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ÉVALUATION
Evaluation continue certificative. Pas d’examen en juin. Tous les tra- - un compte-rendu articulé de l’activité elle-même (10-20 lignes)
vaux ont lieu pendant le quadrimestre. En outre 10 % de la note finale : résumé de l’activité, contexte ou justification de la relation
est attribué à la participation en classe. avec la culture espagnole, analyse : qu’est-elle la valeur cultu-
relle de cette activité ?
3 activités prise de contact avec la culture espagnole. Ça peut être - un glossaire contenant le vocabulaire et les expressions spéci-
trois fois le même. La présentation de l’activité est la suivante : fiques au domaine de l’activité
- la fiche technique de l’activité (référence complète : titre, au- Un examen de contenu en classe le 20 avril durant l’heure de cours.
teur, date…)
I. GÉOGRAPHIE ET DÉMOGRAPHIE
1. DONNÉES GÉOGRAPHIQUES B. RELIEF : LES CHAÎNES DE MONTAGNE
A. GÉNÉRALITÉS
L’Espagne s’étend sur 505 000 kms² au sud-ouest de l’Europe. Elle
occupe la plus grande partie de la péninsule Ibérique, qu’elle partage
avec le Portugal. Elle partage ses frontières avec la France, le Portu-
gal et le Maroc au Sud.
A l’est et au sud :
climat méditerra-
néen, voire aride
par endroits. Ces
2. GÉOGRAPHIE DES TRANSPORTS
D. LE TRANSPORT ROUTIER
Le réseau d’autoroutes espagnol est divisé entre
L’Espagne est divisée en 17 communautés autonomes. Ce sont des Si une Communauté autonome ne remplit pas les obligations que la
Etats fédérés, avec une autonomie politique, le droit de gérer leur Constitution et la loi lui imposent ou si elle agit d'une façon qui nuit
propre budget et gravement à l'intérêt général de l'Espagne, le gouvernement, après
l’enseignement, mais une mise en demeure au président de la Communauté autonome et
dépendent de l’état avec l'accord de la majorité absolue du Sénat, peut prendre les me-
pour plusieurs af- sures nécessaires pour obliger cette Communauté à l'exécution for-
faires. les compé- cée de ses obligations ou pour protéger l'intérêt général mentionné.
tences cédées par
Les Communautés autonomes jouissent de l'autonomie financière
l'État central peuvent
pour le développement et la mise en œuvre de leurs compétences,
varier et que les
conformément aux principes de coordination avec les finances de
termes « indépen-
l'État et de solidarité entre tous les Espagnols. Elles peuvent agir
dance » et « fédéral »
comme déléguées ou collaboratrices de l'État pour le recouvrement,
sont très discutés en
la gestion et la liquidation des ressources fiscales de celui-ci. Les
Espagne.
ressources des communautés autonomes sont constituées par :
- les impôts cédés totalement ou partiellement par l'État
- leurs propres impôts,
- des opérations de crédit : l’émission d’emprunts publics
Plusieurs communautés autonomes ont leur propre langue co- 4. DÉMOGRAPHIE ET DENSITÉ DE POPULATION
officielle (catalan, galicien, valencien et basque). On peut tout faire
dans les deux langues dans ces espace- là. Contrairement à la Bel- A. POPULATION
gique, les Espagnols ne doivent pas apprendre les langues des
autres communautés (si ce n’est le castillan…).
B. LES PROVINCES
Certaines communautés sont divisées en province (50). Il y a égale-
ment deux villes autonomes : Ceuta et Melilla.
L’évolution démographique tend à la croissance, cependant on cons- Pyramide large chez les personnes âgées, surtout chez les femmes,
tate une diminution en 2021 (tendance globale suite au COVID). alors que la base de la pyramide est moins grande, de manière assez
Cette décroissance est aussi liée au fait qu’il y a moins d’immigration marquée. Ce vieillissement de la population n'est pas sans poser de
en raison de la crise économique. problèmes, tant en matière d'emplois que de redistribution sociale
avec, notamment, la question du paiement des retraites.
El INE = instituto nacional de statistica.
Jusque dans les années 70’, l’excédent des naissances sur les décès
était d’environ 10% chaque année. Le pays n ́a pas été meurtri par
les deux guerres mondiales mais a été pendant longtemps touchée
par l’émigration, jusque dans les années 1970-1980. El INE a enre-
gistré pour la première fois, à partir de 2012, une diminution de sa
population comme conséquence de la crise qui frappe l'Espagne de-
puis 2008.
B. PYRAMIDE DE LA POPULATION
C. DENSITÉ
5. L’ESPAGNE, TERRE DÉMIGRATION, TERRE
D’IMMIGRATION
B. L’IMMIGRATION EN ESPAGNE
Pendant plusieurs années, la tendance
s’est inversée et l’Espagne est deve-
nue un pays d’accueil pour les immi-
grants. Cependant, la crise écono-
mique de 2008 et l’augmentation du
chômage ces dernières années ont eu
un effet dissuasif sur les candidats à
l’émigration.
2. ANTIQUITÉ
C. L’ESPAGNE ROMAINE
L'importance politique de l'Espagne dans le domaine romain apparaît
dès le premier siècle de la conquête et se prolonge à travers l'empire
Jusqu'en 27 ACN, la Péninsule forme deux provinces, l'Espagne Cité-
rieure au nord-est, l'Espagne Ultérieure au sud et à l'ouest. Puis
l’espace est re-divisé et le nord est conquis et trois autres provinces
sont créées : la Lusitanie, la Bétique et la Tarraconaise.
B. LES CARTHAGINOIS
La paix romaine règne quatre siècles sur la province d’Hispania
Carthage, pour compenser les pertes subies lors de la première jusqu’au début du Ve s. PCN.
guerre punique contre Rome (264-241 ACN), entreprend la conquête
- Une soixantaine d'exploitations minières importantes sont en
de l'Espagne où ils construisent alors la forteresse de Carthago nova
service (fer, plomb, cuivre, zinc, étain, mercure).
(Carthagène). Les Carthaginois prennent Sagonte, alliée de Rome,
- Plusieurs villes dépassent 100 000 habitants (Emerita Augus-
ce qui déclenche la deuxième guerre punique, dès 219 ACN. Pen-
ta, Tarraco, Hispalis, Corduba, c'est-à-dire Mérida, Tarragone,
dant que les Carthaginois combattent en Italie, Rome conquiert l'Es-
Séville, Cordoue).
pagne, et finalement toutes les possessions carthaginoises (Scipion
- Le niveau culturel du pays est à la hauteur de son niveau éco-
l’Africain). Rome met 64 ans à imposer sa domination aux indigènes ;
nomique. Sénèque notamment est originaire de cette province.
