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Chapitre II :

Conception / Projet de terrassement

1. La conception de l’ensemble de l’infrastructure :

La conception des ouvrages en terre s’inscrit dans la conception de l’ensemble de


l’infrastructure comprenant :

Tassement, assainissement, couche de forme et couche d’assise de chaussée, revêtement de


chaussée, les aménagements divers, les ouvrages d’art courants (passages inférieurs et
supérieurs), les grands ouvrages (viaducs), tunnels, …

2. Les facteurs à prendre en compte :

Aspect technique et économique :

- La configuration et topographie du terrain


- Géologie et géotechnique : (stabilité des ouvrages et nature des matériaux)
- hydrologie : assainissement et drainage (provisoires et définitifs)
- conditions climatiques : (précipitations et températures)

Aspects environnementaux : Détermination des zones écologiquement sensibles qui peuvent


comprendre les zones de plantes rares et des espèces menacées, les terres humides, …

Contraintes extérieurs :

- patrimoine
- riverains
- rétablissements de communication (voiries) et des réseaux (gaz, électricité, …)

3. Conception terrassement et ouvrage en terre :

Cette phase consiste à concevoir les ouvrages en terre que l’on peut qualifier d’élémentaires :
déblais, remblais, structures support de chaussée (plate-forme supérieure des terrassements,
couche de forme, couche d’assise de chaussée)
Il convient de distinguer la conception en deux phases :

- En première phase : la conception d’ouvrage en terre est déterminée en termes de


stabilité et de déformation en définissant sa géométrie, sa rigidité, sa portance, sa
perméabilité, … par des calculs géotechniques.
- En deuxième phase : la conception des terrassements défini le procédé de construction
permettant de transformer le matériau in-situ (sol ou roche) et/ou les sous produits ou
matériaux recyclés en remblai compacté et durable.

4. Etude de terrassement :

Les terrassements généraux dans une opération routière constituent une phase importante
d’études et de travaux qui nécessitent beaucoup de compétences dans les domaines les plus
divers, notamment ceux qui touchent à la géotechnique, mais aussi à l’environnement et le
développement durable.
Les études géotechniques d’un gisement ont montré qu’il était possible d’utiliser ce matériau
de multiples façons.

Généralités :

La diversité des sols rencontrés,


l’incidence déterminante des
conditions météorologiques, la gamme
très importante du matériel
d’exécution possible et la complexité
des travaux obligent l’ingénieur
d’études à suivre le processus suivant :

Bureau d’études

 Étude des déblais et des emprunts :


Cette opération consiste à établir une fiche d’identité pour chaque déblai, dans laquelle
seront consignées, sa position sur le tracé, sa nature, ses conditions de mise en
remblais ou en dépôts.
 Étude du mouvement des terres :
C’est l’étude prévisionnelle du déplacement des déblais disponibles pour réaliser les
remblais demandés. Cette étude consiste à rechercher la distance de transport
minimum dans le but de limiter le coût et les délais d’exécution. La méthode de
« LALANNE » est la plus utilisée.
 Choix des moyens d’exécution :
Ce choix est fait suivant trois critères principaux : la nature des terrains, la distance de
transport, les cadences souhaitées.
 Programme des travaux :
Le moyen le mieux adapté aux chantiers linéaires est le planning Espace/Temps qui
permet de visualiser le mouvement des terres, les rendements et l’enchaînement des
tâches.
 Établissement du prix de revient :
À partir des travaux à réaliser, il faut définir pour chaque tâche les moyens en
personnels et en matériels nécessaires. (Exemple : prix du m3 du déblai meuble mis en
remblais à 2 km)
La dépense totale ramenée au volume de déblais à mettre en œuvre donnera le prix de
revient de cette tâche.
 Établissement du prix de vente :
Pour avoir le prix de vente, il suffit d’ajouter au prix de revient l’ensemble des frais
généraux qui comprennent en principe : frais généraux de chantier (ou frais locaux),
frais généraux de siège, frais financiers, aléas et bénéfices.

A-Géométriques et topographiques :

Ces études consistent à définir sur plans l’ouvrage qui sera réalisé en prenant en considération
les contraintes topographiques (relief), hydrauliques (franchissement des cours d’eau), et
géotechniques (nature des sols).

