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Introduction
Objet du rapport
Le présent rapport traite succinctement du cadre institutionnel dans lequel se déroulent
les études, des principaux résultats des investigations du milieu physique de la zone
d’élection du Projet, des solutions de base étudiées en donnant des indications précises
sur la variante la plus avantageuse du point de vue technique, financier, fonctionnel et de
protection de l’environnement, en l’occurrence le tunnel foré ferroviaire, de quelques
données sur les prévisions du trafic à travers le futur ouvrage, des aspects socio-
économique et juridique ainsi que d’une première ébauche du montage institutionnel et
financier pour sa concrétisation. Il présente également les principales activités
programmées en 2006 pour finaliser les études du projet.
Cadre institutionnel
Les études de la liaison à travers le Détroit de Gibraltar ont été lancées conjointement par
le Maroc et l’Espagne sur la base d’un accord de coopération bilatérale, signé le 24
octobre 1980. Un accord additionnel actualisant le premier a été signé le 29 juillet 1989.
Ce dernier a été établi à la suite des résultats encourageants enregistrés dans le
développement des études et des travaux de reconnaissance à l’occasion du dixième
anniversaire du lancement des études du Projet. Si le premier accord visait
essentiellement l'étude de faisabilité du Projet, le second accord a ouvert la voie aux
deux pays en vue d’établir une coopération plus élargie pour la construction de l’ouvrage
et de ce fait, a donné un nouvel élan au développement des études par la réalisation
notamment, d’importantes investigations géologiques et géotechniques par des ouvrages
expérimentaux en vraie grandeur et par des forages profonds en mer.
Enfin, l'ampleur des investigations et des recherches à réaliser et leur diversité ont amené les
deux sociétés, dès le lancement des études, à y associer les institutions scientifiques et
techniques nationales et internationales. La mise à contribution de ces organismes a été l'un des
gages du bon déroulement des études du projet ; ce qui a contribué à son tour, au
développement de la recherche scientifique et technique et a ouvert de nouvelles perspectives de
coopération dans ce domaine. L'esprit de coopération qui a toujours prévalu entre les partenaires
a permis de parvenir à des conclusions communes et a présidé à l'élaboration de toutes les
études, conformément aux plans de travail approuvés par le Comité Mixte.
1 "Société Nationale d'Etudes du Détroit de Gibraltar" (SNED), Rabat, et "Sociedad de Estudios para la Comunicacion fija a través del Estrecho
de Gibraltar, S.A." (SECEG), Madrid.
Résumé du processus d’études
De ce fait, le processus d'étude a été orienté à partir de 1996, dans le but de lever les
incertitudes géologiques existantes et d’actualiser, en conséquence, la formulation
technique et économique du Projet, en tenant compte particulièrement de la prévision des
trafics utilisateurs et du coût de construction.
Après une première tentative peu concluante, le processus d’investigation en mer par des
forages profonds, a été poursuivi par le lancement en 1997, de la campagne dénommée
Bucentaur 97. Celle-ci a permis de réaliser des performances exceptionnelles en la
matière, tout en révélant l’existence, au centre du Seuil du Détroit, de formations
géologiques quaternaires relativement perméables qui seraient adverses à la construction
de la solution tunnel et dont il faudrait définir les contours et les épaisseurs.
Une deuxième campagne de forages profonds, Norskald 98, puis une troisième
campagne Kingfisher 05, ont été réalisées, respectivement, en 1998-99 et en 2005. Les
résultats obtenus de ces campagnes ont confirmé des perspectives favorables quant à la
possibilité d'adapter l'alternative de base aux nouvelles conditions géologiques, par un
abaissement raisonnable du tracé initialement prévu, et ce, afin d’éviter la traversée par le
tunnel, des sables bioclastiques supérieurs, potentiellement perméables. Les contours de
ces sables seraient limités à 120 m de profondeur sous le sol sous-marin ou à 400 m
sous le niveau de la mer (les derniers forages effectués n’ont plus rencontré de sables
bioclastiques au-delà de cette limite).
La finalisation à l’horizon 2006-2007 de l'étape en cours, sera clôturée par une étude
d’évaluation globale intégrant les résultats des études actuellement en cours, notamment
la reformulation du Projet de tunnel à travers l’actualisation de l’aspect technique de
l’ouvrage, les études de prévisions de trafic, des impacts socio-économiques et
environnementaux de l’ouvrage et des aspects juridiques, en vue de lancer le processus
de réalisation du tronçon sous marin de la galerie de reconnaissance à l’horizon 2008,
conformément aux orientations des deux gouvernements marocain et espagnol.
