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Chloé Hoareau Caroline Gossieaux

Master 1 FLE

FICHE D'EXPLOITATION PEDAGOGIQUE D'UN TEXTE LITTERAIRE

Extrait du chapitre 1 « Un souvenir qu'on va chérir » de Le Petit Nicolas de Sempé-Goscinni

Niveau des apprenants Apprenants de niveau B1 acquis allant vers un niveau B2

Public visé Adolescents / jeunes adultes

Le Petit Nicolas de Sempé-Goscinni


Support Extrait du chapitre 1 « un souvenir qu'on va chérir »

➢ Communicatifs
→ raconter un événement / un souvenir au passé

➢ Linguistiques
→ les temps du passé : imparfait, passé composé, plus-que-parfait
→ la concordance des temps
Objectifs → le style direct et le style indirect
→ les marqueurs chronologiques / temporels

➢ Culturels
→ le système scolaire français
→ les personnages types dans la classe
→ les photos de classe
→ la sociologie des prénoms
→ les années 50-60 en France

Compréhension écrite
Compétences visées Production écrite
Production orale

➢ Images
- Illustrations de Sempé
- Affiche du film « Le Petit Nicolas »
Autres documents - Photos de classe
authentiques
non littéraires ➢ Vidéos
- Bande annonce du film « Le petit Nicolas »
- Extrait du film « Le petit Nicolas » (début du film)

➢ Document audio
- « On n'est pas à une bêtise près » de Renan Luce
Texte littéraire choisi

Le récit de Sempé et Goscinny est composé à la fois du texte et d'une image qui explicite celui-ci. Le
Petit Nicolas est considéré comme un classique de la littérature jeunesse française et il est intéressant
de l'étudier dans le cadre d'un travail sur le récit. Il est comme un recueil de petites nouvelles, chaque
chapitre fonctionnant de façon autonome mais réutilisant les mêmes personnages. Le récit est fait par
le jeune protagoniste ce qui donne au texte un ton léger et très naïf, à l'origine même de la veine
comique. Ainsi, de nombreux thèmes relatifs à l'enfance sont présents dans le texte et permettent au
lecteur de se sentir concerné et de s'identifier aux personnages très facilement.
De plus, Le Petit Nicolas se décline sous la forme d'autres supports : bande-dessinée, adaptation
cinématographique, dessin animé … Il est donc intéressant de pouvoir s'appuyer sur ces différentes
sources lors de la séance pédagogique.
Enfin, l'auteur René Goscinny est également le créateur d'autres personnages phares de la culture
française tels que Astérix ou Iznogoud. Cela est très donc très intéressant d'un point de vue culturel.

Objectifs liés aux contenus du texte littéraire susceptibles d'exploitation pédagogique

Notre objectif principal est d'amener les apprenants à savoir raconter une anecdote au passé en
maîtrisant correctement la concordance des temps. Nous veillerons à la cohésion et à la cohérence de
leurs productions.
Pou atteindre notre objectif de communication, il nous sera nécessaire de revoir la formation et les
emplois du passé composé et de l'imparfait. Nous nous focaliserons alors sur les situations dans
lesquelles un des deux temps est privilégié au détriment de l'autre. Nous travaillerons également sur
le passage du discours direct au discours indirect et inversement. Nos apprenants seront capables de
rapporter les paroles d'une tierce personne dans leur récit.
L'extrait étudié nous permet d'aborder des points culturels relatifs à l'éducation tels que le système
scolaire français, les clichés des personnages que l'on peut rencontrer dans une classe, la photo de
classe qui est très importante lorsque l'on est enfant. Il nous semblait intéressant d'évoquer
brièvement la sociologie des prénoms au regard des prénoms présents dans l'extrait choisi (prénoms
désuets aujourd'hui pour la plupart mais qui étaient populaires lors de la période de publication du
roman). Bien entendu, tout au long de la séance, des parallèles pourront être faits entre la culture
française et celle(s) des apprenants. Ceci est à remettre donc en perspective avec l'époque des années
50-60 en France.

Déroulement de la séance, étape par étape en décrivant les activités pensées successivement

➢ Introduction

Pour commencer la séance et préparer le texte en amont, nous proposons aux apprenants une
première activité de production orale. Nous leur distribuons plusieurs photos de classe (une ancienne,
une récente et celle prise dans le film « Le Petit Nicolas ») et nous les laissons s'exprimer.
Exemples de questions à poser aux apprenants – travail oral

– Qui sont les personnes présentes sur ces photographies ?


– Que pouvez-vous dire des époques auxquelles ont été prises ces photos ?
– Sur la dernière photographie, les élèves portent tous un uniforme. Est-ce toujours le cas
aujourd'hui en France ? Dans votre pays ? (selon Puren, se préparer / production orale)
– Pourquoi prendre une photo de classe ?

