Vous êtes sur la page 1sur 13

Article

« Entre unité et diversité. Le discours identitaire du mouvement souverainiste au Québec et du


mouvement wallon en Communauté française Wallonie-Bruxelles »

Christophe Traisnel
Lien social et Politiques, n° 53, 2005, p. 93-104.

Pour citer cet article, utiliser l'information suivante :

URI: http://id.erudit.org/iderudit/011648ar

DOI: 10.7202/011648ar

Note : les règles d'écriture des références bibliographiques peuvent varier selon les différents domaines du savoir.

Ce document est protégé par la loi sur le droit d'auteur. L'utilisation des services d'Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politique

d'utilisation que vous pouvez consulter à l'URI https://apropos.erudit.org/fr/usagers/politique-dutilisation/

Érudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif composé de l'Université de Montréal, l'Université Laval et l'Université du Québec à
Montréal. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche. Érudit offre des services d'édition numérique de documents

scientifiques depuis 1998.

Pour communiquer avec les responsables d'Érudit : info@erudit.org

Document téléchargé le 26 décembre 2016 09:20


LSP 53 7/8/05 10:00 AM Page 93

Entre unité et diversité. Le discours identitaire du


mouvement souverainiste au Québec et du mouvement
wallon en Communauté française Wallonie-Bruxelles

Christophe Traisnel

Lorsqu’on parle, dans la franco- l’intégration des immigrants, ou sur une « adaptation » du modèle, par
† †

phonie internationale, de citoyenneté, la question de la décentralisation et l’introduction, par exemple, d’une


de nationalité, ou d’intégration, on de la réforme du statut des collectivi- dose de discrimination positive, à
fait très souvent référence au tés locales illustrent les limites d’un l’image de l’« autre » modèle, celui
† †

modèle républicain « à la française »


† † tel refus, mis en cause par les reven- des États-Unis. Ce modèle est sou-
d’unité et d’indivisibilité. Un tel dications de reconnaissance qui s’ex- vent présenté comme une alternative
modèle repose à la fois sur une priment au sein de la société illusoire et pour cette raison facile-
identité collective nationale ren- française, et le caractère souvent jus- ment écarté, car il est assimilé à un
voyant à une « communauté de

tifié de telles revendications : com- type de lien social faible, déchiré, en
citoyens », sur une forme de lien

ment en effet penser et reconnaître les tout cas incompatible avec la cohé-
social essentiellement appréhendée différences dans une société de plus sion sociale tant recherchée en
à travers le principe de l’égalité des en plus marquée par la diversité cultu- France.
droits, et enfin sur un refus poli- relle et religieuse, ou confrontée à des
revendications culturelles ou cul- Ces deux modèles ne sont pourtant
tique : celui de reconnaître institu-
tuelles diverses ? Comment aussi pen- pas les seuls disponibles. En franco-
tionnellement toute forme de droits
ser la collectivité nationale dans une phonie même, d’autres sociétés,
collectifs et de distinction cultu-
Union européenne en construction et comme la Wallonie et le Québec, elles
relle, religieuse, identitaire ou lin-
une mondialisation exigeante ? Quel aussi confrontées à la mondialisation,
guistique. Ce refus, revendiqué au
rôle peut jouer la citoyenneté face à au pluralisme culturel et à la question
nom du principe d’égalité et d’une
ces enjeux ? Souvent, les réponses à de l’intégration des « nouveaux
solidarité sociale transcendant les

ces épineuses questions oscillent citoyens » à la communauté nationale,


différences, est souvent synonyme,

entre les solutions pragmatiques des ou à des revendications culturelles ou


dans la doctrine républicaine fran-
défenseurs du modèle républicain, religieuses, ont pris une voie diffé-
çaise, d’indivisibilité.
qui aurait « fait ses preuves », et les
† † rente et ont cherché à développer
Les débats en France, récurrents, propositions (assez courageuses, il d’autres formes d’intégration. Les
sur l’opportunité de penser des faut le reconnaître) qui entraîneraient expériences tentées dans ces deux
mesures « incitatives » favorisant
† † un changement ou à tout le moins petites sociétés francophones en

Lien social et Politiques–RIAC, 53, Identités : attractions et pièges. Printemps 2005, pages 93-104.
LSP 53 7/8/05 10:00 AM Page 94

LIEN SOCIAL ET POLITIQUES–RIAC, 53 Nous souhaitons ici contribuer au tion d’une appartenance commune et
débat français sur la question de la unitaire, tout en aménageant une place
Entre unité et diversité. Le discours
identitaire du mouvement souverainiste au reconnaissance des différences par à la reconnaissance institutionnelle de
Québec et du mouvement wallon en l’intermédiaire d’une analyse des la diversité. De cette aubaine ils n’ont
Communauté française Wallonie-Bruxelles discours identitaires des souverai- pas tardé à profiter, en intégrant la
nistes québécois et des régionalistes citoyenneté dans leur discours identi-
wallons : ces deux cas de nationa- taire et leurs revendications...
lisme de contestation 2, tout en pen-

sant « une seule » Wallonie et « un


† † † Un nous au pluriel
seul » Québec, cherchent aussi à

aménager, au sein même de ce dis- En matière de reconnaissance de


cours identitaire unitaire, une place à la diversité culturelle de leurs socié-
94 la diversité et au pluralisme qui mar- tés respectives, les mouvements
quent leurs sociétés respectives 3. Ces

nationalistes ne sont pas tous à l’ar-
deux mouvements illustrent, dans rière-garde, bien au contraire. Leur
termes de reconnaissance de la diver- souci de mobiliser le plus grand
leurs revendications et leurs
sité pourraient peut-être inspirer la nombre autour de la promotion d’un
approches de l’identité collective, le
société française dans ses efforts de imaginaire identitaire particulier les
rapport complexe qui existe entre
renouvellement de son propre modèle pousse souvent à démontrer le carac-
unité et diversité. Car tout en contes-
républicain d’intégration. tère ouvert, moderne et pluraliste de
tant l’unitarisme étatiste dont ils
disent être les victimes, ils cherchent, leur « projet national ». En ce sens,
Le Québec et la Wallonie ont ainsi
† †

dans un même élan, à définir une comme le montrent les analyses les
travaillé la question identitaire en
identité collective autre pour plus récentes sur la nation et le natio-
aménageant, au sein de leurs espaces
laquelle ils tentent d’aménager un nalisme québécois, notamment celles
publics respectifs, une forme de
système de reconnaissance de la du philosophe Michel Seymour
reconnaissance des différences cultu-
diversité. Ils montrent ainsi que tout (1999a, 1999b), les souverainistes
relles qui peuvent exister entre les
projet national, ou tout modèle d’in- québécois ont rompu depuis bien
citoyens. Comme la France, ces deux
tégration, reste tributaire de la longtemps avec ce nationalisme eth-
pays constituent des sociétés d’im-
recherche d’un équilibre indispen- nique dont, à tort, on les accuse
migration depuis plus d’un siècle et
sable entre entretien d’une néces- encore bien souvent. Quant aux
demi 1, et comme elle ils sont

