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GCM 512 : Ouvrages d’art

Bibliographie

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Juraszek, Marc Pelcé, Eurocode 6 : Calcul des structures en maçonnerie, (2009).

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Maçonnerie-Matériaux, Construction et travaux publics | Le second œuvre et l'équipement du


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Maçonnerie-Mise en œuvre des ouvrages, Jean-Daniel MERLET, Construction et travaux
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Conception et dimensionnement des structures de chaussée, guide technique, Laboratoire


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Dictionnaire de l’Entretien Routier, Volume 5: Ouvrages d’art, Ministère de l’écologie, de
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Manuel de conception des chaussées d'autoroutes, Scétauroute, (1994).

L’inspection, l’entretien et la réparation des ouvrages maritimes exposés à des


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Bruxelles.

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Propagation des crues en rivière. CETE Méditerranée (2003). 32 PP.

Les études préalables aux aménagements portuaires, CETMEF (1978). Compiègne.

Recommandations pour le calcul aux états-limites des ouvrages en site aquatique,


CETMEF (2001). ROSA 2000. Compiègne.

Guide Enrochement, L’utilisation des enrochement dans les ouvrages hydrauliques,


Version française du Roch Manual (2e édition), CETMEF (2009). Compiègne.

Le dimensionnement des digues à talus, EDF/LNH (1987). Eyrolles Ed, Paris, 172 pp.

Méthodes géophysiques et géotechniques pour le diagnostic des digues de protection


contre les crues. FAUCHARD, C et Meriaux, P (2004). Cemagref editions, Paris.

Travaux fluviaux – G. JAMME (1974). – Eyrolles, Paris.

Fondations et ouvrages en terre, G. PHILIPPONNAT et B. HUBERT (1997), éditions


Eyrolles.

Les enrochements. LCPC (1989). Ministère de l’Equipement. LCPC, Paris. 106 pp.

Les barrages en terre, MALLET et PACQUANT (1951). Ed. Eyrolles, Paris.

Maîtrise de la rivière pendant la construction du barrage. Olivier, H et CARLIER, M


(1986). Bulletin, n° 48a, ICOLD/CIGB, Paris.

Traité des procédés généraux de construction (3 tomes). P. GALABRU (1971). Ed. Eyrolles,
Paris.

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Chapitre 0 : QUELQUES DEFINITIONS ET PLANCHES TECHNIQUES

0.1 Quelques définitions

0.1.1 Maçonnerie

Ciment : Matière minérale finement moulue qui, mélangée à de l’eau, forme une pâte qui durcit
par l’effet de réactions chimiques, et demeure stable, même sous l’eau (Matériau constitué
principalement de silicates de calcium et d’aluminates de chaux).

Ciment CEM I : Ciment composé à plus de 95 % de clinker.

Ciment CEM II : Ciment composé d’au moins 65 % de clinker et au plus de 35 % d’autres


constituants comme les laitiers de haut fourneau, les fumées de silice, les pouzzolanes, les
cendres volantes, les calcaires.

Clinker : Produit obtenu après cuisson de l’argile et de la chaux puis broyage (Il est le
composant essentiel de la plupart des ciments).

Granulométrie, blocométrie : Distribution des tailles et des masses d’une population


d’enrochement, définie par des limites nominales et extrêmes. On distingue les enrochements
dits « petits » pour lesquels la distribution est exprimée en taille (granulométrie) et les
enrochements « moyens » et « gros » pour lesquels la distribution est exprimée en masse
(blocométrie).

Joint de dilatation : Dispositif qui permet la libre déformation d’un élément d’ouvrage sous
les effets des variables de température, du retrait et du fluage des matériaux.

Jointoiement : Opération consistant à obturer un vide entre deux éléments.

Maçonnerie de parement : Appareillage des pierres taillées, de moellons ou de briques, en


parement d’une partie d’ouvrage en maçonnerie.

Moellon : Pierre brute de petite dimension employée dans les maçonneries, souvent noyée dans
le mortier.

Mortier bâtard : Mélange de chaux, de ciment et de sable.

Mortier : Mélange d’un ou plusieurs liants hydraulique avec une charge, généralement du
sable, qui set à assembler les éléments d’un appareil en maçonnerie.

Mortier : Mélange d’un ou plusieurs liants hydrauliques avec une charge, généralement du
sable, qui sert à assembler les éléments d’un appareil en maçonnerie

Mur de refend : Mur de séparation ou de renforcement situé à l’intérieur d’une culée en


maçonnerie.

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Parpaing : Pierre de taille ou brique d’un mur en maçonnerie dont la plus grande dimension
est placée en boutisse et dont la queue est égale à l’épaisseur du mur.

0.1.2 Ouvrages en béton

Accélérateur de prise : Adjuvant permettant d’augmenter la rapidité de la prise du béton. Note


: Cet adjuvant entraîne généralement une baisse des caractéristiques mécaniques.

Accélérateur de prise : Adjuvant permettant d’augmenter la rapidité de la prise du béton (cet


adjuvant entraîne généralement une baisse des caractéristiques mécaniques).

Addition : Matériau minéral de très faible granulométrie qui est ajouté au béton durant le
processus de mélange pour l’améliorer. Note : Elle permet d’améliorer les caractéristiques
mécaniques comme la compacité, la résistance, la durabilité, etc

Adjuvant : Produit ajouté en petite quantité au béton durant le processus de mélange, pour
l’améliorer. Note : Il permet d’améliorer certaines caractéristiques comme la maniabilité ou la
résistance au gel.

Armature à haute adhérence (HA) : Armature passive ayant un relief marqué pour améliorer
son adhérence au béton.

Béton à haute performance (BHP) : Béton ayant une résistance caractéristique à la


compression élevée, grâce à une formulation spécifique qui améliore également la durabilité.

Béton autoplaçant (BAP) : Béton très fluide dont la mise en œuvre dans les coffrages se fait
par gravité et sans vibration.

Béton léger : Béton qui utilise des granulats légers pour obtenir une masse volumique après
séchage à l’étuve comprise entre 800 kg/m3 et 2000kg/m3.

Béton lourd : Béton dont la masse volumique après séchage à l’étuve est supérieure ou égale
à 2600 kg/m3.

Béton projeté : Technique de préparation ou de renforcement d’une structure par un béton mis
en œuvre par projection à l’air comprimé (se dit « par voie sèche » lorsque la machine propulse
le mélange sec granulats, ciment et les adjuvants éventuels et que l’introduction de l’eau de
gâchage se fait au niveau de la lance de protection ou « par voie humide » lorsque la machine
propulse le mélange préalablement gâché selon les procédés traditionnels.

Béton : Matériau formé par le mélange de ciment, de sable, de gravillons, d’eau, et


éventuellement d’adjuvants et d’additions, qui durcit grâce à l’hydratation du ciment (Après la
mise en œuvre, on distingue une phase de prise suivie par une phase de durcissement. Le ciment
durcit aussi bien dans l’air que dans l’eau).

Béton cyclopéen : Béton constitué de moellons noyés dans le béton.

Performances (BFUP) : Matériau à matrice cimentaire armé de petites fibres métalliques qui
atteint une résistance à la compression allant de 150 MPa à 250 MPa. (Ce matériau est obtenu

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par densification de la pâte cimentaire à l’aide de particules ultrafines (fumée de silice, micro
cendres,...) et par ajout d’une quantité importante de petites fibres métalliques qui confèrent au
matériau un comportement ductile en traction afin de s’affranchir, si possible, de l’emploi
d’armatures passives ; 2. Ce matériau a également une durabilité accrue ; 3. Certains BFUP font
l’objet d’un traitement thermique (température atteinte de l’ordre de 90°C) afin d’améliorer
certaines de leurs caractéristiques).

Coffrage : Outil permettant le moulage d’un élément de béton.

Cure : Traitement de protection évitant un séchage trop rapide de la peau du béton (On utilise
un traitement par pose d’une toile imbibée d’eau ou par mise en œuvre d’un film plastique ou
de produits spécifiques, etc).

Enrobage : Épaisseur minimale de béton entre la surface extérieure de l’armature et le


parement du béton. Note : Cette zone joue un rôle important pour la protection des armatures.

Entraîneur d’air : Adjuvant qui permet d’incorporer pendant le malaxage une quantité
contrôlée de fines bulles d’air uniformément réparties et qui subsistent après durcissement. Note
: L’adjuvant permet notamment d’améliorer la résistance du béton au cycle de gel/dégel.

Longueur de scellement : Longueur nécessaire pour assurer le parfait ancrage mécanique


d’une barre d’acier dans du béton.

Plastifiant et superplastifiant : Adjuvant permettant notamment de réduire la teneur en eau


du béton tout en assurant une bonne fluidité lors de la mise en œuvre. Notes : 1. La norme NF
EN 934-2 définit les différents plastifiants ou superplastifiants utilisables ; 2. L’utilisation de
superplastifiants ouvre la voie à la conception de bétons très fluides mis en œuvre sans vibration
ou de bétons à haute performance.

Retardateur de prise : Adjuvant permettant de retarder la prise du béton afin d’allonger sa


durée d’utilisation. Note : Cet adjuvant entraîne généralement une baisse des caractéristiques
mécaniques

Retrait de dessiccation : Diminution du volume d’une pièce en béton lorsque l’eau en excès
s’évacue au cours du temps.

Retrait : Diminution du volume d’une pièce en béton au cours du temps.

0.1.3 Ouvrages en bois

Arbalétrier : Pièce de charpente inclinée qui sert à soutenir et à contreventer un cintre ou une
ferme.

Basting (ou bastaing) : Pièce de bois de section rectangulaire ayant des dimensions comprises
entre 55 x 155 mm et 65 x 185 mm.

Bois calibré : Bois séché et raboté pour obtenir exactement la section commerciale annoncée.

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Cheville : Pièce de bois de section cylindrique ou prismatique placée dans un trou
perpendiculaire à un assemblage à tenon-mortaise et qui contribue à la tenue de l’assemblage.

Entrait : Pièce de charpente horizontale joignant les arbalétriers pour éviter leur écartement.

Equarrissage : Opération consistant à dégrossir une pierre ou un moellon pour ébaucher la


forme voulue.

Lamellé collé : Elément de structure formé par collage des lamelles de bois dont la direction
principale est parallèle au fil du bois.

Madrier : Pièce de bois de section rectangulaire ayant des dimensions comprises entre 75 mm
x 205 mm et 105 mm x 225 mm.

Mortaise : Pratiqué dans une pièce et destiné à recevoir le tenon d’une autre pièce pour réaliser
un assemblage.

Poinçon : Pièce de charpente verticale reliant le milieu de l’entrait à la jonction des arbalétriers.

Tenon : Partie en saillie d’une pièce qui s’insère dans une mortaise d’une autre pièce pour
réaliser l’assemblage des deux.

0.1.4 Ouvrages métalliques

Echelle à crinoline : Echelle entourée par une cage métallique qui empêche de tomber à la
renverse.

Fer forgé : Métal mis en œuvre par déformation à chaud pour fabriquer des pièces et améliorer
les caractéristiques mécaniques dans une direction privilégiée.

Gousset : Pièce sur laquelle viennent s’assembler plusieurs barres ou pièce qui assure le
raccordement entre deux membrures qui se croient.

Treillis (métallique ou synthétique) : Entrecroisement d’armatures métalliques.

Treillis soudé : Ensemble d’armatures passives disposées dans deux directions


perpendiculaires et maintenues les une aux autres par soudage.

0.1.5 Fondations

Bêche : Petite saillie verticale d’une semelle de fondation, qui mobilise la butée du sol pour
résister aux efforts horizontaux ou encore butée métallique soudée sous une platine et pénétrant
dans le béton de fondation pour résister aux efforts horizontaux.

Caisson : 1. Élément structurel de section creuse. 2. Coffrage utilisé pour la construction en


rivière de fondations d’ouvrage d’art.

Contrefort : Renfort disposé perpendiculairement à un mur de soutènement pour améliorer sa


résistance et sa stabilité.

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Hérisson : Couche de fondation faite à base de pierres posées sur champ.

Injection : Technique permettant de faire pénétrer dans des fissures, des cavités ou des sols, un
produit susceptible de créer une liaison mécanique ou une étanchéité entre les parties disjointes.

Poinçonnement : Enfoncement ou rupture localisés sous l’action d’une force concentrée ou


enfoncement ou rupture du sol sous la pointe du pieu ou sous une semelle de fondation.

Puits : Fondation de grosse section, généralement circulaire et semi-profonde, réalisée par


excavation et remplie par du béton armé (pour une section circulaire, le diamètre est supérieur
à 2,50 m).

0.1.6 Ouvrages de protection

Affouillement : Érosion du fond ou du lit sous l’effet des forces de cisaillement induites par les
courants ou les vagues.
Batardeau : Digue ou barrage provisoire établi sur un cours d’eau pour permettre l’exécution
des travaux à sec ou encore enceinte qui permet le soutènement des terres et le travail à l’abri
de l’eau.
Digue : Ouvrage s’avançant dans la mer de manière à créer une zone à l’abri des vagues et des
courants pour les bateaux, à prévenir l’envasement du chenal de navigation et à protéger les
zones côtières.
Enrochement : Ensemble de blocs de roches ou d’éléments préfabriqués en béton disposés au
fond de l’eau ou en parement de berges pour protéger les fondations ou les abords d’un ouvrage.

Gabion : Cage en treillis ou en grillage métallique remplie de pierres, destinés à la réalisation


d’un dispositif de protection ou de soutènement. (également, nom générique pour un système
de protection de berge composé d’une cage en grillage métallique ou en treillis métallique ou
polymère remplie de petits enrochements. Ce type couvre aussi les boîtes de gabions, les
matelas de gabion et les sacs de gabions).

(Boîtes de) gabions : Cages en grillage métallique de tailles diverses, uniformément subdivisés
en cellules remplies d’enrochement durable (voir figure II.9). Un gabion typique mesure 2 m
de long (l) par 1 m de large (w) et 1 m de haut (h) avec un grillage de maille 80 × 100 mm.
Figure : Gabions
(gauche) et matelas de
gabions (droite)

Matelas de gabions : Gabions dont la hauteur est relativement faible par rapport à la longueur
et à la largeur (voir figure II.9). Un matelas de gabions typique mesure 6 m de long par 2 m de
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large et 0.15 à 0.30 m d’épaisseur, avec un grillage de 60 × 80 mm. Les matelas de gabions
dépassent rarement les 50 cm de haut pour des raisons pratiques.

Sacs de gabions : Désignés des gabions en forme de « saucisse » qui servent principalement en
génie fluvial à la protection de pied de berge.

Mur poids : Ouvrage de soutènement dont la stabilité vis-à-vis de la poussée des terres est
assurée par son propre poids.
Perré : Revêtement d’un talus sous ouvrage qui permet d’éviter le ravinement des terres.
Protection des talus : Dispositif qui permet de lutter contre l’action des vagues ou l’érosion des
talus ou sur le fond de la mer adjacent.
0.1.7 Ouvrages d’art

Avaloir : Bouche de recueil des eaux de ruissellement généralement équipée d’une grille
bloquant les déchets solides.
Barbacane : Orifice pratiqué dans un mur, une dalle ou une voûte pour l’écoulement des eaux
d’infiltration (par extension, ce terme désigne également le tuyau de rejet de ces eaux).
Câble de précontrainte : l’ensemble d’armatures longiligne de fils ou torons utilisé comme
armature active pour comprimer le béton (on désigne les câbles par le nombre de fils ou de
torons et leur diamètre, par exemple : 1) 16T12 : 16 torons de 12 mm de diamètre ; 2) 12Ø6 :
12 fils de 6 mm de diamètre).
Caniveau : Profil en creux servant à l’écoulement des eaux (par abus de langage, on appelle
parfois caniveau technique une réservation sous un trottoir sous un trottoir permettant le passage
de canalisations, cette réservation est recouverte de dallages).
Connecteur : organe métallique noyé dans le béton, qui solidarise un élément en béton et une
pièce métallique (les types de connecteurs les plus courants sont les cornières, les goujons et
les arceaux et sont très utilisés pour connecter les dalles en béton sur l’ossature métallique).
Cunette : Rigole généralement en pied de mur garde grève de la culée pour récupérer les eaux
de ruissellement arrivant sur le sommier.
Dalot ou daleau : Petit ouvrage hydraulique recouvert par une dalle.

Haubanage : Ensemble des haubans d’un ouvrage ou technique de construction faisant appel à
des haubans. (On distingue plusieurs types de haubanages : - lorsque les haubans reliant un
pylône à une travée sont parallèles, le haubanage est dit en forme de harpe ; - lorsque les haubans
d’une travée convergent en tête de pylône, le haubanage est dit en éventail ; - on parle de semi-
harpe ou de semi-éventail dans les cas intermédiaires).

Portique de limitation de gabarit : Dispositif permettant de restreindre le gabarit offert à la


circulation en vue d’imposer le respect d’une limitation de hauteur ou de largeur et donc
éventuellement de poids.
Précontrainte : Technique permettant de comprimer un élément par mise en tension d’armatures
ou par la mise en pression des vérins.

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Pylône : Élément élancé, généralement vertical, supportant des câbles ou des haubans (Dans les
ponts levants, élément vertical le long duquel se déplace chaque extrémité du tablier ; Dans les
ponts levis, élément vertical au sommet duquel est articulé le balancier.

Tablier : Structure porteuse qui supporte les charges de circulation et les transmet aux appuis,
aux suspentes, aux arcs,...

Toron : ensemble des fils métallique enroulés en hélice et répartis en une ou plusieurs couches
autour d’une âme (généralement un toron est constitué de 7 fils).
Viaduc : Pout-route ou pont-rail comportant généralement un grand nombre de travées et/ou
des piles de grande hauteur.

Voile : Structure de grande surface et de faible épaisseur.

0.2 Quelques planches techniques (Annexes)

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CHAPITRE I : LES OUVRAGES D’ART

Les ouvrages d’art sont des ouvrages destinés à être implanter dans un paysage auquel
ils sont généralement intimement liés.
On distingue :
❖ Les ouvrages destinés à conduire l’eau en l’amenant d’un point à un autre. En général
d’un côté à l’autre de la route : ce sont les aqueducs ;
❖ Les ouvrages destinés à franchir un cours d’eau ou une vallée : ce sont les ponts et les
viaducs ;
❖ Les ouvrages destinés à la conservation des fluides : ce sont les châteaux d’eau et les
réservoirs ;
❖ Les ouvrages destinés à lutter contre les éboulements de terre : ce sont les murs de
soutènements ;
❖ Les ouvrages destinés à franchir un obstacle par l’intérieur de celui-ci : ce sont les
tunnels ;
❖ Les ouvrages destinés à la rétention de l’eau : ce sont les digues et les barrages ;

I-1 Les ponts

I-1-a) Généralités

Pont est le terme général désignant tout ouvrage qui franchit un espace.
Pour désigner sa fonction on dira : pont-route, pont-rail, pont-canal, pont mobile
(tournant, levant, roulant, basculant).

Ponts mobiles

Ponts suspendus

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Le mot viaduc est réservé aux longs ponts, souvent élevés, mais aussi de hauteur.

I-1-b) Les parties d’un pont

Le pont est divisé en travées (on dit aussi arches pour les ponts voûtés) séparées par les
piles et aboutissant aux culées.
Les travées sont franchies, ou constituées, par des tabliers en bois, ou métalliques, ou en
béton armé, ou en béton précontraint (formés d’une dalle ou d’une poutraison), par des voûtes
en maçonnerie massives, en pierre, ou en béton armé ou non, ou mixte pierre et béton, par des
arcs séparés, métalliques ou en béton armé, sous ou au-dessus du tablier portant, par des poutres
à béquilles (arcs à partie droite).

On appelle : ouverture, l’espace libre entre piles ; portée, la distance entre appuis
effectifs de la travée ; tirant d’air, la hauteur libre sous l’ouvrage ; gabarit de navigation ou de
circulation, l’espace nécessaire au passage sous ou sur l’ouvrage ; épaisseur de l’ouvrage, la
hauteur entre le dessous de la travée et le dessus de la voie portée (distance du sous-poutre au
rail ou à la chaussée, etc.) ; travées à poutres (poutres principales recevant le tablier). Les
poutres sont caractérisées par leur libre mouvement horizontal (par opposition aux ouvrages
butés).
Elles peuvent être placées entièrement sous la voie portée, on à alors un tablier par-
dessous ou à voie portée.
On a alors un tablier par-dessous ou à voie supérieure, ou bien déborder au-dessous ou
à voie : on a un tablier à poutre par-dessus (poutres latérales en général ; plus rarement
centrales) ou à voie inférieure.

Parties d’un pont

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I-1-c) Ponts en maçonnerie

Généralités

Les ponts voûtés, tous en pierre dans le passé, se construisent aujourd’hui ; en raison du
prix des matériaux ou de la rareté de la main-d’œuvre spécialisée, soit avec corps en béton et
parement en pierre, soit entièrement en béton ou en béton armé. Les avantages présentés par les
poutres en béton armé ou en béton précontraint sont tels (légèreté, économie) que le champ
d’application des ponts voûtés « en maçonnerie » de pierre ou de béton est désormais
extrêmement réduit et n’intéresse que des ouvrages de faible portée, le plus souvent en
remplacement d’ouvrages ou de parties d’ouvrages anciens (viaducs).

Morphologie des ponts en maçonnerie

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I-1-d) Ponts en béton armé

Généralités
Les ponts en béton armé constituent une partie importante de l’ensemble des ouvrages
routiers et ferroviaires. Ils comportent en général des ouvertures limitées ne dépassant pas le
plus souvent une quarantaine de mètres dans les travées indépendantes et une cinquantaine dans
les travées continues. Ceux établis en arc peuvent par contre réaliser des franchissements
beaucoup plus grands.
Tabliers de ponts en béton

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Ces ouvrages présentent en général de nombreux avantages qui les font préférer aux
structures métalliques ou mixtes chaque fois qu’il est possible et les établir dans des conditions
satisfaisantes. Dans les portées moyennes ou faibles ils sont souvent les plus économiques. Ils
nécessitent un entretient réduit ; leur esthétique permet d’obtenir dans un grand nombre de cas
un excellent aspect. Les ouvrages en béton précontraint sont toutefois susceptibles de rivaliser
dans ces différents domaines de d’avoir plus aisément de grandes portées.
Le béton armé est un matériau actuellement très bien expérimenté par plus d’un demi-
siècle d’instructions et sa mise en œuvre n’exige pas des techniciens aussi spécialisés que celle
du béton précontraint.
Par contre, il comporte certains sujétions, par exemple, la nécessité de réaliser des
sections importantes assez lourds ou, dans le cas général d’établir des échafaudages onéreux.
Ces considérations interviennent largement dans le choix des solutions au cours des
études d’ouvrages publiques.
Choix de la forme
Il est recommandé d’une manière générale, d’utilisation au maximum de la capacité de
résistance du béton à la compression. En conséquence, on réalise, chaque fois que cela est
possible, des formes en arcs en béton plus ou moins armé.

Ponts en bois

Ponts en béton précontraint

Ancrages de câbles de précontrainte

14
Ponts métalliques

VII-1-e) Ponts mixtes


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Généralités, définition et intérêt.

Un ouvrage mixte fer-béton ou plus précisément acier-béton, de telle sorte que


l’ensemble se comporte comme un ouvrage monolithe. Le type même de la construction mixte
est évidemment le béton armé qui allie le béton, matériau fragile supportant sans inconvénient
des efforts modérés de traction, à des armatures métalliques dont la section est déterminer pour
reprendre intégralement les efforts de traction. L’intérêt de cette liaison acier- béton est avant
tout économique : il est en effet, moins onéreux de transporter une force de compression donnée
par du béton que par le métal.

I-2 Les réservoirs

I-2-a) Définitions

Un réservoir est une enveloppe contenant un liquide.


Ce liquide est généralement de l’eau, soit potable (réservoir d’eau des distributions
publiques), soit usée (eau d’égouts). Parmi les liquides autres que l’eau ; plus courants sont : le
vin, la bière, le lait, les hydrocarbures, etc.
Ces réservoirs peuvent être soit posés sur le sol, soit légérement enterrés, soit sur une
superstructure (piscine au-dessus du sol), soit des pylônes de grande hauteur (châteaux d’eau)
ou sur des bâtiments.

I-2-b) Dimensions

Elles sont bien entendu fort variables selon l’utilisation du bassin.


Partant du volume donné, des considérations d’exploitation déterminent le plus souvent
la hauteur du liquide emmagasiné. Par exemple pour les réservoirs d’eau potable, h varie de 2
m pour les petits réservoirs à 7, 8 ou 11 m pour les gros. Il y a intérêt à ne pas dépasser ce chiffre
de façon à ne pas avoir en service dans les canalisations d’eau de trop grandes variations de
pression. Par ailleurs, les efforts dans les parois et sur le fond étant proportionnels à la hauteur

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de liquide, on conçoit qu’on doive chercher a priori à la réduire quitte à choisir une plus grande
dimension en plan. Il faut adopter un bon compromis.
Dans certains cas, bassins d’enfants par exemple, ce n’est plus la contenance qui est une
donnée mais la surface à réserver et la hauteur d’eau (0,30 m à 0,60 m).
Une considération importante est celle de la dimension maximale en plan qui est limitée
par les conditions de déformation. La déformation doit être suffisamment réduite pour que le
réservoir garde ses qualités d’étanchéité.
Considérons un réservoir circulaire de diamètre d dont l’acier des cerces travaille à une
contrainte σa (compte tenu de la traction équilibrée par le béton), l’augmentation du diamètre
est :
σa
∆d = d.
Ea
Pour les cuves à vins, des raisons analogues limitent les dimensions globales. Ces
dimensions ont été précisées par le nouveau « cahier des charges applicable à la construction
des réservoirs et cuves en béton armé ».

