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CHAPITRE 8 : AMORTISSEMENTS, DEPRECIATIONS ET CESSION

1) Les amortissements
Un bien amortissable est un actif dont l’utilisation par l’entité est déterminable lorsque l’usage attendu de cet
actif est limité dans le temps.
Le caractère amortissable d’un actif s’apprécie donc par rapport à l’utilisation du bien par l’entreprise et à
travers la consommation des avantages économiques qu’il lui procure.
Cette utilisation peut être déterminée en termes d’unités de temps ou d’unités d’œuvre si elles reflètent plus
correctement le rythme de la consommation des avantages attendus de l’actif.
Durée réelle d’utilisation = Durée d’utilisation effective du bien

Même en l’absence ou insuffisance de bénéfice, il doit être procédé aux amortissements et provisions
nécessaires.
Principe de l’amortissement minimum  montant cumulé des amortissements calculés suivant le mode linéaire
et répartis sur la durée normale d’utilisation.

Modalités du calcul de l’amortissement


 Montant amortissable  Valeur brute d’un actif sous déduction de sa valeur résiduelle,
correspondant au montant, net des coûts de sortie attendus, que l’entreprise obtiendrait de la
cession de l’actif sur le marché à la fin de son utilisation.
Prise en compte de la valeur résiduelle si significative et mesurable.
Fiscalement, on ne prend pas en compte la valeur résiduelle, il faut comptabiliser des amortissements
dérogatoires.
 Plan d’amortissement
- Amortissement  Répartition systématique du montant amortissable d’un actif en fonction de
son utilisation
- Plan d’amortissement  Traduction de la répartition de la valeur amortissable d’un actif selon
le rythme de consommation des avantages économiques attendus en fonction de son utilisation
probable
- Mode d’amortissement  Traduction du rythme de consommation des avantages économiques
attendus de l’actif par l’entité
Un plan d’amortissement est composé :
- De la durée d’amortissement qui, au niveau comptable, correspond à la durée réelle d’utilisation.
Au niveau fiscal, la durée d’amortissement correspond à la durée d’usage.
- Si durée réelle d’utilisation > durée d’usage  Amortissements dérogatoires
- Si durée réelle d’utilisation < durée d’usage  Réintégration extracomptable
- Du mode de calcul de l’amortissement :
- Amortissement linéaire retenu au niveau comptable, et si amortissement fiscal > amortissement
comptable  Amortissements dérogatoires
- Amortissement variable retenu au niveau comptable (Unités d’œuvre), et si amortissement fiscal
> amortissement comptable  Amortissements dérogatoires
Sinon réintégration extracomptable
Remarque : Les PME peuvent retenir la durée d’usage pour déterminer le plan d’amortissement des
immobilisations non décomposables si 2 des 3 seuils ne sont pas dépassés (Total Bilan <= 4M ; CA <=
8M ; Nb salariés <= 50).

Modification du plan d’amortissement


Plan d’amortissement défini à la date d’entrée du bien à l’actif. Toutefois, toute modification significative de
l’utilisation prévue (durée ou rythme de consommation des avantages économiques attendus de l’actif)
entraîne la révision prospective de son plan d’amortissement.
Quelles modifications entraîne la modification du plan d’amortissement ?
 Modification significative de l’utilisation prévue (changement d’estimation ou changement de
méthode comptable)
 Modification des conditions d’exploitation du bien (augmentation des durées d’usage…),
changements techniques et évolutions de marché.
 Modification de la base amortissable
 Augmentation ou diminution de celle-ci en raison d’une dépréciation, évolution de la valeur
actuelle, modification de la valeur résiduelle.
 Modification pouvant affecter les exercices antérieurs
 Si amortissement constaté insuffisant : 6871 Dotation aux amortissements exceptionnels des
immobilisations
Si amortissement constaté trop important : 7811 Reprises sur amortissements des immobilisations

Amortissement pour les biens décomposés


Quand il y a décomposition de l’immobilisation, plan d’amortissement distinct pour chacun des composants
identifiés et la structure (durée d’utilisation et mode d’amortissement différents).
Amortissement des composants sur la durée séparant des remplacements ou deux gros entretiens.
Au niveau FISCAL
 Ne pas prendre en compte la valeur résiduelle
 Durée d’amortissement des composants :
- Composants identifiés dès l’origine : Si durée réelle d’utilisation > durée d’usage de la structure =
Amortissement du composant sur la durée d’usage de la structure  Amortissements
dérogatoires
- Renouvellement du composant d’origine :
- Plus de remplacement prévu  Composant amorti sur durée d’amortissement résiduelle
(période restante pendant laquelle un actif peut être amorti) de la structure.
- Remplacement du composant et structure amortie totalement au niveau fiscal  composant
amorti sur durée réelle d’utilisation dans la limite de la durée réelle d’utilisation résiduelle
(période d'utilisation restante d'un bien) de la structure.
 Durée d’amortissement de la structure : celle-ci est amortie sur la durée d’usage fiscale applicable à
l’immobilisation prise dans son ensemble.
Possibilité d’amortissements dérogatoires.
 Possibilité d’utiliser le mode d’amortissement dégressif