2
Les résultats des études du projet et les perspectives de son développement ont été
présentés, à Tanger le 19 janvier 2005, à Leurs Majesté les Rois Mohammed VI du
Maroc et Juan Carlos 1er d’Espagne qui ont manifesté un intérêt particulier à sa
réalisation, donnant une grande dynamique aux études.
La traversée du Détroit par un lien fixe -routier ou ferroviaire- présente des problèmes
exceptionnels d'ingénierie, parfois sans précédents. Ces problèmes dérivent en premier
lieu, des dimensions relativement importantes à franchir, soit en termes de distance entre
les rives, soit en termes de profondeur d'eau. En deuxième lieu, ces problèmes découlent
de l'adversité du milieu physique, notamment ses aspects géologique et océanologique,
outre les difficultés inusitées qu'ils présentent à la prospection en mer.
3
orientées vers ce qui a été appelé la solution "pont" et la solution "tunnel" et ont conduit,
sur la base d’une analyse de type multicritère, au choix de la solution de base, le tunnel
foré ferroviaire.
La solution "pont"
S'inspirant de la technologie liée à l'ingénierie des grandes plates-formes pétrolières en
béton (GBC) et à l'ingénierie des ponts suspendus de grande portée utilisant des
matériaux conventionnels, la solution "pont" a pour tracé le Seuil du Détroit. Elle a été
étudiée selon deux variantes : « routière » et « routière+ferroviaire ». D'une longueur
totale de 28 km, elle comporte deux parties bien distinctes: (1) le pont principal de 14 km
de long franchissant la partie profonde du Seuil; et (2) les deux viaducs d'accès off-shore
de 8 et 6 km, qui relient le pont principal aux rives respectives Sud et Nord.
La structure principale est un pont suspendu constitué par trois travées centrales de
3.550m de portée chacune et par deux travées latérales de 1.500m. La superstructure du
pont (pylônes, tablier, système de suspension) est érigée sur une infrastructure off-shore
constituée par deux massifs d'ancrage immergés et par quatre piles gravitaires auto-
résistantes au choc des bateaux, fondées à une profondeur maximale d'environ 3OOm.
La hauteur totale à ce niveau, de l'ensemble pile-pylône, serait d'environ 800m.
La solution "pont"2., qui avait suscité beaucoup d’intérêt technique et dont les études
d’Avant-Projet Primaire en avait établi la faisabilité technique à titre préliminaire, a
toutefois été écartée du processus d'études en 1996, lorsque le Comité Mixte, au vu de la
comparaison avec la solution "tunnel", a décidé de retenir cette dernière pour la poursuite
des études, en raison, principalement, des facteurs suivants: (1) le coût de construction
et les incertitudes technologiques à moyen terme; (2) l'interférence avec la navigation
maritime par le Détroit et ses conséquences sur l’environnement, et (3) le fait que la
solution "pont" ne puisse pas s’adapter à l'évolution future des trafics par un programme
de réalisation par phases.
La solution '"tunnel"
La solution "tunnel", actuellement retenue comme l’alternative de base du Projet, consiste
en un ouvrage à trois tubes, forés sous le Seuil du Détroit. Elle est conçue pour la
connexion du trafic ferroviaire ordinaire (passagers et marchandises) entre les réseaux
ferroviaires marocain et espagnol, ainsi que pour le transbordement sur des rames-
navettes, de véhicules routiers (légers, poids lourds) circulant entre deux gares
terminales, l'une au Maroc et l'autre en Espagne. Cette solution comporte donc un
système de transport similaire à celui du Tunnel sous la Manche, qui représente
2
Il est rappelé qu'une alternative de la solution pont connue parfois sous le nom de "Super pont du Détroit", a également été étudiée, bien que de
façon moins approfondie. Il s'agit de la variante, de typologie similaire, implantée sur le Cañon du Détroit, qui serait entièrement franchi par une
structure à deux travées centrales de 5.000 m de portée, flanquées de deux travées latérales de 2.000 m. Un tel schéma, envisageable grâce à
l'existence du Mont Hercule situé à – 470 m au niveau du tracé sous-marin, est souvent reconnu comme une alternative de lien fixe pour le grand
futur et, en tous cas, comme une référence pour la recherche technologique actuelle en matière de ponts à grande portée.
4
effectivement, un antécédent déterminant pour le projet sous le Détroit de Gibraltar.
Une formulation technico-économique de la solution "tunnel", développée au niveau
d'Avant-Projet Primaire, a été établie en 1996. Fondée sur le niveau des connaissances
disponibles à l'époque, notamment en ce qui concerne les conditions géologico-
géotechniques et les prévisions du trafic utilisateur, cette formulation indiquait des
conclusions favorables concernant la faisabilité technique et économico-financière.