- Le christianisme fait son apparition dès le IIe s. D. ESPAGNE WISIGOTHIQUE
En 409, les « Barbares » pénètrent en Espagne : le flux et le reflux
des envahisseurs vont la ravager jusqu'à la fin du Ve s. Parmi ces
peuples: les Vandales, les Alains et les Suèves, mais ce sont les Wi-
sigoths qui s’imposent. Ils règnent pendant deux siècles et établissent
leur capitale à Tolède. Deux rois se démarquent :
Théâtre de Merida
A. UNE CONQUÊTE MUSULMANE ÉCLAIR La dynastie omeyyade de Damas fonde un émirat indépendant, qui
sera plus tard le Califat de Cordoue.
L'Espagne wisigothique s'effondre d'un seul coup en 711 : quelques
milliers d'arabo-berbères islamisés, franchissent le détroit, qui prend Les Omeyyades font régner une brillante civilisation sur leurs terri-
alors le nom de Djabal Tariq – plus tard Gibraltar – et écrasent le roi toires, et principalement sur Al Andalus qui devient un des plus
Rodrigue près de Cadix à la bataille du río Guadalete (19-26 juillet grands centres culturels du monde. Le califat se caractérise par la
711). Deux ans plus tard, toute la Péninsule est soumise et transfor- richesse agricole des plaines irriguées et la prospérité urbaine fondée
mée en émirat : Al Andalus. sur le tissage, la céramique, les cuirs de Cordoue, les armes de To-
lède, le tout favorisé par les échanges méditerranéens entre pays
L'expansion musulmane se prolonge au nord des Pyrénées, où elle islamiques.
ne rencontre pas le milieu favorable trouvé en Espagne. Le coup d'ar-
rêt le plus célèbre est donné en 732 à Poitiers, par Charles Martel.
Si une forte proportion d'Espagnols embrassent la loi islamique (on L'Espagne chrétienne se répartit entre les royaumes de León (au sud
les appellera les renégats) et si d'autres émigrent vers le Nord, la ma- duquel apparaît un comté de Portugal), de Castille (royaume en
jorité d'entre eux conservent la foi chrétienne, leurs églises et leur 1035), de Navarre, d'Aragon (royaume en 1035) et le comté de Bar-
clergé, sans être pour autant persécutés mais étaient soumis à un celone, uni à l'Aragon par mariage à partir de 1137.
impôt (ce qui explique une partie des conversions).
Exploitant la faiblesse des royaumes de taifas, Alphonse VI de Cas-
tille s'empare de Tolède en 1085 et en fait sa capitale ; il met le siège
C. LES ROYAUMES DE TAÏFA (1031-1266)
devant Saragosse et, pour souligner sa volonté de fondre en un seul
En 1031 le calife est détrôné et l'Espagne musulmane se fragmente peuple musulmans et chrétiens, se proclame emperador de las dos
en une vingtaine de royaumes indépendants, les royaumes de taifas. religiones.
Ceux-ci se font souvent la guerre. Cette division territoriale est à
l’origine de la Reconquista puisqu’elle a permis aux chrétiens de pé- Les Almoravides au XIe siècle puis les Almohades au XIIe arrivent en
nétrer plus facilement. Espagne et remportent plusieurs victoires contre les chrétiens, ce qui
freine leur avancée. Cette situation ne dure pas et au XIIIe l’Islam est
refoulé au Sud de la Péninsule.
Le dernier bastion est le petit royaume de Grenade, qui survit jus- A cette époque, le royaume le plus important est la Castille. Le ma-
qu'en 1492, date, qui achève la Reconquête. Ce sont les rois catho- riage d’Isabelle de Castille et de Ferdinand d’Aragon permet une uni-
liques qui conquièrent la ville alors aux mains de Boabdil. té politique en Espagne. Le pouvoir royal s'impose en même temps
que l'ordre se trouve rétabli par les Rois Catholiques. La noblesse est
soumise ; les ordres militaires sont pris en main.
A cause de l’échec de
Charles Quint contre
l'avancée turque et la
Réforme, il finit par ab-
diquer en faveur de son
fils Philippe.
P HILIPPE II
Philippe II, déjà souve-
rain des Pays-Bas et
de Sicile, reçoit de son
père les couronnes de
Castille et d'Aragon,
ainsi que celle des Indes. Il installe sa cour et son gouvernement à C. TURBULENCE ET DÉCLIN (XVIIE S.)
Madrid (1561), petite ville promue alors capitale, au nord-ouest de
laquelle il fait édifier le monumental palais de l'Escurial (1563-1584), Dans le domaine artistique, le XVIIe est un Siècle d'or comme en té-
l'un des symboles de son règne. moignent notamment la littérature avec Cervantès, Lope de Vega,
Calderón de la Barca ou Góngora et le rayonnement de la peinture
Son règne marque l'apogée politique de l'Espagne mais subit de espagnole de Diego de Silva Velázquez, qui peint les Ménines vers
nombreuses guerres. Philippe II tente d'imposer son hégémonie en 1656, José de Ribera, de Francisco de Zurbarán et de Bartolomé
Europe en faisant de l'Espagne le principal héraut du catholicisme, Esteban Murillo.
objectif auquel se mêlent néanmoins des motivations autres que reli-
gieuses, comme : Parallèlement, la monarchie est très affaiblie. Les trois monarques qui
succèdent à Philippe II – son fils Philippe III (roi de 1598 à 1621), Phi-
- la lutte contre l'islam et le danger turc lippe IV (1621-1665) et Charles II (1665-1700) – sont loin d'avoir les
- Le contrôle de l'empire colonial portugais qualités de leurs glorieux ancêtres.
- La guerre et la perte des Pays-Bas
- La défaite de l'Invincible armada face à l’Angleterre - Effacement de l’Espagne au plan international (perte des terri-
- La fin de l'hégémonie espagnole toires français, portugais et hollandais)
- Crise économique qui mène à la misère : à cause des guerres
Cette ambitieuse politique extérieure se solde par des dépenses con- et de la contraction du commerce avec Amérique + crise dé-
sidérables que la couronne de Castille, malgré l'afflux des métaux mographique : guerres, émigration, peste, expulsion des mo-
précieux d'Amérique, ne parvient à couvrir qu'au prix d'un accroisse- risques...
ment des impôts, de l'endettement et d'une crise financière qui tend à
devenir structurelle dans les dernières années du règne (situation de Charles II mort sans successeur, c’est un Bourbon, Philippe V, petit-
banqueroute en 1596) fils du roi de France Louis XIV, qui succède aux Habsbourg. La dy-
nastie Bour-
bon est tou-
jours sur le
trône espagnol
de nos jours.
D. LE SIÈCLE DES LUMIÈRES D ES PROGRÈS DANS L ’ UNIFICATION DU PAYS
L'Espagne du XVIIIe s. ne reste pas à l'écart des grandes transforma- Après la guerre de la Succession d'Espagne (1701-1713) les Bour-
tions que connaît alors une partie du continent européen. Cette adap- bons – tout en restant prudents vis-à-vis de certains particularismes
tation concerne l'ensemble de la société, tant sur le plan économique régionaux – se font désigner comme « rois d'Espagne » => apparition
que dans la vie politique ou même dans le domaine artistique. du concept de nation espagnole. Cette unification est renforcée par
une monnaie unique et l’emploi de la langue castillane.
