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UNIVERSITÉ DES SCIENCES ET DE LA TECHNOLOGIE D’ORAN

FACULTÉ DE CHIMIE
DÉPARTEMENT DE CHIMIE-PHYSIQUE
MASTER 2 – Chimie-Physique

Matériaux :
Propriétés et
Applications en
Chimie-Physique

Pr BEKKA Ahmed
I. INTRODUCTION

Si la race humaine, depuis sa création jusqu’à nos jours, a su s’adapter à


toutes les circonstances, parfois très défavorables, et a su évoluer, c’est en
grande partie grâce aux matériaux. En effet, l’homme préhistorique n’a-t-il pas
façonné puis fabriqué des « moyens » de subsistance grâce à des matériaux ?
Bien sûr que si, et pour preuve, les matériaux primaires qu’il a commencé à
utiliser n’étaient autres que la pierre (silex) et le bois (lance, gourdin, etc.). Il est
intéressant de signaler que l’homme a allumé son premier feu grâce à deux
matériaux : le bois (par frottement) puis le silex (par choc) ; maintenant, il
l’allume grâce, entre autres, aux matériaux « piézoélectriques » (par simple
pression du doigt). C’est dire que les matériaux sont pour beaucoup dans
l’évolution de l’humanité toute entière.

De nos jours, ces mêmes matériaux sont toujours utilisés. Ce qui a


changé c’est la multitude d’objets que l’on peut fabriquer grâce à une
technologie qui a elle-même évolué par la découverte de nouveaux matériaux.
Celle-ci a permis à l’homme de concevoir d’autres matériaux encore plus utiles
qu’il a utilisés pour faire évoluer ses outils selon ses besoins et selon son mode
de vie.

Le tableau 1 donne la chronologie des matériaux depuis l’ère


préhistorique jusqu’à notre ère.

II. DÉFINITIONS

− Matériau : Substance solide ou mélange de substances solides,


d’origine naturelle ou artificielle, utilisés pour fabriquer tout objet,
quelle que soit sa nature ou sa fonction.
− Science des matériaux : Étude des matériaux, de leurs propriétés
et de leurs applications.
− Matériel : Objet façonné ou fabriqué par l’homme en utilisant un
matériau. (Donc, ne pas confondre « matériau » et « matériel »).

1
Tableau 1
Période
L’âge du
L’âge de L’âge de L’âge du L’âge du
bronze et Demain ?
pierre l’acier plastique silicium
du fer
-3000 av.
Préhistoire Fin 20ème
JC 19ème 20ème
Date

-3000 av. début 21ème -


19ème siècle siècle
JC siècle
siècle
- Graphène
- Pierre
- Bronze - Coke - Matériaux
Matériaux

- Bois
- Cuivre - Fonte - Plastique respectueux
- Os - Silicium
- Etain - Carbone - Nylon de
- Terre
- Fer - Acier l’environneme
- Argile
nt
- Céramique

− Propriétés des matériaux : Comportement quantifiable en


réponse à des actions extérieures en vue de déterminer l'étendue
de leurs performances.

III. CLASSIFICATION DES MATÉRIAUX

Les matériaux peuvent être classés en cinq grandes familles :

• Les matériaux métalliques (métaux ou alliages de métaux),


• Les matériaux plastiques (polymères),
• Les matériaux minéraux ou inorganiques (roches, céramiques,
verres),
• Les matériaux organiques (d’origine végétale ou animale : bois,
coton, papier, laine, corne etc.),
• Les matériaux composites (béton, béton armé, fibre de verre +
résine).

Ce qui différencie principalement ces familles de matériaux c’est la nature


de la liaison atomique.

2
III.1. LES MATÉRIAUX MÉTALLIQUES

Un matériau métallique est :

• Soit un métal à l’état pur (fer, cuivre, aluminium etc.),

• Soit un mélange miscible d’au moins deux métaux, ce sont les


alliages (acier, bronze, laiton etc.),

• Soit un composé formé de non-métaux et d’au moins un métal, ce


sont les composés organométalliques (tétraéthyle de plomb Pb(C2H5)4).

III.1.1. LES METAUX


Un métal est, le plus souvent, défini à partir de ses propriétés. Du point
de vue chimique, un métal est un élément qui peut :
• Former avec d’autres métaux des liaisons de type « métalliques »,
• Former, en se combinant avec l’oxygène, des oxydes basiques,
• Perdre des électrons pour former des cations,
• Se combiner avec des anions pour former des composés ioniques.

