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pédagogie
FREINET
Ginette Fournès
Sylvia Dorance
Introduction 4
L’organisation matérielle 29
Conclusion 62
Bibliographie 63
Dernières remarques
Avant d'entrer dans le vif du sujet, nous voudrions rappeler quelques
points essentiels.
L'envie !
La motivation de l'enseignant est fondamentale. Si elle n'existe pas,
mieux vaut faire autre chose. On entend parfois le terme “d'apostolat”
utilisé pour les enseignants Freinet, souvent dans le but d'expliquer un
refus de s'engager dans cette voie. Cela ne devrait pourtant pas
dissuader ceux qui sont tentés. Il est vrai qu'enseigner avec la pédagogie
Freinet demande beaucoup d'engagement. C'est tout simplement parce
que ce n'est pas uniquement un métier : c'est un centre d'intérêt de toute
une vie. N'est-il pas préférable de donner beaucoup de temps à un
travail fait de façon passionnante et de faire de ce travail une
composante forte de sa vie plutôt que de passer de toute façon plus de
40 heures par semaine à exercer un métier qui nous ennuie, sans plaisir,
sans entrain, sans but autre que de gagner un salaire ?
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L'attitude d'éveil
L'ouverture, le refus de stagner, l'envie de chercher, d'innover (on ne
suit pas un dogme et on ne s'endort pas sur les premiers travaux qui
ont marché !) font de l'enseignant Freinet un chercheur en pédagogie,
en psychologie. Il cultive sa propre curiosité et favorise celle des
enfants. Cela signifie qu'il lit, se documente, s'inscrit à des rencontres
et à des formations, partage avec d'autres enseignants ses expériences
et les leurs.
La disponibilité
La disponibilité est essentielle vis-à-vis des enfants et vis-à-vis des
occasions d'enseignement, de communication. Pour pouvoir rebondir
sur toutes les occasions d'apprentissage, l'enseignant Freinet doit avoir
des antennes : à chaque instant, en observant les enfants, leurs
comportements, mais aussi leur environnement, les événements
quotidiens, l'actualité. Il fait feu de tout bois, repère ce qui peut être
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Le droit à l’erreur
L'enfant est encouragé à prendre des initiatives, à émettre des opinions,
à proposer des solutions et des réponses aux questions et aux
problèmes qui lui sont posés. C'est totalement impossible s'il est inhibé
par la peur de l'échec. Il est donc bien entendu exclu de se moquer de
lui ou de le sanctionner s'il se trompe, comme c'est malheureusement
trop souvent le cas dans l'enseignement classique. Il faut aussi éviter de
le mettre inutilement dans des situations d'échec. Cela ne signifie pas
qu'il faille lui éviter tous les risques. Bien au contraire. Il faut
simplement que le “challenge” ait été préparé, qu'on ait aidé l'enfant à
mettre toutes les chances et le maximum d'atouts de son côté. Ensuite,
s'il échoue ou s'il fait des erreurs, eh bien, ce n'est pas grave. Il va
travailler, progresser, réussir plus tard.
Le fait que l'erreur ne soit ainsi qu'un passage, un tremplin pour
rebondir, est renforcé par le fait que, dans une classe Freinet, on ne
passe pas son temps en contrôles et on ne donne pas de notes. Les
évaluations se font entre pairs, lors des réunions de coopérative.
Souvent, elles se font entre l'enfant et lui-même : "Bon, où est-ce que
j'en suis ?" ou entre l'enfant et l'enseignant, dans un dialogue
constructif et certainement pas censeur.
