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Chaire de Comptabilité Financière et Audit

UE CFA010 : Comptabilité et gestion de l’entreprise I

Chapitre 11 : L’amortissement des immobilisations

CFA010 2018

Important : une nouvelle réglementation comptable relative à l’amortissement et à la dépréciation


des immobilisations est applicable à titre obligatoire aux exercices ouverts à compter du 1er janvier
2005. Elle résulte de la mise en œuvre du règlement CRC 2002-10 relatif à l’amortissement et à la
dépréciation des actifs modifié par le règlement CRC 2003-07 et du règlement CRC 2004-06 relatif à
la définition, la comptabilisation et l’évaluation des actifs.

À l’inventaire il faut, pour chaque immobilisation, se poser la question de sa valeur, car dans de
nombreux cas celle-ci diminue du fait de son utilisation.

Sur le registre de la durée d’utilisation, le PCG distingue deux catégories d’immobilisations


celles dont la durée d’utilisation est limitée dans le temps et a fortiori dont la consommation du
potentiel va s’échelonner sur plusieurs exercices ; elles sont qualifiées d’actifs amortissables. Il
s’agit de la plupart des immobilisations incorporelles ou corporelles ;

celles dont la durée d’utilisation est a priori non limitée dans le temps et dont le potentiel
économique, par voie de conséquence, ne se consomme pas par leur utilisation ; ce sont les actifs
non amortissables.

Par ailleurs, à l’inventaire, l’entreprise peut avoir connaissance d’indices montrant qu’une
immobilisation incorporelle ou corporelle a perdu notablement de sa valeur ; elle doit alors constater
une dépréciation.

La comptabilisation des amortissements et des dépréciations est effectuée en fin d’exercice, de


manière à ce que les comptes annuels puissent donner une image fidèle du patrimoine et du résultat
de l’entreprise. C’est également pour cette raison que cette comptabilisation est obligatoire et ce
même, en cas d'absence ou d'insuffisance de bénéfice.

I Définition de l’amortissement
D’après le PCG, l’amortissement est la répartition systématique du montant d’un actif amortissable
selon le rythme de consommation des avantages économiques attendus sur sa durée d’utilisation telle
qu’elle a été définie par la direction de l’entreprise.

Remarque : le concept d’avantages économiques attendus doit être compris comme étant le potentiel
d’un actif à contribuer, directement ou indirectement, à des flux nets de trésorerie au profit de
l’entreprise.

C’est aux caractéristiques propres de l’entreprise qu’il convient de se référer pour déterminer les
modalités d’amortissement et non à des durées d’usage généralement admises sauf si ces durées
correspondent à la durée d’utilisation de l’immobilisation. Le PCG a donc une vision strictement
économique de l’amortissement.

-1-
Important : Pour les petites entreprises1, : certaines PME sont autorisées à ne pas rechercher les
durées d’utilisation et à appliquer les durées d’usage fiscalement admises (dans ce dernier cas, ces
entreprises sont dispensées de déterminer la durée réelle d’utilisation de leurs immobilisations).

II Les actifs amortissables


D’après le PCG, un actif amortissable est un actif dont l’utilisation par l’entreprise est déterminable.
L’utilisation d’un actif est déterminable lorsque l’usage qui en est attendu est limité dans le temps du
fait, notamment :
de critères physiques usure liée à l’utilisation, passage du temps ;
de critères techniques obsolescence liée à l’évolution technologique ;
de critères juridiques : protection juridique limitée dans le temps (c’est le cas par exemple des
brevets, licences et concessions).

Toutes les immobilisations incorporelles répondent à la définition d’un actif amortissable sauf le
droit au bail, les fonds commerciaux, et les marques commerciales entretenues par des
actions publicitaires régulières.

Toutes les immobilisations corporelles répondent à la définition d’un actif amortissable sauf les
terrains. Il faut cependant amortir les terrains de gisement car leur utilisation est forcément limitée
dans le temps (en effet, leur exploitation conduit à l’épuisement à terme du gisement).

Les immobilisations financières ne sont pas amortissables.

III La base de calcul de l’amortissement


D’après le PCG, le montant amortissable d’un actif est sa valeur brute sous déduction de sa valeur
résiduelle.

La valeur brute d’un actif est sa valeur d’entrée dans le patrimoine. Rappelons que pour une
immobilisation incorporelle ou corporelle, il peut s’agir soit de son coût d’acquisition, soit de son coût
de production2 ou encore de sa valeur vénale3.