saire unité et aménagement de régionalistes wallons, ils ont toujours


confrontés à des revendications de
mécanismes institutionnels ou poli- dénoncé le nationalisme ethnique et
reconnaissance culturelle ou cul-
tiques de reconnaissance de la diver- extrémiste dont ils ont eux-mêmes
tuelle diverses. Or, ces revendica-
sité (Tully, 1999). Ils montrent aussi subi les effets.
tions ne semblent pas inquiéter sur
place les principaux promoteurs de qu’entre unitarisme républicain fran-
çais et communautarisme étatsunien La Wallonie, c’est nous ! 4
l’identité wallonne et de l’identité
délétère, d’autres voies sont pos-
québécoise, à savoir le mouvement Alors qu’il répond à tous les cri-
sibles, notamment dans la définition
wallon et le mouvement souverai- tères définissant un mouvement natio-
de la citoyenneté.
niste au Québec. Dans ce processus naliste 5, le mouvement wallon a

d’aménagement du « nous » québé- † †


Les nationalistes construisent un développé un discours antinationa-
cois ou du « nous » wallon en vue
† †
« nous », toujours unique, toujours au
† †
liste qui caractérise en fait sa manière
d’une intégration plus efficace de centre de leur projet politique, mais d’aborder l’identité wallonne, et qui
cette diversité culturelle, les mouve- respectueux des différences cultu- constitue en quelque sorte une dis-
ments régionaliste wallon et souve- relles. Dans cette perspective, nous tinction avec le « frère ennemi » qu’est
† †

rainiste québécois, pourtant très verrons comment les régionalistes le mouvement flamand « nationa-†

attentifs quant à la définition d’une wallons et les souverainistes québé- liste ». L’affirmation du « nous » wal-
† † †

identité nationale ou régionale « uni- † cois ont perçu le thème de la citoyen- lon n’est donc pas présentée par les
taire », participent eux aussi à la
† neté comme une véritable aubaine, à militants wallons comme une affirma-
réflexion sur la place de la diversité. même de contribuer à cette affirma- tion de repli, mais au contraire
LSP 53 7/8/05 10:00 AM Page 95

comme une affirmation d’ouverture à ments qui peuvent toucher la société Concluant un ouvrage collectif
la diversité qui peut s’exprimer sous wallonne, notamment grâce aux consacré à l’imaginaire wallon, les
des formes multiples en Wallonie « nouveaux apports » des immi-
† † responsables de la Fondation wal-
« terre d’accueil ».
† † grants. Car pour les militants wal- lonne, autre laboratoire de l’identité
lons, la Wallonie est et reste une terre du mouvement wallon, se réjouissent
Le directeur de l’Institut Jules que les études produites à cette occa-
d’immigration. José Fontaine, res-
Destrée, principal laboratoire de sion par les différents chercheurs
ponsable de la revue républicaine
l’identité du mouvement wallon, mettent en évidence le pluralisme
wallonne « Toudi », parle ainsi, pour
† †

exclut ainsi l’appellation « nationa-†

wallon et se gardent de tout essentia-


caractériser la culture wallonne, de
lisme » pour qualifier les démarches

lisme de type nationaliste, ou pire


« culture post-nationale » :
† †

identitaires du mouvement wallon. ethnique, qui pourrait remettre en


Tout en réaffirmant dans l’étude Pour nous, Wallons, il n’y a ni cause cette idée selon laquelle la
qu’il consacre à l’identité wallonne madone, ni fée, ni ange. Il y a peut-
Wallonie est une région marquée par 95
les réticences anciennes du mouve- être la représentation d’un peuple qui
sera plus qu’une région, autre chose
son ouverture et son acceptation des
ment wallon à propos du nationa- différences culturelles :
lisme, Philippe Destatte cherche les qu’une nation […]. La Wallonie a
montré la voie jadis à partir de ce qui On le constate, et les promoteurs du
raisons de ces réticences. Pour lui,
fonde matériellement la modernité, projet ne peuvent que s’en féliciter,
l’« antinationalisme » wallon serait
† †

l’industrie, la rationalité technique.


une caractéristique du peuple wallon, aucune étude ne proclame avec force la
Riche de cette expérience, elle a peut- préexistence d’une « âme wallonne » ni
le fruit de son histoire, un des mar- être à montrer l’exemple d’une post- ne se complaît dans une affirmation de
queurs de son identité : nation indifférente aux frontières et à soi naïve ou provocante. Les positions
la guerre, fière d’elle-même, cepen- sont lucides, nuancées, ennemis des
En Wallonie, la position de refus face
dant, mais d’une fierté qui ouvre sur clichages et hyperboles. Aucune affir-
au nationalisme […] trouve assuré-
le vaste monde, sur le fédéralisme mation non plus d’une Wallonie mono-
ment son origine dans l’histoire des
(Fontaine, 1991 : 235). lithique et homogène ! La Wallonie est
anciennes communes et provinces, de
même que dans l’influence des diverse, elle ne se restreint pas à son
Corollaire à ce sentiment identi-
Lumières et de la Révolution fran- bassin industriel […]. Aucun enferme-
taire qui s’affirme non nationaliste, ment non plus dans une Wallonie tour
çaise, mais sans que le modèle de
le discours militant recueilli au sein d’ivoire ou frileuse refusant les
nation citoyenne s’impose. Ce refus
des organisations du mouvement contacts extérieurs ou niant les métis-
trouve aussi peut-être et surtout son
fondement, au sein de l’État belge, comme au sein des documents ou sages au nom d’une spécificité à sau-
dans la critique du modèle national ouvrages produits par les labora- vegarder ! (Courtois et Pirotte, 1994 :
flamand en développement (Destatte, toires de l’identité exprime les 275-276.)
1997 : 24). valeurs d’humanisme, de tolérance, Les militants du mouvement wal-
de solidarité, et d’acceptation des lon insistent aussi sur l’aspect huma-
Ce qui est rejeté par le mouve-
différences. La Wallonie est d’abord niste qui anime le mouvement et sur
ment wallon, c’est surtout le nationa-
présentée par les militants comme l’intérêt qu’ils portent au respect des
lisme excluant, xénophobe, tel qu’il
plurielle et multiculturelle, marquée différences, de l’altérité. Philippe
apparaît en particulier aux franco-
par les vagues d’immigration qui ont Destatte constate ainsi que le mouve-
phones belges confrontés à la rhé-
rythmé son importante histoire ment wallon demeure progressiste 7
torique et aux valeurs nationalistes †

industrielle. Ce modèle de tolérance et respecte le pluralisme qui s’ex-


et xénophobes du parti flamand
et d’ouverture est opposé, dans le prime au sein de la société wallonne :
d’extrême-droite Vlaams Blok 6. †

discours, au repoussoir que constitue


Au contraire de ces valeurs une communauté flamande perçue Si, dans cet ensemble, il fallait carac-
quant à elle comme ethno-nationa- tériser la dynamique d’affirmation de
« nationalistes » stigmatisées, les
† †

la Wallonie, sans en faire un cas


acteurs du mouvement wallon affir- liste, visant une certaine hégémonie
unique ou céder à l’angélisme […] il
ment s’identifier à une promotion de culturelle par une réglementation lin- faudrait mettre en évidence son pro-
l’identité qui se veut régionaliste guistique inique, et brimant les liber- gressisme. […] L’ouverture à la diver-
(lorsqu’il s’agit de s’identifier à la tés fondamentales des citoyens qui sité, c’est-à-dire le refus de toute
Wallonie) et ouverte aux change- vivent sur son sol. identité exclusive ou de toute homo-
LSP 53 7/8/05 10:00 AM Page 96