I-2-c) Exigences techniques à satisfaire dans la construction d’un réservoir

Un bon réservoir doit satisfaire à différents impératifs :


Résistance : le réservoir doit, dans toutes ses parties, équilibrer les efforts auxquels il est
soumis.
Etanchéité : il doit constituer pour le liquide qu’il contient un volume clos sans fuite. Il
doit donc être étanche, c’est-à-dire non fissuré, ou fissuré dans des conditions acceptables.
Durabilité : le réservoir doit durer dans le temps, c’est-à-dire que le matériau : béton,
dont il est constitué, doit conserver ses propriétés initiales après un contact prolongé avec le
liquide qu’il est destiné contenir. Ceci pose dans certains cas, vin, hydrocarbure, etc le problème
du revêtement intérieur de protection.
Enfin de contact avec le béton du parement intérieur du réservoir ne doit pas altérer les
qualités du liquide emmagasiné. Le revêtement intérieur, s’il protège le béton sous-jacent doit
aussi protéger le liquide de l’influence du béton.

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I-2-d) Les effets à prendre en compte

Ils sont de différentes natures :


- Poids propre du réservoir et de ses ouvrages annexes ;
Il n’y a rien de spécial à dire, le métré étant facile ;
- Charge due au liquide contenu ;
Il est facile d’en tenir comte, le tableau ci-dessous donne quelques valeurs des poids
volumiques ;

- Surcharges diverses d’exploitation ;


Les surcharges d’escaliers d’accès sont évaluées en général à 100 daN concentrés par
marche (ou 450 daN/m2). Les surcharges particulières sont prises égales à 250 daN/m2
pour les salles de météorologie, radiocommunications, etc., qui peuvent être aménagées
au-dessus du réservoir.
Il peut exister aussi des terrasses aménagées en vue de leur utilisation par le public ;
dabs ce cas il est prudent de compter sur 400 daN/m2.
- Variations de température ;
Il est évident que la température et le retrait agissent sur un réservoir comme sur toute
autre construction, surtout si le réservoir est surélevé. On n’en tient habituellement pas
compte, l’expérience montrant que cela n’a pas donné lieu à des désordres. Notons par
ailleurs, que le retrait thermo-hygrométrique n’agit sur une cuve que lorsque celle-ci est
vide, ce qui est rare. Quand elle est pleine, il n’y a pas retrait, mais au contraire
gonflement, ce qui réduit les contraintes de traction dans le béton, c’est un élément
favorable.
- Influence du retrait.

Il s’exerce surtout sur les parties comprimées par des charges permanentes ou à peu près
permanentes (fond des réservoirs). Les contraintes correspondantes n’étant pas très
élevées, le fluage ne présente pratiquement pas de danger.
- Intervention du fluage ;
- Effets climatiques : neige et vent ;
On appliquera les règles N.V.65, la neige n’intéresse que les couvertures plates ou
courbes. Le vent n’est à prendre en compte que pour les châteaux d’eau.
- Influence des séismes.

18
I-2-e) Classification des réservoirs

On peut les classer selon :

▪ La position du réservoir par rapport au sol

✓ Au niveau du sol (ou très peu enterré) : le radier du réservoir est toujours placé
au contact du sol sur un béton maigre de 5 à 10 cm d’épaisseur ;

✓ Sur poteaux (légèrement surélevé) c'est-à-dire le cas des piscines ;


✓ Sur pylônes, châteaux d’eau ;
✓ Sur bâtiment : ce peut être là une façon économique d’utiliser quasi gratuitement
un « pylône » existant pour alimenter non seulement le bâtiment porteur lui-
même, mais ceux voisins d’un niveau inférieur.

▪ La forme de la cuve

✓ Réservoir carré ;
✓ Réservoir rectangulaire ;
✓ Réservoir circulaire ;
✓ Réservoir de forme quelconque.

▪ Selon le mode de fermeture

✓ Réservoirs non couverts ;


✓ Réservoirs couverts.

▪ Selon la complexité de la construction

✓ Réservoir simple ;
✓ Réservoirs multiples ;
✓ Réservoirs superposés ;
✓ Réservoirs superposés.

19
▪ Selon l’usage

✓ Réservoir d’emmagasinement quand il s’agit seulement de liquides divers ;


✓ Bassins de traitement (pour épuration des eaux usées, le malaxage de produits, etc.) ;
✓ Bassins sportifs (piscines) ;
✓ Cuve à gazomètre.

▪ Selon la nature du liquide conservé

✓ Réservoir à eau ;
✓ Cuves à vin, bière, etc. ;
✓ Citernes à produits noirs (goudron, bitume) ;
✓ Réservoirs à hydrocarbures (pétrole, essence, gas-oil, huiles minérales).

I-2-f) Aspect des réservoirs, problèmes esthétiques

Pour les bassins la question de leur aspect n’a pratiquement pas besoin d’être évoquée. Dans le
cas des réservoirs au sol, le côté esthétique ne peut plus être négligé. Mais c’est dans le cas des
châteaux d’eau que le souci esthétique doit être primordial, une telle construction devant être
absolument une « œuvre d’art ».
Cette recherche d’un aspect acceptable n’a pas toujours été le souci dominant des ingénieurs
responsables de ces constructions. On en était arrivé autrefois à une sorte de systématisation
des silhouettes et à une uniformité de construction conduisant au réservoir à cuve tronconique
classique.
Certains de ces réservoirs sont d’aspect acceptable. C’est généralement une circonstance
fortuite. A la décharge des ingénieurs responsables ne doit dire que ces réservoirs types sont
logiques et fonctionnels ; ils permettent d’emmagasiner le volume prévu dans les meilleurs
conditions économiques.
Il faut reconnaître que si, depuis quelques années on réalise de plus beaux ouvrages ceux-ci
sont plus coûteux.
Pour illustrer ces idées, suivent quelques silhouettes possibles de châteaux d’eau.

20
21
22
I-3 Galeries hydrauliques

I-3-a) Généralités

Les galeries hydrauliques ont souvent la forme circulaire, qui donne le débit maximal
pour une section donnée. Leur tracé ne présente pas d’autre sujétion que celle d’éviter, dans la
mesure du possible, les points hauts. On peut donc choisir les couches de terrain traversées et
modifier le tracé pour se rapprocher de points d’attaque possibles.

I-3-b) Les égouts

Les égouts ont une section ovoïde avec cunette dans le bas pour augmenter la vitesse
d’écoulement pour les faibles débits.

Coupes types d’égouts élémentaires courants.

Ils doivent présenter une pente minimale de


0,002. S’ils sont visitables, ils ont une hauteur de
2 m au-dessus de la banquette de circulation.

Coupes types de collecteurs

Les collecteurs d’égouts et émissaires ont


des dimensions plus importantes.

I-3-c) Méthodes de creusement courantes de souterrains

Les souterrains de faible section peuvent être attaqués directement à pleine section. Il
en est de même pour les souterrains plus importants s’ils sont creusés dans le rocher ou dans un
bon terrain. Dans les autres cas, on attaque les différentes parties de la section dans un ordre et
dans un sens déterminé. On a coutume de distinguer quatre principales méthodes, chacune
applicable dans les conditions particulières, pour pratiquer le terrassement du souterrain. Bien
entendu, il est possible d’imaginer de multiples variantes, améliorations et combinaisons de ces
méthodes. Elles sont désignées généralement par leur pays d’origine, mais elles n’y sont, bien
sûr, pas exclusivement pratiquées.

23
I-4 Les barrages hydrauliques

I-4-a) Généralités

Les aménagements hydrauliques, barrages et retenues, sont des ouvrages complexes


fragiles qui perturbent fortement la morphologie et le comportement, tant mécanique
qu’hydraulique de leurs sites ; leurs études doivent faire appel à toutes les disciplines, géologie,
géomécanique, hydraulique… et toutes les techniques, documentation, télédétection, levers de
terrain, géophysique, sondages, galeries, essais… de la géotechnique. Presque toujours
catastrophiques pour l’aval, les ruptures de barrages, heureusement assez rares, sont ainsi des
exemples particulièrement instructifs ; elles surviennent le plus souvent en périodes de temps
anormalement pluvieux quand arrive une grosse crue inattendue, alors que le plan d’eau de la
retenue est déjà à sa côte maximum et que l’évacuateur de crue se révèle insuffisant, ou bien
par désorganisation partielle ou totale des fondations due à des fuites dans des roches d’assise
perméables et sensibles à l’eau, en soumettant le contact barrage/terrain à la poussée
hydrostatique qui le claque et/ou en provoquant des renards qui le sapent. Mais on va voir que
si les causes géotechniques des catastrophes que produisent ces ruptures paraissent
déterminantes – ce sont elles que l’on décrit toujours -, ce sont les décisions et comportements
aberrants des décideurs, des constructeurs et/ou de ceux qui ont charge de l’entretien qui le sont
réellement, mais on évite généralement de les montrer.

I-4-b) Barrages en remblais

De la simple levée à la grande digue, les barrages en remblais, terre ou enrochements,


sont de très loin les plus anciens et les plus nombreux au monde ; adaptés à toutes sortes de
sites, ce sont en effet les plus simples et les moins onéreux à construire, en empilant des
matériaux locaux ; ce sont aussi les plus fragiles, car même protégés en surface, les matériaux
dont ils sont construits sont très sensibles à tous les effets de l’eau, imbibition, infiltration,
érosion… Il faut assurer la stabilité et l’imperméabilité du massif et de l’assise, le risque de
renards en cas de fuites, la défense contre les vagues en amont, contre l’érosion par la pluie en
aval…, mais surtout l’insubmersibilité, car un débordement est toujours fatal : il se crée
rapidement une brèche incontrôlable par laquelle s’engouffre toute l’eau de la retenue. Ils ne
sont devenus sûrs que dans les années trente, grâce aux études géomécaniques systématiques.

I-4-b) Barrage-poids

Les barrage-poids sont adaptés aux vallées modérément larges dont les versants rocheux
peuvent être plus ou moins profondément altérés, mais imperméables et indéformables aux
pressions relativement faibles qu’ils leurs transmettent, 20 bars au plus ; ils ont d’abord été
construits en maçonnerie, puis en béton coulé classique, plus récemment en béton corroyé, en
fait remblais de géo matériaux locaux traités au ciment. Peu affectés par les débordements, ils
peuvent être ruinés par la désorganisation partielle ou totale de leurs fondations due à des fuites,
claquage du contact barrage/terrain par la poussée hydrostatique, renards…

I-4-c) Barrages-voûtes

Les barrages-voûtes imposent des vallées étroites (largeur/hauteur < 3), des gorges dont
les versants raides, parfaitement stables naturellement, sont constitués de roches massives
d’excellente qualité, susceptibles de ne pas se déformer sensiblement sous la pression de leurs

24
fondations, plus de 30 bars pour les voûtes épaisses et jusqu’à 80 bars pour les voûtes minces ;
pour réduire cette pression, les semelles de répartition sont dangereuses car elles favorisent
l’effet hydrostatique, claquage et renard, en cas de fuites. Ces ouvrages et leurs assises se
déforment légèrement sous la pression de l’eau de la retenue ; il importe donc de contrôler
rigoureusement ces déformations pendant toute la durée de la mise en eau et jusqu’au
remplissage complet de la retenue pour vérifier qu’elles demeurent dans les limites acceptables
de l’élasticité linéaire.
Les fuites au large doivent être impérativement prévenues par des voiles d’injections
imperméabilisants, puis de façon analogue, celles susceptibles de se produire durant la vie de
l’ouvrage.

25
CHAPITRE II : LES OUVRAGES HYDRAULIQUES

II-1Généralités

II-1-a) Principaux ouvrages concernés

Les ouvrages hydrauliques concernés sont :


▪ réservoirs d’eau : château d’eau, réservoirs pour consommation humaine, réservoirs de
lutte contre l’incendie ;
▪ stations d’épuration ;
▪ ouvrages de prise et de vidange des ouvrages précédents ;
▪ canaux (autres que ceux affectés à la navigation) ;
▪ aqueducs ;
▪ stations de pompage, de relèvement, bâches, bassins tampons ;
▪ bassins et déversoirs d’orage sur réseau d’assainissement ;
▪ bassins de pollution et de rétention en site urbain ;
▪ piscines ;
▪ cuves à vin ;
▪ fosses à lisier.
▪ les ouvrages de stockage des hydrocarbures ou des produits chimiques ;
▪ les canalisations d’assainissement réalisées par préfabrication et marquées ;
▪ les silos.

II-1-b) Différents types d’ouvrages

On distingue :
– les réservoirs à parois planes ;
– les réservoirs à parois circulaires.

Les différents types de structures de réservoirs

Types Utilisations Avantages Inconvénients


Paroi plane Réservoirs Coffrage plus Calcul de dalles à
parallélépipédiques simple, chargement trapézoïdal avec
Piscines, etc. moins cher conditions d’encastrement
Ferraillage quadrillé variables
Paroi circulaire Réservoirs Calcul de révolution Coffrage courbe difficile
cylindriques plus simple Ferraillage avec espacement
Coupoles, voûtes, variable
canalisations, etc. Calcul délicat des
parois minces

II-2 Principales dispositions

II-2-a) Classement des ouvrages

L’objectif des utilisateurs de ces ouvrages est, en priorité, l’étanchéité. Il en résulte le


classement suivant selon le type de réalisation de l’étanchéité.

26
Les classes de réservoirs

Classe A Classe B Classe C Classe D


Ouvrage dont Ouvrage dont Ouvrage dont Ouvrage construit à
l’étanchéité est assurée l’étanchéité est l’étanchéité est l’aide d’éléments
par la structure elle- assurée par la assurée par un préfabriqués (les
même structure et revêtement dispositions
fc28 ≥ 25 MPa complétée par un d’étanchéité (les précédentes sont
fc28 ≥ 2,1 MPa
revêtement structures n’ayant applicables y
C > 350 kg/m3
Structure BA ou BP d’imperméabilisation qu’un rôle compris
avec éventuellement (écran intérieur mécanique) pour le traitement
incorporation adhérent mais ne Exemple : des joints de
d’hydrofuge de masse résistant pas à une revêtement construction).
ou de surface. fissuration de ce plastique,
dernier : mortiers élastoplastique
hydrauliques, appliqué à l’intérieur
hydrofuges, résines de la structure et
de synthèse non supportant de légères
armées). déformations et
fissurations du
support (membranes,
résines armées).
Note : Les fuites ne doivent pas dépasser 500 cm3 par jour et par mètre carré de paroi mouillée (en
dehors des variations de volume liées à l’évaporation) pour les ouvrages de classe A et 250 cm3 par
jour et mètre carré pour les autres. Pour les bassins non enterrés, on considère cette condition remplie
si l’on ne constate pas de fuite. Une simple tache n’est pas considérée comme une fuite.

II-2-b) Contraintes liées au contenu

❖ Contrainte d’alimentarité
« Les matériaux et revêtements utilisés pour la construction des ouvrages de traitement
ou de distribution d’eau destinée à la consommation humaine ne doivent pas être susceptibles
d’altérer la qualité de l’eau contenue. »
Les matériaux utilisés doivent avoir fait l’objet d’essais réalisés dans des laboratoires
agréés par le ministère de la Santé.
Les substances entrant dans la composition des matériaux et des revêtements doivent
être conformes à la réglementation générale sur « les matériaux au contact des aliments et
denrées destinés à l’alimentation humaine ».
Les matériaux organiques doivent également faire l’objet d’essais réalisés par les
laboratoires. Ce protocole précise en particulier les valeurs suivantes : des paramètres
organoleptiques et physico-chimiques ;
- des paramètres concernant les substances indésirables et toxiques (métaux lourds,
hydrocarbures aromatiques, solvants, etc.) ;
- des paramètres microbiologiques ;
- des concentrations en pesticides et produits apparentés.

❖ Contraintes liées à l’agressivité des eaux


Les produits et matériaux ne doivent pas entraîner une altération de la qualité chimique
de l’effluent ni être attaqués par le contenu.

27
Les normes permettent de tenir compte des agressivités ambiantes dans la composition
des bétons.
Nous allons préciser les principales prescriptions et analyser leurs implications en ce qui
concerne le béton des ouvrages de rétention.
- Domaine d’application : La présente norme s’applique au béton destiné aux structures
coulées en place, aux structures préfabriquées, aux éléments de structure préfabriqués
pour bâtiments et génie civil. Elle vise le béton fabriqué sur chantier, le béton prêt à
l’emploi et le béton fabriqué dans des usines de production de produits préfabriqués
(prédalles, poutrelles, poutres, etc.). Elle vise également les bétons lourds et légers. Elle
ne vise pas : les bétons aérés, les bétons caverneux, les bétons légers de masse inférieure
à 800kg/m3 et les bétons réfractaires.
- Principales définitions : béton à propriétés spécifiées (BPS : béton pour lequel les
propriétés requises sont spécifiées au producteur), béton à composition prescrite (BCP
: béton pour lequel la composition est spécifiée au producteur) et béton à composition
prescrite dans une norme (BCPN : béton dont la composition est définie dans une norme
applicable, là où le béton est utilisé.
- Classes d’exposition en fonction des actions dues à l’environnement :

Description de l’environnement Exemples informatifs illustrant le choix


des classes d’exposition
1. Aucun risque de corrosion ni d’attaque
Béton non armé et sans pièces métalliques
noyées : toutes les expositions sauf en cas de
gel/dégel, d’abrasion et d’attaques chimiques
Pour le béton armé ou avec des pièces Béton à l’intérieur de bâtiments où le taux
métalliques noyées : très sec d’humidité de l’air ambiant est très faible
2. Corrosion induite par carbonatation
Lorsque le béton contenant des armatures ou des pièces métalliques noyées est exposé à l’air
et à l’humidité, les différentes classes d’exposition sont classifiées ci-après.
Note : On entend par condition d’humidité celle du béton recouvrant les armatures ou les
pièces métalliques noyées, mais, dans de nombreux cas, cette humidité peut être considérée
comme le reflet de l’humidité ambiante. Dans ces cas-là, une classification fondée sur les
différents milieux ambiants peut être appropriée ; il peut ne pas en être de même s’il existe
une barrière entre le béton et son environnement.
Sec ou humide en permanence Béton à l’intérieur de bâtiments où le taux
d’humidité de l’air ambiant est faible
Béton submergé en permanence dans
de l’eau
Humide, rarement sec Béton à l’intérieur de bâtiments où le taux
d’humidité de l’air ambiant est moyen ou
élevé
Béton extérieur abrité de la pluie
Humidité modérée Béton à l’intérieur de bâtiments où le taux
d’humidité de l’air ambiant est moyen ou
élevé
Béton extérieur abrité de la pluie
Alternance d’humidité et de séchage Surfaces soumises au contact de l’eau
3. Corrosion induite par les chlorures, ayant une origine autre que marine
Lorsque le béton contenant des armatures ou des pièces métalliques noyées est soumis au
contact d’une eau ayant une origine autre que marine, contenant des chlorures.

28
Humidité modérée Surfaces de bétons exposées à des chlorures
transportés par voie aérienne
Description de l’environnement Exemples informatifs illustrant le choix
des classes d’exposition
Humide, rarement sec Piscines
Béton exposé à des eaux industrielles
contenant des chlorures
Alternance d’humidité et de séchage Éléments de ponts exposés à des projections
contenants des chlorures
Chaussées
Dalles de parc de stationnement de véhicules
4. Corrosion induite par les chlorures présents dans l’eau de mer
Lorsque le béton contenant une armature ou des pièces métalliques noyées est soumis au
contact des chlorures présents dans l’eau de mer ou à l’action de l’air véhiculant du sel marin,
les différentes classes d’exposition sont les suivantes.
Exposé à l’air véhiculant du sel marin, mais Structures sur ou à proximité d’une côte
pas en contact direct avec l’eau de mer
Immergé en permanence Éléments de structures marines
5. Attaques chimiques
Lorsque le béton est exposé aux attaques chimiques, se produisant dans les sols naturels, les
eaux de surface et les eaux souterraines. La classification de l’eau de mer dépend de la
localisation géographique, par conséquence la classification valide sur le lieu d’utilisation du
béton s’applique.
Note : Une étude particulière peut être nécessaire pour déterminer la classe d’exposition
adéquate dans les environnements tels que :
– contenant d’autres substances chimiques agressives ;
– sol ou eau pollués chimiquement ;
– présentant une vitesse d’écoulement de l’eau élevée, en combinaison avec certaines
substances chimiques.

- Produits améliorant l’imperméabilité de masse du béton : les adjuvants plastifiant, les


adjuvants super plastifiant haut réducteurs d’eau, les entraîneurs d’air, les accélérateurs
et retardateurs de prise, les hydrofuges de masse et les ultrafines. Remarque : La mise
en œuvre de plastifiant permettant d’améliorer la compacité du béton et ses
caractéristiques mécaniques reste la solution la plus efficace pour augmenter
l’imperméabilisation du béton.
- Les différentes techniques d’étanchéité des ouvrages hydrauliques :
• Ouvrages avec imperméabilisation de surface : le principe consiste à mise de
produit d’imprégnation lors de la mise en œuvre lorsque le béton de la structure
a effectué la majeure partie de son retrait. L’imprégnation reste en surface, la
pénétration est fonction de la porosité du béton et de la nature du produit. Le
principe est identique à celui des hydrofuges de masse pour certains produits, à
savoir la formation de cristaux insolubles qui obstruent le système capillaire,
pour d’autres produits, il s’agit de polymères s’appliquant au rouleau sur le béton
durci (principalement à base de silicone).
Les conditions de mise en œuvre porte sur la vérification de la qualité du support
: en fonction des prescriptions du cahier des charges approuvées ; de l’absence
de fissures ou traitement de ces dernières et de la présence de joints de structure.

29
Préparation du support consiste à la vérification de l’absence d’huile de
décoffrage ; de la suppression de la laitance de surface pour une meilleure
adhérence au support.
Application du produit se fait par pulvérisation jusqu’à saturation ; par dépôt à
l’aide d’un rouleau ou d’une brosse ou par injection sous pression.
• Ouvrages avec revêtement d’imperméabilisation à base de liants hydrauliques :
Il s’agit de mortier de ciment adjuvanté. On incorpore au ciment des résines ou
des hydrofuges qui permettent de s’opposer au passage de l’eau sous pression.
Ils peuvent être mis en œuvre sur support humide et s’affranchissent des
inégalités du support. Ils ne tolèrent pas la fissuration. Les adjuvants sont de la
famille des hydrofuges de masse ou des résines thermoplastiques (résines
miscibles).
On distingue :
– les revêtements épais (e > 25 mm) généralement confectionnés sur le chantier
;
– les revêtements minces (4 mm < e < 25 mm) prêts à l’emploi ;
– les revêtements pelliculaires.
Conditions de mise en œuvre
Vérification de la qualité du support :
– compatibilité avec les exigences du procédé ;
– traitement des joints et fissures selon le cahier des charges ;
– planéité : 7 mm sous la règle de 2 m ;
– traitement des arêtes (cassage des angles vifs), rendu rugueux de la paroi.
Application du produit :
– en 2 couches pour les revêtements épais avec une couche d’accrochage sur les
parois verticales ;
– en 1 couche d’accrochage et 1 couche d’imperméabilisation pour les
revêtements minces.
• Ouvrages avec revêtement d’imperméabilisation à base de polymères de
synthèse : Il s’agit principalement :
– de polymères thermodurcissables tels que résines époxydiques, polyuréthane,
polyester, époxy-uréthane, brai-époxy… ;
– de polymères thermoplastiques vinyliques.
Il convient de prendre garde à ce que la formulation prenne en compte les effets
de la température.
Certains produits semi-épais peuvent être armés. Ils peuvent admettre une
certaine fissuration du support mais restent sensibles aux agressions mécaniques.
Après préparation du support, le mélange est passé en deux couches minimum.
Une attention particulière sera prêtée à la siccité du support de façon à assurer
une bonne adhérence du produit sur le béton.
• Ouvrages avec revêtement d’étanchéité à base de membrane : Ces éléments se
présentent sous la forme :
– de feuilles bitumineuses ; liant bitume autour d’une armature en fibre non
tissée. Ces feuilles sont livrées en lés et peuvent être recouvertes de films
plastiques ou aluminium ;
– de membranes à base de hauts polymères ; feuilles souples réalisées avec des
résines.
Conditions de mise en œuvre
Vérification de la qualité du support : voir § précédent.
Application du produit :

30
– pour les feuilles bitumineuses, collage à froid ou soudure. La pose se fait en
une ou deux couches décalées. Elles sont mises en œuvre soit en adhérence au
support soit en indépendance ;
– pour les membranes, l’assemblage est réalisé par soudure ; la pose se fait en
adhérence par collage à froid par bandes ou en plein.