La valeur résiduelle est le montant, net des coûts de sortie4 attendus, que l’entreprise obtiendrait
de la cession de l’actif sur le marché à la fin de son utilisation.

La valeur résiduelle d’un actif n’est prise en compte pour la détermination du montant amortissable
que lorsqu'elle est à la fois significative et mesurable.

 entreprises dont la taille ne dépasse pas deux des trois seuils suivants : total bilan ≤ 4 000 000 €,
 chiffre d’affaires hors taxes ≤ 8 000 000 €
 et salariés ≤ 50.
2
Immobilisations incorporelles ou corporelles produites par l’entreprise pour elle-même.
3
Immobilisations incorporelles ou corporelles reçues à titre gratuit.
le PCG ne précise pas le contenu du coût de sortie. On peut supposer que celui-ci englobe le coût administratif du processus
4

de désinvestissement ainsi que les frais de livraison éventuelle du bien chez l’acquéreur.
-2-
La valeur résiduelle est significative lorsqu’elle contribue à modifier sensiblement le montant des
amortissements (c’est systématiquement le cas par exemple des biens d’investissement pour lesquels
l’entreprise envisage une durée d’utilisation plus courte que leur durée de vie généralement admise
afin de minimiser les coûts de maintenance). Elle est mesurable lorsqu’il est possible de déterminer
de manière fiable dès l’origine, la valeur de revente du bien en fin de période d’utilisation (c’est
systématiquement le cas par exemple des biens d’investissements pour lesquels il existe un marché
d’occasion avec une cote).

Rappel : le coût d’acquisition d’une immobilisation non financière est constitué


- de son prix d’achat, y compris les droits de douane et taxes non récupérables, après
déduction des remises, rabais commerciaux et escomptes de règlement ;
- de tous les coûts directement attribuables engagés pour mettre l’actif en place et en
état de fonctionner selon l’utilisation prévue par la direction.
Dans les comptes individuels, les droits de mutation, honoraires ou commissions et frais d’actes, liés
à l’acquisition, peuvent sur option, être rattachés au coût d’acquisition de l’immobilisation ou
comptabilisés en charges.
Le coût d’acquisition peut, sur option permanente et sous certaines conditions précisées par le PCG,
inclure le coût des emprunts directement destinés à financer l’acquisition.

Remarque : la déduction de la valeur résiduelle de la valeur brute est logique car si l’on définit
l’amortissement comme la répartition d’un coût, il est normal de ne pas tenir compte dans la base
amortissable de la part « récupérable » de ce coût.

IV Les modalités de calcul de l’amortissement prévues par le PCG


Le rythme de consommation doit être déterminé sur des bases les plus pertinentes possibles. Ces
bases peuvent être des unités de temps ou toutes autres unités d’œuvre significatives.

En conséquence, le mode d’amortissement retenu pour un actif amortissable pourra, être linéaire,
décroissant, croissant ou calculé en fonction du nombre de kilomètres parcourus, de pièces
produites, d’heures de fonctionnement Si plusieurs critères s’appliquent, il convient de retenir
l’utilisation la plus courte résultant de l’application de ces critères. Toutefois, à défaut de mode
mieux adapté, le mode linéaire est appliqué.

Le mode d’amortissement retenu doit être appliqué de manière constante pour tous les actifs de même
nature ayant des conditions d’utilisation identiques.

L’amortissement d’un actif commence à la date de début de consommation des avantages


économiques qui lui sont attachés. Cette date correspond généralement à la date de mise en service.

Chaque immobilisation amortissable doit faire l’objet d’un plan d’amortissement. Concrètement, il
s’agit d’un tableau prévisionnel des modalités d’amortissement de l’immobilisation concernée.

Le plan d’amortissement a vocation à être modifié en cas de changement significatif de l’utilisation


prévue de l’immobilisation concernée.

-3-
a) L’amortissement linéaire

Cette méthode consiste à répartir le montant amortissable d’une immobilisation par fractions égales
sur le nombre d’années d’utilisation prévu. Il faut pour cela calculer un taux d’amortissement linéaire

100 %
Taux d'amortissement linéaire (Taux L)
Nombre d’années d’utilisation prévue

et appliquer les règles suivantes

- le point de départ de l'amortissement linéaire est la date de mise en service ;


- le plan d'amortissement d'un bien acheté en cours d'exercice et dont la durée de vie est de
« n » années, s’écoulera sur « n+1 » années, « prorata temporis » sur la première et la
dernière année ;

- dans un souci de simplification, l'année comptable est de 360 jours et chaque mois est
compté pour 30 jours quel que soit le nombre de jours qu'il comprend en réalité ;
- dans un souci de simplification toujours, il est possible de considérer qu’un bien mis en
service le 2 du mois peut être amorti à partir du 1er ; un bien mis en service le 14 ou le 16
peut être amorti à partir du 15.