Toutefois, des réserves devaient être levés. Elles sont inhérentes au caractère
préliminaire de l’étude, notamment la vérification de certaines hypothèses géologiques et,
naturellement, de la consolidation des prévisions des trafics, et font aujourd’hui l’objet
d’une actualisation. Les caractéristiques principales du tunnel foré ferroviaire qui sont
données dans la figure en annexe, se résument comme suit :
a. Longueur. Distance entre gares terminales : 42 km. Longueur totale en tunnel : 37,7
km. Longueur en tunnel sous-marin : 27,7 km.
b. Profil en long. Le profil proposé initialement (Tracé B0) passait à -400m sous le niveau
de la mer au point le plus profond et disposait d’une couverture minimale de terrain de
100m supposée au départ être des flyschs en place. Ce tracé a été abandonné suite
aux résultats de la première campagne de forages en mer (Bucentaur 97) qui avait
révélé l’existence de sables bioclastiques sur les premiers 100m de profondeur et des
brèches argileuses3 au-delà, jusqu’à 120m de profondeur.
3
Ces brèches, rencontrées uniquement au niveau des paléocanaux, consistent en une formation géologique récente composée d’éléments
provenant exclusivement des flyschs et resédimentés à la suite principalement d’effondrements des pentes continentales. Elles ont une
composante argileuse prédominante leur procurant ainsi une étanchéité équivalente à meilleure que celle des flyschs mais avec des propriétés
mécaniques qui peuvent être moindres.
4 Ces variantes Bl et B2 découlent de l’abaissement respectif de 100m et de 200m du tracé de base BO, tout en conservant les mêmes
emplacements des têtes de tunnel, et par conséquent, en conservant pratiquement la même longueur de l'ouvrage. A signaler à cet égard que,
selon les études disponibles, les pentes impliquées -sans doute exceptionnelles - resteraient toutefois compatibles avec la fonction ferroviaire et
les paramètres d'exploitation prévus dans l'alternative de base, à condition d’augmenter la traction par l’ajout d’une ou de deux locomotives
supplémentaires aux trains de marchandises et aux trains navettes.
5
m) centrée entre les deux dernières et communiquant avec elles par des passages
transversaux à intervalles réguliers (tous les 340m).
d. Connexions aux réseaux. Les conditions de connexion du lien fixe aux réseaux Nord
et Sud, présentent une asymétrie. Du côté Sud, l'accès au tunnel se trouve aux
environs mêmes du nœud routier et ferroviaire de premier ordre qu'est Tanger, alors
que l'accès du côté Nord se trouve relativement éloigné de tout nœud important, ce
qui nécessite la construction d’ouvrages de raccordement, en particulier pour ce qui
est de la connexion ferroviaire comme indiqué dans le schéma « ouvrage de
connexion ».
Elles sont conçues afin de rendre plus attractif sa concession au secteur privé:
A signaler que le phasage prévu de réalisation de l’ouvrage, constitue une des plus
importantes spécificités qui ont conduit le Comité Mixte à la sélection de l'alternative de
base. En effet, celle-ci s'adapte aux niveaux d'incertitude inhérents au projet concernant,
d'une part, les aléas géologico-géotechniques - par la réalisation préalable d'une galerie
pilote sous-marine - et, d'autre part, concernant les aléas relatifs aux prévisions de trafic à
long terme, par le décalage, en principe d’une trentaine d’années ou plus, de la
réalisation du second tunnel ferroviaire. Ce phasage peut, enfin, réduire
considérablement les risques associés au projet et faciliter de ce fait, la participation
éventuelle du secteur privé.
a. Vitesse maximale en tunnel. 120 km/h pour les navettes et les trains ordinaires, avec
la possibilité de service grande vitesse pour les trains de passagers;
b. Temps de passage. Trajet entre les gares terminales : 30 mn. Trajet en tunnel :
25mn. Attente maximale : 1h 30mn (en phase monotube) ;
c. Trains-navettes. En principe, deux types de rames sont prévus : le type "tourisme"
pour 130 automobiles et le type "poids lourds" pour 18 camions. Les occupants de
tous les véhicules, passagers et conducteurs, voyageraient, séparés de leurs
véhicules, dans des wagons d'accompagnement ;
d. Capacité annuelle (en phase monotube). Voitures de tourisme: 1.580.000 ; Véhicules
poids lourds: 460.000 ; Passagers automobilistes: 4,7 millions ; Passagers
ferroviaires: 11,2 millions ;
e. Capacité annuelle (en phase bitube). Triple ou plus de la capacité précédente.