Mais les métaux peuvent aussi être définis par leurs propriétés physico-
chimiques que l’on peut résumer comme suit :

• Ils sont solides à la température ambiante (excepté le Mercure, qui


est le seul métal à être liquide à la température ambiante),
• Bons conducteurs d’électricité,
• Bons conducteurs de chaleur,
• Possèdent un éclat métallique, surtout lorsqu’ils sont polis,
• Possèdent une densité élevée,
• Bonne dureté,
• Bonne malléabilité : capacité à subir des déformations irréversibles,
à chaud ou à froid, par voie mécanique (étirement, torsion, flexion),
par chocs ou par pression,

3
• Bonne ductilité : capacité à subir des déformations sans se rompre
(résistants),
• Ils résonnent fortement sous l’action d’un choc.

Les cinq métaux les plus utilisés sont :


• Le fer (Fe),
• L’aluminium (Al),
• Le cuivre (Cu),
• Le zinc (Zn),
• Le magnésium (Mg).

Ces propriétés particulières permettent aux métaux d’être appliqués dans


divers domaines de la vie quotidienne. En effet :

• Le cuivre (bonnes conductibilité et malléabilité) est employé dans


la fabrication des câbles électriques,
• L’or et l’argent (bonne malléabilité et fortement non réactifs) sont
employés dans la fabrication de bijoux complexes, et l’or est utilisé
dans les raccordements électriques liés aux technologies de pointe,
• Le fer et l’acier (durs et résistants) sont employés dans la
construction des ponts et des bâtiments. Le fer qui possède une
forte tendance à rouiller, est le plus souvent allié à d'autres métaux
pour éviter ce phénomène d'oxydation,
• L’aluminium (bonnes conductibilités électrique et thermique et
bonne malléabilité) est employé dans la fabrication d’ustensiles de
cuisine, dans les corps d'avions (car très léger) et dans diverses
structures (fenêtres, portes, vitrines, etc.).

La plupart des éléments chimiques du tableau périodique sont des


métaux. Ils se divisent en trois groupes :

• Les métaux alcalins ou métaux vrais (1ère colonne sauf l’hydrogène),

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• Les métaux alcalino-terreux (2ème colonne),
• Les métaux de transition (le reste sauf B, Si, Ge, As, Sb, Te, Po et
At qui sont les métalloïdes et au-delà qui sont les non-métaux).

Les métaux de transition constituent la majorité des métaux. Ils font partie
de éléments du bloc « d » (dernière couche). Leur caractéristique principale est
que leur sous-couches « d » sont incomplètes (non saturées), à l’exception du
zinc, du cadmium et du mercure (12ème colonne). Leurs métaux et alliages
possèdent des propriétés mécaniques, électriques, magnétiques
remarquables. Leur chimie est extrêmement riche, possèdent de multiples
degrés d’oxydation, de nombreux types de liaison et des complexes
moléculaires de structures très variables. Ce sont de très bons catalyseurs et
sont utilisés comme centres actifs en chimie biologique.

III.1.2. LES ALLIAGES


Un alliage peut être défini comme étant un mélange miscible d’un métal
avec un ou plusieurs métaux ou parfois même des non métaux (comme le
carbone par exemple). Schématiquement, on résume la formation d’un alliage
comme suit :

[Alliage AB, Structure A]

[Métal A, Structure A] + [Métal B, Structure B] [Alliage AB, Structure B]


[Alliage AB, Structure C]

[Alliage AB, Structure A]  le métal B est dissous dans le métal A

[Alliage AB, Structure B]  le métal A est dissous dans le métal B

[Alliage AB, Structure C]  Transition de phase de A ou de B vers une


nouvelle phase C formée d’atomes A et B.

L’intérêt d’un alliage est d’obtenir des matériaux ayant des propriétés plus
intéressantes que les métaux qui les constituent, telles que les propriétés
mécaniques (densité, dureté, résistance etc.), thermiques (coefficient de
dilatation, conductibilité et résistance thermique etc.).
5
On distingue trois grandes familles d’alliages :

• Les alliages à base de fer,


• Les alliages à base de cuivre,
• Les alliages à base d’aluminium.

A. Les alliages de fer


• Fonte : fer + carbone (à plus de 1,7 % et jusqu'à 4 % en masse de
carbone),
• Acier : fer + carbone (à moins de 2,1 % en masse de carbone)(+
des traces éventuelles de nickel, chrome, molybdène en faible
pourcentage (< 4 %)),
• Acier inoxydable : fer + carbone + nickel + chrome, et parfois,
molybdène, vanadium.

B. Les alliages de cuivre


• Bronze : cuivre + étain ; l'« airain » est l'ancien nom du bronze,
• Laiton : cuivre + zinc,
• Billon : cuivre + argent ; utilisé principalement pour frapper des
monnaies de faible valeur.

