’il échange avec son réseau
alternatif.

P [pu] Si la tension continue diminue, il déphasera (retard de phase) la


1
tension alternative générée pour absorber davantage de puissance
active du réseau alternatif et faire ainsi augmenter la tension
continue.

Réciproquement, si la tension continue est excessive, le convertis-


seur déphasera (avance de phase) la tension alternative générée
Figure 8 – Limites de fourniture en puissances active et réactive pour fournir davantage de puissance active au réseau alternatif et
d’un VSC faire ainsi diminuer la tension continue.

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Réseau de transport
I
Vres
Vself Réactance de phase

AC
Vdc
Vond DC
Convertisseur Capacité
continu Figure 9 – Conventions utilisées
pour le fonctionnement côté alternatif

Vond
Vself Vself
Vres
Vself
Vself

Vres Vres

Vres Vond
Vond
Vond

I I

a fourniture de puissance b absorption de puissance


I I fonctionnement onduleur fonctionnement redresseur

a fourniture de réactif b absorption de réactif Figure 11 – Diagramme de Fresnel du VSC échangeant


fonctionnement capacitif fonctionnement réactif de la puissance active avec le réseau

Figure 10 – Diagramme de Fresnel du VSC en fonctionnement


réactif pur 2.2.6 Cas de la connexion à un réseau d’éoliennes

On peut également considérer le cas où le réseau alternatif ne


2.2.4 Réglage de la puissance transmise comporte que des générateurs asynchrones. Dans ce cas, non seu-
lement les générateurs asynchrones ne génèrent pas de tension
synchronisante mais en plus ils ont besoin d’une tension de réfé-
Le convertisseur qui ne régule pas la tension continue régule la
rence et absorbent de la puissance réactive.
puissance qu’il échange avec son réseau alternatif. Cette régulation
peut revêtir de nombreux aspects comme : Un convertisseur VSC est parfaitement capable de fournir aux
— maintien d’une puissance donnée constante ; générateurs asynchrones la tension de référence et la puissance
— modulation de la puissance en fonction de la fréquence ; réactive nécessaire à leur fonctionnement. L’utilisation d’un VSC
pour relier une centrale éolienne au réseau permet de se passer des
— évacuation de toute la puissance disponible sur le réseau alter-
condensateurs normalement connectés aux générateurs
natif (cas de la connexion par une liaison à VSC d’une centrale
asynchrones.
éolienne).
Dans le cas d’une liaison multiterminale, un seul convertisseur
régule la tension continue et les autres régulent chacun la puissance 2.2.7 Atténuation des harmoniques
active qu’ils échangent avec leur réseau alternatif.
La MLI consiste à générer une tension à la fréquence industrielle
(50 ou 60 Hz) en découpant la tension continue à haute fréquence.
2.2.5 Cas de la connexion à un réseau passif Plus le rapport entre cette haute fréquence et la fréquence indus-
trielle est grand, plus on dispose de degrés de liberté dans la syn-
On a considéré dans les paragraphes précédents que le convertis- thèse de la tension alternative. Il est ainsi possible de contrôler, en
seur était connecté à un réseau possédant des sources. Un VSC peut plus de l’amplitude et la phase de la tension alternative générée, un
parfaitement alimenter un réseau alternatif dépourvu d’autres sour- certain nombre d’harmoniques.
ces de tension.
Dans ce cas, il ne peut pas réguler les puissances active et réactive
échangées avec ce réseau en raison de l’absence de source de ten- 2.2.8 Comportement en court-circuit alternatif
sion de référence. Il génère une tension de référence d’amplitude et
de fréquence nominales et les puissances active et réactive seront Un VSC ne peut fonctionner que dans une plage donnée de ten-
naturellement imposées par les charges présentes dans le réseau. sion alternative pour laquelle il a été dimensionné.

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Si lors d’un court-circuit la tension est inférieure à la valeur mini- Dans le cas d’une liaison à deux stations terminales, un court-
male de la plage nominale, le VSC se bloque. Il n’échange ainsi plus circuit dans l’un des réseaux alternatifs se traduit sur l’autre par une
aucune puissance active ou réactive avec le réseau. La capacité annulation brutale de la puissance active.
continue reste chargée, ainsi le VSC redémarre dès l’élimination du
défaut qui est détectée par le retour de la tension à une valeur cor-
recte.

Si lors d’un court-circuit la tension reste dans la plage nominale, 3. Conclusion


le VSC continuera à fonctionner, en limitant toutefois son courant à
sa valeur maximale qui est en général un peu plus élevée que la
valeur nominale. On a décrit brièvement dans le présent fascicule le fonctionne-
ment des liaisons à courant continu à thyristors et à convertisseurs
Un VSC a un comportement très différent de celui d’une machine source de tension. Les composants de ces liaisons sont décrits dans
classique, ce qui peut poser des problèmes de détection de défauts le fascicule [D 4 761]. Des informations bibliographiques ainsi
par des protections traditionnelles, le courant de défaut étant à qu’une liste des liaisons continues en service ou en projet dans le
peine plus élevé que le courant nominal. Monde sont présentées dans le fascicule [D 4 673].

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