Béton Précontraint Pr T TBATOU

Notes de cours

CHAPITRE II

Béton Précontraint

Pr. T TBATOU
Génie Civil
2020/2021

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2- Effets de la précontrainte dans une structure

- Principe de la réglementation -

A/ - SOLLICITATIONS
I- Principe de justification
Les calculs justificatifs sont établis suivant la méthode des états limites. « Un état limite » est
un état pour lequel une condition requise d’une construction (ou d’un de ses éléments) est
strictement satisfaite et cesserait de l’être en cas de variation défavorable d’une des actions
appliquées.

a)- Etat limite ultime (ELU)

Le dépassement de cet état conduit à la ruine de la structure. Au-delà de l’état limite ultime, la
résistance des matériaux béton et acier est atteinte, la sécurité n’est plus garantie et la structure
risque de s’effondrer. On distingue alors :
- Etat limite de résistance de l’un des matériaux.
- Etat limite de l’équilibre statique.
- Etat limite de stabilité de forme : flambement …

b)- Etat limite de service (ELS)

L’état limite de service atteint remet en cause l’aptitude au service de la structure (fissures,
fuites, désordres divers…). Cet état est défini en tenant compte des conditions d’exploitations
et /ou de durabilité. On distingue :
- Etat limite d’ouverture des fissures : risque d’ouverture des fissures.
- Etat limite de compression du béton : on limite volontairement la contrainte de
compression à une valeur raisonnable.
- Etat limite de déformation : flèche maximale.

NB : Un ouvrage devra satisfaire à la fois à des conditions d’état limite ultime et d’état limite
de service.

II- Actions
a)- Types d’actions
Les types d’actions appliquées à la structure sont les suivants :
Actions permanentes : G
Actions variables : Q
- les charges d'exploitation, les efforts (poids, poussées, pressions), les charges non
permanentes appliquées en cours d'exécution, les actions climatiques : neige, vent,
température, etc.

Actions accidentelles : A ou FA (les séismes, les explosions, les chocs…).

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Actions de la précontrainte : P

b)- Actions dues à la précontrainte

La précontrainte est représentée par :
Pd : valeur de calcul qui est la plus défavorable des deux valeurs max P1 et min P2 (pour l’ELS).
Pm : valeur probable pour les justifications d’ELU.
P0 : la précontrainte à l’origine correspondant à la tension σp0 des aciers de précontrainte.
∆P(x, t) : perte de la précontrainte au point d’abscisse x, à l’instant t.
D’après (BPEL, 4.1.3) :
P1(x,t)= 1.02 P0- 0.80 ∆P(x,t)
P2(x,t)= 0.98 P0- 1.20 ∆P(x,t)
Pm(x,t)= P0- ∆P(x,t)

III- Sollicitations
Les sollicitations sont les effets provoqués, en chaque point et sur chaque section de la structure,
par les actions.
a)- Sollicitations de calcul à l’ELU (B.P.4.5)
Combinaisons fondamentales :
 p .Pm  1.35Gmax  Gmin   Q1.Q1K  1.3 oiQi K
Avec :
Pm : valeur probable de la précontrainte.
 p = 1 : dans la plus part des cas.
Gmax : ensemble des actions permanentes défavorables.
Gmin : ensemble des actions permanentes favorables.
Les actions sont considérées comme défavorables si elles agissent dans le même sens
que l’action de base Q1K et favorables dans le sens contraire.
Q1K : valeur caractéristique de l’action.
QiK : valeur caractéristique de l’action d’accompagnement.
 Q1 : 1.5 (cas générale) et 1.35 pour les charges à caractère particulier (convoi militaire).
D’autre coefficient sont définis, selon la nature des actions, dans l’annexe 8 du BPEL.

Combinaisons accidentelles
Pm  FA  Gmax  Gmin  11.Q1K   2iQi K

FA est la valeur nominale de l’action accidentelle.

