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[2007- 2008]

Institut Supérieur de Commerce et


d’A dministration des Entreprises

Mémoire de fin d’études


Thème : Introduction en
bourse des PME
marocaines

Mémoire préparé par : [Mémoire encadré par :


Bar-rhout Sara (G1) M. Yonas LAHRICHI]

TALI Bendaoud (G2)


Option Finances et Marchés
2

SOMMAIRE
Remerciements ------------------------------------------------------------------------4
Introduction ----------------------------------------------------------------------------5
Partie 1 : Le marché boursier marocain : un levier de croissance quasi-
monopolisé par les grands----------------------------------------------------------7
Section 1 : Prédominance des PME à caractère familial du tissu économique marocain----8

A- La notion de PME ----------------------------------------------------------------------8


Paragraphe 1- Historique des approches conceptuelles----------------------------8
Paragraphe 2- Définition et apports de la charte des PME----------------------13
Paragraphe 3- Le capitalisme familial au Maroc et ses implications-----------15
B- Physionomie du tissu économique marocain--------------------------------------18
Paragraphe 1- Secteurs et Branches d’une économie marocaine en
développement -------------------------------------------------------------------------18
Paragraphe 2- Représentativité des PME familiales dans la l’économie réelle-----20

Section 2 : Défis de la mondialisation et nécessité de croissance pour les PME-------------27

A- Dynamique de libéralisation des économies-----------------------------------------------27


Paragraphe 1- Contexte mondial------------------------------------------------------------ 27
Paragraphe 2- Contexte marocain-----------------------------------------------------------32
B- Les PME marocaines face à une rude concurrence globalisée--------------------------39

Section 3 : Le marché boursier : une issue de croissance en vogue… dominée par les Big
Caps ------------------------------------------------------------------------------------------------------47

A- Présentation de la sphère boursière marocaine-------------------------------------------47


Paragraphe 1- Utilité du marché boursier--------------------------------------------------47
Paragraphe 2- Organisation et mécanismes de fonctionnement du marché boursier
marocain-----------------------------------------------------------------------------------------50
B- Performances et perspectives de développement de la Bourse de Casablanca-------65
Paragraphe 1- Les introductions en bourse : un rythme de croissance soutenue-----65
Paragraphe 2- Le volume des transactions a été multiplié par deux-------------------67
Paragraphe 3- La capitalisation boursière a augmenté de plus de 40%----------------68
Paragraphe 4- Evolution sectorielle nettement positive --------------------------------68
Paragraphe 5- Risque pays : Le Maroc améliore sa notation ---------------------------69
Paragraphe 6- Poursuite de la tendance haussière de la Bourse de Casablanca -----69
C- Physionomie de la place Casablancaise ----------------------------------------------------71
Paragraphe 1- Une mauvaise représentativité sectorielle -------------------------------71
Paragraphe 2- Une quasi-inexistence des PME ------------------------------------------73

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Partie 2 : … mais qui devrait accueillir les nouveaux petits-


grandissants -------------------------------------------------------------------------76
Section 1 : L’introduction en Bourse : est-ce une nécessité pour la croissance des PME ?--77

A- Un système bancaire ne favorisant pas l’accès des PME… -----------------------------79


B- Quand la PME décide d’emprunter la voie royale de la Bourse -----------------------88

Section 2 : Facteurs de réticence des PME ---------------------------------------------------------93

A- Caractère Familial des PME & problématique de la Gouvernance -------------------93


B- Les Causes de non recours au marché boursier ------------------------------------------96
Paragraphe 1- Les facteurs liés à l’entreprise ----------------------------------------------96
Paragraphe 2- Les facteurs liés aux dirigeants --------------------------------------------99

Section 3 : La nécessité d’une Réforme des réformes du marché boursier... -----------------102

A- Flash des réformes menées par les autorités de tutelle et leur impact retardé ------102
Paragraphe 1- Les réformes réglementaires, techniques et les incitations fiscales -102
Paragraphe 2- Impact des réformes -------------------------------------------------------104
B- Création d’un marché régulé dédié aux PME -------------------------------------------106
C- Des solutions d’Ingénierie Financière... --------------------------------------------------108
Paragraphe 1- Création d’un Fonds d’Accompagnement des PME ------------------108
Paragraphe 2_ Constituer des associations d’emprunteurs ----------------------------109
D- Renforcement de la politique de communication ---------------------------------------110

Conclusion ---------------------------------------------------------------------------112
Bibliographie -----------------------------------------------------------------------113
Webographie------------------------------------------------------------------------113

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Ce travail est dédié à toutes les


personnes qui nous ont soutenus.
Merci à nos familles, nos amis et
notre professeur encadrant qui s’est
montré attentif et qui a toujours
répondu présent pour nous orienter.
Merci à tous.

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INTRODUCTION
Euphorie, reprise de confiance, gain en maturité… voilà ce qui caractérise la Bourse de
Casablanca ces derniers temps. Les introductions en bourse se succèdent et les plus values
s’accumulent. La physionomie du marché boursier change d’un jour à l’autre tant au
niveau des lignes de cotation contenant les sociétés cotées qu’au niveau des ordres d’achat
et de vente libellés par des investisseurs institutionnels mais aussi par des particuliers
personnes physiques comme vous et moi. Bref, la Bourse de Casablanca fait le bonheur de
tout le monde.

Ne faut-il pas tout d’abord démystifier la Bourse ? De même que la nature a horreur du vide,
l'économie n'apprécie pas l'inutile. Ne croyez pas que la Bourse n'est qu'un lieu de spéculation,
la spéculation est la face immergée de l'iceberg, car la Bourse a avant tout un rôle
économique de premier ordre. Pour se financer, les entreprises ont deux solutions : soit
emprunter de l'argent, soit émettre des actions. Lorsqu'elles choisissent cette deuxième
solution, elles ont besoin de pouvoir rencontrer les investisseurs, leur vendre leur projet et
c'est pour cette raison que la Bourse existe. Comme sur un marché traditionnel, où des
commerçants rencontrent des consommateurs, la Bourse est un marché où les sociétés (en
besoin de moyens de financement) rencontrent les investisseurs (en excédent de moyens
de financement). Et pour pouvoir les séduire, il faut leur proposer de la liquidité c'est à
dire leur offrir la possibilité de revendre facilement ce qu'ils ont acheté.

La Bourse de Casablanca a connu un essor sans précédent ces deux dernières années.
Volumes des transactions, nombre d’IPO (Initial Public Offering) ou introductions en
bourse, la performance des deux baromètres de la place casablancaise MASI et MADEX,
la capitalisation boursière et les dynamiques sectorielle et par valeur cotée, ... tous les
indicateurs se sont manifestés en nette progression jusqu’à marquer les annales des
performances de la Bourse de Casablanca.

Toutefois, cette ascension soutenue n’a profité qu’aux big caps. Celles-ci étant dominantes
dans le tissu boursier. En effet, les PME-PMI dont la domination du tissu économique
marocain fait tâche avec un pourcentage de 93% (chiffre à mon sens sous-évalué), ne
participent pratiquement pas à cette dynamique que connait la sphère boursière.

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De plus, dans le contexte de la mondialisation dans lequel le Maroc est partie prenante
dans le cadre des différents Accords de Libre Echange (ALE), les PME marocaines sont
vivement appelées à se mettre à niveau et à adopter des stratégies de développement et de
croissance en vue d’assurer leur pérennité.

Nous traiterons alors dans ce mémoire la problématique de non recours des PME à la
Bourse pour financer leur croissance dans la perspective de proposer quelques
recommandations de nature à promouvoir les IPO des PME.

Pour répondre à cette problématique, nous nous basons sur la méthodologie de travail
suivante :


 A travers des données empiriques sur la représentativité des PME dans le tissu
économique, sur le monopole des grandes entreprises dans le tissu boursier ainsi que
l’incessante obligation de croissance des PME pour faire face aux menaces
grandissantes de la mondialisation, nous démontrons la validité de notre
problématique avec l’évidence de la preuve. La logique étant constructive de la
problématique de ce mémoire.


 Ensuite, nous analyserons les causes de réticence des PME face au recours au marché
des capitaux.


 Enfin, nous proposerons quelques recommandations à travers une lecture diversifiée
et analytique des différentes bonnes pratiques et politiques adoptées par la Bourse
internationale de l’Europe (Euronext) pour promouvoir l’introduction des PME.

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Partie 1 : Le marché boursier marocain : un


levier de croissance quasi- monopolisé par les
grands...

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Section 1 : Prédominance des PME à caractère familial du tissu économique


marocain

A- La notion de PME :

Paragraphe 1- Historique des approches conceptuelles

La Petite et Moyenne Entreprise constitue l’un des piliers de tout système économique.
Certains pays qui ont œuvré pour la floraison de ce type de structures ont vu leur
croissance économique grimper et leur développement social se consolider. Aussi, tous les
pays ont progressivement pris conscience de l’importance que jouent les PME dans le
développement, à travers leur contribution à la croissance économique, à la cohésion
sociale, à l’emploi et au développement local.

Néanmoins, cette notion de PME s’est retrouvée vide de tout sens du point de vue
sémantique car il n’existe pas une définition communément acceptée pour la PME, celle ci
n’ayant pas la même identité partout dans le monde. En fait, plusieurs définitions de la
PME ont été proposées, mais toute tentative d’une définition universelle fut abandonnée
au profit de définitions élaborées en fonction des données propres à chaque pays.

Si la plupart des pays se réfèrent aux mêmes critères pour définir cette catégorie
d'entreprises (taille de l'effectif, montant du CA et/ou du total du bilan), les seuils utilisés
variaient considérablement d'un pays à l'autre, ainsi que le montre le tableau suivant
datant de 1994 :

Classification des entreprises selon leur effectif dans quelques pays

PAYS PETITES MOYENNES GRANDES


ENTREPRISES ENTREPRISES ENTREPRISES

Belgique 1 à 50 51 à 200 > 201


Danemark 1 à 50 51 à 200 > 201
Etats-Unis 1 à 250 251 à 500 > 501
Finlande 1 à 50 51 à 200 > 201
Gr. 1 à 50 51 à 200 > 201
Bretagne
Japon 1 à 49 50 à 500 > 501
Suisse 1 à 20 21 à 100 > 101

Source : OCDE (1994)

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C'est pourquoi, notamment dans le contexte de l'émergence de nouvelles communautés


économiques, une définition juridiquement claire et facile d'utilisation des PME s'est
avérée rapidement nécessaire, afin d'empêcher des distorsions de la concurrence entre les
entreprises des différents pays.

Dans le contexte européen, une première définition des PME avait déjà été donnée par la
Commission Européenne dans sa recommandation 96/280/CE du 3 avril 1996.

Suite à deux consultations publiques effectuées en 2001 et 2002, la Commission a décidé de


modifier celle-ci afin, notamment :

- d'éviter que les entreprises faisant partie d'un grand groupe profitent des régimes de
soutien aux PME ;

- de prendre en compte l'augmentation des prix et l'accroissement de la productivité depuis


1996 dans la fixation des seuils financiers ;

- d'encourager la formation professionnelle en éliminant la prise en compte des apprentis


ou étudiants en formation professionnelle dans le calcul des seuils d'effectifs.

Les nouvelles définitions des "Micro-entreprises", "Petites entreprises" et "PME" ont été
publiées dans la recommandation 2003/361/CE du 6 mai 2003 et devraient entrer en
vigueur à compter du 1er janvier 2005.

Ces modifications sont importantes pour les entreprises concernées, puisqu'elles tracent
leurs conditions d'exigibilité aux différents programmes de soutien spécifiques aux PME
(notamment en ce qui concerne les aides d’État, les fonds structurels et le programme-
cadre de recherche développement).

Ainsi, il a été donné comme définitions ce qui suit :

La Micro-Entreprise : est celle qui emploie moins de 10 salariés et dont le chiffre d'affaires
annuel ou le total du bilan annuel ne dépassent pas 2 millions d'Euros (aucun seuil
financier n'était précisé auparavant).

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La Petite Entreprise : est celle qui emploie moins de 50 salariés et dont le chiffre d'affaires
annuel ou le total du bilan annuel ne dépassent pas 10 millions d'Euros (contre,
respectivement, 7 et 5 millions d'Euros auparavant).

La PME (Petite et Moyenne Entreprise) : est celle qui emploie moins de 250 personnes et
dont le Chiffre d'Affaires annuel n'excède pas 50 millions d'Euros (contre 40 millions
d'Euros auparavant) ou dont le total du bilan n'excède pas 43 millions d'Euros (contre 27
millions d'Euros auparavant).

1 2
TYPE D'ENTREPRISE EFFECTIF CHIFFRES D'AFFAIRES ou TOTAL DU BILAN
MOYENNE ≤ 50 millions € ≤ 43 millions €
< 250 UTA
ENTREPRISE (auparavant 40 millions €) (auparavant 27 millions €)
PETITE ≤ 10 millions € ≤ 10 millions €
< 50 UTA
ENTREPRISE (auparavant 7 millions €) (auparavant 5 millions €)
MICRO ≤ 2 millions € ≤ 2 millions €
< 10 UTA
ENTREPRISE (auparavant pas de seuil) (auparavant pas de seuil)

On l’aurait compris, les PME étaient généralement définies à partir de seuils quantitatifs
(même si la valeur de ces seuils fait l'objet de différences d'appréciation). Il convient,
toutefois, de signaler que certains auteurs reprochent à ce type d'approche son caractère
réductionniste et proposent des approches alternatives, fondées sur la base de critères
organisationnels. (Propositions pour une définition opératoire de la PME : une analyse en termes
de cohérence entre l’organisation interne et le marché - Nadine Levratto ENS de Cachan) 3

C’est ainsi qu’il a été recommandé de baser toute définition de la PME sur une double
série de critères d’identification. Il s’agit en clair de critères quantitatifs et qualitatifs :

- Les critères quantitatifs : ils portent sur les différents éléments constitutifs
de l’activité de l’entreprise. Ainsi, il s’agit particulièrement de critères tels que : l’effectif,

1
L''effectif est évalué en "Unités de Travail-Année" (UTA), c'est à dire en nombre de personnes ayant travaillé
pendant toute l'année dans l'entreprise (les apprentis et les stagiaires, les congés de maternité et les congés parentaux ne
sont pas pris en compte). Les temps partiels et les contrats temporaires sont intégrés au calcul sur la base d'un prorata
temporis.
2
Les chiffres d'affaires sont calculés hors taxes et à la date de clôture de l'exercice annuel.
3
http://www.idhe.ens-cachan.fr/NLevratto2.PDF

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le chiffre d’affaires, la valeur ajoutée, le capital social, l’implantation et le marché. En


fonction de ces critères, on distingue généralement entre trois catégories de taille : la très
petite, la petite et la moyenne entreprise.

- Les critères qualitatifs : ceux-ci sont utilisés pour compléter les premiers,
mais également pour donner une idée précise de la PME, étant donné qu’ils renseignent
sur sa structure interne, son organisation et ses méthodes de gestion.

Si la définition de la PME reste tout de même difficile, c’est bien parce que cette entité se
rapporte à la fois à une notion économique et à une autre organisationnelle (notion de
structure). En effet, la PME où qu’elle soit se caractérise généralement sur le plan
économique par son incapacité à exercer une influence significative sur son marché, tandis
que sur le plan organisationnel, elle est marquée par la prépondérance de la personnalité de
l’entrepreneur, qui en est à la fois propriétaire et gérant.

« Au Maroc, peut-on lire sur les premières pages du Document de Travail 4 N°50 de Mars
2000 établi par la Direction de la Politique Economique Générale du Ministère de
l’Economie et des Finances du Royaume du Maroc, la définition de la PME a évolué en
fonction des dispositions contenues dans les différents textes ayant cherché à encourager
ce type d’entreprises en raison de sa taille réduite et sa fragilité relative. Parmi ces textes,
on cite : la procédure simplifiée accélérée de 1972, le code des investissements de 1983, la
définition de Bank Al Maghrib de 1987, les dispositions du FOGAM pour la mise à niveau
des PME … »

Ceci étant, il serait utile de préciser que jusqu'en juillet 2002, il n'existait pas de définition
"officielle" de la PME au Maroc. Jusqu'alors deux approches prévalaient :

- la première, largement répandue, consistait à considérer comme PME toute


entreprise dont le Chiffre d'Affaires était  75 millions DH.

- une seconde, avait été proposée en septembre 2001 par les auteurs du
document "Vision de l'avenir du Maroc - Quelle vision pour les PME/PMI ?" rédigé à
l'occasion du projet "Maroc - Vision 2020". Suite à une réflexion approfondie sur la notion
de PME au Maroc et à partir de la stratification d'un échantillon composé de près de 10 000

4
Document de Travail N° 50 de Mars 2000 - Les PME au Maroc : Éclairage et Propositions

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entreprises, ceux-ci proposaient de définir les PME/PMI marocaines sur la base des trois
critères suivants :

- Total effectifs : < 200 personnes

- Chiffres d'affaires : < 50 millions DH

- Total bilan : < 30 millions DH

Afin de présenter une idée globale sur l’évolution de la définition de la PME au Maroc,
nous présenterons dans un tableau récapitulatif les définitions qui ont marqué le plus la
trajectoire de développement de la PME marocaine.

Tableau récapitulatif des différentes phases d’évolution de la définition la PME au Maroc (selon
des critères financiers)

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Source : Ministère des Finances et de la Privatisation

Paragraphe 2- Définition et apports de la charte des PME

On l’a vu, la notion de PME au Maroc a connu beaucoup de changements la « dénudant »


de toute acception académique unique. Une telle situation jumelée à l’ardente volonté des
pouvoirs publics et l’urgente action de promotion de la PME dans le sillage d’une
ouverture à l’international présentant plus de défis à cette catégorie d’entreprises que
d’opportunités, a amené les décideurs à instaurer une « Charte des PME ». La loi 53-00
formant "Charte de la PME" du 23 juillet 2002, a apporté une définition "officielle" à cette
catégorie d’entreprises et constitue actuellement le cadre de référence de la politique menée
par l’Etat pour la promotion de la PME.

Selon l'article premier de cette loi, la PME est une entreprise gérée et/ou administrée
directement par les personnes physiques qui en sont les propriétaires, copropriétaires ou actionnaires
et qui n'est pas détenue à plus de 25% du capital ou des droits de vote par une entreprise, ou
conjointement par plusieurs entreprises, ne correspondant pas à la définition de la P.M.E. (ce seuil
peut, toutefois, être dépassé lorsque l'entreprise est détenue par des fonds collectifs d'investissement,

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des sociétés d'investissement en capital, des organismes de capital risque, des organismes financiers
habilités à faire appel à l'épargne publique - à condition que ceux-ci n'exercent, à titre individuel ou
conjointement, aucun contrôle sur l'entreprise).

Par ailleurs, les PME doivent répondre aux deux conditions suivantes :

 avoir un effectif permanent ne dépassant pas 200 personnes,

 avoir réalisé, au cours des deux derniers exercices, soit un chiffre d’affaires
hors taxes inférieur à 75 millions de DH, soit un total de bilan inférieur à 50
millions de DH.

Lorsqu'il s'agit d'une PME qui détient directement ou indirectement plus de 25% du capital
ou des droits de vote dans une ou plusieurs entreprises, il est fait addition des effectifs
permanents et des chiffres d'affaires annuels hors taxes ou des totaux des bilans annuels de
ladite PME et des autres entreprises précitées, sans toutefois que le total de chacun de ces
critères dépasse les seuils fixés ci-dessus.

Cette même charte propose également des critères spécifiques aux entreprises
nouvellement créées (c'est à dire celles qui ont moins de deux années d'existence) : sont
considérées comme PME les entreprises ayant engagé un programme d’investissement
initial inférieur à 25 millions de DH et respectant un ratio d’investissement par emploi
inférieur à 250 000 DH.

Ainsi, après cette définition, une nouvelle politique de promotion spécifique à la PME a
été initiée. La loi formant charte de la PME constitue à cet égard, le cadre de référence de
l'action que mène actuellement l'Etat, en partenariat avec plusieurs acteurs privés. Le
succès de cette politique ainsi que son efficacité exigent qu'elle soit élaborée, mise en
œuvre et coordonnée en relation avec toutes les parties concernées, sur la base des
principes de la concertation, de la participation et de la transparence.

A cet égard, l'Etat s'est engagé à favoriser la mise en place d'un cadre institutionnel de
promotion des PME basé sur des structures et des mécanismes de concertation, de
dialogue et de partenariat avec les opérateurs et les institutions représentatives des PME. Il
encouragera leur participation, à côté des instances publiques à l'échelon local, provincial,

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régional et national dans la mise en œuvre des mesures d'aide et de soutien qui seront
prises dans différents domaines intéressant la PME.

Telle était la philosophie et l’esprit qui prévalaient lors de la rédaction de ce précieux


document.

Dans ce cadre, il a été créé une Agence nationale pour la promotion de la PME (ANPME)
qui est instituée sous la forme d'un établissement public doté d'une structure légère et
s'appuyant, pour la mise en œuvre de ses missions, sur le réseau des institutions publiques
et privées de promotion existantes tout en les dynamisant et en coordonnant leurs actions ;
de même qu'il est établi un cadre juridique plus adéquat pour les associations de soutien
des PME, lesquelles pourraient bénéficier du statut d'associations reconnues d'utilité
publique.

L'Etat a engagé en faveur des PME des réformes visant l'allègement et la simplification
des règles juridiques et des procédures administratives notamment dans les domaines
commercial, fiscal, comptable, de la législation des sociétés, des relations du travail et en
matière de sécurité sociale ainsi que dans le domaine des marchés publics.

L'Etat veille alors à favoriser l'accès des PME aux marchés publics. Il appuie auprès des
administrations, des organismes publics et des collectivités locales, les efforts des PME en
vue de participer plus activement à la commande publique. Il veille aussi à réduire les
délais de paiement des PME attributaires de commandes publiques.

Pour leur part, les PME sont tenues, pour être en mesure de participer à cette action
commune, de s'organiser dans des structures représentatives dynamiques. Elles doivent
fournir un effort important en matière de création d'emplois, de modernisation et de
compétitivité, par la formation, l'amélioration de l'encadrement et le développement des
ressources humaines, par la promotion de la qualité, la recherche-développement,
l'utilisation de technologies modernes, la préservation de l'environnement, ainsi que par
une gestion saine et transparente, conformément aux règles morales régissant une
entreprise citoyenne.

A son rôle classique de création d'emplois et de valeur ajoutée, s'ajoute celui de répartition
des richesses, de formation et d'insertion. La PME devient ainsi un centre sur lequel se

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cristallisent plusieurs fonctions : économique, sociale et culturelle, qui caractérisent une


économie performante et solidaire.

Paragraphe 3- Le capitalisme familial au Maroc et ses implications :

Il n’est sans doute point besoin de rappeler que si le capitalisme au Maroc est marqué par
le poids important de l’Etat dans l’impulsion de la croissance, il demeure fondé
principalement sur la structure familiale de la quasi-totalité des entreprises privées.

En effet, le contrôle familial s’opère souvent au moyen de participation majoritaire. Il peut


s’exercer dans des proportions minoritaires soit directement, à travers les membres de la
famille, soit directement par des filiales interposées, notamment les holdings.

Mais alors, ne faut-il pas définir l’entreprise familiale ? Selon la définition reconnue dans
le monde entier qui est aussi celle retenue ici, une entreprise familiale est une entreprise
dans laquelle une famille contrôle au moins 100 % ou plus de la somme des trois éléments
«capital-actions», «direction» et «conseil d’administration». Une entreprise dont le
capital-actions est détenu à 100% par une famille est donc considérée comme une
entreprise familiale, même si la famille n’influe en rien sur la direction et le conseil
d’administration. De même, une entreprise est considérée comme une entreprise familiale
lorsque la famille ne détient qu’une part minime du capital mais domine la direction et/ou
le conseil d’administration5.

a- Importance du capital familial au Maroc :

En l’absence d’études statistiques sur les entreprises familiales au Maroc et sur leur poids
ainsi que sur leur impact sur l’économie, nous nous trouvons obligés d’aborder la question
d’une manière sommaire en pointant du doigt son caractère qualitatif. Ceci étant, il est
communément admis que la diaspora familiale domine la majorité des secteurs et branches
d’activité de l’économie marocaine.

Le capitalisme marocain se présente comme fédéré, voire centralisé, par de puissants


groupes ou « ensembles » financiers dont la propriété réelle est de type technocratique, liée
au secteur public ou privé. En revanche, il ne faut surtout pas sous-estimer l’importance du

5
«Rentabilité et règles du jeu des entreprises familiales », Centre pour entreprises familiales, Université de Saint-Gall
/ Ernst & Young, janvier 2006

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capital familial en ne s’intéressant qu’aux grandes entreprises et en oubliant le poids très


important des PME dans le tissu économique marocain.

Ces dernières apparaissent contrôlées de façon prédominante par des capitaux privés
d’origine familiale. En effet, si le Maroc est un des pays où le poids de l’Etat dans le capital
industriel apparaît important, il n’en demeure pas moins que le capital privé d’origine
familiale y est assez important.

Néanmoins, dans les activités industrielles et commerciales, l’importance du capital


familial apparaît très inégale : prépondérant dans l’alimentation, la distribution ou le BTP,
il apparaît par contre faible dans la chimie, les métaux ou l’énergie. Ces derniers secteurs
demeurent par ailleurs trop risqués.

b- Culture de la famille et contrôle :

On ne saurait parler, sous quelque forme que ce soit, d’une entreprise absolue de groupes
familiaux ni en termes de participation- contrôle ni en termes de gestion. Dans les secteurs
financiers (banques, assurances) et industriel, l’impact du contrôle familial est
sensiblement atténué par l’alliance triangulaire « privé- secteur public- capital étranger ».