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Aspect géologique du Projet
Le milieu géologique du Projet comprend deux systèmes de formations qui ont orienté les
investigations. Il s’agit de :
• l’édifice des flyschs qui constitue le substratum de la zone et qui a connu, au cours
du Pliocène inférieur, l’ouverture du Détroit ; et
• les formations post-orogéniques déposées sur les flyschs
Les principales unités de flysch du Détroit sont représentées dans la figure jointe qui
indique également les âges géologiques, l’épaisseur des sédiments et la lithologie. Elles
portent les noms des localités où elles sont les mieux représentées sur chacune des deux
rives. On distingue ainsi les unités de:
• Beni Ider / Algeciras (et sa diverticulation Tisirène/ Nogales)
• Numidien/Aljibe (et sa diverticulation Melloussa/Facinas)
• Talaa Lkaraa/Bolonia
• Tanger/Almarchal
Du point de vue lithologique, ces unités sont constituées par des matériaux
essentiellement argileux (pélites argileuses, argiles marneuses), parfois massives (unité
de Tanger/Almarchal et certaines parties des autres unités) et souvent en alternance
avec des bancs de grès, ou de calcarénies, d’épaisseurs centimétriques à métriques -
rarement de plus de 10m-.
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LES FLYSCHS DU DETROIT DE GIBRALTAR
Les flyschs du Détroit sont constitués d’alternances rythmiques de bancs rocheux (grès ou
calcarénites) et d’interbancs argileux à marneux avec des épaisseurs variants de quelques cm à une COLONNES LITHOSTRATIGRAPHIQUES
DES UNITES DE FLYSCHS
dizaine de m. Leurs principales caractéristiques sont : BENI IDER
NUMIDIEN ALGECIRAS
• Age crétacé inférieur (Néocomien) à Miocène (Burdigalien) ; ALGIBE
100
100
• Structure en nappes de charriage superposées sur de grandes épaisseurs avec des structures BURDIGALIEN
1000
1000
600
o Numidien / Aljibe (avec sa diverticulation Melloussa / Facinas)
o Talaa Lakraa / Bolonia.
o Tanger / Almarchal.
• Géotechniquement, les flyschs sont classés en OLIGOCENE
100
100 100
deux grands groupes selon l’importance de
EOCENE
80
leurs fractions argileuses.
o Les flyschs armés en barres, souvent de
150
300-
grès, comprenant les termes d’âge Oligo- TANGER
ALMARCHAL
Miocène de toutes les unités, ainsi que le CRETACE
SUPERIEUR
MELLOUSSA
FACINAS
flysch crétacé inférieur de Tisirène /
Nogales. TISIRENE
400
NOGALES
o Les flyschs peu armés avec des argiles
200
souvent microfissurées et parfois
gonflantes. Ils sont du type Tanger/
Almarchal et comprennent également les
séries d’âge Crétacé supérieur à Eocène ALBIEN
>400
>400
albo-aptien de l’unité de Melloussa/ APTIEN
Facinas.
• En raison de la prédominance de leurs fractions argileuses, tous les flyschs sont très NEOCOMIE
50 ?
N
imperméables même lorsqu’ils sont tectonisés.
• Les flyschs renferment du gaz, mais en faibles quantités et avec des débits faibles en raison de Grès Grès Pélites et
l’omniprésence des argiles siliceux calcareux Conglomérats Calcarénite Marnes
Les caractéristiques géotechniques de ces flyschs peuvent être résumées comme suit :
• En raison de la prédominance générale de la fraction argileuse, toutes les unités de
flyschs, même lorsqu’elles sont très tectonisées, sont très imperméables. Ce qui est
largement confirmé par les essais hydrogéologiques réalisés dans les sondages à
terre et par les reconnaissances réalisées dans les ouvrages expérimentaux.
• Les flyschs du Détroit, traversés par la Galerie expérimentale de Tarifa, sont
caractérisés par une gamme de valeurs du Rock Mass Raiting (RMR) compris entre
60 pour les flyschs armés de l’unité d’Algeciras et 25 pour les flyschs faibles de type
Almarchal.
• L’importante variation des indices de qualité des flyschs dépend essentiellement de
l’épaisseur et de la distribution des intercalations compétentes –généralement
gréseuses - dans la masse argileuse dominante.
• Les flyschs faibles sont des argilites massives – ou peu armées - très tectonisées,
microfissurées, parfois gonflantes et de plasticité moyenne à élevée. Les essais
géotechniques classiques de laboratoire réalisés sur ces matériaux ont d’ailleurs
tendance à en sous-estimer le comportement géotechnique réel, en raison, entre
autres, des difficultés à en prélever des échantillons représentatifs.