L' AVÈNEMENT DES B OURBONS ET LE REDRESSEMENT POLITIQUE
Néanmoins, cette guerre a également entrainé des pertes territo-
Philippe V (de 1700 à 1746), Ferdinand VI (1746-1759) et Charles III riales : Gibraltar, Minorque et les territoires italiens ; ainsi que la perte
(1759-1788) –, à défaut d'être de brillantes personnalités (les deux des droits à la couronne de France.
premiers sont dépressifs et atteints de troubles psychiques) - incar-
nent ce renouveau et sont capables d'appeler à leurs côtés des L E RECENTRAGE DE LA POLITIQUE ÉTRANGÈRE
hommes dotés du sens de l'État.
Philippe V oriente sa politique étrangère autour de trois objectifs :
U N RENOUVEAU ÉCONOMIQUE
Grâce :
Plusieurs évènements ruinent le pays et le coupent de ses colonies. Francisco DE GOYA, El dos de mayo1 de 1808 en Madrid
- Défaite de la flotte franco-espagnole à Trafalgar (1805) contre Les conséquences (outre les désastres de la guerre) marquent une
les Anglais : une grande partie de la flotte espagnole disparaît césure importante dans l’histoire de l’Espagne :
dans cette opération, privant ainsi l’Espagne de son principal
atout pour assurer et protéger ses échanges avec l'Amérique. - Rupture vis-à-vis de l'Empire colonial : Amputée de sa puis-
- Invasion de l'Espagne par Napoléon : profitant de la faiblesse sance navale, affaiblie par les troubles politiques et l'invasion
politique, Napoléon s'empare de la couronne espagnole, qu'il française, l'Espagne se retrouve en position de faiblesse sur le
confie à l'un de ses frères, Joseph Bonaparte, jusque-là roi de continent américain. Plusieurs soulèvements indépendantistes
Naples. ont alors lieu sur fond de guerres civiles. Perte de l'Argentine,
- Guerre d'Indépendance (1808-1814) : à Madrid, le 2 mai 1808, l’Amérique centrale et le Venezuela.
exaspéré par la présence française, le peuple se révolte, mar- - Rupture politique : fossé entre les partisans d'un retour à l'An-
quant le début du soulèvement populaire et de la guerre cien Régime et ceux qui souhaitent profiter de ce conflit pour
d'Indépendance. La guérilla, la détermination de l'armée re- moderniser et libéraliser l'Espagne. Cette division se maintien-
belle espagnole, ainsi que l'aide britannique finissent par avoir dra jusqu’à la guerre civile.
raison de l'armée française. En mai 1813, les Français éva-
cuent Madrid, en 1814 l’armistice est signée.
Langue officielle des Nations Unies, la FAO, l’UNESCO, et d’autres L’exemple des académies d’hispanophones montre qu’il est possible
institutions internationales d’élaborer un académisme efficace, dynamique, collaboratif, capable
de créer d’une norme panhispanique (l’espagnol international) tout en
Le tourisme et le commerce sont des exemples d’actifs économiques cultivant des normes nationales clairement définies et surtout respec-
pour lesquels la langue espagnole revêt une importance majeure. tées. Un autre succès de l’Academie espagnole est d’avoir su impli-
L’espagnol est un élément-clé du secteur culturel et des industries de quer dans son financement une demi-douzaine de grandes entre-
la culture : littérature, théâtre, cinéma, musique, médias et édition prises mécènes qui, convaincues du potentiel économique de
(4ème rang mondial). l’espagnol, l’aident dans ses projets et activités.
3. L’ESPAGNOL EN AMÉRIQUE
A. AMÉRIQUE DU SUD
Les premiers pays du monde en nombre d’hispanophones sont : le Il y a beaucoup de théories sur la division dialectale de l’Espagnol en
Mexique, la Colombie, le Pérou et le Venezuela. A cette liste il faut Amérique latine. Certaines zones sont très grandes et partagent les
rajouter les hispanophones des Philippines, du Sahara Occidental et mêmes traits dialectaux. Par ex :
de Guinée Equatoriale. Il faut se rappeler que les États-Unis sont le - Par exemple la prononciation du C et du Z => [s] dans toute
4e pays en nombre d’hispanophones, après le Mexique et la Colom- l’Amérique latine a des raisons historiques : les colons espa-
bie et l’Espagne gnols provenaient surtout d’Andalousie et des Canaries, où
l’on n’opère pas la distinction entre s et c.
- Ex : en Argentine, le -ll se prononce [ʒ]. Les –s sont aspirés.
- Ex : Venezuela on prononce les –g aspirés
B. USA En 2013, l'espagnol est devenu la deuxième langue du pays, avec
37,5 millions de locuteurs (le français est parlé par environ 2 millions
En 2020, il y avait quelques 62 millions de personnes d’origine hispa- d'habitants et l'allemand par un million de personnes).
nique aux USA.
En 2015, les Latinos constituaient 17% de la population, une situation
dénoncée par le président Donald Trump traduisant aussi l’inquiétude
face à ce que certains appellent déjà la latinisation des Etats-Unis.
Il existe quatre pôles hispaniques : La plus connue est Alexandria Ocasio-Cortez qui a beaucoup critiqué
Trump et est très populaire. Ce sont surtout les démocrates qui orien-
1. La Californie : un tiers des 35 millions d’habitants sont tent leur politique vers les latinos.
d’origine hispanique. La moitié des enfants scolarisés parlera
espagnol dans quelques années. L’histoire hispanique de la
région est mise en évidence par l’existence de plus de 400 to-
ponymes espagnols.
2. L’Arizona, le Nouveau Mexique et le Texas : régions fronta-
lières ayant appartenu au Mexique jusqu’à la guerre de 1848
contre les Etats-Unis. Mais ce ne sont pas seulement des Chi-
canos qui y vivent (descendants de Mexicains), mais aussi des
Latinos venus d’Amérique centrale.
3. New York : avec un noyau d’immigration portoricaine
4. La Floride : avec une immigration cubaine d'environ 2 millions
d'Hispaniques. La plupart sont des exilés politiques qui ont
quitté le pays pour échapper au régime communiste de Fidel
Castro. 70% de la population parle espagnol.
C. PHÉNOMÈNE DU SPANGLISH.
Aujourd’hui, cette grande communauté linguistique continue à faire
évoluer sa langue, malgré la domination de l’anglais. Les emprunts
sont nombreux, au point qu’une langue hybride est apparue, le span-
glish, mélange d’espagnol et d’anglais très populaire dans le sud des
Etats-Unis. Les locuteurs mélangent les deux langues de façon natu-
relle (= code switching), et généralement maîtrisent parfaitement les
deux langues individuellement. On la retrouve un peu partout dans la
culture et la vie de tous les jours.