II-2-c) Actions à prendre en compte

Actions Nature Valeur Commentaire


Poids propre du génie civil
Poids propre des équipements
Poids des superstructures
Le retrait
Selon les
La précontrainte Actions favorables
spécifications des
Actions Le poids et la poussée des nulles
fabricants
permanentes terres Niveau des basses
Selon BAEL ou
Le poids et la pression de eaux
BPEL 99
l’eau extérieure
Les déplacements imposés
(par exemple, les tassements
différentiels)
Actions Poids et pression du liquide
variables contenu
Eau des ouvrages de
Les charges de neige et de
décantation :
vent
ρ = 1 010 daN/m3
Les charges d’exploitation
Eau relevage,
Les charges d’entretien Pour les réservoirs
prétraitement,
Les variations des hauteurs de sur-élevés, le site
épaississeur :
nappe n’est jamais
ρ = 1 050 daN/m3
Les charges sur terre-plein protégé
Eau des digesteurs :
Charges éventuelles en phase Crue décennale
ρ = 1 100 daN/m3
de construction Parking,
Selon les pièces du
Les variations de température stockage…
marché
Le gradient thermique à
2 kN/m2 : planchers,
travers la paroi
passerelles
Le gradient thermique entre
1 kN/m2 :
deux faces opposées de
couverture
l’ouvrage dû à un
ensoleillement.
Action Le séisme Selon les
accidentelles Les chocs, les avalanches prescriptions

II-2-d) Ouvrages en béton armé

Dispositions minimales

Types d’éléments de structure Disposition minimale à respecter


Parois : épaisseur minimale 0,15 m en classe A
0,12 m en classe B et C

31
0,15 m pour les ouvrages réalisés en coffrage glissant
Types d’éléments de structure Disposition minimale à respecter
2 nappes si l’épaisseur est supérieure à 0,15 m
1 nappe sinon
Pour les ouvrages circulaires à axe vertical, la nappe
intérieure ne comprend pas plus de la moitié des
armatures totales horizontales.
Parois : disposition des armatures
Le diamètre des armatures est supérieur à 8 mm et
inférieur à l’épaisseur divisée par 10.
Pour les parois en contact avec du liquide, l’espacement
des armatures est inférieur à 0,20 m et à 1,5 fois
l’épaisseur.
Le pourcentage des barres en recouvrement dans une
Parois : recouvrement des aciers même section doit être inférieur à :
dans une même section – 1/3 pour les sections tendues ;
– 1/2 dans les autres cas.
– 5 cm si brouillard salin, embruns, eau de mer ;
– 3 cm si les parements sont exposés aux intempéries,
Parois : enrobage des armatures
au contact avec un liquide, à la condensation, fonction
de l’agressivité du milieu.
As > 0,23 𝑓𝑡28 /fe en flexion simple
As > 𝑓𝑡28 /fe en traction simple
Parois : sections d’acier
De plus :
minimum (condition de non-
As > 0,125 % section de béton (pour les aciers HA)
fragilité)
As > 0,20 % section de béton (pour les aciers lisses)
As < 2 % section béton
En complément des dispositions précédentes, on a :
• épaisseur du radier supérieure à 0,10 m ;
• recouvrement des aciers en totalité dans la même
section si As
est déterminé par la condition de non-fragilité.
– Pour les radiers monolithes et solidaires des parois :
Radiers et fonds de réservoirs
• As > 0,25 % bd (pour les aciers HA) ;
reposant directement
• As > 0,40 % bd (pour les aciers lisses).
sur le sol
– Pour les radiers désolidarisés des parois (dallage) :
• As > 0,75 µgl/fe (équilibre de l’effet du retrait) ;
• g = poids propre du radier par unité de surface ;
• l = longueur entre joints ;
• μ = coefficient de frottement sol-béton (μ = 1,5 en
général, μ = 0,2 si film).

II-2-e) Ouvrages en béton précontraint

Dispositions constructives : dispositions minimale


Enrobage des aciers Il doit être supérieur :
– au diamètre de la gaine ;
– à 4 cm (ou 5 cm en atmosphère agressive) ;
et inférieur à 8 cm.
Armatures minimales As > 0,25 % de la section du béton.
verticales passives As > 1/4 de la section des cercles.

32
L’espacement doit être inférieur à 0,20 m.
Réservoirs circulaires à L’axe des câbles doit être situé dans le tiers extérieur de la
précontrainte interne paroi.
Prévoir 4 nervures d’ancrages minimum équidistantes sinon il
conviendra de vérifier l’ovalisation de l’ouvrage.

II-2-f) Dispositions particulières applicables aux fondations

Les dispositions applicables les prescriptions particulières suivantes.


Pour les fondations profondes des réservoirs surélevés, ainsi que pour les ouvrages au
contact du sol soumis à d’autres efforts que ceux de compression, les pieux doivent être armés
au pourcentage minimum suivant :
– pour des diamètres de pieux supérieurs à 0,80 m, As > 0,25 % de la section béton et 25 cm2 ;
– pour des diamètres de pieux inférieurs à 0,80 m, As > 0,5 % de la section béton.

II-2-g) Dispositions particulières applicables aux réservoirs surélevés

C’est le cas en particuliers des réservoirs sur tour.


Épaisseur ho > 0,12 m coffrage ordinaire
Coffrage
ho > 0,15 m coffrage glissant
As/bd Sens vertical Sens horizontal
Ferraillage Minimum 0,25 % 0,25 %
Maximum 2,00 % 1,25 %
∅ et espacement des armatures Voir règles BAEL 99 selon le type de fissuration
Les poteaux extérieurs sont à calculer en fissuration
Poteaux
préjudiciable ou très préjudiciable.

II-2-h) Dispositions particulières aux coupoles

Dispositions minimales applicables aux coupoles

Éléments d’appréciation Coupole de couverture Coupole de fond de réservoir


Flèche F ≥ D/10 F ≥ D/8
Épaisseur de la paroi Ho ≥ 8 cm Ho ≥ 15 cm
Contrainte de compression σb < (ho+0.55) fc28/3
du béton à l’ELS et
σb < 100ho/R(fc28)
(R = rayon de courbure
de la coupole)
Armatures : As/bd > 0,20% As/bd > 0,30 %
– pourcentage mini S < 0,20 m S < 0,20 m
– espacement maxi Φ < ho/10 Φ < ho/10
– diamètre maxi En 2 lits si ho ≥ 15 cm En 2 lits si ho ≥ 15 cm
– disposition

V-2-i) Application aux ouvrages circulaires et parallélépipédiques

De façon générale, la poussée de l’eau sur les parois d’un réservoir est assimilable à une
charge triangulaire répartie sur la hauteur de ces dernières. La poussée sera nulle en partie haute
de la paroi et maximale à sa base.

33
Le résultat est une charge ponctuelle située au tiers de la hauteur.
Il en résulte que le comportement d’un ouvrage circulaire et celui d’un ouvrage
parallélépipédique sont totalement différents.
Sur un ouvrage circulaire, la poussée de l’eau aura tendance à solliciter les parois de
telle façon que ces dernières résistent par tranches horizontales. Les armatures actives seront
donc disposées horizontalement et réparties éventuellement sur les deux faces de la paroi
conformément à ce qui a été vu précédemment.
L’ouvrage parallélépipédique, de par sa forme géométrique, aura un comportement
différent. La paroi devra résister au « basculement » provoqué par la poussée de l’eau, et donc
venir « s’encastrer » sur le radier (comme un mur de soutènement des terres).
Les armatures seront donc verticales et disposées, dans le cas de réservoir ouvert, sur la
paroi mouillée du réservoir.

34
CHAPITRE III : L’EXÉCUTION DES OUVRAGES

III-1 La période de préparation

Son rôle est la fourniture des documents nécessaires à la réalisation des travaux dans le
cadre du marché passé entre l’entreprise et le maître d’ouvrage.
Ces documents se composent généralement :
- des plans d’exécution, notes de calcul, fiches techniques, etc. ;
- du plan d’assurance qualité de l’entreprise avec mention des points de contrôle et des
points d’arrêt ;
- du planning de remise des documents et de la réalisation des ouvrages et de leur
réception ;
- des résultats de l’étude géotechnique d’exécution ;
- des compositions et des essais de convenance sur les bétons ;
- de la définition des matériaux et de leurs attestations de conformité.
Cette période peut être plus ou moins longue selon l’importance des travaux à réaliser.
Elle peut par exemple atteindre 6 mois pour 2 ans de réalisation.
Il s’agit d’une période-clef qui doit permettre d’appréhender la majorité des problèmes
de façon à éviter au maximum les « improvisations » lors de l’exécution des travaux.
Elle doit également définir :
➢ le circuit de validation des documents ;
➢ la traçabilité des avis et des documents validés.

III-2 L’implantation des ouvrages

Elle doit être réalisée par un géomètre agréé en fonction des plans approuvés par le
maître d’ouvrage et le maître d’œuvre.
Les prescriptions du permis de construire sont à respecter.
L’implantation des ouvrages doit en particulier tenir compte des exigences relatives aux
installations classées et à la sécurité des personnes.

III-3 Le terrassement et les fouilles

Ce type de travaux doit suivre les indications du CCTP (Cahiers de Clauses Techniques
Particuliers) et de l’étude géotechnique d’exécution. L’entreprise doit en particulier :
– prévoir tous les étaiements et blindages nécessaires ;
– assurer l’assèchement des fouilles ;
– ne pas utiliser d’engins susceptibles d’engendrer des contraintes sur les avoisinants
(vibrations, bruit, etc.) ;
– s’assurer que le fond de fouille sera apte à recevoir les ouvrages conformément à ce qui a été
prévu au niveau des plans.

VI-4 L’acceptation des sols de fondations

L’exécution des fondations superficielles et profondes est à réaliser selon les


prescriptions du fascicule 68 du CCTG « Exécution des travaux de fondation des ouvrages de
génie civil ».
Pour les fondations superficielles, l’acceptation des sols de fondations passe par la
vérification par le maître d’œuvre (et éventuellement le géotechnicien si cette prestation est

35
prévue dans le cadre de sa mission) de la conformité du terrain (nature et niveau) à l’étude
géotechnique d’exécution. Pour les fondations profondes, il y a préalablement la mise en œuvre
de pieux d’essais. Leur validation reste nécessaire pour la continuation des travaux. Nous
attirons l’attention sur la difficulté qu’il peut y avoir à armer partiellement ou sur toute leur
longueur des pieux du type foré à la tarière creuse. Pour pallier cette difficulté certaines sociétés
ont développé des brevets de pieux réalisés à partir de béton de fibre. Ces pieux font l’objet de
cahier des charges validé par un contrôleur technique.

III-4-a) Exemples de réalisation de fondations profondes et de rideaux


❖ Pieux forés à la tarière creuse
Cages d’armatures des pieux forés
(Les spires ne sont pas admises en zone sismiques)

❖ Parois moulées
La paroi moulée demeure le mode de réalisation privilégié des réservoirs enterrés.
Son rôle est double :
– Elle soutient les terres situées à l’extérieur de l’enceinte et peut également en milieu urbain
dense servir de « rideau » vis-à-vis des constructions avoisinantes. Il conviendra alors de
s’assurer que sa déformation maximale tant en phase provisoire que définitive ne dépasse pas
le centimètre.
– Elle sert d’enceinte étanche au sens d’un réservoir de catégorie A. Nous attirons cependant
votre attention sur le fait que l’état de finition des bétons de parement ne permet pas satisfaire
directement aux exigences du fascicule 74.
L’exécution d’une paroi moulée suit les phases suivantes :
✓ réalisation des murettes guides représentant l’alignement géométrique de la future paroi
et permettant de guider le terrassement de la fouille ;
✓ creusement de la fouille à la benne preneuse avec injection de boue de forage pour
assurer la stabilité des parois ;
✓ mise en œuvre des cages d’armatures dans la bentonite ;
✓ bétonnage du panneau.
On procède ainsi par panneaux primaires et secondaires alternés. La jonction des
panneaux est assurée par la mise en œuvre d’un joint monté sur glissière.

III-4-b) Exemples de réalisation de fondations mixtes (radier/pieux)


Il existe 2 dispositions possibles pour réaliser un radier sur
pieux :
– Relier les têtes de pieux entre elles par un réseau de
longrines qui servira de support au radier. Ce dernier est
alors calculé comme plancher classique.
– Poser directement le radier sur les pieux (radier-peigne).
L’ouvrage est à calculer comme un plancher-dalle ou
plancher-champignon.
Une attention particulière est à apporter à la zone du radier
située au droit des pieux. Une modélisation est
généralement
VI-5 nécessaire pour déterminer dedes
Le prédimensionnement façon précise
ouvrages Exemple de radier peigne
les efforts dans le radier.

36
III-5-a) Prédimensionnement rapide des réservoirs circulaires

La forme circulaire est intuitivement la forme la plus adaptée à la réalisation des


ouvrages de rétention du fait que la traction s’exerce principalement dans le sens des cerces.
Nous nous contenterons d’en présenter les principes et d’en fournir une application au
calcul rapide des réservoirs cylindriques suffisamment précis pour cette phase de
prédimensionnement.
L’ouvrage étudié reçoit ou non une coupole ou dalle de couverture, mais cette dernière
est désolidarisée des parois pour éviter la prise en compte des phénomènes de dilatation-retrait.
On considère les notations suivantes :
➢ H est la hauteur de la paroi ;
➢ h est la hauteur du liquide contenu dans le réservoir ;
➢ p est la composante normale de l’effort extérieur ;
➢ EI est le coefficient de rigidité de flexion de la paroi ;
➢ M est le moment fléchissant le long de la génératrice ;
➢ N est l’effort dans les cerces ;
➢ R est le rayon de la cuve ;
➢ V est l’effort tranchant ;
➢ e est l’épaisseur de la paroi ;
➢ e’ est l’épaisseur du radier.
Sous l’effet de la poussée du
liquide contenu dans le réservoir,
les parois ont tendance à se
déformer.
Cette déformation prend l’allure
d’un tronc de cône.
Chaque cerce se trouve soumise à
un effort de tension que l’on peut
mettre sous la forme :
p0 (h − x)
t(x) = p(x). R =
h. R
Il en résulte alors un allongement
dans les cerces :
Δl N t(x)
= =
l ES e. E
Le modèle considéré confère aux cerces (bandes horizontales) un travail en traction, et
aux bandes verticales un travail en flexion.
L’ensemble doit équilibrer la poussée du liquide.
L’équation qui définit la déformation de la paroi est du type :
M
y’’ =
EI
Soit dans le cas présent :
d4 y p(x)
4
+ 4 β2 y = −
dx EI
[3(1 – υ2)]1/4
où β =
(Re)1/2
La solution de l’équation est du type :

y = e–βx [A cos (βx) + B sin (βx)] + e–βx [A’ cos (βx) + B’ sin (βx)] + y0

37
Si l’on considère une section de voile prise dans une paroi de cuve de hauteur suffisante
(c'est-à-dire h > 7 (R. e)1/2 ), les effets de bord peuvent être considérés comme négligeables
et donc :

A’ = B’ = 0.

Les constantes sont définies par les conditions aux limites suivantes :

❖ La paroi est encastrée en pied sur le radier et libre en tête

En pied de paroi : la déformation est nulle, donc y(0) = 0


la rotation est nulle (encastrement), donc y’(o) = 0.
En tête de voile : le moment est nul, M(h) = 0
l’effort tranchant est nul, V(h) = 0.
En pied la paroi est soumise à un moment constant M0 .
La déformation vaut alors :

M0
y = [ e–βx [ cos (βx) – sin (βx)]]
2EI β2

❖ La paroi est articulée en pied et articulée en tête

En pied de paroi : la déformation est nulle, donc y(0) = 0


le moment est nul, donc y’’ (0) = 0
En tête de paroi : la déformation est nulle, donc y(h) = 0
le moment est nul, donc y’’(h) = 0.
Elle est soumise à sa jonction avec le radier à un effort tranchant T0 telle que
la déformation vaille dans ce cas :

T0
𝑦 =– [ e–βx [ cos (βx)]]
2EI β2

❖ La paroi est libre en pied et en tête

Dans ce cas seule la pression du liquide contenu agit sur la paroi supposée
fictivement isolée dans l’espace.

La déformation est alors donnée par :


p R2
y =–
Ee

Le calcul peut alors être mené de façon analytique ou en utilisant des abaques issues de
la littérature.
Nous attirons cependant votre attention sur les dispositions suivantes :
– L’utilisation des abaques ou le calcul théorique précédent ne tient pas compte de l’interaction
sol-structure en supposant un appui indéformable du radier. L’hypothèse d’un encastrement
parfait n’est valide que pour des radiers épais présentant une grande rigidité à la flexion, la paroi
mince est alors rigidement encastrée dans cette dalle.

38
– La majorité des ouvrages de réservoirs sont conçus sur des radiers « souples » et des sols
relativement déformables. De même si le sol est indéformable (rocher), la dalle se déforme sous
charge et modifie son contact avec le sol sur l’étendue d’une couronne aux bords circulaires.
C’est pour cette raison que l’on considère généralement un cas intermédiaire où la paroi
est encastrée élastiquement dans le radier.
Intuitivement, les conditions de l’encastrement élastique sont obtenues par combinaison
linéaire entre les cas extrêmes évoqués précédemment. Cette combinaison fait intervenir un
paramètre numérique qui dépend des valeurs relatives des rigidités à la flexion de la paroi et de
la dalle.
Il en résulte que pour les réservoirs cylindriques et à défaut de modélisation plus fine, la
solution la plus réaliste consiste à supposer que la liaison paroi-radier est une articulation (même
si dans les faits le rapport des raideurs ne permet pas de formuler une telle hypothèse, mais la
rotation possible de la base de la paroi sous tassement du sol crée une rotule plastique) et à
prolonger la section maximale des cerces jusqu’en pieds de la paroi.
La déformation finale est alors la somme des déformations unitaire précédentes :

M0 –βx
T0 –βx
p R2
y = [ e [ cos (βx) – sin (βx)]]– [ e [ cos (βx)]]–
2EI β2 2EI β2 Ee

La valeur de y permet de définir les autres grandeurs du torseur des sollicitations dans
la paroi, soit :

▪ Effort normal dans les cerces :

N = p0 R(h − x)– 2 T0 Rβ e–βx cos(βx) + 2 M0 R β2 e–βx [cos(βx) – sin(βx)]

▪ Moment fléchissant dans la paroi :

M = – T0 / β [e–βx sin (βx)] + M0 e–βx [cos (βx) + sin (βx)]

▪ Effort tranchant dans la paroi :

T = – T0 [e–βx [cos (βx) – sin (βx)] – 2 M0 β e–βx [ sin (βx)]

Les valeurs des moments d’encastrement M0 et d’effort tranchant T0 sont données par
les conditions d’appui du radier en bordure : une partie annulaire est soulevée par ce moment
d’encastrement sur une largeur b et d’autre part la plaque (radier) s’allonge radialement sous
l’effet de la poussée du liquide.

Le dimensionnement de la paroi du réservoir nécessite de connaitre les paramètres


suivants : M0 et N.

III-6 Les coffrages et les armatures

III-6-a) Coffrage

➢ Classement des parements


– ouvrages hydrauliques : parement soigné fin ;
– autres ouvrages : parement soignés simples.

39
Il est à noter que ces dispositions sont difficiles à respecter dans le cas de réservoirs en
parois moulées par exemple.
Le rabotage de la paroi est généralement insuffisant et l’exigence précédente ne pourra
être satisfaite qu’après mise en œuvre d’un traitement approprié du béton.

➢ Intérieur d’un bassin tampon


L’état de finition des poteaux ne respecte pas les exigences précédentes.

➢ État de surface des ouvrages hydrauliques


– uniforme et homogène sans nid de cailloux ;
– bullage maximal de 3 cm2 de surface et de 5 mm de profondeur ;
– étendue maximale du bullage : 25 % de la surface (10 % si finition peinture).
Ces éléments peuvent être aggravés par la présence d’un revêtement d’étanchéité.

Présence de nids de cailloux en partie basse du voile Bullage dépassant les tolérances

➢ La surveillance des travaux

Elle doit porter sur :


– la conformité aux plans (équarrissage
des éléments…) ;
– la propreté et l’aplomb des coffrages ;
– l’étanchéité, la sécurité de mise en
œuvre des banches ;
– la possibilité de bétonnage correct.

Ferraillage de radier
Le choix de la composition du béton et sa plasticité devront permettre le bétonnage
correct du radier en tenant compte de la forte densité d’armatures.

III-6-b) Armatures

La fourniture, le façonnage et la mise en œuvre doivent être conformes aux


prescriptions. Le calage des armatures doit respecter les valeurs prescrites par la norme.

40
❖ Traitement des reprises de bétonnage
Il existe différents procédés permettant de traiter avec plus ou moins d’efficacité les
reprises de coulage au niveau des parois hydrauliques des réservoirs.
On peut ainsi distinguer :
– les méthodes traditionnelles sans éléments rapportés consistant en une indentation des
parements (5 mm minimum) avec éventuellement une barbotine d’accrochage ;
– les méthodes par éléments rapportés tels que joints hydrogonflants, bande d’arrêt
d’eau, bande à coller…
Il est à noter cependant que cette dernière série demande une étude précise des coffrages.
Par exemple la mise en œuvre de joints hydrogonflants au niveau d’un ouvrage de rétention
d’effluents agressifs devra se faire entre le lit d’armatures et le parement intérieur du réservoir
de façon à éviter la corrosion des armatures, ce qui nécessite d’augmenter l’enrobage des aciers
de l’épaisseur du joint au minimum.
• Recouvrement des armatures longitudinales
Dans les zones critiques, les longueurs de recouvrement des armatures longitudinales
sont majorées de 50 % par rapport au BAEL.
Les armatures transversales dans la
longueur du recouvrement sont
telles que :
st ≤ min(h/4 ;100)
Ast = s(dbl/50)(fyld/fywd)
où : dbl = diamètre des armatures
en recouvrement ;
s espacement des armatures
transversales ;
fyld = limite d’élasticité des
armatures longitudinales ;
fywd = limite d’élasticité des
armatures transversales. Schéma de recouvrement des armatures longitudinales
• Recouvrement des armatures transversales
Détails des dispositions d’ancrage
des armatures

41
PARTIE II : Construction des ouvrages hydrauliques (Ouvrages en enrochement en
milieu aquatique)
Objectifs :
- Appréhender les considérations essentielles pour un projet d’ouvrage hydraulique en général et en
particulier d’ouvrage en enrochement en milieu aquatique.

Contenu :
• Conception des ouvrages (Définition des exigences, Considérations techniques, Considérations
économiques, Considérations environnementales, Considérations sociales…) ;
• Les matériaux de construction (Enrochement naturel, Enrochement artificiel, Matériaux
recyclés et secondaires, Gabions, Enrochement lié et Géotextiles…) ;
• Caractérisation du site et collectes des données (Considérations aux limites et collecte de
donnés, Reconnaissances géotechniques et collecte des données…) ;
• Phénomènes physiques et outils de dimensionnement ;
• Conception des ouvrages en mer (Digues à talus, Protection en enrochement des ouvrages
portuaires, Ouvrages de protection de littoral…) ;
• Conception des ouvrages de fermeture (Fermetures d’estuaires, Fermetures de rivières,
Barrages-réservoirs, Barrages à vannes, barrages fluviaux et barrages de dérivation) ;
• Conception des ouvrages en rivière et en canal (Aménagements fluviaux, Canaux de navigation
et d’adduction d’eau, Ouvrages construits dans les petites rivières, Ouvrages spéciaux…) ;
• Construction (Techniques de mise en œuvre, Techniques de levés et de mesures…) ;
• Surveillance, inspection, maintenance et réparation (Modes de gestion, Surveillance,
Maintenance, Réparation et Réhabilitation) ;

Références bibliographiques :
AIPCN (2007). L’inspection, l’entretien et la réparation des ouvrages maritimes exposés à des
dégradations dues aux eaux salées. Rapport du Marcom GT17, AIPCN, Bruxelles.
AIRH et AIPCN (1986). Paramètres des états de mer. Supplément du Bulletin n°52, Bruxelles, 25 pp.
BAEL 91 - Révisé 99 Fascicule 62 - Titre I - Section I - Règles techniques de conception et de calcul
des ouvrages en béton armé suivant la méthode des états limites.
BOUVARD, COLOMBET et ESTEULLE (1971).Ouvrages souterrains, Presses P.C, Paris.
CETE Méditerranée (2003). « Propagation des crues en rivière », 32 PP.
CETMEF (1978). Les études préalables aux aménagements portuaires, Compiègne.
CETMEF (2001). ROSA 2000. Recommandations pour le calcul aux états-limites des ouvrages en site
aquatique, Compiègne.
CETMEF (2009). Guide Enrochement, L’utilisation des enrochement dans les ouvrages hydrauliques,
Version française du Roch Manual (2e édition), Compiègne.
D. GAY (1997). Matériaux composites, Hermès, 4e éd.
EDF/LNH (1987). Le dimensionnement des digues à talus, Eyrolles Ed, Paris, 172 pp.
FAUCHARD, C et Meriaux, P (2004). Méthodes géophysiques et géotechniques pour le diagnostic
des digues de protection contre les crues. Cemagref editions, Paris.
G. JAMME (1974). – Travaux fluviaux – Eyrolles, Paris.
G. PHILIPPONNAT et B. HUBERT (1997). Fondations et ouvrages en terre, éditions Eyrolles.
LCPC (1989). Les enrochements. Ministère de l’Equipement. LCPC, Paris. 106 pp.
MALLET et PACQUANT (1951). – Les barrages en terre – Ed. Eyrolles, Paris.
Olivier, H et CARLIER, M (1986). « Maîtrise de la rivière pendant la construction du barrage ».
Bulletin, n° 48a, ICOLD/CIGB, Paris.
P. GALABRU (1971). – Traité des procédés généraux de construction (3 tomes) – Ed. Eyrolles, Paris.
SOGREAH (2000). Spécifications techniques pour la fabrication et le placement des blocs
ACCROPODE, Folder, Département Ingénierie Portuaire et Littoral, Grenoble, France.

