Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
*
*
Préambule
L'objectif général de la conférence est de discuter et de partager les bonnes pratiques en matière de politiques
d'attractivité régionale et de leur mise en œuvre. La première session se focalise sur les politiques d’attractivité,
en donnant la parole aux représentants nationaux et régionaux pour discuter de leurs stratégies pour attirer les
investisseurs, les talents et les visiteurs, et du rôle des autorités nationales notamment pour soutenir les politiques
d'attractivité dans des territoires très divers. La deuxième session examine le « comment » de l’attractivité
régionale - les différents outils (indicateurs, mécanismes de gouvernance, infrastructures/financement, etc.) pour
mettre en œuvre des stratégies d'attractivité intégrées, cohérentes et coordonnées.
Cette rencontre doit permettre de construire un dialogue autour des bonnes pratiques en matière
d’attractivité régionale entre représentants nationaux et régionaux marocains, représentants des pays et régions
membres de l’OCDE, agences de développement économique, bailleurs, ainsi que tous les acteurs et ‘cibles’ des
stratégies d’attractivité - tels que des entreprises, des chercheurs, des opérateurs, etc.
L’Association des Régions du Maroc (ARM) s’est inscrite dans une démarche active de soutien à la réforme de
la régionalisation avancée et des politiques qui touchent le développement territorial. Elle mobilise ses membres
pour le renforcement des capacités et le partage d’experience. L’ARM a inscrit cette volonté dans un partenariat
avec l’OCDE sur le thème de l’attractivité régionale pour un développement durable et inclusif qui se matérialise
aujoud’hui dans l’organisation de la conférence accueillie à Fès. Cet événement bénéficie de l’appui de la Direction
Générale des Collectivités Locales du Ministère de l’Intérieur du Maroc.*
Le Dialogue Maroc – OCDE sur les politiques de développement territorial s’inscrit dans le contexte de l’adoption,
depuis 2015, de la Réforme de « régionalisation avancée » au Maroc qui œuvre à inscrire une dynamique
territoriale fondée sur un rééquilibrage des compétences et des ressources entre l’État central et les collectivités
territoriales afin de mieux répondre aux attentes des citoyens et aux enjeux économiques, sociaux et
environnementaux. Les Assises nationales de la régionalisation avancée qui se sont tenues les 20 et 21
décembre 2019 ont marqué une étape importante dans la coordination Etat-Régions et abouti à la signature d’un
Cadre d’orientation pour la mise en œuvre de l’exercice des compétences validé tant par les Régions que par les
Ministres concernés par les questions territoriales.
Un premier Dialogue Maroc-OCDE sur le développement territorial, qui a bénéficié de l’implication des parties
prenantes clés, dont l’ARM, a fourni ses conclusions à haut niveau en 2018. Dans le contexte de cette réforme
majeure, différentes compétences ont été allouées aux régions et un rôle important a été octroyé aux Conseils
Régionaux pour l’élaboration et le suivi des programmes de développement régional (PDR), en cohérence
avec les orientations de l’État et en concertation avec les différents acteurs publics et privés du territoire.
Le législateur a ainsi conféré aux Régions du Royaume des compétences propres dans le domaine du
développement régional, de l’aménagement du territoire et de la conception et mise en œuvre des PDR ainsi que
des compétences partagées et transférées. Cet ensemble place les Régions en tant que partenaires majeures
du gouvernement pour l’attractivité régionale durable et inclusive.
* L’ARM est par ailleurs engagée, aux côtés de la Direction Générale des Collectivités Locales (DGCL) du Ministère de
l’Intérieur, dans un Dialogue avec l’OCDE sur l’usage des contrats pour le développement régional. Pour information deux
autres engagements lient le Maroc au Comité des Politiques de Développement Régional de l’OCDE : un dialogue sur la mise
en œuvre de la réforme de déconcentration avec les Services du Chef du Gouvernement et le Secretariat Général à la réforme
de l’administration du Ministère de l’Economie et des Finances ; et un double dialogue avec le Ministère de l’Aménagement
du Territoire National, de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Politique de la Ville, représentant du Maroc au RDPC, sur la
politique nationale urbaine et sur l’Observatoire des dynamisque territoriale en lien avec les politiques d’attractivité régionale.
2
**
Contacts :
Claire Charbit, Cheffe de l’Unité Dialogues Territoriaux et Migration ; Responsable du Dialogue territorial
Maroc-OCDE, Centre pour l’Entreprenariat, les PME, les Régions et les Villes, OCDE –
claire.charbit@oecd.org
Martin Lestra, Analyste des politiques publiques, Centre pour l’Entreprenariat, les PME, les Régions
et les Villes, OCDE – martin.lestra@oecd.org
*
*
Pour faire face à ces nouveaux défis, les Etats peuvent compter sur le rôle croissant des acteurs
infranationaux, au premier rang desquels les Régions, qui disposent des compétences pour soutenir le
développement économique, durable et inclusif de leur territoire. Dans le cadre d’une gouvernance pluri-
niveaux et au moyen d’outils de politiques publiques (indicateurs, financements, collaboration, etc.) en
évolution, les acteurs publics et privés, nationaux et régionaux, métropolitains et ruraux, peuvent agir
pour renforcer l’attractivité inclusive et durable des territoires et y accueillir investisseurs, talents et
visiteurs de manière pérenne. Les politiques d’attractivité doivent permettre aux Régions de tirer profit
de la mondialisation sur la base de leurs atouts spécifiques ; et aux Etats de préserver la cohésion
nationale et d’éviter les "jeux à somme nulle" en coordonnant les diverses stratégies régionales.