• Comme constaté dans plusieurs sondages et dans les ouvrages expérimentaux,
toutes les unités de flysch pourraient renfermer du gaz. L’imperméabilité de ces
matériaux fait cependant que son drainage est lent et les débits constatés sont très
faibles.
Les flyschs faibles de type Tanger/Almarchal (et en général tous ceux d’âge Crétacé) qui
conditionnent le design structural et le processus de construction du tunnel (du moins
pour ce qui concerne la galerie de reconnaissance) seront traversés par le tracé sur des
distances significatives. Leur distribution le long de ce tracé reste cependant imprévisible.
Ces dépôts sont d’âge Pliocène à Quaternaire puisqu’au Miocène supérieur, la zone du
Projet se trouvait émergée et la communication de l’Atlantique avec la Méditerranée se
faisait à travers les détroits bétique et rifain.
11
Ces essais ont été réalisés sur 60 échantillons (diamètre 5cm, longueur 25cm), par trois
laboratoires différents, avec les résultats consignés qui peuvent être résumés comme
suit:
• Les sables bioclatiques sont des dépôts de faible cohésion modérément perméables
(k≈ 4x10-6 cm/s) et significativement bioclastiques (58% de CaCO3 ) ; et,
• Les brèches seraient un peu moins résistantes que les flyschs faibles (70%), mais
avec des perméabilités comparables (k ≈10-8 cm/s ).
Etant donné que les remplissages des paléocanaux du Seuil devront être traversés par le
tunnel et que ces matériaux n’affleurent pas à terre, leur caractérisation géotechnique qui
constitue un passage obligé pour le design technique de l’ouvrage ne peut être faite qu’à
travers les essais sur des carottes prélevées dans les sondages géologiques en mer ou
des essais ‘down-hole’ dans ces sondages.
Les Sociétés d'études ont mené tout au long des vingt dernières années une série
d’investigations réalisées en partie avec l'aide précieuse des Instituts compétents des
deux pays. Ces investigations ont fortement contribué à la connaissance du milieu
géologique-géotechnique du Projet et ont porté sur :
a. La liaison géodésique des deux rives, par l’installation et l’observation périodique d’un
réseau géodésique dense dénommé « Réseau Géodésique pour Observations
Géodynamique » (RGOG), dont le but est de quantifier les mouvements relatifs à
l’échelle géologique des deux rives. Ce réseau a également servi à la calibration et à
l’homogénéisation de la cartographie détaillée réalisée sur les deux rives ;
b. La cartographie topographique détaillée à terre des zones d’intérêt pour le Projet, par
la réalisation de survols aériens de ces zones avec des restitutions aux échelles
requises par le Projet. Les cartes établies sont aux échelles 1/1.000ème pour les zones
des gares terminales et 1/5.000ème pour les zones des tracés du tunnel et utilisent un
système de référence géodésique spécifique (WGS-84, calibré par le réseau
géodésique RGOG mentionné ci-dessus) ;
c. Les levés bathymétriques de la zone marine à travers plusieurs campagnes de
mesure dont en particulier, celle utilisant la technique multi-faisceaux qui ont permis
de disposer pour la zone du Seuil, d’une bathymétrie très précise à l’échelle
1/5.000ème avec une équidistance des courbes de 1m ;
d. L’étude sismique de la zone, par la compilation des données préexistantes et par
l’installation d’un réseau sismologique télémétré spécifique installé sur les deux rives
et permettant le suivi en temps réel de l’activité sismique de la zone ;
e. Les études météorologiques, par une compilation des données préexistantes et par
des mesures spécifiques effectuées au niveau des stations installées dans la zone du
projet ;
f. Les études hydrodynamiques marines destinées à une meilleure connaissance des
circulations marines dans le Détroit, par l’élaboration de modèles mathématiques de
prévision des courants marins dans la zone du Seuil et d’écoulement dans le
Détroit qui constituent des paramètres d’importance capitale pour la programmation et
la réalisation des campagnes de prospection, notamment par les forages en mer ;
12
Les investigations géologiques et géotechniques en mer et à terre
a. En mer : Elles constituent de loin le volet le plus important et le plus coûteux des
investigations. Elles comprennent les 40 campagnes marines indiquées en annexe qui
montre également l'évolution du processus suivi pour chacune des principales
méthodes de prospection utilisées. Globalement, les investigations en mer ont couvert
les aspects suivants :
i. Géophysique : plus de 10.000 km de profils sismique-réflexion ;
ii. Side scan sonar : environ 5.000 km de profils ;
iii. Echantillonnage : plus de 2.000 échantillons gravitaires récupérés ;
iv. Forages courts : 50 forages de moins de 5 m totalisant 100 m de
pénétration et 50m de carottes ;
v. Forages profonds : environ 3.000 m, comprenant 15 forages de plus de
100 m de profondeur, 5 forages de plus de 200 m ; et
un forage record de 325m de profondeur
vi. Vidéo sous-marine : 40 heures d'inspection visuelle depuis un sous-marin
autonome.