INTRODUCTION

42
0.1.Organisation du cours
Cette organisation présente les chapitres de ce cours. Elle est reproduite au début de
chaque chapitre et développé pour montrer en détail le contenu du chapitre en question.
0.1.a) Conception des ouvrages
Elle donne les considérations essentielles pour un projet d’ouvrage en général et en
particulier d’ouvrage en enrochement en milieu aquatique.
0.1.b) Les matériaux de construction
On discutera des différentes problématiques relatives à la sélection des matériaux
naturels ou certaines alternatives comme les blocs artificiels en béton. On traitera des
reconnaissances et de l’évaluation du gisement, des propriétés, de la prédiction des
performances, de la production et de la logistique des opérations en carrière. On décrira les
différentes méthodes d’essais permettant de vérifier les propriétés des enrochements et fait
références aux exigences.
0.1.c) Les caractéristiques du site et collecte des données
Cette partie résume les méthodes de collecte de données et leur exploitation pour obtenir
les conditions hydrauliques et géotechniques.
0.1.d) Les phénomènes physique et outils de dimensionnement
Nous présenterons les méthodes et les équations de dimensionnement des ouvrages et
des ouvrages en enrochement en milieux marin et fluvial. Cette partie couvre la performance
hydraulique et la stabilité de l’ouvrage ainsi que son comportement géotechnique. Les donnés
d’entrée sont les paramètres hydrauliques et géotechnique déterminés précédemment et les
caractéristiques des matériaux déterminés.
0.1.e) La conception des ouvrages à la mer
Des exemples ouvrages en enrochement en milieu marin, côtier ou portuaire sont
montrés sur les figures suivantes. Les recommandations de conception de ces ouvrages seront
données dans ce chapitre.

Figure 0.1 : Digue à talus en enrochement Figure 0.2 : Construction d’une digue à
naturel (source : B.Wegner, USAGE talus composée d’une carapace en bocs de
béton (source : CUR)

43
Figure 0.3 : Digue d’enclôture pour futur Figure 0.4 : Protection en enrochement
terre-plein (source : E.Nutall) d’ouvrage portuaire (source : E.Nutall)

Figure 0.5 : Revêtement en enrochement Figure 0.6 : Protection anti-affouillement de


(source : HR Wallingford) haut de plage (source : C.Orbell-Durrant)

0.1.f) La conception des ouvrages de fermeture


Différents types d’ouvrages de fermeture sont montrés sur les figures ci-dessous. Les
recommandations de conception de ces ouvrages sont données.

Figure 0.7 : Barrage-réservoir Figure 0.8 : Seuil (source : A.Pepper)


(source : KOWAGO)

0.1.g) La conception des ouvrages en rivière et en canal


44
Les ouvrages en rivière et en canal sont montrés sur les figures ci-dessous. Les
recommandations de conception de ces ouvrages seront données.

Figure 0.9 : Revêtement en enrochement Figure 0.10 : Protection en enrochement d’un


en construction sur un géotextile émissaire d’évacuation (source : C. Richard)
(source : M. MacDonald)

Figure 0.11 : Epis (source : CUR) Figure 0.12 : Digue longitudinale en gabion
(source : M. MacDonald)

0.1.h) La construction des ouvrages


Elle couvre les équipements communément utilisés pour la mise en œuvre et le transport,
les spécificités liées au site et à sa localisation (incluant la préparation du chantier), le contrôle
qualité dans las ouvrages (incluant les techniques de contrôle et de mesure, le placement et la
densité de pose), les risques, l’hygiène et la sécurité sur le chantier. Les méthodes de
construction des ouvrages les plus fréquents en milieu aquatique sont décrits.

0.1.i) Surveillance, inspection, maintenance et réparation


Cette partie couvre les techniques de surveillance, l’évaluation des performances d’un
ouvrage, et les méthodes de réparation.

0.2.Quelques définitions

45
Affouillement : Érosion du fond ou du lit sous l’effet des forces de cisaillement induites
par les courants ou les vagues.
Brise-lames : Digue sans connexion à la côte, en générale parallèle à la côte.
Canal : Voie d’eau artificielle, généralement de section trapézoïdale, à l’écoulement
lent.
Carapace : Couche externe, formée des matériaux les plus gros et/ou les plus durables,
pour la protection des talus contre la houle ou des berges.
Digue : Ouvrage s’avançant dans la mer de manière à créer une zone à l’abri des vagues
et des courants pour les bateaux, à prévenir l’envasement du chenal de navigation et à protéger
les zones côtières.
Enrochement naturel : Matériau granulaire, naturel, utilisé dans les ouvrages
hydrauliques et d’autres types d’ouvrages de génie civil (à l’exclusion du tout-venant).
Épi (en côtier) : Ouvrage généralement perpendiculaire au littoral, construit dans le but
de contrôler le transit littoral.
Épi (en fluvial) : Ouvrage perpendiculaire aux berges d’une rivière et rattaché à celles-
ci, conçu pour protéger les berges ou pour fournir une profondeur d’eau suffisante à la
navigation.
Érosion : Processus par lequel les particules sont emportées sous l’effet du vent, des
courants ou des vagues.
Fermeture en enrochement : Ouvrage conçu pour arrêter l’écoulement de l’eau,
composé d’enrochements libres (généralement déversés sur place) et caractérisé par un
écoulement important en phase finale de construction totale.
Gabion : Nom générique pour un système de protection de berge composé d’une cage
en grillage métallique ou en treillis métallique ou polymère remplie de petits enrochements. Ce
type couvre aussi les boîtes de gabions, les matelas de gabion et les sacs de gabions.
Granulométrie, blocométrie : Distribution des tailles et des masses d’une population
d’enrochement, définie par des limites nominales et extrêmes. On distingue les enrochements
dits « petits » pour lesquels la distribution est exprimée en taille (granulométrie) et les
enrochements « moyens » et « gros » pour lesquels la distribution est exprimée en masse
(blocométrie).
Houle : Vagues levées par le vent qui se sont propagées au-delà de leur surface de
génération.
Littoral : Caractérise une zone qui se trouve en bordure de mer.
Protection des talus : Dispositif qui permet de lutter contre l’action des vagues ou
l’érosion des talus ou sur le fond de la mer adjacent.
Seuil : Ouvrage immergé barrant une voie d’eau pour en contrôler le niveau amont.
Talus : Pente inclinée d’une tranchée, d’un canal ou d’une digue.
0.3.Catégories d’ouvrages étudiés

46
Types d’ouvrages Description Fonctions
Digue à talus Ouvrage à talus s’avançant Abrite les navires et les ouvrages
dans la mer, composé contre la houle et les courants
d’enrochements naturels de Prévient l’envasement des
différentes blocomètries, chenaux d’accès
protégés par une carapace en
gros enrochement naturel ou
des blocs artificiels
Protection en enrochement des Généralement protection en Apporte une protection contre les
ouvrages portuaires enrochement situé au pied vagues induites par la navigation
des quais verticaux ou sur les
talus des quais sur pieux
Revêtement Ouvrage de protection Protège le littoral contre l’érosion
normalement placé sur un Protège les zones inondables des
talus à protéger, pour former inondations
un ouvrage de défense
Ouvrage de défense (butée de Risberme en enrochement en Protège de l’affouillement
pied) pied d’ouvrage,
généralement mis en œuvre
auprès d’ouvrages existants
ayant des problèmes
d’affouillements
Epi ou cap artificiel Ouvrage en enrochement Intercepte et piège les sédiments
généralement construit sur
une plage
perpendiculairement au trait
de côte
Brise-lames Ouvrage en enrochement Intercepte et stabilise les
généralement construit sédiments
parallèlement au rivage, mais
non connecté à la côte
Seuil ou digue immergée Ouvrage en enrochement Piège et retient les sédiments
généralement construit dans une position élevée
parallèle à la côte au pied (soutient la plage)
d’une plage
Protection de conduites et Couche d’enrochement Assure la stabilité de la conduite
câblage disposée sur le fond marin ou Protège contre les impacts, par
en remblaiement d’une exemple des ancres et matériels
tranchée de pêche
Protection anti-affouillement des Protection en enrochement Protège l’ouvrage de
ouvrages élancés autour de la base de l’affouillement
l’ouvrage
Protection anti-affouillement Protection en enrochement Protège l’ouvrage de
d’ouvrages importants (ouvrage en pied d’ouvrage l’affouillement
poids en béton)
Fermeture d’estuaire Barrage construit où les Utilisé pour le contrôle des crues
niveaux d’eaux et les et submersion marine,
courants sont régis par la poldérisation, création d’un
marée ; dans la plupart des réservoir d’eau douce, création
cas l’ouvrage de fermeture d’énergie marémotrice, ou

47
est incorporé dans le barrage création d’une connexion routière
final de l’estuaire ou ferroviaire
Coupure de rivière Ouvrage en rivière composé Dérivé une rivière (déviation
de barrages visant à temporaire ou permanente), par
détourner ou stocker exemple pour la régulation de la
temporairement un débit rivière, pour un ouvrage
provisoire, pour l’irrigation ou
pour le contrôle du niveau d’eau
pour la navigation
Protection en enrochement des Carapace en enrochement de La protection en enrochement
barrages-réservoirs protection des talus avals et prévient l’érosion du noyau du
amont, des déversoirs ou barrage qui peut être
dans les fiches du système de partiellement construit en
drainage. Le barrage peut enrochement, ainsi que des
quelquefois être fait vagues créées sur le plan d’eau
entièrement d’enrochement

Protection en enrochement des Ouvrage bas par rapport au Protège les zones à l’aval de ces
barrages, seuils, déversoirs, niveau d’eau conçu pour un ouvrages, contre les écoulements
etc… écoulement traversant ou internes et les débordements
déversant une grande partie
du temps
Protection de berges Revêtement en enrochement Protège les berges de l’érosion
ou en gabion mis en place sur Contrôle le tracé de la rivière,
les berges empêchant l’attaque des ouvrages
adjacents
Épi Petit remblai protégé par de Contrôle la position du lit mineur
l’enrochement, généralement Réduit la section pour contrôler
perpendiculaire aux berges le niveau d’eau
Éloigne les courants des berges
Digue longitudinale Ouvrage linéaire protégé par Protège les berges de l’érosion
des enrochements, Contrôle l’écoulement et le tracé
généralement parallèle aux de la rivière, en empêchant
berges l’attaque des ouvrages adjacents
Protection de lit Tapis de protection en Lutte contre l’affouillement du
enrochement ou en gabion du lit, comprenant aussi celui créé
lit de la rivière par la navigation
Passe à poissons Chenal pouvant être Fournit un passage franchissable
recouvert d’enrochement par les poissons au niveau d’un
ouvrage obstruant la rivière.
L’enrochement sert de protection
anti-affouillement
Protection anti-affouillement des Risberme ou protection du lit Protège le lit de l’affouillement
ponts autour de la base des piles de autour des piles de pont
pont

CHAPITRE I : CONCEPTION DES OUVRAGES


48
I.1 Définition des exigences
I.1.1 Le processus de conception
a) Les phases de la vie des ouvrages
Pendant la vie de tout ouvrage, plusieurs phases caractéristiques existent, à savoir :
➢ Le programme de l’aménagement ;
➢ Les études de définition ou d’esquisse ;
➢ Les études d’avant-projet (avant-projet sommaire puis définitif) ;
➢ Les études de projet ;
➢ Les études d’exécution, incluant les plans d’exécution et la préparation du chantier ;
➢ L’exploitation, incluant la surveillance, la maintenance, la réparation et la réhabilitation,
si nécessaire ;
➢ Le déclassement, incluant l’enlèvement le cas échéant.
Tout projet commence avec un besoin : un désir, une nécessité ou un manquant – un
défaut d’abri dans un port, par exemple. La phase de définition du programme de
l’aménagement définit le besoin en posant les objectifs de l’aménagement, particulièrement
suivant les aspirations du maître d’ouvrage. Ces objectifs vont présenter des exigences et des
limitations. Des objectifs clairs permettront l’établissement de la solution technique appropriée
qui répond au besoin identifié.
Au stade des études de définition, des solutions sont généralement esquissés, telles que
les principaux types d’ouvrages et leur localisation, souvent pour évaluer la faisabilité et
l’aménagement. La principale activité à ce niveau consiste à identifier les fonctions, les
contraintes et les informations requises pour poursuivre le processus de conception. Les facteurs
à considérer peuvent comprendre les autorisations et les données sur les conditions de site qui
sont requises pour que l’étape suivante du projet puisse commencer.
Au moment des études d’avant-projet, beaucoup des activités de reconnaissances et
d’études doivent être menées, incluant l’étude du climat de houle ou des régimes courants,
l’évaluation de l’environnement de l’analyse financière. Il est important de porter un intérêt
particulier à la faisabilité technique. La conception peut être développée jusqu’à la
quantification des principales dimensions de l’ouvrage, telles que des coupes et des vues en
plan ainsi que l’identification des principaux matériaux. A ce stade des études, un certain
nombre de variantes peuvent être développées afin de les évaluer. L’évaluation doit considérer
des facteurs tels que :
✓ La faisabilité de l’option (incluant la construction) ;
✓ L’atteinte de critères politiques, sociaux et législatifs ;
✓ Les impacts environnementaux et la réutilisation optimale des ressources ;
✓ Le coût global de l’aménagement au cours de son cycle de vie ;
✓ L’identification des risques (techniques, économiques et environnementaux) ;
✓ La complexité de gestion et de maintenance de l’ouvrage.
Une fois que les différents critères ont été satisfaits, les études de projet doivent conduire
à la conception de tous les éléments structurels, en utilisant des reconnaissances in situ et des
données physiques et techniques supplémentaires, pour produire les plans, les cahiers de
charges et les détails estimatifs. Il peut être nécessaire de travailler sur le projet avec d’autres

49
parties telles que les autorités environnementales et d’aménagement, avant que les autorisations
des constructions soient obtenues.
Pendant les études d’exécution, des plans d’exécution sont produits et des
modifications supplémentaires au projet peuvent être nécessaires, résultat de difficultés sur le
site tel que des conditions de sol non prévues ou de changements dans les approches de
construction. Quand ceci se produit, le maître d’œuvre doit s’assurer que les principes de
conception sont totalement compris et que les changements dans la conception ne
compromettant aucun autre aspect de la performance de l’ouvrage.
Lors de l’exploitation, la performance continue de l’ouvrage est vérifiée par la mise en
œuvre d’un programme de surveillance et de maintenance. Celui-ci peut conduire à identifier
des besoins en travaux de réparation. Un changement d’utilisation de l’aménagement peut
conduire à des travaux de modification ou d’amélioration, nécessaires pour assurer que
l’ouvrage fournit les performances attendues. Ces changements doivent être effectués avec une
bonne compréhension des choix initiaux de conception et leurs conséquences doivent être
complètement déterminées.
Si l’ouvrage doit être enlevé, il est important d’en comprendre la conception initiale
ainsi que les modifications postérieures pour permettre son déclassement avec le minimum de
risques d’hygiène et de sécurité, et aussi pour comprendre les impacts environnementaux
associés.
b) Les facteurs à considérer pour une conception intégrée
Tous les ouvrages sont conçus pour remplir un ou plusieurs objectifs spécifiques, les
exigences fonctionnelles, exprimées parfois sous forme d’exigences de performance. En
plus de celle-ci, il faut aborder d’autres considérations, qui peuvent imposer des contraintes de
conception supplémentaires. Celles-ci peuvent être classées comme suit :

❖ des considérations techniques : les conditions de site, la technique, la construction, la


maintenance ;
❖ des considérations économiques ; le coût de l’investissement et de la maintenance, les
bénéfices, le coût global sur la durée de vie ;
❖ des considérations sociales : les impacts sur l’environnement socio-économique
comprenant la main-œuvre, les parties concernées, le grand public, etc.

Ces considérations et les principaux facteurs associés sont présentés ci-dessous.

Tableau I.1 : Considérations pour la programmation et la conception de l’aménagement


Aspect Considérations
- Exigences fonctionnelles à atteindre
Considérations techniques

- Stabilité de la structure acceptable et risque de rupture


résiduel (facteurs de sécurité et choix des situations de
dimensionnement)
Exigences fonctionnelles
- Variations de la probabilité de rupture acceptable dans le
(performance)
temps
- Adaptation (modification de l’utilisation de l’ouvrage
dans le temps)
- Exigences d’hygiène et de sécurité en phase de service
Conditions physiques - Conditions de sol (géotechnique)
50
- Topographie
- Forces hydrauliques – houle, courants, niveaux d’eau,
écoulements, glace
- Changements morphologiques
- Mouvement et transport sédimentaire
- Incertitudes sur les conditions de site
- Propriétés des matériaux
- Précision des informations de dimensionnement, des
paramètres et domaine de validité des méthodes
analytiques
Données techniques
- Méthodes spécifiques au dimensionnement de certains
types d’ouvrages
- Nature de la rupture (progressive ou instantanée,
complète ou partielle)
- constructibilité
- Expériences de l’entreprise et moyens disponibles
- Problématiques d’hygiène et de sécurité
- Conditions pendant la construction
Construction
- Accessibilité au chantier pour les engins ou équipements
- Propriétés et qualité des matériaux de construction
- Disponibilité de matériaux alternatifs (gisements)
- Zones dédiées au stockage des matériaux ou aux travaux
- Etablissement de variantes
- Ratio bénéfice/coût (équilibre entre la réalisation
complète ou partielle des exigences fonctionnelles pour
Maintenance un coût supérieur ou inférieur)
- Risque acceptable pour l’ouvrage en service
- Contraintes sur les coûts d’investissement
- Coût de maintenance envisageable
- Etablissement de variantes
- Ratio bénéfice/coût (équilibre entre la réalisation
complète ou partielle des exigences fonctionnelles pour
Economie un coût supérieur ou inférieur)
- Risque acceptable pour l’ouvrage en service
- Contraintes sur les coûts d’investissement
- Coût de maintenance envisageable
- Intégration des exigences environnementales
- Préservation des ressources (eau, roche, etc.)
- Impacts environnementaux potentiels lors de la
construction
Environnement - Risque de vandalisme
- Bénéfices environnementaux potentiels de
l’aménagement
- Impacts morphologiques et sédimentologiques
- Acceptabilité de l’apparence de l’aménagement
- Hygiène et sécurité
Considérations sociales - En construction et en service
- Participation des parties concernées
I.1.2 Les connaissances requises pour la conception
51
a) Les informations nécessaires

Les informations liées à la compréhension du problème et/ou des contraintes de


l’aménagement sont en général fournies par le maître d’ouvrage et les autorités compétentes en
matière d’aménagement ou de réglementation. Les informations sont souvent très spécifiques
au type d’aménagement et à son lieu d’implantation. En ce qui concerne la fonction et
l’utilisation envisagée de l’ouvrage, les informations peuvent être initialement définies dans les
grandes lignes. Les détails des attentes sur la performance et les contraintes, qui peuvent ne pas
être déterminées au début des études, peuvent être définis plus en détail par le concepteur et
proposés pour acceptation au maître d’ouvrage.

b) Les exigences fonctionnelles

Pour tout projet, il est important d’avoir une compréhension complète des fonctions que
doit remplir l’ouvrage, les problèmes particuliers qu’il est nécessaire de résoudre et des
exigences de la solution. Les attentes vis-à-vis de la performance doivent être clairement
définies dès le début en collaboration avec le maître d’ouvrage et l’exploitant, car des problèmes
peuvent apparaître lors de la conception si chaque partie a des attentes différentes. Avant de
s’attaquer au dimensionnement, à la maintenance ou à la réhabilitation d’un ouvrage, les
questions suivantes doivent être posées :

o quel est le but de la conception ou de la maintenance de l’ouvrage ?


o quelles sont les exigences concernant la performance pour la conception ?

Bien que ces questions paraissent évidentes, elles ne sont pas toujours résolues. Il est
généralement recommandé de produire une série d’exigences fonctionnelles pour l’ouvrage qui
peuvent être acceptées et utilisées comme critères de dimensionnement.

I.2 Les considérations techniques

I.2.1 La conception de l’ouvrage

a) Les éléments des ouvrages

Un ouvrage comprend différents éléments, chacun ayant une fonction critique associée
à la performance de l’ensemble de l’ouvrage et un rôle particulier au sein de l’ouvrage. Les
éléments les plus critiques d’un ouvrage sont généralement une carapace (qui doit être stable),
une fondation (solide pour minimiser les tassements) et une protection de pied (pour éviter
l’affouillement). Pour tous les ouvrages, il est nécessaire de comprendre la fonction de chaque
élément et son importance dans la conception de l’ensemble. Il est à noter que tous les ouvrages
ne nécessitent pas tous les éléments pour fonctionner correctement.

b) Les actions appliquées à l’ouvrage

Lors du dimensionnement d’un ouvrage il est important de déterminer quels sont les cas
de chargement (intensité et durée) appliqués à chaque élément de l’ouvrage.

52
I.2.2 Le dimensionnement de l’ouvrage

a) Le processus de dimensionnement

Après avoir choisi une ou plusieurs solutions qui répondent aux exigences
fonctionnelles, la phase suivante s’intéresse au dimensionnement et aux détails de l’ouvrage.
La phase de dimensionnement consiste en une série de calculs, voire d’essais sur modèles
réduits, pour vérifier ou ajuster si nécessaire tous les détails de l’ouvrage et de sa construction.
C’est souvent un processus itératif qui commence par le développement et l’analyse des
différentes options envisagées aux études d’avant-projet et qui permet de choisir l’option
préférée. Au stade des études de projet, celle-ci sera détaillée, et de nouvelles variantes peuvent
émerger lors de la recherche du meilleur équilibre entre le coût total et l’efficacité fonctionnelle.
A ce stade, les variantes sont généralement des variations mineures par rapport à l’option
choisie.

Lors des études d’avant-projet, les différentes variantes doivent être étudiées. Des
méthodes simples peuvent être utilisées pour développer ces solutions préliminaires mais une
approche approfondie est nécessaire pour les études de projet. Les outils hydrauliques et
géotechniques utilisés pour vérifier et ajuster les performances hydrauliques et géotechniques
devraient être une combinaison de modèles théoriques et empiriques établis, associée à des
modèles numériques voire physiques quand c’est nécessaire.

L’objectif des calculs et des modèles physiques est d’assurer que l’ouvrage dimensionné
répondra aux exigences fonctionnelles pour son environnement et les conditions aux limites
spécifiques. Toutes les conditions aux limites disponibles doivent être intégrées, en particulier
tous les détails sur les conditions de site.

b) Les approches de dimensionnement

Une conception technique saine est essentielle pour s’assurer que le niveau de stabilité
et de protection de chaque partie de l’ouvrage est conforme aux prescriptions. Les risques
principaux sont soit un sous-dimensionnement, conduisant à une rupture potentielle, ou un
surdimensionnement, conduisant à une sécurité certaine mais aussi à un ouvrage probablement
plus coûteux et plus efficace que nécessaire.

I.3 Les considérations économiques

Il est essentiel d’avoir une bonne compréhension du coût de l’ouvrage au cours de son
cycle de vie. Diverses méthodes et exigences existent pour déterminer les coûts, souvent
spécifiques à un pays ou à la fonction de l’ouvrage.

I.4 Les considérations sociales

Les travaux d’aménagement sont en général réalisés au bénéfice de la société. Les


aspects sociaux qu’il nécessite de considérer pendant la phase projet sont les suivants :
▪ l’hygiène et la sécurité ;

53
▪ les impacts sociaux de la construction et de l’exploitation de l’aménagement ;
▪ l’implication des parties concernées.

I.4.1 L’hygiène et la sécurité


Les risques potentiels pour la sécurité dans un environnement dynamique incluant les
changements dans les conditions de sol (au fond de la rivière ou de la mer par exemple). Les
accès et la zone de chantier. La planification du chantier et la conception de l’ouvrage doivent
avoir pour ut d’éviter ces dangers. La protection des personnels est une exigence fondamentale.
Le maître d’œuvre doit s’interroger sur la méthode de construction de l’ouvrage, afin de
s’assurer que le dimensionnement permet d’adopter des opérations de construction sûres.

I.4.2 La construction
Les travaux de construction peuvent perturber et gêner les riverains. Les contraintes et
les opportunités doivent être déterminées en associant le public et identifiées dès la phase projet.
Lorsque cela est possible, les contraintes doivent être surmontées dès la phase de conception.
Les points à résoudre sont les suivants :
✓ les opportunités d’emplois locaux ;
✓ les plans d’accès au chantier ;
✓ des heures de travail réduites ;
✓ les méthodes de construction spécifiques ;
✓ l’accès du public sur et autour des ouvrages ;
✓ la valeur esthétique ou d’agrément potentiel (par exemple : pêche à la ligne ou accès au
bord de mer).

I.4.3 L’engagement des parties concernées


Lorsque les parties concernées sont consultées dès le début, une conception plus
acceptée peut être produite et des problèmes évités. Il peut y avoir une grande différence entre
ce que le concepteur conçoit comme étant un problème et la perception des parties concernées.
Dans de nombreux cas, la prise en compte des besoins locaux a un impact faible sur le coût ou
la construction de l’ouvrage, mais peut améliorer la qualité de service de l’ouvrage.
L’engagement dès le début des parties concernées aide à informer les personnes affectées par
le processus technique sur les motivations et les raisons techniques qui conduisent à certaines
décisions, par exemple. Cette compréhension peut résulter en une acceptation des méthodes de
construction choisies malgré les perturbations à court terme.

Dans certaines parties du monde, l’utilisation de matériaux locaux et de main-œuvre


locale apporte des bénéfices importants pour la population en termes de revenus et d’emplois.
Des conceptions différentes peuvent être à prévoir dans ces circonstances.

CHAPITRE II : MATÉRIAUX DE CONSTRUCTION

54
II.1 Introduction
Les principaux aspects à prendre en compte lors d’un projet de construction sont :
o l’échelle de l’ouvrage et la disponibilité ;
o la qualité et la manipulation des matériaux.
Les projets de grande envergure qui nécessitent l’ouverture d’une carrière sont
généralement très différents des projets de taille plus réduite entrepris dans les régions où de
nombreuses sources de matériaux granulaires (granulats ou agrégats) et d’enrochement (blocs
rocheux) sont déjà établies. La disponibilité et la qualité des matériaux doivent être déterminées
tôt dans le projet car les coûts de production et de transport des matériaux sont importants à
prendre en compte lors du choix d’une solution de dimensionnement. De même, les méthodes
d’exécution envisageables et les équipements disponibles associés à un choix de matériaux
donnés sont susceptibles d’influencer le choix de la solution. Dans certains cas, la disponibilité
de la main-d’œuvre locale peut favoriser l’utilisation du matériau local, qui sera produit et mis
en œuvre à la main.