Cette dernière question nous permet de faire le lien avec le titre de la nouvelle « Un souvenir qu'on va
chérir ». Cette première activité, principalement d'échanges, est l'occasion de faire le point sur le
lexique dont nos apprenants auront besoin pour une bonne compréhension du texte. Le lexique relatif
à la photographie, à l'école peut ainsi être marqué au tableau au fur et à mesure que les apprenants le
mentionnent.

A ce moment de la séance, l'enseignant peut, s'il le désire, faire visionner à ses apprenants les 15
premières secondes du film « Le Petit Nicolas » qui met en image le texte étudié dans la suite de la
séance.

➢ Découverte et étude du texte

Première lecture à haute voix du texte dans son intégralité. Le vocabulaire difficile aura été noté et
explicité en bas de page au préalable. L'enseignant demande à ses apprenants de lire le texte une
deuxième fois. Un à un, chaque apprenant lit deux ou trois phrases à voix haute. L'enseignant fait
ainsi le point sur la prononciation et l'intonation des phrases tout en gardant les apprenants impliqués
et intéressés. Il leur pose ensuite des questions afin de s'assurer de la bonne compréhension du texte
(voir le questionnement du texte ci-dessous).

L'enseignant distribue aux apprenants le paragraphe suivant dont il aura effacé les verbes conjugués
au passé composé et à l'imparfait. Par petits groupes de deux, les apprenants doivent remplir les
espaces avec le temps adéquat. La correction aura lieu en classe entière et sera l'occasion pour
l'enseignant de revenir sur certaines notions peut-être non assimilées par les apprenants. Par exemple,
il faudrait vérifier que l'inversion sujet-verbe avec les verbes de parole après le discours direct est
respecté le plus souvent possible (« a crié le photographe »). Le paragraphe à présent complet,
l'enseignant peut alors proposer une deuxième activité et demander aux apprenants de mettre les
phrases qui sont au discours direct au discours indirect en veillant à la concordance des temps.

Exemple :
– « c'est quoi votre appareil ? » il a demandé → il a demandé ce qu'était son appareil.
– Il a dit « c'est une boîte d'où va sortir un petit oiseau, bonhomme » → Il lui a dit que c'était une
boîte d'où allait sortir un petit oiseau

➢ Activités de production écrite

Notre première activité de production écrite fera partie du questionnement du texte (que vous pourrez
trouver ci-dessous). Nous avons choisi l'extrait de telle sorte que l'histoire apparaisse inachevée,
incomplète. Les apprenants auront alors pour consigne d'imaginer la fin du récit en quelques lignes en
utilisant :
– les temps du passé
– le discours direct
– le discours indirect

Plusieurs autres activités écrites pourront être développées au choix en travail à la maison à partir de
la chanson de Renan Luce que nous pouvons inclure à notre séance :

1. Racontez une bêtise que vous avez faite lorsque vous étiez enfant ainsi que la réaction de vos
parents. Pour cela, vous utiliserez les temps du passé qui conviennent, le discours direct et le
discours indirect. (environ 250 mots)

2. Après avoir posé des questions à un de vos camarades de classe concernant une bêtise qu'il a
faite enfant, écrivez cette anecdote sous forme de petite histoire. Pour cela, vous utiliserez les
temps du passé qui conviennent, le discours direct et le discours indirect. Postez votre travail
final sur le PADLET de la classe. (environ 250 mots)

➢ Insertion d'un document authentique non-littéraire

Dans l'extrait de texte étudié, le protagoniste Nicolas raconte les bêtises de ses petits camarades qui
n'arrivent pas à rester sages. Nous pouvons retrouver le caractère malicieux du groupe d'amis dans le
clip-vidéo de Renan Luce, dont la chanson « On n'est pas à une bêtise près » sert de générique à
l'adaptation cinématographique du roman Le Petit Nicolas.

Nous pouvons tout d'abord demander à nos apprenants d'essayer d'identifier les personnages de la
vidéo grâce aux informations du texte et de retrouver Nicolas, Geoffroy, Agnan ... Ensuite, nous
pouvons entamer une discussion sur les bêtises d'enfants et poser des questions à nos apprenants sur
leur enfance et notamment les bêtises qu'ils faisaient, les souvenirs qu'ils en ont gardés.

Questionnement du texte prévu à l'oral

Questions

(1) Qui sont les personnages présents ? Notez les prénoms lorsqu'ils sont mentionnés.
– Tâche → se repérer
– Compétence → compréhension écrite

(2) Que pensez-vous de ces prénoms ? Sont-ils communs aujourd'hui en France ?