C. Les alliages d’aluminium (ou alliages légers)


• Alliages d'aluminium pour corroyage (forge, laminage etc.),
• Alliages d'aluminium pour fonderie.

D. Alliages moins connus

• Alliage plomb-étain : pour la brasure,


• Électrum : Or + argent,
• Amalgame (« plombage »): mercure + un autre métal, par
exemple or ou cuivre,
• Maillechort : cuivre + zinc + nickel,
• Monel (nom commercial) : nickel + cuivre,
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• Régule : étain ou plomb + antimoine,
• Ruolz : nickel + argent + cuivre,
• Tumbaga : Or + cuivre (anciennes civilisations),
• Zamak : zinc + aluminium + magnésium + cuivre et autres « ZL »,
(principaux composants : zinc et aluminium),
• Virenium : cuivre + zinc + nickel.

III.2. LES MATÉRIAUX PLASTIQUES

Un matériau plastique (communément appelé « plastique ») est un


matériau constitué d’un polymère, c’est-à-dire d’une longue chaine moléculaire
carbonée, que l’on peut mouler ou façonner, en général à chaud et sous
pression, afin d’obtenir un produit intermédiaire ou final.
Les plastiques sont obtenus transformation du charbon, du pétrole ou du
gaz naturel. Ils peuvent être classés en trois grandes catégories :

• Les thermodurcissables,
• Les thermoplastiques,
• Les élastomères.

III.2.1. LES THERMODURCISSABLES

Les thermodurcissables sont des polymères qui prennent leur forme


définitive au premier refroidissement, ils ne peuvent plus ni être façonnés, ni
être moulés même en les chauffant. Le polymère qui les constitue subit une
modification chimique irréversible. Notons que les thermodurcissables ne sont
pas recyclables.

Exemples : la bakélite, l’araldite, le formica, L’époxyde, le polyester, etc.

III.2.2. LES THERMOPLASTIQUES

Une matière thermoplastique est une matière qui peut se ramollir


lorsqu’elle est chauffée. Une fois refroidie, elle redevient dure et reprend sa
nature initiale. Ainsi, sous l’action de la chaleur, cette transformation est
7
réversible. Un matériau thermoplastique peut donc être ramolli par chauffage,
puis façonné et enfin refroidi en gardant la forme finale souhaitée.
Contrairement aux thermodurcissables, les thermoplastiques sont recyclables
à condition que le matériau ne soit pas thermiquement dégradé et la structure
moléculaire, modifiée.
La structure moléculaire des polymères thermoplastiques solides est
généralement amorphe mais elle peut aussi être cristalline.
Exemples : le PVC, le plexiglas, le polystyrène, le verre, le métal etc.

III.2.3. LES ÉLASTOMÈRES

Un élastomère est une matière naturelle ou synthétique présentant une


propriété élastique élevée. Les produits fabriqués à partir des élastomères
supportent les déformations, résistent très bien à la rupture et sont
imperméables. Ils possèdent généralement une mémoire de forme. Le terme
de « caoutchouc » est un synonyme usuel d'élastomère.

Les matériaux élastomères tels les pneumatiques sont souvent à base de


caoutchouc naturel et de caoutchouc synthétique.
Exemples : le caoutchouc, le latex de caoutchouc, l’élastomère de silicone, etc.

III.3. LES MATÉRIAUX MINÉRAUX OU INORGANIQUES


Les matériaux minéraux ou inorganiques sont caractérisés par des
structures à liaisons atomiques de type ionique ou covalente. Ils sont très
résistants mécaniquement et thermiquement. Certains présentent un caractère
réfractaire et sont des isolants électriques. Parmi les matériaux minéraux ou
inorganiques, on peut citer : les céramiques, le verre, la porcelaine, la pierre
naturelle, le diamant, l’ardoise, le sable, la silice, le plâtre, la terre cuite, etc.

III.4. LES MATÉRIAUX ORGANIQUES

Un matériau organique est un matériau qui contient du carbone. Les


matériaux organiques ont été les premiers à être utilisés par l’homme. Ils sont
d’origine naturelle (animale ou végétale) ou synthétique.
• Naturelle animale : cuir, peau, corne, laine, poils, os, plumes, etc.
8
• Naturelle végétale : bois, coton, lin, liège, roseaux, osier, etc.
• Synthétique : plastique, caoutchouc, élastomère, silicone, etc.

III.5. LES MATÉRIAUX COMPOSITES

Un matériau composite est un matériau formé par l’assemblage d'au


moins deux composants non miscibles mais fortement interpénétrables.

Il est constitué :

• D’une ossature appelée « renfort » ; elle assure la tenue


mécanique.
• D’une protection qui est généralement une matière plastique
comme par exemple la résine.

