MOTEUR ASYNCHRONE MONOPHASÉ

1. CONSTITUTION
Le moteur asynchrone monophasé est constitué de :
- d'un stator ( inducteur) comprenant un bobinage monophasé appelé enroulement principal; il est
souvent complété par un enroulement auxiliaire ( plus loin)
- d'un rotor, généralement à cage d'écureuil, simple ou double .
2. PRINCIPE DE FONCTIONNEMENT
Constitué comme décrit ci-dessus, un moteur asynchrone monophasé ne démarre pas seul. En effet, le
flux crée par l'enroulement principal a une direction fixe dans l'espace fu1
Ce flux fu1 peut être décomposé en deux composantes, chacune égale à fu/2 et tournant en sens
inverse l'une de l'autre à la vitesse : Ns = 60f / p

Le moteur asynchrone monophasé peut ainsi être considéré comme équivalent à un moteur asynchrone
triphasé qui posséderait deux demi- enroulements en série, mais connectés de manière à créer des
champs tournants en sens inverse l'un de l'autre.

Soit Ns la vitesse du champ tournant direct

-Ns la vitesse du champ tournant inverse
Supposons que le moteur tourne à la vitesse N dans le sens direct.
Le glissement du rotor par rapport au sens direct est :
g = Ns-N/ Ns = 1- N/Ns ( N/Ns = 1-g )
Le glissement du rotor par rapport au sens inverse est :
g' = -Ns-N/-Ns = 1+N/Ns = 1+1-g = 2-g
✓ À l'arrêt du moteur, N = 0 d'où g = 1 et g' = 1.
Les deux champs tournants induisent dans le rotor des courants égaux mais de sens opposés
Les couples moteurs correspond à ces courants sont également égaux mais de sens opposés, le moteur
ne démarre pas.
✓ Supposons le moteur tournant à la vitesse N dans le sens direct ; si N = Ns, alors g = 0 et g' =2.
• Le champ magnétique fu/2 tournant en sens inverse de celui du rotor induit dans celui-ci un courant
I1 : faible car la réactance du rotor est élevé ( lw1 élevé car f1 = 100Hz )
• Le champ magnétique fu/2 tournant dans le même sens que le rotor y induit un courant Id
important car la réactance rotorique est faible ( lwd faible car fd = 0 )
Le couple correspond au courant rotorique le plus élevé l'emporte sur le couple dépendant du
courant le plus faible. Le moteur continue de tourner dans ce sens.
La caractéristique mécanique du moteur asynchrone monophasé la somme algébrique des
caractéristiques dûes à chacun de deux champs tournants. On peut la tracer pour -Ns<N<Ns en
prolongeant chacune des caractéristiques au delà N=0.
De la caractéristique C = f(N), on peut tirer les conclusions suivantes :
- À l'arrêt ( N = 0 ), le couple résultant est nul et le moteur ne peut pas démarrer,
- Si le moteur est lancé dans un sens ou dans l'autre, le couple moteur est différent de 0 et le moteur
continue à tourner dans ce sens pour autant qu'à ce moment Cm > Cr
- Pour un même couple résistant, la vitesse du moteur asynchrone monophasé est faible que celle du
moteur asynchrone triphasé.

✓ Le facteur de puissance de ce moteur est plus faible que celui du moteur triphasé. En effet, le champ
inverse, inutile, demande un courant magnétisant supplémentaire, d'où un mauvais cosfu.
✓ Le rendement de ce moteur est inférieur au rendement d'un moteur triphasé de même puissance ; en
effet, le champ inverse induit des courants supplémentaires dans le rotor, donc des pertes joule. De
plus, le rotor se déplaçant, par rapport au champ inverse, à près de 2 Ns, les pertes par hystérésis et
courants de Foucault dans le fer sont importantes.
Conclusion
A dimensions égaux, un moteur asynchrone monophasé est beaucoup moins avantageux qu'un moteur
asynchrone triphasé.
Par contre, il a l'avantage de pouvoir être utilisé sur un réseau domestique ( une phase+ neutre ).
Il ne peut, tel quel, démarrer seul. Il nécessite un artifice de démarrage.
3. ARTIFICES DE DÉMARRAGE
1.Moteur à lancer
Pour démarrer le moteur, on lance le rotor au moyen d'une courroie ou d'une corde enroulée sur
l'arbre, de telle manière qu'il atteigne une vitesse N=0,7Ns. On ferme ensuite l'interrupteur ( fig 127)