LIEN SOCIAL ET POLITIQUES–RIAC, 53 grande partie écrit au futur, et n’en- Québec] doit devenir un État soli-
tend être appliqué qu’après l’indé- daire ». Le PQ imagine une démocra-

Entre unité et diversité. Le discours


identitaire du mouvement souverainiste au pendance. Essentiellement, ce tie sociale québécoise notamment en
Québec et du mouvement wallon en « Québec au futur » porte sur la défi-
† † « assurant une réelle égalité entre

Communauté française Wallonie-Bruxelles nition du futur État souverain et sur la toutes les personnes par une actuali-
définition d’une identité québécoise sation des interventions de l’État » †

marquée par les valeurs sociales- (Parti québécois, 2001 : 39).


démocrates auxquelles la société qué-
Ce « Québec au futur », plus socié-
bécoise dans son ensemble est
† †

tal que communautaire, ne présume


réputée être attachée. Le « projet †

cependant pas l’inexistence d’une


national » souverainiste cherche

nation Québécoise unitaire « ici et


ainsi, lui aussi, à conjuguer unité

96 maintenant ». Bien au contraire. Le


avec diversité.

Québec est bel et bien une nation qui


Le programme le proclame solen- se distingue du Canada, bien que
généité culturelle, apparaît également nellement : le Québec souverain, tout participant au fédéralisme canadien :
comme un élément fondamental de la en cherchant à « intégrer les diverses † les Québécois constituent déjà, au
doctrine du mouvement wallon
collectivités et les individus qui les sein même du Canada, un peuple uni,
(Destatte, 1997 : 429).
composent dans un projet collectif distinct du « peuple » canadien
† †

Le Québec : « Un pays pour le basé sur la fierté, la démocratie, l’éga- affirmé par l’État fédéral. Le Québec
lité des droits, et le français comme n’est plus une province, mais une
monde » 8… et pour tout le monde
langue commune », cherchera aussi, à † vraie nation :
Comme le mouvement wallon, le travers le développement « d’un senti- †

Un pays est constitué d’un espace


mouvement souverainiste au Québec ment d’appartenance à la citoyenneté délimité par des frontières géogra-
vise à construire sa doctrine identi- québécoise », à « refléter le plura-
† †
phiques précises qui sont reconnues
taire, certes en fonction de son projet lisme » de l’identité nationale (Parti

par la communauté internationale. Les
national (l’indépendance d’un québécois, 2001). frontières du territoire du Québec sont
Québec territorialement défini, uni et géographiques et non pas linguis-
indivisible), mais aussi en fonction Les valeurs sociales-démocrates, tiques ou ethniques (ibid. : 7).
de la diversité qui s’exprime au sein bien que « revues », sont toujours † †

mises en avant par le Parti québé- Des traits culturels spécifiques


de la société québécoise et que les
cois 10. Le souci affirmé des souverai- distinguent d’ailleurs la société qué-
souverainistes veulent présenter †

nistes est de lutter contre toute forme bécoise de la société canadienne,


comme une composante essentielle
d’exclusion, par la défense des droits parmi lesquels le français occupe une
de l’identité québécoise. En ce sens,
sociaux et l’encouragement d’une place de choix, moins comme langue
le discours identitaire souverainiste
solidarité marquant le « modèle qué- unique que comme patrimoine lin-
se distingue à la fois du « vieux » †

guistique propre à tous les


† †

nationalisme canadien-français, bécois », toujours revendiqué, mais


« renouvelé ». « Engagé dans le Québécois, francophones ou non :


défini en termes ethnolinguistiques, † † †

et du discours identitaire étatique virage de la “nouvelle économie” », †

Le français est le fondement même de


canadien du pays uni « d’un océan à

le Québec doit faire évoluer son l’identité québécoise en Amérique du
l’autre ».†
modèle de développement, « d’un †
Nord. La langue française appartient à
État entrepreneur vers un État cataly- l’ensemble du peuple québécois. […]
Le projet national souverainiste seur ». « L’État doit faire une place
† † Il est essentiel que la langue française
vise avant tout à définir « au pluriel et
† plus grande aux acteurs sociaux » †
devienne la langue commune et de la
au singulier » (Bouchard, 1995 : 14)
† tout en luttant contre « l’exclusion †
citoyenneté. Le Québec se doit de
un Québec idéal, hypothétique, libéré sociale » et en préservant « les
† †
posséder les outils nécessaires pour en
assurer la promotion et l’épanouisse-
de la tutelle fédérale, et en mesure de réseaux de solidarité et d’entraide ». †

ment (ibid. : 15).


définir librement la nation. Le pro- « Le modèle québécois doit renouve-

gramme du Parti québécois, en cours ler son approche du développement En attendant l’État souverain à
de renouvellement 9, est ainsi en
† social […]. D’État-providence, [le venir, la nation poursuit ses trans-
LSP 53 7/8/05 10:00 AM Page 97

formations au rythme des nou- pour toujours (Landry, 2001 : 115, cussions identitaires contempo-
veaux apports qui l’enrichissent et notre traduction 11). raines, même et peut-être surtout
la renforcent : Le gouvernement du Québec se donne pour les mouvements nationalistes
pour tâche d’intégrer les diverses col- « de contestation » que sont le mou-
† †

Notre identité culturelle est caractéri-


lectivités et les individus qui les com- vement wallon et le mouvement sou-
sée en premier lieu par notre langue et
posent dans un projet collectif basé verainiste au Québec. Sa dimension
nos origines françaises. À travers les
siècles, elle s’est enrichie d’autres
sur la fierté, la démocratie, l’égalité universaliste se retrouve dans l’en-
des droits, le français comme langue semble des droits qu’elle confère aux
cultures comme celle des premiers
commune, le soutien à la participation individus à qui elle est reconnue,
habitants (ibid. : 14).
et la reconnaissance du pluralisme. sans distinction culturelle, religieuse
Cette nouvelle nation n’est pas eth- L’État québécois s’assurera que les
ou ethnique. Cette dimension se
nique ni même linguistique, mais structures sociales et les institutions
de l’État reflètent le pluralisme de
retrouve aussi dans la manière dont
civique, et donc inclusive. La nation cette citoyenneté est définie, par l’in- 97
notre citoyenneté et de notre identité
se construit ainsi par une réflexion nationale (Parti québécois, 2001 : 9). termédiaire des organisations et des
permanente et collective qui vise à grandes conférences internationales
concilier unité nécessaire et reconnais- La citoyenneté comme point de dont le travail consiste à produire un
sance de la diversité, au fondement de rencontre entre projet national modèle universel de citoyenneté
l’« interculturalité » québécoise :
† †
d’unité et reconnaissance de la auquel, de plus en plus, les divers
diversité culturelle modèles nationaux tendent à ressem-
Depuis plus de trois décennies, les
Québécoises et les Québécois réflé- bler (Soysal, 1994 : 3). Outre cette
chissent à leur avenir […] Le Québec
En quinze ans, en Wallonie dimension universaliste, il faut aussi
représente la terre de leurs ancêtres ou comme au Québec, les débats identi- reconnaître à la citoyenneté une
leur terre d’adoption; pour tous et taires qui animent les sphères intel- dimension particulariste, justement
toutes, c’est leur lieu d’expression et lectuelles ont changé. La question parce que le statut de citoyen ne peut
de vie économique, sociale, culturelle nationale n’est plus saisie à travers être délivré que par les États souve-
(Bloc québécois, 1998 : 20). les systèmes d’encodage marxistes rains, en vertu de systèmes normatifs
qui ont plutôt dominé dans les qui leur sont propres et qui intègrent
La contribution des peuples auto-
années 1970 (lutte contre un État et les diverses particularités sociales,
chtones, des descendants d’origines
française et anglaise et des nouveaux une idéologie entretenant une forme historiques, culturelles et politiques
arrivants venus des quatre coins du de domination sociale fondée sur sur lesquelles ils se sont construits,
globe se manifeste dans la vie de tous l’accumulation du capital). Elle est c’est-à-dire une nationalité, constitu-
les jours. Ces influences multiples ont plutôt saisie désormais à travers un tive de la citoyenneté.
permis aux Québécoises et aux double système de valeurs : l’huma-
Québécois de se donner une personna- nisme universaliste et l’exception Les débats organisés au Québec
lité propre en territoire d’Amérique culturelle, appréhendés non pas dans pour « sortir de l’impasse constitu-