Le matériau composite possède des propriétés que les constituants de base ne


possèdent pas.

Exemples :

- Béton : ciment + sable,


- Béton armé : ciment + sable + fer,
- Fibre de carbone : tissu + carbone + résine,
- Lamellé collé : bois + colle.

IV. PROPRIÉTÉS DES MATÉRIAUX


IV.1 Choix du matériau à élaborer

Quelle fonction doit remplir le matériau ?

Une fois la fonction connue, nous devons adopter une stratégie efficace dans
le choix du matériau idéal. Pour cela, il doit satisfaire les conditions suivantes :

• Spécificité : le matériau doit être adapté le plus parfaitement possible à


la fonction qu’il doit remplir.
• Quantification : la fonction qu’il doit remplir doit être mesurable.
• Accessibilité : la fonction qu’il doit remplir doit être possible.

9
• Réalisabilité dans les délais : le matériau doit être réalisé dans les délais
fixés. Pour cela, il faut impérativement prendre en compte la disponibilité
des produits de base, la mise en œuvre, la disponibilité des moyens
(équipement, manutention etc.) etc.

IV.2 La masse volumique

Le matériau à réaliser, doit-il être lourd ou léger, volumineux ou de taille


réduite ?

En général, plus un objet est volumineux et plus il est lourd. Ceci est vrai si
l’on ne tient pas compte de sa masse volumique (ou densité). Mais dans toutes
les applications nous avons besoin d’un matériau :

• Lourd et de petite taille,


• Léger et volumineux,
• Léger et de petite taille,

et beaucoup moins d’un matériau lourd et volumineux, sauf nécessité.

La grandeur physique qui permet de prendre en compte le poids (ou la


masse) d’une matière et son volume de manière simultanée est la masse
volumique :

ρ = m ( Kg / m3 )
V
Ceci explique, par exemple, pourquoi le gaz de pétrole extrait des gisements
est liquéfié (GPL). En effet, lorsqu’un gaz est liquéfié, sa masse volumique
augmente et donc son volume diminue, ce qui permet d’en transporter une
grande quantité, en un temps réduit, avec toutefois l’inconvénient d’une masse
élevée.

En prenant comme référence l’eau : ρeau = m =1000xKg/m3 =1xKg/L , on


V
introduit la notion de densité : dmatière = ρmatière (sans unité).
ρ eau

Importance de la masse volumique :

10
• Coût : optimisation en dimensions et en poids d’une structure à base d’un
matériau donné.
• Dynamique : mouvement de la pièce mécanique à base d’un matériau
donné.
• Manutention : transport, stockage etc. de produits à base d’u matériau
donné.
• Vibrations et acoustique : vitesse de propagation des ondes
mécaniques à travers la pièce à base d’un matériau donné (problème de
résonnance).

Le tableau 2 donne les densités typiques de quelques substances usuelles.


Tableau 2 :
Substance Densité
Bois 0,45 – 1,17
Alcool 0,789
Huile 0,9
Eau 1
Polymères 0,85 – 1,41
Roches, verre, béton, céramiques, 1,25 – 2,8
etc.
Métal 1,75 - 23

Règle : lorsque la densité d’une matière est inférieure à 1, elle flotte sur l’eau.

IV.3 Propriétés électriques


Le matériau à réaliser, doit-il être conducteur ou isolant électrique ?
Du point de vue électrique, les deux caractères antagonistes d’un matériau sont
« conducteur » et « isolant ». Mais il existe un autre caractère intermédiaire
appelé « semiconducteur ».

Le courant électrique est généré par le déplacement des électrons libres


(ou des ions) dans la matière. Mais un électron ne se déplace pas facilement à
cause du champ électrique de répulsion produit par les autres électrons liés aux
atomes qui s’oppose à son déplacement, et qu’il doit vaincre pour pouvoir
générer un courant électrique. Ce phénomène de « gène » que subit tout
11
électron libre dans un matériau est la résistance du courant électrique. Celle-ci
dépend du milieu que traverse l’électron participant à la conduction, elle est
donnée par la relation :

R=ρ L
S
où:
 ρ est la résistivité électrique du matériau, exprimée en « Ω.m », elle
est intrinsèque (propre) à un matériau donné,

 L , la longueur de matière traversée par le courant électrique (m),


 S , la section de matière traversée par le courant électrique (m2),
 R, la résistance du courant électrique du matériau, exprimée en
« Ω ».