II.2 Considérations pour la conception

Les matériaux doivent être considérés de manière logique, progressive et globale au


moment des études de définition. Cela implique parfois une ou plusieurs évaluations, en
parallèle, des sources de matériaux disponibles, des spécifications, des conditions du site et des
moyens de transport existants. Après qu’un dimensionnement détaillé a été soumis, l’entreprise
détermine la meilleure solution en termes de source d’approvisionnement en matériaux, de
mode de transport, de méthode de construction, ainsi que le coût total.

II.2.1 Échelle du projet


L’importance d’un projet est généralement liée aux coûts d’investissement et/ou à sa
difficulté à sa difficulté technique. Toutefois pour les besoins du présent guide, une échelle de
projet est définie en termes de qualité de matériaux, notamment d’agrégats (sables, graviers,
moellons, blocs rocheux). On distingue ainsi trois échelles différentes :
- petite – projet local : 50 000 tonnes d’agrégats, par exemple ;
- moyenne – projet régional de 50 000 à 500 000 tonnes d’agrégats par exemple ;
- grande – projet national/international : 500 000 tonnes d’agrégats, par exemple.

Pour tout projet d’ouvrage, l’importance est généralement exprimée soit en termes de
tonnages total d’agrégats (fonction de la taille de l’ouvrage et/ou de profondeur d’eau), soit en
termes de coûts. Il est parfois possible de comparer directement les coûts avec les données
relatives à des projets comparables récents. Pour davantage de précision, le tonnage peut
souvent être estimé à partir d’approximations, initialement collectées sur site et de volumes
simplement estimé à partir de coupes et dimensions caractéristiques provenant de projets
similaires.
Les projets de petite et de moyenne échelle dépendent surtout des sources d’agrégats
déjà en activités telles les carrières de granulats. Les projets de réparation et de requalification
sont souvent de taille réduite. Plus l’échelle du projet augmente, plus il est important de localiser
une nouvelle source acceptable de matériaux visant à minimiser la distance au site du projet,
afin de limiter les coûts de transport. Pour les projets de très grande envergure, qui nécessitent

55
des volumes exceptionnels de matériaux, l’ouverture de carrières à proximité du site est la
solution la plus séduisante, dont le montage peut toutefois nécessiter un temps considérable.

II.2.2 Planification
Des fournisseurs et des entreprises peuvent aider les maîtres d’ouvre à estimer la durée
nécessaire à la livraison d’agrégats requis sur le site. Pour les projets de petite et de moyenne
échelle, il sera surtout nécessaire d’évaluer le volume des stocks des carrières existantes et leur
futur rythme d’approvisionnement. Les carrières de granulats différents dans leur capacité à
ajuster leurs pratiques courantes pour augmenter les cadences de production.

II.2. 3 Coût du projet


Les estimations initiales des coûts approximatifs du projet doivent être réalisées à partir
des données disponibles, telles que le coût de projets comparables, des coûts de construction,
des coûts estimés de production d’agrégats et de béton, et de coût de transport des matériaux
jusqu’au site, qui constitue parfois le poste de dépenses le plus élevé.

II.3 Principales fonctions et propriétés des enrochements (blocs rocheux)

II.3.1 Fonctions des enrochements dans l’ouvrage


Les principales fonctions des enrochements utilisés dans les ouvrages hydrauliques sont
listées ci-dessous :
➢ faire du volume ;
➢ fournir une fondation et un système de filtration ;
➢ protéger l’ouvrage contre l’action des courants et contre l’affouillement.

Le choix du matériau a des conséquences particulières, qui ne sont pas nécessairement


hydrauliques, et qui sont importantes pour le maître d’œuvre parce qu’elles peuvent comporter
des avantages ou des inconvénients supplémentaires. Il peut s’agir de :
❖ l’apparence visuelle, de la durabilité de l’ouvrage ;
❖ la perméabilité aux écoulements ;
❖ la facilité de construction ;
❖ la flexibilité d’emploi ;
❖ la disponibilité des matériaux ;
❖ de l’efficacité de la solution choisie ;
❖ l’accessibilité aux gisements ;
❖ des besoins de maintenance ;
❖ la sécurité du public ;
❖ l’hygiène et des coûts.

Le tableau II.1 ci-contre résume schématiquement les fonctions hydrauliques que


peuvent assurer les différents types de matériaux :

Tableau II.1 : Fonctions hydrauliques des matériaux


Type de matériau

56
Matériaux Enrochement Enrochement
Fonction Gabions
granulaires artificiel en béton naturel
Remplissage ** - - ***
Filtration * * - ***
Protection en carapace * ** ** ***
NB : *** généralement idéal, ** adapté pour cette fonction, * utilisable pour cette fonction ; les
spécifications particulières sont requises dans certaines situations, - inadapté.

Emplissage : C’est la fonction première des matériaux utilisés dans le noyau d’un
ouvrage hydraulique. Les matériaux doivent alors présenter des caractéristiques géotechniques
suffisantes pour supporter les charges internes telles que leur propre poids, mais aussi les
charges externes telles que les variations de hauteur d’eau ou la circulation des engins pendant
la phase des travaux. La compacité des matériaux mis en œuvre doit permettre d’éviter tout
tassement majeur ou inacceptable après la construction. Du fait des vitesses d’écoulement
généralement réduites et de l’exposition limitée des matériaux de remplissage, il est
généralement acceptable, en fonction de la conception de l’ouvrage et de la méthode de
construction utilisée, d’utiliser des matériaux de moindre qualité et des tailles moyennes
présentant des écarts très importants, par rapport aux exigences pour les matériaux de filtre ou
de carapace. Les caractéristiques hydrauliques doivent être conformes au degré global de
perméabilité exigé par le dimensionnement de l’ouvrage. Les matériaux destinés au noyau ne
font pas toujours l’objet de normes particulières. Les propriétés des matériaux du noyau sont
toutefois soumises à des exigences minimales, qui varient selon l’usage envisagé qui peut être :
o en noyau de digue imperméable immergé en permanence ;
o en noyau de digue-récif perméable immergé par intermittence ;
o en fondations d’ouvrage sur des sols compressibles.
Les matériaux de noyau peuvent être constitués d’enrochement brut d’abattage tel que
du tout-venant de carrière, de matériaux granulaires alternatifs tels que des granulats
secondaires ou recyclés, ou de sable dragué.

Filtration : Afin d’empêcher que les matériaux de la sous-couche et du noyau ne soient


emportés par les forces hydrauliques par le courant ou la différence de hauteur d’eau, ces
matériaux doivent être protégés par un système de filtres. Ces systèmes sont généralement
constitués de matériaux granulaires, de géotextiles ou d’une combinaison des deux appelés
géosystème. Les caractéristiques mécaniques et la durabilité du matériau filtrant (géotextiles
compris, le cas échéant) doivent être compatibles avec la carapace. Ainsi il peut être non
recommandé d’utiliser des couches filtrantes de durabilité limitée en association avec des
enrochements artificiels en béton si ceux-ci ne résistent pas aux déplacements induits par des
tassements sous-jacents.

Protection : Dans des environnements extrêmement sévères, l’ouvrage principal doit


être protégé contre :
o les forces hydrauliques, telles que celles induites par l’action du courant du fait de la
marée ou de l’écoulement ;
o les facteurs d’altération tels que les contraintes cycliques liées aux cycles thermiques ou
aux cycles mouillage-séchage, qui ont tendance à exploiter toutes les faiblesses
présentes dans les blocs.
Certaines exigences esthétiques sont parfois requises pour les parties les plus visibles de
l’ouvrage. Pour des raisons architecturales, des méthodes de placement spécifiques peuvent être
imposées. Il convient de vérifier, le cas échéant, leur influence sur la stabilité et les propriétés

57
hydrauliques de l’ouvrage. Lorsque les ouvrages sont accessibles au public, l’intégration
paysagère et l’hygiène et la sécurité sont à prendre en compte à la fois lors du dimensionnement
et lors de la construction. La carapace peut servir d’habitat à certaines espèces qui colonisent
les vides dans l’enrochement ou sa surface.

II.3.2 Propriétés des enrochements


L’enrochement est défini comme « matériau granulaire utilisé dans les ouvrages
hydrauliques et les autres ouvrages de génie civil ». Il se présente sous forme granulaire, en
vrac, et comprend toutes les formes alternatives ainsi que les matériaux rocheux. On distingue :
• l’enrochement naturel : enrochement provenant de sources minérales qui n’a subi
qu’un traitement mécanique ;
• l’enrochement secondaire : enrochement obtenu par procédé industriel (traitement
thermique ou autre), à l’exception des blocs préfabriqués en béton ;
• l’enrochement recyclé : enrochement obtenu par traitement d’un matériau inorganique
déjà utilisé pour la construction ;
• l’enrochement artificiel (en béton) : blocs de béton préfabriqués utilisés pour la
réalisation de la carapace.

Figure II.1 : Enrochement naturel

II.3.3Figure
BlocsII.2 : Stocks organisés suivant différentes tailles (blocométries)
(enrochements artificiels) couramment utilisés
Les types de blocs artificiels les plus couramment rencontrés sont :

58
❖ Les blocs de type cubique
Le bloc cubique est le substitut le plus simple du bloc naturel et sa principale stabilité
découle de sa masse. La stabilité est également influencée par le frottement entre les blocs. Les
cubes sont composés de béton non armé et fabriqués sur une surface horizontale simple. La
méthode de placement des cubes est importante pour la performance hydraulique et la réponse
structure de la carapace. Les cubes disposés de manière aléatoire conduisent à une meilleure
performance hydraulique parce que le franchissement et la réflexion des courants peuvent être
réduits. Les cubes placés de manière plus uniforme peuvent être à l’origine d’une porosité
moins élevée.

Figure II.3 : Exemple de blocs cubiques Figure II.4 : Exemple de blocs cubiques
placés sur la nouvelle digue à l’aide d’une rainurés placés protégeant une digue.
grue. (source : S.Dupray) (source : S.Dupray)

❖ Blocs creux
Cette famille est dérivée du bloc cubique massif. Grâce an vide central du bloc, la masse
de béton utilisée est réduite et le trou central permet d’assurer une bonne performance
hydraulique grâce à la dissipation d’énergie qu’il induit. Les blocs sont posés côte à côte, les
faces des blocs voisins étant en contact les unes avec les autres.

Figure II.5 : Exemple du bloc creux mis Figure II.6 : Exemple d’utilisation d’une
en place sur un talus ayant une crête en combinaison de blocs creux
gros enrochement naturel (source : Sogreah)
(source : S.Dupray)
II.4 Matériaux recyclés et secondaires

59
Il existe une large gamme de matériaux granulaires qui constituent des alternatives aux
granulats naturels dans les travaux de génie civil. On les appelle matériaux secondaires.
L’utilisation de matériaux secondaires disponibles localement entraîne des économies d’énergie
substantielles par rapport aux gisements naturels.

Figure II.7 : Exemple d’utilisation


du béton concassé dans une digue

II.4.1 Types de matériaux de réemploi


Les granulats recyclés (composés de déchets) les plus utilisées en génie civil sont
présentés dans le tableau II.2 ci-dessous.
Tableau II.2 : Différents types de matériaux recyclés (caractéristiques et utilisations)
Principales utilisations actuelles en génie
Types Caractéristiques
civil
Déchets de o Déchets solides o Ouvrages routiers
construction et provenant de la o Remblais
de démolition construction, de la o Autres travaux de terrassement
Béton recyclé modification, de la
réparation ou de la
démolition d’ouvrages
o Ces déchets peuvent
inclure les matériaux
suivants : décombres,
pièces de bois,
briques, béton, ciment,
pierres, verre
Matériaux de o Sédiments collectes au o Travaux routiers
dragage fond d’une rivière, o Remblaiement de plages / littoraux
d’un lac, d’un port ou o Aménagement paysager pour la création
de la mer par une d’habitats ou la restauration
drague, dragline ou o Création de terre arable ou
une drague à godet enrichissement
Laitiers o La sidérurgie a o Ouvrages routiers
d’acièrie toujours généré des o Remblais
Laitiers de sous-produits utilisés
hauts avec succès dans de
fourneaux nombreux champs
d’application

60
Sable de o Sable siliceux ou sable o Ouvrages routiers
fonderie de lac propre, de taille o Remblais
uniforme et de grande
qualité fixé aux
moules dans le cadre
du coulage de métaux
ferreux et non-ferreux
o La sidérurgie fournit
environ 95 % du sable
de fonderie utilisé
pour le coulage
Résidus o Sous-produit le plus o Ouvrages routiers
d’incinérateur important issu de o Remblais routiers
de déchets l’incinération de o Couches de fondations
municipaux déchets municipaux
solides solides
Pneus usagés o On utilise de plus en o Dispositifs de drainage
plus de pneus et o Ouvrages routiers
s’attend à ce que cette
évolution se poursuive
sur les 25 prochaines
années
Autres
Résidus de mines, verre, cendres
matériaux

II.4.2 Expérience tirée des utilisations dans les ouvrages hydrauliques

Les plus grands volumes de ces matériaux sont actuellement utilisés dans las
applications de terrassement telles que les couches de base des routes, les remblais de fondation
et les remblais en général.
Nous pouvons citer par exemple les utilisations suivantes de scories d’aciérie dans les
ouvrages hydrauliques :
✓ barrages et digues ;
✓ stabilisation du lit des rivières ;
✓ remplissage de zones érodées sur les lits de rivières ;
✓ stabilisation des berges de rivières.

II.5 Gabions

Les gabions sont des structures composites polyvalentes et robustes, constituées de


cages en grillage remplies de blocs durs et résistants. Ils peuvent remplir plusieurs types de
fonctions dans des environnements côtiers, estuariens et fluviaux. Les gabions servent
régulièrement à la construction d’ouvrage de soutènement, de protection anti-affouillement, de
revêtement des canaux et de barrages mobiles pour les ouvrages hydrauliques et de protection
anti-érosion sur les revêtements qui équipent les berges de rivières.
Tout comme d’autres techniques de construction, les gabions requièrent une certaine
technicité, des études et une mise en œuvre adéquate pour maximiser leurs performances, tout
particulièrement dans les environnements hydrauliques sévères. Le choix et la mise en place

61
des bocs de remplissage appropriés, la définition de la taille adéquate du grillage, du diamètre
des fils métalliques et de la protection contre la corrosion sont les étapes importantes de ce
processus. La figure II.8 ci-dessous résume les principaux éléments constitutifs d’un gabion,
les propriétés qui leur sont demandés et certaines applications types.

Figure II.8 : Principales caractéristiques et applications des gabions

II.5.1 Classification des gabions

Les gabions peuvent être classés en boîtes de gabions (généralement simplement appelé
gabion), matelas et sacs de gabions, ainsi que définis ci-dessous :

o les (boîtes de) gabions sont des cages en grillage métallique de tailles diverses,
uniformément subdivisés en cellules remplies d’enrochement durable (voir figure II.9).
Un gabion typique mesure 2 m de long (l) par 1 m de large (w) et 1 m de haut (h) avec
un grillage de maille 80 × 100 mm ;

o les matelas de gabions sont des gabions dont la hauteur est relativement faible par
rapport à la longueur et à la largeur (voir figure II.9). Un matelas de gabions typique
mesure 6 m de long par 2 m de large et 0.15 à 0.30 m d’épaisseur, avec un grillage de
60 × 80 mm. Les matelas de gabions dépassent rarement les 50 cm de haut pour des
raisons pratiques ;

o les sacs de gabions désignés des gabions en forme de « saucisse » qui servent
principalement en génie fluvial à la protection de pied de berge.
Figure II.9 : Gabions (gauche)
et matelas de gabions (droite)

62
II.5.2 Applications des gabions

Les gabions sont généralement exposés à des courants et à des vagues induites par la
navigation. Les figures II.10 et II.11 donnent des exemples d’applications des gabions dans les
rivières.

Figure II.10 : Protection d’une berge de Figure II.11 : Protection en gabions du lit
rivière en gabions d’une rivière

En milieu maritime, à cause de l’agressivité de l’environnement marin (courant et


vague), les précautions suivantes doivent être prises en cas d’utilisation des gabions :

❖ les gabions ne doivent pas être exposés directement à la vague. La solution consiste à
placer des gros enrochements comme première ligne de défense afin de dissiper une
grande proportion d’énergie de la vague (voir figure II.12) ;

❖ en cas d’exposition, un coulis bitumineux peut contribuer à éviter les déplacements de


blocs dans les gabions.

Figure II.12 : Gabions placés derrière la


carapace principale

II.6 Géotextiles

Les géotextiles sont des matériaux perméables qui se présentent sous forme de nappe,
habituellement fabriqués avec des matériaux à base de polymères synthétiques. Ils sont utilisés
en génie hydraulique et associés à des matériaux granulaires, comme partie intégrante des
ouvrages hydrauliques. Les géotextiles font partie de la famille des matériaux en forme de
nappes appelés géosynthétiques, qui sont utilisés dans plusieurs applications géotechniques.

63
CHAPITRE III : CARACTERISATION DU SITE
ET COLLECTES DES DONNEES

III.1 Introduction
Nous présenterons dans ce chapitre comment les conditions hydrauliques et
géotechniques sont nécessaires pour le dimensionnement des ouvrages et comment mener la
collecte de ces données.

III.2 Conditions aux limites hydrauliques et collecte des données


III.2.1 Eaux maritimes et côtières
Les conditions aux limites maritimes sont induites soit par des forçages météorologiques
(telles que le vent, la houle), soit par des forçages astronomiques (marées) ou soit par des
phénomènes sismiques (tsunami). Par conséquent, les mécanismes qui en sont à l’origine sont
différents, ceci doit être pris en considération lorsqu’on examine une combinaison de
conditions.

Figure III.1 : Conditions aux limites hydrauliques dans le cas des eaux maritimes et côtières
64
L’action de dimensionnement d’un ouvrage est souvent déterminée par la condition de
deux paramètres au moins. Dans ce cas, il faut non seulement connaître les valeurs de
dimensionnement prises séparément mais également les valeurs de dimensionnements
combinées.
Parmi les exemples d’actions combinées, on peut citer :
o la hauteur d’eau et des conditions de vague, qui déterminent le niveau de crête d’une
digue maritime ;
o la vitesse des courants et les vitesses orbitales, qui déterminent la masse de matériaux
(enrochements) d’une protection anti-affouillement.

III.2.1.a) Régime des vents et conditions de pression


Le vent est la cause sous-jacente à la majorité des sources de risque de submersion, mais
les données relatives au vent sont rarement utilisées directement dans le dimensionnement des
ouvrages côtiers. Le vent présente un intérêt direct lors de la détermination des limites de
fonctionnement de sécurité des ouvrages maritimes et de l’accès des zones exposées à un
franchissement important, mais il sert plus généralement dans les modèles de prédiction de la
houle, de la surélévation due au vent.
Les vitesses des vents en mer peuvent être obtenues à partir d’observations effectuées
depuis des bateaux ou d’archives de modèles climatiques. Dans les deux cas, les
enregistrements individuels peuvent être insuffisamment fiables mais le volume important de
données en fait une bonne source sur le régime des vents d’un site particulier.
Bien que la pression atmosphérique puisse être une variable source clé pour la
modélisation météorologique, les données relatives à la pression sont rarement utilisées en
ingénierie côtière. Dans des conditions normales, la pression atmosphérique moyenne au niveau
de la mer est d’environ 1.013 bar. La pression an centre d’une tempête, d’un typhon ou d’un
cyclone est l’un des principaux indicateurs de sa puissance et de son potentiel à causer des
dommages.

III.2.1.b) Niveaux d’eau en milieu marin


Le niveau de l’eau est important pour plusieurs raisons :
▪ la plupart des cas de submersions marines et / ou de dommages structurels se produisent
lorsque le niveau d’eau est élevé ;
▪ le franchissement et la transmission de la vague dépendent du niveau de la mer au repos ;
▪ la force qui s’applique sur un ouvrage de haut de plage partiellement protégé de la vague
par estran peu profond dépend du niveau d’eau au repos ;
▪ un ouvrage peut être exposé (et éventuellement vulnérable) à différents risques selon le
niveau de l’eau, qui dépend à son tour du niveau d’eau au repos ;
▪ la hauteur de la vague peut être limitée par le déferlement avant de parvenir à l’ouvrage ;
▪ la construction et la maintenance sont traditionnellement affectées par le régime général
du niveau d’eau.
Il contient de prendre en considération différentes composantes du niveau d’eau. Outre
les marées et les très rares effets sismiques (tsunami), plusieurs éléments météorologiques du
niveau d’eau doivent être examinés.
65
III.2.2 Eaux intérieures
III.2.2.a) Paramètres hydrauliques
➢ Géométrie de la rivière
L’étude hydraulique requiert la détermination de la géométrie du chenal. Elle s’intéresse
aux propriétés du chenal qui peuvent être définies intégralement par la géométrie de la section
et par la profondeur d’eau.

La hauteur d’eau, h (m), est la distance verticale qui sépare le lit du chenal de la surface de
l’eau. Elle est égale à la hauteur d’eau perpendiculaire.

Le niveau est l’élévation ou la distance verticale de la surface libre au-dessus d’un niveau de
référence. Si ce niveau de référence est le point le plus bas de la section du chenal, alors le
niveau est identique à la profondeur d’eau.

La largeur au miroir, B (m), est la largeur de la section du chenal au niveau de la surface libre.

La surface mouillée, AC (m²), est de la section perpendiculaire au sens de l’écoulement.

Le périmètre mouillé, P (m), est la longueur de la ligne d’intersection entre la surface mouillée
du chenal et un plan transversal perpendiculaire au sens de l’écoulement.

Les levées ou digues sont des ouvrages en terre qui empêchent les crues d’inonder les zones
inondables.

➢ Données hydrauliques

66
Les hauteurs d’eau et les débits sont les principales conditions aux limites à prendre en
compte dans le dimensionnement des ouvrages. Cela est dû au fait que les autres conditions aux
limites hydrauliques utilisées pour le dimensionnement sont étroitement liées à la hauteur d’eau
réelle.
En règle générale, les hauteurs d’eau sont les données hydrauliques les plus précises,
bien que les mesures varient parfois en fonction de la technique de levé utilisée ou encore en
fonction de facteurs météorologiques (par exemple : vagues soulevées par le vent).
Le débit, Q(m3 / s), d’une rivière est le volume d’eau qui passe au travers d’une section
transversale par unité de temps. Pour un débit régulier et uniforme (sans variations temporelles
ni spatiales), on peut écrire :
𝑄 = 𝑈1 𝐴𝐶1 = 𝑈2 𝐴𝐶2 = . . . = 𝑈𝑖 𝐴𝐶𝑖
3
où 𝑄 = débits (m / s), 𝑈 = vitesse moyenne de l’écoulement 𝑚/𝑠. 𝐴𝐶 = surface mouillée
(m2 ) et les indices associés à 𝑈 et 𝐴𝐶 désignent différentes sections de la rivière.

III.2.2.b) Débits et courants


L’estimation du niveau d’eau, du débit et enfin de la vitesse en un point donné de la
rivière en fonction du temps est essentielle aux études relatives à la plaine inondable, au
dimensionnement de chenaux de prévention des crues, à la navigation, à l’évaluation de la
quantité de l’eau, à l’impact environnemental ou encore à l’analyse des optimisations possibles
et également au dimensionnement des protections de berges et de fond.

Les caractéristiques hydrauliques désignent un ensemble de propriétés de l’écoulement :


débit, vitesse, niveau de la surface libre (profondeur), contrainte de cisaillement limite, vitesse
de dissipation énergétique et vitesse du transport sédimentaire.

En rivière, les conditions hydrauliques (hauteur d’eau et vitesse d’écoulement) sont


généralement influencées en premier lieu par les débits fluviaux associés à la pente du lit. Elles
sont cependant influencées par d’autres facteurs :
❖ Plaines inondables et digues ;
❖ Ouvrages en rivière (par exemple : épis ou barrage) ;
❖ Rugosité du lit et des plaines inondables ;
❖ Confluences, bifurcations, barrages mobiles et déversoirs.

Lorsque l’on connaît le débit, Q (m3 / s), il est possible de déterminer la vitesse
moyennée sur la section transversale, U (m/s), directement à partir de Q et de la surface
mouillée, 𝐴𝐶 (𝑚2 ), à l’aide de l’équation : 𝑈 = 𝑄/𝐴𝐶 .

Lorsque la profondeur moyenne, h(m), est petite par rapport à la largeur, B(m), (par
exemple : B/h supérieur à 20), la vitesse moyennée sur la section, U (m/s), peut être
déterminée de façon approximative grâce à l’équation : 𝑈 = 𝑄/(𝐵ℎ).

III.3 Reconnaissances géotechniques et collecte des données


Cette section donne un aperçu des objectifs, de l’organisation et des exigences
techniques de la collecte de données géotechniques. Elle ne décrit pas en détail les différentes
67
méthodes d’essais existantes, mais se concentre sur les informations que les reconnaissances
géotechniques doivent fournir aux étapes successives des études de projet.
Selon leur fonction, les ouvrages hydrauliques doivent résister à différentes
combinaisons d’actions (induites notamment par la gravité, les vagues, les courants, les
variations de niveau d’eau, etc.). L’ouvrage doit être conçu pour résiste à ces actions à la fois
en conditions d’état limite de service (ELS) et d’état limite ultime (ELU). Les reconnaissances
sont nécessaires pour déterminer les conditions géotechniques du site en vue de la conception,
du dimensionnement et de la justification de l’ouvrage, ces différentes étapes standards étant
définies dans les Eurocodes.