b. A terre : les investigations géologiques se sont focalisées, dans un premier temps, sur
la mise à jour des fondements de la géologie du Détroit et ont consisté en :
Dans un deuxième temps, les investigations à terre ont porté sur la réalisation
d’importants ouvrages expérimentaux sur le deux rives, destinés à caractériser géo
techniquement les formations jugées les plus significatives pour le Projet. Identifiables
à terre, trois ouvrages expérimentaux majeurs ont été réalisés dans ce cadre:
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OUVRAGE EXPERIMENTAL DE MALABATA
Ouvrage de Malabata
MAROC
Puits principal
Sud Nord Sud-Ouest Nord-Est
Faille
Niveau -147
Faille
Puits de Bolonia
Galerie de Tarifa
Profondeur : 70m
Diamètre : 3,50m
Tronçon Tronçon
expérimental flexible 1
N°1
Tronçon rigide 1
Tronçon
expérimental Tronçon
Coupe géologique N°2 flexible 2
Tronçon rigide 2
Tronçon Tronçon
expérimental flexible 3
N°3
Tronçon rigide 3
Tronçon du fond
L’ouvrage se compose d’un puits de 160 m de profondeur qui dessert un réseau
de galeries sous-marines de plus de 200 m de longueur, et d’un second puits de
150 m de profondeur, creusé à partir de l’une de ces galeries. Celui-ci donne lui
aussi accès à une galerie de 35 m de long, creusée donc à 300 m sous le niveau
de la mer. L’imperméabilité en grand des terrains traversés a été confirmée et
différents revêtements de galerie ont été expérimentés : béton projeté, anneaux
de béton, cintres en acier, etc. ainsi que plusieurs sections de galerie ont été
instrumentées pour un monitoring des principales caractéristiques des terrains et
de leur comportement au cours du temps.
ii. En rive Nord, le Puits de Bolonia - de 74 m de profondeur - et la Galerie de Tarifa
- de 567 m de longueur -, qui, bien qu'en conditions de charge beaucoup plus
modestes que l’ouvrage Malabata, ont permis de compléter l'étude in-situ des
formations géologiques intéressant le Projet. Le puits de Bolonia a été conçu pour
réaliser l’investigation et l’auscultation du massif constitué de l’unité argileuse d’Al
Marchal, tenue pour une des plus adverses pour le tunnel. La galerie, de 3.80m
de diamètre, a été forée au tunnelier ouvert. Elle a traversé des terrains
appartenant à deux unités géologiques différentes ainsi que deux importantes
failles, ce qui a permis la caractérisation géotechnique et l’observation du
comportement géomécanique des accidents tectoniques et de l’ensemble des
lithologies rencontrées par l’ouvrage, considérés comme très représentatifs de
l’environnement géologico-géotechnique du Projet. Environ 80 sections
d’auscultation de la galerie, dont 10 installées sur des anneaux rigides, ont été
instrumentées pour un enregistrement en continu des principales caractéristiques
et du comportement des terrains dans le temps.
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Dans le cadre de la nouvelle étape d’investigation, en plus de la campagne Bucentaur 97,
deux campagnes additionnelles de forages profonds en mer ont été programmées et
menées à bien (Norskald 98 et Kingfisher 05). Ce sont les résultats de ces dernières
campagnes qui ont considérablement enrichi les connaissances disponibles. En fait, ces
résultats ont permis de produire la coupe géologique estimative montrée dans la figure
« travaux en mer », dans laquelle est représenté le profil P, qui traverse les brèches
imperméables (formations géologiques quaternaires), remplissant les paléo-canaux du
Seuil, sans pour autant rencontrer les sables bioclastiques supérieurs, potentiellement
perméables.
La campagne Kingfisher 05, réalisée en 2005, constitue une des plus importantes
opérations entreprises jusqu’ici dans le processus des études de la liaison fixe,
notamment pour sa signification pour la formulation de l’Avant Projet Primaire du tunnel.
Les principaux résultats de cette campagne se résument comme suit :
• La réalisation d’un linéaire total de 1380m (587m de carottes récupérés dans tous les
sondages, représentant 91% des tranches carottées), réparti sur 15 forages exécutés
au niveau de 11 sites, dont le plus profond a dépassé les 325 m de pénétration sous
une tranche d’eau de 275 m, à partir du niveau de la mer.
