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Introduction

Avec un PIB estimé en 2021 à 1 674 milliards de dollars, la Corée du Sud, pays
émergent, est le 10ème pays le plus riche au monde. Cette édifiante croissance
économique repose sur des politiques de développement dynamiques et
concurrentielles qui ont permis d’asseoir des secteurs d’activités bien structurés et
largement animés par des entreprises d’envergure internationale et très compétitives.

Séoul, capitale de la Corée du Sud

I. UN SECTEUR PRIMAIRE MODERNE MAIS DE


PLUS EN PLUS MARGINAL

1) Des réformes et politiques agricoles offensives


à divers niveaux
► La première grande réforme dans le secteur agricole en Corée du Sud, est une
réforme agraire. En effet, avant l’industrialisation du pays, l’agriculture sud-coréenne
était caractérisée par le petit système agricole avec les fermes locatives. 85 % des
agriculteurs pratiquaient l’agriculture sur des fermes louées car la quasi-totalité des
terres agricoles était détenu par de grands propriétaires fonciers. Le gouvernement va
entreprendre d’importantes réformes agraires qui se traduiront par le rachat et la
distribution des terres agricoles aux petits exploitants. Au total, 60 % des terres totales
en Corée ont été transférées aux agriculteurs par le biais de la réforme agraire.

► La deuxième grande réforme agricole va s’opérer à partir des années 1960 pendant
l’industrialisation. Sous l’impulsion du Général Park Chung Hee, le gouvernement lance
deux plans quinquennaux (1962-1967 et 1967-1972) pour améliorer la qualité et la
productivité dans le secteur agricole en vue d’atteindre l’autosuffisance alimentaire. Il
effectue des projets de développement rural d’envergure en procédant à l’extension des
terres agricoles, l’aménagement des systèmes d’exploitation rationnelle de l’eau. Park
Chung Hee lance la campagne de la Révolution Verte qui s’est traduite par le
développement de nouvelles variétés de riz, tel le Tongil, la mécanisation des travaux
agricoles, la lutte contre les ravageurs.

Ces mesures vont permettre d’augmenter significativement les rendements des variétés
générales de riz par unité de surface qui passent de 3,5 millions de tonnes à la fin des
années 1960 à 5 millions de tonnes à la fin des années 1970.
► La troisième grande réforme dans le secteur agricole s’inscrit dans le cadre de la
libéralisation du commerce international. La République de Corée engage des
négociations de nombreux accords de libre-échange avec plusieurs pays et
organisations régionales pour protéger et contrôler son marché intérieur tout en
garantissant la compétitivité de ses exportations. Elle va bénéficier dans ce contexte du
statut préférentiel de Pays en développement au sein de l’OMC lui permettant
particulièrement de protéger sa production locale de riz par l’imposition de tarifs
douaniers exorbitants à l’importation de cette denrée.

2) Une agriculture hautement intensive et


efficiente
L’agriculture sud-coréenne est l’une des plus performantes au monde. En effet, le pays
pratique une agriculture intensive et ultra-moderne, qualifiée d’agriculture de
précision. Elle est caractérisée par l’observation et l’analyse des paramètres
climatiques à travers l’usage des nouvelles technologies telles que l’imagerie par
satellite et les technologies de l’information ; les engins, outils et intrants performants
sont massivement utilisés dans le processus de production (plantation, traitement,
récolte). Grâce aux progrès de la mécanisation et de la modernisation agricoles, la
production de riz, culture de base du pays par exemple, connaît une production record
de plus de 3,5 millions de tonnes/an, assurant l’autosuffisance du pays.

La Corée du Sud est aussi un producteur de coton, de tabac, de chanvre, de sésame,


de ginseng. Elle produit aussi de l’orge, du maïs, du sorgho, du soja, de la pomme de
terre. Les productions de fruits et légumes comprennent le raisin, la mandarine, la
pomme, l’oignon vert, le poivron vert etc.

Le secteur agricole a toutefois une contribution marginale au PIB. Il représentait en


2020, 1,83% du PIB et employait 4% de la population active.

Ce secteur reste aussi confronté à de nombreux défis.