A.1. Les études géométriques :

Commencent par l’étude préliminaire sur cartes


et plans au 1/25 000 ème par exemple, pour
identifier toutes les solutions variantes
possibles et retenir la meilleure. On s’appuie
pour cela sur les photographies aériennes ou
par satellites puis sur les reconnaissances sur le
terrain.

Relevé topographique par GPS

L’étude préliminaire est suivie d’un avant-projet sommaire (APS) : l’objectif de ces
études consiste à :

- Définir une bande d’étude de 1000 mètre au minimum.


- Définir de façon plus précise les caractéristiques géométriques et le parti
d’aménagement et les fonctions que devra assurer l’infrastructure projetée.
- S’assurer la faisabilité technique, environnementale et financière du projet.

L’APS est suivie de l’avant-projet détaillé (APD) : qui est établi après le choix de la
solution définitive. L’APD comprend :

- La définition d’une bande d’étude de 300 mètre au maximum à l’intérieur du fuseau


de passage de 1000 mètres.
- La définition de toutes les dimensions et caractéristiques de l’ouvrage obtenues à la
suite de travaux topographiques très précis effectués sur le terrain.

Le calcul de l’implantation est aujourd’hui électronique.

L’APD permet d’établir enfin le projet d’exécution : comprenant en particulier les plans
détaillés à l’échelle du 1/500ème par exemple, définissant complètement les travaux à réaliser
ainsi que les modes d’exécution.

Un projet complexe comme la construction d’une autoroute, d’une ligne de TGV ou d’un
barrage en terre, mobilise des équipes de topographes, de géomètres, d’ingénieurs d’études,
de projeteurs et de chefs de projet pendant des années.

B-Géotechniques et géologiques :

Caisse de carottes remontées d’un sondage

Ces études ont pour but de définir avec précision la nature des sols qui vont être utilisés au
cours des travaux afin de connaître leurs comportements.
C’est ainsi qu’on fera :

 une étude géotechnique pour le terrassement des sols qui vont être traversés
et éventuellement réutilisés en remblais ;
 une étude géologique pour les ressources en matériaux nobles issus des
carrières, gravières, sablières et emprunts ;
 une étude de mécanique des sols pour les assises des ouvrages.

B.1. L’étude géotechnique commence par une campagne de sondages avec prélèvements
d’échantillons, relevé des niveaux des nappes phréatiques et relevé des cotes du rocher.
Les échantillons prélevés sont analysés en laboratoire. (Teneur en eau, granulométrie,
identification, essai de compactage, essai de portance etc.). Les résultats de ces essais
permettent à l’entreprise qui va réaliser les travaux de se faire une bonne idée de la qualité des
sols et de la façon dont il faudra les terrasser.

B.2. L’étude géologique permet entre autres de trouver les sites qui seront favorables à la
production de matériaux nobles et dont le chantier a besoin pour la réalisation de nombreux
ouvrages spécifiques : graviers pour les drains, sables pour les filtres et les couches anti-
contaminantes, graves concassées pour les sous-couches de chaussées, enrochements pour la
protection des berges etc.

B.3. L’étude de mécanique des sols permet de prévoir le comportement des sols en place :
C’est à partir des essais de mécanique des sols que l’on calcule les dimensions des fondations
d’un ouvrage, les épaisseurs des couches de chaussées, les pentes des talus, les tassements
prévisibles sous remblais, la perméabilité des digues et leurs débits de fuites, etc.

Tous ces essais, analyses, études sont faits par des laboratoires et des bureaux d’études
constitués d’équipes de sondeurs, de laborantins, de géotechniciens, de géologues,
d’ingénieurs d’études.

C-Mouvements de terre :

Extrait d’un plan de mouvement de terres


L’étude du mouvement de terre pour la réalisation de travaux de terrassement est la recherche
de l’optimisation du transport des matériaux disponibles sur un chantier (déblais, emprunts,
stocks) pour la construction des remblais.

Cette étude se fait généralement avec la méthode de LALANNE.

La réussite du chantier dépend d’une bonne élaboration du mouvement de terre.


Une fois connues les quantités disponibles de déblais ou d’emprunts et les besoins en
remblais, il est nécessaire d’analyser les contraintes liées au chantier qui peuvent avoir des
conséquences sur :

 le choix des matériels ;


 l’organisation des transports sur le chantier ;
 les coûts de production.