(ibid. : 20). leur apparente antinomie, mais plutôt tionnelle » ou pour régler la question

à travers le rapport plus confidentiel nationale ont largement abordé la


Pour le mouvement souverainiste, question de la citoyenneté, et aussi
les droits collectifs (linguistiques et dialectal que ces deux systèmes
entretiennent, notamment dans les les différences qui pouvaient exister
notamment) des minorités culturelles entre un régime québécois de
situées sur le territoire du Québec débats sur la citoyenneté.
citoyenneté et un régime canadien de
font partie de l’identité québécoise. Car dans la résolution des pro- citoyenneté : « Les sociétés cana-

Il s’agit de droits sacrés, participant blèmes identitaires, la citoyenneté dienne et québécoise, en entrepre-
au pluralisme de l’identité et de la présente cet avantage de rendre pos- nant chacune de son côté la mise en
citoyenneté québécoises : sible une synthèse entre exigence place d’un régime de citoyenneté
Quelques mots pour nos compatriotes d’unité et reconnaissance de la diver- moderne et laïc, ne percevaient pas
anglophones du Québec […] Vos sité, entre universalisme, particula- de la même façon deux dimensions
droits comme minorité nationale au risme et démocratie (Hermet et al., inhérentes à la citoyenneté : l’aspect
Québec sont sacrés, participent de 2001 : 48). Sa définition constitue droits et l’aspect appartenance. […]
l’âme du Québec et seront respectés donc un terrain de choix pour les dis- Chaque État a sa façon de recon-
LSP 53 7/8/05 10:00 AM Page 98

LIEN SOCIAL ET POLITIQUES–RIAC, 53 pation politique et l’aspect accès à une réponse à la politique cana-
des droits. Sans aller jusqu’à reven- dienne de multiculturalisme : une
Entre unité et diversité. Le discours
identitaire du mouvement souverainiste au diquer la reconnaissance d’une position qui affirme la primauté de
Québec et du mouvement wallon en citoyenneté québécoise impossible l’État québécois dans les domaines
Communauté française Wallonie-Bruxelles dans le cadre fédéral 13, la gouverne
† de la politique, de l’identité et rejette
québécoise a ainsi cherché, au moins l’interprétation réductionniste vou-
jusqu’en 2003 (c’est-à-dire pendant lant que l’État québécois soit le reflet
la présence des souverainistes au d’un groupe ethnique monolithique » †

pouvoir à Québec), à mettre en évi- (Gagnon et Iacovino, 2003 : 413).


dence cette dimension citoyenne de L’État québécois, en tant que garant
l’identité, propre à chaque et en tant que promoteur se trouve
Québécois, et faisant de chaque bien sûr au cœur de ce « pluralisme à

98 Québécois un Québécois de facto. la québécoise » 14. † †

Au niveau des droits tout d’abord, Outre les droits des Québécois, le
naître ses citoyens, et chaque société la gouverne québécoise a cherché à dernier gouvernement souverainiste a
définit à sa façon le mode d’apparte- renforcer la distinction entre « les †
aussi entrepris une large réflexion sur
nance à la collectivité » (Jenson, † genres de droits que les citoyens peu- le second élément distingué par Jane
1998 : 239). vent légitimement revendiquer » †
Jenson concernant les régimes de
(Jenson, 1998 : 240) au Québec et au citoyenneté : la dimension « participa-
Dans sa stratégie d’affirmation

Canada : si le Canada pratique une tion politique ». L’objectif du gouver-


nationale, le mouvement souverai-

« individualisation des droits » lin-


† †
nement souverainiste était « le pouvoir
niste québécois s’est quant à lui

guistiques et consacre, par la Charte aux citoyens et citoyennes » du


volontairement lancé dans une

canadienne des droits et libertés, sa Québec, comme l’affirme en 2002 le


réflexion sur la citoyenneté au vision d’un citoyen d’abord « indi- †
« document de réflexion populaire »
Québec, à l’Assemblée nationale
† †

vidu titulaire de droits », de leur côté,



produit par Jean-Pierre Charbonneau,
comme dans l’espace politique qué- les souverainistes au pouvoir à ministre responsable de la réforme des
bécois. Ce thème de la citoyenneté Québec ont plutôt insisté sur les institutions démocratiques :
présente en effet l’avantage pour les droits collectifs de la société québé-
souverainistes d’encourager une coise tout entière, et sur le droit du Dans cette réflexion qui s’engage, nous
politique d’affirmation identitaire Québec au maintien de ses propres devons avant tout être nous-mêmes. Le
(en entretenant le régime distinct de Québec a la possibilité de traduire plei-
règles, notamment en matière de
citoyenneté) tout en légitimant un nement dans ses institutions et son
législation linguistique, laissant à la fonctionnement démocratique les
projet national souverainiste visant Charte québécoise des droits et valeurs qui lui sont chères — des
précisément à mettre le constat d’une libertés de la personne le soin de valeurs de liberté et d’égalité, bien sûr,
communauté distincte de citoyens en définir les droits fondamentaux de mais également de tolérance, d’ouver-
adéquation avec l’existence d’un tous les Québécois. Quant à la diver- ture, de participation citoyenne respon-
État souverain lui correspondant. La sité culturelle au Québec, elle est sable […]. À travers ses institutions
gouverne locale 12 québécoise a alors

envisagée dans le cadre d’un « projet †
politiques, le Québec peut confirmer à
tenté de faire la démonstration, en interculturel québécois » distinct du

la fois sa différence, par rapport au
paroles comme en actes, de l’exis- multiculturalisme canadien, privilé- reste du Canada, et son attachement
tence d’une exception québécoise, profond à la démocratie et à la partici-
giant l’intégration des immigrants à
pation des citoyens à la gouvernance
fondée non plus simplement sur la société québécoise et le partage de l’État (Charbonneau, 2002 : ii).
l’identité nationale ou des traits cul- d’une langue commune, tout en
turels spécifiques, mais aussi sur garantissant le respect des droits par- En termes de participation poli-
l’existence d’un agencement des ticuliers reconnus à la communauté tique, le but d’un tel débat est
trois éléments constitutifs d’un anglophone et aux nations auto- double : il vise à favoriser une dis-
régime de citoyenneté repérés par les chtones : « En construisant son propre
† cussion publique québécoise sur les
analyses de Jane Jenson (1997) : l’as- modèle d’intégration, le Québec a, institutions, et à distinguer, par le
pect appartenance, l’aspect partici- dans une certaine mesure, formulé produit de ces débats, une démocra-
LSP 53 7/8/05 10:00 AM Page 99