III.3.1 Objectifs des reconnaissances géotechniques


Les reconnaissances géotechniques doivent fournir les informations et les données
importantes aux différentes étapes du projet, qui permettront :

➢ d'identifier et d’évaluer les risques associés au projet ;


➢ de faciliter de conception ; le dimensionnement et la justification de l’ouvrage. Cette
dernière peut être effectuée de différentes façons : par le calcul, par une modélisation
physique ou par des essais de charges in situ ;
➢ de vérifier l’adéquation entre les hypothèses du projet et les caractéristiques réelle du
sol.
Les reconnaissances géotechniques visent à établir un modèle géotechnique cohérent du
site, comprenant la géométrie du sol et des formations rocheuses, leurs propriétés physiques et
mécaniques, ainsi que les conditions piézométriques, elles permettent également de rassembler
d’autres données pertinentes sur le site (géologie, géomorphologie, sismicité, hydrologie et
hydrogéologie).

III.3.2 Procédures à suivre pour les reconnaissances géotechniques


Les reconnaissances géotechniques doivent normalement être effectuées par étapes en
fonction des questions soulevées lors de la programmation, des études de projet et de la
construction de l’ouvrage.

III.3.2.a) Reconnaissances géotechniques préliminaires


Les reconnaissances préliminaires doivent fournir les informations nécessaires :
❖ à l’évaluation de l’adéquation générale du site (notamment de sa stabilité d’ensemble) ;
❖ à l’évaluation de l’adéquation du site par rapport à d’autres, le cas échéant ;
❖ à la détermination de l’emplacement le plus approprié pour l’ouvrage ;
❖ à l’évaluation des effets potentiels de l’ouvrage en projet sur la zone avoisinante
(bâtiments, ouvrages et sites voisins) ;
❖ à l’identification des zones d’emprunt ;
❖ à la prise en compte des méthodes de fondations et des techniques d’amélioration du sol
possibles ;
❖ à la planification des reconnaissances de dimensionnement et de contrôle (notamment à
l’identification de l’étendue de sol susceptible d’exercer une influence significative sur
le comportement de l’ouvrage).
Il faut pour cela disposer d’informations et d’estimations concernant :

68
❖ les types de sols et de roches, ainsi que leur stratification ou leur structure ;
❖ la nappe phréatique ou le profil des pressions interstitielles ;
❖ la résistance et les propriétés de déformation des sols et des roches ;
❖ le risque de pollution des sols ou de la nappe phréatique, susceptible de nuire à la santé
publique ou à l’intégrité de l’ouvrage.
L’étude se déroule généralement de la façon suivante :
❖ visite du site ;
❖ études sur table ;
❖ reconnaissances sur le terrain (mesures géophysiques, nombre limité de forages
d’excavations, d’essais in situ et d’essais de laboratoire).

III.3.2.b) Reconnaissances géotechniques en vue du dimensionnement


Les reconnaissances effectuées en vue du dimensionnent doivent permettre :

• d’obtenir les informations nécessaires à un dimensionnement adéquat des ouvrages


temporaires et permanents ;
• de fournir les données nécessaires à la planification de la méthode de construction ;
• d’identifier toute difficulté éventuelle pouvant se produire lors de la construction ;
• et enfin d’effectuer le meilleur choix en termes de conception, de construction et de
maintenance.
La géométrie, la structure et les propriétés du sol en jeu ou affecté pour l’ouvrage
doivent être identifiées de façon fiable avant le début de la finale de dimensionnement. Il faut
envisager les aspects suivants :

• profil du sol ;
• présence de cavités naturelles ou artificielles ;
• dégradation des roches, des sols ou des matériaux de remplissage ;
• effets hydrologiques ;
• failles, joints et autres discontinuités ;
• fluage des masses de sols et de roches ;
• sols et roches gonflants ;
• présence de déchets ;
• historique du site et ses environs.
Le programme doit fournir les informations et les valeurs des caractéristiques requises ;
il doit au besoin, comprendre :
➢ des visites supplémentaires du site ;
➢ des études sur table supplémentaires ;
➢ des reconnaissances de terrain supplémentaires, telles que des essais in situ, un
prélèvement du sol et de la roche, des essais en laboratoire, des mesures piézométriques,
des reconnaissances géophysiques supplémentaires et des essais à grande échelle.

III.3.2.c) Contrôle et suivi


Lors des travaux de construction, et lors de la phase de service de l’ouvrage, les
reconnaissances et mesures doivent permettre de vérifier, le cas échéant, que :

69
o les hypothèses de dimensionnement sont conformes aux caractéristiques réelles du sol
en place ;
o les quantités et les propriétés des matériaux de construction livrés correspondent à celles
prévues dans le dimensionnement ;
o les travaux de construction sont réalisés dans le respect des spécifications du projet ;
o l’ouvrage et la zone avoisinante se comportent comme attendu.
Il faut pour cela déterminer les points suivants, selon les cas :

• quantités de matériaux livrés et mis en place ;


• déformations du sol affecté per l’ouvrage ;
• pressions interstitielles ;
• déplacements de l’ouvrage.
Il convient de prêter une attention particulière aux parties critiques de l’ouvrage ou de
la zone qui l’entour.
Le programme doit comprendre, selon les cas, des vérifications et des essais
supplémentaires, notamment :
▪ vérification du profil du sol au cours des excavations ;
▪ inspection du fond de fouille ;
▪ mesures piézométriques ou des pressions interstitielles et de leurs variations ;
▪ mesures du comportement des constructions avoisinants ou des ouvrages de génie civil
situés à proximité ;
▪ mesure du comportement de l’ouvrage lors de la construction.

III.3.3 Eléments clefs des reconnaissances géotechniques


III.3.3.a) Etudes sur table
Les études sur table reposent sur les informations existantes, qui doivent être identifiées,
collectées puis analysées. Les sources d’information disponibles sont généralement :
o les cartes locales mises à disposition par les organismes publics ;
o les cartes topographiques y compris les cartes anciennes qui décrivent les utilisations
précédentes du site ;
o les cartes géologiques, sismiques, hydrologiques ou géotechniques ainsi que les notices
associées ;
o les vues aériennes ou par satellite et les reconnaissances géophysiques, ainsi que les
interprétations existantes ;
o les reconnaissances antérieures effectuées sur le site et sur la zone qui l’entoure, ainsi
que l’ensemble des données publiées ;
o le retour d’expérience d’autres projets réalisés dans la même région, notamment
l’historique des sinistres géotechniques ;
o les conditions climatiques locales.

III.3.3.b) Etudes de sol


L’objectif des reconnaissances du sol est de permettre d’anticiper le type, les
dimensions, l’emplacement (au large ou à la côte) et les méthodes de construction de l’ouvrage.

70
Il faut prêter une attention particulière aux sites qui ont déjà été utilisés par le passé, où l’état
naturel du sol peut avoir été perturbé (par exemple : réparation ou modernisation de l’ouvrage).
Les reconnaissances du sol comprennent de préférence des reconnaissances in situ et
des essais en laboratoire :
- des reconnaissances géophysiques (sondage acoustique, imagerie par sonar latéral,
élaboration du profil du sous-sol du fond, géoradar) ;
- des essais in situ (essai de pénétration, essai de pénétration statique avec mesure des
pressions interstitielles, essai de pénétration au carottier, essai de pénétration
dynamique, essai pressiométrique, essai de dilatation, essai de chargement de plaque,
essai au scissomètre de chantier et essai de perméabilité) ;
- des prélèvements des sols et des roches par forage, carottage et excavation, afin de
décrire et de tester les échantillons en laboratoire ;
- des mesures piézométriques pour caractériser les nappes phréatiques et déterminer le
profil des pressions interstitielles et leurs variations ;
- des essais de charges in situ servant à déterminer par exemple la portance ou le
comportement du sol directement sur des prototypes d’éléments d’ouvrage.

III.3.3.c) Visite du site


La planification et la réalisation des reconnaissances géotechnique ne devraient pas être
menées en l’absence d’une visite sur site.

Celle-ci donne impression générale du site (topographie, géologie et hydrologie), des


conditions climatiques locales, de l’état des infrastructures existantes, des risques naturels
auxquels la zone est exposée, de l’accessibilité, des zones d’emprunt éventuelles, de l’histoire
du site, etc.

III.3.3.d) Techniques et matériels utilisés pour les reconnaissances


La plupart des techniques utilisées pour réalisées les reconnaissances géotechniques en
vue de construire des ouvrages hydrauliques sont communes à toutes les études géotechniques,
et présentées dans les guides, les recommandations et les normes.

III.3.3.e) Rapport d’étude de sol


La présentation des données géotechniques comprend un bilan factuel de l’ensemble des
essais réalisés in situ et en laboratoire, et recense les méthodes utilisées pour effectuer les
reconnaissances in situ et les essais en laboratoire.

La présentation des données géotechniques doit également préciser les éléments


suivants :
✓ nom des consultants et des sous-traitants ;
✓ objectif(s) et portée des reconnaissances géotechniques ;
✓ historique et géologie du site (failles, interprétation des clichés aériens, expérience
locale, sismicité de la zone) ;
✓ procédure utilisée pour le prélèvement, le transport et le stockage des échantillons ; type
d’équipement utilisé sur site ;
✓ tableau indiquant le nombre d’essais réalisés in situ et en laboratoire ;

71
✓ compilation des coupes de sondage, comprenant des clichés des carottes et uns
description du sous-sol basée sur les comptes rendus réalisés in situ ;
✓ date des opérations de reconnaissances du sol ;
✓ reconnaissances sur site de la zone dans son ensemble, axées notamment sur le
comportement des ouvrages voisins, les parties exposées de la carrière et les aires
d’emprunt, les zones d’instabilité et les difficultés rencontrées lors de l’excavation.

Quelques définitions

Chenal : Partie d’un plan d’eau suffisamment profonde pour y permettre la navigation,
impossible ailleurs.

Déferlement : Dissipation de l’énergie et diminution de la hauteur des vagues à l’approche de


la côte due à une profondeur d’eau limitée.

Epi (en côtier) : ouvrage généralement perpendiculaire au littoral, construit dans le but de
contrôler le transit littoral.

Epi (en fluvial) : ouvrage perpendiculaire aux berges d’une rivière et rattaché à celles-ci, conçu
pour protéger les berges ou pour fournir une profondeur d’eau suffisante à la navigation.

Estran : Zone transversale à la côte comprise entre le niveau moyen des hautes eaux (de vive
eau) et le niveau moyen des basses eaux (de vive eau).

Hauteur maximale de l’eau : niveau d’eau maximal, incluant la surélévation due à une crue,
servant au dimensionnement d’un barrage.

Hauteur significative : hauteur moyenne du tiers supérieur en hauteur pour un état de mer
donné.

Inondable, Submersible : se dit d’une zone ou d’un ouvrage pouvant se trouver sous le niveau
de la mer ou dans une plaine d’inondation.

Littoral : caractérise une zone qui se trouve en bordure de mer.

Maintenance, entretien : ensemble des réparations ou remplacements de composants d’un


ouvrage dont la durée de vie est inférieure à celle de la structure ou d’une partie endommagée.

Niveau d’eau : élévation du plan d’eau au repos par référence à un zéro.

Niveau de référence : ligne, plan ou surface permanent utilisé comme référence pour le calcul
des niveaux d’eau.

CHAPITRE IV : PHENOMENES PHYSIQUES ET OUTILS DE


DIMENSIONNEMENT

IV.1 Performance hydraulique


72
En environnement fluvial, l’attaque du courant est la cause de l’instabilité des fonds et
des berges, ainsi que tout système de protection conçu dans le but de minimiser l’érosion
potentielle. Ceci est particulièrement évident en présence d’ouvrages hydrauliques, dans la
mesure où les ouvrages modifient les profils des vitesses localement, ce qui peut souvent
s’accompagner d’un accroissement de turbulence. Les piles de ponts, les aménagements
fluviaux et les barrages de fermeture sont des exemples de ce type d’ouvrages.

Les paramètres dimensionnants à prendre en considération en présence de courants


sont :
➢ le débit spécifique ;
➢ les niveaux d’eau ;
➢ les vitesses d’écoulement ;
➢ la turbulence.

IV.2 Réponse structurelle aux actions hydrauliques


Les interactions et les paramètres hydrauliques associées à l’action de la houle et des
courants sur l’ouvrage sont étudiés. L’analyse de la stabilité hydraulique de l’ouvrage et des
sédiments ne concerne généralement que des blocs individuels et les particules. Les
mouvements des enrochements et des sédiments occasionnés par les courants et/ou par la houle
se manifestent sous forme de déplacements de blocs individuels ou de fosses d’affouillement
lorsque le fond est constitué de sable, de petites pierres ou de galets. Ceci montre que les
amplitudes relatives des mouvements de gros éléments et de particules fines sont d’ordres
différents. Les déplacements de blocs d’enrochement individuels sont de l’ordre du diamètre
de l’enrochement tandis que les profondeurs ou les longueurs d’affouillement sont d’au moins
plusieurs fois la taille des sédiments.

IV.2.1 Concepts et paramètres de stabilité


Les méthodes de dimensionnement classiques ont pour objectif d’éviter le début de
mouvement des gros éléments et des particules fines en définissant des conditions-seuils. Ces
conditions, exprimées sous forme de valeurs critiques en matière de contrainte de
cisaillement, de vitesse, de hauteur de la houle ou de débit.
Ces seuils peuvent être définis, par exemple, comme suit :
o une quantité maximale d’enrochements naturels ou artificiels déplacés (par unité de
temps et unité de surface) ;
o une profondeur critique d’affouillement ;
o un transport maximal de matériaux.

Certains des paramètres qui servent à évaluer la stabilité hydraulique des ouvrages
hydrauliques sont des combinaisons de paramètres hydrauliques (action) et de paramètres des
matériaux (résistance). Les paramètres pertinents dans le cadre de la stabilité structurelle
peuvent être répartis en quatre catégories, analysées ci-dessous :
❖ attaque de la houle et des courants ;
❖ caractérisation de l’enrochement naturel ;
❖ section transversale de l’ouvrage ;

73
❖ réponse de l’ouvrage.

IV.2.2 Réponse structurelle liée à la houle

Les réponses structurelles liées à l’attaque des courants sont classées comme suit :

➢ protection du fond et des talus ;


➢ ouvrages de fond ;
➢ protection de pied et protection anti-affouillement ;
➢ filtres et géotextiles ;
➢ barrages en enrochement.

IV.2.2.a) Protection du fond et des talus


❖ Stabilité vis-à-vis de l’attaque des courants
Il est parfois nécessaire de protéger les rives des plans d’eau lorsqu’elles sont soumises
aux courants, afin d’éviter l’érosion et de préserver leur forme et leur but ou fonction
final(e). Ceci peut être fait en construisant des dispositifs de protection dont la fonction
première est de réduire l’action hydraulique qui s’exerce sur le terrain. Ils peuvent
revêtir la totalité du plan d’eau ou juste son fond ou ses berges, ou bien être construits
à des endroits précis.
La protection de fond et de berge peut avoir d’autres objectifs, tels que la réduction des
pertes par infiltration dans les canaux d’irrigation ou le maintien d’une bonne qualité de
l’eau dans les réseaux d’approvisionnement.
Différents matériaux peuvent être utilisés sur les fonds et sur les talus pour assurer la
protection nécessaire face aux courants : enrochement naturel, enrochement appareillé
à la main, enrochement lié, gabions (gabions classiques, matelas de gabion, sacs de
gabions) et matériaux bitumineux.

❖ Stabilité en cas de sollicitations induites par le vent


L’action d’un vent fort soutenu sur des plans d’eau peut entraîner la formation de
courants et de vagues. Les courants induits par le vent sont généralement négligeables
lors du dimensionnement d’une protection.

❖ Stabilisation en cas de sollicitations induites par la navigation


Les mouvements d’eau induits par la navigation sont à l’origine d’un type d’actions qui
s’exerce fréquemment sur les berges des rivières et des canaux. Les vitesses et les
hauteurs de vagues résultant des courants de retour, les abaissements de niveaux d’eau,
des ondes de poupe transversales, des crêtes d’interférence (ou d’ondes secondaires
induites par la navigation) et des jets des hélices, déterminent la taille requise des
éléments protecteurs.

IV.2.2.b) Ouvrages de fond


Les ouvrages de fond sont des ouvrages immergés dont la crête est relativement basse,
ce qui fait que le déferlement de la houle n’a qu’une influence limitée sur la stabilité. Les
ouvrages de fond sont par exemple des épis de rivière, des couvertures de conduites ou des
ouvrages de prise ou de rejet d’eau près des usines de dessalinisation. La Figure IV.1 ci-dessous
montre un schéma d’ouvrage de fond.

74
Figure IV.1 : Schéma explicatif
d’un ouvrage de fond

Les actions qui s’exerce sur les ouvrages de fond proviennent de la houle, les courants
ou d’une combinaison de houle et de courants.

Stabilité des ouvrages de fond soumis à la seule action des courants

La vitesse du courant moyennée sur la profondeur, U (m/s), au-dessus d’un ouvrage de


peut être calculée à l’aide de l’équation :
𝑞
𝑈=
ℎ𝑐
où : 𝑞 est le débit spécifique (m3/s par m) ;

ℎ𝑐 est la hauteur d’eau au-dessus de la crête (m).

IV.2.2.c) Protection de pied et protection anti-affouillement


Une protection adéquate de pied d’un talus ou d’une berge est essentielle pour la
stabilité, dans la mesure où de nombreux mécanismes de rupture résultent d’une perte résistance
à la base du talus. Si la protection du fond et des berges n’est pas continue, il existe deux façons
de garantir la protection du pied : en plaçant assez de matériaux à une profondeur suffisante
pour prendre en considération la profondeur d’affouillement maximale prévue, ou en installant
un revêtement flexible qui continuera à protéger le pied pendant l’évolution de la fosse
d’affouillement. Au vu de ce qui précède, il est évident que l’estimation de l’affouillement peut
constituer une étape importante dans le dimensionnement d’ouvrages en enrochement stables.

75
Figure IV.2 : Butée de pied (ou berme
au niveau de l’eau au repos) d’une digue
fluviale (Source : Rijkswaterstaat)

IV.2.2.d) Filtres et géotextiles


Bien que la carapace d’une protection de berge ou de talus soit directement exposée aux
courants et aux forces de traînée, la portance et abrasion qui en résultent, certaines des
conditions les plus critiques se produisent au niveau de l’interface entre la carapace et le sol
sous-jacent. Ces conditions influencées par les relations entre les propriétés du sol sur lequel
reposent l’ouvrage et celles de la carapace, à savoir la perméabilité et la taille des éléments. Si
l’on ne tient pas correctement compte de la nécessité de placer une transition entre la carapace
et les particules du sol plus fines, on risque d’être confronté à une rupture de berge. La transition
prend généralement la forme d’un filtre granulaire ou d’un géotextile.

Les filtres ont deux fonctions principales : éviter la migration des particules fines à
travers la couche en enrochement et permettre l’écoulement de l’eau depuis le fond ou la berge
vers le plan d’eau, par les interstices présents entre les éléments. Ils peuvent également avoir
d’autres fonctions importantes telles que celle de séparer les couches ou de régler le sol sur
lequel repose l’ouvrage, ce qui permet de placer la carapace de manière plus aisée et plus
régulière. Ils peuvent également constituer un chemin d’écoulement préférentiel. Dans ce cas,
il est essentiel de prendre des mesures adéquates favorisant l’écoulement de l’eau à travers des
ouvertures suffisamment larges dans la carapace ou visa des barbacanes dans le cas de carapaces
imperméables.

IV.2.2.e) Stabilité des ouvrages de fermeture en enrochement


Il existe deux méthodes de fermeture : à savoir la fermeture verticale et la fermeture
horizontale.

• Méthode de fermeture verticale ;

• Méthode de fermeture horizontale

IV. 3 Réponse structurelle aux actions hydrauliques


L’étude et l’évaluation géotechniques des ouvrages hydrauliques comprennent deux
volets :

76
o Les reconnaissances géotechniques permettant d’obtenir un modèle géotechnique de
l’ouvrage et de sa zone d’influence, auxquelles s’ajoute une analyse des matériaux de
construction, afin de disposer d’informations sur les propriétés des matériaux, qui seront
utilisés comme carapace, noyau, etc. dans les ouvrages hydrauliques ;

o La conception géotechnique de l’ouvrage, qui recouvre à la fois l’étude préliminaire,


le dimensionnement et la conception finale, ainsi que des procédures de validation
établies d’après le modèle géotechnique et les propriétés du matériau utilisé.

Les ouvrages hydrauliques présentant une partie spécifique en béton ou en acier (par
exemple : mur de couronnement en béton) nécessitent également d’effectuer des études
géotechniques, hydrauliques et structurelles. Des études géotechniques pertinentes doivent être
utilisées lors des analyses hydrauliques et structurelles.

Les études géotechniques sont nécessaires pour éviter la rupture ou les déformations
excessives de l’ouvrage ou de ses fondations. La conception géotechnique doit être effectuée
par des ingénieurs qualifiés et expérimentés.

IV.3.1 Risques géotechniques


Mal conçus, les ouvrages hydrauliques peuvent subir des ruptures, des tassements
excessifs ou une érosion induite par écoulement. Ces phénomènes sont parfois dus à la
résistance insuffisante du sol ou de l’ouvrage, à leur déformation, à de mauvaises conditions de
circulation interne de l’eau ou encore à des actions extérieures agressives.

Les différents types d’ouvrages hydrauliques sont soumis à des actions de natures
diverses, et seront donc confrontés à des problèmes spécifiques. Les risques géotechniques
peuvent néanmoins être résumés comme suit pour tous les types d’ouvrages :

➢ Rupture par manque de capacité portante du sol ;

➢ Instabilité du talus ;

➢ Tassement différentiel ou généralisé excessif ;

➢ Rupture du talus induite par les actions hydrauliques (houle, courant, différence de
charge et gravité) ;

➢ Erosion des particules fines induite par l’action hydraulique dans le cas d’un
fonctionnement insuffisant du filtre, ce qui risque d’entraîner une rupture du talus (grand
glissement) ou le tassement de celui-ci ;

➢ Rupture du talus des fosses d’affouillement et des ouvrages adjacents ;

➢ Liquéfaction du sous-sol induite par la houle ;

➢ Tassement différentiel se produisant sous l’effet du poids propre et lié à la compression


du remblai et du sous-sol ;

➢ Liquéfaction et tassement du sous-sol d’origine sismique ;

77
Les ouvrages maritimes et côtiers (digues portuaires, protections de haut de plage, brise-
lames, revêtements, épis) peuvent subir des ruptures en cours de construction (ou même en
service), notamment sur les sols mous caractérisés par une faible capacité portante, ou des
tassements généralisés, localisés ou différentiels excessifs. Il faut donc procéder, lors de la
conception aux vérifications suivantes :

✓ Analyse de la stabilité du sol sur lequel reposent les fondations et de l’ouvrage aux
différentes phases de la construction, en tenant compte des mécanismes de rupture
connus (rupture par dépassement de la capacité portante et rupture le long d’une surface
par glissement) ;

✓ Analyse de la stabilité de l’ouvrage achevé en conditions de tempête et de séisme


extrêmes ;

✓ Analyses du tassement général et différentiel, à la fois durant la phase de construction


et sur le long terme ;

✓ Vérification de stabilité hydraulique de l’ouvrage, notamment de la stabilité du filtre, de


l’érosion interne et du renard (ou érosion régressive), de l’effet des sous-pressions et de
l’effet de la poussé d’Archimède.

Le tassement estimé devra être compensé par une augmentation de la hauteur de


l’ouvrage.

Ces vérifications doivent également être effectuées pour tous types d’ouvrages de
fermetures et de barrages-réservoirs, ainsi que pour les ouvrages des voies navigables
intérieures, tels que les digues contre les crues, notamment.

Les protections de berges faites d’enrochement naturel ou de gabions peuvent présenter


des déformations excessives, des instabilités locales, des tassements différentiels, une rupture
par manque de capacité portante, des ruptures par glissement du talus, un glissement plan sur
la base. Elles doivent donc être conçues avec soin.

IV.3.2 Principes de la construction géotechnique


La conception géotechnique des ouvrages hydrauliques repose sur une analyse de la
stabilité et sur une étude des déformations visant à limiter les risques énumérés ci-dessus. Ces
analyses se fondent sur la mise en œuvre de l’approche dite aux états-limites, élaborée pour
harmoniser le dimensionnement des structures de bâtiments et de ponts.

IV.3.2.a) Généralités
Il faut procéder à une analyse géotechnique pour toutes les situations critiques, définies
comme des situations de calcul. Pour chaque situation de calcul, il faut identifier et déterminer
les types et l’intensité des actions ainsi que les propriétés physiques et mécaniques des sols et
du matériau à prendre en compte. Ces paramètres diffèrent pour les états-limites de service
(ELS) et pour les états-limites ultimes (ELU).

78
IV.3.2.b) Situation de calcul géotechnique
La situation de calcul géotechnique est définie par la géométrie du sol et de l’ouvrage,
les valeurs des paramètres mécaniques et physiques des sols et de la roche, et les valeurs des
actions.

▪ Propriétés des sols et des matériaux rocheux

Les paramètres géotechniques du sol et des matériaux rocheux sont déterminés à partir
des différentes reconnaissances géotechniques et, pour les enrochements, à partir des
reconnaissances en carrière.

▪ Actions appliquées sur les ouvrages hydrauliques

o Actions permanentes (par exemple : poids propre, hauteur moyenne du niveau d’eau) ;

o Actions variables (actions limitées dans le temps liées à l’exploitation de l’ouvrage telles
que la charge de circulation, les variations de la hauteur d’eau induites par la marée,
baisse de niveau d’eau dans un tronçon de canal lors de travaux de maintenance) ;

o Actions accidentelles (par exemple : choc de navires, tsunami, changement brusque de


la hauteur d’eau due à une rupture de barrage) ;

o Actions sismiques

Les actions peuvent être soit des actions géotechniques, qui proviennent directement de
ou sont transmises à travers les sols ou les matériaux rocheux, soit des actions directement
exercées sur un ouvrage en acier ou en béton, sans aucune interférence du comportement du sol
ou des matériaux rocheux différentes actions peuvent s’exercer sur un ouvrage de façon
simultanée ou en combinaisons spécifiques, qui doivent être spécifiques par des règlements ou
par le maître d’ouvrage.