Exemple le 03/11/N, l’entreprise PHILIPON a fait l’acquisition d'une machine-outil aux conditions
suivantes

RM Industries le 03/11/N

DOIT :
PHILIPON

Facture n° 154

Machine-outil BMG 44 000,00 Rappel : les frais de formation


Frais forfaitaires de livraison + 700,00 du personnel sont exclus du coût
Frais de mise en service + 300,00 d’acquisition d’une immobilisation
Formation du personnel + 1 000,00 incorporelle ou corporelle.
Brut hors taxes 46 000,00
Remise 10 % - 4 600,00
Net commercial 41 400,00
Escompte 2 % - 828,00
Net financier 40 572,00
TVA 19,60
20% % + 7 8952,11
114,4

Net à payer TTC 48524,11


48 686,4
Réglé par chèque n° 000626 le 05/11/N

-4-
Cette acquisition a donc été comptabilisée ainsi

03/11/N
3.11
2154 Matériel industriel [(44 000 + 700 + 300) x 0,90 x 0,98] 39 690,00
44562 TVA sur immobilisations (39 690 x 0,196) 7 779,24
2154 Matériel industriel [(44000+700+300)*0,90*0,98] 39 690,00
618 Divers (1 000 x 0,90 x 0,98) 882,00
44566 TVA sur autres biens et services (882 x 0,196) 172,87
44562 TVA
404 sur immobilisations (39 690 d’immobilisations
Fournisseurs *0,2) 7 938,00 48 524,11
Facture n° 154
618 Divers (1000*0,90*0,98) 882
05/11/N
44566
404 TVA sur autres biens etd’immobilisations
Fournisseurs services 176,4 48 524,11
512 Banque 48 524,11
404 Fournisseurs d'immobilisations
Chèque n° 000626 48 686,40

La mise en service de cette machine a eu lieu le 08/11/N. Elle fait l’objet d’un plan d’amortissement
5.11
linéaire sur 5 ans. Sa valeur résiduelle à l’issue de ce plan est estimée à 2 000 € auxquels il convient
de déduire 5 % de coût de sortie.
404 Fournisseurs d'immobilisations 48 686,40
Le taux d’amortissement appliqué sera donc de 100 % / 5 20 %
512 Banque 48 686,40
Le plan d’amortissement sera matérialisé dans un tableau prévisionnel porté dans le livre
d’inventaire. Sa présentation n’est pas normalisée

Plan d’amortissement

Immobilisation : Machine-outil BMG Mode d’amortissement : Linéaire


Compte : 2154 Matériel industriel Base amortissable : 37 790 € (2)
Coût d’acquisition : 39 690 € Taux linéaire : 20 %
Valeur résiduelle : 1 900 € (1)
Date d'acquisition : 03/11/N Date
de mise en service : 08/11/N

Valeur nette
Valeur Annuité Ammortisse- comptable en fin
Base
Années d’origine d'amortisse- ments cumulés d'exercice
amortissable
(A) ment (B) (VNC)
(A- B)

N 39 690 37 790 (3) 1 091,71 1 091,71 38 598,29


N+1 39 690 37 790 (4) 7 558,00 8 649,71 31 040,29
N+2 39 690 37 790 (4) 7 558,00 16 207,71 23 482,29
N+3 39 690 37 790 (4) 7 558,00 23 765,71 15 924,29
N+4 39 690 37 790 (4) 7 558,00 31 323,71 8 366,29
N+5 39 690 37 790 (5) 6 466,29 37 790,00 1 900,00
37 790,00
(1) 2 000 x 0,95 1 900 €
(2) 39 690 – 1 900 37 790 €

-5-
(3) La première annuité a été calculée ainsi
Nombre de jours à décompter
Novembre (30 - 8) 22 jours
Décembre 30 jours

Total 52 jours

Montant de la première annuité 37 790 × 20 % × 52/360 1 091,71

(4) 37 790 x 20 % = 7 558,00


(5) La dernière annuité est le complément de la première par rapport à une annuité complète
7 558 – 1 091,71 = 6 466,29

Remarque : on notera que la durée d’utilisation du bien est de 5 ans mais que le plan d'amortissement
s'échelonne sur 6 exercices.