tie « à la québécoise » bien distincte


† † société d’accueil à part entière dans tations du mouvement wallon et aux
de la démocratie canadienne, et défi- laquelle la langue française joue le discours identitaires de la gouverne
nie par l’intermédiaire d’une discus- rôle d’instrument collectif d’intégra- régionale.
sion publique « entre Québécois » de
† † tion démocratique et de participation à
toutes origines. la « chose publique ».
† †
Si la notion de « régime de †

citoyenneté » n’est pas à proprement


Avec le discours sur la citoyenneté, Avant la perte du pouvoir par les parler revendiqué, ni même évoqué
et la place à donner aux citoyens dans souverainistes en 2003, le Rapport par la gouverne ni le mouvement
les institutions représentatives, il ne Larose sur l’état de la langue fran- wallons, on le retrouve en filigrane
s’agit plus simplement de « mobiliser
† çaise au Québec a constitué en 2001 dans tous les documents et réflexions
tous azimuts » autour d’un discours de
† l’étape ultime de l’expression de cette publics lancés en Wallonie sur l’ave-
simple affirmation nationale, mais communauté de citoyens sans nir de la région, et en particulier dans
bien de constituer une communauté citoyenneté que tend à devenir le les documents et réflexions produits 99
rassemblant tous les citoyens cana- Québec, en défendant l’idée d’une
par les deux forums que constituent
diens du Québec autour d’une appar- « citoyenneté québécoise comme fon-

le Contrat d’avenir pour la Wallonie


tenance commune, de droits collectifs dement » (Commission des états

du gouvernement wallon et les


et d’une participation distincte au pou- généraux […], 2001 : 11), certes, mais
conférences dans le cadre de La
voir politique, et de dépasser ainsi la encore « en projet », c’est-à-dire
† †

ouverte à une définition collective Wallonie au futur organisées par


vision réductrice d’une gouverne
intégrant toutes les composantes de l’Institut Jules Destrée 15. Ces docu-

locale contrôlée par un groupe ethno-


l’actuelle société québécoise. Une ments, en faisant état des réflexions
linguistique donné, dont le seul objec-
citoyenneté effectuant la synthèse sur l’avenir de la Région wallonne,
tif collectif serait de « sortir du

Canada » pour une simple question de



entre reconnaissance de la diversité et traitent essentiellement des trois élé-
langue. Il s’agit de construire une affirmation d’une unité québécoise : ments constitutifs de tout régime de
communauté de citoyens au Québec, citoyenneté : une appartenance com-
Après avoir emprunté, ces dernières mune à la région wallonne, une par-
même sans citoyenneté québécoise, et décennies, la voie de la modernisation
de faire ainsi la preuve de l’existence ticipation politique spécifique,
de l’appareil étatique et celle de la
d’une société québécoise intercultu- maîtrise du développement écono- notamment par le renforcement des
relle, universaliste et cependant dis- mique, social et culturel, le Québec consultations publiques et des méca-
tincte du reste du Canada par son approfondit actuellement la voie iden- nismes de décisions concertées, et
propre modèle de pluralisme culturel titaire pour s’affirmer face au reste du enfin la définition des droits des
(Gagnon et Iacovino, 2003 : 419). « Le †
Canada, de l’Amérique et du monde. citoyens en Wallonie et d’une « gou- †

D’où le projet de citoyenneté québé- vernance citoyenne ».


Québec a adopté comme position offi- †

coise qui prend forme actuellement,


cielle un discours fondé sur l’intercul- inclusive et accueillante. […] Il ne Le gouvernement wallon ne
turalisme pour répondre à ses s’agit pas d’une citoyenneté au seul cherche pas seulement à définir un
composantes pluriethniques. Ce sens de capacité juridique à participer
constat implique que l’incorporation intérêt général wallon ou un projet
à l’exercice du pouvoir, mais au sens
d’immigrants ou de minorités cultu- large d’appartenance à un patrimoine politique qui serait propre à tous les
relles dans une plus large communauté vivant, de construction fondée sur le citoyens de Wallonie. Il cherche
politique constitue un engagement partage de références politiques, cul- aussi à ce que la démarche visant à la
turelles et identitaires communes définition d’un tel intérêt général
réciproque, une sorte de contrat moral
(ibid. : 11-12). puisse être considérée comme une
entre la société d’accueil et le groupe
culturel en question, en vue d’établir En Wallonie, les débats sur la « démarche citoyenne » et démocra-
† †

un forum donnant aux citoyens de citoyenneté portent sur la nécessité, tique et laisse la place à la participa-
nouveaux pouvoirs, en somme une pour la Wallonie, de définir une tion de ce que le gouvernement
“culture publique commune” » (ibid. : † « gouvernance citoyenne », peut-être
† †
wallon appelle les « forces vives »
† †

421). Société distincte du Canada, plus à même de mobiliser l’ensemble représentant tous les Wallons. Voilà
mais aussi au Canada, la société qué- de la communauté wallonne, qui est, comment le gouvernement wallon
bécoise est donc, comme de son côté à la différence de la société québé- présente le Contrat d’avenir pour la
le reste du Canada, un « forum », une
† † coise, très peu réceptive aux sollici- Wallonie :
LSP 53 7/8/05 10:00 AM Page 100

LIEN SOCIAL ET POLITIQUES–RIAC, 53 C’est une « démarche citoyenne »


† † listes au profit de la définition d’une
(Gouvernement wallon, 2002 : 2) identité fondée « presque » exclusive-
† †

Entre unité et diversité. Le discours


identitaire du mouvement souverainiste au que souhaite entreprendre le gouver- ment sur le principe de territorialité.
Québec et du mouvement wallon en nement wallon, par l’organisation, la La « citoyenneté » intègre :
† †

Communauté française Wallonie-Bruxelles provocation même d’un débat


L’Assemblée générale de l’Institut
public, collectif sur l’avenir de la [Jules Destrée] réaffirme son souhait
société wallonne. Il s’agit de faire de voir toutes les Wallonnes et tous les
exister la Wallonie en mettant en Wallons, Belges ou non-Belges, ins-
place, à l’échelle de la Wallonie, une tallés durablement en Wallonie, se
véritable « démocratie de commis-

voir reconnaître une citoyenneté wal-
sion » (Bradford, 1998), fondée sur le

lonne complète afin que leur soit
dialogue social, la concertation et la accordé le droit de vote et d’éligibilité
100 aux élections régionales […]
participation des citoyens à la prise
L’identité de la Wallonie se manifeste
de décision publique. La démarche au premier chef dans les valeurs
La Wallonie est à un tournant de son de concertation est presque plus démocratiques qui sont défendues et
histoire. […] Un immense travail nous importante que le résultat qui en est les actes citoyens qui sont posés par le
attend tous. Un travail réfléchi, dis- attendu : Parlement et le Gouvernement wal-
cuté, concerté. […] Le Gouvernement lons (Institut Jules Destrée, 1998).
[Le Contrat d’avenir pour la
ne peut relever seul ce pari, pas plus
Wallonie] est un contrat social qui ins- Corollaire de cette affirmation
qu’il ne prétend détenir seul une vérité
titue un véritable droit à la participa- d’une identité wallonne plus
qui l’autoriserait à décider de ce qui est tion citoyenne et fait de la
bon pour la Wallonie. C’est pourquoi le
« citoyenne » qu’ethnique ou même
† †