Par ailleurs, il existe une certaine stabilité du contrôle familial, même si le capital est
généralement dilué entre plusieurs personnes ou groupe de personnes. La solidarité
familiale, les affinités culturelles et ethniques s’avèrent souvent des facteurs explicatifs de
cette stabilité. Tout cela explique que le problème de l’équilibre entre actionnaires et
gestionnaires ne se pose pas en tant que tel pour les groupes privés marocains du fait
justement de la structure familiale du contrôle qui n’apparaît pas de nature à favoriser
l’apparition d’un quelque « établissement managérial » connu dans les structures du
capitalisme central. Aussi, les organes de gestion et celles de contrôle se confondent dans
la plupart des cas en raison notamment de l’absence de conflits d’intérêts entre les
membres de la même famille. Les coûts d’opportunité entre actionnaires et gestionnaires
se trouvent par ailleurs amoindris. La légèreté de la structure du management, dans ce cas,
offre un avantage économique et concurrentiel indéniable permettant justement aux PME
une meilleure réactivité face aux perpétuels changements de l’environnement.

Enfin, le contrôle familial n’exclut pas l’existence d’une ou de plusieurs sociétés de type
holding comme instruments centralisateurs d’un certain nombre de participation du
groupe.

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B- Physionomie du tissu économique marocain

Paragraphe 1- Secteurs et Branches d’une économie marocaine en développement

Le Maroc dispose d'une économie de marché libérale régie par la loi de l'offre et de la
demande (bien qu’aujourd’hui certains secteurs économiques restent encore dans les mains
du gouvernement).

Le système économique du pays présente plusieurs facettes. Il se caractérise par une


grande ouverture vers l'extérieur, à ce titre nous pouvons citer les différents accords de
libre échange que le Maroc a ratifié avec ses principaux partenaires économiques :

- L’accord de libre échange avec l'Union européenne dans l’objectif d'intégrer la (ZLE)
Zone Européenne de Libre Échange à l'horizon 2012.

- L’accord d'Agadir, signé avec l'Égypte, la Jordanie, et la Tunisie, dans le cadre de la mise
en place de la Zone Arabe de Libre Échange.

- L’accord de libre échange avec la Turquie.

- Et dernièrement l'accord de libre échange avec les Etats-Unis qui est rentré en vigueur le
1er janvier 2006.

Le Maroc est parmi l'un des rares pays arabes, au même titre que le Liban et la Palestine, à
ne pas posséder de ressources gazières et pétrolières.

Dès l'indépendance, les dirigeants ont décidé d'exploiter les possibilités immédiates
qu'offrait le pays. Les objectifs gouvernementaux, avaient plusieurs buts, dont la
valorisation de l'aspect rural, et agricole du pays afin de bâtir une agriculture, moderne et
performante, malgré les conditions climatiques dont souffre le pays. Ceci dans l’objectif
d’alimenter l’exportation, les marchés intérieurs du pays, et l’industrie agro alimentaire. Il
faut aussi noter que le secteur de la pêche contribue fortement aux exportations.
Les autorités ont opté pour l’exploitation à grande échelle des gisements de phosphates
dont le pays possède environ 1/3 des réserves mondiales connus à ce jour, entraînant ainsi
la mise en place d’un important pôle chimique pour leurs transformations et leurs mises en
valeurs.

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Le secteur de l’industrie de transformation n’est pas demeuré en reste, puisque le pays


cherche toujours à attirer de plus en plus d’investisseurs étrangers. Le gouvernement vise
le renforcement de plusieurs secteurs comme le textile, les industries de transformation
légère, l’industrie mécanique, automobile, pharmaceutique, électronique, les nouvelles
technologies et dernièrement le secteur de l’aéronautique grâce aux entreprises nationales
et surtout aussi aux nombreuses délocalisations européenne dans ce domaine vers le
Maroc.
Au Maroc le développement du tourisme a retenue une grande attention de la part du
gouvernement d’ailleurs ce dernier a depuis toujours fortement incité les investisseurs
privés marocains et les grands groupes internationaux à investir massivement dans ce
secteur.
Le développement du domaine tertiaire s’est fortement accéléré depuis plus d’une dizaine
d’années, avec notamment, les secteurs de la banque, de la finance, de la grande
distribution, de la téléphonie mobile et de l’offshoring (délocalisation des centres d’appels,
et de services, ainsi que des SSII européennes…)

Le secteur agricole est prédominant au Maroc : presque la moitié de la population active est
employée dans ce secteur qui contribue à environ 13% du PIB. Les céréales, les fruits et les légumes
sont les récoltes principales du pays. La croissance économique est excessivement dépendante de ce
secteur. Le Maroc a peu de ressources minérales ; les phosphates sont sa richesse principale.
L'industrie contribue à un tiers du PIB, grâce aux secteurs du textile, des articles de cuir, de la
transformation des aliments, du raffinage du pétrole, et du montage électronique. Le secteur tertiaire
contribue à 55% du PIB ; il dépend exclusivement du tourisme qui reste très dynamique, malgré le
ralentissement induit par l'attentat du 11 septembre 2001 et ceux de Casablanca en mai 2003. Outre
l'octroi de concessions pour beaucoup de services publics dans les villes majeures, le pays a
récemment libéralisé les règles d'exploitation du pétrole et du gaz. Les procédures d'appel d'offre
deviennent de plus en plus transparentes.

Aujourd’hui les grandes réformes et les grands chantiers entamés par le pays ont
commencé à donner de bons résultats, notamment avec la hausse continue du PNB, et ceci
même durant les mauvaises saisons agricoles dues à des périodes de sécheresse très aigus.

Malgré tout cela il reste encore beaucoup à faire pour que le pays s'engage définitivement
dans la voie du développement économique durable ; plusieurs grands défis restent à
relever, notamment ceux concernant la démographie, le chômage, l’analphabétisme, mais

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aussi la généralisation de l’accès aux soins, à l’eau potable et à l’électricité pour les
populations vivant dans les zones rurales désenclavées.

Paragraphe 2- Représentativité des PME familiales dans la l’économie réelle

Selon le président de la Fédération PME-PMI de la CGEM, Monsieur Hammad


KASSAL, « les PME représentent 95% du tissu économique national, 60% des salariés du secteur
privé et quelques 31% des exportations, mais seulement 20% de la valeur ajoutée. Cette modeste
contribution de la PME à la richesse du pays s’explique, outre le sous-équipement des petites
structures, par l’insuffisance du développement des facteurs qualitatifs à fort impact sur la
compétitivité à savoir : l’information, la formation, le conseil, l’innovation, la qualité et les pratiques
de gestion. »

Ces caractéristiques font que les grandes entreprises marocaines préfèrent recourir à la
sous-traitance étrangère limitant ainsi les possibilités d’intégration de notre tissu
économique.

CARTOGRAPHIE DES PMI* MAROCAINES Année 2003

Les PMI* (Petites et Moyennes Industries) dans le secteur industriel marocain :

Total secteur Total Part PMI dans total


industriel PMI secteur industriel
Nb entreprises 6911 6411 92,70%
Effectif 424 672 188 528 44,40%
Effectif moyen (par ent.) 61,5 29,4 -
Production (M DH) 168 886 63 872 37,80%
Production par employé (M 0,4 0,34 -
DH) (prod./eff.)
CA (M DH) 188 978 71 220 37,70%
Exportations (M DH) 45 445 14 083 30,90%
Export / CA 24% 19,80% -
Investissement (M DH) 11 454 4 331 37,80%
Taux d'investissement 6% 6% -
(invest./CA)
Source : Fédération des PME-PMI

A travers la lecture de ces données, il s’avère clair que les PMI représentent la quasi-
totalité des industries marocaines et sont également de fortes pourvoyeuses d’emploi.

Les statistiques présentées par la Fédération sont les plus récentes parmi toutes celles qui
ont cherché à évaluer le poids –en termes quantitatifs- de la PME dans le tissu productif

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national. Néanmoins, celles-ci couvrent uniquement le secteur industriel, alors que la


PME prédomine dans d’autres secteurs, tels que la pêche, la sylviculture, l’élevage et les
métiers traditionnels à forte valeur ajoutée culturelle et sociale (métaux, cuir, couture
traditionnelle...).

La PME accuse également une présence très remarquée dans le secteur du BTP. En effet,
mis à part les activités de production des matériaux de construction (sidérurgie,
cimenteries et fabrication de conduites), la grande majorité des entreprises marocaines de
construction entre dans cette catégorie.

De sa part, le secteur du commerce est constitué dans presque son intégralité de PME. De
plus, dans le secteur des services, et tout d’abord dans le tourisme, la PME constitue un
outil privilégié dans la promotion de l’hôtellerie, de la restauration et des agences de
voyages.

Par ailleurs, les grandes mutations liées aux technologies de l’information qu’a connues le
secteur des communications, combinées à sa privatisation, ont engendré une apparition de
PME nouvelles dans les services de l’Internet, des publiphones, de la téléphonie sans fil, de
l’audiovisuel et de la réception par satellites.

La PME a également accusé une présence de plus en plus remarquée dans le domaine des
transports urbains et inter-urbains depuis leur privatisation au milieu des années 90.

Enfin, la réforme du marché financier et la dynamisation de la bourse ont aussi engendré


la création de PME nouvelles tels que les intermédiaires boursiers, les sociétés de crédit à
la consommation, les intermédiaires d’assurances…

a- Représentativité sectorielle :

Malheureusement en l’absence de données récentes sur les PME- PMI au Maroc, nous
nous baserons dans cette partie sur les statistiques fournies par la Fédération des PME-
PMI qui datent de 2003 et qui concernent en particulier le secteur industriel en tant que
vivier des PMI. Cependant, nous faisons aussi allusion à l’étude du Ministère des Finances
et de la Privatisation de 2000 pour illustrer le poids des PME dans les autres secteurs
d’activité de l’économie marocaine.

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Source : Ministère des Finances et de la Privatisation

Comme cité précédemment, la PME est présente dans tous les secteurs de l’activité
économique marocaine. En terme de nombre d’entreprises, le tissu des PME est composé
d’abord par les activités de commerce et réparations (30%), suivies des activités de
l’immobilier et services aux entreprises (22%) et des industries manufacturières (15%).

En particulier dans le secteur industriel, les PMI semblent avoir une certaine préférence pour
les métiers de base de l’économie marocaine : 50% d’entres elles opèrent dans
l’agroalimentaire et le textile-cuire. Réalisant ainsi près de 86% des exportations de toutes les
PMI toute branche confondue, les PMI textile- cuire et celles agroalimentaire emploient
respectivement 42,4% et 16,8% de la main d’œuvre travaillant chez des structures de petites
taille. Par ailleurs, seulement 154 petites et moyennes industries opèrent dans l’électronique-
électricité, soit moins de 3%. Néanmoins, le secteur de la chimie- parachimie vient en tête de
peloton avec une part de 28% suivi de celui de la mécanique- métallurgique (19%).

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REPARTITION SECTORIELLE DES PMI

Nb Effectif Production CA Exportations Investissements


entreprises
Nb % Nb % M % M % M % M % dans
dans employ dans DH dans DH dans DH dans DH total
total és total total total total PMI
PMI PMI PMI PMI PMI
PMI 1610 25% 31 750 16,8 27 343 42,80 28 40,7 6 486 46% 1430 33%
agroalimentaire % % 986 %
PMI textile-cuir 1609 25% 79 894 42,4 10 172 15,90% 10 327 14,5% 5 598 39,7 905 20,90%
% %
PMI chimiques- 1806 28,20 43 213 22,9 15 412 24% 19 017 26,7 918 6,5% 1213 28%
parachimiques % % %
PMI 1232 19,20 28 642 15,2% 9515 14,90% 11 312 15,8% 878 6,2% 688 15,80%
mécaniques- %
métallurgiques
PMI électrique- 154 2,40 5 029 2,7% 1430 2,20% 9 515 2,20 203 1,4% 95 2,20%
électroniques % %
Total PMI 6411 100% 188 528 100% 63 87 100% 1 430 100% 14 08 100% 4 331 100%
2 3
Source : Fédération des PME-PMI

b- Représentativité géographique :

Celle-ci tient aux conséquences de la politique d’aménagement du territoire mise en place


par Lyautey qui mettait l’accent sur la distinction entre le « Maroc utile et le Maroc
inutile» en privilégiant l’aménagement de la région du Centre Atlantique. Le nouveau
découpage territorial, intervenu en 1996, a donné lieu à l’institution de seize régions
économiques. Il a tenté de corriger de la manière les disparités héritées du découpage
administratif antérieur ; mais faute de ressources financières locales suffisantes, la
décentralisation au niveau communal comme au niveau régional est demeurée impuissante
pour assumer les nouvelles charges que l’Etat lui a transférées.

L’examen de l’inégale répartition des PME à travers les différentes régions économiques
du Maroc s’explique par la persistance de grandes inégalités régionales. Ces disparités se
traduisent par une très forte concentration des PME dans la région du Centre, et en
l’occurrence, dans la région du Grand Casablanca.

Ainsi, les données de la Fédération PME/PMI en 2003, révèlent que le Grand Casablanca
regroupe 39% des PMI marocaines, les régions de Tanger-Tétouan 11%, de Fès- Boulmane
8%, de Rabat-Salé-Khémisset 6 ,7% et que les 35,3% restants se répartissent sur les 12 autres
régions, comme le présente le tableau suivant :

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REPARTITION REGIONALE DES PMI

Nb
Effectif Production CA Exportations Investissements
entreprises
Région Nb % Nb % M % M % M % M % dans
économique dans employés dans DH dans DH dans DH dans DH total PMI
total total total total total
PMI PMI PMI PMI PMI
Chaouia- 269 4,20 6 897 3,50% 3 972 6% 4 237 5,80% 405 2,80% 268 6%
Ouardigha %
Doukala-Abda 240 3,70 4 951 2,50% 2 873 4,40% 3 009 4,10% 796 5,50% 122 2,70%
%
Fès-Boulmane 526 8% 13 683 7% 4 097 6,30% 4 773 6,50% 952 6,50% 257 5,80%
Gharb-Chrarda- 184 2,80 3 697 1,90% 1 798 2,70% 1 829 2,50% 327 2% 165 3,70%
Beni Hssen %
Grand 2 511 39% 96 514 49,60 29 708 45,40 32 44,90% 5 905 40,60% 1 748 39,60%
Casablanca % % 768
Guelmin Es 20 0,30 467 0,24% 316 0,50% 333 0,40% 81 0,50% 22 0,50%
Semara %
Laayoune- 46 0,70 973 0,50% 478 0,70% 509 0,70% 255 1,70% 74 1,70%
Boujdour-Sakia %
Hamra
Marrakech- 330 5% 9 054 4,60% 3 084 4,70% 3 193 4,40% 584 4% 185 4,20%
Tensift- Al
Haouz
meknès-Tafilalt 236 3,60 6 292 3,20% 2 837 4,30% 3 004 4% 107 0,70% 128 2,90%
%
Oued Ed 34 0,50 423 0,20% 824 1,20% 975 1,30% 878 6% 38 0,80%
Dahab-Lagouira %
Rabat-Salé- 432 6,70 12 626 6,50% 2 777 4,20% 3 588 4,90% 461 3,20% 268 6%
Zemmour-Zaer %
Région de 285 4,40 4 934 2,50% 3 142 4,80% 3 466 4,70% 315 2% 199 4,50%
l'Oriental %
Souss Massa 323 5% 7 456 3,80% 47 111 7,20% 5 826 7,90% 2 142 14,70% 504 11,40%
Draa
Tadla-Azilal 111 1,70 1 030 0,50% 198 0,30% 216 0,30% 9 0,06% 4 0,10%
%
Tanger-Tétouan 714 11% 22 456 11,50% 4 182 6,40% 4 629 6,30% 1 283 8,80% 382 8,60%
Taza-Al 179 2,80 2 875 1,50% 427 0,60% 550 0,70% 28 0,19% 45 1%
Hoceima- %
Taounate
Total PMI 6 440 100 194 328 100% 65 424 100% 72 905 100% 14 52 100% 4 409 100%
% 8
Source : Fédération des PME-PMI

c- Participation des PME à la création de la richesse :

L’importance numérique des PME contraste avec leur faible participation à la création des
richesses du pays. En effet, malgré la prépondérance numérique des PME au sein du tissu
productif, la part de leur contribution dans le PIB marocain reste faible.

Par ailleurs, la participation des PME dans la création de la valeur ajoutée globale ne
dépasse guère 21% ; celle-ci est très variable, allant de 0,2% pour la branche de la production
et distribution d’électricité, gaz et eau, à 73% pour la branche de l’immobilier et services
aux entreprises.

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Source : Ministère des Finances et de la Privatisation

La contribution des PME pourrait être plus importante si les contraintes majeures à leur
développement étaient atténuées afin de faciliter une croissance et une répartition
sectorielle et géographique plus équilibrée.

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Nous venons de voir que l’omniprésence de la PME dans l’économie marocaine n’est
nullement un constat sans fondement. La réalité se décline, en effet, par les chiffres.

L’état actuel des choses ne devant pas être trop défiguré par rapport à ce que nous venons
de présenter et les mouvements de marché étant par essence incessants en raison
notamment de la mondialisation, l’enjeu de la croissance pour les PME demeure alors très
urgent. En fait, le Maroc a signé une série d’Accords de Libre Echange (ALE) dont les
deadlines urgent.

Nous vous exposerons dans la partie qui suit une synthèse des différents ALE, de leurs
apports à l’économie marocaine en général et aux PME en particulier tout en stigmatisant
le retard qu’enregistrent celles-ci en termes de croissance et de développement pour
pouvoir survivre face à une concurrence globalisée des plus acharnées.

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27

Section 2 : Défis de la mondialisation et nécessité de croissance pour les PME

A- Dynamique de libéralisation des économies :


Paragraphe 1- Contexte mondial :

Le monde a connu plusieurs mutations à travers l’histoire humaine, ces mutations se sont
vues accélérées après la chute du mur de Berlin. Cette chute a permis un essor
incontestable du capitalisme et du libéralisme, préconisant ainsi une économie dite
mondiale. On parle notamment de mondialisation économique, qui peut simplement
s'entendre d'un processus d'intégration économique rapide entre les pays, induit par la
libéralisation croissante du commerce international et des investissements étrangers
directs et par la plus grande mobilité des flux de capitaux.

Le phénomène se manifeste principalement par une intensification des activités dans les
domaines suivants:


 commerce international des biens et services;

 flux de capitaux (Investissements Etrangers Directs ou IED et flux à court terme);

 rôle des entreprises multinationales (EMN);

 réorganisation des réseaux de production à l'échelon international;

 adoption d'une technologie nouvelle, notamment la technologie de l'information.

Par ailleurs, l’OCDE précise trois étapes qui décrivent la mondialisation économique :
L’internationalisation, c'est-à-dire le développement des flux d’exportation ;

La transnationalisation, qui est l’essor des flux d’investissement et des implantations à


l’étranger;

La globalisation, avec la mise en place de réseaux mondiaux de production et


d’information, notamment les NTIC (nouvelles technologies d’information et de
communication).

Pour certains auteurs, notamment Laurent Carroué, la mondialisation actuelle, ce


« processus géohistorique d’extension progressive du capitalisme à l’échelle planétaire » est à la fois
une idéologie – le libéralisme –, une monnaie – le dollar –, un outil – le capitalisme –, un
système politique – la démocratie –, une langue – l’anglais.

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En effet, la mondialisation économique incite les pays à se faire concurrence en matière de


réglementation, de protection sociale, de fiscalité et d'éducation. Le bilan de cette
concurrence est actuellement impossible à établir. Selon les opinions, elle conduit à un
moins-disant dans divers domaines, où elle privilégie les États les plus efficaces à maîtriser
leur train de vie, où enfin elle met en évidence les inefficacités des différents modèles
sociaux.
A coté de la libéralisation des échanges commerciaux on assistait à d’autres mutations
touchant la sphère financière. En effet, après la deuxième guerre mondiale, les marchés
financiers étaient réglementés nationalement et cloisonnés. Sous l'influence des différents
acteurs mais aussi du FMI et de la Banque mondiale (consensus de Washington) les
marchés ont subi une triple évolution dite « les trois D » : déréglementation (abolition des
contrôles des changes et des restrictions aux mouvements de capitaux), désintermédiation
ou accès direct des opérateurs aux marchés financiers sans passer par des intermédiaires et
décloisonnement (éclatement des compartiments qui existaient). À partir de la fin des
années 1970 un marché intégré des capitaux s'est peu à peu mis en place à l'échelle
mondiale.
Au-delà des aspects géographiques c'est donc une nouvelle logique financière qui s'est
instaurée, ainsi les spécialistes parlent plutôt de « globalisation » financière que de
mondialisation.
La globalisation financière a favorisé le financement des entreprises et celui des balances
des paiements. En supprimant les obstacles à la circulation du capital elle a donné une
impulsion sans précédent aux marchés financiers. Force est cependant de constater que les
vrais gagnants au jeu de la finance internationale moderne sont surtout les firmes
multinationales, les Trésors publics, les établissements de crédit et les investisseurs
institutionnels.
En revanche, on constate que les risques liés au développement des marchés financiers
restent nombreux :


 Contrairement à la logique industrielle la logique financière privilégie le court terme ;

 La volatilité des marchés s'est accrue, entraînant une instabilité des taux d'intérêts et
des taux de change ;

 Les risques systémiques engendrés soit par des pertes économiques importantes ou par
une perte de confiance se transmettent plus facilement à l'ensemble de l'économie

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provoquant alors des difficultés financières, des faillites, l'effondrement du prix de


certains actifs, etc.

La globalisation financière a donné naissance à des risques nouveaux en engendrant des


instabilités nouvelles. La question de la maîtrise de cette globalisation se pose aujourd'hui
avec acuité car les États et les institutions (FMI, Banque mondiale…) ont montré leur
impuissance lors de crises importantes.
Et dans un niveau microéconomique, on constate que seules les multinationales
bénéficient de cette mondialisation. Face aux mutations technologiques et à l’incertitude
d'une crise devenue durable et aux risques encourus dans les pays hôtes, surtout les pays
en voie de développement (instabilité économique et politique, nationalisations).

Les multinationales ont adopté des stratégies globales caractérisées par un glissement de
l'IDE 6 vers les NFI 7, la sous-traitance et les alliances entre multinationales, par un
dégagement des activités de production et un engagement dans la recherche et
développement, la fourniture de services et la recherche de gains spéculatifs facilitée par la
globalisation financière, par le passage du contrôle du capital et de la filialisation vers la
maîtrise d'une activité à l'étranger grâce à la technologie et au financement à partir d'une
société mère ou d'une holding localisée si possible en un paradis fiscal. On passe à une
véritable globalisation de la stratégie d'une " multinationale de style nouveau " lorsque,
simultanément, elle a les caractéristiques suivantes.

Mondialisation et Pays en Voie de Développement : De Marrakech à Doha

A Marrakech, en 1993, à l'issue de l'Uruguay round, les pays en voie de développement


n'avaient guère ou pas été écoutés. En conformité avec l'analyse dominante du moment, la
libéralisation des échanges avait été retenue comme étant le meilleur moyen d'aider les
PVD. Ces derniers, n'avaient guère obtenu d'autres concessions que des délais pour
appliquer les règles communes. Les pays industrialisés, quant à eux, s'étaient accordés du
temps pour éliminer les mesures de protection de leurs activités textiles. Le principal
progrès de Marrakech pour les pays en développement aurait pu être le renforcement des

6
Investissement Direct Etranger.
7
Nouvelles Formes d’Investissement

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mécanismes de règlement des différends. Les plaintes déposées par ces derniers ont
effectivement augmenté, mais l'application des décisions des instances d'arbitrage ressort
toujours de la bonne volonté des pays et les pays en développement ont peu de moyens de
coercition.

À Doha, le contexte était différent : l'équilibre des forces entre Nord et Sud avait changé
du fait des adhésions de nouveaux PVD à l'OMC au cours de la dernière décennie et de la
perspective de l'entrée de la Chine dans le système. En outre, l'échec de Seattle, les
incidents du G8 à Gênes et des études montrant que le libre jeu des marchés n'assurait pas
automatiquement le développement avaient ébranlé la foi dans le libéralisme pur et dur.

Enfin, après le 11 septembre, le temps d'un compromis était venu : les PVD ont accepté un
programme global de travail et de négociations pour montrer leur détermination à
s'attaquer aux menaces politiques et économiques qui pesaient sur le monde, attendant
qu'en retour les problèmes du développement soient intégrés à la négociation.

Il s'agit maintenant de rendre le système commercial multilatéral plus favorable au


développement, ce qui pourra être apprécié à l'aune de l'accès aux marchés que les PVD
obtiendront sans réduction de leur marge d'action pour développer leurs économies. Les
PVD mettent, en effet, l'accent sur l'accès aux marchés des pays industrialisés, sur les
transferts de technologies, sur la nécessité de disposer de marges de manœuvre pour
construire leurs économies, sur la nécessité d'avoir recours à la panoplie des subventions et
protections et d'établir un traitement différencié entre les produits (possibilité de pics
tarifaires) et entre les producteurs (préférences). Le problème reste de concrétiser les
avancées de Doha en faveur des PVD dans les échéances prévues.

D’autre part, la CNUCED a mis en lumière dans son Rapport sur le commerce et le
développement 2002, l'augmentation de la part des produits manufacturés dans les
exportations totales des PVD, ainsi que l'augmentation de la part de ces pays dans les
exportations mondiales de ces mêmes produits.

Cette évolution n'est pas aussi satisfaisante qu'il y paraît. Le rapport fait, en effet, ressortir
que la part de la valeur ajoutée industrielle exportée par les PVD n'a pas véritablement crû,
car même pour des produits relativement sophistiqués comme ceux de l'électronique, les
transformations faites dans ces pays n'impliquent qu'une main d'œuvre peu qualifiée à bas

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31

salaire. Les sociétés transnationales (STN) s'arrangent en effet pour conserver dans les
pays les plus avancés la plus grande part de la valeur ajoutée et ne laisser aux PVD que les
opérations de faible niveau de qualification, telles que l'assemblage. Les aléas de la
demande internationale, comme on l'a vu en 2001 pour l'électronique, se répercutent sur
l'emploi.