La conductivité électrique σ d’un matériau est l’inverse de sa résistivité


électrique :

σ = ρ1

Elle est exprimée en « Ω-1.m-1 » ou encore « S.m-1 » (S comme Siemens,


1S = 1 ).
Ω
Le tableau 3 donne les résistivités électriques et les conductivités électriques
correspondantes de quelques matériaux typiques, mesurées à 25 °C.
Il existe une autre propriété électrique particulière des matériaux : la
supraconductivité.
La supraconductivité est une propriété très particulière que peuvent
posséder certains matériaux. En effet, un supraconducteur est un matériau,
isolant à la température ambiante, qui devient brusquement conducteur
électrique à partir d’une température caractéristique inférieure à 0 °C. En
d’autres termes, en dessous d’une température, appelée « température

12
critique », le matériau supraconducteur ne présente plus de résistance
électrique et se transforme en matériau normalement conducteur.

Tableau 3
Catégorie Matériau ρ (Ω.m) σ (Ω-1.m-1)
Ag 1,61 × 10-8 6,21 × 107
Cu 1,69 × 10-8 5,92 × 107
Au 2,26 × 10-8 4,44 × 107
Métaux
Al 2,83 × 10-8 3,53 × 107
Ni 7,24 × 10-8 1,38 × 107
Hg 9,58 × 10-7 1,04 × 106
Ge 0,47 2,1
Semiconducteurs
Si 3 × 103 3 × 10-4
Diamant 1 × 1014 1 × 10-14
Isolants Quartz 3 × 1014 3 × 10-15
Mica 9 × 1014 1 × 10-15

En plus de devenir conducteur, un matériau supraconducteur expulse tout


champ magnétique auquel il est soumis, en dessous de la température critique ;
c’est l’effet Meissner.

IV.3.1. La conductivité électronique

Le matériau à réaliser, doit-il être un conducteur électronique ?

On ne parle de conductivité électronique que lorsque le déplacement des


charges électrique dans un matériau conducteur n’est assuré que par des
électrons.

Dans les métaux, la conductivité électronique diminue lorsque la


température du matériau augmente.

IV.3.2. La conductivité ionique

Le matériau à réaliser, doit-il être un conducteur ionique ?

La conductivité ionique est exclusivement assurée par le déplacement


des ions (cations ou anions).

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Ce déplacement peut s’opérer de deux manières différentes :

− Les ions mobiles se faufilent entre les ions formant le réseau, et le


mouvement est du type « interstitiel »,
− Les ions se déplacent par sauts successifs d’une lacune à une
autre, et le mouvement est du type « lacunaire ».

IV.3.3. La thermoélectricité

Le matériau à réaliser, doit-il avoir une conductivité électrique qui dépend de la


température ?

La thermoélectricité est un phénomène physique qui couple les propriétés


électriques d’un matériau et la température à laquelle il est soumis en faisant le
lien entre énergies thermique et électrique.

Les deux effets les plus connus de la thermoélectricité sont l’« Effet
Seebeck » et l’« Effet Peltier ».

IV.3.4. La piézoélectricité

Le matériau à réaliser, doit-il être piézoélectrique ?

La piézoélectricité est la capacité d’un matériau à devenir électriquement


polarisé lorsque celui-ci est soumis à une contrainte mécanique (pression ou
déformation). Cette propriété s’applique aussi dans le cas inverse, c’est-à-dire
que le matériau peut se déformer (changer de dimensions) lorsqu’il est soumis
à un champ électrique. Ces deux effets sont indissociables.

Les matériaux piézoélectriques trouvent principalement leur application


dans l’horlogerie, dans la fabrication des montres à quartz. Mais aussi dans :

• Les dispositifs de détection d’obstacles (industrie automobile),


• Les pèse-personnes,
• Les batteries électroniques,
• Les airbags,
• Les briquets électroniques (allume-gaz).

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Parmi les matériaux piézoélectriques on peut citer :

• Le quartz,
• Les matériaux ferroélectriques de structure pérovskite (PbTiO3,
BaTiO3, KNbO3, etc.),
• Les semi-conducteurs des groupes III-V de structure zinc-blende et II-
VI de structure wurtzite,
• Les polymères comme le polyvinylidine difluoride et ses dérivés.

Selon l’application, un matériau piézoélectrique peut être utilisé sous les


formes suivantes :

− Monocristal,
− Céramique,
− Composite,
− Couches minces.

IV.4. Propriétés magnétiques

Le matériau à réaliser, doit-il être magnétique ?

Le magnétisme est un phénomène physique qui permet aux matériaux


qui possèdent cette propriété de s’attirer ou de se repousser mutuellement sans
qu’ils se touchent.
L’état magnétique d’un matériau dépend de la température de celui-ci.
Il peut être déterminé en appliquant un champ magnétique extérieur qui
fait réagir le matériau de différentes manières selon son état magnétique. Ainsi :
− Si le matériau est attiré par le champ magnétique appliqué, il est
« paramagnétique ».
− Si le matériau est, au contraire, repoussé par le champ magnétique
appliqué, il est « diamagnétique ».
− Si le matériau devient lui-même très aimanté sous l’action du champ
magnétique extérieur, il est « ferromagnétique ».