L’attractivité est intrinsèquement liée aux territoires. Renforcer l’attractivité régionale constitue ainsi une
stratégie clé pour répondre aux inégalités territoriales dans le contexte de la mondialisation et des
mégatendances qui l’accompagnent. En effet, dans ce contexte inédit, on observe un taux de chômage
à 5.5% en moyenne des pays de l’OCDE, au plus bas depuis vingt ans, et qui impose une concurrence
forte des entreprises et des territoires qui cherchent à attirer les talents. L’impact de la digitalisation en
cours sur ce taux de chômage reste incertain mais ne se manifestera pas de manière homothétique sur
les divers territoires. Les « cartes » de la localisation future sont rebattues et le risque climatique qui
affecte particulièrement certains territoires (notamment sur le littoral) peuvent voir émerger l’attractivité
de nouvelles zones et compromettre la « suprématie » métropolitaine existante. Il y a là une fenêtre
d’opportunité pour rattraper le retard d’attractivité de certains territoires ou développer des stratégies
régionales plus intégrées à l’intérieur des métropoles comme entre les territoires, notamment en
favorisant de nouveaux liens urbain-rural, l’économie circulaire, etc. Concernant les talents, on remarque
d’ailleurs que les préoccupations environnementales et d’inclusion peuvent influer sur leur choix de
localisation, de manière parfois plus incitative que le seul salaire. Certains jeunes, en réinvestissant des
territoires très ruraux d’Europe - et notamment de montagne - non seulement les font revivre, mais y
apportent une vision innovante du développement plus connectée à la mondialisation en poussant à la
connexion numérique, à l’acceptation des migrants, ressource humaine-clé dans des contextes de
dépopulation, et à la préservation des ressources.
À un autre niveau, on peut aussi noter que les périodes de transition engendrent l’incertitude non
seulement sur ce qui sera à terme un « bon choix », mais aussi plus radicalement sur la pertinence des
développement régional « Les mégatendances : forger un avenir meilleur pour les régions,
les villes et les zones rurales », Athènes (19 et 20 mars 2019) - https://www.oecd.org/regional/ministerial/RDPC-Ministerial-Declaration-
FR.pdf. L’ensemble des documents de cette réunion ministérielle sont disponibles ici : https://www.oecd.org/regional/ministerial/
4
**
critères d’évaluation de ce choix. Comme nul ne sait précisément aujourd’hui quels seront les critères
dominants de l’excellence territoriale demain, il est possible de faire preuve d’anticipation en préservant
la « biodiversité régionale » et les atouts, notamment environnementaux et culturels, de lieux qui ne
paraissent pas les plus adaptés aujourd’hui aux choix de localisation de la majorité des investisseurs,
des talents et des visiteurs. Ainsi, la mesure du bien-être régional développée par l'OCDE3 saisit les
facteurs matériels objectifs et certaines données subjectives et immatériels - revenus, emploi, logement,
éducation, santé, environnement, sécurité, engagement civique et gouvernance, accès aux services,
communauté et satisfaction de la vie -– caractérisant la qualité de vie et donc l’attractivité que les gens
apprécient dans leur lieu de vie et de travail et qui contribuent à l'attractivité d'une région.4
Cette note conceptuelle propose des pistes pour l’analyse de l’attractivité régionale, la clarification des
objectifs des politiques et les necessites de gouvernance pour leur mise en œuvre. La première partie
du document présente un cadre intégré d’analyse des « cibles » de l’attractivité – qui comprend
non seulement les investisseurs, mais aussi les talents et les visiteurs. La seconde partie détaille le cadre
d’action proposé par l’OCDE pour agir en faveur de l’attractivité régionale, en s’appuyant sur
l’identification des avantages spécifiques des régions, les données probantes, et développant des
politiques intégrées visant les « cibles » de l’attractivité. La note souligne que les politiques d’attractivité
intégrées ne peuvent se penser sans des mécanismes de gouvernance pluri-niveaux étendus aux
acteurs non-gouvernementaux, monde économique et société civile. Ce cadre d’action montre aussi que
les politiques d’attractivité doivent parfois réconcilier des objectifs qui semblent contradictoires – la
performance économique, l’inclusion sociale et la résilience environnementale Enfin, la note souligne les
projets et outils développés par le Secrétariat de l’OCDE pour soutenir des politiques d’attractivité
dans des régions des pays-membres et des pays-partenaires de l’OCDE.