Les choses pourront-elles changer, en particulier grâce aux nouvelles technologies qui
pourraient permettre le développement de productions à grande valeur ajoutée ? Cela
suppose des transferts de technologie et l'ouverture des marchés du Nord à ces
productions. Une telle mutation ne se fera pas sans des politiques économiques très
actives, sur le modèle de celles qui ont été adoptées par les NPI 11, par la Corée notamment :
interventions publiques pour l'investissement et la formation, traitement différencié des
productions nationales, protection des marchés intérieurs, appui aux entreprises nationales
pour la recherche et le développement de technologies nouvelles.

Par ailleurs, les pays en développement restent dépendants des fluctuations des cours
internationaux des matières premières. Certains qui n'ont pas réussi à diversifier leur
économie continuent de dépendre de un ou deux produits. C'est le cas de la plupart des
pays africains dont la situation - hors pétrole - s'est détériorée dans les années 1990 après
les progrès des années 1980 pendant lesquelles la part des exportations manufacturières
avait commencé à augmenter.

Aujourd'hui la part de l'Afrique dans le commerce mondial est tombée en dessous de 1%.

Enfin, les exportations agricoles concurrentes des productions européennes continuent


d'être handicapées par les conditions mises à l'accès aux marchés européens : contraintes
de saisons, exigences de qualité, normes sanitaires. Par ailleurs, les pressions exercées ont
amené les pays en développement à ouvrir leurs marchés à des produits subventionnés du
Nord ce qui laisse sans ressources nombre de paysans pauvres au Sud. Certains
agriculteurs du Nord sont en train de prendre conscience de la nécessité de maîtriser les
productions au Nord et d'accepter une certaine protection par les pays importateurs du
Sud afin de ne pas tuer les agricultures du Sud et de reconnaître à ces pays le droit à une
certaine indépendance alimentaire.

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Paragraphe 2- Contexte marocain :

Le Maroc, comme nous le savons, a prit le pari de s’intégrer à l’économie mondiale dans
son nouveau contexte. Sa préparation aux échéances liées à cette intégration exige, à
l’évidence, une mise à niveau de ses entreprises. Or, la plupart des entreprises sont souvent
mal gérées et sous l’effet d’une structure archaïque, caractérisée par une centralisation
accentuée du pouvoir, un organigramme informel, sinon inexistant. A cela s’ajoute, un
environnement économique qui évolue très lentement et qui reste marqué par la culture
d’une période où les barrières douanières cachaient les insuffisances d’une administration
figée.

Aujourd’hui, quels que soit leurs métiers ou leurs tailles, les entreprises marocaines n’ont
plus d’autres choix que d’entrer dans la course à la mondialisation, d’ou l’urgence de se
mettre à niveau. Cela les poussera à une plus grande rigueur dans la gestion de leurs
affaires afin de réduire leurs coûts de production pour être plus compétitives. Leur
environnement économique auquel il conviendra de s’adapter est désormais marqué par la
dé-protection douanière, le désengagement de l’État, l’arrivée massive de concurrents
étrangers puissants et compétitifs.

A l’ère de la mondialisation, l’État voit son rôle redéfini, en passant d’un État
protectionniste à un État régulateur. Les complications administratives, en l’occurrence
celles des procédures, est un terrain fécond à l’apparition de maux dont il faudrait se
débarrasser et en premier lieu la corruption. Pour cela, l’État doit à travers ses
établissements, instaurer une simplicité, une rationalisation et un raccourcissement des
procédures administratives pour ne pas gêner les investissements.

L’État protégeait les entreprises nationales par différent moyens : barrières douanières,
subventions…ce qui rend nos entreprises dépendantes de cette protection. Donc d’ici 2012
une culture de qualité et de compétitivité doit être adoptée, en plus, toutes formes de
protection doivent disparaître progressivement. Parallèlement à ces mesures l’État doit
opter pour des mesures d’accompagnement tel que l’octroi de crédit sans intérêts,
adaptation des textes et des lois par rapport à la mondialisation, la modernisation du cadre
juridique de l’entreprise et son adaptation aux normes internationales, ainsi que le

ISCAE Mémoire de fin d’études 2007-2008


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développement des infrastructures de base pour attirer les investissements étrangers, sans
oublier l’assistance en matière de formations.

Si la mondialisation impose à notre pays de faire face, très vite, à ces insuffisances, elle lui
ouvre la possibilité d'accéder à certains marchés des pays développés…mais il doit en payer
le prix, a court terme tout au moins, car la mondialisation conduit à l’accentuation des
inégalités de développement entre les pays du nord et du sud et à la différenciation de
développement au sein de chaque pays. En effet, elle implique pour un pays comme le
nôtre et plus généralement pour tout pays du Tiers-monde une re-colonisation intégrale
sous des formes nouvelles.

Ainsi, les accords euro méditerranéens, loin d'instituer un "partenariat" visent avant tout à
renforcer "librement" les rapports de dépendance et à légitimer la poursuite des politiques
d'ajustement structurels. Avec en perspective, un développement de la marginalisation de
régions entières, de l'exclusion sociale, une dégradation des conditions de vie et de travail
pour le plus grand nombre, la remise en cause accélérée des acquis sociaux, la montée des
inégalités sociales permettant la concentration et l'accumulation des richesses, au profit
d'une minorité. Cette réalité acceptée, gérée par les gouvernements successifs, relais actifs
des "contraintes de la mondialisation" est présentée comme un fait qui s'impose sans autre
choix possible.
Il faudrait gérer convenablement cette situation de manière à en atténuer les effets
négatifs sur les plus démunis et surtout en réduire la durée par la mise en place de
structures performante dès à présent.

Petit à petit, des brèches s'ouvrent dans les secteurs protégés et subventionnés comme
l'agriculture, ce qui permet aux pays industrialisés d'écouler leurs excédents agricoles. Les
pays qui perdent des plumes sont ceux qui n'ont pas construit leurs avantages comparatifs
sur des bases solides. Ceux qui n'ont pas créé les conditions favorables pour l'émergence
d'une agriculture performante et compétitive. Dans le domaine de l'agriculture, comme
dans celui de l'industrie et des services, les pays du nord n'hésitent pas à pratiquer un
protectionnisme déguisé sous forme de normes technologiques sanitaires,
environnementales ou sociales. Là, réside le principal risque pour les pays en
développement. La réside le paradoxe du libre échange des clauses sociales entre autres.

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Par ailleurs, la question qui se pose est comment le Maroc peut-il faire face à la
mondialisation ? Le rouleau compresseur de la mondialisation est en marche, et notre pays
a tout intérêt à s'ouvrir sur l'extérieur, et à éviter toute politique isolationniste. Il doit
prendre le meilleur, s'adapter et contribuer à la culture mondiale tout en comptant sur lui-
même, et en essayant de s'adapter aux contraintes de la libéralisation prônée par
l'Organisation mondiale du commerce (OMC).

Sur le plan économique, il doit développer les secteurs où il dispose d'avantages


comparatifs tels que le tourisme, l'agro-industrie, le textile et les autres branches
industrielles identifiées par le plan Emergence. De plus, l'out-sourcing et le complexe
portuaire Tanger-Med, permettront à notre pays de se positionner par rapport aux autres
pays de la Méditerranée. Le Maroc doit continuer à libéraliser son économie en réduisant
les tarifs douaniers et en améliorant la flexibilité du marché du travail. Il doit également
réformer sa politique fiscale et de changes. Il doit redoubler d'efforts en matière de
recherche pétrolière et de gaz, renforcer sa politique de l'eau, car le Maroc figure parmi les
pays menacés de pénurie d'eau. Sur le plan extérieur, et en vue des enjeux mondiaux à
l'horizon 2025, le Maroc devrait renforcer ses liens avec l'Europe et les Etats-Unis.
Il devrait également, malgré les vicissitudes actuelles, militer pour l'édification de l'Union
maghrébine, car l'avenir réservera de moins en moins de place aux petits Etats.

Dans ce contexte de mondialisation, le Maroc a pris l’initiative de s’aligner et de s’intégrer


dans la sphère internationale en signant des accords de libres échanges avec divers pays.
Notamment l’Union Européenne, les Etats Unis, la Turquie et la Jordanie, la Tunisie et
l’Egypte. Chacun de ses accords porte sur des aspects économiques, financiers et de
collaboration au niveau social et culturel.

Accord libre-échange : Maroc Turquie


L’accord signé entre le Maroc et la Turquie devait à termes permettre à des produits
marocains, dont la matière première est issue de ce pays, d’entrer en Europe avec un
certain différentiel au niveau du droit de douane. Cet avantage indéniable pour le secteur
textile sera encore plus important avec la signature en vue d’une union douanière entre le
pays de Moustapha Kamal et l’Union des 25.

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L’accord de libre-échange signé par Rabat et Ankara en 2004 et entré en vigueur en 2006,
permettra aux marchandises marocaines d’accéder au marché turc, exonérées des taxes
douanières.

Accord libre-échange : Maroc Union Européenne


Les liens entre le Maroc et la Communauté européenne ont été renforcés en 1996 par
l’Accord d’Association Maroc-UE entré en vigueur le 1er mars 2000. Il constitue la base
juridique des relations entre l'UE et le Maroc. Cet Accord devra progressivement instaurer
le libre échange des produits industriels, auxquels l'Union européenne a déjà accordé le
libre accès, tandis que le Maroc s'est engagé à opérer un démantèlement tarifaire sur une
période de 10 ans. En ce qui concerne les produits agricoles, de nouvelles concessions
commerciales réciproques sont entrées en vigueur en janvier 2004.

L'Accord contient en outre des dispositions relatives à la liberté d'établissement et à la


libéralisation des services, à la libre circulation des capitaux et aux règles de concurrence,
au renforcement de la coopération économique et de la coopération en matière de
migration et d'affaires sociales, de même qu'à la coopération culturelle. Dans l’objectif de
créer d'une zone de libre échange à l'horizon de 2012.

Plusieurs mécanismes et institutions sont mis en place pour accompagner et développer la


coopération. Il s’agit, notamment, du conseil d’Association au niveau ministériel, du
comité d’Association au niveau des hauts fonctionnaires et des comités et sous-comités
thématiques. Ces derniers couvrent les domaines suivants: le marché intérieur, l’industrie,
le commerce des biens et services, le transport, l’environnement et l’énergie, la recherche
et innovation, l’agriculture et la pêche, la justice et sécurité et les questions relatives aux
droits de l'homme, la démocratisation et la gouvernance.

Le concours financier de l’Union européenne s’est focalisé sur les secteurs se rapportant à
l’appui à la transition économique et au renforcement de l’équilibre socioéconomique. Il a
porté également sur la mise à niveau du secteur privé, l’ajustement du secteur financier, du
secteur de la santé et du secteur de l’eau et le développement des échanges commerciaux,
ainsi que la réforme administrative.

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De plus, une évolution majeure dans la coopération financière du Maroc avec l'Union
européenne a été initiée, avec la mise en place de la Facilité Euro-Méditerranéenne
d'Investissement et de Partenariat (FEMIP) en octobre 2002. Celle-ci repose sur la
facilitation de l’accès aux crédits à long terme, la mise à disposition de capitaux à risques,
de produits financiers innovants (financement en fonds propres, financement en quasi-
fonds propres, crédits bail, micro-finance, micro-entreprise) ainsi que sur l’octroi des
bonifications d’intérêt dans le cadre de projets environnementaux.

Ainsi, entre octobre 2002 et décembre 2006, les projets financés dans le cadre de la FEMIP
se sont chiffrés à 1040 millions euros, faisant du Maroc l’un des principaux pays
méditerranéens bénéficiaires de cette facilité, juste derrière l’Egypte et la Tunisie (2063
millions euros et 1114 millions euros respectivement). La ventilation des projets financés
fait ressortir la prédominance des fonds alloués aux infrastructures, notamment l’énergie
et les transports qui représentent 60% du volume total des financements reçus par le
Maroc au titre de la FEMIP.

Néanmoins, force est de constater que la situation actuelle de l’intégration économique et


commerciale entre l'Union européenne et le Maroc n'est pas aussi poussée qu'elle devrait
l’être. En principe, tout laisse suggérer que le Maroc et l'Europe devraient former un
espace dense d'échanges et d'investissements. Le bilan demeure encore en deçà des
attentes. Même si le Maroc réalise les deux tiers de son commerce extérieur avec l'Europe,
la proportion des investissements européens qu’il reçoit demeure encore faible.

Accord libre-échange : Maroc Etats-Unis

Pour mieux brandir la carte de libre-échange Maroc-Etats-Unis et par la même occasion,


promouvoir la mise en œuvre de l’accord signé le 15 juin 2004 et mis en vigueur le 1er
janvier 2006, le comité conjoint de suivi de l’ALE a tenu sa première réunion à Rabat les 13
et 14 mars 2008. Bien qu’à peine deux ans se soient écoulés, l’état de mise en œuvre d’un tel
accord a été évalué. Il ressort de cette réunion, que les flux commerciaux ont été renforcés
et les activités économiques des deux pays, notamment, le marché public et la logistique,
ont été développés. Si Shaun Donnelly, représentant américain adjoint au commerce pour
l’Europe et la Méditerranée ne s’est pas empêché d’exprimer sa satisfaction des progrès

ISCAE Mémoire de fin d’études 2007-2008


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réalisés par l’ALE en deux ans, des observateurs économistes demeurent loin d’être
satisfaits et se posent avec acuité la question suivante : Quelles sont les opportunités
offertes de part et d’autre dans les secteurs créateurs de richesses, générateurs des effets
d’entrainement sur le tissu entrepreneurial marocain et mobilisateur de force de travail ?
C’est ainsi que Abdellatif Maâzouz, Ministre du commerce extérieur, a suggéré lors d’une
conférence de presse organisée par le ministre du commerce extérieur, la mise en place
d’un comité ad hoc pour avoir une vision claire sur la relation marocco-américaine à
connotation économique, et afin que les opportunités pouvant être saisies, relèvent des
secteurs à forte valeur ajoutée, comme il a fait forte allusion au secteur textile, agro-
alimentaire et de service.

En effet, le Maroc n’exporte actuellement que 63 millions de dollars, soit 1% du marché


américain qualifié de grand marché et caractérisé par 93 milliards de dollars de
consommation en produit textile. Au moment où le Maroc est appelé à activer des accords
de libre échange, les exportateurs ne bénéficient pas de signaux particulièrement
attrayants et perdent quelques points dans des marchés traditionnels, comme ils ont du
mal à en gagner sur d’autres débouchés, tel que le marché américain. En termes
d’exportation et d’emploi, on peut parler de véritables opportunités pour l’industrie
marocaine, considérée dans son ensemble.

Accord d’Agadir
L'accord d'Agadir est un prélude à la future zone Euro-méditerranéenne de libre-échange.
Signé le 25 février 2004, et entré en vigueur le 27/03/2007 il crée une zone de libre échange
arabe, qui regroupe actuellement l'Égypte, la Jordanie, le Maroc et la Tunisie. La
Commission Européenne n'a cessé de soutenir cette initiative sur le plan politique depuis
la signature de la déclaration d'Agadir en mai 2001, et l'appuie aussi grâce à un programme
de 4 millions d'euros.
Le Liban avait entamé des consultations en vue de son adhésion à l'accord d'Agadir auquel
sont, en principe, éligibles, tous les pays arabes riverains de la Méditerranée et liés à l'UE
par un accord de libre échange (officiellement, accord d'association). Mais l'Algérie a
opposé un net refus aux sollicitations de l'UE et de ses voisins maghrébins, préférant,
officiellement, une intégration économique chapeautée par l'UMA (Union du Maghreb
Arabe, Algérie, Libye, Maroc, Mauritanie et Tunisie).

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Les pays de l'accord d'Agadir se sont enfin dotés d'une structure permanente, ATU
(Agadir Technical Unit) a été créée dont le siège est fixé à Amman.

Les accords signés par le Maroc étant tous entrés en vigueur, notamment ceux conclus
entre le Maroc et la Turquie d’une part, et entre le Maroc et les USA d’autre part.

Ces accords de libre échange s’ajoutent à ceux déjà conclus avec d’autres pays comme la
Tunisie, les E A U, et l’Arabie Saoudite notamment. Mais ils sont singuliers, par leur
caractère stratégique et les perspectives sans communes mesures avec les autres accords
qu’ils ouvrent pour le Maroc et pour la Turquie et les USA.

L’entrée en vigueur de ces accords se réalise dans une période où l’accord Emirati donne
lieu à d’âpres contentieux, dont l’objet est la règle d’origine des produits. Ces conflits sont
prémonitoires, et doivent avoir valeur d’avertissement et de recommandation de prudence
pour les opérateurs marocains aussi bien à l’import qu’à l’export.

Si les accords de libre échange sont bénéfiques en soi, il ne faut pas se dissimuler qu’ils
peuvent aussi être l’occasion de contourner les règles douanières pour beaucoup de larrons
étrangers qui tenterons ainsi d’accéder en toute franchise douanière à des marchés où leur
pays d’origine n’est pas admis de façon préférentielle. D’où la nécessité de veiller à la
stricte application des règles de l’origine des produits explicitées par tous les accords de
libre échange, et érigées en garde fou contre l’exportation abusive ou trompeuse.

Les accords de libre échange peuvent également être la cause de déstabilisation de sections
économiques entières, lorsque l’importation de certains produits à des conditions trop «
bon marché » menace les productions locales dont la compétitivité s’est trouvée à un
moment donné et pour diverses raisons insuffisantes.

Les accords de libre échange comportent un dispositif de protection contre de telles


importations dommageables à travers des clauses de sauvegarde aux conditions et
modalités très précises.

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D- Les PME marocaines face à une rude concurrence globalisée :

Les accords de libre échange, comme chacun sait, ont pour objectif de créer un espace
économique d’échanges des biens et des services entre les co-signataires décidant de
promouvoir leurs relations commerciales.

Ses dispositifs juridiques destinées à régir et à encadrer cet objectif, se résument


essentiellement en un corps de règles contenant des mesures douanières préférentielles
réciproques, allant de la réduction substantielle des taxes douanières, à leur suppression
pure et simple sur une base de réciprocité.

Cependant, la tentation est grande, pour des opérateurs ressortissants de pays non
concernés par l’accord de libre échange d’accéder indirectement et indûment aux
conditions préférentielles édictées en exportant leurs produits à des opérateurs
ressortissants de l’espace de libre échange.
Cette intrusion inopportune, pourrait ainsi fausser l’équilibre économique visé par la
convention de libre échange, et à terme la vider de sa substance.
C’est en perspective d’éviter ce détournement des dispositions de libre échange de leur
finalité, que ces derniers instituent un dispositif protecteur, autour de la notion
« d’origine » des produits accessibles à régime préférentiel.
Les biens échangés par la Maroc et les pays co-signataires d’accords de libre échange, sont
des biens ou entièrement produits ou fabriqués sur le territoire des deux parties, ou comme
c’est le cas très souvent, obtenus à partir d’un processus de mélange, d’assemblage ou de
transformation faisant intervenir des intrants en provenance de pays tiers.
Le critère de rattachement de ces produits d’origines combinés échangés entre les états co-
signataire de l’accord de libre, est celui de la valeur ajoutée d’origine nationale. La valeur
ajoutée se définit comme le coût des processus d’obtention et de production des biens
ajoutés à la valeur des matières produites et leur croît de transformation.
La part de cette valeur ajoutée nationale dans la valeur totale des biens échangés, doit
atteindre un certain pourcentage pour que ledit bien dit « d’origines combinées » soit
accessible au régime préférentiel de l’accord de libre échange.

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Le pourcentage de cette valeur ajoutée est ainsi de 35% minimum pour la plupart des biens,
dans le cadre de l’accord de libre échange Maroc – USA (article 5-1).
Cette valeur ajoutée doit être de 40 % minimum, dans le cadre de l’ALE Maroc- E A U.

L’objectif visé, et d’éviter que les opérateurs des pays contractants, ne se limitent à
importer dans un port franc de leur pays, donc en transit, des produits auxquels ils
n’apportent aucune valeur ajoutée substantielle, qu’ils exportent par la suite en espérant
ainsi les habiller des atours de leur nationalité et obtenir les franchises douanières
instituées.
La précision s’affine afin d’être plus dissuasive pour les fraudeurs qui ne sont jamais en
manque d’imagination. Ainsi les produits exportés par un pays signataire vers un autre,
via un transit ou un transbordement, ne seront pas admis comme produit d’origine s’ils
ont subit lors de ces opérations, des manipulations autres que le déchargement, le
rechargement ou toute autre manipulation nécessaire à la préservation ou au transport vers
l’autre pays (Cf art 5.- de l’ALE Maroc – USA)
Les autorités compétentes du pays importateur (au Maroc l’administrateur des douanes)
peuvent contester la conformité d’une importation aux règles d’accessibilité au régime
préférentiel, si elles ont les éléments nécessaires leur permettant de donner une base légale
à cette contestation.

L’affaire stokpralim contre l’administration des douanes, actuellement pendante devant le


Tribunal administratif de Rabat, en offre ici une illustration actuelle. Importateur
marocain de lait en poudre pour 600 tonnes en provenance des Emiratis Arabies Unis, a vu
cette importation bloquée, comme non conforme aux exigences de la règle de l’origine.
L’exportateur n’a semble-t-il pas respecte la règle de l’apport nationale de 40 % de valeur
ajoutée minimum au produit exportée.
Malgré la délivrance par le Ministère de l’économie des Emirats d’un certificat d’origine
faisant état d’une intégration de 52 % de valeur ajoutée au produit litigieux, sur le territoire
des Emirats, la douane marocaine a constitué l’origine, pour détenir des informations
tangibles établissant que la Malaisie est la vraie origine du produit, et que la seule
ouvraison qu’il a subit, au port Emirati de Djebel Ali, n’était qu’un entreposage en transit,
ce qui ne suffit pas, loin s’en faut à constituer une valeur ajoutée de 40 %.

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Cependant, l’application de l’accord peut être source de grande difficulté, lorsqu’elle vient
à aggraver les faiblesses ou la fragilité d’un secteur économique d’un des pays co-
signataires.
Des dispositifs de préventions sont alors mis en place par les ALE, pour préserver leur
économie, le temps de prendre des mesures curatives.
Il ne faut pas oublier que le Maroc est un pays en développement. Son tissu industriel,
malgré de remarquables progrès, souffre d’une faiblesse de structures financières, et d’une
insuffisance d’investissements, ce qui pénalise sa compétitivité.
Par ailleurs, le Maroc faut-t-il le rappeler avec force, est un pays agricole. La part de
croissance générée par l’agriculture et largement plus importante que celle produite par les
autres secteurs économiques. La stabilité du milieu rural, on le comprend, est le gage de
l’équilibre régional au Maroc. Or les conventions de libre échange conclus avec certains
Etats, comme la Turquie et les USA, peuvent si l’on n’y prend garde, porter gravement
atteinte à certains secteurs industriels, ou agricoles de notre économie. Ces pays ont
développé des industries très bien structurées financièrement et techniquement, ce qui les
rend redoutablement compétitifs. Et concernant les Etats Unis, la mécanisation entière de
son agriculture fait de ses produits agricoles, des produits difficiles à concurrencer.
L’importation massive, des produits de ce pays peut si l’on ne prend pas de mesures
anticipatrices, mettre à mal sérieusement une partie de notre industrie et de notre
agriculture. La technique de préservation adoptée par les ALE est double.
Il s’agit de mesures de prévention (comme pour l’ALE Turc) ou de mesures de sauvegarde
(comme pour l’ALE USA). La technique utilisée consiste à faire de la franchise douanière
totale, un objectif fort, entre les pays signataires, mais un objectif à atteindre
progressivement et non point de façon brutale. Ensuite, elle consiste à appliquer les
accords de suppression des tarifs douaniers de façon non réciproque, pendant une durée
déterminée, en faveur de l’état dont il convient de protéger l’économie, avant d’arriver à la
parité.
Ainsi l’accord Maroc-Turquie institue un système asymétrique sur une période de 10 ans,
pendant laquelle, les produits marocains seront exportés en toute franchise douanière,
alors que beaucoup de produits turcs (surtout des produits industriels), ne seront importés
que moyennant une taxe douanière qui sera progressivement réduite dans le temps, pour
atteindre la suppression, aux termes de 10 années.

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Cette période est destinée à compenser le retard industriel du Maroc par rapport à la
Turquie, et de faire en sorte que l’accord de libre échange ne devienne pas une source de
déséquilibre par l’autre partie.
La deuxième méthode appliquée par les ALE, pour parer le risque de déséquilibre
économique évoqué plus haut, est l’adoption d’une clause de sauvegarde, permettent à la
partie dont un des secteurs économiques connaît des difficultés structurelles ou
conjoncturelles, et pour laquelle l’application de l’ALE constituerait un facteur aggravant,
d’obtenir la suppression des exonérations douanières, pendant le temps nécessaire à
l’application de mesures curatives de redressement.
La reprise de l’application des droits de douane, aux produits de l’autre partie, sera alors de
nature à protéger la production économique du pays en difficulté le temps nécessaire à sa
guérison. C’est l’objectif du chapitre 8 de la convention Maroc – USA.
Les productions américaines de céréales et de viandes, sont si compétitives, que leur
exportation massive au Maroc, à la faveur de l’ALE, pourraient menacer nos productions
qui n’ont pas encore acquis le même niveau de développement et de modernisation.
Si l’hypothèse se confirmait l’application du chapitre 8, serait alors un rempart
appréciable.
Que faut-il faire pour réussir le mariage entre l’attractivité et l’intégration mondiale ? Si le
pari d’exporter sur le marché international, n’est même pas gagné par les entreprises ayant
une santé d’acier, et qui ont du mal à exporter vers le marché espagnol, comment la PME
opérant dans une industrie obsolète et vieillissante parviendra-t-elle à exporter vers le
marché américain réputé pour ses exigences de qualité, de taille critique et de
normalisation. Plusieurs fois, on a l’impression que le Maroc a signé des accords dans la
précipitation et que la hâte à libéraliser devance la mise à niveau de l’économie nationale.
Il ne faut pas se leurrer sur nos intentions face à une économie d’échelle de grosse
consommation composée de presque 265 millions d’habitants. Les Etats-Unis, c’est 50 Etats
et chaque Etat se distingue par son mode de vie et son style comportemental. Seule une
économie à forte flexibilité peut répondre aux exigences multiples de ces Etats en matière
de consommation.