Amortissements dérogatoires : Compte 145 Amortissement dérogatoire


Montant = Différence entre la charge fiscalement déductible et l’amortissement économique du bien
Dotation ou reprise ultérieure constituent une charge ou un produit exceptionnel.
Amortissements dérogatoires quand :
 Amortissement fiscal dégressif et amortissement comptable linéaire
 Durée de l’amortissement fiscale < durée de l’amortissement comptable
 Existence d’une valeur résiduelle

Les terrains : Non amortissables, sauf terrains de gisement


2) La dépréciation des immobilisations corporelles
La dépréciation d’un actif est la constatation comptable que sa valeur actuelle est devenue inférieure à sa
valeur nette comptable.
Valeur actuelle : Valeur la plus élevée entre la valeur vénale et la valeur d’usage.
Valeur vénale : Montant qui pourrait être obtenu, à la date de clôture, de la vente d’un actif, lors d’une
transaction conclue dans des conditions normales de marché, net des coûts de sortie (coûts directement
attribuables à la sortie d’un actif, sauf charges financières et charges d’impôt sur le résultat).
Valeur d’usage : Valeur des avantages économiques futurs attendus de son utilisation et de sa sortie ;
Calculée à partir des estimations des avantages économiques futurs attendus.
(Calculée en fonction des flux de trésorerie attendus)
VNC = Valeur brute – Amortissements cumulés – Dépréciations

Appréciation de la perte de valeur d’un actif


L’entité doit apprécier à chaque clôture des comptes et à chaque situation, s’il existe un indice quelconque
montrant qu’un actif a perdu notablement de sa valeur. Il faut considérer 2 grandes catégories d’indices :
 Indices externes : Valeur de marché ; Changements importants ayant un effet négatif sur l’entité ;
Augmentation du taux d’intérêt ou de rendement du marché ; Baisse de la valeur vénale ou de la
valeur d’usage.
 Indices internes : Indices d’obsolescence ou de dégradation non prévue par le plan d’amortissement ;
Changements importants dans le mode d’utilisation de l’actif (passage de 2*8 à 3*8) ; Performances <
Prévisions.

Utilisation du test de dépréciation : Il est effectué lorsqu’il existe un indice de perte de valeur  Comparaison
entre la VNC et la valeur actuelle.
 Valeur actuelle > VNC  Aucune dépréciation n’est comptabilisée
 Valeur actuelle < VNC  On retient la valeur la plus élevée entre la valeur vénale et la valeur d’usage
pour constater la dépréciation. Si on ne peut déterminer la valeur vénale, on retient la valeur
d’usage.

Incidence de la dépréciation sur le plan d’amortissement


La comptabilisation d’une dépréciation modifie de manière prospective la base amortissable de l’actif déprécié.
VNC = Valeur brute – Amortissements – Dépréciation
Nouvelle base amortissable = VNC avant dépréciation – Dépréciation

Ajustements ultérieurs du montant de la dépréciation


Aussi longtemps que subsiste un indice de perte de valeur, l’entreprise doit mettre en œuvre un test de
dépréciation pour déterminer la valeur actuelle du bien à la clôture de chaque exercice (dotation
complémentaire ou reprise).

La disparition ou la diminution de l’indice de perte de valeur peut ramener la valeur actuelle de l’actif à un
montant supérieur à sa VNC et justifier une reprise de dépréciation.
Suite à cette reprise, la VNC du bien ne doit pas devenir > VNC qui aurait été déterminée par application du plan
d’amortissement initial.

3) La dépréciation des immobilisations incorporelles

Marques et procédés
Protection juridique illimitée : ils ne peuvent pas s’amortir, mais faire seulement l’objet d’une dépréciation 
2905 Dépréciation des marques, procédés et droits similaires

Droit au bail
Pas d’amortissement, mais dépréciation possible  2906 Dépréciation du droit au bail
Fonds commercial
Présumé avoir une durée d’utilisation non limitée, donc non amortissable.
Toutefois, lorsqu’il est possible de déterminer une durée d’utilisation limitée, amortissement sur cette durée, ou
sur 10 ans lorsqu’elle n’est pas déterminée de manière fiable.