3 Il ne s’agit pas d’élaborer un indicateur synthétique qui figerait en une moyenne difficile à comprendre ce qu’offre tel ou tel territoire. Il
convient plutôt de comprendre, derrière les moyennes, la variété des situations régionales et leur potentiel à diversifier l’offre qu’elles
adressent aux cibles de leur politique d’attractivité. La base de données de l’OCDE est disponible au lien suivant :
https://www.oecdregionalwellbeing.org/
4 Yann Algan, Clément Malgouyres et Claudia Senik (2020), « Territoires, bien-être et politiques publiques, Les notes du Conseil d’Analyse
*
*
L’attractivité ne se résume pas à séduire les investisseurs. Il s’agit également d’attirer - et de fidéliser-
les talents au sens d’une offre de travail, plus ou moins qualifiée, à même de répondre aux besoins des
entreprises, nationales ou étrangères du marché local et d’innover. L’offre territoriale s’adresse aussi aux
visiteurs - touristes motivés par le patrimoine culturel, environnemental ou l’offre de services spécialisés
notamment en termes de santé et bien-être ; participants à des salons professionnels ; résidants
étrangers dans la région, désormais à la recherche de systèmes locaux durables et inclusifs. La section
suivante examine les ressorts de l’attractivité vis-à-vis des investisseurs, des talents et des visiteurs.
La décision d'investir dans un lieu particulier dépend en grande partie d’éléments spécifiques à
l'entreprise. Cependant, les caractéristiques territoriales jouent un rôle important dans les décisions
d'implantation des entreprises étrangères. Par exemple, entre 2007-2014, les régions urbaines de
l’OCDE ont concentré environ 50% des sièges des entreprises. Néanmoins, les régions rurales ont
rassemblé jusqu'à 20% des nouvelles entreprises notamment dans le secteur du tourisme (OCDE,
2018).5
Les facteurs d’attractivité sont nombreux et leur importance relative pour les investisseurs varie en
fonction de la situation géographique et du contexte économique et politique du pays d'accueil et
d'origine, ainsi que du secteur concerné. Par exemple, les investissements dans le secteur manufacturier
sont souvent motivés par les faibles coûts de la main-d'œuvre et du foncier, alors que les industries de
service recherchent une main-d'œuvre qualifiée et/ou la proximité des clients.
On observe aussi une relation positive entre flux des Investissements Directs Étrangers et la bonne
gouvernance, l'application des droits de propriété et le développement humain. La proximité physique ou
culturelle, telle qu'une langue commune ou des liens historiques, entre le pays d'origine et le pays
d'accueil a aussi un effet positif sur l'investissement, tout comme les accords commerciaux régionaux.
Enfin, les incitations fiscales ont un effet limité sur les investissements : l’OCDE a montré que la réaction
des investisseurs à une charge fiscale plus faible - par rapport au manque à gagner - est limitée (OCDE,
2015).6 Les investisseurs s’ils tiennent compte des coûts fiscaux et réglementaires, sont aussi disposés
à accepter une charge fiscale plus élevée si le pays dispose d'un environnement commercial et de
perspectives macroéconomiques favorables, d'un État de droit, d'une main-d'œuvre hautement qualifiée
et d'une stabilité réglementaire.
Ainsi dans leur stratégie de sélection infranationale, les investisseurs tiennent compte des
caractéristiques nationales, mais aussi de facteurs propres aux régions, tels que:
5 OECD (2018), Rural 3.0 – A framework for rural development, Policy Note
6 OECD (2015), Policy Framework for Investment - http://dx.doi.org/10.1787/9789264208667-en. L'OCDE a identifié 12 domaines de
politique générale qui affectent les flux d'investissement. Il s'agit de la politique d'investissement, de la promotion et de la facilitation des
investissements, de la concurrence, des échanges, de la fiscalité, du gouvernement d'entreprise, de la finance, des infrastructures, du
développement des ressources humaines, des politiques visant à promouvoir un comportement responsable des entreprises, de
l'investissement en faveur de la croissance verte et de la gouvernance publique.
6
**
Ces divers facteurs d’attractivité semblent souligner les effets « auto-renforçant » des concentrations
urbaines (ou périphériques des grandes villes) dans la mesure où ils favorisent la sélection des pôles
urbains et leur périphérie proche. En particulier, les investisseurs étrangers sont sensibles à l’effet
« cluster » et généralement attirés par des territoires où d'autres investisseurs sont déjà présents - la
présence de concurrents, de clients et de fournisseurs établis du même secteur est considérée comme
limitant le risque d’investissement dans la localisation concernée (Dunning, Lundan and Elgar, 2008 ;
Copenhagen Economics, 2006 ; OCDE, 2017 ; Moretti, 2012). 7 Cela corrobore les tendances des
disparités régionales en matière d'IDE : les régions où les niveaux d'investissement sont déjà élevés
attirent davantage d'IDE que les régions moins dotées. Les régions en tête ont également tendance à
présenter d'autres caractéristiques qui attirent l'IDE, notamment une main-d'œuvre plus qualifiée et plus
productive, de meilleures infrastructures et des niveaux plus élevés de dépenses de R&D.