D. MUSIQUE
La musique sud-américaine est un instrument de premier ordre dans
la dynamique de “latinisation” des Etats-Unis. Les représentants ac-
tuels les plus connus sont : Maluma, Luis Fonsi, Shakira et Camilla
Cabello.
A. LE LATIN ET LA ROMANISATION Bien que les mots « espagnol » et « castillan » soient synonymes, il
est préférable de réserver le terme castillan pour parler du dialecte
Tout comme le français et l’italien, l’espagnol est une langue indo- roman né au royaume de Castille durant le Moyen Âge. En Espagne,
européenne d’origine latine. Les Romains ont apporté avec eux leur on utilise le mot « castillan » quand on fait allusion à la «langue
langue, le latin, en conquérant la péninsule ibérique durant les deux commune de l'État» par rapport aux autres langues co-officielles dans
derniers siècles avant J.C. L’Espagne s’appelle alors l’Hispanie. les territoires autonomes, comme le catalan, le galicien ou l'euskera
Cette base latine apportée par les Romains s’est imposée comme un (basque). Autrement dit, l’espagnol est la langue commune à tous les
superstrat linguistique aux différentes langues autochtones préexis- hispanophones du monde, quelles que soient les variantes que l’on
tantes (ibères, celtes) et s’est enrichie au fil des siècles sous puisse rencontrer en fonction des endroits où cette langue a évolué.
l’influence des différents peuples (Wisigoths, Arabes) ou pays en con- On dira donc « espagnol » lorsque l’on veut désigner la langue parlée
tact avec l’Espagne. par les Espagnols et les Latinos-Américains, et castillan pour dési-
La conséquence de la romanisation réalisée par les Romains à cette gner la langue officielle de l’Etat.
époque est la latinisation de l'Ibérie. Les Romains imposent leurs Le mot « espagnol », provient du provençal espaignol et du latin mé-
coutumes, leurs lois, leur art et leur langue. Le latin devient la langue diéval Hispaniolus.
de l'administration.
C. LA FORMATION DU CASTILLAN
Lorsque l’empire romain se divise en 395, entre l’empire d’Occident
dont la capitale est à Ravenne d’une part et l’empire d’Orient dont la Le castillan est le dialecte roman péninsulaire apparu vers le Xe
capitale se trouve à Constantinople, de l’autre, les provinces perdent siècle. Le mot est un dérivé de la région d’origine, « Castille» entre La
les contacts entre elles et leur langue évolue indépendamment pour Rioja et Burgos, qui
donner naissance à 10 langues différentes, les langues romanes : signifie « terre de châ-
portugais, galicien, castillan, catalan, provençal, français, italien, teaux »
sarde, roumain et romanche (langue nationale suisse).
Au Xe siècle, cette aire
Les gens parlent les langues nationales, mais le latin classique reste linguistique demeurait
encore la langue de la culture, de la science, ou de la philosophie, et encore limitée. Le cas-
les grands intellectuels écrivent leurs œuvres en latin : Bacon, Des- tillan n'était pas plus
cartes, Leibniz, Spinoza, ou Newton. important que le ga-
laïco-portugais, le na-
Le latin restera aussi la langue de la liturgie chrétienne jusqu'au XXe
varro-aragonais ou le
siècle.
catalan, mais il connaî-
tra une grande diffusion
dès le XIIe et XIIIe siècles en Les particularités régionales disparaissent progressivement dans la
raison de la prépondérance langue de l'administration. La syntaxe et le vocabulaire s’enrichissent
de la Castille dans l’effort de par les emprunts au latin et à l’arabe et par les traductions faites à
la Reconquête et de son ex- Tolède, dans une École de Traducteurs qui brasse les meilleurs es-
pansion territoriale. prits de l’époque. Alphonse X avait créé cette école dans la « ville
des trois cultures » où ces cultures se mélangeaient en paix. Il a vou-
Les premières traces écrites lu traduire les œuvres d’une langue à l’autre pour pouvoir partager les
de cette langue se trouvent connaissances.
dans les « gloses », les anno-
tations marginales des textes
latins. L'intention du moine qui
les écrivait était probablement
d'éclaircir le sens de certains
passages du texte original,
conscient du fait que ses lec-
teurs ne maîtrisaient plus le
latin.
Codex Emilianense, avec
les gloses en marge droite,
XIe s.
Pendant cette période, les ouvrages destinés à normaliser la langue Covarrubias sera victime des idées de son temps : il croira, comme
sont abondants et abordent les règles du langage poétique, de l'or- beaucoup d’autres, à une langue première qui aurait été parlée à
thographe, du vocabulaire et les ouvrages didactiques d'apprentis- l’origine du monde; l’hébreu serait cette langue-mère universelle. Ce
sage. dictionnaire nous intéresse en ce qu’il est le reflet de la langue espa-
gnole du Siècle d’Or en Castille, indispensable pour la compréhen-
- La première Orthographe de l’espagnol est publiée en 1517, sion des grands auteurs espagnols. L’ouvrage servira d’inspiration à
par le Sévillan Antonio de Nebrija, le même auteur de la d’autres grammairiens français de l’époque.
Grammaire.
- La première Grammaire de l'espagnol pour étrangers a été G. LE SIÈCLE D’OR
publiée à Louvain en 1555.
Le Siècle d'Or des arts en Espagne est la période écoulée entre le
En 1556, Philippe II devient roi d’Espagne. Il fait appliquer une poli- milieu du XVIe et le milieu du XVIIe siècle, quand la peinture atteint
tique d’affirmation de l’espagnol, d’abord en Amérique, où il fallait sa splendeur, et la littérature développe des genres romanesques
dorénavant évangéliser les indigènes en castillan, et non plus dans spécifiques, en prise directe avec la réalité socio-politique d’un pays
leurs langues et, ensuite, en Espagne même. En 1567 il publie un qui, en parallèle, voyait s’éloigner sa gloire passée et dont la puis-
édit qui a pour but d’interdire de parler et d'écrire en arabe endéans sance politique est en déclin.
les trois ans, que la communauté des Moriscos s'habillent comme
les castillans, et que leurs femmes soient à visage découvert. A cette époque, l’apport des auteurs espagnols à la littérature univer-
selle sont considérables :
En 1611 paraît le premier dictionnaire
espagnol (Tesoro de la lengua,) écrit 1. Naissance d’un nouveau genre littéraire, le roman picaresque
(de l'espagnol pícaro, « misérable », « futé ») dont le person-
par Sébastian de Covarrubias, dont la
nage principal est un pauvre aventurier qui survit en faisant
première édition est tirée à mille exem-
des tours pendables. Le premier de ce genre est le Lazarillo
plaires.
de Tormes.