IV.3.2.c) Etat-limite ultime et état-limite de service


❖ Etat-limite de service (ELS)

Au cours de leur durée de vie, les ouvrages hydrauliques doivent satisfaire à une série
de conditions rassemblées sous le nom état-limite de service. Ces critères garantissent que
l’ouvrage fonctionne conformément aux attentes du client ; ils comprennent :

• La stabilité de l’ouvrage ;

• Le maintien des déformations ou des déplacements du sol et de l’ouvrage à un


niveau acceptable (Voir figure IV.3 à la page suivante).

En général, la nécessité de limiter la déformation et le déplacement de l’ouvrage suffit


à en assurer la stabilité. L’évaluation des conditions de déformation et de déplacement est
donc suffisante pour les ELS.

79
Figure IV.3 : Exemple d’ELS : le tassement de la crête d’une digue induit

❖ Etat-limite ultime (ELU)


Les ouvrages hydrauliques sont exposés à des actions permanentes et à des actions de
service qui peuvent être connues ou contrôlées ; c’est ce type d’actions que prennent en compte
les ELS. Mais il peut se produire des situations plus agressives, liées à des événements rares
(inondations exceptionnelles, chocs de navires), dont le maître d’ouvrage décide de ne pas tenir
compte lors de la vérification relative à l’ELS et ce, généralement pour des motifs d’ordre
économique.

Figure IV.4 : Exemple d’ELU : rupture du talus aval à forte pente entraînant la rupture de
tout le barrage, suite à une variation extrême du niveau d’eau.

IV.3.2.d) Etude des états-limites

o Etats-limites ultimes
Les états-limites ultimes se répartissent généralement en 5 catégories :

1. Rupture interne ou déformation excessive de l’ouvrage ou de ces éléments


structurels, par exemple rupture du noyau d’une digue entraînant un mouvement
inacceptable du mur de couronnement.

2. Rupture ou déformation excessive du sol, par exemple insuffisance de la capacité


portance du sol de fondation sur lequel repose l’ouvrage.

3. Perte d’équilibre de l’ouvrage ou du sol due à une sous-pression causée par la charge
hydraulique ou à d’autres actions verticales ou horizontales induites par l’effet de la

80
circulation de l’eau interstitielle, par exemple sous-pression d’un barrage lors du
remplissage du bassin de retenue.

4. Soulèvement hydraulique ou érosion interne due aux gradients hydrauliques, à


l’érosion du noyau de l’ouvrage du fait d’une différence de niveau d’eau.

5. Perte d’équilibre statique du sol et/ou de l’ouvrage, considéré comme en ensemble


rigide.

Parfois, le phénomène de rupture concerne à la fois le sol et l’ouvrage, par exemple dans
le cas d’une rupture de talus (grand glissement) se produisant à la fois à l’intérieur de l’ouvrage
et dans le sol de fondation. Les pressions hydrauliques ont une influence décisive sur la stabilité
de nombreux ouvrages hydrauliques.

o Etats-limites de service
Les états-limites de service (ELS) désignent généralement les types de déplacements et
de déformations suivants :

- Le tassement généralisé, qui est la composante verticale du mouvement de translation


de l’ouvrage dans son ensemble ;
- Le déplacement horizontal, qui est la composante horizontale du mouvement de
translation de l’ouvrage dans son ensemble ;
- La rotation ou le basculement de l’ouvrage dans son ensemble ;
- Le tassement différentiel, associé à la déformation de l’ouvrage lui-même. Parmi les
conséquences du tassement différentiel figurent la déformation localisée de l’ouvrage,
la dégradation du filtre ou encore les difficultés de manœuvre des grues et autres
véhicules.

IV.3.3 Propriétés géotechniques du sol et de la roche


Les paramètres utilisés pour décrire et dimensionner les ouvrages hydrauliques et le
sol se rapportent à quelques modèles de base de l’ouvrage, du sol et des enrochements :

• une description moyenne de la structure du sol et de son état réel, comprenant sa porosité
(ou indice des vides), sa teneur en eau et de son degré de saturation, de la masse ou du
poids volumique du sol pris globalement, du sol sec, des particules et de l’eau
interstitielle ;
• une description moyenne de la nature et des dimensions des particules (distribution
granulométrique, limites de consistance des argiles, teneur en matières organiques,
teneur en calcaire, etc.) ;
• une description moyenne de la densité réelle par rapport aux différentes densités
possibles (indice de densité, optimum Proctor normal ou modifié) ;
• l’application de la mécanique des milieux continus pour analyser la résistance et la
déformation du sol et des masses rocheuses ;
• l’application de la mécanique des solides pour certaines analyses de la résistance des
masses de sol et pour l’étude de résistance et de la déformation des masses rocheuses.

81
CHAPITRE V : CONCEPTION DES OUVRAGES EN MER

V.1 Digues à talus

V.1.1 Considérations générales


Les digues à talus sont des ouvrages principalement constitués d’enrochement naturel.
En règle générale, on utilise de l’enrochement naturel ou des blocs artificiels pour la carapace
côté mer qui doivent protéger l’ouvrage de l’attaque des vagues. Les blocs d’enrochement
naturel ou artificiel de la carapace sont généralement placés avec soin afin d’obtenir une
imbrication efficace et, de fait, renforcer la stabilité.

La section transversale d’un ouvrage à talus conventionnel a, la plupart du temps, une


géométrie simple, c’est à dire une section trapézoïdale dont les talus latéraux sont
habituellement de pente comprise entre 4/3 et 2/1. Dans certains cas, il est possible qu’une
berme ait été intégrée au talus afin d’accroître la dissipation de l’énergie des vagues et de
permettre l’utilisation de blocs plus petits. Ce concept est appelé digue à berme. La conception
peut autoriser un mouvement initial des enrochements jusqu’à l’obtention d’un profil
d’équilibre.

Les digues à talus sont intéressantes parce que leur talus côté mer les vagues de tempête
à se déferler et que, de ce fait, son énergie est dissipée, ce qui entraîne seulement une réflexion
partielle. Ces ouvrages sont généralement très nombreux pour des raisons suivantes :

• l’enrochement naturel est un matériau généralement disponible et il peut souvent être


fourni par des carrières locales ;

• lorsque des blocs d’enrochement artificiel sont nécessaires, ils ne font appel qu’à des
techniques de construction simples ;

• même avec des équipements, des ressources et des savoir-faire professionnels limités,
il est possible de construire des ouvrages qui fonctionnent efficacement ;

• si les ouvrages sont convenablement construits, ils ne subiront qu’une augmentation


progressive du dommage lorsque les conditions de dimensionnement auront été
dépassées et la dégradation résultante sera progressive et non rapide.

• grâce à leur flexibilité, ces ouvrages ne sont pas très sensibles aux tassements
différentiels. Les ouvrages surmontés d’une route ou d’un mur de couronnement en
béton rigide font exception car ils ne résistent qu’à des tassements différentiels très
limités. Les talus et la large base contribuent à répartir les charges, ce qui peut souvent
se traduire par des exigences moins strictes en matière de fondation que pour un ouvrage
vertical comparable placé directement sur le fond de la mer.

82
V.1.1.a) Considérations liées à la conception et approche générale
En matière de conception, les principaux éléments à prendre en compte sont les
suivants :

o l’utilisation des infrastructures à protéger (telles que les quais, les bassins portuaires) et
l’étendue de la protection nécessaire ;
o le plan de masse du port ;
o la durée d’indisponibilité acceptable ;
o la durée de vie des infrastructures et par conséquent celle de la digue ;
o le risque acceptable pendant la durée de vie de l’ouvrage ;
o le niveau de maintenance admissible et la facilité de mise en œuvre ;
o l’apparence architecturale acceptable ;
o l’impact environnemental acceptable.

V.1.1.b) Définitions
Les digues à talus sont des ouvrages constitués de matériaux rocheux, habituellement
protégés par une carapace de blocs d’enrochement naturel ou blocs artificiels de plus grandes
dimensions. Les digues servent généralement à mettre à la disposition des navires des eaux
calmes pour l’amarrage ou le mouillage, à l’abri des courants. La figure V.1 ci-dessous montre
une coupe-type d’une digue à talus, avec ses divers éléments.

Figure V.1 : Coupe-type d’une digue à talus.

Plusieurs variantes sont envisageables, qui dépendent principalement de la fonction de


la digue, de l’accès, de l’utilisation faite de la face arrière, des exigences en matière de hauteur
de crête ainsi que des considérations économiques ou des exigences de maintenance.
La partie principale comprend le noyau, généralement construit en matériau de dragage
ou d’abattage, de granulométrie étalée comme le tout-venant, une ou plusieurs sous-couches
ou couches-filtres et la carapace. La crête peut être protégée par la carapace, mais très souvent
elle comprend également un élément de crête ou un mur de couronnement en béton, souvent
avec une voie de circulation. Une butée de pied et une protection anti-affouillement du talus
côté mer de la digue sont nécessaires pour maintenir la stabilité du talus en cas d’érosion du
fond de la mer, notamment dans le cas de fond sableux. Dans le cas où le sol de fondation est
particulièrement mauvais, il peut être nécessaire d’appliquer des mesures d’amélioration du sol
pour que l’ouvrage soit stable du point de vue géotechnique.

83
On distingue différents types de digues :

Figure V.2 : Coupes-types de différents types de digues.

1. Digue à talus conventionnelle


Elle a une coupe trapézoïdale simple. La carapace peut recouvrir la crête ainsi qu’une
partie du talus arrière de même que la face avant. L’objectif de ces coupes simples est
généralement de reconstituer un abri pour d’autres ouvrages tels que les quais ou les
postes d’amarrage. Ce type d’ouvrage est très fréquent.

2. Digue à talus conventionnelle avec mur de couronnement


Cet ouvrage est principalement utilisé en tant que protection de port. Le mur de
couronnement ou l’élément de crête, qui intègre souvent une voie de circulation, permet
l’accès le long de la digue. Cette caractéristique est essentielle lorsque le côté arrière est
le lieu d’opérations portuaires, telles que l’amarrage (quai) ou le stockage (plat e-forme).

3. Digue à berme
Dans ce cas, le talus côté mer présente une berme en enrochement naturel.

4. Digue à crête abaissée


Un ouvrage à crête abaissée peut servir de protection dans des sites où les conditions de
houle doivent être atténuées mais où le franchissement est acceptable ou dans les sites
où la visibilité horizontale est un impératif, par exemple pour des raisons esthétiques.

5. Digue en caisson ou digue mixte verticalement

84
Il s’agit d’un soubassement en enrochement sur lequel des caissons sont placés. Dans
certains cas, le soubassement n’est qu’une fondation peu élevée pour les caissons (voir
l’illustration 5a de la figure V.2) mais dans d’autres il peut représenter une proportion
significative de la profondeur (voir l’illustration 5b de la figure V.2). Ce soubassement
peut avoir ou non besoin de protection selon sa profondeur. Ce type de digue sert
principalement de protection portuaire.

6. Digue mixte horizontalement


Il s’agit d’une combinaison d’une digue en caisson (placée en second plan) et d’un talus
(placé en premier plan, côté mer). Ce talus est constitué en enrochement naturel ou
artificiel, dont la taille est suffisante pour assurer leur stabilité du point de vue
hydraulique. Le caisson peut être placé sur des fondations composées d’enrochement
plus petit.

Outre ces différents types de digues et de manière plus générale, on distingue les digues
reliées à la côte des digues dites foraines. Dans la plupart des cas, les digues sont reliées à la
côte. Ces ouvrages ont une racine côté terre. Les digues foraines en sont complètement
déconnectées.

V.1.1.c) Choix du type de digue


La sélection d’un type de digue dépendra de plusieurs facteurs dont les coûts, la
constructibilité, la disponibilité des matériaux localement ainsi que les préférences du maître
d’ouvrage. Il existe toutefois des situations dans lesquelles certaines options sont préférables.

V.1.2 Digues à talus conventionnelle


La détermination de la taille et de la disposition des éléments constitutifs de la section
transversale est l’objectif principal du dimensionnement. La détermination des dimensions
principales permet de calculer le coût prévisionnel de l’ouvrage, élément important pour
comparer les différentes variantes.

V.1.2.a) Dimensions principales


La figure V.3 présente le schéma d’une digue à talus conventionnelle. L’ouvrage est
composé entre autre :
➢ d’un noyau en tout-venant d’abattage (et éventuellement de matériaux alternatifs
comme des galets dragués ou des matériaux secondaires) ;
➢ d’une carapace en enrochement naturel qui protège le talus côté mer, la crête et une
partie du talus côté port ;
➢ d’un filtre ou sous-couche (souvent nécessaire entre le noyau et la carapace, respectant
les règles de filtre) ;
➢ d’une butée de pied qui est souvent mise en place pour soutenir la carapace (il est
également possible de placer une protection anti-affouillement côté mer afin
d’empêcher l’affouillement du fond marin devant l’ouvrage qui affecterait la stabilité
de la digue).

85
Figure V.3 : Schéma d’une digue à talus.

Les paramètres définis à la figue V.3 sont les suivants :

• revanche de la crête, 𝑅𝑐 (𝑚) ;


• largeur de la crête, 𝐵 (𝑚) ;
• angle du talus, 𝛼 (°) ;
• épaisseur de la carapace, 𝑡𝑎 (𝑚) ;
• épaisseur de la sous-couche, 𝑡𝑢 (𝑚) ;
• hauteur d’eau au-dessus du pied de l’ouvrage côté mer, ℎ𝑡 (𝑚) ;
• hauteur d’eau au-dessus de la berme ou de l’épaulement du talus arrière, ℎ𝑙 (𝑚) ;
• largeur de la butée de pied, 𝐵𝑡 (𝑚) ;
• largeur des épaulements, 𝑆𝑠 , 𝑆𝑙 (𝑚).
Ces paramètres traités plus en détail ci-après.

Revanche de la crête, 𝑹𝒄

La hauteur de la crête est généralement déterminée par le débit franchissant ou de


transmission admissible de la houle, sur la base des exigences d’exploitation fixées par
l’ouvrage. Elle peut également être déterminée par la hauteur du noyau par rapport au niveau
de l’eau, si l’ouvrage doit être construit à l’aide d’équipements terrestres. Ceux-ci peuvent
normalement travailler à un niveau minimal d’1 m au-dessus du niveau des hautes eaux. Dans
le cas d’utilisation d’équipements flottants, le niveau de la crête peut être choisi arbitrairement,
en gardant à l’esprit que, au-delà de 3 m au-dessus du niveau des basses eaux, les matériaux ne
peuvent pas être simplement déversés mais qu’ils doivent être mis en place à l’aide de grues.
Largeur de la crête, 𝐁

La largeur de la crête, R c (m), doit être suffisante pour permettre qu’au moins 3 blocs
d’enrochement naturel ou artificiel soient placés sur la crête. Cet impératif est particulièrement
important si l’on s’attend à un franchissement significatif. Dans le cas de l’enrochement naturel,
une largeur de crête de trois ou quatre blocs est une valeur minimale classique. Les blocs situés
sur la crête doivent être placés avec une imbrication ou une densité de pose maximale pour une

86
stabilité optimale face à l’action de la houle. Pour cela, la largeur de la crête du noyau, 𝐵𝑛𝑜𝑦𝑎𝑢 ,
est mesurée au minimum 1 mètre au-dessus du niveau des hautes eaux tandis que, dans des
conditions exposées, 2 à 3 m au-dessus de la pleine mer moyenne de vive-eau préférables.

Angle du talus, 𝛂

L’angle du talus, 𝛼 (°), adopté lors du dimensionnement de la face avant doit idéalement
être aussi élevé que possible afin de minimiser de volume de l’ouvrage mais il dépend de la
stabilité hydraulique et géotechnique. En règle générale, la pente n’est pas plus raide que 3/2,
sauf dans le cas de blocs artificiels pour lesquels la pente la plus adaptée est généralement
recommandée par le développeur du bloc. La pente peut alors aller jusqu’ç 4/3. Cet angle peut
être comparé à l’angle de repos naturel du matériau déversé sous l’eau, qui peut être équivalent
à une pente de 1.2/1. Dans le cas des blocs artificiels, les blocs massifs en double couche sont
placés sur des talus de pente comprise entre 5/2 à 3/2, et les blocs en simple couche à forte
imbrication sont placés de préférence sur un talus de pente comprise entre 3/2 et 4/3. Les talus
moins inclinés sont acceptables mais, dans le cas des blocs à forte imbrication. En règle
générale, le talus arrière est construit aussi incliné que possible, mais toutefois rarement au-delà
de 4/3.

Conception du musoir
Le musoir est extrémité côté mer à tracé circulaire d’une digue à talus connectée à la
côte ou les deux extrémités d’une digue foraine. Les musoirs sont fortement exposés aux
tempêtes à cause, d’une part, des vagues diffractées et, d’autre part, des franchissements ; il faut
donc y prêter une attention particulière lors du choix de la taille des blocs d’enrochement. La
figue V.4 ci-dessous présente une configuration type de musoir.

Figure V.4 : Configuration type de musoir.


Les principaux paramètres d’un musoir sont le rayon et la pente du talus. Le rayon d’un
musoir doit être choisi en fonction de 𝐻𝑠 au niveau d’eau de projet (au repos).

87
Figure V.5 : Entrée du port avec musoir en béton (Saba, Antilles néerlandaises).

Lors de la conception des musoirs, il faut également tenir compte des éventuels futurs
prolongements de la digue. Le démantèlement et l’enlèvement de gros blocs dans le cadre de
modifications futures n’est pas une tâche aisée, en particulier s’il s’agit de blocs à forte
imbrication.

V.1.2.b) Détails constructifs


Une fois les dimensions principales de la digue, garantissant un faible risque de rupture,
déterminées les considérations pratiques ci-dessous, qui renvoient aux dimensions présentées à
la figure V.3 doivent être intégrées dans la conception.

Epaisseurs des couches, 𝒕𝒂 et 𝒕𝒖

Une fois la taille des blocs d’enrochement adopté, les épaisseurs des couches (carapace :
𝑡𝑎 , sous-couche : 𝑡𝑢 ) découlement de la nécessité de disposer les blocs naturels de manière
aléatoire en double couche afin que les couches intérieures soient convenablement protégées en
chaque endroit, même si quelques blocs individuels sont emportés de manière occasionnelle.

Position des butées, 𝒉𝒕 et 𝒉𝒍

La profondeur de la butée de pied côté mer, ℎ𝑡 , est généralement d’au moins 1𝐻𝑠 à 1.5𝐻𝑠
au-dessous du niveau des basses eaux et a une influence sur la taille requise des blocs. La

88
profondeur de la butée de pied côté terre dépend de l’agitation dans le port et de l’importance
du franchissement. On estime par principe qu’une profondeur de 3 m peut être considérée
comme acceptable dans la plupart des cas.

Largeur de la butée, 𝑩𝒕

Dans le cas des digues à talus, la largeur de la butée de pied, 𝐵𝑡 , doit en règle générale
permettre le placement d’au moins trois blocs. L’épaisseur de la butée doit être basée sur les
recommandations en matière d’épaisseurs des couches évoquées ci-dessus.

Caractéristiques des butées de pied en enrochement naturel

Dans des eaux relativement profondes et lorsque le fond marin est sableux, il est souvent
possible d’utiliser une plus petite paille de blocs dans la butée de pied de la digue pour soutenir
la carapace principale.

Figure V.6 : Schémas de configuration de pieds de digues à talus.

Caractéristiques des butées de pied en enrochement naturel

Les dispositions constructives des butées de pied composées de blocs artificiels ne


diffèrent pas beaucoup de celles des butées de pied en enrochement naturel, mais elles sont
spécifiques à chaque type de bloc artificiel et les dispositions doivent être fournies par le
développeur du bloc. Il est important de prêter attention au scénario de construction. La figure
V.7 présente des exemples de dispositions des butées de pied en blocs artificiels.

89
Figure V.7 : Différents types de construction de pieds constitués
de blocs d’enrochement artificiel en simple couche.
Largeur des épaulements, 𝑺𝒔 et 𝑺𝒍

Sauf en cas de conditions d’érosion spécifiques, la largeur de l’épaulement côté mer, 𝑆𝑠 ,


est essentiellement déterminée par les tolérances de placement et n’excède habituellement pas
2 m. La largeur correspondant, 𝑆𝑙 , du côté terre est déterminée par les tolérances et dans la
pratique on utilise souvent 𝑆𝑙 = 0.5 𝑡𝑢 , (𝑡𝑢 est l’épaisseur de la sous-couche). Si l’on tient
compte des problèmes d’affouillement en eau peu profonde, l’épaulement devient un dispositif
anti-affouillement et son étendue ne doit pas être inférieure à 6 m ou à 𝐻𝑠 , comptée à partir du
pied de l’ouvrage.

V.1.3 Digues à talus avec mur de couronnement


Les digues à talus dotées d’un mur de couronnement sont généralement conçues comme
des digues à talus conventionnelles, la principale différence étant l’accès de véhicules ou des
piétons est possible sur l’ouvrage. Par conséquent, seules les différences avec les digues
conventionnelles en enrochement sont abordées ci-après.

Les murs de couronnement sont des superstructures composées d’un bloc de


couronnement en béton ou d’un mur chasse mer. Ce mur peut fournir un accès aux piétons ou
aux véhicules le long de la crête de l’ouvrage. On exige en général une largeur minimale de 2
m pour un accès piéton et de 4 m pour un accès routier (voie unique).

Figure V.8 : Concept de digue à talus avec mur de couronnement.

90
Figure V.9 : Configurations de murs de couronnement.

V.1.4 Digues à berme ou à talus en S


Les digues à berme offrent une grande flexibilité au maître d’œuvre. La conception
repose sur l’approvisionnement, c'est-à-dire sur la production de la carrière, plutôt que sur la
demande qui est basée sur les besoins en enrochement définis par le projet.
Il existe trois grands types de digues à berme :
➢ non-reprofilable statiquement stable ;
➢ reprofilable statiquement stable ;
➢ reprofilable dynamiquement stable.

Dimensions principales

Figure V.10 : Dimensions principales d’une digue à berme à couches multiples.


91
La figure V.10 présente les dimensions principales d’une digue à berme. La taille des blocs de
classe I est déterminée par la production de la carrière, par la régression de la berme et par le mode de
reprofilage (statiquement stable, reprofilé statiquement stable et dynamiquement stable). En règle
générale, il est préférable d’éviter les digues à berme reprofilables et dynamiquement stables car le
roulement des blocs sur le talus peut entraîner des ruptures inacceptables des blocs.

𝒉𝒇 comme hauteur d’eau au-dessus du pied, correspond à 𝒉𝒕 . Plus bas encore sur le talus en
direction du pied, il est possible d’utiliser des blocs de plus en plus petits étant donné que l’exposition
aux actions hydrauliques diminue.
La largeur de la berme, 𝑩𝑩 , doit être déterminée en équilibrant le coût de la digue avec la
probabilité qu’elle subisse un dommage. Il est préférable que la berme soit aussi large que possible.
La hauteur de la berme doit être de l’ordre de 𝒉𝑩 ≈ (𝟎. 𝟓 − 𝟎. 𝟗) 𝑯𝑺 au-dessus du niveau
d’eau de projet.
La hauteur de la crête, 𝑹𝒄 , est déterminée par le débit franchissant admissible. Elle est souvent
fixée aux alentours de 𝑹𝒄 ≈ (𝟏. 𝟎 − 𝟏. 𝟒) 𝑯𝑺 .

Figure V.11.a) : Digue à berme de Sirevag (Suisse).

Figure V.11.b) : Coupe de la digue à berme de Sirevag (Suisse).


92
V.2 Protection en enrochement des ouvrages portuaires
L’enrochement peut être utilisé pour les types d’ouvrages suivants, dans les ports :
1. les digues conçues pour protéger le port contre une action inacceptable des courants.

2. Les revêtements en enrochement qui empêchent l’érosion du matériau constitutif des


berges ou remblais qui protègent les terres.

3. La protection des quais conçus pour l’amarrage des navires et le


changement/déchargement des marchandises, les passagers et des véhicules. A
l’intérieur des ports, les actions hydrauliques qui s’exercent sur les ouvrages sont
généralement dominées par les vagues induites par la navigation et par les vitesses
induites par les hélices de propulsion. Les différents types de protection incluent :

a. La protection de talus sur les remblais, y compris ceux qui se trouvent au-dessous
des quais sur pieux,

b. La protection de pied des quais verticaux afin d’empêcher la perte de matériau qui
pourrait réduire la stabilité de l’ouvrage,

c. La protection de fond devant les quais verticaux et les talus en enrochement, autour
des pieux, afin d’empêcher l’érosion du fond et de protéger le volume de sol qui
fournit une résistance passive,

d. Les soubassements en enrochement qui se trouvent sous les quais-poids, soit dans
le but de former une couche de nivellement afin d’aplanir les variations du niveau
du fond, soit pour répartir les fortes charges d’appui du mur vers le fond, soit pour
réduire la hauteur du mur afin que son dimensionnement soit économique.

Figure V.12.a) : Protection en enrochement du pied d’un quai-poids.


93
Figure V.12.b) : Protection en enrochement du talus sous un quai sur pieux.

V.3 Ouvrages de protection du littoral


Les ouvrages de protection du littoral sont généralement constitués de composants
similaires ceux des digues.