3) Un secteur agricole confronté à de nombreux


défis
Hormis le riz, la Corée du Sud est très dépendante des importantes de plusieurs
produits agricoles dont les productions ne sont pas substantielles pour couvrir la
consommation nationale. L’évolution des habitudes alimentaires des sud-coréens avec
une forte tendance à leur occidentalisation, la constante sensibilité des consommateurs
à la sécurité alimentaire, accentuent cette dépendance alimentaire.

La République de Corée est également confrontée au vieillissement de sa population


agricole. En effet, le pays connaît déjà une baisse continue de la natalité et les activités
agricoles n’attirent plus les jeunes. Ces derniers préfèrent s’orienter de plus en plus vers
les activités tertiaires sous l’effet de la forte croissance économique et de la
modernisation fulgurante du pays.

Un autre défi auquel l’agriculture est confrontée se trouve au niveau du potentiel de


production agricole sud-coréenne qui est très limité car les deux tiers du pays sont
formés de montagnes et de collines. Ainsi, moins du quart de sa superficie est propice à
la pratique agricole. L’urbanisation galopante contribue à la réduction considérable des
surfaces cultivables.

L’agriculture sud-coréenne se trouve aussi confrontée à une contrainte majeure sur le


marché international. Récemment, le pays a été obligé d’abandonner son statut
préférentiel de pays en développement à l’OMC et de se conformer aux règles du
commerce international en ouvrant davantage son marché intérieur aux autres pays.
Ces nouvelles orientations internationales fragilisent le secteur agricole sud-coréen,
fortement subventionné et longtemps encadré par des mesures protectionnistes
étatiques efficaces.

4) La filière pêche, entre pressions maritimes et


dépendance extérieure
Avec 2 413 km de littoral sur la mer Jaune et la Mer du Japon avec un réseau fluvial
dense, comme nous l’avons déjà vu dans la première vidéo, la Corée du Sud dispose
d’importantes ressources en eau propices aux activités halieutiques. Les pêches
hauturière et côtière qui se pratiquent avec une flotte moderne et le développement de
l’aquaculture favorisent d’importantes productions halieutiques. Le port de Busan est la
plus grande base de pêche de Corée.

Les principales espèces capturées sont le thon, la courbine, le calmar, les anchois,
les palourdes etc. Les productions halieutiques en baisse constante, sont estimées à
plus de 1,3 millions de tonnes/an. Elles ne couvrent toutefois pas la consommation
nationale et le pays reste fortement tributaire des importations de produits de mer pour
combler ses déficits. En 2019, les importations de poissons et de fruits de mer de la
Corée du Sud sont estimées 5 717,9 millions de dollars principalement en provenance
de la Chine, de la Russie, du Vietnam et de la Norvège. Ces importations concernent
différents types de produits frais et surgelés notamment les calmars, les saumons et les
crevettes.

De nombreux défis auxquels est confrontée la filière pêche accentuent les importations
massives de produits de mer. En effet, la proportion de pêcheurs au large et sur la côte
baisse de façon drastique avec le vieillissement de la population et le faible attrait de
l’activité pour la jeune génération. La mer Jaune qui borde la Chine et les deux Corées
est aujourd’hui le théâtre de conflits maritimes et de guerres de pêche entre Chinois et
Coréens. La tension militaire permanente entre Sud et Nord-Coréens limite le potentiel
d’exploitation halieutique de cette zone.

La pêche illicite à grande échelle menée dans ses eaux territoriales par certains de ses
voisins accélère l’épuisement des ressources halieutiques sud-coréennes.

II. UNE INDUSTRIE DIVERSIFIEE, A LA POINTE


DE LA TECHNOLOGIE

1. Les phases de l’industrialisation : de l’industrie


manufacturière légère à l’industrie de pointe
La fulgurante croissance industrielle est perceptible en trois phases :
► La première phase est celle de l’industrie manufacturière légère. Elle s’amorce
sous le régime de Syngnam Rhee (1948-1960).

En effet, le potentiel industriel et les ressources naturelles étant majoritairement détenus


par la Corée du Nord à la fin de la guerre de Corée en 1953, le gouvernement sud-
coréen entame le processus du relèvement industriel par la mise en place d’une
industrie manufacturière légère. Deux domaines vont particulièrement constituer le socle
industriel du pays. Il s’agit de l’agro-alimentaire avec un accent particulier sur le
développement des Trois Blancs (coton, sucre, farine) et du domaine textile (tissage et
confection de fils, de vêtements etc.).