Pas d'infaillibilité
Ce droit à l'erreur est aussi valable pour l'enseignant. Au lieu d'une
posture fausse d'infaillibilité, l'enseignant adopte une attitude de
confiance qui lui fait admettre tranquillement qu'il ne sait pas tout ou
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La discipline
“L'ordre et la discipline sont nécessaires en classe. On croit trop
souvent que les techniques Freinet s'accommodent volontiers d'un
manque anarchique d'organisation, et que l'expression libre est
synonyme de licence et de laisser-aller. La réalité est exactement
contraire : une classe complexe, qui doit pratiquer simultanément des
techniques diverses, et où on essaie d'éviter la brutale autorité, a besoin
de beaucoup plus d'ordre et de discipline qu'une classe traditionnelle,
où manuels et leçons sont l'essentiel outillage.”3
D'autre part, l'habitude de la discipline est très ancrée dans les
mentalités. Les enfants eux-mêmes subissent parfois une autorité
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5. Idem, p.176.
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La liberté et l'organisation
Les détracteurs de la pédagogie Freinet pensent et disent qu'une classe
Freinet, c'est le désordre, la colonie de vacances… pour ne donner que
les qualificatifs les plus polis. C'est méconnaître totalement le travail
énorme mais discret, parfois même “en coulisses” de l'instituteur
Freinet. Ce qu'un observateur superficiel peut prendre pour du
désordre est en fait une liberté très grande pour les enfants et une
rigueur aussi grande du côté de l'enseignant. Le but, et l'équilibre
délicat qu'il faut atteindre, consistent à permettre aux enfants de
s'épanouir pleinement, de chercher, d'expérimenter, de bouger dans la
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L'affichage
Avant de lister quelques possibilités d'affichage, rappelons qu'un
affichage trop vieux et trop peu souvent renouvelé finit par devenir
quasi invisible. Sauf pour ce qui concerne les tableaux interactifs et
quelques références que l'enfant doit pouvoir consulter quand il le veut
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Le budget
On ne peut pas sortir loin de l'école sans argent pour des transports.
On a besoin de beaucoup de matériel pour une quantité d'activités. Il
faut de l'argent pour la correspondance. Etc.
Si vous vous contentez du budget annuel alloué par l'Etat et les
collectivités locales, vous ne ferez quasiment rien.
Commencez par adhérer à l'OCCE (Office central des coopératives à
l'école) : http://www.occe.coop/federation/nous-connaitre/locce
Cet office ne gère pas que les questions de finances, mais vous aide dans
ce domaine et vous apporte des informations et des outils précieux.
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Les correspondants
A quoi servent les correspondants ? A tant d'activités toutes plus riches
les unes que les autres ! (Voir le détail au chapitre VI). Mais d'abord
comment les choisir ?
Pour des petits, on choisit plutôt une école relativement proche, pour
pouvoir organiser plus facilement des échanges “en vrai”, des
invitations, des visites communes, des pique-nique, des goûters. La
proximité est aussi plus à l'échelle des jeunes enfants. Le monde
proche n'est déjà pas totalement clair dans leur esprit, inutile de leur
compliquer la vie avec le monde lointain. Mais ce n'est pas une loi. Et
avoir des correspondants dans un autre pays (francophone) peut
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Le journal et l'imprimerie
Le journal est lui aussi un formidable support de travail qui correspond
exactement à la formule de Freinet selon laquelle l'enseignement se
résume à trois mots : “ Motivation / expression / communication”.
• Il fait travailler les enfants sur leurs propres textes et dessins.
• Il valorise leurs productions.
• Il constitue un but et un cadre régulier, connu, pour le travail de
groupe. Il donne des dates butoirs, des impératifs à respecter.
• Il permet d'établir des liens entre la classe et les parents auxquels il
présente, en le mettant en valeur, le travail de leurs enfants.
• Il peut faire partie des échanges avec les correspondants.
• Il constitue une trace intéressante de la vie de la classe, année après
année.
Au temps de Freinet, le journal était imprimé sur une petite presse après
compostage du texte lettre par lettre... à l'envers en vérifiant dans un
miroir. Ces exercices avaient d'évidents avantages en ce qui concerne
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Le journal est vendu par les enfants à leurs parents, à leur famille, à
leurs voisins... L'argent récolté alimente la caisse de la coopérative.