Autre remarque : dans cet exemple, la VNC à l’issue du plan d’amortissement n’est pas nulle mais
correspond à la valeur résiduelle estimée.

Le traitement comptable de l’amortissement se fera ainsi :

31/12/N :

31/12/N
6811 Dotations aux amortissements des immobilisations 1 091,71
Incorporelles et corporelles
28154 Amortissements du matériel 1 091,71
industriel
Selon inventaire

Le compte d'amortissement est un compte d'actif soustractif que l'on forme


en prenant le numéro du compte de l’immobilisation concernée et en mettant
un « 8 » en deuxième position.

À chaque clôture d’exercice et jusqu’au 31/12/N+5, on passera une écriture identique


mais pour le montant prévu au plan d’amortissement.

-6-
b) L’amortissement décroissant

C’est un mode d’amortissement dans lequel le taux utilisé évolue de manière décroissante.

Exemple : un matériel industriel acquis pour 20 000 € hors taxes le 20/12/N-1 a été mis en service
le 01/01/N. Sa valeur résiduelle en fin d’utilisation est considérée comme nulle. La consommation des
avantages économiques attendus de cet investissement s’échelonnera sur 5 exercices de manière
décroissante en fonction des taux suivants

Années Taux
N 40%
N+1 25%
N+2 20%
N+3 10%
N+4 5%

Le plan d’amortissement pourra se présenter ainsi :

Valeur nette
Valeur Annuité Ammortisse- comptable en
Base Taux
Années d’origine d'amortisse- ments cumulés fin d'exercice
amortissable
(A) ment (B) (VNC)
(A-B)

N 20 000 20 000 40% 8 000 8 000 12 000


N+1 20 000 20 000 25% 5 000 13 000 7 000
N+2 20 000 20 000 20% 4 000 17 000 3 000
N+3 20 000 20 000 10% 2 000 19 000 1 000
N+4 20 000 20 000 5% 1 000 20 000 0
100% 20 000

Remarque : dans cet exemple, la VNC à l’issue du plan d’amortissement est nulle car la valeur
résiduelle de l’immobilisation concernée est nulle.

Cette méthode pourra être retenue pour les immobilisations dont l’obsolescence rapide incite
l’entreprise à en faire une utilisation plus intensive dans les premières années qui suit leur mise en
service.

Le traitement comptable est identique au mode précédant mais avec les montants prévus dans le plan
d’amortissement décroissant.

c) L’amortissement croissant

Cette méthode repose sur la même logique que la précédente mis avec un rythme d’amortissement
inversé au regard de la méthode précédente. Elle pourra être retenue pour les immobilisations dont
l’utilisation est progressive.

Le traitement comptable est identique au mode précédent avec les montants prévus dans le plan
d’amortissement croissant.

-7-
d) L’amortissement par référence à une unité d’œuvre.

Exemple : un matériel industriel acquis et mis en service le 01/08/N pour un montant de 34 000 €.
Les avantages économiques attendus sur les cinq exercices de N à N+4 sont mesurés par le nombre
d’unités fabriquées, soit respectivement : 800, 3 200, 5 000 ; 4 000 et 2 000 unités. Fin N+4, il est
prévu que le bien sera revendu au prix du marché, soit 1 000 € hors taxes. Cette valeur est considérée
comme significative.

Le plan d’amortissement pourra se présenter ainsi :

Valeur nette
Valeur Nombre de Ammortisse- comptable en
Base Annuité
d’origine pièces ments fin d'exercice
Années amortissable d'amortisse-
(A) fabriquées cumulés (VNC)
ment
(B) (A-B)

N 34 000 33 000 800 (1) 1 760 1 760 32 240


N+1 34 000 33 000 3 200 (2) 7 040 8 800 25 200
N+2 34 000 33 000 5 000 (3) 11 000 19 800 14 200
N+3 34 000 33 000 4 000 (4) 8 800 28 600 5 400
N+4 34 000 33 000 2 000 (5) 4 400 33 000 1 000
15 000 33 000

(1) 33 000  800 / 15 000 1 760


(2) 33 000  3 200 / 15 000 7 040
(3) 33 000  5 000 / 15 000 11 000
(4) 33 000  4 000 / 15 000 8 800
(5) 33 000  2 000 / 15 000 4 400

Le traitement comptable est identique au mode précédant mais avec les montants prévus dans le plan
d’amortissement par unités d’œuvre.