mobilisation de tous une condition nationale : l’importance de la partici-


Contrat d’avenir a été soumis aux par- sine qua non de notre prospérité
tenaires sociaux, à la population, aux pation des citoyens eux-mêmes à la
(Gouvernement wallon, 2002 : 2).
associations, aux universités, aux définition d’une identité collective
administrations, à la société civile […] L’existence d’un débat public wal- de toute façon perpétuellement en
avant de faire l’objet d’un débat au lon atteste donc en lui-même l’exis- construction (Courtois et Pirotte,
Parlement (Gouvernement wallon, tence de la Wallonie. Les deux 1994 : 275).
2000, Avant-propos de présentation. objectifs principaux recherchés par
C’est nous qui soulignons). Avant tout, c’est la cohésion
le Contrat d’avenir pour la Wallonie sociale qui est recherchée par les
L’intention du gouvernement à sont d’ailleurs « la reconnaissance de

organisateurs de ces colloques :


travers ce Contrat est certes de défi- l’institution régionale, de l’impor-
tance de ses compétences et du rôle La cohésion sociale vise l’apparte-
nir un intérêt général wallon, mais
moteur qu’elle peut jouer dans le nance à une collectivité, ce qui inclut
aussi de favoriser en permanence la l’accès aux droits fondamentaux mais
concertation et la consultation de la redressement wallon » et « rallier
† †

également la capacité de ses membres


l’adhésion du citoyen à un projet
population wallonne sur ces grands à réaliser et soutenir un projet com-
commun de société active, solidaire mun. Trois stratégies complémentaires
objectifs. Cet objectif de renforce-
et sur la voie du développement peuvent être pointées dans la version
ment de la participation politique et
durable » (ibid.).

actualisée du Contrat d’avenir comme
de la concertation est aussi celui qui
des moyens d’action de renforcement
anime les congrès de La Wallonie au Au niveau de l’appartenance iden- de la cohésion sociale : promouvoir
futur : titaire, les penseurs de l’identité wal- dans tous les domaines l’implication
lonne, fidèles à leur anti-nationalisme citoyenne et le partenariat; assurer l’in-
La volonté du congrès a été la clarifi-
proclamé, font explicitement le choix sertion sociale et citoyenne dans le
cation d’un enjeu parmi les plus
d’une identification citoyenne plutôt cadre de l’égalité des chances; favori-
importants qui soient : celui de l’in- ser l’autonomie, le choix de vie et les
dispensable mobilisation des poten- que nationaliste, dans laquelle la
liens sociaux (Société d’évaluation
tialités humaines, intellectuelles, réflexion sur la citoyenneté attachée à
[…], 2003 : 279).
sociales et culturelles de la popula- la Wallonie permet la définition d’une
tion de Wallonie (Institut Jules identité collective expurgée de ses Autre aspect du régime de
Destrée, 1999 : 14). éléments déterministes et essentia- citoyenneté développé par les
LSP 53 7/8/05 10:00 AM Page 101

forums sur l’avenir de la Wallonie : sive. En tant que communauté simple- traits distincts de leur « nation québé-

la définition de droits attachés à la ment humaine, la Wallonie veut émer- coise » ou « région wallonne » par
† † †

qualité de citoyen en Wallonie face ger dans une appropriation de soi qui rapport à la communauté des
à un gouvernement intégrant désor- sera aussi ouverte au monde citoyens telle qu’elle est définie par
(Collectif, 1998 : 312).
mais « des principes de nouvelle
† l’État, et de garantir une forme
gouvernance comme la définition Cet objectif a d’ailleurs été solen- d’« unité dans la diversité » pour la
† †

d’objectifs, la programmation nellement réaffirmé depuis par le communauté de citoyens à laquelle


pluriannuelle, la transparence, la Ministre-Président du gouverne- ils aspirent. Soucieux de mobiliser
transversalité ou l’évaluation » (Gou-

ment wallon, Jean-Claude Van cette communauté autour de leur
vernement wallon, 2002 : 2). Cauwenberghe. À l’occasion des projet national, ils n’hésitent pas à
Fêtes de Wallonie de 2003, le reconnaître en son sein la diversité
Le Contrat d’avenir pour la
Ministre-Président a donné un écho à qui s’y exprime et cherchent, plutôt
Wallonie insiste sur l’importance de
cette revendication. Il s’agit désor- qu’à exclure, à inclure dans le 101
ces droits dans le renforcement de la
mais clairement de définir une véri- « nous » de l’identité commune
† †

cohésion sociale comme des institu-


table citoyenneté wallonne : toutes les voix qui peuvent s’y expri-
tions régionales wallonnes autour
mer. C’est une manière d’agencer
desquelles doit désormais se définir « Sont de Wallonie tous ceux qui unité et diversité, au-delà des
cette cohésion. Parmi ces droits, ce vivent, travaillent dans l’espace wal-
modèles communautariste américain
sont les droits sociaux qui sont mis lon ». Cette définition du Wallon, qui
ne s’arrête ni au sang, ni à la race, ni à
ou unitariste français.
en exergue :
la religion, nous la proclamons depuis Ce qu’admettent même les plus
Au-delà des objectifs de développe- toujours. Et c’est au nom de cette
ment économique et de rattrapage par
ardents défenseurs de la « nation qué-

conception de l’identité citoyenne


rapport à la moyenne européenne, bécoise » ou du « peuple wallon » en
† † †

que, depuis 1997, notre Parlement


l’objectif final de toute l’action du multiplie les motions en faveur de aménageant une place à la diversité
Gouvernement est de renforcer la l’octroi du droit de vote aux élections dans la définition de leur propre
cohésion sociale, en facilitant la parti- locales aux étrangers non-européens régime de citoyenneté et de leur
cipation des citoyens à la vie politique établis chez nous. […] Cette avancée identité collective, la France en
et sociale, en améliorant les condi- démocratique est en effet nécessaire à serait-elle incapable ? Les débats
tions de vie des citoyens défavorisés, la définition du projet de société que actuels sur les rapports entre les
et en apportant des réponses aux nous voulons mettre en œuvre en Églises et l’État, sur la nomination
besoins sociaux et familiaux des Wallonie; un projet basé sur la
citoyens (ibid. : 4). d’un préfet d’origine maghrébine,
citoyenneté et une implication de tous
sur l’apparition d’une journaliste
sur base des mêmes droits et des
Corollaire de cet accès à la partici- créole au journal de Soir 3, ou sur les
mêmes devoirs […] Notre intention
pation et des « genres de droits que

est d’œuvrer à la définition d’une tentatives de renforcement des pou-


les citoyens peuvent légitimement citoyenneté commune, active et soli- voirs locaux montrent à quel point la
revendiquer » : la définition de la