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− Si le matériau devient lui-même faiblement aimanté sous l’action du
champ magnétique extérieur, il est « ferrimagnétique ».

IV.5. Propriétés thermiques et thermodynamiques

IV.5.1. La conductivité thermique

Le matériau à réaliser, doit-il être thermiquement conducteur ou isolant ?

La conductibilité thermique d’un matériau peut être définie comme étant


l’aptitude d’un matériau à conduire la chaleur lorsqu’il est mis en contact avec
une source de chaleur.
Cette caractéristique propre à chaque matériau est quantifiée grâce à la
conductivité thermique λ qui indique la quantité de chaleur qui se propage par
conduction thermique :
• en 1 seconde,
• à travers une section de 1 m2 d’un matériau,
• dans une longueur de 1 m du matériau,
• avec une différence de température entre les deux extrémités du
matériau de 1 Kelvin.
La conductivité thermique λ est ainsi exprimée en [W.m-1.K-1]

Dans le tableau 4 sont regroupés les conductivités thermiques de quelques


matériaux comparées à celles de l’air et de l’eau.

IV.5.2. La capacité thermique

Le matériau à réaliser, doit-il absorber beaucoup ou moins de chaleur ?

La capacité thermique d’un matériau, connue sous son ancien nom de


« capacité calorifique », est une grandeur qui mesure la chaleur qu'il faut
lui transférer pour augmenter sa température d'un kelvin. Elle permet donc de
quantifier la chaleur que peut absorber un matériau, ou inversement de la
restituer lors de son échauffement ou son refroidissement respectivement.

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Tableau 4 :

Matériau Conductivité thermique (W.m-1.K-1) Température (K)

0,024 273
Air 0,025 293
0,0262 300

Aluminium 205 ~ 237 293

Argent 406 ~ 429 300

Béton 0,8 ~ 1,28 293

Bois 0,04 ~ 0,17 ~ 300

0,6071 298
Eau
0,6 293

Fer 71,8 ~ 80,4 300

Plastique 0,23 ~ 1,06 293 ~ 296

Polystyrène 0,033 98 ~ 298

Verre 0,8 ~ 1,4 293

Elle s'exprime, de manière absolue, en joules par kelvin (J.K−1). Mais


comme elle dépend de la quantité de matière, on l’exprime aussi en joules par
mole kelvin (J.K−1.mol−1) et porte le nom de « capacité thermique molaire », ou
encore en joules par kilogramme kelvin (J.K−1.kg−1) et s’appelle « capacité
thermique massique », anciennement appelée chaleur spécifique.

IV.5.3. La dilatation thermique


Le matériau à réaliser, doit-il ou ne doit-il pas se dilater sous l’action de la
chaleur ?

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La dilatation thermique d’un matériau à se déformer (dilater ou contracter)
uni-, bi- ou tridimensionnellement lorsqu’il est soumis à une variation de
température.

La dilatation thermique est quantifiée grâce au « coefficient de


dilatation », noté souvent « β ». Il traduit l’augmentation relative du volume d’un
matériau, à pression ou à température ou à concentration constantes, et
s’exprime en « 10-6 K-1 ».

Plus le coefficient de dilatation d’un matériau est faible et moins il se


déformera.

IV.5.4. La résistance thermique


Le matériau à réaliser, doit-il être résistant à la chaleur ?

La résistance thermique, désignée par « Rth» est la capacité d’un matériau


à résister aux variations de chaleur, c’est-à-dire au chaud comme au froid. Elle
est exprimée en mètre carré-kelvins par watt (m².K.W-1).

Plus la résistance thermique d’un matériau est élevée et plus celui-ci


résiste à la chaleur, et plus sa qualité d’isolant thermique est bonne.

IV.5.5. Le point de fusion

Le matériau à réaliser, doit-il fondre à basse ou haute température ?

Le point de fusion, ou température de fusion, d’un matériau est la


température à laquelle les états liquide et solide de ce matériau peuvent
coexister à l'équilibre.

Lorsque la température de fusion est atteinte et que l’on continue de


chauffer le matériau, la température demeure constante tant que toute la phase
solide du matériau n’ait pas totalement fondu.

Inversement, au point de fusion, lorsqu’on refroidit le matériau, la


température demeure constante tant que le matériau ne s’est pas totalement

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solidifié. C’est la raison pour laquelle le point de fusion est aussi appelé « point
ou température de solidification ».