V.3.1 Dispositions constructives

V.3.1.a) Conception de la butée de pied


Les dispositions constructives de la butée de pied doivent garantir une protection contre
l’affouillement de l’ouvrage ainsi qu’un soutien contre le glissement de la carapace/du parement
de l’ouvrage.
Les différentes géométries de butée de pied pour les différents types de fonds sont les
suivants :
1. Côte rocheuse

1.a) Pieux de béton forés dans le rocher et poutre de pied en béton posée en surface.

Avantages :

• Pas d’excavation dans le rocher.

Inconvénients :

• Des équipements supplémentaires sont nécessaires pour l’installation des pieux


en béton dans le fond rocheux ;
• La poutre de pied en béton peut requérir une maintenance si un dommage se
produit au cours de l’installation et pendant le durée de vie du revêtement ;

94
• Les interventions sur la poutre de pieds sont rendues difficiles par la possibilité
d’un effondrement du revêtement si la poutre est enlevée ;
• Il existe un risque d’affouillement devant la poutre de pied ;
• Lors de la conception des pieux, il faut tenir comte des phénomènes d’abrasion
et de corrosion de l’acier des pieux.

Figure V.13.a) : Détail d’un pied


Fond rocheux : pied en pieux.

1.b) Tranchée creusée dans le rocher.

Avantages :

• Il n’est pas nécessaire de forer des pieux.


Inconvénients :

• L’excavation du fond rocheux est nécessaire.

Figure V.13.b) : Détail d’un pied


Fond rocheux : excavation d’une tranchée.

95
2. Couche imperméable proche du niveau de la plage
2.a) Prévoir un rechargement régulier du pied

Avantages :

• Les quantités d’enrochement naturel sont plus faible ;


• Aucune excavation importante n’est requise sur la plage.

Inconvénients :

• Il existe une possibilité de tassement de l’ouvrage, à cause des pressions


interstitielles qui s’exercent sous le pied.

Figure V.14.a) : Détail d’un pied – Couche imperméable proche du niveau de la plage :
une maintenance intermédiaire est nécessaire.
2.b) Excaver jusqu’à la couche imperméable et fonder le pied dessus

Avantages :

• Pas de tassement de l’ouvrage à cause de l’affouillement du pied dû à la pression


interstitielle.

Inconvénients :

• L’excavation est significative dans la plage, en particulier lorsque les talus ont
une faible inclinaison, ce qui exige une vaste surface d’excavation ;
• L’assèchement peut être nécessaire à cause de la présence à cause de
l’abaissement du niveau de fondation ;
• La quantité d’enrochement dans l’ouvrage augmentera à cause de l’abaissement
du niveau de fondation ;
• L’excavation se remplira partiellement à chaque marée, ce qui exigera une
nouvelle excavation.

96
Figure V.14.b) : Détail d’un pied – Couche imperméable proche du niveau de la plage :
Excavation jusqu’au fond rocheux.

3. Plage de sable/galets

3.a) Faible potentiel d’affouillement

Avantages :

• Construction simple, relativement facile à entretenir.

Inconvénients :

• Des fosses d’affouillement localisées apparaîtront autour des blocs du pied ;


• Cette méthode ne doit pas être utilisée si l’on s’attend à un affouillement important ;
• Dans les zones intertidales, une ré-excavation de la plage peut être nécessaire pendant
la construction.

Figure V.15.a) : Détail d’un pied – Plage de sable ou de galets ayant un faible potentiel
d’affouillement.

97
3.b) Potentiel d’affouillement modéré

Avantages :

• Construction simple, relativement faible à entretenir.

Inconvénients :

• Des fosses d’affouillement localisées peuvent apparaître autour des blocs du


pied ;
• Dans les zones intertidales, une ré-excavation de la plage peut être nécessaire
pendant la construction.

Figure V.15.b) : Détail d’un pied – Plage de sable ou de galets ayant un potentiel
d’affouillement modéré.

3.c) Fort potentiel d’affouillement

Avantages :

• Construction simple, relativement facile à entretenir ;


• Permet une importante érosion.

Inconvénients :

• Il est possible qu’une excavation profonde soit nécessaire, mais des talus
latéraux difficiles à maintenir, en particulier lorsque la construction se déroule
sous l’eau ;
• Des fosses d’affouillement localisées apparaîtront autour des blocs du pied.

98
Figure V.15.a) : Détail d’un pied – Plage de sable ou de galets ayant un
fort potentiel d’affouillement modéré.

3.d) Fort potentiel d’affouillement, pas d’excavation

Avantages :

• Construction simple, relativement facile à entretenir ;


• Permet d’éviter l’excavation.

Inconvénients :

• Des fosses d’affouillement localisées apparaîtront autour des blocs du pied ;

Figure V.15.b) : Détail d’un pied – Fort potentiel d’affouillement, pas d’excavation.

99
CHAPITRE VI : CONCEPTION DES OUVRAGES DE FERMETURE

VI.1 Introduction

VI.1.1 Définitions
Les ouvrages de fermeture se définissent généralement comme des ouvrages servant à
effectuer et à maintenir la fermeture d’un bras de rivière, d’un estuaire ou de tout autre plan
d’eau. Une fermeture peut être permanente (barrage-réservoir, barrage estuarien), partielle
(barrage mobile) ou temporaire (batardeau). La caractéristique commune à tous les ouvrages de
fermeture est que pendant la phase de fermeture, les vitesses du courant dans la passe
augmentent progressivement et atteignent leur maximum juste avant que la fermeture ne soit
achevée. Les vitesses deviennent nulles immédiatement après la fermeture totale de la passe.
Pour les ouvrages de fermeture, il est essentiel de planifier et d’échelonner précisément
le processus de construction en tenant compte des conditions aux limites hydrauliques et
physiques.
La plupart des barrages pour lesquels il est nécessaire d’effectuer des travaux de
fermeture sont conçus et construits dans l’un des buts suivants :
o retenir l’eau (par exemple : réservoir ou citerne d’irrigation) ;

o séparer deux plans d’eau (par exemple : séparer un estuaire de la mer) ;

o dévier une partie de l’eau d’un bras de rivière soit de façon permanente (par exemple :
irrigation), soit de façon temporaire (par exemple : batardeau).

VI.1.2 Sujets abordés


Les ouvrages de fermeture sont classés selon leur fonction, mais aussi selon les
conditions aux limites et la phase de construction qui leur sont associées.
On distingue ainsi différents types d’ouvrages de fermeture :
▪ barrages de fermetures estuariens ;

▪ barrages de fermetures de rivière ;

▪ barrages-réservoirs ;

▪ barrages à vannes, seuils, barrages fluviaux et barrages de déviation.

Les paragraphes suivants proposent une définition des ouvrages mentionnés ci-dessus :
- les barrages de fermeture sont des ouvrages conçus à l’origine pour arrêter
l’écoulement de l’eau, mais également, dans certains cas, pour servir de barrages de
retenue temporaires destinés à protéger un site sur lequel on va construire en cale sèche
un barrage ou tout autre ouvrage de grandes dimensions (par exemple : vanne, barrage,
station de pompage-drainage, écluse de navigation) ;

100
- les barrages-réservoirs sont des ouvrages en béton, en maçonnerie, en terre ou en
enrochement servant à retenir un plan d’eau ou à séparer deux plans d’eau ;

- les barrages à vannes (ou à portes, par exemple : anti-tempête et anti-marée) se


définissent comme des ouvrages normalement laissés ouverts. Ils sont refermés pendant
les périodes où les niveaux d’eau dépassent des valeurs seuils et ils jouent alors le rôle
de barrages-réservoirs ;

- les seuils sont des ouvrages peu élevés, qui peuvent parfois être submergés ;

- les barrages fluviaux sont le plus souvent des ouvrages de hauteur modérée, qui
permettent à un débit spécifique prédéterminé de passer par-dessus l’ouvrage ou, dans
le cas de structures dotées d‘éléments mobiles, généralement appelées barrages mobiles,
à travers la structures lorsque les éléments sont actionnés. Tout comme les déversoirs et
les barrages de vidange, les barrages fluviaux servent à contrôler le débit et/ou les
hauteurs d’eau ;

- les barrages de déviation sont semblables aux barrages fluviaux, à cela près qu’ils ne
sont jamais munis de vannes. La fonction d’un barrage de déviation est généralement
de dévier un cours d’eau pour contourner le site d’un barrage en construction ;

- les déversoirs et les ouvrages de vidange sont des ouvrages par-dessus lesquels ou à
travers lesquels sont rejetés les débits de crue ;

- les batardeaux sont des ouvrages étanches provisoires encerclant tout ou partie du site
de construction de façon à ce que les travaux puissent avoir lieu au sec.

VI.2 Fermetures d’estuaires


VI.2.1 Fonctions
Les estuaires et autres zones côtières sont fermées pour l’une au moins des raisons
suivantes :

• prévention des crues dans les zones côtières submersibles ;


• création d’un réservoir d’eau douce alimenté par l’eau des rivières provenant des
montagnes ;
• centrale électrique marémotrice ;
• confinement de l’eau salée lors d’une rivière ;
• protection de l’environnement de l’estuaire contre une éventuelle pollution (par
exemple : pétrole ou autres substances toxiques).
La force des courants au cours de l’opération de fermeture dépend des facteurs
suivants :

• hauteurs d’eau variant avec les marées en mer, en situation non-perturbée ;


• surface de la zone humide à séparer de la mer.

101
VI.2.2 Considérations générales concernant le dimensionnement de la
section transversale
La fermeture d’estuaire a une fonction temporaire, qui consiste à stopper l’écoulement,
alors que le profil final du barrage estuarien assure les fonctions permanentes suivantes :
a) retenir les hauteurs d’eau élevées au large ;
b) empêcher toute infiltration d’eau salée ;
c) résister à l’attaque des courants.
Les conditions aux limites hydrauliques locales dont il faut tenir compte sont les
suivantes :
• les hauteurs d’eau des deux côtés de la fermeture ;
• les différences de charge hydraulique, les débits et les vitesses du courant au niveau de
la passe de fermeture ;
• les vitesses du courant près de l’alignement de la fermeture.
La condition aux limites locale la plus importante en termes de dimensionnement est la
vitesse maximale du courant dans la passe, 𝑈 ̂𝑔 (m/s), qui peut être atteinte dans une situation
ou une phase de fermeture donnée, et à un endroit donné, par exemple au niveau de l’axe de
̂𝑔 qui détermine :
fermeture. C’est en réalité cette vitesse 𝑈

o l’étendue de la protection de fond de la protection du fond ;

o la taille de l’enrochement de la protection du fond ;

o la taille de l’enrochement pour chaque étape de construction de la fermeture progressive.

VI.3 Fermetures de rivières


VI.3.1 Objectifs des fermetures de rivières
L’expression fermeture de rivière induit en erreur dans la mesure où une rivière ne peut
pas être complètement fermée, même de manière temporaire. Une rivière est un élément
essentiel du dispositif de drainage d’un bassin versant et elle ne saurait être fermée, sauf si :

• le débit fluvial est détourné par une déviation provisoire et déversé par la suite plus bas
à l’aval dans le même cours d’eau ou dans un autre bassin fluvial ;

• le débit fluvial est temporairement stocké dans un réservoir et, par la suite, libéré de
manière contrôlée via un déversoir, une centrale électrique ou un système d’irrigation.
Il découle de ce qui précède que les fermetures de rivières sont nécessaires dans les cas
suivants :
o si l’on souhaite fermer un bras (ou plus) d’une rivière dans le cadre de travaux
d’aménagement ou pour créer des dérivations temporaires de la rivière à l’aide de
batardeaux, afin d’établir un environnement sec et sécurité en vue de la construction
d’un barrage permanent et des travaux annexes ;

102
o dans le cadre de la fermeture de passages de dérivation à travers un barrage inachevé au
moment de sa réalisation ou dans le cadre des travaux de dérivation distincts. Dans ce
cas, on parle généralement de fermeture d’ouvrages de dérivation ;

o si l’on souhaite construire des barrages de dérivation, pour lesquels la surélévation du


niveau de l’eau à leur contact permet de dévier l’eau quelle que soit la saison. La
dérivation peut être dirigée vers un système d’irrigation ou vers un canal ou un tunnel
entre deux bassins ;

o pour créer un barrage mobile subissant un franchissement plus ou moins permanent,


sans vannes, utile pour la navigation fluviale et/ou la production hydroélectrique au fil
de l’eau.

Figure VI.1 : Dérivation d’une rivière pour la phase finale de construction de la


centrale hydroélectrique d’Aschach, sur le Danube (Autriche).

VI.3.2 Caractéristiques des fermetures de rivières partielles et des


batardeaux
La fermeture partielle d’une rivière peut être nécessaire dans le cadre de travaux
d’aménagement fluvial destinés à faciliter la navigation.

La dérivation d’une rivière pendant la construction d’un barrage implique le


dimensionnement et la construction des fermetures de la rivière dans les zones cernés par un
batardeau. Cette opération permet de créer des zones de travail sans eau et protégées des
inondations, à l’intérieur desquelles l’ouvrage permanent peut être construit au sec. En règle
générale, ces travaux d’aménagement fluvial consistent en un ensemble de batardeaux érigés
et/ou étendus ou enlevés au cours des phases de construction ultérieures, ainsi q’en divers
ouvrages de dérivation associés, tels que des tunnels, des chenaux, des aqueducs et des
ouvertures dans le barrage partiellement achevé.

103
Un projet de dérivation peut comprendre une ou plusieurs étapes. En règle générale, les
travaux se déroulent comme suit :

1. Construction d’un petit batardeau permettant le point é ci-dessous (si nécessaire).

2. Construction de dérivations provisoires, d’aqueducs, de chenaux ainsi que d’ouvrages


d’aménagement.

3. Construction de batardeau(x) à travers le chenal de la rivière pendant la saison des


basses eaux, ce qui force la rivière à s’écouler dans les dérivations.

4. Construction d’ouvrages permanents à l’intérieur de la zone protégée par un batardeau,


comprenant des éléments de vidange.

et, dans le cas des travaux en plusieurs étapes, exclusivement :

5. Démolition du/des batardeau(x) pour laisser la rivière s’écouler à travers les points de
vidange dans le barrage-réservoir.

6. Construction du/des batardeau(x) de la deuxième phase.

7. Construction d’ouvrages permanents dans la zone protégée par le(s) batardeau(x) de la


deuxième phase.

8. Fermeture des points de vidange ou des passages de dérivation afin de commencer à


retenir l’eau dans le réservoir, ce qui correspond à l’achèvement de la fermeture de la
rivière.

Figure VI.2 : Coupe d’un barrage, montrant les batardeaux intégrés dans l’ouvrage final
104
VI.4 Barrages-réservoirs
VI.4.1 Fonctions des réservoirs
Les réservoirs sont conçus pour stocker de l’eau et pour l’évacuer ensuite de manière
contrôlée. Cette évacuation contrôlée s’appuie sur une régulation du débit, de la hauteur d’eau,
ou des deux. La prévention des crues par amortissement de la hauteur des ondes de crue
lorsqu’elles débordent du réservoir, ainsi que la gestion des eaux, sont des exemples-types de
contrôle du débit :
• Le contrôle du niveau de l’eau (ou contrôle de la hauteur d’eau) est nécessaire pour
la navigation et les activités de loisirs ;
• La production d’énergie hydroélectrique et l’irrigation nécessitent une combinaison
des deux types de contrôles.

VI.4.2 Types de barrages et matériaux de construction utilisés


Dans certains pays, tels que l’Inde et la Chine, les barrages sont souvent construits avec
des moellons ou de la maçonnerie en moellons. Dans la plupart des autres pays, les barrages-
réservoirs sont en béton, en terre, en enrochement ou avec un mélange des trois. Les différents
types de barrages en béton sont en dehors du champ du présent guide, bien qu’ils puissent tenir
lieu d’ouvrages de régulation.
La majorité des barrages-réservoirs sont soit en terre soit en enrochement, bien que
d’autres matériaux tels que l’acier, le bitume, le géotextile et le béton puissent jouer un rôle
important dans des structures intégrées dans ces barrages ou dans les travaux de protection des
talus. Dans de nombreux cas, on utilise des combinaisons de ces différents matériaux, comme
pour le barrage d’Imha sur la rivière Banbyeoncheon, en Corée du Sud de la figure VI.3 ci-
dessous.

Figure VI.3 : Barrage d’Imha sur la rivière Banbyeoncheon, en Corée du Sud (Source : KOWACO)
105
VI.5 Barrages à vannes, seuils, barrages fluviaux et barrages de dérivation
VI.5.1 Généralités
Tous ces ouvrages ont des points communs :
o ils sont tous conçus soit pour un écoulement traversant soit pour un déversement ;
o l’écoulement traversant ou le déversement est observé de manière permanente ou quasi-
permanente ;
o il s’agit en général d’ouvrages peu élevés dont la hauteur ne dépasse pas 10 m ;
o ils sont construits dans un seul but.

VI.5.2 Barrages à vannes


Ces barrages sont des ouvrages qui ont une fonction de contrôle du débit ou de la hauteur
d’eau ; ils sont en général maintenus ouverts.

Ces barrages sont fermés par des vannes ou des portes :

• lorsque l’on s’attend à ce que les hauteurs d’eau dépassent un certain niveau (barrages
anti-tempêtes) ;
• lorsque l’intrusion d’eau salée est imminente à cause de faibles débits fluviaux ;
• pour lutter contre les marées noires.

Dans la plupart des cas, les barrages de ce type sont construits dans les régions côtières.

Figure VI.4 : Coupe des travaux de protection du fond réalisés pour le barrage anti-tempête
de l’Eastern Scheldt, Pays-Bas.

VI.5.3 Seuils
Les seuils sont construits pour assurer les fonctions suivantes :

▪ déversements contrôlés des rivières dans la plaine inondable si l’on souhaite une
inondation contrôlée de la plaine d’inondation ;

106
▪ sections de déversement des berges de rivière à l’entrée des réservoirs de rétention des
crues ou des chenaux de dérivation des rivières ;
▪ prévention de l’érosion des lits de rivières ou des torrents de montagne à l’aide de seuils
en béton ou de murs de soutènement peu élevés en maçonnerie en moellons ;
▪ barrages de retenue peu élevés construits sur les voies d’eau des estuaires ou sur des
cours d’eau, qui constituent la première étape des barrages anti-marée ;
▪ bandes de matelas de protection du fond dans les barrages anti-marée destinées à stopper
l’érosion régressive des chenaux et à tenir lieu de fondations pour les caissons équipés
de vannes ;
▪ crêtes de déversement qui font partie de digues fusibles ou de déversoirs de
service/annexes sur les culées des barrages-réservoirs.

Figure VI.5 : Section de déversement sur un remblai de berge à l’amont


d’un barrage à vannes construit sur le Danube, en Autriche.

Un seuil peut être constitué des éléments suivants :


➢ un assemblage de filtres comprenant des couches-filtres de granulométries différentes ;

➢ un matelas de protection du fond constitué de géotextile(s) et de ballast ;

➢ un barrage de retenue peu élevé à crête large constitué d’enrochement placé sur un
matelas de protection du fond ;

➢ une dalle de béton ou une dalle en maçonnerie à moellons.

VI.5.4 Barrages fluviaux


Ce barrage est généralement construit sur une rivière avec pour objectif de réguler le
niveau de l’eau en amont du barrage. La régulation du niveau de l’eau peut être nécessaire
immédiatement à l’amont du barrage pour la production hydroélectrique au fil de l’eau ou pour
dévier l’eau vers un chenal d’adduction qui mène à son tour à une centrale hydroélectrique. La
régulation du niveau de l’eau peut également être requise dans le but de rendre une rivière
navigable en amont du barrage ou en vue d’activités de loisirs.

107
Figure VI.6 : Barrage d’Awuru construit sur le Niger (Source : J. Van Duivendijk).

VI.5.5 Barrages de dérivation


La différence entre un barrage de dérivation et un barrage fluvial tel que défini ci-dessus
est arbitraire. En règle générale, un barrage de dérivation est plus élevé (jusqu’à 20 m), plus
court, parce qu’il est construit dans une vallée étroite. Le barrage de dérivation est fréquemment
franchi. Par conséquent, s’il est en enrochement, son talus ne doit pas être raide. Parfois, un
barrage de dérivation est construit en maçonnerie en moellons. Dans le cas, il est possible que
la pression de l’eau s’élève à travers des fissures et la possibilité de mise en place de barbacanes
dans le parement aval doit être envisagée lors de la phase de dimensionnement.

Figure VI.7 : Barrage de dérivation en Chine (face aval) (Source : J. Van Duivendijk).
108
CHAPITRE VII : CONCEPTION DES OUVRAGES EN RIVIERE ET EN
CANAL

VII.1 Introduction

VII.1.1 Contexte
Les rivières et les cours d’eau sont des entités dynamiques dotées de frontières (par
exemple : le lit et les berges) et soumises à des phénomènes d’érosion et de sédimentation. Les
chenaux artificiels sont souvent faits de matériaux érodables. Dans les cas, il est nécessaire de
construire des ouvrages permettant de stabiliser le lit et les berges, de façon à ce que le chenal
ne migre pas et n’entraîne aucun dommage sur les infrastructures adjacentes.

VII.1.2 Types d’ouvrages et fonctions associées


Les aménagements fluviaux sont tous les ouvrages de génie civil construits en rivière,
dont l’objectif est de guider et de confiner l’écoulement du bras de rivière, mais aussi de réguler
la configuration du lit afin d’assurer un mouvement de l’eau efficace et sûr. Les aménagements
fluviaux permettent de stabiliser ou de contenir une rivière. Ils peuvent également faire partie
intégrante d’ouvrages de protection contre les crues. Le type d’aménagement fluvial le plus
courant est la protection des berges, également appelée revêtement : on place des
enrochements sur la berge pour empêcher l’érosion du matériau naturel qui la constitue.
L’enrochement peut être placé en vrac ou appareillé. Il est également possible de protéger les
berges à l’aide de cages faites de grillage métallique, dans lesquelles sont placés de petits
enrochements, on parle alors de gabions. Les murs de soutènement constituent une alternative
aux revêtements, dans le cas où les berges sont instables et où l’espace disponible est limité. De
nos jours, l’usage de pierre sous forme de maçonnerie est relativement rare. Les murs de
soutènement sont généralement construits à l’aide de paniers de gabions remplis de petits
enrochements. Les murs de soutènement en gabions présentent l’avantage de permettre un
drainage libre et de favoriser la croissance de végétation.

Figure VII.1 : Protection des berges classique (Source : l’Agence britannique l’Environnement).
109
VII.2 Aménagements fluviaux

VII.2.1 Phénomènes d’érosion


Les phénomènes d’érosion sont induits principalement par une vitesse d’écoulement,
une turbulence et une contrainte de cisaillement élevées. La nature et l’origine du matériau
constitutif des berges, mais aussi les processus qui influencent l’érosion superficielle des rives
sans protection, sont des aspects-clés à prendre en compte lors du chois et du dimensionnement
des aménagements fluviaux.

Par souci de simplicité, les berges de rivière sont généralement classées comme suit :

o berges cohésives à forte teneur en argile. Cette catégorie comprend également certains
tourbes ;

o berges non-cohésives présentant une cohésion réduite ou nulle : elles ne contiennent


qu’une faible quantité d’argile, et sont souvent constituées de sable ou de galets ;

o berges composites présentant une structure stratifiée (par exemple ; superposition d’un
sol non-cohésif et d’un sol cohésif).

Le cas des berges à fond rocheux est particulier : elles ne souffrent pas de l’érosion sur
des durées de projet normales.

Figure VII.2 : Berges stratifiées présentant une réponse variable aux forces érosives.

VII.2.2 Types d’aménagements fluviaux


Les aménagements fluviaux sont conçus pour contenir la rivière, par exemple, pour
assurer la navigation ou éviter toute érosion excessive, ce qui limite la progression des
changements naturels induits par l’érosion et la sédimentation. Tous ces ouvrages remplissent
leur fonction en protégeant les matériaux érodables du lit et des berges face aux effets des
vitesses du courant élevées et de l’écoulement turbulent.

110
Un revêtement constitue une forme directe de protection anti-érosion mise en place
pour une berge. Les épis représentent une alternative indirecte, de même que les points durs
qui écartent l’écoulement érosif de la berge.
❖ Revêtements

Les revêtements (ou protections des berges) constituent la forme la plus courante
d’aménagement fluvial. Ils se composent d’une couche de matériau résistant à l’érosion
qui recouvre le matériau érodable des berges, et parfois même du lit de la rivière.

Figure VII.3 : Eléments constitutifs d’un revêtement en enrochement classique.

❖ Epis et points durs

Les épis servent à réduire la largeur d’un bras de rivière en condition de faible débit
pour en améliorer la navigabilité. Les épis constituent également une méthode indirecte
permettant de limiter l’érosion ; ils consistent à dévier les vitesses d’écoulement élevées
pour les éloigner des berges érodables.

Figure VII.4 : Système d’épis sur la Loire (Source : Service Maritime et de Navigation de Nantes).

111
Les points durs sont des épis miniatures qui permettent de dévier l’écoulement et de
l’éloigner de la berge à protéger. Les points durs étant plus courts que les épis, ils sont
également espacés d’une distance réduite.

❖ Protection contre les crues


La protection contre les crues est un problème associé aux hauteurs d’eau élevées et,
selon les circonstances, aux vitesses d’écoulement élevées. Le dimensionnement des ouvrages
de protection contre les crues se base généralement sur la hauteur d’eau plutôt que sur les
aspects liés à l’érosion. Comme pour tous les ouvrages en rivière, le concepteur doit,
naturellement, tenir compte de la nécessité que l’ouvrage résiste aux forces érosives.

Figure VII.5 : Digue de protection contre les crues (ici en phase de réhabilitation)
(Source : TPPL-France).

112

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