daire, qui rejette, au nom de l’équité, société française est prête, non à
communauté des citoyens elle- autant la permissivité que la discrimi- renoncer à son modèle républicain,
même, et des conditions de son nation. Notre objectif est de permettre mais à le réaménager, en prenant
appartenance. L’un des débats qui à chacun de vivre son identité au sein plus en compte les revendications de
animent actuellement l’espace poli- d’une citoyenneté wallonne faite de reconnaissance de la diversité qui
tique wallon est d’ailleurs celui de la droits et de devoirs partagés (Van
s’expriment à divers niveaux de la
Cauwenberghe, 2003; c’est nous qui
traduction en droits de l’affirmation société. Les sociétés wallonne et
soulignons).
contenue dans le Manifeste pour la québécoise, confrontées elles aussi à
culture wallonne de 1983 lancé par Le thème de la citoyenneté repré- de telles revendications, montrent
le mouvement wallon : sente une aubaine pour les nationa- qu’il est tout à fait possible d’aména-
listes ou les régionalistes, dans leur ger, notamment dans la définition de
Sont de Wallonie sans réserve tous
ceux qui vivent, travaillent dans l’es- effort pour définir la communauté la citoyenneté, une place à la diver-
pace wallon. Sont de Wallonie toutes pour laquelle ils revendiquent une sité, sans pour autant verser dans le
les pensées et toutes les croyances res- forme de reconnaissance. Il leur per- même communautarisme qu’aux
pectueuses de l’homme sans exclu- met tout à la fois de caractériser les États-Unis et sans renoncer à une
LSP 53 7/8/05 10:00 AM Page 102

LIEN SOCIAL ET POLITIQUES–RIAC, 53 2


Le nationalisme de contestation définit « La saison des idées ». Ces réflexions
† †

un processus de construction politique devraient aboutir à une modification du


Entre unité et diversité. Le discours d’une identité nationale par un mouve- Programme et du fonctionnement du
identitaire du mouvement souverainiste au ment social qui s’oppose à l’État, en parti lors du Congrès national prévu au
Québec et du mouvement wallon en printemps 2005.
contestant la nation défendue par cet
Communauté française Wallonie-Bruxelles
État dans sa fonction de représentation
comme dans sa fonction de légitimation,
10
Cette notion, toujours mise en exergue
tout en inscrivant cette contestation poli- dans le programme péquiste, est cepen-
tique dans le cadre des références et des dant une notion floue, encore en débat
valeurs de la démocratie représentative au sein d’un mouvement souverainiste
(Traisnel, 2004). tiraillé entre pragmatisme néolibéral et
projet social-démocrate, notamment
3
Nous avons ici fait le choix de nous face aux enjeux de la mondialisation
concentrer sur le discours identitaire de (Dufour, 2003).
ces deux mouvements. Au Québec, le
102 11
« A few words to our English-speaking
nationalisme québécois n’est pas une †

exclusive du mouvement souverainiste, Quebec compatriots […]. Your rights as


bien au contraire : le Parti libéral du a national minority in Quebec are
indispensable unité nationale (pour sacred, part of the Quebec soul and will
Québec, par exemple, présente lui aussi
le Québec) ou régionale (pour la les caractéristique d’un parti nationa- be respected for ever. […] Quebec
Wallonie). En ce sens, ces sociétés liste. Cependant, nous avons écarté le nation, it is perfectly clear now, is a poli-
pourraient utilement inspirer les tical and civic nation, not an ethnic
cas du nationalisme québécois de type
one. »
fédéraliste : le mouvement souverainiste

réflexions françaises actuelles sur la


citoyenneté, l’intégration, et notre nous paraît un cas de nationalisme plus 12
La gouverne locale est ici entendue
intéressant dans le sens où son projet comme un ensemble institutionnel et
identité collective… d’indépendance rend plus exigeante la administratif soumis à un État central
reconnaissance, dans la définition de souverain (fédéral ou décentralisé), mais
Christophe Traisnel
l’identité québécoise, de sa dimension disposant d’une plus ou moins grande
Centre d’études politiques et « interculturelle » et pluraliste.
† †
autonomie législative et réglementaire
constitutionnelles ainsi que d’un domaine de compétence
Université Paris II
4
Institut Jules Destrée, 1997.
lui permettant d’exercer une autorité sur
5
Ces critères sont les suivants : existence une population et un territoire donnés.
d’un ensemble cohérent d’organisations 13
Dans le programme du Parti québécois
visant la reconnaissance institutionnelle
(2001), la « citoyenneté québécoise »
† †

et la promotion d’une identité collective


(chapitre premier, partie 3 du pro-
Notes territorialisée, par un travail d’actions et
gramme) est envisagée dans le cadre
de réflexions politiques collectives. Ce
d’un Québec souverain.
1
Le Québec, comme toutes les sociétés travail se traduit notamment par la
américaines, est une société de forte contestation de l’État et du discours 14
« L’État québécois s’assurera que les

immigration. Chaque année, il accueille identitaire de ce dernier. structures sociales et les institutions de
sur son territoire environ 25 000 nou- l’État reflètent le pluralisme de notre
6
Après une condamnation en justice en
veaux immigrants (source : Immigration citoyenneté et de notre identité natio-
2004, le Vlaams Blok a changé de nom.
Québec). En matière d’immigration, la nale » (Parti québécois, 2001 : 9).

Il s’appelle désormais le Vlaams Belang


situation de la Wallonie se rapproche de (Intérêt flamand). 15
Les congrès « La Wallonie au futur »
† †

celle de la France, l’immigration ayant organisés par l’Institut Jules Destrée


souvent été la conséquence de forts 7
Plus que d’un progressisme strictement
visent, dans une démarche prospective,
besoins de main-d’œuvre, notamment économique, il s’agit ici globalement
à rassembler divers experts, intellectuels
dans le bassin industriel wallon. Depuis d’un progressisme politique essentielle-
ou simples citoyens autour d’une
1996, le solde migratoire wallon est par ment opposé, dans le discours identitaire
réflexion collective sur la Wallonie, ses
exemple d’environ 6600 par an, pour wallon, au conservatisme.
institutions, ses politiques publiques et
une population de 3 380 000 habitants. son avenir (http://www.wallonie-en-
8
Slogan du Parti québécois, et titre de son
Quant à la part de la population étran- ligne.net/Wallonie-Futur-5_2003/
Programme lors du Congrès national de
gère dans la population totale en index.htm, le 10 décembre 2004). Quant
2000.
Wallonie, elle est estimée à 9,1 % au « Contrat d’avenir pour la Wallonie »,
† †

(source : Institut wallon de l’évaluation, 9


Le Parti québécois s’est lancé depuis il est une initiative du gouvernement
de la prospective et de la statistique, l’automne 2003 dans une vaste réflexion wallon et cherche à définir les politiques
chiffres de 2004). sur son programme politique à travers publiques de la région wallonne en sti-
LSP 53 7/8/05 10:00 AM Page 103

mulant une réflexion collective et COURTOIS, Luc, et Jean PIROTTE, éd. mains. Charleroi, Institut Jules Destrée,
concertée avec les principaux acteurs de 1994. L’imaginaire wallon. Jalons pour 50 fiches.
la société wallonne (partenaires sociaux, une identité qui se construit. Louvain-
universitaires, décideurs…). Le La-Neuve, Publications de la Fondation INSTITUT JULES DESTRÉE, « Déclara- †

