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Document 1 : le Pic pétrolier

Le pic pétrolier désigne le sommet de la courbe de production d’un bassin pétrolier ou d’une
zone pétrolifère. Par extension, ce terme fait référence au moment où la production mondiale
plafonne en volume avant de commencer à décliner.

La prévision du pic pétrolier est un exercice auquel se livrent les experts depuis une soixantaine
d’années. Dans les années 1950, le géologue Marion King Hubbert avait prévu dans un de ses
scénarios un pic de la production américaine de pétrole observé en 1970. Si ces travaux ont
connu un certain retentissement, il a été montré que leur généralisation à l’échelle mondiale
n’était absolument pas évidente même si la ressource est limitée. La révolution des
hydrocarbures non conventionnels, en particulier aux États-Unis, met à mal le concept de pic
pétrolier. Certains analystes préfèrent évoquer le futur pic de demande, compte tenu de la
disponibilité de nombreuses ressources (bien que moins accessibles et donc plus coûteuses à
extraire).

La durée de vie d’un gisement de pétrole s’étend sur plusieurs décennies (en général de 15 à 30
ans). Après sa découverte, il faut quelques années pour le mettre en production. En simplifiant,
la vie d’un champ pétrolier conventionnel peut s’analyser en plusieurs étapes : au début de la
production, le pétrole jaillit spontanément des puits (40 % de la production totale du champ)
Durant une deuxième phase (55-60%), il faut forcer le pétrole à jaillir en utilisant de l’eau ou
du gaz. Le volume de pétrole extrait d’un bassin au cours du temps a parfois la forme d’une
courbe en cloche qui passe par un maximum à peu près au moment où la moitié du pétrole
accessible a été extrait du puits. Après avoir passé ce maximum, la production de pétrole d'un
gisement conventionnel décroît à un rythme variable selon la nature géologique de ce dernier,
à un taux moyen de 4% par an.

Pour évaluer la date du pic pétrolier, il faut non seulement connaître l’état des réserves
mondiales mais surtout connaître la structure de la consommation à venir. Chaque pays annonce
les réserves dont il dispose sans possibilité de contrôle (à de rares exceptions près). Les
différentes méthodes de déclaration des réserves de pétrole ainsi que l’opacité qui règne autour
de ces chiffres ne facilitent pas le travail.

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Il existait un certain consensus jusque 2005 sur les zones ayant dépassé leur pic de production
(États-Unis depuis les années 70, Canada, Mer du Nord, etc.). Le développement de la
production d'hydrocarbures non conventionnels, notamment de schiste, a depuis relayé la
question du pic pétrolier au second plan. La prévision du pic mondial (qui ne signifie pas la fin
du pétrole mais plutôt la fin du pétrole conventionnel bon marché) continue par ailleurs à faire
débat.

Certains pensent que les progrès techniques et l’augmentation des prix du pétrole rendront
économiquement viable la mise en production de nouveaux gisements. Selon eux, la part du
pétrole non conventionnel continuera à augmenter dans la production mondiale et arrivera à
compenser la chute de la production de pétrole conventionnel. Ils avancent également le fait
que le fond des océans et l’Arctique encore peu explorés pourraient ajouter des réserves
significatives. D’autres soutiennent que les réserves annoncées par les pays producteurs de
pétrole sont surestimées. Selon eux, les progrès techniques et l’augmentation du taux de
récupération du pétrole augmenteront insuffisamment pour compenser un épuisement de la
ressource. Les pétroles non conventionnels représenteront certes des réserves importantes mais
inexploitables dans des conditions économiques acceptables.

Différentes théories ont, avant la révolution des hydrocarbures non conventionnels, situé le «
peak oil » entre 2005 et 2040, sans plus de précision. Une position intermédiaire a été
développée par Jean Laherrère : le pic pourrait prendre la forme d’un plateau en tôle ondulée
caractérisé par des prix chaotiques associés à des cycles de récession économique.

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