Les autorités régionales ont un rôle à jouer dans ce contexte, même lorsqu’elles ne disposent pas d’une
compétence exclusive en matière de développement économique et d’investissement. Qu’il s’agisse
d’actions de soutien aux infrastructures par des politiques d’investissement appropriées ou de soutien à
la formation, leur action pour faire exister leur territoire aux yeux des investisseurs potentiels est clé. Ces
actions doivent aussi s’appuyer sur des dispositifs de communication et de mise à disposition
d’indicateurs et d’informations publiques, loin des classements subjectifs standards, pour favoriser la
connaissance des qualités du territoire à l’étranger. L'une des raisons des effets d'agglomération, en
particulier dans les pays en développement, est l'absence d'informations publiques facilement
accessibles aux investisseurs (OCDE, 2017)8 Les agences régionales de promotion des investissements
peuvent donc jouer un rôle important dans la communication d'informations sur l'environnement des
entreprises et les possibilités d'investissement. Celles-ci ne concernent pas seulement les
caractéristiques économiques des territoires mais de plus en plus les caractéristiques de bien être qui
concourront non seulement à décider du choix de localisation des employeurs étrangers mais aussi de
la stabilité de ce choix dans le temps. En retour, et pour favoriser le développement inclusif et durable,
les investisseurs doivent être incités à respecter les normes environnementales et sociales.9
Une grande partie de ce qui attire les talents est lié au territoire : le marché du travail, l’économie
régionale, l'accès aux services publics, la qualité de vie, ainsi que d’autres facteurs culturels,
démographiques et environnementaux. Des études montrent que c’est dans les zones métropolitaines
que sont créés la majorité des emplois, et que les travailleurs qualifiés se concentrent de plus en plus
7 Copenhagen Economics (2006), Study on FDI and regional development, prepared for the European Commission, Directorate-General
for Regional Policy, http://ec.europa.eu/regional_policy/sources/docgener/studies/pdf/fdi2006.pdf ; Dunning, J., S. Lundan and E. Elgar
(2008), Multinational Enterprises and the Global Economy, Second Edition, Edward Elgar Publishing, Inc.,
https://dipiufabc.files.wordpress.com/2015/06/dunning_multinational-enterprises-and-global-economy.pdf; Moretti, E. (2012), The New
Geography of Jobs, Houghton Mifflin Harcourt Publishing Company, New York, https://www.scribd.com/read/249307844/The-New-
Geography-of-Jobs (accessed on 08 August 2018); OECD (2017), “Issues Note: Making Investment Promotion Work for Sustainable
Development in the Southern Mediterranean: Focus on Incentives and Territorial Development”, Regional seminar on investment promotion:
focus on incentives and territorial development, - http://www.oecd.org/mena/competitiveness/REPORT-Regional-EU-OECD-IPA-
Workshop-Paris-201710.pdf
8 OECD (2017), “Issues Note: Making Investment Promotion Work for Sustainable Development in the Southern Mediterranean: Focus on
Incentives and Territorial Development”, Regional seminar on investment promotion: focus on incentives and territorial development
9 Principes Directeurs de l’OCDE pour les entreprises multinationales : Les Principes directeurs sont des recommandations que les
gouvernements adressent aux entreprises multinationales afin de favoriser une conduite raisonnable des entreprises dans les domaines
des relations professionnelles, des droits de l'homme, de l'environnement, de la fiscalité, de la publication d'informations, de la lutte contre
la corruption, des intérêts des consommateurs, de la science et de la technologie, et de la concurrence. Ces Principes font l’objet d’un
rapport annuel, disponible au lien suivant : https://www.oecd.org/fr/gouvernementdentreprise/mne/
*
*
dans des régions particulières (OCDE, 2018)10 – reflet des effets d'agglomération. En effet, les migrants
étrangers très qualifiés ont tendance à s'installer dans des régions où la population autochtone très
qualifiée est elle aussi importante, principalement dans les zones métropolitaines (OCDE, 2018).11 Par
ailleurs, les lieux où les salaires sont plus élevés et les possibilités d'emploi plus nombreuses attirent
également les travailleurs de tous les niveaux de qualification, conduisant à ce que deux tiers des
migrants dans les pays de l’OCDE se localisent dans des régions métropolitaines. Dans les économies
en développement et émergentes, il semblerait que les travailleurs privilégient les régions où les
entreprises étrangères et le commerce international sont les plus florissants (Moretti, 2012).
Cependant, les grandes villes présentent aussi des difficultés d’intégration compte tenu du prix du
logement poussant les salaires modestes à se situer à la périphérie des cœurs urbains, et contribuant,
si les solutions de transports publics sont insuffisantes, à l’étalement urbain, l’empiètement sur les terres
agricoles, la congestion et la pollution.12 De fait, les salaires plus élevés ne suffisent pas à eux seuls à
attirer et à retenir les talents et les avantages non pécuniers semblent d’ailleurs être relativement plus
importants pour les personnes les plus qualifées (Tuccio, 201913). La qualité de vie et la disponibilité des
commodités sont des facteurs importants dans les décisions de localisation des travailleurs hautement
qualifiés (OCDE, 2016).14 De bons services publics (en termes d’éducation et de santé en particulier),
un climat tempéré, des aménités culturelles et de loisirs, ainsi que la diversité de la population, semblent
tous avoir un effet positif sur l'attraction et la rétention des travailleurs hautement qualifiés, qui peuvent
être prêts à payer plus cher, en termes de coût de la vie, pour ce type d’environnement. De plus, ces
facteurs d’attractivité doivent être différenciés selon les populations ciblées. Une étude sur l'attractivité
régionale dans l'UE a ainsi révélé que les jeunes travailleurs ont tendance à privilégier les lieux dotés
d'infrastructures connectés alors que les travailleurs d'âge moyen sont plus attirés par les régions dotées
culturellement (ESPON, 2013).15
Enfin, de nombreux autres facteurs peuvent influer sur l'attrait d'un lieu plutôt qu’un autre auprès des
talents. Pour les migrants internationaux, la présence de communautés existantes de leur pays d'origine
est un facteur d'attractivité, car les communautés de la diaspora peuvent contribuer à atténuer les
difficultés culturelles, linguistiques et administratives initiales (OCDE, 2018).16 La majorité des migrants
permanents vers les pays de l'OCDE (40 %) accompagnent ou rejoignent des membres de leur famille
ou de leur communauté (OCDE, 2018). 17 La capacité d'une commune à intégrer les familles peut
contribuer à son attrait auprès des nouveaux arrivants et à son succès dans la rétention des talents.