« CAW » est régulièrement renouvelé et


† † P.-M. et J.-F. HUMBLET, Série tion du 1er juillet 1998 à l’Hôtel de ville
évalué (http://contratdavenir.wallonie. Recherches, vol. 1, 290 p. de Charleroi à l’occasion du 60e anni-
be/apps/spip/article.php3 ?id_article=1, versaire de l’Institut : L’Institut Jules
DESTATTE, Philippe. 1997. L’identité Destrée a soixante ans. Que les fêtes de
le 10 décembre 2004).
wallonne. Essai sur l’affirmation poli- Wallonie soient celles de la démocra-
tique de la Wallonie. Charleroi, Institut tie ». http://www.wallonie-en-ligne.net/

Jules Destrée, 476 p. wallonie-evenements/ag-ijd-1998-cpter.


html (le 16 avril 2004).
DUFOUR, Pascale. 2003. « Globalisation as

Bibliographie a new political space : The end of the INSTITUT JULES DESTRÉE. 1999. La
Quebec-Quebec debate ? », présenté dans

Wallonie au futur. Sortir du XXe siècle :
BEAUCHEMIN, Jacques. 2003. « Qu’est †
le cadre du colloque Quebec and Canada évaluation, innovation, prospective.
103
ce qu’être Québécois ? Entre la préser- in the New Century : New Dynamics, Charleroi, Institut Jules Destrée et
vation de soi et l’ouverture à l’autre »,

New Opportunities, Queen’s University, Région wallonne, 480 p.
dans A. G. GAGNON, éd. Québec : État du 31 octobre au 1er novembre. En ligne :
et société. Montréal, Québec/Amérique, http://www.cpds.umontreal.ca/fichier/ JENSON, Jane. 1997. « Fated to live in

t. 2 : 27-44. pdufourconferencequeens.pdf (le 10 jan- interesting times : Canada’s changing


vier 2005). citizenship regimes », Revue canadienne

BLOC QUÉBÉCOIS. 1998. En marche de science politique, XXX, 4 : 627-644.


vers un pays, le Québec. Québec, Bloc FONTAINE, José. 1991. « Brèves notes

pour une culture post-nationale », Toudi, JENSON, Jane. 1998. « Reconnaître les dif-
québécois, brochure, 36 p.

Culture et société, Centre d’études wal- férences : sociétés distinctes, régimes de


BOUCHARD, Gérard. 1995. La nation au lonnes, t. IV : 235. citoyenneté, partenariats », dans G. †

singulier et au pluriel. L’avenir de la LAFOREST et R. GIBBINS, éd. Sortir


GAGNON, Alain G., dir. 2003. Québec : État
culture nationale comme « paradigme »
† †
de l’impasse : les voies de la réconcilia-
et société. Montréal, Québec/Amérique,
de la société québécoise. 23 p. En ligne : tion. Montréal, IRPP : 235-262.
t. 2, 588 p.
http://www.uqac.uquebec.ca/zone30/Cl
assiques_des_sciences_sociales/contem GAGNON, Alain G., et Raffaele IACO- LANDRY, Bernard. 2001. « Allocution pro-

porains/bouchard_gerard (le 10 janvier VINO. 2003. « Le projet interculturel



noncée à Verchères dans le cadre de la
2005). québécois et l’élargissement des fron- campagne au leadership pour le poste de
tières de la citoyenneté », dans A. G.

Président du Parti québécois le 21 jan-
BRADFORD, Neil. 1998. Commissioning vier 2001 », dans PARTI QUÉBÉCOIS,
GAGNON, éd. Québec, État et société. †

Ideas. Canadian National Policy Inno- Fier d’être québécois. Montréal, Parti
Montréal, Québec/Amérique, t. 2 : 413-
vation in Comparative Perspective. québécois/VLB éditeur : 109-129.
438.
Oxford, Oxford University Press, 240 p.
GOUVERNEMENT WALLON. 2000. PARTI QUÉBÉCOIS. 2001. Un pays pour
CHARBONNEAU, Jean-Pierre. 2002. Le le monde. Programme du Parti québé-
Contrat d’avenir pour la Wallonie.
pouvoir aux citoyens et aux citoyennes. cois, version abrégée. Montréal, Parti
Jambes, Gouvernement wallon, Docu-
Québec, Gouvernement du Québec, québécois, octobre, 40 p.
ment définitif, second tirage, juillet,
39 p.
180 p.
SEYMOUR, Michel, dir. 1999a. Nationa-
COLLECTIF. 1998. « Manifeste pour la
GOUVERNEMENT WALLON. 2002. Le lité, citoyenneté et solidarité. Montréal,

culture wallonne » [1983], dans


Contrat d’avenir pour la Wallonie Liber, 508 p.


P. DUPUIS et J.-É. HUMBLET. Un actualisé. Brochure. Namur, Gouverne-
siècle de mouvement wallon, 1890-1997. ment wallon, 31 p. SEYMOUR, Michel. 1999b. La nation en
Ottignies-Louvain-La-Neuve, Quorum, question. Montréal, l’Hexagone, 206 p.
2e éd. : 309-314. HERMET, Guy, Bertrand BADIE, Pierre
BIRNBAUM et Philippe BRAUD. SOCIÉTÉ D’ÉVALUATION DELOITTE
COMMISSION DES ÉTATS GÉNÉRAUX 2001 [1994]. Dictionnaire de la science & TOUCHE. 2003. Deuxième rapport
SUR LA SITUATION ET L’AVENIR politique et des institutions politiques. d’évaluation. Contrat d’avenir pour la
DE LA LANGUE FRANÇAISE AU Paris, Armand Colin, 319 p., article Wallonie. Namur, Cabinet du Ministre-
QUÉBEC. 2001. Le français, une « Citoyenneté ».
† † Président de la Région wallonne,
langue pour tout le monde. Une nou- février, 307 p.
velle approche stratégique et citoyenne. INSTITUT JULES DESTRÉE, MINIS-
Québec, Gouvernement du Québec, TÈRE DE LA RÉGION WALLONNE. SOYSAL, Yasmin N. 1994. Limits of Citi-
285 p. 1997. La Wallonie, toutes les cartes en zenship. Migrants : A Postnational
LSP 53 7/8/05 10:00 AM Page 104

LIEN SOCIAL ET POLITIQUES–RIAC, 53

Entre unité et diversité. Le discours


identitaire du mouvement souverainiste au
Québec et du mouvement wallon en
Communauté française Wallonie-Bruxelles

104

Membership in Europe. Chicago, Uni-


versity of Chicago Press, 230 p.

TRAISNEL, Christophe. 2004. Le nationa-


lisme de contestation. Le rôle des mouve-
ments nationalistes dans la construction
des identités wallonne et québécoise en
Belgique et au Canada. Université de
Montréal et Université Panthéon-Assas
(Paris II), thèse de doctorat (soutenue le
15 octobre à Paris), 630 p.

TULLY, James. 1999. « Liberté et dévoile-


ment dans les sociétés multinationales »,


Globe. Revue internationale d’études


québécoises, 2, 2 : 13-36.

VAN CAUWENBERGHE, Jean-Claude.


2003. Fêtes de Wallonie : la Wallonie,
source de talents. Discours du 20 sep-
tembre. http://vancau.wallonie.be/code/fr/
disc_detail.asp ?pk_id_discours=191 (12
décembre 2003).

Vous aimerez peut-être aussi