• Le tracé de tunnel qui traverserait uniquement le substratum des flyschs parait non
viable puisqu’il faudra descendre jusqu’à 650m sous le niveau de la mer au moins.
• Le tracé, en principe favorable, serait à la cote maximale de 450m à partir du niveau
de la mer, évitant les sables bioclastiques mais devant traverser les brèches
argileuses sur une distance d’environ 3km.
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La formation de ces paléocanaux peut être expliqué par le processus géologique suivant :
• Erosion de deux chenaux profonds et étroits de direction Est-Ouest dans les flyschs
jusqu’à des profondeurs dépassant les 600m sous le niveau de la mer,
• Remplissage de ces chenaux par des brèches argileuses de collapses sous-marins
jusqu’à la cote -300m.
• Erosion de la brèche dans chenal sud par un nouveau chenal superposé, également
de direction Est-Ouest, sur une profondeur d’au moins 390m.
• Remplissage de ce nouveau chenal érosif par des sables bioclastiques jusqu’au
niveau -300m. Aucun des sondages réalisés dans le canal Nord n’y a traversé ces
sables. Dépôt de conglomérats à grands blocs de flyschs très arrondis et rodolites
qui fossilisent les sables et les brèches.
• De la glaciation du Würm à maintenant, la zone profonde du Détroit a été colonisée
par des coraux aérmatypiques.
C'est à cette dernière ligne de travail - et malgré les difficultés intrinsèques qu'elle
comporte - que les Sociétés d'études ont accordé une attention particulière, en suivant
un processus de recalibration par des améliorations successives des bases statistique et
méthodologique des modèles en construction. A ce propos et à titre illustratif, la figure sur
les prévisions de trafics, montre les résultats du dernier modèle calibré (TRATAR-95), qui
nécessite des développements progressifs, notamment en ce qui concerne la prévision
des trafics créés par les effets structurants du Projet. Ces développements font l’objet
d’importantes études dont le lancement est en cours, y compris une analyse des impacts
socio-économiques du projet.
Les résultats des prévisions indiqués par les modèles pour le trafic à travers
le tunnel peuvent se résumer en 2025, à plus de 9 millions de passagers, et près de 8
millions de tonnes de marchandises.
Il faut noter que ces valeurs prévisionnelles prennent en compte les trafics créés par les
effets structurants du projet pour une proportion de l’ordre de 20% du trafic total de
passagers dans le tunnel et de l’ordre de 10% du trafic total de marchandises.
PREVISIONS DES TRAFICS
Millions de Millions de
passagers par tonnes de
an marchandises
par an
2025 2035 2025 2035
Corridor du Détroit 12 15 8 11
Les enquêtes ont aussi permis d’obtenir des informations sur une répartition plus fine des
zones origine / destination, sur les motifs de déplacement, quelquefois sur les tranches
de revenu des passagers et sur différentes autres caractéristiques.
A noter que les études de prévision des trafics développées par le Projet avaient souligné
ses effets bénéfiques sur la région Nord-Ouest africaine dans son ensemble en ce qui
concerne l’amélioration des transports terrestres de marchandises, et sur les pays
proches, en particulier l’Algérie, en ce qui concerne l’amélioration des transports
terrestres de voyageurs
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Aspect juridique du projet
Les études de faisabilité juridique ont été confiées à un groupe d’étude composé
d’experts marocains et espagnols et ont été réalisées en deux étapes :
• La première étape de l’étude a consisté en l’élaboration de rapports généraux sur la
licéité du projet au regard du droit international de la mer et particulièrement des
normes de transit régissant la navigation dans les détroits ;
• La deuxième étape a donné lieu à un programme d’études ponctuelles traitant des
aspects de droit international et une première ébauche des questions de
responsabilité internationale, de droit public interne et de droit administratif.
Dans l’objectif d’évaluer ces études, deux séminaires juridiques ont été tenus,
respectivement à Tanger et à Madrid, avec la participation de juristes internationaux et de
représentants des organisations spécialisées (OMI, CNUCED, CEA/ONU, CEE/ONU).
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des Transports des sept pays de la région et de représentants de la Commission
Européenne, soit dans le cadre de l’Union du Maghreb Arabe (UMA), soit encore dans
celui de la Commission Economique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA/ONU).
Le Projet est également suivi depuis son lancement par l’Organisation des Nations Unies
(ONU) et plus particulièrement par son Conseil Economique et Social (ECOSOC) à
travers les Commissions Economiques des Nations Unies pour l’Afrique et pour l’Europe.