La finalisation du mouvement de terre passe donc par :

1) l’analyse géotechnique du mouvement de terre :


Elle est basée sur l’interprétation de sondages et permet de définir, pour chaque nature de
matériaux disponibles, sa réutilisation potentielle.

2) le mouvement de terre « du projet de définition » :


Il représente la synthèse entre l’analyse géotechnique et les contraintes supposées.

3) le mouvement de terre « d’exécution »


Étudié par l’entreprise avant le démarrage des travaux, il définit l’organisation mise en place
pour rentabiliser les moyens d’extraction et de transport et satisfaire les exigences de délais,
en tenant compte des contraintes connues avant l’exécution des travaux.
Ce mouvement de terre peut être actualisé en cours de chantier si les conditions d’exécution
sont différentes des hypothèses retenues dans le plan de mouvement de terre.

D-Minage :
De nombreux projets nécessitent le terrassement de massifs rocheux. Ce terrassement est
réalisé avec l’aide de l’énergie fournie par des explosifs : on parle de minage.

Cette technique nécessite des études et des contrôles dont le contenu est directement lié au
massif rocheux à terrasser, mais aussi à son impact sur l’environnement naturel et sur la
protection des biens et des personnes.
Tir de minage pendant et après

D.1. L’étude du massif rocheux : va permettre de déterminer les caractéristiques techniques


du minage dans le but d’obtenir après le tir une blocométrie (blocs de tailles souhaitées) aussi
proche que possible de celle souhaitée.

D.2. L’étude d’impact du minage dans l’environnement du chantier : va permettre :

- d’une part la maîtrise des principales nuisances pouvant être engendrées par le minage
(vibrations, bruit, projections)

- et d’autre part de s’assurer que toutes les dispositions réglementaires de sécurité, juridiques
ou administratives ont bien été prises en compte par les responsables du chantier.

E-Concassage :

Atelier de concassage sur un chantier de terrassement


Le concassage : c’est la réduction dimensionnelle de blocs rocheux pour obtenir des granulats
dont on a fixé les caractéristiques géométriques.

Les études de concassage conduisent à déterminer pour une roche donnée et pour un granulat
voulu la meilleure méthode de fragmentation, le type de matériel à utiliser, tout en minimisant
la quantité d’énergie utilisée.

Les études de concassage comportent deux parties :


 L’aptitude à la fragmentation est directement dépendante des caractéristiques
physique et minéralogique de la roche.
 Une modélisation numérique qui va permettre de simuler des installations de
concassage utilisant différentes méthodes de fragmentation (écrasement,
impact) et différents type de matériel (concasseurs à mâchoires, giratoires, à
percussion, broyeurs à barres, à boulets).

F-Hydrauliques :

Réalisation d’un drainage en pied de talus Glissement de talus sur remblais en construction

La grande majorité des chantiers de terrassement concerne des couches de sols baignées par
une nappe phréatique.

Une étude hydraulique est donc nécessaire. Elle peut comporter plusieurs phases :

 L’étude de reconnaissance hydrogéologique :


Elle permet de préciser la nature des terrains et leurs structures dans le but de localiser
les niveaux aquifères et les nappes phréatiques sont alors reconnues : on étudie leurs
modes d’alimentation, leurs fluctuations, leurs débits.
 L’étude de rabattement de la nappe :
L’exécution des fouilles dans les terrains aquifères et la tenue correcte des talus
nécessitent le rabattement de la nappe. Celui-ci se fait selon les cas par des réseaux de
drains, des puits équipés de pompes, des tranchées drainantes ou des pointes filtrantes.
L’étude permet de justifier la méthode, de dimensionner le système et d’évaluer les
débits.
 Tassements dus aux rabattements de nappes :
Le rabattement de la nappe phréatique peut entraîner des tassements dus à la
modification des contraintes effectives dans le sol. Cette étude permet de calculer les
effets du rabattement et d’en déduire les conséquences sur les constructions et les
ouvrages situés dans ce périmètre.
 Stabilité des talus :
La majorité des désordres observés lors des travaux de terrassements sont en relation
avec des problèmes hydrauliques : glissements de talus, ruptures de remblais, érosion
interne sont toujours dus à la présence de l’eau. Les études hydrologiques et les calculs
de stabilité permettent de minimiser ces risques.

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