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Le plan de travail
Cette activité ne concerne pas les tout-petits, mais ils assistent aux
discussions et se familiarisent progressivement avec le principe. Les
grands annoncent, lors de la réunion de coopérative, les travaux qu'ils
s'engagent à faire dans la semaine. Cela se réfère en général aux
annotations de leurs cahiers : ils savent qu'ils ont besoin de travailler
tel ou tel point pour progresser et décident de le faire dans tel ou tel
ordre. Il s'agit de ce que l'on appelle aussi la pédagogie de contrat.
C'est l'enfant lui-même qui s'engage et qui viendra montrer à
l'ensemble de la classe le résultat de son travail au cours de la réunion
suivante. Ce travail sera évalué par lui-même et par le groupe. Pour ce
travail, il s'appuiera le plus souvent sur les fichiers autocorrectifs et sur
les livres de référence de la bibliothèque de la classe. Mais ce travail
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Le texte libre
L'activité porte toutes sortes de noms : selon les classes et les
enseignants, on l'appelle “Récit du matin” ou “Je présente” ou
simplement “Texte”, qu'il s'agisse de quelque chose de lu ou dit. On
rencontre aussi l'appellation “Quoi de neuf ?” pour une version le plus
souvent uniquement orale. Mais c'est toujours le même principe et les
mêmes buts. Cela dure environ une demi-heure, pendant laquelle se
succèdent les enfants qui veulent raconter (et éventuellement montrer)
quelque chose à la classe. Seuls les volontaires le font. Au début, cela
peut être un peu difficile car il est intimidant de parler devant un
groupe. Heureusement, il y a toujours un ou deux enfants plus
expansifs et moins timides que les autres : ils passeront en premier, il
faudra peut-être même les freiner en leur suggérant de laisser le temps
à d'autres de s'exprimer. Ils serviront de déclencheurs. Vous leur
montrerez, au début, comment on s'adresse à un groupe, en
demandant et en attendant d'abord le calme et le silence. Chaque
enfant doit être attentif et regarder celui ou celle qui va lire ou raconter.
Surtout au début, les enfants auront tendance à ne parler qu'à vous, à
chercher votre assentiment. Pour éviter cela, suggérez de s'adresser à
tout le monde, en se tournant pour regarder les uns puis les autres.
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Le tâtonnement expérimental
Le tâtonnement expérimental est une composante emblématique de la
pédagogie Freinet. Elle est la concrétisation même de l'anti-cours
magistral. Non seulement les connaissances ne sont pas fournies
toutes prémâchées par l'enseignant à des élèves quasi inactifs qui
doivent les ingurgiter le plus rapidement possible sans trop se poser de
questions, mais ce sont les enfants eux-mêmes qui cherchent ces
connaissances, par tâtonnement, comme des scientifiques dans un
laboratoire. D'où le terme d'expérimental. Ils émettent des hypothèses,
inventent et mènent à bien les expériences qui vont leur permettre de
confirmer ou d'infirmer ces hypothèses, puis tirent des conclusions
avant de passer à l'hypothèse suivante qui découle de ces conclusions.
L'enseignant ne les guide pas, il se contente de les observer, d'être là
s'ils ont besoin de lui, de mettre à leur disposition la documentation et
le matériel nécessaires et de faire de la maïeutique : il pose de temps en
temps la question qui va leur permettre de rebondir, il souligne une
remarque utile d'un des enfants, pour qu'elle soit prise en
considération par le groupe. C'est justement le groupe qui, en
interagissant, avance. L'idée de l'un est complétée ou remise en cause
par un autre. Un dialogue s'ensuit. Qui fait naître d'autres idées. Le
savoir se construit peu à peu, presque sans l'apport de l'adulte. Au
passage, c'est toute une pratique de la recherche d'information, de la
rigueur d'analyse et d'observation et de l'esprit critique qui s'installe
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Voir aussi :
Le blog de Catherine Chabrun (Rédactrice en chef du Nouvel
Educateur)
www.icem-pedagogie-freinet.org/blog/13
Le blog de Marine Baro http://marine.baro.free.fr/wordpress
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