Celles-ci préparent tous les deux ans, par des experts onusiens, un rapport d’évaluation
globale des études et le soumettent à l’examen et au vote de l’ECOSOC, qui invite les
organisations techniques spécialisées à coopérer pour développer le Projet. C’est le cas
en particulier de l’Association Internationale des Travaux en Souterrain (AITES ou ITA),
qui a initié plusieurs études et évaluations et a organisé deux rencontres internationales à
ce sujet, sous l’égide des deux Commissions CEE et CEA de l’ONU.
Placé dans son contexte économique international, le projet intéresse en réalité une vaste
zone intercontinentale d'Europe et d'Afrique, dans laquelle les grands axes de transport
terrestre sont en pleine expansion. L'Espagne a fourni depuis son entrée à l'Union
Européenne un effort important dans la construction d'autoroutes et de voies express,
ainsi qu'une ligne ferroviaire à grande vitesse desservant le Sud du pays et actuellement
prolongée au Nord vers la frontière française.
De ce fait, les réseaux de transport s'organisent dans la région aussi bien au Nord qu'au
Sud et un effort est entrepris pour développer de concert les corridors débouchant sur le
Détroit de Gibraltar.
D'un côté, l'Europe développe le corridor Nord-Est / Sud-Ouest vers le Détroit, avec ses
multiples ramifications et modes de transport, soit le long de l'Atlantique en passant par
Bordeaux et Madrid, soit le long de la Méditerranée desservant Barcelone et Marseille
avec une bifurcation sur Rome. C’est ce même corridor qui a été retenu par le Comité de
Haut Niveau institué par la Commission Européenne et qui a retenu le tunnel à travers le
Détroit de Gibraltar parmi les projets prioritaires.
Au niveau de l'Union du Maghreb Arabe, les pays de cette organisation mènent dans le
cadre d'une stratégie globale, la réalisation des deux axes importants
• L'Autoroute de l'Unité Maghrébine qui relie les cinq capitales des pays maghrébins
de Nouakchott en Mauritanie à Tripoli en Libye, sur une longueur de 6.900 km,
entièrement bitumée à l'exception du tronçon Nouakchott-Nouadhibou sur près de
470 km, dont les travaux seront achevés courant 2006.
• Le train transmaghrébin qui relie déjà le Maroc, l'Algérie et la Tunisie sur une
longueur de 8.400 km. Il connaît d'importants travaux de renouvellement de voies,
d'amélioration de leur capacité et de modernisation des équipements de
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communication et de signalisation.
Le lien fixe apparaît donc comme le point de jonction de tout un réseau d'infrastructures
de transport en projet ou en cours de réalisation. Il est totalement intégré dans une
stratégie globale de développement des transports en Méditerranée Occidentale et
s'inscrit dans la construction d'un espace de véritable partenariat entre l'Union
Européenne et le Maghreb.
A cet égard, les Ministres des Transports de la Méditerranée Occidentale ont engagé une
démarche régulière et commune de concertation, de façon à identifier des corridors
prioritaires dans le prolongement des réseaux transeuropéens en direction et entre les
pays de la rive Sud, et d'aider à leur développement.
Ce travail a été relayé au niveau euro-méditerranéen par la création en 1999, sous l'égide
de la Commission Européenne, du Forum Euro-Med des Transports et de la mise sur
pied en 2004, du Comité de Haut Niveau pour le développement du secteur, dans la
perspective de la mise en place de la Zone Euro-Méditerranéenne de Libre Echange.
Dans ce cadre, la Commission Européenne a initié et financé plusieurs actions,
notamment, deux études importantes qui sont en cours de finalisation.
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L'étape d’investigations et d’actualisation technico-économique en cours
Afin de répondre aux interrogations suscitées par les résultats de cette première
campagne de forages et pour faire face aux problèmes posés, le processus d'études a
fait l'objet d’une nouvelle étape actuellement en cours, dite « d’investigations et
d’actualisation technico-économique ». Elle vise principalement les objectifs suivants:
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également réalisée en 2006. L’étude consiste en l’analyse du cadre administratif et
de la nature juridique de l’organisme chargé de la construction, de l’exploitation et
l’entretien de l’ouvrage, l’analyse de la sécurité et de la responsabilité de l’ouvrage et
des usagers, puis la présentation des mesures d’accompagnement ;
g. Puis l’évaluation économique et financière globale du Projet, activité qui sera
également bientôt lancée. L’étude développera des analyses multi-critères et des
modèles d’évaluation économique coûts/bénéfices puis de simulation financière pour
les comptes d’exploitation de l’investissement et ce, conformément aux pratiques
généralement acceptées par la communauté internationale dans le domaine de
l'évaluation des projets d'infrastructures de transport.
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