– Tâche → réagir
– Compétence → production orale

(3) A partir des réponses de la question 2, que pouvez-vous dire de l'époque à laquelle se passe
l'histoire ?
– Tâche →interpréter
– Compétence → production orale

(4) Existe-t-il des prénoms « jeunes » ou « vieux » dans votre pays ? Donnez des exemples.
– Tâche → comparer
– Compétence → production orale

(5) Décrivez en quelques mots les personnages suivants : Agnan, Geoffroy, Eudes, Alces, Rufus.
– Tâche → paraphraser
– Compétence → compréhension écrite / production écrite

(6) Résumer avec vos propres mots ce que les élèves ont fait dans la cave.
– Tâche → paraphraser
– Compétence → compréhension écrite / production écrite

(7) D'après le photographe, « on obtenait tout des enfants quand on était patient ». Que pensez-vous
de ce conseil ?
– Tâche → juger
– Compétence → production écrite
Discussion autour de ce passage du texte → Cela ouvre la conversation sur les thèmes de l'éducation
des parents et des comportements des adultes envers les enfants, thèmes sur lesquels nous pouvons
ensuite nous baser pour démarrer une petite production écrite argumentative.

(8) A la fin du texte, le photographe


✔ a suivi son propre conseil et est resté patient
✔ n'a pas suivi son propre conseil et s'est énervé

– Tâche → analyse
– Compétence → compréhension écrite

(9) D'après vous, que se passe-t-il ensuite ? Expliquez votre réponse en deux phrases
✔ Le photographe prend une bonne photo et les élèves sont contents
✔ Le photographe prend une mauvaise photo
✔ Le photographe ne prend pas de photo

– Tâche → extrapoler
– Compétence → production écrite

(10) Imaginer comment cette histoire se termine.


– Tâche → transposer
– Compétence → production écrite

Moments de « disponibilité polysémique »

« Il a vraiment de bonnes idées, le photographe » → admiration naïve de Nicolas ? Critique de


l'auteur : la photo de classe est-elle une idée banale en réalité ? Les habitudes
interchangeables, les rangs et leur organisation font-ils du plaisir folklorique de la photo
annuelle ?

« C'est une boîte d'où va sortir un petit oiseau » → expression idiomatique française qui n'a pas
toujours d'équivalent dans les autres langues. Difficulté pour les lecteurs non francophones à
comprendre le sens et donc moment propice à l'échange. Discussion autour de cette
expression.

Difficultés rencontrées pour mener à bien cette fiche pédagogique & limites

La principale difficulté rencontrée lors de l'élaboration de cette fiche pédagogique a été de repérer
des moments du texte favorables à une disponibilité polysémique. En effet, le texte est plutôt clair de
sens et le vocabulaire simple, ce qui ne donne pas vraiment à l'apprenant l'occasion d'interpréter le
texte à sa manière. Néanmoins, cela n'empêche pas l'apprenant d'exprimer aisément son opinion
grâce aux thèmes enfantins et familiers évoqués par le texte.

Et le plaisir textuel dans tout cela ?

L'extrait et le roman en lui-même sont très agréables à lire. Les thèmes présents dans le roman sont
intemporels et touchent à l'enfance donc à un vivier de ressenti, ce qui permet à l'enseignant d'étudier
l’œuvre aussi bien aujourd'hui que dans cinq ou dix ans. Les thèmes sont propices à l'échange et à la
discussion. Ils permettent aux apprenants d'améliorer leurs compétences en production en exprimant
leurs opinions sur des sujets qui les concernent et auxquels ils peuvent s'identifier.
D'un point de vue culturel, le roman offre aux apprenants un aperçu de la société française des années
60 : les descriptions des personnages, les valeurs, les habitudes des Français à l'époque qu'il faudrait
développer davantage par la suite à partir de cet extrait.
Un souvenir qu’on va chérir