Par simplification, les petites entreprises (Total Bilan <= 4M ; CA <= 8M ; Nb salariés <= 50) peuvent amortir sur
10 ans tous leurs fonds commerciaux.

Pour les fonds commerciaux dont la durée d’utilisation est non limitée, un test de dépréciation est réalisé au
moins une fois par exercice s’il existe ou non un indice de perte de valeur.
Enfin, les dépréciations comptabilisées sur le fonds commercial ne sont jamais reprises.

Fiscalement, la dépréciation du fonds de commerce ne peut être constatée que par voie de provision.

Frais d’établissement (frais d’augmentation de capital, frais de constitution)


Amortis dans un délai maximum de 5 ans.
L’entité ne peut procéder à aucune distribution de dividendes tant que les frais d’établissement ne sont pas
complètement amortis, sauf s’il existe des réserves libres d’un montant au moins équivalent à celui des frais
non amortis.
Par contre, frais de constitution doivent être amortis avant toute distribution de bénéfices.

Frais de développement
Amortis sur la durée d’utilisation estimée du projet, sinon max 5 ans si cette durée n’est pas déterminée de
façon fiable.
Amortis sur 5 ans max et à titre exceptionnel sur la durée d’utilisation des actifs.
En cas d’échec du projet, frais immédiatement amortis.
Débit 687 Dotations aux amortissements dépréciations et provisions charges exceptionnelles

Comptablement, amortis dès le début de l’utilisation ou de la vente du produit ou procédé.


Fiscalement, amortis dès l’inscription des frais à l’actif.
 Amortissements dérogatoires

L’entité ne peut procéder à aucune distribution de dividendes tant que les frais d’établissement ne sont pas
complètement amortis, sauf s’il existe des réserves libres d’un montant au moins équivalent à celui des frais
non amortis.

Brevets
Durée d’utilisation finie correspondant à celle de leur protection juridique (en principe 20 ans).
Durée plus courte si durée d’utilisation effective du brevet plus courte.
Même règle au niveau fiscal, pas d’amortissements dérogatoires.

Droits incorporels particuliers


Licences d’exploitation d’un réseau de télécommunications mobiles amortis sur 20 ans max
Indemnités de mutation des joueurs professionnels amortis sur 5 ans max
4) La cession d’immobilisations

Sorties d’immobilisations amortissables


 Amortissement au titre de l’exercice de cession : On constate la dotation aux amortissements de
l’immobilisation corporelle pour la période qui va du début de l’exercice de cession jusqu’à la date de
cession.
 On constate le prix de cession (prix stipulé dans l’acte)
Crédit 775 PCEA
Crédit 44571 TVA collectée
Débit 462 Créances sur cession d’immobilisation
 On sort l’immobilisation
Crédit 2 Immobilisations (valeur brute)
Débit 675 VNCEAC
Débit 28 Amortissements des immobilisations (amortissements cumulés)
 Reprise des amortissements dérogatoires et dépréciations éventuels
Débit 145 Amortissement dérogatoire
Crédit 78725 Reprises sur amortissements dérogatoires
Débit 29 Dépréciations
Crédit 7816 Reprises sur provisions et dépréciations
Ou Crédit 7876 Reprises pour dépréciations exceptionnelles

Cas particulier de la mise au rebut


Constatation d’une dotation exceptionnelle à la sortie de l’immobilisation pour obtenir une VNC nulle.
6871 Dotations aux amortissements - Charges exceptionnelles

Régimes de TVA sur cessions d’immobilisations


 Régime de droit commun = imposition à la TVA
Cession soumise à TVA si le bien a ouvert droit à déduction totale ou partielle lors de son acquisition.
Cession non soumise à TVA pour les biens n’ouvrant pas droit à déduction lors de son acquisition
(véhicules de tourisme)
Exception : le cédant peut soumettre l’opération à TVA si la cession est effectuée auprès d’un négociant
en véhicules d’occasion qui bénéficiera d’un droit à déduction.
 Régime exceptionnel = reversement de TVA sur les immeubles
Cession d’immeuble exonérée de TVA sauf si vente dans les 5 ans de l’achèvement.
Reversement d’une fraction de TVA initialement déduite.
TVA à reverser = (TVA effectivement déduite) – (TVA déduite*1/20*prorata)

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