IV.6. Propriétés chimiques

IV.6.1. L’hygroscopie

Le matériau à réaliser, doit-il être hydrophile ou hydrophobe ?

Un matériau hygroscopique est un matériau qui a tendance à retenir


(fixer) l'humidité contenue dans l'air, ou l’eau à l’état liquide avec laquelle il est
mis en contact, en fonction de la température, par absorption ou par adsorption.
Exemples de substances hygroscopiques : le chlorure de sodium (sel de
table), le chlorure de calcium, l’acétate de calcium, la glycérine, le miel, l’oxyde
de magnésium (magnésie), la soude, etc.

IV.6.2. La surface spécifique

Le matériau à réaliser, doit-il avoir une large surface de contact ?

La surface spécifique, appelée aussi « Aire massique », d’un matériau est


la surface totale que le matériau met en contact avec le milieu extérieur, par
unité de masse. Elle est généralement exprimée en mètre-carré par gramme
(m2/g).

Ainsi, un grain de matériau présente une surface spécifique inférieure à


celle du même grain mais coupé en deux sous-grains. De même que la surface
spécifique d’un grain creux ouvert présente une surface spécifique supérieure
à celle du même grain mais fermé.

Plus un matériau possède une surface spécifique élevée et plus sa


réactivité est importante lorsque mis en présence avec d’autres matériaux.

La surface spécifique joue un rôle primordial dans les phénomènes inter-


surfaciques comme l’adsorption, l’absorption, la catalyse, les échanges de
chaleur, etc.

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IV.6.3. La résistance à la corrosion

Le matériau à réaliser, doit-il résister à une attaque par un agent oxydant ?

La corrosion est un phénomène chimique irréversible qui consiste en


l’altération par réaction chimique d’un matériau sous l’action du milieu ambiant.
Par exemple, au contact de l’air humide ou de l’eau, le fer rouille et sur le cuivre
il se forme du vert-de-gris.
La corrosion est une attaque dont la conséquence est de faire retourner
le matériau corrodé vers sa forme d'origine, c’est-à-dire de minerais.
Les métaux nobles comme l’or, le platine ou l’argent ne sont pas affectés
par la corrosion. Ce sont des métaux « natifs » c’est-à-dire qu’ils existent à l’état
naturel sans être mélangés à d’autres matériaux. Ce n’est pas le cas de la
quasi-totalité des métaux qui n’existent sur terre que sous forme d’oxydes, c’est-
à-dire de minerais. Le fer, par exemple, est extrait du son minerais l’« hématite
Fe2O3 »
À retenir : La corrosion n’est pas un phénomène mécanique, mais un
phénomène purement chimique.

IV.7. Propriétés optiques

IV.7.1. La couleur

Le matériau à réaliser, doit-il avoir une couleur spécifique ?

La couleur est une des caractéristiques morphologiques d’un matériau.


Elle n’est pas intrinsèque au matériau mais une perception par l’œil suite à la
diffusion de la lumière par le matériau.
La perception des couleurs est due à un phénomène d’absorption
sélective de la lumière (visible) par les objets.
Selon sa composition chimique, un objet (matériau) absorbe certaines
radiations (longueurs d’onde) de la lumière solaire et diffuse le reste. Les
radiations non absorbées, donc diffusées par l’objet sont celle qui sont captées
par l’œil, lequel perçoit l’objet sous une couleur donnée.

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De là, on en déduit deux règles fondamentales :
i. Il est impossible de voir un objet sans l’éclairer.
ii. Il est impossible de percevoir la couleur réelle d’un objet sans l’éclairer
à l’aide d’une lumière polychromatique.

IV.7.2. La photosensibilité

Le matériau à réaliser, doit-il être sensible à la lumière ?

La photosensibilité est un mécanisme que développent


certains matériaux à réagir à la lumière artificielle ou naturelle.
À titre d’exemple, la résine photosensible est un matériau de type
polymère utilisé, entre autres, dans la photolithographie ou la photogravure
dans le but de former un revêtement protecteur.

IV.7.3. La réflectivité

Le matériau à réaliser, doit-il réfléchir la lumière ?

La réflectivité est la proportion d'énergie lumineuse (électromagnétique)


réfléchie à la surface d'un matériau et cela, quelle que soit l’épaisseur de ce
dernier. En d’autres termes, la réflectivité R est l'énergie réfléchie ER par

ER
rapport à l'énergie incidente EI : R = .
EI
Un matériau qui possède une réflectivité très élevée (réflexion spéculaire)
est considéré comme opaque au rayonnement incident ; exemple : miroir.
Un matériau qui possède une réflectivité moyenne (réflexion diffuse) est
considéré comme opaque (transmission nulle) ou translucide (transmission
moyenne) à la lumière qu’il reçoit.