Réciproquement, la capacité des territoires à garder le lien avec leur diaspora à l’étranger peut constituer
un levier important d’internationalisation du fait du soutien des émigrés à leur communauté d’origine,
comme en attestent les dispositifs mis en place au Maroc ou au Mexique.
Ainsi, différents territoires présentent différents atouts à offrir à différents talents. Si les régions
métropolitaines offrent souvent un meilleur accès aux services et aux équipements, les régions rurales
peuvent également réussir à attirer les talents. Certains travailleurs sont prêts à accepter un salaire moins
élevé pour un coût de la vie réduit et la variété et la qualité de l’environnement naturel qui contribuent
10 Cette étude sur la concentration des travailleurs qualifiés couvre la période 2006-16 et 20 pays-membres de l’OCDE : Job Creation and
Local Economic Development 2018 - Preparing for the Future of Work (OCDE, 2018) – voir http://www.oecd.org/fr/publications/job-creation-
and-local-economic-development-26174979.htm
11 OECD (2018), International Migration Outlook 2018 - http://dx.doi.org/10.1787/migr_outlook-2018-en.
12 Ces résultats très positifs économiquement mais plus difficiles des points de vue social et environnemental ont été illustrés dans le cas
de la métropole de Casablanca – voir le Dialogue Maroc-OCDE sur les politiques de développement territorial - Enjeux et Recommandations
pour une action publique coordonnée (OCDE 2018) – accessible au lien suivant : https://www.oecd.org/fr/pays/maroc/dialogue-maroc-ocde-
sur-les-politiques-de-developpement-territorial-9789264302884-fr.htm
13 Tuccio M. (2019) Measuring and Assessing Talent Attractiveness in OECD Countries, OECD Social, Employment and Migration
Working Papers No,229 https://www.oecd.org/migration/mig/Measuring-and-Assessing-Talent-Attractiveness-in-OECD-Countries.pdf
14 OECD (2016), “Regional Well-Being in OECD Countries”, in OECD (ed.), How's Life in Your Region? Country Factsheets,
http://www.oecd.org/cfe/regional-policy/hows-life-country-facts-united-states.pdf
15 ESPON (2013), ATTREG - The Attractiveness of European regions and cities for residents and visitors, Final Report -
https://www.espon.eu/programme/projects/espon-2013/applied-research/attreg-attractiveness-european-regions-and-cities
16 OECD (2018), International Migration Outlook 2018; OECD (2018), Working Together for Local Integration of Migrants and Refugees -
http://dx.doi.org/10.1787/9789264085350-en.
17 Ibid.
8
**
tous également à la qualité de vie. Dans certains territoires dits « périphériques », on peut aussi observer
que des entreprises très productives ont attiré des travailleurs mieux payés, ce qui a par effet boule de
neige rendu le territoire plus attrayant (OCDE, 2016).18
En 2019, les arrivées de touristes dans le monde ont augmenté de près de 4 % par rapport à l'année
précédente (plus d’1,5 milliards), confirmant une décennie d’augmentation du tourisme international
(OCDE, 2020).19 Partout dans le monde, de plus en plus de personnes voyagent vers de plus en plus de
destinations. Les études de l’OCDE (2018 ; 2020)20 soulignent certains facteurs qui contribuent à attirer
les touristes, notamment la qualité des sites culturels, naturels ou autres ; la stabilité politique et la
sécurité publique, les infrastructures de transport, l’accessibilité et la connexion haut débit, la disponibilité
des logements et des services, les informations accessibles sur la destination, le traitement efficace des
visas et des douanes.
Si un site touristique peut être attrayant pour diverses raisons, la qualité du site et de l'expérience sont
cruciales pour les visiteurs. La qualité de l'expérience dépend de nombreux facteurs nationaux et
infranationaux qui affectent directement et indirectement le résultat. Par exemple, les infrastructures
nationales et infranationales sont essentielles pour attirer les touristes et leur permettre de visiter les
territoires. Des transports efficaces et bien connectés jouent un rôle important dans le choix de
destination des visiteurs. Les touristes ont tendance à rechercher des destinations accessibles depuis
leur domicile, et d’où ils pourront facilement visiter plusieurs sites (OECD, 2018).21 Cela signifie que les
lieux dotés d'aéroports internationaux avec des vols fréquents et directs vers les lieux d'origine ont
tendance à attirer le plus de visiteurs. De nombreux pays africains sont ainsi limités dans leur stratégie
d’expansion touristique par le coût des vols internationaux entrants, en raison de l'irrégularité, du manque
de concurrence et de l'importance des redevances (Christie et al., 2014).22
Les Régions peuvent jouer un rôle crucial pour attirer les touristes, notamment en matière
d’infrastructures routières et ferroviaires et de leur connexion multimodale afin de faciliter l'accès des
touristes au-delà des grandes villes. L'accessibilité d'un lieu est un élément central de son
développement en tant que site touristique tout comme la disponibilité de solutions d’hébergement.