Combien de fois, il a été réitéré que seules les PME-PMI brassant toutes les activités
disposant d’un comportement flexible et ayant forte capacité interstitielle pour dénicher
des opportunités, peuvent entreprendre à merveille le vaste chantier de l’ouverture à

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l’international. Malheureusement, et eu égard aux potentialités que la PME-PMI peut


receler, leur contribution à la création de richesse demeure trop maigre et leur orientation
vers le marché international reste faible. Pour les observateurs, cet état de lieux provient
des difficultés spécifiques à la PME, à savoir, la fragilité de ses structures et la faiblesse des
moyens techniques, humains et financiers. Le malaise ne peut que s’installer, quand on
entend dire que les efforts des pouvoirs publics envers la PME n’ont jamais donné leurs
fruits et que tous les programmes qui ont été mis en œuvre, n’ont aboutit qu’à des résultats
médiocres. Pis encore, quand il s’agit de tout mettre à plat et de développer d’autres
formules soi-disant plus efficaces. S’il est vrai que des entreprises ont été accompagnées et
que des programmes multiples enchevêtrés ont été mis en œuvre pour rehausser le niveau
de compétitivité de la PME marocaine, peut-on évaluer la part de la valeur ajoutée
additionnelle de ces entreprises dans le PIB national ? Pourquoi le sort de ces programmes
a été un fiasco ?

Combien de fois le gouverneur de Bank Al Maghreb, n’a-t-il pas dissimulé son inquiétude,
quant à l’exclusion des PME du circuit classique de financement. Ainsi, le gouverneur a
envoyé une note succincte au GPB (Groupement Professionnel des Banques) en décembre
2003 et une commission mixte a été constituée pour remédier à la situation de sous
capitalisation des PME marocaines et pour veiller à leur mise à niveau financière.
Plusieurs sont les PME portant le proverbe « marche ou crève » dans leur actif, ont
manifesté un intéressement sans précédent, pour cette démarche de transparence, car elles
n’ont pas le choix si elles désirent accéder aux marchés publics, au crédit aux organismes
des garantis, au soutien à l’exportation, bref à une mise à niveau.

Le rating ou la notation aussi bien financière qu’organisationnelle, managériale et


comportementale, allait provoquer une révolution structurelle dans le monde des affaires
marocain car il allait servir de document de base et d’outil d’évaluation projetant une vue
objective autour des PME afin d’attribuer ou pas à la mise à niveau de ces derniers.
Il est à souligner que face à l’étroitesse du marché local sous le fait de la faiblesse du
pouvoir d’achat en chute constante, les entreprises sont contraintes à exporter pour
pouvoir survivre. Or, s’ouvrir à l’international n’est nullement un acte aisé. Convaincue
que la convertibilité de la monnaie nationale en devise est primordiale, elle s’est inscrite
parmi les dossiers chauds qui jonchaient dans le bureau de l’ex-ministre de l’économie et

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des Finances. La possibilité d’aller vers une convertibilité totale, s’est présentée comme un
objectif stratégique important.
Comment est-elle pratiquée la sortie de devises du Maroc ? Comment résoudre l’équation
pour une entreprise opérant à l’international via la sous-traitance ou l’importation des
intrants nécessaires à un cycle d’exploitation rationné pour réussir une exportation ?
Comment convertir 600 millions de DS en devises ?
Pour ce faire, la libéralisation des changes fait un pas de plus dans le concret avec la
publication des circulaires d’application sur le site de l’office des changes. Six grands axes
ont été soulignés. Il s’agit du règlement des acomptes et le paiement par anticipation des
biens et services, la détention des comptes en devises ou en dirhams convertis au nom
d’exportation, des investissements à l’étranger, des crédits à l’exportation et la couverture
du risque de change. De telles dispositions ne peuvent qu’être applaudies. Mais quand on
apprend que le montant transféré au titre de l’investissement à l’étranger est fixé à 30
millions de DS, vite on rechigne à un tel plafonnement qui demeure insuffisant.
Ajoutons que l’offre est limitée aux personnes morales inscrites aux registres de commerce
et ayant au moins trois années d’activités. Face à ce plafonnement, on a l’impression que
l’administration a du mal à concevoir l’entreprise marocaine autrement, que sur la
protection et la fermeture des frontières. Sous prétexte de maîtriser la sortie des capitaux
en devises, il parait que la convertibilité du dirham impacte favorablement les seuls
marchés financiers et particulièrement le secteur bancaire et celui des assurances. Les
banques préfèrent tourner vers le marché international plutôt que de traiter directement
avec la banque centrale. En plus, les revenus et les plus values sont réinvesties auprès de
ces mêmes banques internationales au lieu de lever le plafonnement et faire bénéficier les
entreprises exportatrices de la liquidité en devises. Ce n’est pas la monnaie étrangère qui
manque, mais c’est la justesse dans les mœurs d’applicabilité de loi réglementant le marché
de change qui fait grand défaut. Il est à ajouter que la libéralisation non maîtrisée peut
provoquer l’effet négatif sur notre économie au lieu de se présenter comme une solution
adéquate pour promouvoir les exportations, pour attirer les IDE et lutter contre le marché
informel de change et par conséquent des marchandises. La libéralisation a présenté
plusieurs risques liés en premier lieu à la fragilité macro économique du pays, au défit
budgétaire instable aux réserves en devises limitées, au système financier et bancaire
fragile et à une balance de paiement déséquilibrée. De ce fait, la prudence doit être de mise
et la maîtrise de la libéralisation progressive demeure la règle. De plus en plus engagées

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dans les transactions à l’international, les entreprises marocaines concluent davantage des
transactions.
Ces opérations mettent directement l’entreprise en situation de risque dû aux variations
du cours du marché. Les opérateurs sont appelés plus que jamais à gérer le coût de risque
de change pour s’ouvrir surtout sur le marché américain. Faut-il rappeler que le dollar est
en chute spectaculaire et la variation de cours va automatiquement mettre l’entreprise ou
sa contrepartie commerciale au risque de change et avec un impact direct sur l’activité
commerciale. L’exemple de l’entreprise exportatrice de marbre sur le marché américain et
sous traitant le découpage en Espagne, est largement significatif. Ce qui se passe
aujourd’hui dans le pays de l’oncle Sam, préoccupe les économistes et les financiers.
L’économie américaine tremble sur ses bases et les multiples secousses poussent à la
réflexion. La chute du dollar face à l’euro accroît les risques inhérents à l’opération
commerciale (risque de contre partie) que la variation du cours de monnaie de facturation.
Cette chute peut paraître pour certains, profitable dans la mesure où les opérateurs qui
traitent majoritairement en dollar, dont le cours baisse depuis quelques temps, ne sont pas
censés pour autant avoir recours à une gestion de risque entre le moment de la passation de
la commande et celui du paiement. Le cours diminue encore plus et fait gagner à ces
mêmes opérateurs des sommes considérables. Mais cette profitabilité est-elle toujours le
cas de figure ? Comment profiter à une chute du dollar quand il s’agit des opérations
d’exportation ? Lorsque les opérations d’achat sont libellées en monnaie dont le cours est
relativement stable ou en baisse, l’entreprise ne peut vraisemblablement pas justifier la
mise en place d’instrument de gestion du risque de change. Par contre l’entreprise peut
adopter une attitude spéculative. Quand il s’agit d’exporter aux Etats-Unis, la gestion du
risque de change est impérative, surtout quand la passation de l’écriture comptable est
libellée en dollar. La facturation en dirhams est une situation de facilité pour les
entreprises marocaines, puisque le risque est dès lors, à la charge de l’autre partie
contractante.

Cependant, l’entreprise n’a pas toujours la possibilité de facturation en monnaie nationale.


Comment peut-elle assurer une parité adéquate et rationnelle à la variation du cours d’une
monnaie qui n’est pas la sienne ? Certes, en termes comptables, les moyens de couverture
contre le risque de change existent sous plusieurs formes, mais le choix du type de contrat
de couverture ne dépend pas de la seule tolérance au risque et des prévisions que

ISCAE Mémoire de fin d’études 2007-2008


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l’entreprise consacre à l’évolution probable des taux de change, mais surtout d’un marché
de change organisé sur lequel les acteurs économiques peuvent faire appel aux produits
dérivés relatifs au risque de change. Or, ce marché quasi inexistant au Maroc, est
prédominé par les banques commerciales qui offrent de nombreux produits, hors cote ou
de gré à gré. Le taux de change ne peut se limiter à une simple polémique de la dévaluation
qui est loin d’être une stratégie à long terme pour soutenir les produits, mais il doit et
surtout porter sur le régime de change. D’après Josef Stiglitz, économiste financier et
penseur, une libéralisation non maîtrisée et mal gérée, risque de fragiliser le système
économique d’une nation.

ISCAE Mémoire de fin d’études 2007-2008


47

Section 3 : Le marché boursier : une issue de croissance en vogue… dominée


par les Big Caps

A- Présentation de la sphère boursière marocaine :

Paragraphe 1- Utilité du marché boursier :

Le marché boursier est le lieu où les valeurs marchandes sont émises et négociées.

Ce marché, en canalisant l’épargne des investisseurs financiers sur les différentes valeurs
mobilières joue un rôle très important sur le plan économique en permettant à l’Etat (le
Trésor), aux entreprises publiques et semi-publiques ainsi qu’aux sociétés privées de
trouver les ressources longues nécessaires au développement de leurs programmes. Ils
contribuent ainsi à la formation brute du capital fixe et à son accroissement c'est-à-dire à
l’investissement et à la croissance.

Aussi, faudrait-il éclaircir, au préalable l’utilité et la raison d’un tel marché. En effet, le
marché boursier offre plusieurs avantages pour l’économie et pour les épargnants et les
actionnaires d’autre part.

a. Avantages pour l’économie marocaine :

Le marché boursier est un marché de capitaux de longue durée qui représente l’ensemble
des offres et des demandes de capitaux pour les souscriptions au capital des entreprises et
de placements à long terme.

Pour classique qu’elle soit, cette définition est parcellaire car elle met l’accent seulement
sur sa finalité principale, c'est-à-dire celle d’être un marché de capitaux longs.

Par conséquent, les différentes fonctions économiques du marché boursier peuvent être
regroupées en trois classes :


 Un circuit de financement de l’économie nationale ;

 Un moyen d’organiser la liquidité de l’épargne investie à long terme ;

 Un outil concourant à la mutation des structures industrielles et commerciales.

a) Circuit de financement de l’économie nationale :


Le marché boursier a pour mission principale le drainage d’une partie de l’épargne en vue
de contribuer au financement de l’économie nationale. En effet, par la collecte des capitaux
auprès des agents économiques qui disposent de capacités de financement, le marché

ISCAE Mémoire de fin d’études 2007-2008


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boursier procure aux entreprises et aux administrations publiques de ressources longues et


confère à l’état des moyens supplémentaires pour mener à bien sa politique dans les
domaines économiques et sociaux.

Le marché boursier participe au financement des investissements des entreprises. Son rôle
dans ce domaine est, certes, resté longtemps modeste au regard de celui du système
bancaire, mais il n’en demeure pas moins qu’il ne saurait être tenu pour secondaire :

L’apport qu’il représente est en constante progression dans un contexte macroéconomique


ayant comporté plusieurs phases très contrastées (Programme d’ajustement structurel…) ;

Les capitaux qu’il draine constituent des financements à long terme dont l’importance est
essentielle pour compléter l’autofinancement ;

Enfin, le marché boursier établit un circuit quasiment direct entre l’épargnant qui désire
placer ses capitaux et l’investisseur qui a besoin de ces capitaux. (L’émetteur d’actions ou
d’obligations a certes recours aux services d’intermédiaires financiers mais ceux-ci ne font
que mettre en rapport épargnant et investisseur, sans s’interposer entre eux).

b) Un moyen d’organiser la liquidité de l’épargne investie à long terme :

La seconde fonction du marché bousier, complémentaire de la première consiste à


prémunir, contre le risque d’immobilisation, une épargne qui hésiterait à s’engager si elle
n’était rassurée sur sa faculté de redevenir liquide.

En permettant l’ajustement de l’offre et de la demande des titres, les mécanismes boursiers


répondent à cette attente. En effet, les placements sur le marché boursier ont l’avantage
d’être immédiatement mobilisables : le détenteur d’un titre coté en bourse a, ipso facto, la
possibilité de le revendre à un autre investisseur.

c) Un outil concourant à la mutation des structures industrielles et commerciales :

En donnant à des sociétés la possibilité de régler, au moyen de leurs titres, l’acquisition


d’autres affaires, le marché boursier facilite les regroupements d’entreprises.

En effet, ce marché a toujours joué un rôle clé dans le processus de concentration des
entreprises dans les pays du monde entier.

ISCAE Mémoire de fin d’études 2007-2008


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Que ces opérations se réalisent à la suite d’un accord entre les sociétés concernées ou
qu’elles interviennent contre le gré de l’entreprise concernée, elles participent en tout état
de cause de façon constructive à la mutation des structures industrielles et commerciales
du pays.

b. Avantages pour les épargnants et les actionnaires d’origine :

Le marché boursier offre de réelles opportunités aux actionnaires d’origine :


 Assurer la mobilité du capital et concrétiser sa plus-value ;


 Revaloriser leur participation ;


 Faciliter le transfert de la propriété ;


 Bénéficier d’une fiscalité attrayante.

a) Assurer la mobilité du capital :

Les actionnaires d’origine d’une société cotée peuvent, s’ils le désirent se désengager de
tout ou partie de leurs participations en trouvant facilement acquéreur à un prix de marché
fixé, en fonction de l’offre et de la demande.

Ainsi la plus-value qui n’était, avant la cotation que potentielle peut se concrétiser à tout
moment.

b) Revaloriser leur participation :

Le marché boursier fournit une évaluation permanente. Cette valorisation est une
information précieuse pour les actionnaires. En effet, elle permet d’évaluer
avantageusement le patrimoine de l’entreprise en lui conférant une valeur marchande
incontestable résultant de la confrontation de l’offre et de la demande.

c) Faciliter le transfert de propriété :

Dans les entreprises familiales ou personnelles, le problème de pérennité se pose lors de la


succession du ou des fondateurs (détermination de la valeur des biens cédés, paiement des
droits de succession…)

A cet effet, la cotation en bourse facilite le règlement des problèmes de succession ou de


tout conflit entre actionnaires nécessitant leurs achats des parts.

ISCAE Mémoire de fin d’études 2007-2008


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d) Bénéficier d’une fiscalité attrayante :

La fiscalité relative aux titres cotés peut être considérée comme avantageuse tant au niveau
des plus-values réalisées que pour les dividendes perçus.

En ce qui concerne les épargnants, le placement en bourse offre plusieurs avantages par
rapport aux autres moyens de placement à savoir une liquidité assurée et une fiscalité
favorable.

Dans de rôle de pourvoyeur de « fonds » qu’il exerce couramment avec le reste du


système financier, la part du marché boursier de Casablanca s’est progressivement
développée ces dernières années mais reste toujours faible par rapport à d’autres places
boursières dans le monde.

En effet, le système financier marocain a longtemps marginalisé la finance directe à


travers la bourse au profit d’une finance intermédiée (circuit bancaire) qui occupe une
place prépondérante dans le financement de l’économie formelle.

Cette situation a poussé la communauté financière (les autorités publiques et les


intervenants privés) à instaurer une réforme mobilisant tous les moyens financiers,
techniques et réglementaires afin de réorganiser le marché boursier de Casablanca,
permettant ainsi d’accélérer « le processus d’intermédiation ».

De ce fait, quels sont donc les acteurs et les mécanismes de fonctionnement du marché
boursier marocain ?

Paragraphe 2- Organisation et mécanismes de fonctionnement du marché


boursier marocain :

1- Les composantes du marché boursier :

a) Le marché primaire :

Appelé également « marché du neuf », le marché primaire est celui réservé à l’émission
initiale des titres à l’occasion des introductions en bourse et des augmentations de capital
des sociétés déjà cotées. Il a donc pour fonction d’assurer le financement à long terme. En

ISCAE Mémoire de fin d’études 2007-2008


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effet, il met en relation des agents disposant d’une épargne à placer et d’autres ayant un
besoin de financement et créant, à ce titre, différentes valeurs mobilières. Il s’agit :


 Des actions ;

 Des obligations ;

 Des obligations remboursables en action ;

 Des certificats d’investissement ;

 Des droits d’attribution assimilés à des Valeurs mobilières.

 Et des droits de souscription
Les actions :

L’action est un titre de propriété qui confère à son propriétaire plusieurs droits et
prérogatives dont principalement :

Le droit de vote qui permet une participation active à la vie de la société émettrice à
travers les assemblées générales des actionnaires ;

Le droit de percevoir, proportionnellement aux bénéfices distribués, une part de revenu


sous forme de dividendes ;

Le droit préférentiel de souscription lors de l’augmentation de capital ;

Le droit d’attribution lors d’une augmentation de capital par incorporation des réserves ;

Et le droit de communication de documents sociaux.

La création et l’émission des actions sur le marché primaire (avant leur introduction
éventuelle sur le marché boursier ou marché secondaire et leur négociation) résultent
principalement des augmentations de capital et accessoirement des constitutions des
sociétés.

En outre, la classification des actions diffère selon que l’on se place du point de vue des
souscripteurs ou celui des émetteurs.

Pour les souscripteurs :

Ils s’intéressent, en premier lieu, aux droits rattachés aux actions. On pourrait opposer
ainsi :

ISCAE Mémoire de fin d’études 2007-2008


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Les actions de numéraires libérées en espèces ou émises gratuitement aux actions d’apport
en nature (terrains, fonds de commerce…) ;

Les actions ordinaires aux actions prioritaires qui confèrent soit un droit de vote soit un
dividende prioritaire sans droit de vote ;

Les actions de capital non amorti des actions de jouissance dont la valeur est déjà
remboursée aux actionnaires en vertu d’une stipulation statutaire ou d’une décision
d’assemblée générale extraordinaire au moyen des bénéfices distribuables.

Ainsi, les propriétaires d’actions se soucient d’obtenir soit une rentabilité optimale à leur
placements (par le rendement des actions ou par le jeu des écarts entre le moment d’achat
et de vente) soit encore une participation dans l’entreprise leur permettant d’influer sur sa
politique ou de s’assurer son contrôle.

Pour les émetteurs :

La répartition du capital de la société et le suivi de son contrôle sont importants pour les
émetteurs. Ceci sans oublier les ressources que génère une émission.

On pourrait distinguer à ce niveau les actions nominatives et les actions au porteur :


 Les actions nominatives ont un doubler avantage pour les émetteurs ; elles leur
permettent de connaître l’identité de leurs actionnaires et la possibilité de les joindre.
D’autre part, elles permettent d’empêcher des opérations de prise de contrôle qui leur
seraient favorables.


 Les actions au porteur sont des titres anonymes qui se transmettent par simple
tradition. Leur gestion est plus souple cependant la société risque de moins bien
maîtriser le contrôle de son capital.

Les obligations :

Ce sont des titres de créances négociables à revenu fixe.

Les émissions d’emprunts obligataires sont réservées à l’Etat, aux entreprises publiques ou
semi-publiques autorisées ou garanties par l’Etat et, au niveau des entreprises privées, aux
seules sociétés anonymes ayant deux années d’existence et un capital entièrement libéré.

ISCAE Mémoire de fin d’études 2007-2008


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Au Maroc, les obligations sont généralement émises par le Trésor et les établissements
publics ou semi-publics dont les émissions sont garanties par l’Etat. Elles sont souscrites
essentiellement dans le circuit intermédié et dans le cadre des adjudications des bons du
Trésor sur le marché monétaire.

Les obligations convertibles en actions :

C’est un titre mixte entre les obligations et les actions. La loi a autorisé les sociétés
anonymes à émettre ces titres en précisant que cette possibilité ne s’étend pas aux sociétés
dans lesquelles l’Etat détient directement ou indirectement plus de 50% du capital.

Les bons de privatisation (BDP):

Les BDP ont été crées en Janvier 1996 pour accompagner et enrichir le programme de
privatisation.

Ces bons émis par le Trésor en concertation avec le ministère de la privatisation, sont
convertibles en actions de toute entreprise privatisable par offre publique de vente (OPV)
à la Bourse des Valeurs de Casablanca (BVC).

Les détenteurs des BDP bénéficient d’une rémunération intéressante et ont la priorité
absolue sur les autres acheteurs souhaitant acquérir des actions faisant l’objet d’une OPV
de privatisation.

Le droit préférentiel de souscription (DPS) :

Le DPS accompagne les augmentations de capital en numéraire décidées par l’Assemblée


Générale Extraordinaire et confère aux anciens actionnaires la faculté de souscrire, en
priorité, aux actions nouvelles, et ce proportionnellement aux actions qu’ils détenaient
avant l’augmentation en question.

Ce droit peut ne pas être utilisé par l’actionnaire bénéficiaire et être cédé par lui ; le DPS
devient alors négociable pendant la durée de la souscription.

Le droit d’attribution (DA) :

Ce droit confère aux actionnaires d’une Société l’attribution gratuite d’actions nouvelles, à
la suite d’une augmentation du capital par incorporation des réserves, bénéfices ou primes
d’émission.

ISCAE Mémoire de fin d’études 2007-2008


54

Comme pour le DPS, cette attribution s’effectue proportionnellement aux actions


détenues pour chaque actionnaire.

Les certificats d’investissement :

Régis par les articles 282 et 291 de la loi 17-95 août 1996 sur les sociétés anonymes. Ce sont
des titres qui dissocient les droits pécuniaires des droits de vote.

Ces certificats ne sont pas développés au Maroc.

b) Le marché secondaire des valeurs mobilières:

C’est le marché des titres déjà émis et cotés (ou marché de l’occasion). Les valeurs
mobilières y sont négociées sans que l’émetteur soit directement concerné, dans son bilan,
par ces opérations.

Ce marché assure la liquidité et la mobilité de l’épargne et permet l’évaluation permanente


des titres cotés.

Le marché secondaire a un double objectif. En effet, il se propose à, la fois de répondre aux


besoins de financements d’entreprise dont le capital demeure familial ou personnel sans
que les actionnaires perdent le contrôle de leur entreprise, et de permettre à d’autres
sociétés de se familiariser avec le marché boursier avant d’accéder au premier marché.

c) Le marché central :

C’est le marché sur lequel sont confrontés les ordres de vente ou d’achat pour une valeur
mobilière inscrite à la cote de la bourse des valeurs.

Ce marché est composé de trois compartiments distincts :


 Premier compartiment dit Marché Principal ;


 Deuxième compartiment appelé Marché Développement ;


 Troisième compartiment dit Marché Croissance ;

La différence entre ces trois compartiments réside dans les conditions d’admission des
entreprises à la cote comme l’indique le tableau suivant :

ISCAE Mémoire de fin d’études 2007-2008


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Conditions d’admission à la Bourse de Casablanca après 2004


Marché principal Marché Marché croissance
développement
Profil des entreprises Grandes entreprises Entreprises de taille Entreprises en forte
moyenne croissance
Montant minimum à 75 millions de MAD 25 millions MAD 10 millions MAD
émettre
Nombre de titres, 250 000 actions 100 000 actions 30 000 actions
minimum à émettre
Capitaux propres 50 millions de MAD - -
minimum
Chiffre d’affaire - 50 millions MAD -
minimum
Nombre d’exercices 3 2 1
certifiés
Comptes consolidés Oui (dans le cas où l’entreprise - -
dispose de filiales)
Convention d’animation - 1 année 3 années
Source : Les guides de la Bourse, édition Bourse de Casablanca.

Par ailleurs, une société peut également lever des fonds par endettement pour le
financement de ses projets sur le marché obligataire. Pour pouvoir accéder à ce marché, il
faut remplir les conditions suivantes :

Marché Obligataire
-Critères-

Profil Grandes et Moyennes entreprises tous secteurs confondus.

Concessionnaires et gérants de services publics.

Montant minimum de l’émission 20 millions de Dhs.

Maturité minimum 2 années.

Nombre d’exercices certifiés 2 exercices.

Marché des Fonds


-Critères-

Profil Organismes de placement en capital risque et sociétés gestionnaires


de fonds de placements collectifs en titrisation.

Critères d’émission Actions ou parts des fonds de capital risque et de placements


collectifs en titrisation dont le montant minimum est supérieur ou
égale à 20 millions de dhs.

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d) Le marché de blocs :

A côté du marché central sur lequel sont confrontés les ordres d’achat et de vente, un
marché de blocs est institué. Seules les transactions sur les valeurs mobilières inscrites à la
cote et portant sur des quantités supérieures ou égales à des tailles minimales de blocs
(TMB) fixées pour chaque valeur dans le règlement général de la société gestionnaire de
la bourse des valeurs de Casablanca peuvent être réalisées sur ce marché.

Il est à noter que les négociations de blocs doivent être faites à un cours lié à celui qui
résulte de la confrontation des ordres sur le marché central.

Ce marché de cessions directes, est un marché de gré à gré, par rapport au marché central
sur lequel sont confrontés les ordres de vente et d’achat de valeurs mobilières.

Ainsi, le Dahir portant loi du 21 Septembre 1993 relatif à la bourse des valeurs autorise les
cessions directes afin de permettre notamment aux investisseurs institutionnels
d’échanger des volumes importants de titres qu’ils n’auraient pas pu négocier directement
sur le marché central. La seule obligation qui leur est imposée est d’enregistrer ces
transactions auprès de la Société gestionnaire de la bourse des valeurs.

Toutefois, le Dahir ne prévoit aucune restriction quant au volume de ces transactions ou


au cours auquel elles peuvent être réalisées, d’autant plus que les commissions sont
inférieures à celles réalisées sur le marché central.

