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Hume
Questions
Question n°1 :
Thèse de Hume : Hume développe dans ce texte la thèse selon
laquelle l'homme, parce qu'il est le plus démuni des animaux, parce
que ses besoins naturels excèdent très largement ses moyens
naturels de les satisfaire, ne pouvait survivre et s'élever au-dessus
des autres espèces que par l'existence sociale. C'est la société qui
nous donne une supériorité. Ce texte est donc une justification de
l'existence sociale de l'homme.
:
Organisation de l'exposé : Hume commence sa démonstration en
soulignant la cruauté de la nature envers l'homme. Il précise que
cette cruauté est double : d'abord aucun animal n'a autant de
besoins que l'homme et, ensuite, nos facultés naturelles de les
satisfaire sont tout à fait insuffisantes. Aucun autre animal n'est
accablé de ce double handicap. Hume illustre sa démonstration par
deux exemples. Premièrement le lion, s'il a, certes, beaucoup de
besoins, dispose aussi de nombreuses dispositions (agilité,
courage, force etc.) pour les satisfaire. Inversement, les herbivores
comme le mouton et le bœuf n'ont pas les facultés du lion mais leurs
besoins sont réduits en proportion. Hume développe la thèse de la
faiblesse de l'homme : pour se nourrir l'homme doit chasser (et le
gibier ne se laisse pas prendre facilement) ou travailler. Dépourvu de
pelage, nu, sans protection innée, il nous faut de plus nous loger et
nous vêtir. Or l'homme n'a aucune arme naturelle. Il est faible et
inadapté physiquement à tant d'exigences.
Hume termine son exposé en montrant que c'est la société avec la
solidarité qu'elle implique qui va permettre à l'homme de survivre.
Certes la société engendre des besoins supplémentaires mais elle
permet à l'homme de cultiver ses facultés et donc de compenser
largement l'augmentation des besoins. L'homme social seul est
satisfait et heureux, ce qui lui serait impossible s'il vivait à l'état de
nature.
Question n°2 :
"Ses avantages sont proportionnés à ses besoins": Hume énonce
cette affirmation à propos du lion. Les avantages dont il s'agit sont
les moyens naturels, les qualités innées, les facultés physiques dont
dispose cet animal. Le lion est agile, courageux, fort. Il dispose de
:
griffes, de crocs. Or la nature ne lui a pas donné ces avantages
inutilement. Le lion est, en effet, un carnivore. Il se caractérise par
l'importance de ses besoins. Les besoins sont toutes les tendances
dont la satisfaction est nécessaire à l'animal pour qu'il survive. Le
lion a de gros besoins. Il est, dit Hume, nécessiteux c'est à dire qu'il
a besoin d'une nourriture abondante. Son instinct, ses instruments
naturels sont donc proportionnés à ses besoins c'est à dire qu'il a
assez de facultés pour les satisfaire sans en avoir trop. D'autres
animaux, parce qu'ils ont moins de besoins, ont moins d'avantages.
C'est le cas du bœuf et du mouton. On voit donc bien que, pour eux
aussi, avantages et besoins sont proportionnés : plus les besoins
s'accroissent, plus les avantages augmentent, moins les besoins
sont nombreux, moins les avantages sont importants. L'homme est
le seul être chez qui cette proportionnalité n'existe pas, puisqu'il a à
la fois beaucoup de besoins et peu d'avantages, ce qui induit un
déséquilibre qui lui serait fatal s'il vivait à l'état de nature.
"Par la société, toutes ses infirmités sont compensées" : Les
infirmités dont il est question sont bien sûr celles de l'homme. Aux
yeux de Hume, l'homme est faible. Il est, en effet, dépourvu
d'instincts, il n'a pas d'instrument naturel (par exemple, il n'a ni
griffes, ni crocs). S'il vivait à l'état de nature, il serait sans doute
voué à la disparition. La société, cependant, nous sauve la vie. Elle
permet, en effet, par la solidarité et la coopération, d'accroître nos
forces. Elle permet à l'homme de s'éduquer au contact de ses
semblables et donc de développer ses facultés (par exemple,
l'intelligence) qui, si elles sont naturellement insuffisantes, ne le
sont pas socialement. L'homme est un être chez qui l'acquis est
fondamental. La société instaure aussi la division du travail qui
soulage l'homme au sens où il n'a pas, à lui seul, à satisfaire tous
ses besoins. Si le maçon peut satisfaire le besoin de se loger, il
:
laissera à d'autres la tâche de satisfaire le besoin de vêtements ou
de nourriture. Moins accablé de nécessités multiples qu'il n'a plus à
assumer seul, l'homme vit mieux et peut même accéder aux loisirs.
Certes la société peut créer des besoins nouveaux. Par exemple, il
est devenu nécessaire aujourd'hui de posséder une voiture. Il ne
s'agit pas là d'un besoin naturel mais bien d'un besoin issu de la
société. Mais, en même temps qu'elle crée ces besoins, la société
nous met en mesure de les satisfaire. Dans notre exemple, les
usines automobiles produisent ce nouvel objet de besoin. On peut
donc affirmer avec Hume que la société compense nos infirmités.
Question n°3 :
La nature est cruelle envers l'homme au sens où elle lui a donné
beaucoup de besoins et peu de moyens pour les satisfaire. Il a
d'abord beaucoup de besoins. Il lui faut en effet non seulement se
nourrir (et sa nourriture est peu facile à fournir puisqu'elle suppose
chasse ou travail) mais il lui faut aussi se vêtir et se loger car sa
constitution physique est dénuée de protection naturelle (pas de
pelage, de carapace etc.). En second lieu, l'homme a peu de
moyens. On remarquera que Hume, de ce point de vue, est en
accord avec la thèse sophiste développée par Platon dans le
Protagoras à travers le mythe de Prométhée et d'Épiméthée. Le
mythe raconte que l'homme est le seul être oublié lors de la
distribution des instruments nécessaires à la survie. Hume reprend
cette thèse en attribuant la responsabilité de cet oubli, non à une
figure mythologique mais à la nature. L'homme n'a ni griffes, ni
crocs, ni pelage. Il naît de plus immature puisque, contrairement aux
autres espèces, il lui faut plusieurs années pour être capable de se
débrouiller seul. Il n'a aucun instinct et doit donc apprendre à
:
survivre. Tout ceci peut nous faire dire que la nature est cruelle
envers l'homme.
La thèse de Hume s'oppose ici à celle d'Aristote qui fait remarquer,
à juste titre, que l'homme n'est peut-être pas si démuni que cela
puisqu'il a la main et l'intelligence. Mais il faut accorder à Hume que,
puisque l'utilisation de la main dépend de l'intelligence et que
l'intelligence demande l'éducation et donc la société, les avantages
humains ne sont pas naturels mais sociaux.
Question n° 4 :
L'homme est, nous dit Hume, le plus faible des animaux au point de
vue de la nature. À ses yeux, c'est cette faiblesse qui a rendu
nécessaire l'organisation sociale et elle est donc la cause de la
société. Il nous est demandé de discuter cette thèse. La faiblesse de
l'homme est-elle bien la cause de l'organisation sociale ou au
contraire en constitue-t-elle la conséquence ? Nous verrons en quoi
la faiblesse de l'homme pourrait être vue comme une conséquence
de l'organisation sociale et ensuite ce qui justifie, au contraire, la
thèse de l'auteur.
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