 11.Q1K est la valeur fréquente d’une action variable.
 2i .QiK est la valeur quasi-permanente d’une autre action variable.
Les valeurs de coefficient  sont définies dans l’annexe 8 du BPEL.

b)- Sollicitations de calcul à l’ELS (B.P.4.6)

Combinaisons rares

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Pd  Gmax  Gmin  Q1K   oiQi K

Pd=P1 ou P2 : valeurs caractéristiques maximale et minimale de la précontrainte.
Ces combinaisons correspondent à des états limites que l’on cherche à éviter, car leur première
occurrence est susceptible de mettre en jeu la durabilité de la construction.

Combinaisons fréquentes

Pd  Gmax  Gmin  11.Q1K   2iQi K

Ces combinaisons sont à considérer lorsqu’on cherche à éviter que certains états limites soient
atteints trop fréquemment.

Combinaisons quasi-permanentes

Pd  Gmax  Gmin   2iQi K

Ces combinaisons sont celles que l’on considère pour l’étude des effets d’actions de longue
durée d’application.

c- Justifications
Elles consistent à calculer les contraintes dues aux sollicitations les plus défavorables et à
vérifier qu’elles respectent les contraintes limites.
Classe I :
Elle est réservée aux ouvrages nécessitant une étanchéité parfaite (réservoirs, enceintes
nucléaires…).
Dans cette classe l’état limite de décompression du béton ne doit pas être dépassé et la contrainte
de compression la plus forte doit rester inférieure à une certaine limite.
Classe II :
Elle est destinée aux ouvrages exposés aux intempéries ou en atmosphère agressive (ponts,
toitures ou façades de bâtiments industriels…)
Sous l’effet des combinaisons rares, l’état limite de formation des fissures ne doit pas être
dépassé : la contrainte minimale doit être inférieure, en valeur absolue, à la résistance du béton
à la fissuration.
Sous l’effet des combinaisons fréquentes, il ne doit pas y avoir de traction dans les sections
d’enrobage.
Classe III :
Ce genre du béton précontraint est utilisé pour la construction d’ouvrages protégés des
intempéries ou peu exposés (bâtiments courants…).

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Cette classe constitue une ouverture sur le domaine de la précontrainte partielle qui se situe
entre le béton précontraint et le béton armé.

B/ - EFFETS DE LA PRECONTRAINTE SUR UNE STRUCTURE

I- Équilibre d’un câble de précontrainte dans le béton
La mise en tension d'un câble crée un ensemble de forces {F} exercées par le câble sur le béton.
- des efforts concentrés à l'ancrage.
- des forces de frottement réparties le long du câble, crées par le déplacement relatif entre le
câble et le béton lors de la mise en tension du câble.
- des forces de pression dans les zones de courbure du câble.
- des efforts de cisaillement aux extrémités du câble, sur la longueur de transmission.
On note {R} les forces exercées par le béton sur le câble, d’où : {R} = {-F}.

Figure - Équilibre d'ensemble d'un câble. Forces exercées par le béton sur le câble.

Le câble n’est en contact qu’avec le béton (par l’intermédiaire de sa gaine en partie courante et
de ses ancrages aux extrémités dans le cas de la post-tension). Le câble est donc en équilibre
sous l'action des forces réciproque. D’où, le câble exerce sur la structure en béton un système
de forces auto-équilibrées.

II- Effet interne de la précontrainte

Sous l'action de la précontrainte, le béton est également en équilibre. Le béton est soumis au
système de forces {F}, ainsi qu'aux réactions {R} : {F} + {R} = {0}
- Considérons un tronçon de câble courbe, de rayon de courbure « r », et étudions
l’équilibre d’une longueur élémentaire « ds » de ce câble.

Le câble tendu exerce sur le béton une action, ce qui implique deux composantes, radiale Rbr et
tangentielle Rbt.