Caractéristiques
•Puissance : < 0,5 kW
•Courant de démarrage : 2,5 In < Id < 3 In
•Rendement : 0,6 < n < 0,7
•Facteur de puissance : 0,6 < cosfu < 0,8
2. Moteur auto-demarrant par phase auxiliaire
Le moteur asynchrone monophasé ne peut démarrer seul car le stator produit deux champs tournant en
sens inverse.
Pour qu'il puisse démarrer seul, il faut annuler ou au moins affaiblir l'un de deux champs tournants. Cela
se réalise en transformant le moteur monophasé en moteur diphasé. Sur le stator est placé
l'enroulement principal, occupant les 2/3 de la circonférence et un enroulement auxiliaire servant pour
le démarrage.
L'enroulement auxiliaire est décalé dans l'espace, par rapport à l'enroulement principal d'un angle
électrique de 90° et parcouru par un courant déphasé dans le temps d'un quart de période par rapport
au courant dans l'enroulement principal.
Chaque enroulement crée un champ à direction fixe, représenté en (1) et en (2) de la figure 128. La
résultante de ces deux champs est bien un seul champ tournant (3).

a. Moteur à phase auxiliaire inductive ou résistive

On peut déphaser le courant dans la phase auxiliaire en insérant, en série avec cet enroulement, une
inductance ou une résistance, ou encore plus simplement, en rendant la phase auxiliaire plus résistive
que la phase principale ( par une bobine de fil fin).
Dans le deux cas, le courant dans l'enroulement auxiliaire est déphasé par rapport au courant dans
l'enroulement principal ; comme il n'est pas déphasé de 90°, le champ inverse ne sera qu'affaibli et le
couple de démarrage sera faible.
De plus, l'enroulement auxiliaire affaiblit encore davantage le facteur de puissance de ce moteur.
L'enroulement auxiliaire n'étant pas prévu pour le service continu, il doit être mis hors-circuit une fois le
moteur lancé.

Caractéristiques
•Couple de démarrage : Cd = Cn
•Courant de démarrage : Id _~ 4 In

•Facteur de puissance : cosfu

_~ 0.75
•Rendement : 0,6 < n < 0,7
Relais de démarrage
Pour couper automatiquement la phase auxiliaire après le démarrage du moteur, on peut utiliser un
relais qui fonctionne comme suit :
• à l'enclenchement du moteur, l'enroulement auxiliaire (A) n'est pas alimenté. Le moteur ne démarre
pas, il absorbe un courant important.
• le relais de surintensité (R) se ferme et l'enroulement auxiliaire est mis sous tension. Le moteur
démarre.
• après le démarrage, le courant absorbé atteint sa valeur nominale, insuffisant pour l'excitation du
relai. Le contact (C) s'ouvre. L'enroulement principal (P) reste seul en service.
b. Moteur à phase auxiliaire capacitive
On peut rendre le courant dans l'enroulement auxiliaire en quadrature avant du courant dans
l'enroulement principal en utilisant un condensateur en série avec l'enroulement auxiliaire.
Si le condensateur est calculé de telle manière que danpendant le démarrage les deux courants soient
égaux et en quadrature, soit IAd = IPd, la composante inverse du champ tournant est nulle et le couple
de démarrage est maximum.

De plus, le condensateur améliore le facteur de puissance du moteur. Après le démarrage, on pourrait

éliminer complètement l'enroulement auxiliaire et le condensateur. Généralement on laisse en service
une partie de la capacité, ce qui a pour effet d'améliorer le facteur de puissance du moteur et donc le
couple.
En effet: P= C W = U I Cosfu ( si on néglige les pertes).
Pour un même courant, si le cosfu s'améliore, le couple est augmenté. On ne peut laisser toute la
capacité en service, car alors le courant dans l'enroulement auxiliaire serait trop grand et on aurait un
déphasage capacitif du courant.
Il existe donc deux variantes à ce type de moteur :
1) le moteur fonctionne avec un condensateur de service qui sert à la fois pendant le démarrage et
pendant le régime permanent ( fig 131 et 132 )
2) si on désire un couple de démarrage plus élevé, on place deux condensateurs en parallèle pendant le
démarrage et l'un d'eux est éliminé automatiquement pendant le régime permanent grâce à un
interrupteur centrifuge.

4. CHANGEMENT DU SENS DE ROTATION

- Moteur à lancer: il suffit de lancer le moteur dans le sens désiré.
- Moteur à phase auxiliaire : c'est le sens du champ tournant qui détermine le sens de rotation. Il suffit
de changer les connexions de la phase auxiliaire ou de la phase principale.