Au cœur de l’attractivité auprès des visiteurs figurent ainsi de nombreux éléments communs aux
politiques qui concernent aussi les investisseurs et les talents. Tout d’abord parce qu’une industrie
touristique prospère nécessite à la fois des investissements et des talents (de haut niveau de
qualification, ainsi que des personnes moins qualifiées) dans le secteur: elle est donc directement
sensible aux facteurs qui attirent les entreprises et les travailleurs sur un site. Indirectement, pour ce qui
concernent les clients de l’industrie du tourisme, l’accès à des infrastructures et des services publics
fiables, l’importance de la sécurité, la sensibilité à la réputation et à la promotion territoriales sont autant
d’éléments cruciaux et communs aux trois cibles. Ce constat plaide, comme cela sera développé plus
bas, pour des approches intégrées de l’attractivité régionale.
Des économies d’envergure sont ainsi à exploiter dans la conduite d’une politique d’attractivité et la
gouvernance de sa mise en œuvre auprès des cibles différentes. Mieux intégrer les stratégies visant les
différents acteurs (entreprises, talents et visiteurs) est aussi un moyen de limiter la dépendance à une
activité dominante, par exemple touristique, et aux externalités négatives qui peuvent accompagner la
surconsommation touristique d’un lieu. Il s’agit là, en associant inclusion sociale et qualité
18 OECD (2016), OECD Regional Outlook 2016: Productive Regions for Inclusive Societies - http://dx.doi.org/10.1787/9789264260245-en.
19 OECD (2020), OECD Tourism Trends and Policies 2020
20 OECD (2020), OECD Tourism Trends and Policies 2020; OECD (2018), OECD Tourism Trends and Policies 2018,
http://dx.doi.org/10.1787/tour-2018-en.
21 OECD (2018), OECD Tourism Trends and Policies 2018
22 Christie, I. et al. (2014), Tourism in Africa: Harnessing Tourism for Growth and Improved Livelihoods, Africa Development Forum series,
*
*
environnementale, de préserver à long terme les atouts touristiques eux-mêmes et la possibilité pour la
population locale de continuer à pouvoir habiter le territoire en question.
De nombreux facteurs contribuent donc à rendre des territoires attractifs pour les investisseurs, les
talents et les entreprises. Les leviers d’attractivité sont multiples et permettent bien souvent d’agir
à la fois en faveur d’une ou plusieurs « cibles » de l’attractivité et d’associer d’autres objectifs
que la performance économique à ces politiques. Ainsi, l’analyse des facteurs d’attractivité doit se
doubler d’un cadre d’action intégré permettant aux acteurs nationaux et locaux, publics et privés,
d’élaborer et de mettre en œuvre des politiques publiques cohérentes et efficaces, fondées sur la
singularité de chaque territoire et nourries de données probantes.
10
**
Cette section présente le cadre d’action proposé par l’OCDE pour définir et mettre en œuvre des
politiques d’attractivité régionale cohérentes et efficaces. En effet, l’attractivité est un sujet complexe,
multidimensionnel et qui requiert l’intervention de nombreux acteurs publics et privés à différentes
échelles. Pour agir sur les leviers de l’attractivité, il convient tout d’abord de les identifier, notamment au
moyen de données probantes. Pour définir les politiques appropriées pour soutenir l’attractivité régionale,
il convient par ailleurs d’élaborer des stratégies communes aux acteurs du territoire, en concertation avec
les acteurs nationaux, et les mettre en œuvre au moyen de dispositifs de gouvernance pluri-niveaux
adaptés qui incluent aussi l’expérience du monde économique et universitaire et de la société civile.
Ainsi, il n’existe pas un modèle unique et optimal de stratégie d’attractivité régionale, mais plutôt de
nombreuses bonnes pratiques que cette conférence permettra de partager : initiatives régionales et
nationales tout comme outils et mécanismes appropriés pour leur mise en œuvre coordonnée.
Les gouvernements nationaux ne sont pas en reste et des discussions préalables au sein du Comité des
politiques de développement régional (RDPC) de l’OCDE ont permis de partager différents exemples.
Ainsi, en Grèce, l’attractivité régionale est essentielle pour maintenir le flux de visiteurs, lutter contre la
fuite des cerveaux et attirer les investissements directs étrangers, afin de contrebalancer les effets
négatifs de la crise qui a creusé les disparités entre territoires et entre habitants. En Suisse, l’attractivité
régionale est un facteur de renforcement des systèmes régionaux d’innovation et de soutien à la cohésion
et à la compétitivité tant au niveau fédéral que cantonal. Le projet Pilote d'Immigration du Canada
Atlantique et le Programme d’Immigration en Australie sont des exemples de stratégies pluri-niveaux
visant à attirer des talents étrangers afin d'améliorer la productivité et répondre aux besoins en main
d’œuvre qualifiée des entreprises, en particulier dans les régions non urbaines.