V Les modalités d’amortissement définies par la législation fiscale


Les dotations aux amortissements sont des charges déductibles du résultat imposable ; c’est pour
cette raison que l’amortissement est très encadré par la législation fiscale ; ainsi, le Code Général
des Impôts (CGI) prévoit trois modalités d’amortissement :
l’amortissement linéaire fiscal ;
l’amortissement dégressif fiscal ;
l’amortissement exceptionnel fiscal.

Il faut cependant noter que la réduction de la base amortissable d’une immobilisation par soustraction
de sa valeur résiduelle est une pratique non admise en fiscalité.

Par ailleurs, le CGI (Code général des impôts) indique qu’à la clôture de chaque exercice, la somme
des amortissements effectivement pratiqués depuis l'acquisition ou la création d'un élément donné ne
peut être inférieure au montant cumulé des amortissements calculés suivant le mode linéaire et
répartis sur la durée normale d'utilisation. Dans le cas contraire, l'entreprise perd définitivement le
droit de déduire la fraction d'amortissement irrégulièrement différée.

-8-
a) L’amortissement linéaire fiscal

C’est le régime de droit commun prévu par le code général des impôts. Toutes les immobilisations
amortissables achetées neuves ou d'occasion peuvent être amorties selon ce système.

Le taux à retenir dépend de la durée normale d'utilisation. Celle-ci doit s'apprécier compte tenu, le cas
échéant, des circonstances particulières pouvant influer sur cette durée, c'est-à-dire, notamment de
son utilisation à simple, à double ou à triple équipe de travail. Le taux choisi doit également se situer
dans les limites de ceux généralement admis d'après les usages de chaque nature d'industrie, de
commerce et d'exploitation.

Afin de limiter les litiges et les contestations, l’administration fiscale, propose à titre indicatif, une
liste des taux les plus couramment admis

Durée de vie
indicative
Immobilisation communiquée par
l’administration
fiscale
Frais d’établissement 5 ans au maximum (1)
Frais de recherche et de développement 5 ans au maximum (1)
Bâtiments commerciaux 20 à 50 ans
Bâtiments industriels 20 ans
Matériel 5 à 10 ans
Outillage 5 à 10 ans
Matériel de transport 4 à 5 ans
Matériel de bureau 5 à 10 ans
Micro-ordinateur 3 ans
Mobilier 10 ans
Agencements et installations 10 à 20 ans

(1) L’application du prorata temporis est facultative pour ces actifs

(2) En raison de l’obsolescence rapide dont ils sont frappés, les logiciels (dissociés du matériel
informatique) s’amortissent à compter de la date d’acquisition s’ils sont achetés ou d’achèvement s’ils
sont réalisés par l’entreprise pour elle-même.

Important : la base amortissable en linéaire fiscal est la valeur brute (valeur d’origine). La déduction
de la valeur résiduelle n’est pas admise par l’administration fiscale. Les autres règles de calcul et
d’enregistrement comptable sont identiques à celles de l’amortissement linéaire économique proposé
par le PCG.

-9-
b) L’amortissement dégressif fiscal

Ce système est une forme d’amortissement décroissant et en ce sens rien ne s’oppose à ce que
l’entreprise le considère comme économiquement justifié. L'amortissement dégressif est un système
qui ne peut s'appliquer qu'aux biens amortissables remplissant trois conditions
le bien doit être acheté neuf ;
sa durée d’utilisation doit être supérieure ou égale à 3 ans ;
le bien doit appartenir à l’une catégories suivantes définies par le Code Général des Impôts
- matériels et outillages utilisés pour des opérations industrielles de fabrication, de
transformation ou de transport ;
- matériels de
manutention ;destinées à l'épuration des eaux et à l'assainissement de
- installations
l'atmosphère ; installations productrices de vapeur, chaleur ou énergie ;
- installations de sécurité ;
- installations à caractère médico-social ;
- machines de bureau ;
- matériels et outillages utilisés à des opérations de recherche scientifique ou
technique ; installations de magasinage et de stockage, sans que puissent y être
compris les locaux servant à l'exercice de la profession
- immeubles et matériels des entreprises hôtelières ;
- bâtiments industriels dont la durée normale d'utilisation n'excède pas quinze années.

