L’ère du pétrole cher Les récentes découvertes de réserves considé- rables de gaz de schiste aux États-Unis, mais En août 2005, le prix du baril enregistrait le aussi en France, ainsi que l’élaboration des record historique de 70 dollars traduisant un techniques pour l’extraire à moindre coût, excès de la demande sur l’offre. La thèse du permettront sans doute encore de le retarder. peak oil selon laquelle la limite des capacités de production de l’Organisation des pays La sécurité de l’approvision- exportateurs de pétrole (OPEP) est atteinte, semblait réhabilitée. Le prix du pétrole a nement préoccupe davantage ensuite continué d’augmenter jusqu’à ce que Désormais, plus que le peak oil, c’est la sécu- la crise économique éclate en 2007. rité d’approvisionnement en ressources éner- gétiques qui inquiète. L’Union européenne Quid du peak oil ? (UE) importe actuellement 60 % de sa Le ralentissement de l’activité mondiale, en consommation de gaz, notamment de Russie, 2008, a permis de relâcher la pression sur le et cette proportion pourrait atteindre 80 % prix du baril qui, après avoir atteint son plus en 2025. Les conséquences d’une rupture de haut en juillet (147,27 dollars), a chuté à ses approvisionnements seraient catastro- 34,36 dollars en février 2009. Il oscille, depuis, phiques pour l’UE. C’est pourquoi celle-ci entre 70 et 80 dollars. La reprise économique s’efforce de réduire sa dépendance en déve- mondiale commence de nouveau à raviver les loppant l’extraction de gaz non convention- tensions et le risque d’une nouvelle hausse du nel. Mais cela prendra du temps. L’Union envi- prix du baril a ressurgi. Mais, si jusqu’à main- sage également à moyen terme de créer une tenant le prix du pétrole variait en fonction de centrale européenne d’achat de gaz autori- la capacité de réserves de l’OPEP, ce n’est sant la construction de nouvelles voies désormais plus le cas. Lorsque le prix du baril a d’accès. atteint, en juillet 2008, 147,27 dollars, la capacité de réserves de l’OPEP était la plus Vers une gouvernance de importante depuis les années 1980 ! Le l’ordre énergétique mondial niveau élevé du prix de l’or noir a incité les Les incertitudes liées aux demandes croissan- pays membres à investir davantage dans la tes d’énergie, au défi climatique et à la sécu- production afin d’augmenter leurs réserves rité d’approvisionnement bousculent l’ordre tout en continuant d’imposer des quotas très énergétique mondial. Un accord au niveau stricts ; en agissant ainsi, ces pays se couvrent international doit être trouvé pour garantir contre la volatilité du prix. Il a également les conditions d’échange. Si des institutions encouragé les économies fortement consom- actuelles, comme l’Agence internationale de matrices à contourner le marché en acquérant l’énergie (AIE), seraient à même de jouer ce directement auprès de pays disposant d’abon- rôle, les initiatives en ce sens sont encore peu dantes réserves, de nombreux gisements. nombreuses. C’est le cas de la Chine en Afrique. Alors qu’on pensait être proche du peak oil, celui-ci semble désormais s’éloigner. ■ La rédaction