Cette situation se traduit par des distorsions importantes qui sont autant des entraves à un
développement harmonieux du marché boursier.

En effet, la liquidité se trouve détournée du marché central au profit de celui des cessions
directes. L’égalité d’accès et de traitement des investisseurs n’est plus assurée et les cours
sur le marché central ne sont plus représentatifs ;

Pour remédier à cette situation, une nouvelle loi modifiant et complétant le Dahir de 1993 a
été adoptée le 9 janvier 1997. Les principaux apports de cet amendement sont les suivants :


 La redéfinition de la notion de cessions directes dont le champ a été limité
aux opérations de cessions, d’héritage et de donations entre ascendants
directs ;

ISCAE Mémoire de fin d’études 2007-2008


57


 L’introduction de la notion de blocs de titres pour les opérations
capitalistiques qui ne peuvent se dérouler dans le cadre du marché central,
soit en raison du volume important sur lequel elles portent, soit parce
qu’elles nécessitent une négociation de gré à gré.

2- Les différents Intervenants au sein du marché boursier :

Instituée en 1929, l’organisation et le fonctionnement de la bourse de Casablanca n’ont pas


suivi l’évolution de l’économie marocaine et plus particulièrement celle des secteurs
productifs.

En effet, la bourse des valeurs de Casablanca n’a amorcé sa connexion effective à


l’économie qu’après 1993 ; date à laquelle la réforme du dispositif juridique du marché
boursier et la rénovation de son cadre institutionnel a été instaurée.

La réforme de 1993 s’est traduite, particulièrement, par l’entrée en activité de nouveaux


acteurs. Il s’agit de :


 La Société de la Bourse des Valeurs de Casablanca (SBVC) ;


 Le Conseil Déontologique des Valeurs Mobilières (CDVM) ;


 Les Sociétés de Bourse ;


 Les établissements collecteurs dépositaires ;


 Les Organismes de Placement Collectifs en Valeurs Mobilières (OPCVM) ;


 Le Dépositaire Central Maroclear.

a) La Société de la Bourse des Valeurs de Casablanca (SBVC):

L’organisation et le fonctionnement sont définis par le titre II du Dahir portant loi n° 1-93-
211 du 21 Septembre 1993 (Articles 7 à 33) complété par la loi du 9 janvier 1997.

Statut Juridique :

La SBVC ou «Société Gestionnaire » est une société anonyme privée. Elle a été
transformée, par la loi de Septembre 1993 susmentionnée, d’établissement public en société
privée dans le cadre d’une concession approuvée par le ministère des finances.

ISCAE Mémoire de fin d’études 2007-2008


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Capital Social :

Le capital de la SBVC est détenu à parts égales par les sociétés de Bourse. La loi a
également prévu les cas de retrait ou d’adjonction d’une nouvelle société de bourse dans le
capital de la SBVC, ainsi :


 En cas de retrait d’une des sociétés de bourse, la quote-part de celle-ci dans le
capital est subdivisée en parts égales entre les autres sociétés de bourse qui
sont tenues de la racheter ;


 En cas d’agrément d’une nouvelle société de bourse, le capital de la société
gestionnaire est augmenté du montant de l’apport effectué par la dite société
de bourse ;

Attributions de la SBVC :

La SBVC a pour mission :


 De prononcer l’introduction des valeurs mobilières à la cote de la bourse des
valeurs et leur radiation ;


 De veiller à la conformité des opérations effectuées par les sociétés de
bourse au regard des lois et règlements applicables à cette opération ;


 De porter à la connaissance du CDVM toute infraction qu’elle aura relevée
dans l’exercice de sa mission.

La Société gestionnaire peut également :


 Suspendre la cotation d’une ou de plusieurs valeurs mobilières pendant une
durée déterminée lorsque les cours de celles-ci connaissent, pendant une
même séance de bourse, une variation à la hausse ou à la baisse excédant un
seuil fixé par le ministère des Finances, actuellement 6% par rapport au
cours d’ouverture de la valeur concernée ;


 Suspendre momentanément l’accès d’une société de bourse au marché
lorsqu’elle considère que les agissements de celle-ci sont de nature à mettre
gravement en cause l’intégrité du marché. Elle alerte alors le CDVM et en
informe l’Association Professionnelle des Sociétés de Bourse (APSB) ;

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 Prendre toutes dispositions utiles à la sécurité du marché et intervenir
notamment en limitant les positions d’un opérateur sur un titre donné, si la
situation du marché sur ce titre l’exige. Elle motive ses décisions et en
informe le CDVM ;


 Annuler un cours coté et, en conséquence, l’ensemble des transactions
effectuées sur ce cours ou encore annuler une transaction.

La SBVC est chargée aussi :


 D’enregistrer les transactions portant sur les valeurs mobilières le jour
même de ces opérations ;


 D’organiser les séances de compensation- livraison et de règlement des
titres. Les séances de livraisons sont effectuées au moins une fois par
semaine.

b) Le Conseil Déontologique des Valeurs Mobilières (CDVM) :

Le CDVM est un établissement public nanti de la personnalité morale et de l’autonomie


financière. Il est placé sous la tutelle du Ministère des Finances.

Le CDVM a pour mission principale de veiller au respect des lois régissant le marché
boursier et l’instauration de sa transparence à travers les informations fournies par les
sociétés de bourse équivalent de l'Autorité des Marchés Financiers en France et qui est
née de la fusion de trois entités : la Commission des Opérations de Bourse (ou COB), le
Conseil des Marchés Financiers (ou CMF) et enfin la Conseil de Discipline de la Gestion
Financière (ou CDGF), du Security Investment Board (SIB) en grande Bretagne et de la
Security Exchange Commission (SEC)aux Etats-Unis.

Le CDVM est la pierre angulaire de tout l’édifice du marché boursier. Il remplit trois
fonctions principales :


 Contrôler l’information établie et diffusée sur le marché financier : le CDVM
règlement et contrôle les informations fournies par l’ensemble des opérateurs. Il
renforce ainsi la transparence du marché en commençant par la normalisation des
informations financières et comptables devant être publiées par les sociétés cotées à la
bourse ;

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60


 Le CDVM est également investi d’un large pouvoir de contrôle et d’investigation sur
l’activité d’autres opérateurs boursier (OPCVM, Sociétés de bourse) ainsi que sur
toute personne qui, en raison de son activité professionnelle apporte son concours à
des opérations sur valeurs mobilières ou assure la gestion des portefeuilles de titres ;


 Assister le gouvernement en matière de réglementation du marché boursier: au niveau
législatif et réglementaire, le CDVM dispose d’attributions étendues.

En effet, le conseil d’Administration a un avis consultatif auprès des autorités


gouvernementales pour toute proposition ou modification des textes de loi se rapportant
au marché des valeurs mobilières ;

Le Conseil contribue aussi à l’élaboration et à l’adoption des textes d’application prévus


par les Dahirs portant lois relatives à la réforme du marché financier.

A cet effet, le Conseil donne son avis ou propose des arrêtés au Ministère des Finances.


 Veiller au non fonctionnement du marché : la fonction du CDVM consiste
à détecter toute transaction frauduleuse sur le marché, de nature à porter
préjudice à l’ensemble des intervenants ou à empêcher le fonctionnement
normal du marché.

Le Conseil a, naturellement, prescrit es règles déontologiques qui concernent, notamment,


l’utilisation d’informations privilégiées (délit d’initiés) et de manipulation des cours.

Le CDVM a donc pour rôle principal de moraliser le marché des titres négociés en bourse.

c) Les sociétés de bourse :

Statut juridique :

Créées par le Dahir du 21 Septembre 1993 portant loi sur la Bourse des Valeurs, les sociétés
de bourse sont les seules habilitées à exécuter les transactions sur les valeurs mobilières
inscrites à la Bourse.

Dans le cadre de leur objet, elles sont habilitées également à :


 Participer au placement de titres émis par des personnes morales faisant
appel public à l’épargne ;

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61


 Assurer la garde des titres ;


 Gérer des portefeuilles de valeurs en vertu d’un mandat ;


 Conseiller et démarcher la clientèle pour l’acquisition ou l’aliénation de
valeurs mobilières ;

Les attributions que la Loi leur a conférées peuvent être regroupées en cinq activités
principales :


 La négociation des ordres d’achat et de vente sur le marché boursier ;


 La collecte des ordres directement ou par l’entremise des établissements
bancaires ;


 La conservation des titres ;


 La gestion de patrimoines en valeurs mobilières, y compris le sien lorsque la
société de bourse réalise des opérations de contrepartie an achetant ou en
vendant des titres pour son propre compte ;


 Le conseil en opérations boursières.

Ces différentes activités sont souvent accompagnées d’efforts commerciaux (démarche) et


d’information de la clientèle (statistiques, analyses, bulletins…).

Actuellement les sociétés de bourse sont au nombre de seize au Maroc. Elles sont dans leur
quasi-totalité affiliées à des établissements bancaires et financiers :


 ATTIJARI INTERMEDIATION ;

 BMCI BOURSE ;

 CFG MARCHES ;

 CREDIT DU MAROC CAPITAL ;

 EUROBOURSE ;

 FINERGY ;

 ICF AL WASSIT ;

 BMCE CAPITAL BOURSE ;

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 MAROC SERVICE INTERMEDIATION ;

 SAFABOURSE ;

 SOGEBOURSE ;

 UPLINE SECURITIES ;

 WAFABOURSE ;

 ALMA FINANCE ;

 ART BOURSE ;

 INTEGRA BOURSE ;
Organisation :

A l’instar des sociétés de courtage ou de bourse étrangères, l’organisation des sociétés de


bourse marocaines peut être subdivisée en trois départements :

Le Front Office se charge des négociations sur le marché boursier et des relations de la
société avec la SBVC, l’APSB e le CDVM.

Le Département d’information (Recherche, analyse et publications), a pour objet principal


d’étudier le développement du marché et de procurer au Front Office et éventuellement à
la clientèle ses évaluations sur les sociétés et les titres cotés.

Le Back Office a pour rôle :


 Le contrôle de la régularité des opérations réalisées ;

 La comptabilisation desdites opérations ;

 La garde des titres qui lui sont confiés ;

 La déclaration des inscriptions en comptes au dépositaire central.
Par ailleurs, les Sociétés de Bourse sont tenues d’adhérer à l’Association Professionnelle
des Sociétés de Bourse (APSB).

d) L’Association Professionnelle des Sociétés de Bourse (APSB) :

L’APSB a été instituée par la loi du 21 Septembre 1993 sur la Bourse des Valeurs (articles 82
à 87).

L’APSB a plusieurs missions dont principalement :

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 Veiller à l’observation par ses membres des textes légaux et réglementaires les
régissant ;


 Porter à la connaissance des autorités de tutelle (Ministère des Finances, CDVM) les
manquements relevés ;


 Représenter la profession à l’égard des pouvoirs publics et de tout organisme national
ou étranger ;


 Etudier les questions des techniques boursières la création des services communs,
l’introduction de nouvelles technologies, la formation du personnel et les relations
avec les représentants des employés ;


 Elle peut à cet égard soumettre des propositions aux autorités de tutelle (CDVM et
ministère des Finances) ou aux organismes avec lesquels elle traite ou peut être
consultée par eux.

e) Les Organismes de Placements Collectifs en Valeurs Mobilières (OPCVM) :

Le cadre juridique des OPCVM : les FCP et les SICAV :

Le cadre juridique de l’OPCVM ou encore Fonds d’Investissement a été institué par le


Dahir portant loi n° 1-93-213 du 21 Septembre 1993 relatif aux OPCVM ;

Les OPCVM permettent aux épargnants d’investir collectivement dans différentes


valeurs et titres en détenant des actions ou des parts représentatives de l’investissement
qu’ils ont réalisé tout en confiant l’acquisition et la gestion globale de ces valeurs à une
entité représentée par des professionnels des marchés de capitaux.

La Loi distingue deux types d’OPCVM : les Fonds Communs de Placements (FCP) et les
Sociétés d’Investissement à Capital Variable (SICAV).

Les Fonds Communs de Placements (FCP) :

Les FCP n’ont pas de personnalité morale. Ce sont priorités de valeurs mobilières et de
liquidités dont les parts sont émises et rachetées à tout moment à la demande de tout
souscripteur ou porteur de parts, à un prix déterminé.

ISCAE Mémoire de fin d’études 2007-2008


64

Les Sociétés d’Investissement à Capital Variable (SICAV) :

Les SICAV sont des sociétés anonymes qui ont pour objet exclusif la gestion d’un
portefeuille de valeurs mobilières et de liquidités, dont les actions sont émises et rachetées
à tout moment, à la demande de tout souscripteur ou actionnaire, à un prix déterminé.
Ainsi, leur capital évolue en fonction d’achats et de ventes effectués par leurs actionnaires
(les épargnants).

Le souscripteur détient des actions nominatives de la SICAV ; ce qui lui confirme en


particulier, le droit de participer aux assemblées générales, et de poser sa candidature pour
devenir membre du Conseil d’Administration.

Néanmoins, dans le cas d’une augmentation de capital, les actionnaires n’ont pas de droit
préférentiel de souscription aux actions nouvelles.

Avantages d’un investissement en OPCVM :

Le placement en OPCVM présente plusieurs avantages pour l’épargnant. Ils résident dans
la simplicité de gestion, une certaine répartition de risques boursiers et donc des conditions
de sécurité, ainsi qu’une meilleure liquidité du fait que les OPCVM sont tenus de racheter
toutes les parts ou actions des souscripteurs qui en font la demande, une fois par semaine,
et cela sur la base d’une valeur liquidative calculée périodiquement.

f) Le Dépositaire Central : MAROCLEAR :

Parallèlement au développement des marchés de capitaux et à l’engouement de plus en


plus important que portent les investisseurs aux différents titres et valeurs mobilières, de
même qu’aux exigences de ces souscripteurs soucieux d’obtenir une communication
simple et rapide et des informations détaillées sur leur portefeuille, il était nécessaire de
créer au Maroc, un Dépositaire Central chargé de la conservation des valeurs et de leur
gestion administrative.

Statut juridique :

Le dépositaire central été créé par la Loi n°35-96 Janvier 1997. Dénommé
«MAROCLEAR», le dépositaire central a été institué en Janvier 1997 sous forme de
Société Anonyme au Capital de 20.000.000 Dhs.

ISCAE Mémoire de fin d’études 2007-2008


65

Activité du Dépositaire Central :

L’activité du dépositaire central s’inspire de celle de la SICOVAM- Paris qui a élaboré le


cahier des charges y afférents et fait de MAROCLEAR, à son exemple, le centre de
passage des transactions relatives aux valeurs mobilières.

L’article 3 de la Loi 35-96 a précisé dans son objet en énonçant que le dépositaire central :


 Réalise tous les actes de conservation adaptés à la nature et à la forme des titres qui lui
sont confiés ;


 Administre les comptes courants de valeurs mobilières au nom des ses affiliés ;


 Exerce des contrôles sur la tenue de la comptabilité titres des tenues des comptes ;

Après avoir énuméré tous les acteurs du marché boursier marocain, il convient d’apprécier
ses performances durant ces dernières années et de découvrir ses perspectives de
développement.

B- Performances et perspectives de développement de la Bourse de Casablanca :

Selon le président de la Bourse de Casablanca, Fathallah Berrada, la Bourse de Casablanca


figure parmi les places financières qui ont réalisé les meilleures performances au niveau de
la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord. La Bourse de Casablanca est classée
troisième sur le continent après celles du Caire et de Johannesburg.

La Bourse de Casablanca est devenue un gage pour les investisseurs étrangers grâce à ses
performances et aux normes internationales dont elle dispose, a affirmé la même source,
relevant dans ce sens que cette institution compte un nombre important d'actions de
filiales de sociétés et de banques étrangères opérant au Maroc.

La Bourse de Casablanca poursuit sa croissance, entamée depuis plus de cinq ans. Elle a en
effet clôturé l’année 2007 sur une note positive. Le Masi, indice de toutes les valeurs de la
cote, a progressé de 33,9% depuis début janvier, et le Madex, indice des valeurs les plus
liquides, s’est hissé de 35,1%. Les professionnels du marché affirment qu’il s’agit d’une

ISCAE Mémoire de fin d’études 2007-2008


66

performance remarquable étant donné la croissance hors pair réalisée en 2006 (+71%). Ils
estiment également que l’année a été riche sur tous les plans. Volumes, capitalisation
boursière, introductions en Bourse, performance des secteurs et des valeurs..., voici les
éléments à retenir sur la Bourse de Casablanca pour l’année 2007.

Paragraphe 1- Les introductions en bourse : un rythme de croissance soutenue

La place casablancaise attire de plus en plus de sociétés et le rythme des introductions s’est
nettement accéléré durant ces deux dernières années. Notons que dix nouvelles sociétés
ont été cotées durant l’année 2006, une autre dizaine s’est inscrite en 2007 et qu'une dizaine
d'autres devraient suivre d'ici fin 2008.

Le tableau suivant donne une image sur les introductions en bourse depuis 2004 :

Date de 1ère
Sociétés Titre Secteur
cotation

BANQUE CENTRALE POPULAIRE BCP Banques 08-juil-04


2004
ITISSALAT AL-MAGHRIB IAM Télécommunications 13-déc-04

SOCIETE DE THERAPEUTIQUE
MAROCAINE SOT Industrie pharmaceutique 21-févr-05
2005
DARI COUSPATE DARI Agroalimentaires/Production 11-juil-05

LYDEC LYD Services aux collectivites 18-juil-05

RISMA RIS Loisirs et Hotels 15-mai-06


Bâtiment & Matériaux de
MEDIACO MAROC MED Construction 12-juin-06

CARTIER SAADA CRS Agroalimentaires/Production 21-juin-06

ADDOHA ADH Immobilier 06-juil-06


Matériels, Logiciels & Services
DISTRISOFT MAROC SA DTS Informatiques 26-sept-06
2006
COLORADO SA COL Chimie 27-oct-06

FENIE BROSSETTE FBR Distributeurs 04-déc-06


SOCIETE DE REALISATIONS
MECANIQUES SRM Distributeurs 12-déc-06
Matériels, Logiciels & Services
INVOLYS INV Informatiques 14-déc-06
Matériels, Logiciels & Services
HIGHTECH PAYMENT SYSTEMS S A HPS Informatiques 27-déc-06

Matériels, Logiciels & Services


M2M Group M2M Informatiques 04-juil-07
2007
COMPAGNIE GENERALE CGI Immobilier 10-août-07

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67

IMMOBILIERE
Matériels, Logiciels & Services
MATEL PC MARKET SA MAT Informatiques 28-févr-07

SOCIETE DE PROMOTION
PRO Industrie pharmaceutique 15-juin-07
PHARMACEUTIQUE DU MAGHREB

TIMAR SA TIM Transport 17-juil-07

ATLANTA ATL Assurances 16-oct-07

STOKVIS SNA Distributeurs 12-oct-07

SNEP SNP Industries plastique 07-nov-07

SALAFIN SLF Financement/ Crédit conso 17-déc-07


Matériels, Logiciels & Services
MICRODATA MIC Informatiques 31-déc-07

TOTAL 25 TITRES

Le bilan des introductions en Bourse de l’année 2007 est satisfaisant. Dix opérations ont
été effectuées, soit le même nombre que celui réalisé en 2006, ce qui est conforme aux
objectifs de la société gestionnaire de la Bourse de Casablanca. Les opérations qui ont
suscité l’intérêt du grand public sont celles de la CGI (3,5 milliards de DH), Atlanta (1,2
milliard de DH), Snep (1,05 milliard de DH) et Salafin (300 MDH).

Notons que la majorité des introductions en Bourse ont porté sur des cessions d’actions
anciennes. En effet, sur les dix opérations de l’année, seulement trois ont été effectuées par
augmentation de capital. Elles ont concerné Matel PC Market, Timar et Stokvis.

Paragraphe 2- Le volume des transactions a été multiplié par deux

Les échanges sur la Bourse de Casablanca ont explosé en 2007. Le volume global s’est établi
à 348,9 milliards de DH contre 166,4 milliards en 2006, soit une progression de 110%. Il a
été réalisé principalement sur le marché central.

Trois facteurs majeurs expliquent cette hausse. Le premier est le regain d’intérêt des
particuliers pour la place casablancaise. En effet, les personnes physiques ont été très
dynamiques en Bourse au cours de 2007. La progression du marché au cours de ces
dernières années et la succession des introductions en Bourse les ont poussées à investir
massivement dans les actions. Les analystes financiers affirment que plus de 40% de la
capitalisation boursière est désormais détenue par des particuliers. Ces derniers, étant
donné qu’ils ne sont pas mus par une logique de placement à long terme, ont animé
significativement les séances de la Bourse.

ISCAE Mémoire de fin d’études 2007-2008


68

Le deuxième facteur concerne, lui, les investisseurs institutionnels. Les banques, les
compagnies d’assurance, les caisses de retraite et les OPCVM ont fortement contribué au
dynamisme de la Bourse. Ils se sont rabattus sur les actions suite à la forte correction qu’a
connue le marché obligataire en 2007. Les bons résultats des sociétés cotées et la
perspective d’une croissance importante durant les prochaines années les ont également
encouragés à investir dans le marché boursier.

Quant au troisième facteur, il est d’ordre technique. A chaque fin d’année, les
investisseurs procèdent à des opérations d’aller-retour sur le marché de bloc pour
comptabiliser leurs plus ou moins-values. En 2007, ce mouvement a été plus important, et
pour cause. Le relèvement de l’impôt sur les revenus mobiliers de 10 à 15% et la suppression
de l’abattement accordé aux compagnies d’assurance a poussé les investisseurs à
revaloriser l’ensemble des titres en leur possession avant le 1er janvier 2008, date d’entrée
en vigueur des nouvelles dispositions.

Paragraphe 3- La capitalisation boursière a augmenté de plus de 40%

La valeur des sociétés cotées s’est nettement appréciée durant l’année écoulée. La
capitalisation boursière est passée de 417 milliards de DH au 31 décembre 2006 à plus de 586
milliards à fin 2007, soit une progression de 40,6%. L’additionnel de 170 milliards de DH
s’explique par l’importante évolution des cours des sociétés cotées, principalement les
grosses capitalisations, et par les opérations d’introduction en Bourse opérées durant
l’année. Notons que la capitalisation avait franchi la barre des 600 milliards de DH à la fin
du mois d’octobre, avant de baisser suite à la correction qu’a connue le marché.

Paragraphe 4- Evolution sectorielle nettement positive :

En ce qui concerne le comportement des différents compartiments de la cote, 19 secteurs


sur 21 ont évolué positivement. A leur tête se trouve celui des assurances dont la
progression annuelle s’est établie à 94,6%. Il a été porté par la bonne performance d’AFA
Assurance, l’importante progression du cours d’Atlanta après sa première cotation et
l’engouement sur les titres de la Marocaine Vie après l’annonce de la prise de participation
de la BCP dans son capital. Les assurances sont suivies par le secteur de l’équipement
électronique et électrique qui a évolué de 78% suite au bon comportement de la valeur
Nexans. A la troisième place figurent les distributeurs (Auto Hall, Stokvis, Fenié
Brossette...) dont la croissance annuelle est de près de 60%. Ils sont talonnés par les

ISCAE Mémoire de fin d’études 2007-2008


69

banques (+53%), le secteur de l’immobilier (+44%) et celui du bâtiment et matériaux de


construction (+53%). Les deux secteurs qui ont baissé par rapport à 2006 sont ceux des
services aux collectivités (-20,5% suite à la contre-performance de Lydec) et de la chimie (-
6,3% suite à la baisse de Colorado et de Fertima).

47 titres affichent des taux de progression à deux chiffres

Par valeurs, plus de 80% des titres de la cote ont évolué positivement. Seules 13 actions sur
les 73 ont enregistré des variations négatives. Il s’agit notamment de Fenié Brossette ( -
39,5%), Involys (-32,9%), Lydec (-20,5%), SMI (-18%) et Promopharm (-11,5%).

Pour les hausses, sept valeurs affichent des taux de progression annuelle à trois chiffres et
47 à deux chiffres. En tête de liste figure Taslif dont le cours est passé de 270 DH le 1er
janvier à 860 DH à fin décembre, soit une hausse de 218%. Taslif est suivie par Acred et la
CGI dont l’évolution annuelle s’est établie à plus de 150%. Zellidja, BMCE Bank et LGMC
occupent respectivement la quatrième et la cinquième place avec des taux de progression
de 128% et 125%.

Paragraphe 5- Risque pays : Le Maroc améliore sa notation

Selon l’analyse d’Attijari Intermédiation, le dirham, (indexé sur un panier de devises ou


prédomine l'euro à 80% devant le dollar) s'est vu déprécié de 1,6% face à l'éuro et apprécié
de 6,6% face au dollar sur l'année 2006. En fin d'année 2006, le Maroc présente des signes
de stabilité macro-économique avec une dette externe qui continue de diminuer (le ratio
d'endettement public global est en recul à environ 80,2% du PIB à l'issue du premier
semestre 2006). La relative solidité financière reconnue par les investisseurs étrangers
contribue également à améliorer la notation risque pays. En effet, le Maroc se situe en
catégorie A4 (Coface) et a été réévalué en catégorie 3 dans le classement de l'OCDE en
octobre 2006. Le Maroc est donc bien classé comparé aux autres pays de la région malgré le
risque de défaut de la dette publique, considéré comme acceptable.

Paragraphe 6- Poursuite de la tendance haussière de la Bourse de Casablanca :

Après les bonnes performances enregistrées en 2007, la Bourse de Casablanca a poursuivi


sa tendance haussière au cours du premier trimestre 2008 et ce, malgré des corrections de
faible ampleur. Ainsi, les indices MASI et MADEX se sont appréciés, par rapport à fin
décembre 2007, de 15,7% et 16% respectivement. Pour sa part, la capitalisation boursière

ISCAE Mémoire de fin d’études 2007-2008


70

s’est établie à 679,3 milliards de dirhams, en accroissement de 15,9%. Cette évolution est
attribuable entre autres à l’anticipation de résultats en progression pour les sociétés cotées.