Le but principal de Covarrubias a été de 2. Cervantes enterre le roman de chevalerie, et son Don Qui-
composer un dictionnaire étymologique chotte, publié en 1615, inaugure le roman contemporain,
qui prendrait le relais des Etymologies de 3. Lope de Vega donne sa forme définitive au genre de la Come-
Saint Isidore de Séville. L’étude des dia barroque.
mots, de leur origine, fournira l’occasion
Au cours de ce siècle, l’espagnol connait l'une des périodes les plus
de recueillir l’héritage du passé et de le
grandes de l’accroissement de son vocabulaire.
transmettre aux générations à venir.
Dans cette perspective, son livre sera
H. LA CRÉATION DE L’ACADÉMIE DE LA LANGUE (RAE) AU XVIIIE S.
Les Espagnols se sont dotés d’une académie en 1714 pour imiter
l’Académie française créée par Richelieu en 1635. A cette époque, la
langue espagnole, surtout l'écrit, n’était pas unifiée. En premier lieu,
l'Académie a fixé la prononciation des mots et défini une forme
unique pour les mots dérivés du latin. Le deuxième problème était
celui de l'orthographe. Le système graphique ne correspondait pas
toujours à la prononciation.
Toponymes : Pompaellone (Pampelune), César Augusta (Saragosse), s. XV : arteria, cardiaco, cólico (artère, cardiaque, colique)
Anthroponymes : Carmen (vers ou chant), Ignacio (feu), Victor (ga- s. XVII : cráneo, disentería, epidemia, esqueleto, síntoma, tráquea,
gnant), Valentín (en bonne santé), Lorenzo (couronné de laurier), meteoro (crâne, dysenterie, épidémie, squelette, symptôme, trachée,
Faustino (bon). météore)
s. XVIII : asfixia, hemorragia, miope, bibliografía, homónimo, sinfonía, L ES GERMANISMES
sistema, periferia, simetría (asphyxie, hémorragie, myopie, bibliogra-
phie, homonyme, symphonie, système, périphérie, symétrie) Les traces linguistiques laissées par les Wisigoths dans la langue
s. XIX-XX : anemia, anestesia, neumonía, psiquiatría, quirófano, castillane sont très réduites, puisqu’ils n'ont jamais été très nom-
quiste, raquitismo, autógrafo, biografía, fonética, taquígrafo, asteroide, breux. Ils finirent par adopter la langue des vaincus, le latin.
cosmos, cráter, arcaico, arqueología, programa. (anémie, anesthésie,
pneumonie, psychiatrie, chirurgie, kyste, rachitisme, autographe, bio- Guerre : guerra
graphie, phonétique, sténographe, astéroïde, cosmos, cratère, ar-
chaïque, archéologie, programme) Vie quotidienne : toldo (tente), sala (salle), banco(banc), jabón (sa-
von), toalla (serviette), fieltro (feutre), estofa (étoffe), atavío (parure),
Noms masculins en -a : el profeta, el asceta, el planeta, el cometa marta (marte), tejón (blaireau), albergue (refuge ou auberge), anca
(prophète, ascète, planète, comète) (croupe), ardido (courageux), bastión (bastion), brida (bride), burgo
(quartier), dardo (dard), despojar (piller), guisar (préparer), esgrimir
(brandir), ganar (gagner), guardar (surveiller), pago (paiement), talar
C. INFLUENCES GERMANIQUES
(détruire, couper),
R APPEL HISTORIQUE Mots à préparer : antorcha (torche), arenque (hareng), aspa (pale),
ataviar (parer), bandera (drapeau), bandido (bandit), barón (baron),
Les Wisigoths sont un peuple « barbare » de la famille des Goths batalla (bataille), botín (butin), brebaje (breuvage), campeador,
originaires de la Scandinavie. Ils ont dominé la péninsule Ibérique campeón (champion), capellán (chapelain), chimenea (cheminée), co-
pendant trois siècles, de 420 jusqu'à 711, date de la conquête par les fia (coiffe), danzar (danser), espía (espion), espuela (éperon), estaca
Berbères et les Arabes. (piquet), estandarte (étendard), estribo (étrier), faisán (faisan), falda
(jupe), fieltro (feutre), fraile (moine), galardón (récompense), galopar
Dans les premiers siècles de notre ère, ils commencent une longue (galoper), ganso (oie), gris (gris), guiar (guider), heraldo (messager),
homenaje (hommage), jabón (savon), maestre (maître), marca
migration qui va les conduire jusqu’à la péninsule Ibérique. A la de- (marque), parra (feuille de vigne), robar (voler), ropa (vêtement), sa-
mande de Rome, les Wisigoths se rendent en Espagne où ils com- cristán (sacristain), yelmo (casque).
battent et repoussent d’autres peuples germaniques, les Vandales et
les Suèves. D'abord associés à l'Empire Romain, ils ont réussi à éta- D. INFLUENCE DE LA LANGUE ARABE
blir un royaume indépendant après la chute de l'Empire d'Occident.
Ce sont eux qui ont réalisé l'unification politique, religieuse et juri- R APPEL HISTORIQUE
dique de la péninsule.
C’est au début du VIIIe siècle que la péninsule ibérique tombe aux
En 711, deux candidats se disputent la couronne royale. L’un d’eux mains des Arabes. Les musulmans désignèrent le territoire conquis
prend contact avec les garnisons musulmanes du Maghreb : sept comme l'Al-Andalus. La ville de Cordoue (Qurtuba en arabe) devient
milles Berbères franchissent le détroit de Gibraltar et débarquent en la capitale.
Espagne mettant fin à la dynastie wisigothe. En sept ans, l'ensemble
Dès l’an 756, Al-Andalus est transformée en émirat indépendant et,
de la péninsule est conquise. Quelques années plus tard, les Wisi-
dans le contexte d’un monde musulman de plus en plus divisé, en
goths, réfugiés dans les montagnes des Asturies, reprennent l'offen-
Califat en 929. Cordoue acquiert le statut de véritable métropole cul-
sive. C'est le prélude de la Reconquête, qui durera plusieurs siècles.
turelle, célèbre jusqu’au Moyen Orient pour son milieu intellectuel
brillant. Le califat de Cordoue constitue le creuset d’une pensée Vers la fin du XIIIe siècle, de cette Espagne musulmane ne reste plus
arabe médiévale qui connaîtra une longue postérité. que le petit royaume de Grenade, qui subsistera encore jusqu’en
1492.