Sont exclus de cette liste : les véhicules de tourisme, les camionnettes de charge utile
inférieure à 2 tonnes, les bâtiments industriels d’une durée d’utilisation supérieure à 15 ans,
les meubles meublants.
Le taux d'amortissement dégressif se calcule en appliquant un coefficient au taux d’amortissement
linéaire.

Taux dégressif (Taux D) Taux Linéaire × Coefficient

Les coefficients sont fixés par la loi de finances

Durée probable Coef. Au 3112/2016


de vie

3 ou 4 ans 1,25
5 ou 6 ans 1,75
+ de 6 ans 2,25

L'amortissement d'une immobilisation selon ce système doit respecter les règles suivantes

- le montant à amortir est la valeur brute (valeur d’origine) ;


 - le point de départ de l'amortissement dégressif est le premier jour du mois
d'acquisition ; la première annuité doit être calculée « prorata temporis » en mois.
- la base de calcul de la première annuité est la valeur brute ; à partir de la deuxième
annuité, la base de calcul est la valeur nette comptable à la fin de l’exercice précédent ;
- le plan d'amortissement d'un bien acheté en cours d'exercice et dont la durée de vie est de
« n » années sera amorti sur « n » années. (Il s’agit d’une différence fondamentale avec
l’amortissement linéaire).

- 10 -
Exemple : l'entreprise DUBOIS a acquis le 25 mars N un matériel industriel pour 12 000 € hors taxes.
La mise en service a eu lieu le 10 avril N. L’entreprise a décidé d’amortir ce bien en dégressif sur 5
ans.
100 %
Taux Dégressif Taux Linéaire × Coefficient x 1,75 35 %
5
Le plan d'amortissement se présentera ainsi

Amortisse- Valeur nette


ments comptable en fin
Base de calcul Annuité
Années Taux cumulés d'exercice
(A) d'amortissement
(VNC)
(B)
(A-B)

N 12 000,00 35 % (1) 3 500,00 3 500,00 8 500,00


N+1 8 500,00 35 % (2) 2 975,00 6 475,00 5 525,00
N+2 5 525,00 35 % (3) 1 933,75 8 408,75 3 591,25
N+3 3 591,25 50 % (4) 1 795,63 10 204,38 1 795,62
N+4 1 795,62 100 % (5) 1 795,62 12 000,00 0,00

On notera : que le plan d'amortissement s'échelonne sur 5 ans même si le bien a été acquis en
cours d’exercice.

À chaque ligne du tableau d'amortissement dégressif, il faut se poser la question suivante : le


taux d'amortissement linéaire calculé sur le nombre d'années restant à courir est-il supérieur au
taux dégressif calculé au départ ?
 si oui, il faut utiliser ce taux linéaire ;
 si non, il faut utiliser le taux dégressif.

Ainsi la première année, le taux linéaire calculé sur le nombre d'années restant à courir est de 100 % / 5 20
% ; le taux dégressif (35 %) est supérieur, il faut donc utiliser ce taux de 35 %.

La seconde année, le taux linéaire est de 100 % / 4 25 % ; il faut donc continuer avec 35 % ainsi de
suite !

La 4ème année , le taux linéaire est de 100 % / 50 %, ce qui est supérieur à 35 % ; il faut donc utiliser ce
taux de 50 % 2 ainsi de suite !

(1) Montant de la première annuité 12 000 × 35 % × 10/12 3 500


(2) 8 500 x 35 % 2 975
(3) 5 525 x 35 % 1 933,75
(4) 3 591,25 x 50 % 1 795,63
(5) 1 795,62 x 100 % 1 795,62

- 11 -
c) L’amortissement exceptionnel fiscal

Certaines dispositions fiscales, dans un objectif d'incitation à l’investissement, donnent la


possibilité, pour certains biens, de pratiquer un soi-disant « amortissement exceptionnel ». Il
s’agit en fait d’une niche fiscale qui n’a strictement rien avoir avec l’amortissement économique.
Il s’agit d’un chapitre qui sera étudié à niveau licence CFA 115 et 120.
VI La méthode de l’amortissement par composants
a) Principes

Une immobilisation corporelle est souvent composée de plusieurs éléments ayant une valeur
significative. La valeur d’origine des immobilisations corporelles qui le nécessitent doit donc être «
éclatée » en composants.