Concernant le volume global des transactions, il a atteint 67,7 milliards de dirhams, en


augmentation de 40,1% par rapport à la même période de 2007. Le marché central a canalisé
74,2% des transactions, dont l’essentiel a concerné ADDOHA (20,6%), IAM (13,6%),
BMCE (12,2%), CGI (7,8%) et ONA (7,7%).

Le marché de blocs a vu transiter 16,4% des échanges, drainé à hauteur de 85,5% par la
BMCE suite à l’acquisition de 5% de son capital par le groupe français CM-CIC, portant
ainsi sa participation à 15%. Les augmentations de capital ont généré 6,9% du flux
transactionnel, dont 91,5% correspond à l’augmentation du capital d’ADDOHA par
souscription en numéraire.

Sur le plan sectoriel, les meilleures performances du trimestre ont été enregistrées par les
secteurs de télécommunications (+35,2%), de distribution (+19,4%), de l’immobilier
(+18,3%), des sociétés de Portefeuilles-Holdings (+18%) et du bâtiment et matériaux de
construction (+17%).

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71

C- Physionomie de la place Casablancaise

Le financement des PME par le marché financier marocain est pratiquement inexistant en
raison de l’étroitesse de ce marché et des conditions exigées pour y accéder. La création
d’un nouveau marché réservé aux PME en 2001 et les incitations fiscales et financières
adoptées, n’ont pas encore permis une certaine mobilisation des fonds sur ce marché par ce
genre d’entreprises. Le facteur institutionnel constitue aussi une importante barrière de ces
entreprises dans le marché boursier en raison notamment de la complexité des règles
boursières et de l’insuffisance du dispositif mis en place.

Nous exposerons dans cette partie la structure du marché des capitaux pour déceler l’un
des principaux paradoxes du marché marocain : la mauvaise représentativité des PME et
de certains secteurs d’activité de l’économie marocaine. En effet, certains secteurs n’ont
pas trouvé qui les représente ou sont mal représentés. De plus, alors que l’atomicité des
PME fait tâche dans le tissu économique, elles sont quasi- inexistantes dans le marché
boursier marocain.

Paragraphe 1- Une mauvaise représentativité sectorielle :

Sur le marché des capitaux, 22 secteurs d’activités sont représentés.

Secteurs d'activité Nombre de sociétés cotées


Emballage 1
Mines 4
Industrie pharmaceutique 2
Assurances 4
Télécommunications 1
Sociétés de Portefeuille-Holding 4
Chimie 4
Immobilier 3
Bâtiment & Matériaux de Construction 6
Services aux collectivités 1
Banques 6
Pétrole & Gaz 2
Transport 2
Sociétés de Financement & Autre Activités Financières 8
Loisirs et Hôtels 1
Agroalimentaires/Production 8
Matériels, Logiciels & Services Informatiques 7
Distributeurs 7

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72

Boissons 3
Ingénieries & Biens d'Equipement Industriels 1
Sylviculture & Papiers 1
Equipements Electroniques & Electriques 1
TOTAL 77

Cette classification donnée par la Bourse de Casablanca semble nous donner une
meilleure, sinon une bonne représentativité de l’économie marocaine. Cependant, il est à
constater que cette classification est plutôt une segmentation par métier et non pas par
secteur d’activité. Ainsi, on a jugé utile et nécessaire de regrouper ces métiers en fonction
de leur appartenance à un secteur d’activité. Nous aurons ainsi la présentation sectorielle
suivante :

Source : La Bourse de Casablanca- Juin 2008

Ces inégalités relevées dans le tissu boursier sont encore aggravées par les lacunes dues à
son histoire et aux faiblesses de l’économie nationale.

Nombreux sont, en effet les secteurs économiques qui n’ont aucune représentativité à la
cote ou seulement une modeste présence. Cela peut revenir au fait que, l’industrie
considérée, n’existe pas ou très faiblement. Il se peut également que cette industrie ait été
constituée par le moyen d’entreprises publiques. Il se peut enfin que des sociétés privées
qui ont une vocation à être cotée, n’aient pas demandé leur introduction en bourse.

ISCAE Mémoire de fin d’études 2007-2008


73

Quelles que soient les raisons de leur absence, celle-ci se fait cruellement sentir. Des 119
secteurs entre lesquels on coutume de subdiviser la cote de New York, 90% n’ont aucun
équivalent à Casablanca. Il n’existe pas sur le marché casablancais des valeurs
représentatives des transports ferroviaires, de la production et de la distribution, de
transport aérien…qui sont entièrement étatiques. A cela s’ajoutent les participations de
l’Etat dans des entreprises qui appartiennent, théoriquement, au secteur privé.

Ainsi, tout investisseur qui chercherait à constituer un portefeuille diversifié et équilibré


de valeurs, en leur donnant une répartition proportionnelle à l’importance de chaque
industrie, heurterait un obstacle insurmontable. Il trouvera, en effet, à la cote des
rubriques totalement vides ou ne comportant qu’une seule entreprise ou des entreprises
non représentatives ou encore des sociétés pratiquement contrôlées par l’Etat ou enfin des
firmes en concurrence avec le secteur public.

Paragraphe 2- Une quasi-inexistence des PME :

Selon les données de la Bourse de Casablanca, nous avons :

MARCHE PRINCIPAL MARCHE DEVELOPPEMENT MARCHE CROISSANCE


Valeur Libellé Valeur Libellé Valeur Libellé
CMT MINIERE TOUISSIT DLM DELATTRE LEVIVIER REB REBAB
MNG MANAGEM MOX MAG.OXYGENE MED MEDIACO

SMI S.M.IMITER SCE SCE DARI DARI

GAZ AFRIQUIA GAZ ALM ALUMINIUM LGM LGM


SAM SAMIR PDT PAPELERA LCT CARTON
COL COLORADO BNM BRANOMA FRT FERTIMA

SNP SNEP CLT CENT.LAIT. SRM SRM


CMA CIMENT MAROC CRS CARTIER TIM TIMAR

HOL HOLCIM (Maroc) CRS27 CRS27 AGM AGMA

LAC LAFARGE UMR UNIMER ZDJ ZELLIDJA


SID SONASID BER BERLIET BAL BALIMA

NEX NEXANS MAROC NEJ AUTO NEJMA ACR ACRED

OUL OULMES SNA STOKVIS INV INVOLYS


SBM BRASSERIES CTM CTM

CSR COSUMAR MAV MAROCAINE VIE

LES LESIEUR CRISTAL MAB MAGHREBAIL


ATH AUTOHALL SOF SOFAC

ATH28 ATH28 TSF TASLIF

FBR FENIE BROSSETTE DTS DISTRISOFT


LYD LYDEC IBMC IB MAROC.COM

IAM ITISSALAT AL M2M M2M Group


MAGHRIB
PRO PROMOPHARM MIC MICRODATA

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74

SOT SOTHEMA
RIS RISMA
ATW ATTIJARIWAFA BANK

BCE BMCE BANK


BCI BMCI

BCP BCP

CDM CDM
CIH CIH

ATL ATLANTA

CIH CIH
DHO DELTA HOLDING
WAA WAFA ASSUR.

ONA ONA
SNI SNI
ADH ADDOHA

CGI CGI
DIS DIAC SALAF
EQD EQDOM

MLE M.LEASING
SLF SALAFIN
HPS HPS

MAT MATEL

TOTAL 44 TOTAL 22 TOTAL 13

Le marché croissance étant celui réservé aux entreprises de petite taille, nous nous
alignons à cette classification malgré le fait que parmi ces entreprises figurant dans ledit
marché, il en existe une bonne proportion dont les indicateurs dépassent plus ou moins

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75

ceux définis pour une PME. Ceci est dit pour relativiser notre interprétation du graphe ci-
dessus.

En effet, il est nettement remarquable la prédominance des grandes sociétés dans le tissu
boursier et la quasi- inexistence des PME-PMI. Le pourcentage de 16%, qui réfère à 13
sociétés qui ont osé la voie de la bourse pour financer leur croissance, ne représente rien
face à un autre chiffre non moins éloquent : 93%. Ce dernier, tout sous-évalué qu’il
paraisse vu qu’il ne prend en compte que les PMI sans les autres PME opérant dans les
services et dans l’informel, informe tout de même sur la représentativité des PME-PMI
dans le tissu économique. Et si on voulait avancer dans notre raisonnement ? Nous disons
alors que « 13 sociétés, seulement 13 parmi quelques 6411, représentent les PME
marocaines dans le tissu boursier ! », soit un pourcentage de 0,2 %. Et encore, méfiez vous
des chiffres ; le 13 étant optimiste, les 6411 sont tellement sous-estimés.

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76

Partie 2 : … mais qui devrait accueillir les


nouveaux petits-grandissants

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77

Section 1 : L’introduction en Bourse : est-ce une nécessité pour la croissance


des PME ?

Quel que soit la taille de l’entreprise et son secteur d’activité, le financement constitue l’un
des facteurs essentiels de son développement. Le financement d’une entreprise se répartit
en règle générale entre une source interne composée des fonds propres, des réserves, des
provisions de comptes courants d’associés, et une source externe composée des crédits pour
toutes leurs formes.

Pour avoir une autonomie de gestion et être maîtresse de sa décision, une entreprise doit
faire un dosage harmonieux entre les sources de financement interne et les sources de
financement externe.

Si le financement externe est prépondérant, l’entreprise court deux risques majeurs. D’une
part, le coût de financement va peser sur sa rentabilité sous forme de dette et des agios y
afférant. D’autre part, une entreprise trop endettée risque de perdre l’autonomie de gestion
qui sera orientée voire dictée par les bailleurs de fonds. Il arrive souvent qu’en s’aggravant,
l’endettement fait perdre aux actionnaires en place le contrôle de l’affaire soit au profit des
bailleurs de fonds, particulièrement les banques, soit au profit de nouveaux actionnaires.

La caractéristique qui saisit l’analyste des structures financières des PME marocaines est
l’insuffisance chronique des fonds propres. Cette insuffisance notoire s’explique par des
raisons historiques et d’autres socio psychologiques.

Le contexte historique dans lequel ces entreprises ont été créées était bien laxiste dans la
mesure où avec dix mille dirhams de capital social on pouvait créer une entreprise sous
forme de société anonyme. Cette législation libérale, s’est maintenue pendant longtemps.
Elle n’a été modifiée qu’en 1993.

La seconde raison fondamentale de l’insuffisance des fonds propres des PME est d’ordre
socio psychologique. Les fondeurs de ces PME font du contrôle total du capital de leur
entreprise une obsession constante. Ils ne sont pas et ne seront pas prêts d’ouvrir le capital
de leur entreprise à des tiers. Ils ne peuvent pas ou ne veulent pas renflouer le capital de la
société en y injectant de l’argent frais.

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78

Par ailleurs, les concours bancaires que ces PME peuvent obtenir ne sont pas extensibles à
l’infini puisque les règles d’une gestion saine consistent à faire un dosage harmonieux
entre source interne et source externe de financement.

La mise à nouveau de ces PME, risque de rester lettre morte, si une solution rapide et
satisfaisante n’est pas trouvée à ce lancinant problème de financement. Le travail de mise à
niveau des PME est un ensemble indissociable. Il comporte fondamentalement trois
volets :


 L’organisation


 Les problèmes humains


 Les problèmes financiers

Le nécessaire travail de mise à niveau qui doit être entrepris sous l’impulsion des pouvoirs
publics serait une vue de l’esprit si les trois volets précités ne sont pas analysés et traités
avec la même attention et la même vigueur.

Quels sont donc les axes de réflexions à retenir pour permettre aux PME de collecter des
ressources suffisantes pour financer leur croissance ?

Plusieurs sources de financement peuvent être mobilisées.


 Les crédits bancaires. Nous avons déjà pris conscience des limites de cette source de
financement compte tenue de l’insuffisance chronique des fonds propres de cette
catégorie d’entreprises.


 Les financements extérieurs. Dans ce cadre les entreprises candidates à la mise à
niveau, peuvent bénéficier des concours de la banque européenne d’investissement,
cette institution a débloqué 45 million d’euros pour contribuer au renforcement des
PME sous forme de capital risque.


 Le concours est accordé sous forme de prise de participation pour une durée pouvant
aller jusqu’à 18 ans. Au terme de cette période, cette prise de participation est rétrocédée
à l’entreprise sur la base de la valeur de l’actif net.


 Par ailleurs, le Maroc et l’Union Européenne se sont engagés dans un cadre bilatéral à
débloquer 400 millions de DH à part égale pour financer la mise à niveau des PME
marocaines.

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79

A- Un système bancaire ne favorisant pas l’accès des PME

Au cours des années 1960 et 1970, le rôle et la place de l'Etat se sont accrus, d'une part du
fait de la création d'entreprises publiques et d'offices et d'autre part, du fait de
réglementations nombreuses et en particulier au niveau des prix et des échanges
extérieurs.

Cependant, l'inefficacité de ces structures et des interventions a nui à l'ensemble de


l'appareil productif. Conjugué avec des conjonctures internationales défavorables, ces
facteurs ont entraîné une exacerbation des déséquilibres macro-économiques et une crise
d'endettement. Les tensions qui ont en résulté ont conduit le Maroc à adopter des réformes
pour un ajustement des structures économiques. En l’occurrence, le plan d'ajustement
structurel entre 1983 et 1992. Les mesures adoptées visaient à :


 Assainir les finances publiques et réduire les déficits intérieurs et extérieurs;


 Restructurer les entreprises publiques (programme PERL soutenu par la Banque
Mondiale) en vue de réduire leur déficit de gestion et par-là, la contribution de l'Etat à
leur financement. (Pour certaines de ces entreprises, il fallait les préparer à être
privatisées);


 Réformer le système fiscal en vue de le rendre plus efficace et plus harmonisé avec les
standards internationaux : introduction de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), de
l'impôt sur les sociétés (IS) et de l'impôt général sur le revenu (IGR). L'objectif était de
simplifier le système fiscal et de réduire les taux pour favoriser un élargissement de
l'assiette fiscale;


 Libéraliser l'économie : prix intérieurs, échanges extérieurs et mouvements des
capitaux;


 Réformer et moderniser le secteur financier au Maroc en réduisant l'intervention du
Gouvernement dans le secteur bancaire et en renforçant le rôle du marché dans
l'allocation des ressources financières.

Ainsi, le contrôle quantitatif du crédit, instauré en 1976, a été supprimé en janvier 1991. La
libéralisation des taux d'intérêt a commencé en 1990 (pour le crédit à moyen et long terme)

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et en 1991 (pour le court terme), avec le maintien de taux plafonds débiteurs (avec leurs
effets pervers) jusqu'en 1995.

Ce n'est que depuis 1996 que les taux d'intérêt sont libres. De plus, depuis septembre 1996,
les banques sont autorisées à calculer leurs réserves, non plus sur une base mensuelle ou
hebdomadaire, mais quotidienne ; cela leur confère davantage de flexibilité dans la gestion
de leur liquidité et encourage les opérations d'open market. C'est en 1995 que les derniers
guichets de réescompte de Bank Al Maghrib ont fermé et que la régulation est effectuée
par l'open market qui comprend quatre opérations, explicitées dans une circulaire du 24
mai 1995.

Parallèlement à ces réformes à caractère général, les institutions financières spécialisées


comme le Crédit immobilier et hôtelier (CIH) ou la Caisse nationale de crédit agricole
(CNCA) ont vu leur activité élargie et interviennent maintenant librement comme les
autres banques. On soupçonne cependant le système bancaire d'être insuffisamment
concurrentiel.

Les préoccupations posées par le chômage et la persistance d'un pourcentage élevé de la


population vivant en dessous du seuil de pauvreté incitent les décideurs à chercher le
moyen de créer une dynamique de production, d'épargne et d'investissement.

Selon un ancien rapport de la Banque mondiale, 10% seulement des entreprises figurant
dans le portefeuille des banques ont un ratio « fonds empruntés sur fonds propres »
inférieur à 5% (83% de fonds empruntés, 17% de fonds propres), ce que les banquiers
considèrent comme le minimum pour qu'une structure de capital soit saine. Les règles
prudentielles suivies en Amérique du Nord et en Europe retiennent un ratio de 1,8 (65% de
fonds empruntés pour 35% de fonds propres).

Ce paradoxe (sous endettement de l'économie et surendettement des entreprises


«bancables») est plus frappant par le fait que les banques sont en surliquidités. Il apparaît
ainsi qu'une grande partie des entreprises marocaines y compris celles du secteur formel,
n'a pas accès au capital, pourtant disponible. Les raisons de ce paradoxe semblent de tenir à
L'insuffisante circulation de l'information.

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Il semble que si les banques « ne sont pas de réels partenaires » (aux dires des promoteurs
et bureaux d'études), c'est parce qu'elles « ne disposent pas de visibilité et d'information
sur les secteurs ». Parmi les mesures d'accompagnement nécessaires à la portée des
réformes, signalons à ce propos, la future création de l'Observatoire des industries. Les
traitements des données qu'il réunira permettront de fournir des informations de synthèse,
comme le rendement moyen par secteur, par dimension des unités de production, etc.

Au Maroc, le marché du capital a été à la fois rationné et segmenté. Cette réalité ne lui est
pas propre ; dans les pays en développement (PED), la plupart des études insistent sur la
segmentation des marchés. Dans le cas du Maroc, le rationnement provient de
l'encadrement du crédit qui a été mis en vigueur pendant longtemps, jusqu'à la fin du PAS
en 1992. Pour être bref, on signalera que ce rationnement a épargné certaines activités telles
que les activités exportatrices ou encore celles de l'immobilier. La politique monétaire a
ainsi « légalement » instauré une segmentation du marché.

Avec la libéralisation progressive, des taux plafonds débiteurs ont été en vigueur jusqu'en
1995. Cette faiblesse des taux d'intérêt débiteurs décourage la rémunération des dépôts et
donc l'épargne.

Face à un excès de demande de crédits, les banques et les autres institutions financières ont
répondu par un rationnement ` des crédits (fonds peu abondants). Elles donnaient la
priorité aux entreprises de grande dimension et les PME étaient défavorisées, leurs
demandes étant considérées en dernier lieu.

Plusieurs études montrent qu'une partie du différentiel de taux auquel font face les PME
comparées aux GME, représente le risque plus élevé des prêts aux PME et des coûts de
transaction plus importants pour instruire leur dossier.

Les méthodes utilisées par les banques commerciales pour faire face aux risques d'impayés
ne sont pas adaptées au financement des PME. Selon une étude de Rhyne E. et Otero M.,
ces méthodes comprennent :


 L'étude du dossier de demande de crédit et la recherche d'un maximum d'informations
sur les caractéristiques du client potentiel ;
ISCAE Mémoire de fin d’études 2007-2008
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 L'évaluation du projet pour lequel le prêt est demandé ;

 La nécessité de contreparties demandées à la PME pour garantir le prêt.

Ainsi, les GME ont pu emprunter auprès des banques et d'autres institutions du secteur
financier, alors que les PME comptent presque exclusivement sur leurs fonds propres ou le
crédit-bail.

Au Maroc, le crédit-bail a été doté par le législateur et les autorités monétaires, d'un
régime juridique et fiscal approprié. La profession se félicite de la concurrence qui prévaut.
Cependant, dans les financements extérieurs des PME-PMI, les sociétés de crédit-bail sont
insuffisamment présentes, comme c'est le cas en Espagne, au Portugal et même en France.
En conséquence, le financement par le leasing ne représente actuellement que 5% de la
FBCF, 15 à 20% en Europe.

L'explication nous semble résider dans le fait que les PME-PMI au Maroc qui ne disposent
pas des garanties nécessaires pour accéder à un financement extérieur, ont quelques
marges de manœuvre et recourent au crédit bancaire traditionnellement moins cher
(autour de 12% actuellement, contre 15,63% pour les sociétés de crédit-bail ; mais pendant
longtemps, ces sociétés étaient à 24% alors les banques pratiquaient des taux entre 15 et
18%). Il semble qu'il y ait un phénomène d'inertie qui s'estompera au fur et à mesure que le
différentiel de taux va diminuer. L'information des opérateurs est peut-être insuffisante
également.

L'introduction d'une « culture » de l'information est un moyen efficace de dynamiser


l'activité économique. A côté de l'effet sur l'octroi de crédit par les banques ou les sociétés
de crédit, il y a également un effet sur l'amont. L'obligation de publier les comptes certifiés
permettra au marché de reconnaître les performances réelles de celles-ci et la mobilisation
de fonds (via le lancement d'obligations) sera facilitée.

Les besoins de financement des PME concernent soit les investissements lors de la
création ou l'extension, soit le fonds de roulement en cours d'activité, cela rejoint les
travaux de Liedholm qui a décrit les besoins de financement des PME au cours de leur «
cycle de vie ». Durant la première phase, il s'agit de besoins à long terme pour financer les
équipements. Ensuite, les besoins en fonds de roulement sont les plus pressants. Si la PME
se maintient, des besoins de financement à moyen et long terme vont se faire à nouveau

ISCAE Mémoire de fin d’études 2007-2008


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sentir, pour permettre une extension des capacités de production. Dans la même logique,
Mc Cleod a lié l'âge et la réputation de la PME à l'origine de son financement.

On observe ainsi, que plus la PME donne une image de pérennité, plus l'accès au
financement par des tiers devient possible : les crédits fournisseurs d'abord, les banques
ensuite quand l'entité est une « petite entreprise ». Et sauf des cas exceptionnels
d'autofinancement à 100% de son projet d'investissement, une entreprise (PME ou grande
entreprise) surtout en création, ne réalise son projet par les seuls fonds propres.

Elle recourt souvent à un dosage d'emprunt bancaire et de leasing promoteur et des


différentes formules de crédits d'investissement et de fonctionnement actuellement en
vigueur.

En ce qui concerne l’accès au crédit au Maroc, les pouvoirs publics ont mis en place depuis
quelques années déjà des organes et des Fonds dédiés à l’assistance et à la mise à niveau
des entreprises pour les rendre aptes à affronter la concurrence attendue du
démantèlement douanier en cours et faciliter leur accès au financement bancaire.

A cet égard, une Agence Nationale de la PME (ANPME) a été créée et d’importants fonds
d’assistance et de mise à niveau ont été mis en place avec l’aide internationale couvrant les
volets suivants1 :


 Assistance technique (programme MEDA II de coopération de l’Union Européenne,
Programme GTZ de coopération Allemande, programme UPI-ONUDI, programme
ANPME /CDTI de coopération Espagnole, Réseau Marocain de Diffusion
Technologique (RDT), etc. ;

 Garantie des crédits bancaires (FOGAM, MEDA I, FGPCJE, CME, CCG, FGIC,
OXYGENE, ENERGY, etc. ;

 Renforcement des fonds propres (Ligne de Capital Risque BEI, Accès Capital
Atlantique, Fonds d’Amorçage SINDIBAD, Financement AWEX, programme PPP,
etc.;

 Financement de programmes de mise à niveau (FOMAN, FORTEX, RENOVOTEL);

 Soutien à la protection de l’environnement (Fonds de Dépollution Industrielle –
FODEP);

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Au niveau du financement à proprement parler, d’importants dispositifs ont été mis en


place on peut citer à titre principal :

1. La mise en place du Fonds Hassan II pour le développement économique et


social, qui depuis sa création en 1999, est devenu un soutien fort à l’investissement. Son
appui en faveur du secteur industriel est doublement bénéfique, dès lors qu’il intervient
aussi bien dans le financement des infrastructures d’accueil dédiées à l’investissement que
dans la contribution au financement même des projets d’investissement dans des secteurs
ciblés. La participation du fonds se fait à travers l’aménagement de nouveaux sites
industriels, la réhabilitation de Zones Industrielles existantes et leur promotion, ainsi que
la promotion de l’investissement industriel dans des secteurs à avantages compétitifs
(notamment dans les domaines de la sous-traitance automobile, l’électronique, la
confection, la bonneterie et la transformation du cuir, ainsi que toute activité, qui, à titre
principal, contribue à la préservation de l’environnement par le traitement, le recyclage et
la valorisation industrielle des déchets). La contribution du Fonds Hassan II aux
investissements prend la forme d’une contribution financière directe selon les formules
suivantes au choix de l’opérateur :


 50% du coût d’acquisition du terrain aménagé (sur la base d’un coût maximum : 250
DH/le mètre carré) et 30% du coût des bâtiments (sur la base d’un coût maximum de
1500 DH/le mètre carré) ;

 Ou 100% du coût du terrain (sur la base d’un coût maximum de 250 DH/ m2) quand le
concours concerne uniquement le terrain ;

 Ou bien encore une aide indirecte qui consiste en la mise à la disposition du promoteur,
par l'intermédiaire d'un établissement tiers, de locaux prêts à l'emploi au sein de zones
aménagées, moyennant un loyer compétitif.

2. Les lignes de financement étrangères mises à la disposition des opérateurs. En


plus des lignes nationales de financement, les pouvoirs publics ont négocié avec les
partenaires étrangers des lignes de financement mises à la disposition des opérateurs. On
peut citer à titre d’exemples :

ISCAE Mémoire de fin d’études 2007-2008


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 La Ligne PROPARCO, dont l’objet est le financement des entreprises ayant des projets
de création, de développement et/ ou restructuration dans tous les secteurs de
l'industrie et des services, sous forme de prise de participation directe au capital ;

 La Ligne de crédit capital-risque de la banque européenne d'investissement : BEI II,
dont l’objet est le financement au profit d'un promoteur marocain pour une prise de
participation dans le capital d'une entreprise, sous forme de prêt participatif, et BEI III,
qui finance exclusivement l'apport en capital du promoteur ressortissant de l'Union
Européenne dans l'entreprise conjointe ;

 La Ligne Espagnole, dont l’objet est le financement partiel de contrats commerciaux
entre des acheteurs marocains et des fournisseurs espagnols ;

 La Ligne European Community Investment Partners (ECIP), qui est un instrument
financier offrant cinq facilités de financement pour appuyer les différentes étapes de la
création et du lancement d'entreprises conjointes dans les pays en développement
d'Asie, d'Amérique Latine, de la Méditerranée et en Afrique du Sud ;

 La Ligne programme de financement du commerce arabe, qui a pour objet le
financement des importations et des exportations entre le Maroc et les Pays Arabes des
biens et services d'origine arabe ou bien qu'une valeur minimale de 40% soit d'origine
arabe ou réalisée dans un pays arabe.