Al-Andalus parvient à se constituer en centre économique et culturel
majeur, porteur d’une civilisation originale marquée par la rencontre Contrairement aux Goths, l'arabisation culturelle a transformé la carte
de l’Orient musulman et de l’Occident chrétien. Elle joue un rôle es- dialectale de l'Espagne. L'arabe était la langue dominante du sud de
sentiel dans la transmission de la pensée classique, de la philosophie la péninsule du VIIIe au XIIIe siècle. A travers l'Espagne, ont été dé-
et de la science de la Grèce antique à l’Europe chrétienne. La vie veloppés et introduits en Europe :
intellectuelle est intense. Les œuvres de Platon, d'Aristote, d'Euclide,
d'Hippocrate et d'Archimède ont été traduites en arabe, qui ont en- - les noms de l’algèbre, la trigonométrie, le système numérique
suite été versées dans le latin et puis dans les différentes langues arabe,
romanes d'Europe. - les noms de nouvelles industries : laine, soie, coton, cuir,
- les noms de nouvelles fleurs, fruits et légumes (lys, lauriers
roses, giroflées, abricots)
L ES APPORTS MORPHOSYNTAXIQUES
Le préfixe "-al" : La majorité des arabismes (70%) commencent par le
préfixe "al-", qui n’est autre chose que la trace de l'article arabe "al-"
invariable en genre et en nombre, ce qui a été interprété par les locu-
teurs du castillan comme faisant partie intégrante du mot:
alfonsí, andalusí, ceutí, israelí, irakí, iraní, marbellí, yemení, suní, chií,
Autres : Badajoz (< Batalyaws); Gibraltar ( < Yabal Tāriq: "montagne E XPRESSION GRAMMATICALE
de Tariq"); Jaén (< Jayyan); Lisboa ou Lisbonne ( < al-'Ishbūnah);
Madrid (< al-Magrīt); Medina (ciudad): Almedina, Medina del campo, Ojalá (= si dios quiere, inchalla) => pourvu que
Medinaceli (ciudad de Selim), Trafalgar ( < Taraf-al-ghar). Sevilla < ár.
sibiliya < isbiliya < isbaliy < lat. hispalis L E DÉCLIN DES ARABISMES
Anthroponymes, introduisant le prefixe "ibn", castillanisé en Ben- (le Jusqu'au XIe siècle, les arabismes ont été introduits sans entrave,
fils de) : Avengazar, Benavides, , Benigómez, Almodóvar, Almudena, mais à partir du XVe siècle, la perte de prestige de la langue arabe
Azucena, Fátima.
s'accentue et, en 1515, les Tolédans sont censurés parce qu'ils utili-
Vocabulaire de : sent « trop » d’arabismes. La période de la Renaissance marque leur
déclin. De nombreux termes arabes sont remplacés au fil du temps
Guerre : alcazaba, alférez, albarda, alcalde, alcázar alcazaba alfanje,
alférez, almenas adarga, alforjas, almirante, asesino, jinete, rehén,
par d'autres mots latins considérés comme plus prestigieux.
atalaya, hazaña, sarraceno, tambor, zaga,
Dans certains cas, le castillan a conservé les deux mots, sorte de
Agriculture: : azucena, alhelíes, albahaca, alcohol alfalfa alcachofas doublets linguistiques pour désigner une même réalité. Voici
alubias arroz, atún, albaricoque, acequia, aceituna, aceite, acelga, al- quelques exemples, en considérant que le premier mot est d'origine
falfa, algarroba, alubia, azafrán, azúcar, almíbar, azafrán, albóndiga, arabe, le second d'origine latine :
arrayán, altramuz, amapola, jazmín, azahar, nenúfar, algodón, be-
renjena, café, zanahoria, alubia, bellota, naranja, limón, sandía, • albéitar --> veterinario (lat.)
• alfageme --> barbero (derivado del preexistente “barba”)
Techniques d’arrosage : acequia, alberca, aljibe, noria, albufera, alco-
• alfayate --> sastre (occitano)
ba, (voir Arabismos en agricultura y jardinería)
• alarife --> arquitecto (griego a través del latín)
Métiers : alfarero, taza, jarra, alarife (arquitecto), albañil, almuédano, • aceituna et oliva («olive»);
alcalde, alguacil, albacea, almirante • aceite et óleo («huile»);
• alacrán et escorpión («scorpion»);
• jaqueca et migraña («migraine»); Rome et Jérusalem, l’un des lieux de pèlerinage les plus importants
• alcancía et hucha («tirelire»). du monde chrétien durant le Moyen Âge.
• alfarero et ceramista (« potier »)
• alacrán et escorpión
• alacena (armario empotrado con estantes) L ES GALLICISMES
• aljibe et cisterna («citerne »)
D’autres facteurs expliquent la présence du français médiéval en es-
• alfombra et tapiz («tapis»)
pagnol, comme :
Mots à préparer : ajedrez, alborozo, Alcachofa, alcahuete, alcohol, al-
fil, álgebra, algodón, algoritmo, alicates, almanaque, almohada, al-
- L’arrivée des courtisans et des nobles français en raison de ma-
muédano, Alpargata alquimia, añil, ataúd, azafata, azar, Azúcar, azul, riages « politiques » et liaisons dynastiques et aussi comme con-
Azulejo, cenit, cero, cifra, gandul, Hazaña, Jinete, joroba, marfil, séquence de l’appel à la lutte contre l’envahisseur musulman, con-
melena, sidérée comme un devoir de tout chrétien au Moyen Âge
- L’influence des troubadours provençaux et de la poésie épique au
E. PRÉSENCE DU FRANÇAIS cours du XIIe et XIIIe siècles dans la littérature espagnole.
- Le remplacement de l'écriture wisigothique par la carolingienne
H ISTORIQUE suite à l’arrivée des moines de Cluny en 1205, qui vont occuper les
La présence des mots d’origine française en espagnol est très an- principales abbayes espagnoles.
cienne. Ils commencent à pénétrer à partir du IXe siècle, lorsque le Termes militaires : mástil, batalla, aliar, blandir, dardo, estandarte, fle-
cha, galopar, maestre, malla, pabellón, amarrar, cable, quilla (mât, ba-
nord-ouest de la péninsule était une « marque » hispanique sous taille, allier, brandir, dard, bannière, flèche, galoper, maître, maille,
Charlemagne, une sorte de territoire tampon qui servait de protection pavillon, amarrer, câble, quille)
à son royaume et empêchait le passage des musulmans. Termes religieux : capellán, deán, fraile, hereje, hostal, preste,
chantre, monje. (aumônier, doyen, frère, hérétique, auberge, prêtre,
A partir du XIIe siècle, la route de Saint Jacques de Compostelle, si- chantre, moine)
tuée en Galice, enrichit l’espagnol de mots français apportés par des Termes de la société médiévale : duque, garzón, doncel, doncella, li-
Francs, des Provençaux et des Bourguignons. Le pèlerinage est né naje, dama, paje, galán (duc, garçon, donzelle, lignée, dame, page,
galant)
de la légende de Loisirs : danzar, vergel, ruiseñor, trovador, estuche, cascabel, flauta
la découverte (danser, verger, rossignol, troubadour, étui, clochette, flûte
vers l'an 800 du Maison: cofre, cordel, jaula, joya, antorcha, chimenea, mecha, jardín,
sépulcre de Saint patio, (coffre, ficelle, cage, bijou, torche, cheminée, mèche, jardin, pa-
Jacques, l'un des tio)
Nourriture : vinagre, faisán, brebaje, arenque, jamón, (vinaigre, faisan,
douze apôtres et breuvage, hareng, jambon)
l’évangélisateur Divers : desmayar, enojar, jornada, jornal, mensaje, cordel, correo,
de l'Espagne. forjar, maleta, pinza, avestruz, burdel, desastre, embajada, jamba
Son culte connaît (s’évanouir, mettre en colère, journée, salaire, message, corde, cour-
rapidement un rier, forger, valise, pinces, autruche, bordel, désastre, ambassade,
jambage)
grand succès et Suffixe -age : homenaje, lenguaje, linaje, mensaje, peaje, salvaje
devient, avec (hommage, langage, lignée, message, péage, sauvage)
Par la suite, l’arrivée des mots français a été constante . Au XVIIIe 16. Ancestral, del francés antiguo ancestre. Acad., 1927.
siècle, par exemple, toute l’Europe suivait la mode de la cour de Ver- 17. Ancestro, del francés antiguo ancestre. Acad., 1989.