*
*
sera durable et inclusif. Disposer d’un observatoire des dynamiques territoriales permettant de servir de
référence commune à tous les acteurs de l’attractivité territoriale, au niveau national et régional, et
intégrant des informations utiles en ce qui concerne les entreprises, les talents et les visiteurs constitue
ainsi un levier très utile24.
Pour comprendre la position des régions dans la mondialisation et concevoir des stratégies d'attractivité
territoriale efficaces et durables, il est aussi nécessaire de disposer des données sur la place des régions
dans la mondialisation. L’attractivité est souvent mesurée à l’échelle d’un pays, avec des indicateurs qui
tiennent compte, entre autres, de la manière dont les entreprises et les personnes perçoivent, opèrent et
se déplacent au-delà des frontières nationales. Ces cadres d’analyse négligent souvent l’impact
hétérogène que la mondialisation peut avoir dans différentes régions d'un même pays et la variété des
dynamiques d’attractivité à l’œuvre à l’intérieur d’un même pays. 25 De plus, l’attractivité se mesure
souvent grâce aux constats subjectifs effectués par les entreprises en matière de localisation.26 Ces deux
tendances concourent à maintenir une vision de l’attractivité qui néglige le potentiel des dynamiques et
synergies territoriales, ainsi que la variété des leviers disponibles, afin de comprendre le rôle et le
potentiel des divers types de régions dans une économie mondialisée. Afin de répondre à ce besoin,
l’OCDE, appuyée par la France, a développé une nouvelle méthodologie rassemblant un ensemble
d’indicateurs visant à mesurer le niveau « d’internationalisation » des régions de l’OCDE (au sens
infranational) au moyen de quatre piliers: les connexions d’infrastructure, les connexions humaines, les
connexions de connaissance et les connexions d’affaires. Si l’ensemble des indicateurs n’est pas
toujours disponible de manière infra nationale, comparative et sur plusieurs années, ces données
permettent cependant de positionner les régions dans la mondialisation et de les aider ainsi que les
gouvernements nationaux à identifier leurs atouts et leurs marges de progression pour attirer
investisseurs, talents et visiteurs. Par exemple, les indicateurs sur les connexions d’affaires permettent
de souligner le rôle des entreprises multinationales sont le moteur de la mondialisation, ainsi que la
fragmentation internationale de la production qui en découle. En addition aux données nationales sur les
chaînes de valeur mondiales et le commerce à valeur ajoutée dont l’OCDE dispose, cette base de
données permet de collecter des données régionalises sur les importations et les exportations de biens,
la part de l’économie régionale dans les secteurs des biens échangeables et les niveaux d’import/export)
et la position de l’investissement, selon la disponibilité des données. L’ensemble de ces données va
nourrir le travail de l’OCDE auprès de régions et gouvernements nationaux volontaires à ce sujet.27
24 Voir notamment le renforcement de l’Observatoire des dynamiques territoriales mis en œuvre par le Ministre de l’Aménagement du
Territoire National, de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Politique de la Ville au Maroc - voir
http://www.muat.gov.ma/?q=fr/article/observatoire-national-des-dynamiques-territoriales et l’Observatoire des territoires (France) qui
permet de rassembler et de cartographier en France la variété des réalités territoriales – voir https://www.observatoire-des-
territoires.gouv.fr/observatoire-des-territoires/en/node
25 Par exemple, le Manuel sur les indicateurs économiques de la mondialisation (OCDE, 2010) propose un cadre d’analyse national, sans
12
**
Les modes de relations entre agence de développement nationale et régionales varient cependant selon
les pays. Un exemple particulier est celui de la Norvège où cette relation est marchande, les régions qui
le souhaitent pouvant acheter la prestation nationale de connexion avec les cibles étrangères et la
promotion du territoire. Au Maroc, le renouvellement des Centres Régionaux d’Investissement et la mise
en place des Commissions Régionales Unifiées pour l’Investissement font état de la volonté de mieux
territorialiser et coordonner la contribution des diverses parties prenantes à l’attractivité régionale.29
La figure plus bas rassemble les éléments d’un cadre d’action pour comprendre et renforcer l’attractivité
régionale en reprenant l’identification i. des « actifs spécifiques » du territoire, ii. les politiques existantes
et iii. les modes de gouvernance qui leurs sont associés.
28 Cette cartographie a été réalisée dans 32 pays-membres de l’OCDE. Le rapport est disponible ici :
http://www.oecd.org/investment/Mapping-of-Investment-Promotion-Agencies-in-OECD-Countries.htm
29 Ces aspects sont au cœur du Dialogue Maroc-OCDE sur l’usage des contrats à travers niveaux de gouvernement, en partenariat avec
la Direction Générale des Collectivités Locales – Ministère de l’Intérieur du Maroc, et l’Association des Régions du Maroc.