 La Ligne banque islamique de développement (BID) relative au financement des
opérations du commerce extérieur inter-pays islamiques.

 Pour les exportations, la ligne finance les Produits non traditionnels et originaires d'un
Etat membre de l'OCI ou bien qu'une valeur ajoutée minimale de 40% de la valeur FOB
de la marchandise soit réalisée dans un ou plusieurs pays membres de l'OCI. Le
Quantum de financement est de 100% pour les opérations ne dépassant pas 3 millions de
Dinars Islamiques (DI)* et 80% pour les opérations dépassant 3 millions de DI. (1DI=1
DST du FMI=1,34 $US).

 Pour les importations, la ligne peut financer jusqu’à 100% des importations les Produits
originaires d'un pays islamique. Le pétrole doit être exclusivement originaire d'un pays
membre de la BID.

 Assurance à l'export par la société islamique d'assurance à l'investissement et à
l'exportation, ayant pour objet l’Assurance des risques à l'exportation (risques
commerciaux ou non commerciaux y compris la guerre, l’Embargo, les Problèmes
politiques.....)., des pays participants à ce programme (21 pays dont le Maroc).

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 Assurance à l'investissement par la société islamique d'assurance à l'investissement et à
l'exportation, ayant pour objet l’Assurance des risques à l'investissement (risques
politiques, Guerre, Expropriation) des 21 pays participants à ce programme, dont le
Maroc.

3. Pour le financement de la micro-entreprise, les pouvoirs publics ont encouragé le


développement du Micro-crédit. Le développement de la Micro finance au Maroc est un
phénomène de la décennie 90 avec la contribution fondamentale du mouvement associatif.
Les dates importantes du développement du Micro crédit au Maroc sont les suivantes :


 1994, extension du programme d’AMSSF au Micro crédit

 1995, création de la Fondation Zakoura

 1996, création de l’ACAET (Association des Cadres et anciens élèves de Tanderara,
devenue depuis l’association Al Karama

 1997 : création de la Fondep et d’Al Amana

 1998 lancement du programme Micro Start du PNUD qui a fourni une assistanc e
financière et technique à six associations avec un budget opérationnel US$ 1,7 millions
$, avec US$ 150 000 $ par association participante. Cet appui au secteur a été suivi par
celui de l’USAID pour plus de 16 millions $ en faveur surtout de l’association Al
Amana.

 1999 : Publication de la Loi 18-97 du 1er avril 1999 relative au Micro crédit, qui va
consacrer la séparation des programmes du Micro crédit des ONG mères qui
s’occupaient jusqu’alors de l’octroi des crédits. Ce texte de base du Micro crédit de vait
plus tard être modifié et complété par la Loi n°58-03 du 6 mai 2004.

Les textes régissant le secteur de la Micro finance prévoient que l’on considère comme
Micro crédit tout crédit d’un maximum de 50 000 DH dont l’objet est de permettre à des
personnes économiquement faibles :

 «… de créer ou de développer leur propre activité de production ou de service en


vue d’assurer leur insertion économique ;
 « d’acquérir, de construire, ou d’améliorer leur logement ;
 « de se doter d’installations électriques ou d’assurer l’alimentation de leurs foyers
en eau potable. »

ISCAE Mémoire de fin d’études 2007-2008


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En dehors des différentes associations qui en constituent les chevilles ouvrières, le secteur
de la Micro finance est piloté par deux organes essentielles : le conseil consultatif du micro
crédit (CCM) et la Fédération des Associations de Micro Crédit (FNAM). Le CCM est
consulté sur toutes les questions liées à l’octroi et au développement du Micro crédit ; la
FNAM a pour mission d’établir des règles de déontologie de veiller à leur respect et de
saisir le ministre chargé des finances le cas échéant. Cette fédération est une force de
proposition en vue du développement du Micro crédit mais aussi l’intermédiaire entre
l’administration et les associations actives dans le secteur. Toute association doit adhérer à
cette fédération.

En 2000, le Fonds Hassan II a soutenu le secteur avec une subvention de 100 millions DH
Cette contribution financière a permis d’accroître le nombre et le montant des prêts
accordés, en particulier pour les trois principales associations (Al Amana, Zakoura et la
FBPMC). Selon la FNAM, le secteur de la Micro Finance compte aujourd’hui plus de
700.000 bénéficiaires actifs. Il est leader dans la zone MENA et certaines associations
marocaines figurent parmi les 20 meilleures au monde.

Cependant, il semblerait que malgré les efforts que continuent de déployer les pouvoirs
publics pour aider les PME à accéder au financement, les résultats obtenus sont loin d’être
suffisants. Les entreprises continuent de manquer cruellement de moyens de financement
pendant que le système bancaire connait une surliquidité. Sur ce plan, le Maroc vit ainsi
aujourd’hui un paradoxe :

• D’un côté, les banque croulent sous les liquidités, et ce malgré les baisses sans
précédent opérées sur les taux d’intérêt et les différents dispositifs mis en place pour
encourager l’accès au crédit ;

• D’un autre côté, les entreprises ont du mal à accéder à ces liquidité en raison des
procédures contraignantes de garanties mises en place par les banques.

Les explications que l’on peut trouver à ces paradoxes trouvent leurs origines des deux
côtés :

ISCAE Mémoire de fin d’études 2007-2008


88

Du côté des entreprises, les banques avancent que ces dernières ne sont souvent pas
éligibles au crédit en raison notamment :

• Du manque de projets bancables (pas de Business Plan ni d’études de faisabilités


techniques, économiques et financières des projets) ;

• Des insuffisances des systèmes d’information des PME (souvent mal organisées,
avec beaucoup d’informel et peu d’informations formelles) ;

• Manque d’informations pertinentes, fiables et crédibles au niveau des PME (les


états financiers ne sont pas audités) ;

• Manque de transparence.

Du côté des banques, les entreprises avancent que ces dernières ne veulent prendre aucun
risque et exigent souvent des garanties exorbitantes, notamment :

• Des garanties dépassant les possibilités de l’entreprise et impliquant souvent les


biens personnels des dirigeants, ce qui constitue une barrière objective d’accès au crédit ;

• Un coût élevé du crédit en raison des primes de risques élevées exigées par les
banques.

Les différentes sources de financement que nous avons examinées sont importantes certes,
mais elles ne peuvent pas résoudre dans le long terme le problème des ressources auquel se
heurtent en permanence les PME.

Il est donc particulièrement important de faciliter l’accès de ces entreprises à la source de


financement la plus sûre, la moins contraignante, et la moins coûteuse : le marché
boursier.

B- Quand la PME décide d’emprunter la voie royale de la Bourse

Dans le cadre d'une stratégie de mobilisation de l'épargne, le Maroc à l'instar de maints


pays en développement est engagé dans un vaste programme de dynamisation, d'ouverture
et d'amélioration du marché boursier.

ISCAE Mémoire de fin d’études 2007-2008


89

L'introduction des entreprises en bourse procure une importante masse de fonds qui leur
permet de réaliser des investissements sans aucun engagement et d'assurer ainsi une
rémunération sous forme de dividendes à ses actionnaires.

L'inconvénient majeur à cette démarche est le caractère très sélectif concernant


l'introduction des entreprises en bourse, sans oublier que la majorité des sociétés familiales
refusent d'être cotées en bourse pour éviter leur ouverture aux publics. De plus, le marché
financier reste inefficient avec un marché de l'action étroit et un marché secondaire des
bons du trésor peu profond. De même, les instruments financiers à court terme sont
insuffisamment diversifiés. Cette absence d'allocation optimale des ressources financières
avec une courbe réelle de taux gène considérablement la croissance des entreprises.

En revanche, d’un œil optimiste nous pourrons faire l’éloge de la place boursière en tant
que meilleur moyen de financement. En effet, de tout temps et pendant toutes les
occasions qui se présentent, responsables du gouvernement, analystes financiers et
lobbyistes désignés ne cessent d'expliquer à qui veut bien les entendre que la bourse
constitue un levier financier important pour une petite et moyenne entreprise.

Sa grande vertu réside dans le fait qu'elle procure à la PME et PMI un financement
gratuit, sans intérêts ni contraintes de remboursement. Le recours aux banques étant plus
compliqué et nécessairement plus coûteux, comme on l’a bien vu, la bourse est venue
étendre le choix de l'investisseur pour le financement de ses projets. Véritab le baromètre
de l'économie, comme l'ont désignée les théoriciens de la finance, la bourse offre
également à l'entreprise l'opportunité d'acquérir une image moderne, saine et transparente,
qu'elle pourrait employer pour se valoriser davantage sur le marché international. À ceux
qui craignent par contre une perte de contrôle de leur entreprise suite à l'acte
d'introduction en bourse, les experts leur répondent qu'ils se trompent complètement, leur
expliquant que pour se faire coter en bourse, il suffit d'y introduire une part du capital,
20% par exemple. Or, la perte de contrôle de l'entreprise se manifeste à partir de la cession
de 51% du capital, au minimum. C'est ce qu'on désigne dans le jargon technique : « La
majorité financière». Comment se faire coter ? C'est très simple : selon la nouvelle loi
boursière, qui remplace celle de 1993, il existe désormais deux marchés exclusifs pour la
PME et PMI : un marché croissance et un marché développement. Le premier requiert

ISCAE Mémoire de fin d’études 2007-2008


90

l'émission en bourse de 10 millions de dirhams, soit un total de 30.000 actions et la


justification d'un seul exercice certifié. Le second, plus grand et plus intéressant, exige
l'ouverture d'un capital de 25 millions de dirhams et la présentation de deux exercices
certifiés. Si l'entreprise s'agrandit et devient plus importante par la taille, elle pourra
évoluer vers le marché principal, réservé aux grandes entreprises comme l'ONA, Maroc
Telecom et Attijariwafa Bank.

Bien entendu, profiter des avantages multiples d'une cotation en bourse suppose pour
l'entreprise le respect d'un certain nombre de conditions qu'il faut satisfaire
obligatoirement. Il s'agit par exemple de respecter la transparence financière, qui oblige
l'entreprise à publier régulièrement dans les journaux d'annonces légales ses bilans et ses
comptes résultats. Confinés dans leurs esprits de conservatisme et tenaillés par la peur
d'êtres pourchassés par le fisc, les chefs d'entreprises rejettent pour la plupart le projet
d'entrée en bourse sous prétexte qu'elle exige une transparence financière exagérée. À
l'heure où la mondialisation rattrape toutes les entreprises et les oblige à devenir plus
compétitives, d'aucuns estiment que la transparence des chiffres est à leur avantage plutôt
qu'à leurs dépens. Elle leur permet notamment d'avoir un accès facile et rapide aux
partenariats étrangers qui exigent une certaine crédibilité au niveau de la gestion et des
résultats. Selon le patron d'une entreprise cotée en bourse : «Depuis que ma société y est
entrée, son chiffre d'affaires ne cesse de progresser et ses résultats financiers aussi». Avant
d'ajouter : «En quatre ans de cotation, mes ventes sur le marché local et international ont
presque doublé, grâce notamment à une certaine image d'entreprise transparente que j'ai
développée auprès des investisseurs étrangers». Pour séduire ces derniers, rien ne vaut un
bon dosage fait d'un peu de transparence, de beaucoup d'efficacité et d'énormément de
qualité. En entrant en bourse, l'entreprise s'efforce de s'adapter à son environnement
national et international, devenu de plus en plus exigeant. Déjà, des entreprises
marocaines considérées comme leaders dans leurs secteurs d'activité ont pris l'initiative de
faire un pas vers la bourse. Toutes ces entreprises ont toutes réussi leur introduction en
bourse au point de recourir au marché pour lever des fonds supplémentaires.

Par ailleurs, si les sociétés trouvent un avantage à venir lever des capitaux en Bourse, c'est
que les marchés financiers, via le jeu de l'offre et la demande, leur offrent des moyens de
leurs ambitions, aussi diverses soient-elles.

ISCAE Mémoire de fin d’études 2007-2008


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Au premier chef, une introduction en Bourse apparaît comme un moyen pour les
entreprises de mettre du "papier" sur le marché, en échange de quoi les actionnaires
s'associent au développement du groupe en lui apportant les capitaux nécessaires pour
financer sa croissance. Si la situation financière de l'entreprise est déséquilibrée et ce le cas
notamment de la plupart de PME marocaines- du fait par exemple d'investissements trop
lourds - les dirigeants peuvent venir lever des fonds pour renforcer leurs capitaux propres
et assainir ainsi leur bilan.

D'autres entreprises viennent chercher en Bourse le moyen de grossir voire de


s'internationaliser. Sans argent frais, il est effectivement délicat pour une entreprise dont
la trésorerie est faible d'envisager étendre ses activités, et ce même si des opportunités se
présentent. En levant des capitaux sur le marché, l'entreprise récolte alors un "trésor de
guerre" qui pourra être mis à profit dans le cadre de rachats d'autres entreprises lui
permettant peut-être ainsi d'atteindre une taille critique, voire internationale. Faire coter
son groupe en Bourse peut également être un moyen pour des dirigeants de vendre des
parts de leur société ou de faire entrer des partenaires de poids.

Solliciter l'épargne peut aussi trouver d'autres justifications : ainsi, une des raisons
fréquemment invoquée par les dirigeants lors de leur arrivée en Bourse est leur souci de
notoriété. Avoir son groupe coté ou sa petite entreprise inscrite en bourse est en soi
revalorisant, mais c'est surtout un formidable moyen de trouver des partenaires de qualité
(les anglo-saxons y sont par exemple particulièrement attentifs) et un moyen de
mobilisation interne de ressources humaines qui ne se dément pas : par exemple, par le
biais des "stock-options", ces actions cédées à des salariés à un prix défiant toute
concurrence, une entreprise peut trouver le moyen de garder à bon compte les personnes
essentielles à son management. C'est aussi un moyen de motiver les salariés via un
intéressement indirect à la bonne marche de l'entreprise.

Enfin, la présence en Bourse et la communication qu'elle entraîne est certainement l'une


des formes les plus efficaces de publicité pour une jeune société. La cotation représente
aussi une véritable reconnaissance pour l'entreprise, un atout commercial indéniable.

En outre, il est de toute évidence que la bourse est une alternative de financement tout
comme l’emprunt bancaire, le crédit-bail ou autres sources de financement des
investissements. La décision de s’y introduire se livre alors à la pure réflexion financière

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lors du choix du bon moyen de financement d’un investissement. Ainsi, faudrait-il


comparer les différents coûts réels engendrés par tel ou tel moyen de financement tout en
tenant compte des économies d’impôts que cela pourrait dégager. Cependant, de prime
abord, la bourse s’avère le moyen de financement le plus économique et le plus efficace de
par les dizaines d’avantages que cette pratique pourrait engendrer. En effet, les capitaux
sont levés sur le marché boursier à l'occasion de l’introduction en bourse sans qu'aucune
garantie ne soit demandée. Ils peuvent également continuer à l'être, à tout moment, en
fonction des besoins ou des opportunités de développement qui se présentent à
l’entreprise.

On accède ainsi à une nouvelle source de financement qui est complémentaire à l'offre des
organismes spécialisés (banques, leasing, capital-risque) et de ce fait les relations avec les
banquiers s'en trouvent ainsi transformées.

En faisant appel au marché boursier, la société diminue donc ses frais financiers, sécurise
sa croissance et augmente son indépendance financière. La société prend ainsi de la
hauteur.

Par ailleurs, l’entrée d’une PME en Bourse des Valeurs de Casablanca se solderait avec une
exonération fiscale considérable. Une réduction de l'Impôt sur les Sociétés (IS) lui serait
accordée pendant trois années consécutives, à compter de l'exercice qui suit celui de son
inscription à la cote :


 Une réduction de 50% est accordée pendant 3 années, si l’introduction en
bourse s’opère par augmentation de capital d'au moins 20% avec abandon
du droit préférentiel de souscription.

 Une réduction de 25% est accordée pendant 3 ans, si l’introduction en bourse
s’opère par ouverture de capital au public.

Ainsi, avec tout ce qui vient d’être cité comme avantages de la bourse en tant que meilleur
moyen de financement des PME, celles-ci présentent quand même des réticences
flagrantes quant à ce mode de financement. Nous analyserons dans ce qui suit les
principales causes d’une mauvaise représentativité des PME dans la BVC.

Section 2 : Facteurs de réticence des PME face au marché boursier


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93

A- Caractère Familial des PME & problématique de la Gouvernance :

On a vu dans la deuxième section de la première partie que le capitalisme au Maroc est


largement caractérisé par l’omniprésence de diasporas familiales. La PME familiale
constitue par conséquent la trame de notre tissu économique. Elle se caractérise d’abord
par un capital fermé ou très peu ouvert, dont la composition s’est diversifiée au sein de la
8
famille au fur et à mesure des successions . Ce contrôle exclusif s’accompagne souvent
d’une préférence de recrutement au sein même des membres de la famille. On peut donc
parler d’un double engagement capitalistique et professionnel. Cet aspect brouille souvent
les repères entre sphère familiale et sphère professionnelle et génère parfois des problèmes
de compétences.

L’engagement des actionnaires familiaux y est considéré comme supérieur. Tout d’abord,
les actionnaires sont visibles et leur engagement financier est plus durable ; leur horizon
n’est pas le court terme et leur exigence de rentabilité du capital investi bien inférieure aux
normes financières des fonds d’investissement ou de la Bourse. Ils assurent ainsi une
garantie de continuité qui favorise la motivation des salariés et la confiance des partenaires
financiers et industriels.

Le très fort engagement des chefs d’entreprises familiales est aussi un atout relevé et
même mesurable par rapport aux entreprises dirigées par des managers (théorie de
l’agence5). De nombreuses études françaises ou américaines confirment d’ailleurs que leurs
performances économiques et financières sont supérieures à celles des autres entreprises.

Ces PME familiales sont, cependant, considérées comme étant plus craintives en matière
de prise de risque. De leur propre aveu, les dirigeants d’entreprises familiales souffrent
d’un manque d’anticipation et se situent essentiellement dans la réaction et l’adaptation.
Ils ont une stratégie défensive et non offensive, contrairement aux stratèges d’entreprises
non familiales. C’est à ce niveau que la prise de risque limite le développement de la PME
familiale.

8
Dossier 242- « Family Business »- par Jacky LINTIGNAT Directeur Général, KPMG France

ISCAE Mémoire de fin d’études 2007-2008


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Une des raisons de cette attitude est certainement à chercher du côté du financement du
développement. Les entreprises familiales sont souvent sous-capitalisées et ont, de ce fait,
9
une faible capacité d’endettement contrairement aux autres entreprises .

Les PME qui veulent se développer ou permettre une sortie de certains des actionnaires
familiaux sont donc naturellement amenées à ouvrir leur capital de façon significative.
Cette évolution s’accompagne quelquefois même d’une "professionnalisation" du
management par l’arrivée de dirigeants extérieurs salariés. Laquelle professionnalisation se
sent même au niveau de la gouvernance de l’entreprise.

Tout ceci étant vrai dans le contexte d’entreprises familiales occidentales grandes ou
petites, la réalité des PME marocaines est bien évidemment loin d’être parentale.
Néanmoins, malgré cette béance entre les deux réalités, certains points restent tout de
même valables. Le défaut de gouvernance d’entreprise (Corporate Governance) dans les
PME familiales marocaines est un des points saillants. Souvent les organes de direction, de
surveillance et de contrôle sont confondus et considérablement monopolisés par les
membres d’une même famille. Ces actionnaires- administrateurs n’étant pas toujours
compétents, les décisions prises au sein des conseils d’administration laissent à désirer.
Pratiquement, il n’est constaté aucune ingérence d’un actionnaire extérieur, ou au meilleur
des cas une ingérence non considérée en raison du monopole du contrôle par les membres
de la famille.

Ce manque de bonne gouvernance génère une certaine myopie dans la stratégie de


développement de ces PME familiales et surtout du côté des moyens de financement
choisis. Le souci majeur du top management familial demeure en effet la fructification du
patrimoine familial et la préservation de la mainmise et du monopole du contrôle au plus
haut niveau.

Pour revenir à cette problématique de choix du moyen de financement par le


gouvernement familial, nous faisons référence à la théorie des instruments de financement
(également appelée Pecking Order Theory) qui remonte à Myers et Majluf (1984).

9
Dossier 242- « Family Business »- par Jacky LINTIGNAT Directeur Général, KPMG France

ISCAE Mémoire de fin d’études 2007-2008


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Hiérarchie des instruments de financement

Cette théorie stipule que les entreprises se servent d’abord de la forme de financement la
moins coûteuse avant d’opter pour celle qui coûte juste un peu plus cher. Par conséquent,
les entreprises commencent par assurer elles-mêmes leur financement afin d’économiser
des coûts. Ce n’est que dans un deuxième temps que les entreprises font appel aux
capitaux externes, d’abord aux capitaux empruntés puis aux fonds propres externes.

Ainsi, il est évident que le comportement en matière de financement des entreprises


familiales s’explique très bien à travers cette théorie. Il semble que la théorie de la
hiérarchie des instruments de financement soit la seule applicable aux entreprises
familiales, car les coûts du financement représentent toujours un critère capital lors du
choix de la forme du financement. Les capitaux empruntés sont apparemment jugés
onéreux dans les entreprises familiales, au contraire des fonds propres. Cette vision
contredit la compréhension classique exprimée dans la littérature financière selon laquelle
les fonds propres seraient plus onéreux puisque leur responsabilité est entière en cas de
faillite. Un entrepreneur familial déclare pourtant: «Il n’y a pas meilleur investissement que
celui dont j’assure moi-même le contrôle.» Cette phrase illustre à merveille le fait que les
entreprises familiales privilégient malgré tout les fonds propres et estiment que leurs coûts
sont moins élevés.

ISCAE Mémoire de fin d’études 2007-2008


96

B- Les causes de non recours au marché boursier :


On peut distinguer les facteurs relatifs à l'entreprise, à ses dirigeants et aux
épargnants.

Paragraphe 1- Les facteurs liés à l'entreprise:

Les obstacles à l'introduction en bourse liés à l'entreprise peuvent être recensés en


trois types de contraintes:


 Contraintes de coût;

 Contrainte de réglementation;

 Contrainte de résultat;

 Manque de culture boursière.

1- Contraintes de coût et de temps:

Les recherches réalisées dans ce sens montrent que l'entrée en bourse reste
une opération coûteuse pour l'entreprise en termes de temps et d'argent. En effet, une fois
le processus d'introduction lancé, tout le staff dirigeant est mobilisé durant toute
l'opération.

Outre l'investissement en temps, l'entreprise doit dépenser une fraction


importante (environ 4%) du revenu de l'introduction pour couvrir les différentes charges
afférentes à cette opération (intermédiaires financiers, conseillers juridiques,
agences de communication et de conseil...).

Une fois cotée, l'entreprise doit supporter d'autres dépenses récurrentes. Il


s'agit essentiellement des frais de publication des documents comptables et financiers
prévus par la loi et des charges supplémentaires de personnel s'occupant de la gestion des
relations avec les nouveaux investisseurs.

Autrement dit, nous résumons les charges liées à l’introduction à ce qui suit :


 La rémunération des intermédiaires : commission d'ingénierie et commission de
placement des titres. Elle est variable selon la nature des titres placés et le choix de
la procédure d'introduction.

ISCAE Mémoire de fin d’études 2007-2008


97


 La politique d'information : conception et édition des documents, organisation des
réunions, communication financière, voire institutionnelle, publicité légale,
rémunération de l'agence de communication.


 La commission de visa payée au Conseil Déontologique des Valeurs Mobilières.


 La commission d'admission des titres à Maroclear.


 La commission d'admission et de centralisation de la bourse de Casablanca.

Quant aux charges liées à la phase post-introduction, celles-ci concernent en particulier la


politique d'information des actionnaires et les obligations légales. Elles sont récurrentes et
généralement regroupées dans un budget annuel. Elles concernent principalement les
postes suivants:


 Publications légales,


 Publicité financière,


 Convocation et tenue de l'assemblée générale ouverte aux actionnaires,


 Édition et diffusion du rapport annuel et des lettres aux actionnaires,


 Frais de service des titres,


 Rémunération du contrat de liquidité ou d'animation, le cas échéant.

2- Contraintes d'information et de gestion:

La transparence et la qualité de l'information transmise au public sont le prix à payer pour


s'introduire en bourse et y demeurer.

En effet, les entreprises faisant appel public à l'épargne doivent se plier aux obligations
d'information dictées par la loi de publicité financière. L’établissement d’un code de
déontologie est l’une des obligations du CDVM. Ce document formalise les règles de
comportement à suivre au sein de l’entreprise, afin d’assurer, le respect de la déontologie et
des règles légales, notamment relatives aux délits boursiers.

Nous nous référons au « Guide de la communication financière dédié aux émetteurs » du


CDVM pour présenter toutes les obligations en matière d’information financière.

ISCAE Mémoire de fin d’études 2007-2008


98

D'autre part, l'avènement de nouveaux actionnaires soumet l'entreprise à des systèmes de


contrôle et de surveillance plus rigides qui peuvent compromettre la flexibilité dans la
prise de décisions en raison de l'hétérogénéité du conseil d'administration.

Ainsi donc, la réticence des entreprises quant à la transparence requise pour l'introduction
en bourse (certification et publication des comptes), n'a plus lieu d'être puisque les

ISCAE Mémoire de fin d’études 2007-2008


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dispositions de la loi sur la Société Anonyme imposent, entre autres, à chaque société de
désigner un ou plusieurs commissaires aux comptes chargés d'une mission de contrôle et
du suivi de ces comptes. De même les opérations de mise à niveau des bilans et de
l'amnistie fiscale instituée respectivement par les lois de finances 1997/1998 et 1998/1999,
ont pour but de conduire l'entreprise vers davantage de transparence à travers la
sincérité et la fiabilité des comptes et de lui permettre de se conformer aux
dispositions des nouvelles lois sur les sociétés.