Ce matin, nous sommes tous arrivés à l’école bien contents, parce qu’on va prendre une photo
de la classe qui sera pour nous un souvenir que nous allons chérir toute notre vie, comme nous l’a dit
la maîtresse. Elle nous a dit aussi de venir bien propres et bien coiffés.
C’est avec plein de brillantine sur la tête que je suis entré dans la cour de récréation. Tous les
copains étaient déjà là et la maîtresse était en train de gronder Geoffroy qui était venu habillé en
martien. Geoffroy a un papa très riche qui lui achète tous les jouets qu’il veut. Geoffroy disait à la
maîtresse qu’il voulait absolument être photographié en martien et que sinon il s’en irait.
Le photographe était là, aussi, avec son appareil et la maîtresse lui a dit qu’il fallait faire vite,
sinon, nous allions rater notre cours d’arithmétique. Agnan, qui est le premier de la classe et le
chouchou de la maîtresse, a dit que ce serait dommage de ne pas avoir arithmétique, parce qu’il
aimait ça et qu’il avait bien fait tous ses problèmes. Eudes, un copain qui est très fort, voulait donner
un coup de poing sur le nez d’Agnan, mais Agnan a des lunettes et on ne peut pas taper sur lui aussi
souvent qu’on le voudrait. La maîtresse s’est mise à crier que nous étions insupportables et que si ça
continuait il n’y aurait pas de photo et qu’on irait en classe. Le photographe, alors, a dit : «Allons,
allons, allons, du calme, du calme. Je sais comment il faut parler aux enfants, tout va se passer très
bien.»
Le photographe a décidé que nous devions nous mettre sur trois rangs; le premier rang assis
par terre, le deuxième, debout autour de la maîtresse qui serait assise sur une chaise et le troisième,
debout sur des caisses. Il a vraiment des bonnes idées, le photographe.
Les caisses, on est allés les chercher dans la cave de l’école. On a bien rigolé, parce qu’il n’y
avait pas beaucoup de lumière dans la cave et Rufus s’était mis un vieux sac sur la tête et il criait
«Hou! Je suis le fantôme.» Et puis, on a vu arriver la maîtresse. Elle n’avait pas l’air contente, alors
nous sommes vite partis avec les caisses. Le seul qui est resté, c’est Rufus. Avec son sac, il ne voyait
pas ce qui se passait et il a continué à crier «Hou! Je suis le fantôme», et c’est la maîtresse qui lui a
enlevé le sac. Il a été drôlement étonné, Rufus.
De retour dans la cour, la maîtresse a lâché l’oreille de Rufus et elle s’est frappé le front avec
la main. « Mais vous êtes tout noirs », elle a dit. C’était vrai, en faisant les guignols dans la cave, on
s’était un peu salis. La maîtresse n’était pas contente, mais le photographe lui a dit que ce n’était pas
grave, on avait le temps de se laver pendant que lui disposait les caisses et la chaise pour la photo. A
part Agnan, le seul qui avait la figure propre, c’était Geoffroy, parce qu’il avait la tête dans son
casque de martien, qui ressemble à un bocal. «Vous voyez, a dit Geoffroy à la maîtresse, s’ils étaient
venus tous habillés comme moi, il n’y aurait pas d’histoires.» J’ai vu que la maîtresse avait bien
envie de tirer les oreilles de Geoffroy, mais il n’y avait pas de prise sur le bocal. C’est une combine
épatante, ce costume de martien!
Nous sommes revenus après nous être lavés et peignés. On était bien un peu mouillés, mais le
photographe a dit que ça ne faisait rien, que sur la photo ça ne se verrait pas.
«Bon, nous a dit le photographe, vous voulez faire plaisir à votre maîtresse?» Nous avons
répondu que oui, parce que nous l’aimons bien la maîtresse, elle est drôlement gentille quand nous ne
la mettons pas en colère. «Alors, a dit le photographe, vous allez sagement prendre vos places pour la
photo. Les plus grands sur les caisses, les moyens debout, les petits assis.» Nous on y est allés et le
photographe était en train d’expliquer à la maîtresse qu’on obtenait tout des enfants quand on était
patient, mais la maîtresse n’a pas pu l’écouter jusqu’au bout. Elle a dû nous séparer, parce que nous
voulions être tous sur les caisses.
«Il y a un seul grand ici, c’est moi!» criait Eudes et il poussait ceux qui voulaient monter sur
les caisses. Comme Geoffroy insistait, Eudes lui a donné un coup de poing sur le bocal et il s’est fait
très mal. On a dû se mettre à plusieurs pour enlever le bocal de Geoffroy qui s’était coincé.
La maîtresse a dit qu’elle nous donnait un dernier avertissement, après ce serait
l’arithmétique, alors, on s’est dit qu’il fallait se tenir tranquilles et on a commencé à s’installer.
Geoffroy s’est approché du photographe : «C’est quoi, votre appareil?» il a demandé. Le
photographe a souri et il a dit : « C’est une boîte d’où va sortir un petit oiseau, bonhomme. Il est
vieux votre engin, a dit Geoffroy, mon papa il m’en a donné un avec pare-soleil, objectif à courte
focale, téléobjectif, et, bien sûr, des écrans... » Le photographe a paru surpris, il a cessé de sourire et
il a dit à Geoffroy de retourner à sa place. «Est-ce que vous avez au moins une cellule
photoélectrique? » a demandé Geoffroy. «Pour la dernière fois, retourne à ta place! » a crié le
photographe qui, tout d’un coup, avait l’air très nerveux.

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