Cette première phase, basée sur la production locale de biens de consommation non
durables et sur l’industrie manufacturière légère, va se structurer à partir des années
1960 et devenir une dynamique industrie d’exportation de biens primaires (textiles,
vêtements et chaussures etc.)

► La deuxième phase porte sur l’industrie lourde qui débute à partir des années 1960,
sous l’impulsion du général Park Chung-Hee (1963-1979). La politique industrielle sud-
coréenne est orientée vers l’industrie lourde avec le lancement de la campagne HCI
« Heavy and Chemical industries » (Industries lourdes et chimiques). Des
conglomérats privés (« Chaebols ») sont sélectionnés et soutenus financièrement et sur
le plan fiscal pour conduire cette politique industrielle à l’exemple de la Pohang Iron and
Steel Company (POSCO) dans la sidérurgie. Les secteurs de la sidérurgie, de
l’automobile, des produits chimiques, de la construction navale connaissent un essor
remarquable.

► La troisième phase est celle de l’industrie de pointe. Les chocs pétroliers des
années 1970 et la concurrence commerciale internationale vont essouffler la campagne
HCI. Dans les années 1980, la menace militaire croissante de son voisin la Corée du
Nord et les enjeux de la sécurité nationale incitent la Corée du Sud à s’orienter dans le
développement ses systèmes de communication, de surveillance et d’écoute. Le pays
va très rapidement percevoir la dimension hautement stratégique des industries de
l’informatique et de l’électronique à l’échelle internationale. Des investissements massifs
seront effectués dans ce secteur à travers les Chaebols, la formation, la Recherche &
Développement. Aujourd’hui de la Corée du Sud est un des leaders incontestés des
industries de la haute technologique au monde.

2. Un tissu industriel très structuré et


mondialement compétitif
Le tissu industriel sud-coréen, est structuré autour de grands conglomérats (Chaebols)
et porte sur divers secteurs stratégiques :

• L’industrie lourde qui comprend la sidérurgie (Pohang Iron and Steel Company,


4ème producteur mondial d’acier), la construction navale (Hyundai Heavy Industries). Le
secteur automobile avec les grands constructeurs comme Hyundai, Kia, Daewoo est
fortement concentré dans les provinces de Kyonggi et du Gyeongsang du Nord et
le Chungcheong du Sud.

• L’industrie électronique, incarnée par les Chaebols de dimension internationale


comme LG et Samsung (La Corée du Sud est un leader mondial dans la production
d’appareils électroménagers, des semi-conducteurs, des équipements informatiques et
de télécommunication). Ils sont en grande partie localisés dans les provinces
de Kyonggi et du Gyeongsang du Sud.

• L’industrie énergétique structurée autour de Korea Electric Power Corporation, la


plus grande compagnie d’électricité. Les centrales thermiques sont concentrées dans
les provinces du Chungcheong du Sud et du Gyeongsang du Sud alors que les
centrales nucléaires sont en grande partie dans les provinces du Jeolla et du
Gyeongsang.

• L’industrie de la pétrochimie avec Sunkyung Group le leader de cette filière dans le


pays.

• L’industrie agroalimentaire englobe les secteurs de la transformation, de la


commercialisation des aliments et des services alimentaires. Ces industries sont
majoritairement localisées dans les provinces du Chungcheong (Nord et Sud),
du Jeolla (Nord et Sud) et du Gyeongsang (Nord et Sud).

L’industrie représente 32,6% du PIB et emploie 24% de la population active en


2021.

3. Les contraintes de l’industrie sud-coréenne


Le secteur industriel reste confronté à des handicaps majeurs :

Le faible potentiel de la Corée du Sud en ressources minières la rend fortement


tributaire d’importations massives pour ses besoins en ressources énergétiques telles
que le pétrole, le gaz naturel liquéfié, le charbon et l’uranium.

Les caractéristiques physiques contraignantes du territoire coréen ne favorisent pas le


développement à grande échelle de l’hydroélectricité qui représente une faible part des
sources d’énergie.

L’industrie sud-coréenne est confrontée à la rude concurrence du marché mondial


menée surtout par ses voisins asiatiques comme la Chine, le Japon, et d’autres pays
émergents comme l’Inde, l’Indonésie.

L’industrie de la haute technologie souffre d’une pénurie de plus en plus forte de


matériaux de base notamment pour les semi-conducteurs.