3- Contraintes de résultats et de dividendes :

Toute entreprise cotée en bourse est obligée de réaliser un niveau de


performance et de rendement satisfaisant. Ceci est d'autant plus frustrant pour les
gestionnaires que la baisse des résultats affichés peut résulter d'une politique dont
les fruits seront récoltés à long terme.

Enfin, l'appel public à l'épargne contraint l'entreprise à mettre en place une


politique distributive de dividendes qui peut compromettre sa stratégie de
financement et de croissance.

4- Manque de culture boursière:

Le manque de culture boursière au sein de la plupart des entreprises, en


raison notamment de la jeunesse du marché boursier et du manque d'informations
relatives à l'intérêt et aux procédures et conditions de recours au financement de ce
marché. La politique de communication adoptée jusque là par la société
gestionnaire de la Bourse de Casablanca laisse à désirer.

Paragraphe 2- Les facteurs liés aux dirigeants:

La bourse de Casablanca souffre de son étroitesse due, entre autres, à des freins
psychologiques et culturels et également à des freins liés au comportement des
dirigeants.

1- Freins psychologiques et culturels :

L'entreprise marocaine est souvent considérée comme «une affaire de


famille». Ce caractère familial constitue une entrave psychologique à l'introduction

ISCAE Mémoire de fin d’études 2007-2008


100

en bourse. En effet, le chef de famille «propriétaire de l'entreprise» refuse d'ouvrir


le capital de la société à de nouveaux actionnaires de peur de perdre le contrôle de
l'entreprise.

A ce titre la nouvelle loi sur les sociétés anonymes a introdu it de nouveaux


instruments financiers à savoir: les Certificats d'investissement et les actions à
dividendes prioritaires sans droits de vote, permettant de recourir au marché sans
pour autant faire perdre aux fondateurs le contrôle- En outre, le CDVM a mis en
place des règles permettant la protection des actionnaires de base. Ces règles
concernent notamment la soumission des nouveaux actionnaires à la déclaration
d'intention, la demande d'autorisation de dépassement et l'enregistrement
nominatif des titres auprès du dépositaire central.

2- Facteurs liés aux comportements des dirigeants :

Le marasme du marché boursier se justifie également par un manque voire


même une absence de culture boursière chez les dirigeants marocains. Ces
derniers, à défaut de pouvoir collecter continuellement des fonds auprès de leur
entourage familial, se tournent systématiquement vers le circuit bancaire, et ce
même en situation d'endettement difficile. Par conséquent, le marché boursier est
marginalisé. La bourse est, en effet, considérée par la majorité des dirigeants
nationaux comme un lieu de placement - une loterie - et non comme une source
de financement. Une loterie ou un jeu, la bourse a une mauvaise presse auprès de
plusieurs dirigeants d’entreprise qui pour des considérations religieuses boycottent
le marché des capitaux.

3- Facteurs liés aux épargnants:

Plusieurs facteurs liés à la demande peuvent décourager l'entreprise à coter une


fraction de son capital en bourse par crainte de ne pas avoir une réponse favorable à
son offre. En effet, l'épargnant marocain reste à priori sceptique à l'encontre des
nouveaux titres cotés. De plus, son intérêt est focalisé surtout sur les placements
classiques non risqués ou à rendement sûr plutôt que sur les placements risqués.

ISCAE Mémoire de fin d’études 2007-2008


101

Il ressort de ce qui vient d'être dit, que la PME marocaine n'a pas recours au marché
boursier, étant donné que les conditions exigées ne répondent pas à la
situation actuelle de la majorité des entreprises. Ceci devrait inciter les autorités
concernées (Ministère de Finances) à adapter la législation au contexte réel dans
lequel «survit» la PME.

Effectivement, les pouvoirs publics ont depuis toujours veillé à promouvoir la


Bourse des Valeurs de Casablanca et ce à travers un essaim de réformes. Nous
exposerons dans la section suivante les différentes réformes entreprises par les
autorités de tutelle, leur impact sur la BVC ainsi que quelques recommandations
tirées d’une lecture des pratiques adoptées par les bourses internationales, en
l’occurrence Alternext.

ISCAE Mémoire de fin d’études 2007-2008


102

Section 3 : La nécessité d’une Réforme des réformes du marché boursier...

A- Flash des réformes menées par les autorités de tutelle et leur impact retardé :

La modernisation du marché boursier initiée en 1993, a marqué une rupture avec le passé
en instituant de nouveaux organismes et donc une nouvelle organisation du marché.
Cependant cette loi n’était pas la seule, elle était la marque d’une nouvelle ère de
changement. Ainsi, dans son processus de promotion et développement du secteur
financier, le Maroc a entrepris un certain nombre de réformes touchant particulièrement le
marché boursier en s’axant sur ses deux facettes : l’aspect réglementaire et technique.

Paragraphe 1- Les réformes réglementaires, techniques et les incitations fiscales :


1- Réforme réglementaire :

Juillet 1994

 Création du Conseil Déontologique des Valeurs Mobilières.

Octobre 1994

 L’agrément des douze premières sociétés de Bourse.

Novembre 1995

 La création des organismes de Placement collectif en valeurs mobilières


(OPCVM).

Août 1995

 La création de la Société de Bourse des Valeurs de Casablanca, Société privée


gestionnaire de la Bourse des Valeurs dont le capital est détenu à part égales par les
sociétés de Bourse agréées.

Octobre 1998

 La mise en place du Dépositaire central, Maroclear, institué par la promulgation de


la loi de 1993.

Décembre 2000

 Changement de la dénomination de la SBVC, pour devenir Bourse de Casablanca,


Société Anonyme à Directoire et conseil de surveillance.

ISCAE Mémoire de fin d’études 2007-2008


103

Avril 2004

 La réorganisation de la cote (nouveaux compartiments)

 La mise en place d’un nouveau Règlement général de la Bourse

2- Les réformes techniques

Mars 1997

 Le démarrage du Système de Cotation Electronique

Novembre 1998

 Le remplacement du Marché Officiel et du Marché des Cessions Directes par le


Marché Central et le Marché de Blocs.

Janvier 2001

 Délocalisation des stations de négociation électroniques dans les locaux des sociétés
de Bourse.

Janvier 2002

 Lancement des nouveaux indices MASI et MADEX, avant d’adopter la


capitalisation flottante dans leur mode de calcul en Décembre 2004.

Mars 2002

 L’institution de procédures de dénouement des opérations conformes aux standards


internationaux avec un délai de j+3.

 Adoption du système de garantie de bonne fin des opérations et la suppression du


marché des pièces d’or cotées en Bourse.

Novembre 2004

 L’élargissement des horaires de cotation.

Décembre 2004

 La mise en place de nouveaux critères de séjour à la cote.

3- Les incitations fiscales

Afin d’encourager les introductions en Bourse, la loi de finance de 2001 a instauré un


abattement de 25% de l’impôt sur les sociétés (IS) durant 3 années d’exercice fiscal. Cette

ISCAE Mémoire de fin d’études 2007-2008


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réduction pourra aller jusqu’à 50% dans le cas où l’introduction est accompagnée d’une
augmentation de capital d'au moins 20%. Ces mesures ont été instituées pour une durée de
3 ans, les lois de Finance qui ont suivi l’ont reconduite pour prendre fin en 2009.
Cependant cette carotte fiscale n’a réellement porté ses fruits qu’en 2006.

Par ailleurs, le Maroc a instauré un régime fiscal favorable à l’investissement dans le s


valeurs mobilières. Il s’agit notamment de l’exonération des plus-values réalisées par les
non résidents sur les cessions de valeurs mobilières cotées à la BVC. Pour les personnes
physiques résidentes, la Taxe sur les Profits de Cession des Valeurs Mobilières (TPCVM)
a été réintroduite en janvier 2006, après quatre ans d’exonération (Loi de Finances 2006).
De son côté, le régime des abattements applicable en la matière aux personnes morales
résidentes a été reconduit pour une période de deux ans supplémentaire (jusqu’au 31
décembre 2007).

Paragraphe 2- Impact des réformes :


Les réformes instituées depuis 1993 ont permis une nette rupture avec le passé. Les
volumes de transaction se chiffrent désormais à plus de 500 millions de dollars américain.

Evolution du volum e des transactions en m illiers de dollars (US $)

14000000000

12000000000

10000000000

8000000000

6000000000

4000000000

2000000000

0
1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006

Source : base de données sur le développement de la Banque Mondiale, Indicateurs de


développement mondial 2007.

ISCAE Mémoire de fin d’études 2007-2008


105

L’évolution de la capitalisation boursière confirme aussi la tendance haussière que


connaissent les indicateurs boursiers, affirmant ainsi la naissance d’un marché émergeant
en plein essor.

Evolution de la capitalisation boursière en millions de MAD


700 000,00

600 000,00

500 000,00
400 000,00

300 000,00

200 000,00
100 000,00

-
1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008

Source : Site web de la Bourse de Casablanca

Ces deux indicateurs confirment que les réformes entreprises par le gouvernement
marocain ont eu un impact positif sur le marché boursier, qui est devenu de plus en plus
attractif que ça soit pour les investisseurs, ou pour les entreprises qui s’intéressent à des
moyens de financement alternatifs pour lever les fonds nécessaires pour leur
développement et leur ascension.

Par ailleurs, il faut signaler que le marché boursier n’a connu son essor qu’à partir des
années 2006-2007 comme réaction, tardive à la réforme de 2004 et aux incitations fiscales
instaurées. Toutefois ces améliorations restent insuffisantes et ne permettent que d’attirer
les grandes entreprises, chassant ainsi du circuit les PME.

Pour débloquer la situation nous proposons quelques solutions susceptibles de permettre


aux PME de mieux bénéficier du giron de ressources qu’engrange le marché boursier
marocain en son sein.

ISCAE Mémoire de fin d’études 2007-2008


106

B- Création d’un marché régulé dédié aux PME:

Suite à une lecture analytique des pratiques et procédures adoptées par quelques bourses
internationales, il a été conclu que le meilleur moyen d’attirer les PME à se financer
auprès du marché boursier est de doter se dernier d’un marché dédié 10 aux PME. Comme
ce qui se fait en France et bien avant en Grande Bretagne, les marchés dédiés sont des
marchés régulés et non réglementé, offrant ainsi des procédures plus souples et plus
flexibles.

Définissons d’abord ce que c’est un marché réglementé et un marché régulé.


 Un marché réglementé, comme le marché des capitaux marocain, est un marché régi
par une panoplie de règles strictes et rigoureuses encadrant son organisation et son
fonctionnement le jour au jour. La présence d’une autorité de marché (CDVM) qui
régule et veille au bon fonctionnement de ce marché est l’un des principaux attributs de
ce type de marché. Des sanctions sont prévues en cas d’infraction de la déontologie
boursière.


 De l’autre côté, le marché régulé est un marché libre qui manifeste une certaine
souplesse quant à ses portes d’entrée pour les sociétés et dont la mainmise des autorités
de tutelle s’avère être moins contraignante. Ce marché, dit aussi non réglementé, est
cependant encadré et fixe des règles de nature à garantir la protection des investisseurs
et soutenir la liquidité.

Le marché régulé européen est l’Alternext, marché dédié d’Euronext. Sur ce marché, les
entreprises ne diffusent que 17% en montant total des titres par rapport au marché
réglementé (Eurolist) pour l’admission par appel public à l’épargne, outre la soumission de
son prospectus au visa de l’AMF (Autorité des Marchés Financiers) équivalent du CDVM
au Maroc.

Concernant l’admission par placement privé, l’entreprise qui, dans les deux ans qu i
précédent son admission, a ouvert au minimum 5 millions d’euros de son capital à au
moins 5 investisseurs, peut se faire coter sans avoir besoin du visa de l’AMF.

10
Marché dédié : expression utilisée pour spécifier ces marchés non réglementés dédiés aux PME

ISCAE Mémoire de fin d’études 2007-2008


107

L’entreprise candidate doit se contenter de présenter un historique de deux années de


comptes, contre trois pour l’Eurolist. Une fois cotée, elle doit publier des comptes annuels
certifiés et des comptes semestriels, mais pas de résultats semestriels obligatoires sur un
marché réglementé.

La présentation des comptes aux normes comptables internationales IFRS n’est pas
impérative contrairement aux marchés réglementés.

Par ailleurs, la protection des investisseurs est assurée par :


 une information périodique : publication des comptes annuels et semestriels des
sociétés cotées,


 une information permanente, notamment sur tout fait susceptible d’avoir un impact
sur le cours de bourse de la société,


 une déclaration des transactions des dirigeants,


 la garantie de cours bénéficiant aux actionnaires minoritaires qui peuvent, en cas de
prise de contrôle de la société, céder leurs titres dans des conditions avantageuses,


 les sanctions de tout abus de marché.

Ainsi, nous pourrons bien présenter ce marché d’Alternext comme un benchmark à la


Bourse de Casablanca afin de promouvoir son rôle vis-à-vis des PME familiales. S’aligner
sur l’Altrenext pour créer un « compartiment spécial » dédié aux PME serait une bonne issue
afin d’assouplir les procédures d’admission à la cote qui dans la plupart des cas constituent
un frein pour l’introduction.

A la manière de l’Alternext, les banques d’affaires de la place devraient s’immiscer dans


cette réforme pour jouer le rôle d’un listing sponsor qui le partenaire indispensable a
l'entreprise candidate. Il l'accompagne dans sa procédure d'admission et l'aide à respecter
ses obligations d'information tout au long de la cotation. Dans le cadre d'un appel public à
l'épargne, la diffusion d'un prospectus visé par le régulateur compétent est obligatoire.

Egalement, on pourrait aussi penser à la mise en place d’une « procédure de placement privé »
qui pour une société ayant ouvert dans les deux ans qui précèdent son admission son
capital à hauteur de X millions de Dh à 3 à 5 investisseurs ne faisant pas partie du cercle
familial. Cette procédure donnerait alors l’avantage d’être coté sans avoir à présenter une
note d’information.

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C- Des solutions d’Ingénierie Financière...

Paragraphe 1-Création d’un Fonds d’Accompagnement des PME


Le marché financier est caractérisé par un faible niveau de nouvelles introductions en
bourse et un faible niveau d’émissions d’obligations. On constate que les introductions en
bourse au Maroc sont proportionnellement moins nombreuses que sur d’autres places
financières de la région, et notamment l’Egypte et la Tunisie.

Une nouvelle dimension financière est requise pour permettre particulièrement aux
entreprises de taille petite et moyenne de capter des « fonds frais » pour financer leur
développement ou renforcer leur structure financière. Certes, beaucoup de sociétés sont
réticentes à l’ouverture de leur capital, mais d’une part, cette approche est en voie de
changement au Maroc, et d’autre part des formules intermédiaires sont permises par la
législation marocaine sur les sociétés (Loi No 17/95 relative aux sociétés anonymes) mais
peu utilisées, telles que l’émission de certificats d’investissement ou d’actions à dividende
prioritaire sans droit de vote.

Les compartiments appropriés existent en Bourse de Casablanca (voir Section 3 de la


première partie) mais sont peu utilisés et des mesures d’encouragement pourraient assurer:


 une meilleure connaissance et compréhension par les entreprises des avantages
financiers du financement par le marché des capitaux ; et


 un soutien aux coûts d’introduction en bourse, principalement les coûts
d’intermédiation.

Selon la FEMIP (Facilité euro-méditerranéenne d’investissement et de partenariat), une


nouvelle incitation par le biais d’un Fonds d’Accompagnement des PME susceptibles de
s’introduire en bourse et d’effectuer des émissions d’obligations. Une telle démarche est
estimée essentielle par l’APSB.

La meilleure voie semblerait être un Fonds d’Accompagnement financé et géré par la


Bourse de Casablanca en association avec l’APSB. Le capital de la Bourse est détenu par
les Sociétés de Bourse (membres de l’APSB) et affiche un surplus important. Un fonds
initial de MAD 50 millions semble approprié. Ce surplus étant en fait le résultat de la
croissance et des efforts de dynamisation de la Bourse, les parties prenantes seraient, de

ISCAE Mémoire de fin d’études 2007-2008


109

prime abord, satisfaites d’affecter ces ressources à un tel dispositif de dynamisation


additionnelle de la Bourse.

La FEMIP pourrait examiner un soutien à l’étude de faisabilité et la préparation du


business-plan du Fonds d’Accompagnement des PME.

Paragraphe 2_ Constituer des associations d’emprunteurs :


Les entreprises d’un même secteur d’activité s’organisent en associations ou groupements,
dont l’objet est de procurer des ressources à leurs membres qui souhaitent réaliser un
programme d’investissement. Ce sont donc les groupements et non les membres qui
lancent des emprunts à long terme. Les ressources collectées sont ensuite réparties entre
les participants en fonction de leur taille, et leur programme d’investissement. Une partie
des ressources drainées par les emprunts groupés, est destinée à alimenter un fonds de
garantie en vue de couvrir les risques éventuels courus par le public qui souscrit à ces
emprunts.

La formule des emprunts groupés présente de notre point de vue de nombreux atouts qu’il
convient de souligner :


 Elle soustrait ces PME à l’emprise des banques qui sont souvent très exigeantes avec les
petites entreprises qui sollicitent des crédits.


 Les groupements collectent des ressources durables, moins contraignantes et moins
onéreuses si on les compare au crédit bancaire classique.


 Les emprunts groupés recueillent, en règle générale, la faveur du public. Les emprunts
sont en effet garantis par le fonds de garantie constitué par le groupement et les fonds
propres des sociétés qui participent à l’emprunt, ce qui assure une division du risque à
laquelle le public ne peut pas être insensible.

On peut même étudier la possibilité de faire des augmentations de capital dans un cadre
professionnel. Le recours au marché des capitaux apporte une solution définitive et
satisfaisante au lancinant problème des ressources des PME.

Compte tenu de l’importance des PME dans le tissu industriel du Maroc, et de l’ampleur
du problème qu’elles posent en matière de financement, les pouvoirs publics ne doivent
pas se contenter d’observer le déroulement des événements. Ils doivent intervenir pour
faciliter la réalisation de ces importantes opérations financières.

ISCAE Mémoire de fin d’études 2007-2008


110

Elles doivent intervenir en amont en opérant une sélection drastique des PME qui
participent à l’emprunt obligataire ou à l’augmentation du capital dans le cadre d’un
groupement.

Il s’agit de s’assurer la bonne fin de ces opérations car un risque systématique, c'est-à-dire
un mauvais dénouement de l’emprunt, aurait un impact négatif durable et priverait la
PME d’une importante source de financement.

Les pouvoirs publics doivent par ailleurs recourir aux stimulations fiscales pour rendre ces
emprunts attractifs auprès du public. Le ministère des finances peut décider par exemple
que les personnes physiques qui souscriraient aux emprunts groupés, seraient exonérées
partiellement voire totalement de l’impôt sur les produits des valeurs mobilières.

Ces encouragements sont tout à fait justifiés car non seulement les emprunts groupés
apportent une solution viable au gigantesque problème du financement des entreprises
mais ils vont impulser et dynamiser le marché financier. Il y aura plus d’entreprises,
cotées et plus d’opérations.

D- Renforcement de la politique de communication :

Après avoir exposé un ensemble de recommandation d’ordre technique (création d’un


marché régulé dédié aux PME, solutions imprégnées de l’ingénierie financière), nous
essaierons à présent de répondre à la question suivant : que fait la bourse de Casablanca
pour vendre aux chefs d'entreprise les bienfaits d'une introduction en bourse et extirper de
leurs esprits ce qu'ils ressentent comme craintes et contraintes?

Récemment, le top management de la bourse de Casablanca a concentré ses efforts sur le


recrutement de la PME et PMI. On tente de la séduire, l'intéresser et la faire entrer dans le
monde prestigieux de la cotation. C'est le nouveau défi que s’est fixé le nouveau patron de
la bourse, Omar Drissi Kaitouni, qui ne lésine pas sur les moyens pour atteindre cet
objectif. Le département communication de la Bourse de Casablanca, affirme avoir
entrepris depuis 2000 une vaste campagne de promotion et de prospection à travers des
réunions réalisées en one to one avec les patrons d'entreprises, des visites de salons
professionnels et des mailings personnalisés. L’objectif étant de convaincre les chefs

ISCAE Mémoire de fin d’études 2007-2008


111

d'entreprises des avantages extraordinaires de l'introduction en bourse pour tenter de les


attirer vers plus de transparence financière.

Néanmoins, malgré tous ses efforts, l’impact de cette communication est en deçà des
résultats escomptés. Les chefs d’entreprises familiales petites et moyennes ont répondu
absents ! Ceci ne nous laisse que sceptique quant à l’efficacité de la politique de
communication adoptée par la BVC.

C’est ainsi que nous recommandons de repenser cette politique afin d’avoir un impact plus
direct et sûr. En effet, la BVC devrait désormais se comporter comme une entreprise
proposant des services dont le rendement est bien entendu mesuré par le degré de
dynamisation de la sphère boursière. Une telle approche permettrait à la BVC de se lancer
sur d’autres bases managériales dont le marketing direct. Etudier les besoins des clients
potentiels, adapter l’offre à la demande sans pour autant compromettre les règles de jeu en
matière de protection des investisseurs, telles sont les bases solides d’une bonne
gouvernance au sein de la BVC. Aussi, une politique de promotion et de communication
efficace doit être mise en place. Il faut reconnaître dans ce sens que le domaine boursier est
par essence très sophistiqué et complexe. Vulgariser les principaux mécanismes régissant
la Bourse, montrer son importance pour l’économie et pour l’entreprise en mettant en
exergue les multiples avantages qu’une cotation procurerait doivent être les points nodaux
de la politique de communication. Faire du porte à porte, expliquer les rouages de la bourse
en dialecte arabe et berbère à tous les chefs d’entreprise qui sont pour une grande majorité
illettrés, mettre en place un site de la Bourse en arabe, etc. telles sont d’autres axes qui
pourraient aider à mettre en place une politique de communication saine et efficace.

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Conclusion

Malgré l’essor que connaît dernièrement la place Casablancaise, elle reste plus étroite que
d’autres places boursières, abritant seulement 77 sociétés tandis que ses concurrentes, en
l’occurrence, la place égyptienne, abrite 603 sociétés et la place jordanienne, compte 227
sociétés.

Par ailleurs, cet essor ne profite qu’aux grandes firmes. Alors que le tissu économique
marocain est quasi dominé par les PME-PMI représentant plus de 93%, et qui demeurent
nécessiteuses de moyens de financement afin d’assurer leur croissance et développement,
et afin d’améliorer leur compétitivité face à une mondialisation dont les délais ne cessent
de se rétrécir.

Pour assurer le financement des PME, la bourse demeure l’un des moyens les plus
opportuns. Cependant, on constate qu’en dépit des réformes entreprises par les autorités
publiques, les avancées prévues n’ont pas été atteintes. Ainsi la création d’un marché de
développement et d’un marché de croissance, réservés aux entreprises de taille moyenne
n’a pas aboutit aux résultats souhaités à cause d’une réticence de la part des dirigeants qui
persistent toujours. D’où la nécessité d’une réforme de la réforme ! A travers ce travail
nous avons essayé de creuser des pistes de réflexion dans la perspective de la simplification
de l’introduction en bourse, par le biais de la création d’un marché régulé dédié aux PME, à
l’image de l’Alternext, le marché des PME de l’Euronext. Et pour se faire coté au marché
officiel, le FEMIP a proposé la création d’un fond d’accompagnement des PME
susceptibles de s’introduire en bourse et d’effectuer des émissions d’obligations financé par
la Bourse de Casablanca et l’APSB.

Nous avons aussi proposé des solutions alternatives, permettant la collecte de fonds sans
cotation directe. Ainsi, grâce à la création d’une association d’emprunteurs regroupant des
entreprises d’un même secteur d’activité, celles-ci peuvent lancer des emprunts à long
terme au nom de l’association, et se répartir les fonds par la suite en fonction des besoins
d’investissement de chaque entreprise.

Toutefois, nous nous posons la question sur la faisabilité de ces mesures sous la lumière
des législations et textes en vigueur.

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Bibliographie

« Altrenext : Le marché boursier sur mesure pour PME »


Dossier 242- « Family Business : Qu’est ce qu’une entreprise familiale ? »- par Jacky
LINTIGNAT Directeur Général, KPMG France
Étude sur la promotion de l’épargne privée à long terme au Maroc, réalisée par
FEMIP Facilité euro-méditerranéenne d’investissement et de partenariat, mai 2007
Financement des PME : état des lieux, contraintes et perspectives, Mémoire de fin
d’études du cycle normal 2006-2007, par Ouafae Alla
« Guide de communication financière dédié aux émetteurs », CDVM
La déterritorialisation des multinationales : firmes globales et firmes réseaux,
article de Wladimir Andreff, publié sur le Web.
« Le rôle des Instruments Financiers Alternatifs dans le développement et
l’innovation au Maroc », par Mohamed DRISSI, novembre 2005, Fédération des
Chambres Marocaines de Commerce d’Industrie et de Services
« Les entreprises familiales face au risque financier et aux investissements »,
FAMILY BUSINESS CENTER, UNIVERSITÉ DE SAINT-GALL / ERNST &
YOUNG, JUIN 2005
Rapport d’activité de la Bourse de Casablanca 2004
Règlement Général de la Bourse de Valeurs

Webographie

www.casablanca-bourse.com
www.finances.gov.ma site du Ministère de la finance
www.marocentrepreneurs.com
www.mce.gov.ma site du Ministère du commerce extérieur
Site de la Fédération Marocaines des PME
Sites de la presse économique spécialisée : L’Economiste, La VieEco, Aujourd’hui
le Maroc,...
www.wikipedia.org

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