*
*
14
**
L'OCDE offre un cadre dans lequel les gouvernements peuvent comparer leurs expériences en matière
de politiques publiques, chercher des réponses à des problèmes communs, identifier les meilleures
pratiques et coordonner les politiques nationales et internationales. En 1999, l'OCDE a créé le Comité
des politiques de développement territorial (TDPC) - aujourd'hui le Comité des politiques de
développement régional (RDPC) - comme un forum d'échange et de débat international sur la
compétitivité régionale et les questions de gouvernance à plusieurs niveaux. Le Centre de l'OCDE pour
l'entreprenariat, les PME, les régions et les villes (CFE) sert le Comité et concentre les activités de
l'OCDE concernant le développement local et régional. Le CFE est aussi engagé auprès des pays
membres pour ce qui concerne l’emploi local, l’économie sociale et solidaire, la culture, l’entreprenariat,
les PME, et le tourisme via les différents comités servis, au-delà du RDPC. Le Centre aide les pays, leurs
régions et leurs villes à concevoir et à mettre en œuvre des politiques qui favorisent la création d'emplois,
le développement durable et inclusif, notamment par un soutien spécifique à l'apprentissage par les pairs
par le biais du partage international d'expériences afin de soutenir le renforcement des capacités. À cette
fin, le CFE s'appuie sur son expertise unique et ses données en matière de développement régional,
rural et urbain et de gouvernance pluri-niveaux.
L’OCDE travaille avec des autorités régionales, en partenariat avec les gouvernements nationaux et les
autorités locales, pour renforcer leur attractivité de manière durable et inclusive. Les données mises à
disposition du public concernent des dimensions majeures de l’attractivité des régions (développement
régional, investissement, tourisme, migration, commerce, entreprises, emploi et gouvernance pluri-
niveaux). Pour accompagner les régions et les autorités nationales, l’OCDE s’appuie notamment sur les
bases de données régionales qui comprennent des indicateurs comparatifs sur le bien-être, la
démographie des entreprises et la migration.30 Ces informations peuvent constituer à la fois un outil
promotionnel et permettre d’identifier les leviers de l'attractivité régionale dans la mondialisation. Elles
peuvent aider les régions à positionner leurs atouts et comprendre leurs faiblesses, à suivre les grandes
tendances et les comparer aux observations sur place. Elles peuvent également sensibiliser à des défis
territoriaux spécifiques. Enfin, elles peuvent guider la hiérarchisation de l’action publique, en reflétant les
priorités des habitants et des entreprises.
Les projets engagés par l’OCDE sur l’attractivité régionale s’attachent à soutenir la coordination entre les
acteurs pour renforcer leur attractivité de manière durable et inclusive et éviter les « jeux à somme nulle »
auxquels peuvent conduire des stratégies régionales non coordonnées et qui peuvent affecter la
cohésion nationale. L’accompagnement de l’OCDE se fonde sur trois piliers :
Pilier II: Analyse qualitative des bonnes pratiques en matière d’attractivité régionale, fondée sur
des études de cas et des dialogues entre régions et acteurs du monde économique et de la
société civile, ainsi qu'entre niveaux de gouvernement. En s’appuyant sur le repérage plus fin
de leurs actifs spécifiques, les régions partenaires (couvrant des territoires urbains et ruraux)
peuvent mettre l’accent sur certains d’entre eux, de manière spécifique en fonction des priorités
(par exemple les « régions de montagne » ou « les régions frontières »). Enfin, l’analyse
qualitative permet de réaliser des cartographies institutionnelles des acteurs pour identifier « qui
fait quoi » ainsi que leurs relations (de partage d’information, de financement, de régulation, de
co-construction des stratégies, d’évaluation, etc.) afin de clarifier les enjeux de coordination pour
des politiques d’attractivité plus efficaces.
*
*
Au-delà des travaux récents sur l’approche territoriale pour l’intégration des migrants,31 les principaux
projets actuellement engagés en lien avec l’attractivité régionale durable et inclusive concernent :
- Un projet pour Soutenir les stratégies d'internationalisation des régions en termes d'exportations
et d'attractivité et rationaliser leur mise en œuvre en partenariat avec l’Agence Nationale pour la
Cohésion des Territoires (France) et l’Union Européenne (DG REFORM), afin d’identifier en lien avec les
Régions de France les approches et innovations utiles, y compris en termes de gouvernance, pour
renforcer l’impact de l’internationalisation des territoires sur la cohésion et le développement durable et
inclusif.
- Une étude de sur les causes des disparités économiques entre les régions qui souligne la
nécessité d'adopter des politiques adaptées au lieu, compte tenu du mécontentement croissant de la
population face au statu quo économique, social et politique dans de nombreuses régions, ainsi que pour
faire face à l'impact des mégatendances technologiques, démographiques et environnementales.32
- Dans le cadre du Programme pays qui lie le Maroc et l’OCDE, des Dialogues territoriaux avec le
Maroc pour mettre en œuvre la réforme sur la régionalisation avancée par l'usage de contrats entre
les différents niveaux de gouvernement ; et prochainement sur la mise en œuvre de la réforme de
déconcentration et sur le renforcement de l’Observatoire sur les dynamiques territoriales afin de
soutenir les politiques d’attractivité régionale.
31 Avec l’Union européenne et 10 villes européennes pour élaborer la checklist en faveur de l'intégration des migrants au niveau local
(https://www.oecd.org/publications/working-together-for-local-integration-of-migrants-and-refugees-9789264085350-en.htm) ; avec la
Région Occitanie (France) pour renforcer l'échange entre régions pairs en ce qui concerne les politiques en faveur de l'inclusion des
migrants et des réfugiés.
32 Perspectives régionales de l'OCDE 2019, http://www.oecd.org/fr/regional/oecd-regional-outlook-2019-9789264312838-en.htm).
16
**
www.oecd.org
@OECD_local #AttractiveRegions