III. LE SECTEUR TERTIAIRE : UN SECTEUR


PRÉPONDÉRANT

1. La structure du commerce sud-coréen


Les exportations de la Corée du Sud sont principalement constituées de produits
électroniques et de la haute technologie (appareils électroménagers, semi-conducteurs,
équipements informatiques et de télécommunication etc.), des véhicules automobiles et
bateaux, des huiles de pétrole, de produits agroalimentaires etc.
Quant aux importations, elles sont constituées essentiellement des huiles brutes
d’hydrocarbures, des équipements électriques, des circuits intégrés et micro-
assemblages, des minéraux bitumineux etc.

Au niveau des partenaires commerciaux, les principaux clients de la Corée du Sud sont
la Chine, les États-Unis, le Vietnam, Hong-Kong, le Japon. Ses principaux fournisseurs
sont la Chine, les États-Unis, le Japon, l’Arabie Saoudite, le Vietnam.

Sa balance commerciale est régulièrement excédentaire. En 2021, les exportations se


sont élevées à 644,54 milliards de dollars contre 615,05 milliards de dollars pour
les importations entraînant un excédent commercial de 29,49 milliards de dollars.
Ces intenses activités commerciales s’articulent autour de la puissante place boursière
du pays, la Korea Exchange (KRX) qui détient aujourd’hui, une forte capitalisation
boursière évaluée à plus de 2000 milliards de dollars.

2. Des infrastructures de communication et de


télécommunication denses
La République de Corée dispose d’un réseau routier dense de plus de 110 000 km de
routes dont près de 4 800 km d’autoroutes. Le réseau ferroviaire s’étale sur 4 100 km de
rails et relie Séoul la capitale aux grandes villes du pays. Le réseau ferroviaire urbain
s’étend sur 500 km, dont plus de 300 km à Séoul. La République de Corée compte par
ailleurs une vingtaine d’aéroports, dont l’aéroport d’Incheon, le plus important du pays
qui accueille plus de 35 millions de passagers par an. On dénombre également une
vingtaine de ports dont celui de Busan (ou Pusan), le plus dynamique du pays par son
trafic de conteneurs intense.

Au niveau numérique, la Corée du Sud est réputée être le pays le plus connecté au
monde avec un réseau internet haut débit de qualité, permettant au pays de disposer de
la vitesse de connexion à Internet la plus rapide du monde. L’importante couverture
nationale en fibre optique et vulgarisation optimale de la technologie 5G LTE assure
cette aisance numérique à la Corée du Sud.

3. Un secteur touristique prometteur


L’industrie du tourisme sud-coréenne s’affiche comme l’une des plus dynamiques et
attractives au monde. Les attractions touristiques (monuments historiques et religieux,
musées, espaces verts et parcs, jeux et divertissement etc.) sont nombreuses dans les
grandes villes notamment à Séoul la capitale. Les sites naturels et la diversité des
petites îles favorisent l’organisation d’importantes excursions touristiques. L’attractivité
de l’industrie touristique s’est accentuée avec le phénomène « vague coréenne »
ou Hallyu, qui fait référence à la popularité de la culture pop coréenne à travers la
musique, la mode, les séries télévisées et films etc. Les nombreux festivals culturels
organisés par les différents districts sont de véritables attraits touristiques.

L’industrie touristique sud-coréenne est fortement soutenue par le tourisme local. Les
touristes étrangers en provenance des pays voisins asiatiques représentent 75% des
touristes étrangers En 2019, plus de 17,5 millions de touristes ont visité la République
de Corée.
Conclusion
Le processus de développement fulgurant et substantiel de la République de Corée
s’est construit sur des réformes agraires et industrielles stratégiques, soutenues par un
protectionnisme agricole d’envergure. L’État a structuré ce modèle économique
exceptionnel par des investissements colossaux dans la Recherche & Développement
(R&D), le soutien financier et fiscal aux Chaebols en définissant les priorités sectorielles.
Toutefois, cette performance économique est lentement érodée par de nombreux défis
et contraintes. Aujourd’hui, pour pallier les insuffisances de son modèle de
développement économique, la Corée du Sud cherche à réinvestir davantage dans le
capital humain et la R&D, à réorganiser et à diversifier non seulement ses chaînes
d’approvisionnement mais ses produits d’exportation et ses partenaires commerciaux.

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