Les composants sont les éléments principaux de l’immobilisation qui doivent faire l’objet de
remplacements à intervalles réguliers et/ou qui ont des durées d’utilisation différentes de celle de
l’immobilisation dans son ensemble. Chaque composant a une durée d’amortissement propre,
différente de celle de la « structure » de l’immobilisation.

À ce propos, le PCG précise que lorsque des éléments constitutifs d’une immobilisation amortissable
sont exploités de façon indissociable, un plan d’amortissement unique est retenu pour l’ensemble de
ces éléments. Cependant, si dès l’origine, un ou plusieurs de ces éléments ont chacun des utilisations
différentes, chaque élément est comptabilisé séparément et un plan d’amortissement propre à chacun
de ces éléments doit être obligatoirement établi.

Exemple : on peut par exemple « décomposer » une construction en trois composants en


distinguant la structure (durée d’utilisation estimée 50 ans), les portes et fenêtres (durée
d’utilisation estimée : 20 ans) et l’ascenseur (durée d’utilisation estimée : 5 ans). Cette construction
fera donc l’objet de trois plans d’amortissement.

Le PCG précise également que les dépenses d’entretien faisant l’objet de programmes pluriannuels de
grosses réparations ou de grandes révisions en application de lois, règlements ou de pratiques
constantes de l’entreprise, doivent être comptabilisées dès l’origine comme un composant distinct de
l’immobilisation, si aucune provision pour grosses réparations ou grandes révisions n’a été
constatée.

Remarque : cette vision est conforme à la définition de l’amortissement, en tant que répartition du
coût d’une immobilisation éligible sur sa durée d’utilisation. Si une immobilisation est composée
d’éléments dont la durée de vie est distincte, il est alors logique de procéder ainsi. L’autre intérêt
réside dans le fait que l’amortissement est, une source d’autofinancement pour l’entreprise. Amortir
chaque composant sur sa durée réelle d’utilisation contribue à générer la quantité de liquidités
nécessaire pour les renouveler.

b) Application

Exemple : le 15 septembre N, l’entreprise GERMAIN a acquis et mis en service un matériel industriel


spécifique pour un coût d’acquisition de 60 000 € hors taxes, TVA 20 %
Certains accessoires de ce matériel devront être changés tous les deux ans afin de pouvoir maintenir
la qualité des produits. Leur valeur incluse dans le coût d’acquisition du matériel est estimée à 6 000
€. Par ailleurs les règles de sécurité propres à ce genre de matériel obligent à réviser sa structure tous
les 4 ans. La première révision programmée pour N+4 est estimée à 4 000 € hors taxes (valeur incluse
dans le coût d’acquisition du matériel). La durée d’utilisation de la structure est estimée à 8 ans.

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L’entreprise GERMAIN a donc « décomposé » cet immobilisation en trois composants Structure,
Accessoires, Révision et a passé l’écriture ci-après

15/09/N
21541 Matériel industriel - Structure 50 000,00
21542 Matériel industriel - Accessoires 6 000,00
21543 Matériel industriel – Révision 4 000,00
44562 TVA sur immobilisations 12 000,00
404 Fournisseurs d’immobilisations 72 000
Facture n°

Au 31/12/N, il a été décidé d’amortir ces composants en linéaire sur leur durée d’utilisation en
considérant leur valeur résiduelle comme nulle.

Le traitement comptable des amortissements relatifs à cette immobilisation décomposée


se fera ainsi pour l’exercice N :

31/12/N
6811 Dotations aux amortissements des immobilisations 2 989,59
incorporelles
281541 Amortissements du Matériel (1) 1 822,92
industriel - Structure
281542 Amortissements du matériel (2) 875,00
industriel - Accessoires
281543 Amortissements Matériel industriel (3) 291,67
– Révision
Selon inventaire
(1) 50 000 x 12,5 % x 3,5/12 = 1 822,92
(2) 6 000 x 50 % x 3,5/12 = 875,00
(3) 4 000 x 25 % x 3,5/12 = 291,67

VII Les modifications du plan d’amortissement


Le plan d’amortissement déterminé à l’origine, lors de l’entrée de l’immobilisation dans le patrimoine
de l’entreprise peut être révisé s’il n’est plus approprié. La révision du plan d’amortissement est liée
soit à la modification significative des conditions d’utilisation prévue, soit à la modification de la base
amortissable.

a) Modification significative de l’utilisation prévue

Toute modification significative de l’utilisation prévue d’une immobilisation amortissable entraîne une
révision prospective de son plan d’amortissement. Les amortissements déjà constatés ne sont pas
modifiés, seules les annuités futures sont concernées.