IV.7.4. La transmissivité

Le matériau à réaliser, doit-il transmettre la lumière ?

La transmissivité est la proportion d'énergie lumineuse (électromagnétique)


transmise par un matériau. La transmissivité T est l'énergie réfléchie ET par
21
ET
rapport à l'énergie incidente EI : T = .
EI
Un matériau qui possède une transmissivité très élevée est considéré
comme transparent (verre non teinté) à la lumière qu’il reçoit.
Un matériau qui possède une transmissivité moyenne est considéré
comme translucide (verre teinté) à la lumière qu’il reçoit.

IV.7.5. L’absorptivité

Le matériau à réaliser, doit-il absorber la lumière ?

L’absorptivité est la proportion d'énergie lumineuse (électromagnétique)


absorbée par un matériau. L’absorptivité A est l'énergie absorbée EA par

EA
rapport à l'énergie incidente EI : A = .
EI
Un matériau qui possède une absorptivité très élevée est considéré
comme opaque à la lumière qu’il reçoit.

Règle : R+T + A = 1 ou encore E R + ET + E A = E I

Les matériaux possèdent encore d’autres propriétés qui ne seront pas abordés
dans ce cours, il s’agit des propriétés :

• Mécaniques,
• Acoustiques,
• Nucléaires

V. APPLICATION DES MATÉRIAUX EN CHIMIE-PHYSIQUE

La catalyse

La catalyse est un processus physico-chimique donc le but est de :


− Réduire l’énergie que consomme une réaction chimique donnée,

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− Augmenter la vitesse de réaction et donc de minimiser le délai
d’obtention du produit final escompté,
− Privilégier une réaction à une autre.
Un catalyseur est une substance à l’état solide, liquide ou gazeux qui
catalyse une réaction chimique. Il déclenche la réaction par sa seule présence,
mais en aucun cas il n’intervient dans le déroulement de la réaction, ni apparait
dans le produit final.

1. La catalyse homogène

La catalyse est considérée comme homogène lorsque le catalyseur et les


réactifs sont dans le même état chimique. On rencontre ce type de catalyse en
chimie organique où, aussi bien les réactifs que le catalyseur, sont en solution.
La catalyse homogène ne trouve pas beaucoup d’applications dans le
domaine industriel du fait que le transfert de matière entre les phases organique
et aqueuse est insuffisant. Néanmoins, des développements industriels de la
catalyse homogène par des complexes de métaux de transition réalisés
récemment ont permit de réaliser des procédés comme la carbonylation du
méthanol, l’hydro-estérification de l’éthylène ou encore la copolymérisation
éthylène/CO.

2. La catalyse hétérogène

La catalyse est considérée comme hétérogène lorsque le catalyseur et


les réactifs sont dans des états chimiques différents. On rencontre ce type de
catalyse en chimie organique où, aussi bien les réactifs que le catalyseur, sont
en solution. En général, le catalyseur est sous forme solide et les réactifs sous
forme gazeuse ou liquide.
La catalyse hétérogène joue un rôle majeur dans la préservation de
l’environnement. Elle est utilisée en chimie, pétrochimie et dans le traitement
des polluants dans l’air et dans l’eau.

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3. La catalyse industrielle

À l’échelle industrielle, les procédés à caractère catalytique se sont


avérés très rentables, en réduisant le nombre d’étapes d’un processus, et donc
de bénéficier d’un gain en temps et en énergie considérable.
À titre d’exemple, on peut citer le procédé de synthèse de l’ammoniac NH3
à partir de l’hydrogène H2 et de l’azote N2 dans lequel le fer est utilisé comme
agent catalyseur.
La catalyse industrielle est aussi présente dans le raffinage du pétrole ou
encore dans la réduction des oxydes d’azote au niveau des pots catalytiques.

4. Les catalyseurs solides

La catalyse est un phénomène de surface, et de ce fait, plus la surface


spécifique d’un solide est élevée, et plus son activité à catalyser une réaction
est grande.
Pour avoir une grande surface spécifique, un solide doit être le plus divisé
et le plus poreux possible. Si le matériau est sous forme de poudre, « divisé »
signifie que les grains (ou cristallites) de la poudre doivent être de très petite
taille et seront donc plus nombreux pour une masse totale constante. De tel
matériaux formés de grains de taille de l’ordre du nanomètre, sont synthétisés
à basses températures. La méthode de synthèse de nanomatériaux la plus
connues est la méthode « sol-gel » qui s’opère par voie aqueuse, dans laquelle
un précipité est formé à partir d’une solution.

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