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Rq : Les courbures (ρ=1/r) des câbles de précontrainte sont faibles et, par conséquent, les
rayons de courbures (r) sont grands.
Composante radiale :
Selon la projection des forces sur la bissectrice de l’angle dα, on obtient :
Rbr  P.d , puisque dα est petit : sin(d / 2)  d  / 2
ds
Or : ds  r.d  , donc : Rbr  P.
r
Rbr P
La réaction radiale du béton par unité de longueur est : q p  
ds r
1 d ²e d ²e
Or la courbure est donnée par :    (e : Eq du profil du câble), donc : q p  P.
r dx ² dx ²
Remarque :
On peut aussi déterminer la charge qp en utilisant l’équation de RDM reliant le moment
fléchissant à la charge répartie.
Moment de la précontrainte : M p  P.e

d ² Mp d ²e
On aura : qp   P. (P= cte).
dx ² dx ²
- Ce qui implique que, qp positive est dirigé vers le haut (action du câble sur le béton).
Composante tangentielle :
L’équilibre suivant la tangentielle au câble donne : Rbt  dP cos( / 2)  dP
La composante tangentielle est égale à la composante radiale multipliée par le coefficient de
frottement f :
f P
Rbt  f .Rbr = ds ; (telque : dP = f.P.dα)
r
Rbt dP f P
La réaction tangentielle par unité de longueur est :  
ds ds r

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Conséquence :
A cause du frottement la force de précontrainte P varie le long de la poutre. Il en est de même
pour qp. Toutefois cette variation est faible et, dans ce qui suit, on considère que la force de
précontrainte P est constante le long de la poutre.

III- Sollicitation dues au câble dans une section

L’effet du câble peut être étudié de deux façons : - Méthode interne
- Méthode directe
a)- Méthode interne :
Soit une poutre isostatique précontrainte à l’aide d’un câble de profile e(x).

Les sollicitations sont calculées en considérant l’effet de la force existant dans le câble appliqué
au point de passage du câble.
Effort normale : N(x) = P(x) cos(α(x)) ≈P , car P≈ P(x) et cosα(x) ≈1
Moment fléchissant : Mp(x)=P(x) cos(α(x)) e(x) ≈ P e(x)
Où α est le tracé du câble avec l’horizontale.

Effort tranchant :

- Partie descendante du câble : Vp(x)= -P(x) sinα(x) ≈ - P sinα(x) ≤ 0

- Partie ascendante du câble : Vp(x)= P(x) sinα(x) ≈ P sinα(x) ≥0
L’effort tranchant dû à la précontrainte est donc de signe contraire de celui de l’effort tranchant
sous charges extérieures réparties. C’est pour cela qu’on note effort tranchant réduit « Vréd ».
L’effort tranchant résultant : Vréd= Vext+ Vp

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Remarque :
En raison de l’usage de tracés paraboliques des armatures de la précontrainte, il est valable
d’utiliser la notion de Vp par légalité analytique du tracé :
Mp(x)= P.e(x) d’où Vp= dMp/dx=P.(de/dx)

b)- Méthode directe (Méthode des charges équivalentes) :

La précontrainte est remplacé par son effet sur toute la pièce (effet global).
L’action du câble de précontrainte est alors considérée comme une action extérieure agissant
aux ancrages avec :
- Effet horizontale : P cos(α) = P
- Effet vertical (P sin(α)) directement transmis dans l’appui et n’entrainant aucune
déformation de la structure.
Profil parabolique :
Une poutre précontrainte à l’aide d’un câble de profil parabolique symétrique par rapport au
centre de la poutre.

L’action de câble sur le béton comprend les charges équivalentes suivantes :

- Une charge qP distribuée par unité de longueur le long de la poutre.
- Des efforts concertés aux extrémités. Ces efforts comprennent un effort normal (P cosα),
un effort tranchant (P sinα) et un moment de flexion (P ec).

- La charge qp est une charge radiale, sera considérer comme une charge verticale.

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Exemple :

Profil linéaire :
Si le profil est de deux segments de droite, la charge équivalente est une charge concertée Fp.
Les charges équivalentes concertées peuvent déterminer suivant l’effort tranchant de
précontrainte qui est constant pour chaque segment de droite puisque le moment de
précontrainte varie linéairement.
Mp=P.e ; Vp= dMp/dx= P de/dx
Exemple :