Exemple : un matériel industriel est acquis et mis en service le 01/01/N pour 20 000 € hors taxes.
Son plan d’amortissement initial prévoyait une utilisation sur 5 ans selon le mode linéaire. Sa valeur
résiduelle est considérée comme nulle.
La demande adressée à l’entreprise s’étant fortement développée, il a été décidé au bout de 2 ans,
que l’exploitation de ce matériel ne durerait que 2 années supplémentaires (au lieu de 3). La valeur
résiduelle à l’issue du plan d’amortissement révisé est considérée comme nulle.

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Le suivi comptable des modifications du plan d’amortissement peut être effectué avec le
tableau ci-après :

Plan d’amortissement initial Plan d’amortissement révisé

Base Annuité VNC fin Base Annuité VNC fin


Années amorti- amorti-
exercice exercice
ssable ssable

N 20 000 (1) 4 000 16 000 20 000 4 000 16 000


N+1 20 000 (1) 4 000 12 000 20 000 4 000 12 000
N+2 20 000 (1) 4 000 8 000 (2) 12 000 (3) 6 000 6 000
N+3 20 000 (1) 4 000 4 000 12 000 (3) 6 000 0
N+4 20 000 (1) 4 000 0
(1) 20 000  20 % = 4 000
(2) La VNC au 31/12/N+1 est devenue la base amortissable, car c’est ce montant qu’il reste à amortir en linéaire sur 2 ans
(3) 12 000  50 % = 6 000

c) Modification de la base amortissable

La base amortissable peut être augmentée soit diminuée ;


Une diminution de la base amortissable provient de la constatation d’une dépréciation

Une augmentation de la base amortissable peut provenir :


de dépenses ultérieures qui améliorent l’état ou la performance de l’immobilisation ;
du renouvellement d’un composant dont le coût est supérieur à ce qu’il était au moment de
l’acquisition de l’immobilisation ;
de la remise en cause d’une dépréciation antérieurement constatée (voir à ce propos § II).

VIII Rôle économique et financier de l’amortissement


L’amortissement permet de répartir le coût d’acquisition ou de production d’une immobilisation sur sa
durée d’utilisation. En effet, l’entrée d’un bien d’investissement dans le patrimoine de l’entreprise est
sans incidence directe sur le résultat de l’exercice : à l’exception des biens de faible valeur unitaire, le
coût d’entrée d’un bien durable est enregistré au débit d’un compte d’immobilisations, et pas d’un
compte de charges. L’investissement n’est pas une consommation définitive. La technique de
l’amortissement permet de « consommer progressivement » l’immobilisation.

En l’absence d’une telle technique comptable, une dépense d’investissement engagée en N,


contribuant à l’exploitation de l’entreprise pendant plusieurs années, aboutirait à pénaliser fortement
le résultat de l’exercice d’acquisition et aucunement les exercices suivants alors que ceux-ci ont
également bénéficié de cet actif et ont contribué à le « consommer ».

Les dotations aux amortissements sont des charges calculées. Cela signifie qu’elles ne donnent lieu à
aucun décaissement, mais qu’en tant que charges, elles contribuent à minimiser le résultat de
l’entreprise qui sert lui-même de base de calcul à l’impôt sur les bénéfices.

En minimisant le résultat, les dotations aux amortissements réduisent la base de calcul de l’impôt sur
les sociétés et les possibilités de distribution des bénéfices aux associés. Les économies d'impôt et de
distributions de bénéfices ainsi réalisées pourront servir de ressources d’autofinancement destinées à
participer au financement du renouvellement des immobilisations.

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L’amortissement est par ailleurs un « correcteur d’évaluation » dans la mesure où il permet de
contribuer à l’objectif d’image fidèle que doivent donner les comptes.

On peut résumer le rôle de l’amortissement dans le schéma ci-après

Rôle de l’amortissement

Disposition légale visant à


stimuler l’investissement

Technique permettant Technique permettant de Technique permettant de


d’étaler le coût d’une constituer des ressources respecter le principe
immobilisation sur sa durée d’autofinancement pour comptable fondamental de
d’utilisation faciliter le renouvellement prudence et l’objectif
des immobilisations d’image fidèle que doivent
donner les comptes.

L’amortissement contribue donc à un « lissage » des résultats de l’entreprise, plus propice à une juste
interprétation financière de ses performances économiques.

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