18. Anélido ‘clase de gusanos’, del francés annélide. Acad., 1884.
sailles, les auteurs français étaient les plus lus et admirés, et 19. Anís, del francés anis y este del griego ἄννησον. En español desde
l’introduction de nouveaux gallicismes a été bien tolérée : el s. XV.
20. Aplique, del francés applique. Acad., 1927.
ambigú, croqueta, pantalón, corsé, buró, secreter, sofá, control, trous- 21. Arandela, del francés rondelle. En español desde principio del s.
seau, soiré, bibelot, carnet (carné), chalet (chalé), dossier XVI.
22. Arbotante, del francés arc-boutant. En español desde 1504.
L’arrivé des Bourbons français sur le trône de l’Espagne au début du 23. Argot, del francés argot. Acad., 1927.
XVIIIe siècle, et l’usage accepté internationalement d’utiliser le fran- 24. Arlequín, del italiano arlecchino y este del francés antiguo Helequin,
çais comme langue de la diplomatie, le commerce et la science fait nombre de un diablo. En español desde el s. XVII (Lope).
25. Arribista, del francés arriviste. Acad., 1970.
augmenter le nombre de gallicismes jusqu’au XXe siècle, lorsque
26. Art déco ‘estilo artístico’, voz francesa cruda registrada por la
cette influence commence à diminuer à la faveur des emprunts faits à Academia muy recientemente en la edición digital del DRAE y que
la culture anglo-saxone. Voici d’autres exemples de gallicismes plus aparecerá en su próxima edición impresa (23.ª).
récents : 27. Artillería, del francés artillerie. En español desde el s. XV.
28. Art nouveau ‘movimiento artístico’, voz francesa cruda registrada
1. Acaparar, del francés accaparer. Es un galicismo relativamente re- por la Academia muy recientemente en la edición digital del DRAE y
ciente, pues lo registró por primera vez la Academia en 1899. que aparecerá en su próxima edición impresa (23.ª).
2. Aclimatar, del francés acclimater. Academia, 1822. 29. Asamblea, del francés assemblée. Acad., 1770.
3. Acoquinar, del francés acoquiner. Documentado en español desde 30. Astrofísica, del francés astrophysique, derivado del griego ἄστρον
1605. ‘astro’ y el francés physique‘física’. Acad., 1936.
4. Acrotera ‘pedestal o remate en los frontones de los edificios’, del 31. Aterrizaje, del francés atterrissage. Acad., 1925.
francés acrotère. Acad., 1726. 32. Atrapar, del francés attraper, derivado de trappe ‘trampa’. Acad.,
5. Adosar, del francés adosser. Acad., 1914. 1726.
6. Aeroplano, del francés aéroplane. Acad., 1914. 33. Autobús, del francés autobus, de auto y omnibus. Acad., 1927.
7. Aerosol, del francés aérosol. Acad., 1970. 34. Autoestop o autostop, del francés autostop, de auto ‘auto’ y el inglés
8. Aerostática, del francés aérostatique y este de aérostat ‘aeróstato’. stop ‘parada’. Curiosamente, la Academia registró primero la adap-
Acad., 1884. tación gráfica autoestop (1989) que la grafía etimológica auto-
9. Aerostato, del francés aérostat y este del griego ἀήρ, ἀέρος ‘aire’ y stop(1992).
στατός ‘parado’, ‘en equilibrio’. La Academia registró este galicismo
en 1899 con tilde: aeróstato, hasta 1983. L ES HISPANISMES EN FRANÇAIS
10. Afiche ‘cartel’, del francés affiche. Acad., 1989.
11. Alemán, del francés allemand. Academia, 1770; sin acento (aleman) De la même manière que nous trouvons des gallicismes en espagnol,
hasta 1884. nous pouvons découvrir des hispanismes en français. Une partie de
12. Alevín, del francés alevin y este del latín ALLEVĀRE ‘criar’. Acad.,
1970. ces vocables ont été adoptés durant les XVIe et XVIIe siècles:
13. Alternativa, del francés alternative. En español desde el siglo XV.
14. Amateur, voz francesa cruda muy usada durante buena parte del La mode des hispanismes, qui est venue dans ces années (1620-
siglo XX (Acad., 1927), pero que hoy ya casi no se usa, por prefe- 1630) en France, est la dernière grande vague d’emprunts de la
rirse aficionado. langue française à l'étranger, avant les anglicismes de la fin du XVIIIe
15. Amotinar, del francés mutiner. En español desde principio del s. siècle.
XVII.
grandiose, bravoure, matamore (matamoros), fanfaron, fanfaronnade,
hâbler (tenir des discours où abondent l’exagération, l’emphase, la
vantardise), compliment, camarade, alcôve (alcoba), sieste, pícaro,
duègne (femme âgée chargée de surveiller une jeune fille de la no-
blesse espagnole ), mantille, guitare, castagnette, chaconne, passa-
caille et sarabande; créole, métis, nègre, mulâtre, embargo, caravelle,
patio
D’autres hispanismes plus récents sont :
F. LES AMÉRICANISMES
Avec la découverte du Nouveau Monde, l’espagnol entre en contact
avec des différentes langues indigènes, -plus d’une centaine dans le
continent à l’arrivée des Espagnols-. De nouveaux mots en prove-
nance des langues aujourd'hui disparues, telles que l'Arawak et le
Caraïbe, vont grossir le vocabulaire espagnol et ensuite l’européen
de la flore et de la faune. Les mots amérindiens s’invitent dans le cas-
tillan pour désigner des produits et des animaux inconnus jusqu’alors
en Europe car spécifiques au Nouveau Monde. Les langues de
l’Europe se sont nourries de ces termes indigènes, on les appelle les
américanismes. Le premier de ces mots à entrer dans le dictionnaire
espagnol est le mot canoa (canoë), du Taino. D’autres ont suivi
comme cacao, qui apparait pour la première fois en 1525 au
Mexique, ou maíz (maïs) en 1528. Les Espagnols ont appelé piña
l’ananas, par analogie avec la pomme de pin.
Américanismes. Termes des langues amérindiennes qui entrent dans T RAITEMENT DES MOTS ÉTRANGERS
l’espagnol depuis la découverte du nveau monde. Nomment des réa-
Toutes les langues ont été enrichies au cours de leur histoire par des
lités qui n’existaient pas jusque là (nourriture, animaux, etc.).
contributions lexicales de différentes langues. Les extranjerismos ne
G. L’INFLUENCE DE L’ANGLAIS sont donc pas à rejeter en eux-mêmes. Cependant, il est important
que leur incorporation réponde autant que possible aux nouveaux
L ES ANGLICISMES besoins d'expression et, avant tout, que cela se fasse de manière
ordonnée et unitaire, en les adaptant au maximum aux caractéris-
L’espagnol est une langue qui tire son origine du latin, mais il a éga- tiques graphiques et morphologiques de l'espagnol.
lement incorporé dans son vocabulaire un grand nombre de mots
d’autres langues. Les Espagnols utilisent actuellement des mots De nombreux extranjerismos inclus dans la dernière édition du dic-
arabes (aceite, almohada, alcalde - huile, oreiller, maire ...), français tionnaire (2001) sont aujourd'hui d'usage courant en espagnol d'Amé-
(chalet, amateur, chef), italiens (balcón, pizza, novela (roman), des rique ou en Espagne. Dans son traitement, les critères suivants ont
langues indigènes américaines (patata, tiburón, chocolate – pomme été appliqués :
de terre, requin, chocolat ...) et d’autres langues, telles que le catalan,
1. Extranjerismos (barbarismes) inutiles. Ce sont ceux pour lesquels
l’allemand, le grec ou même le japonais (kimono, kárate). Tous ces
il existe des équivalents espagnols, de sorte que l’utilisation de la
mots font partie de l'histoire de la langue, et ils y sont arrivés parce
voix étrangère est censurée. Exemples: abstract (en espagnol, re-
qu'ils faisaient référence à une réalité nouvelle (comme la pomme de
sumen -résumé, extrait), back-up (en espagnol, copia de seguri-
terre ou la pizza), soit par un effet de mode ou par une économie de
dad, sauvegarde), consulting (en espagnol, consultoría).
langage. On les appelle les néologismes.
2. Extranjerismos nécessaires ou généralisés. Sont ceux pour les-
quels il n’existe pas ou n’est pas facile à trouver des termes équi-
valents en espagnol ou dont l’emploi est bien enraciné et répandu. L ES DERNIERS ANGLICISMES DANS LE DRAE
Deux critères sont appliqués, selon les cas :
- Maintien de l'orthographe et de la prononciation d'origine. bal- Mots anglais qui ont subi une légère adaptation phonétique (accent) :
cómic, champú, túnel, bumerán (boomerang), magacín (magazine)
let, blues, jazz ou software. Dans ce cas, il est obligatoire de
D’autres fois, le mot anglais est « hispanisé » : escáner (scanner),
les écrire en italique ou entre guillemets pour indiquer leur or- eslógan (slogan), iceberg, trust, jersey, cederrón
thographe non espagnole. Mots qui ont subi une adaptation orthographique pour l’adapter à la
- Adaptation de l'orthographe et de la prononciation d'origine. prononciation espagnole : zoom (zum), shoot (chute), check
láser, fútbol, güiski, friki... Ainsi, pour le gallicisme « quiche » (chequeo) o crack (crac).
l’utilisation de cette même orthographe est proposée en espa-
Environ 80% des mots empruntés prennent le genre masculin. Ces
gnol, mais avec la prononciation à la française. Par contre, le
mots posent parfois des interrogations et créent une certaine confu-
mot « croissant » est adapté et on l’écrit cruasán.
sion en ce qui concerne la formation du pluriel.
Dans le dictionnaire de la Real Academia online, on voit si le mot doit
Sport : aeróbic, córner, fútbol, penalti
être écrit en italique ou pas. Habillement: biquini, panti, short
Informatique: chip, CD-ROM, hardware, interfaz, píxel, web, blog
Biomédecine : chequeo, epidural, lifting
Transports : Gasoil, raíl o vagón, aerolínea, single, chárter, overbook-
ing, catamarán, yate
Autres : digitalizar, presurizar, pauperizar, nominar, esnifar, güisqui,
whisky, cómic, champú, túnel, footing
V. LES AUTRES LANGUES
1. INTRODUCTION : LA SITUATION LINGUISTIQUE EN - Du sud:
ESPAGNE o Andaluz (en Andalousie)
o Extremeño (en Extrémadure)
Plusieurs langues vernaculaires sont parlées en Espagne. L'espagnol o Murciano (en Murcie)
ou le castillan, la langue officielle dans tout le pays, est la langue pré- o Canario (aux Canaries)
dominante dans pratiquement toutes les communautés autonomes
d'Espagne. Six des dix-sept communautés autonomes espagnoles
disposent, en plus du castillan, d'autres langues comme langues co-
officielles.
L’ ESPAGNOL D ’A MÉRIQUE
Avec la découverte du Nouveau Monde, le castillan se propage au-
La musique séfarade, nous permet de voyager dans le temps et delà des frontières de la péninsule. L'espagnol parlé en Amérique du
d’imaginer comment les Castillans parlaient au XVe siècle : Sud, de par la conquête, la colonisation et l'évangélisation des nou-
veaux territoires, présente une grande variété phonétique et lexicale.
VIDEO: nani nani http://www.youtube.com/watch?v=JV0oYTyejRk Introduit à partir du XVIe siècle avant la fixation de la langue, il con-
serve encore certains vestiges du passé sociaux-linguistique des
VIDEO Hija Mia
premiers colons.
http://www.youtube.com/watch?v=XAPzqAAvcTc&feature=related
En fait, la plupart des colons venaient d'Andalousie et les groupes
VIDEO " Morena me llaman"
d'immigrants venus des différentes régions d'Espagne se sont retrou-
https://www.youtube.com/watch?v=6YgjBh9wHHg&list=RD8mlUDkXL
vés à Séville pour leur voyage. Séville devint le principal port espa-
cPY&index=4
gnol pour les voyages avec le Nouveau Monde, car il était le seul
ayant le droit de commercer avec les Amériques.
Le ladino serait aujourd’hui en voie d’extinction avec 300 000 locu- Cette plus grande proportion de colons andalous, qui s'installèrent
teurs en Israël et 200 000 dans les autres pays. En janvier 2017, le principalement dans les Caraïbes et dans la zone antillaise au cours
semestriel Aki Yerushalayim, principal écrit contemporain en judéo- des premières années de la conquête, aurait conféré à l'espagnol
américain des caractéristiques particulières, qui se manifestent sur- A partir du XIXe siècle, l’espagnol américain a été influencé par les
tout dans l'aspect phonétique. langues d'autres minorités d’émigrants européens, et depuis, il tourne
dans l'orbite culturelle des États-Unis et de l’anglais. Ce contact est à
Au début, les conquistadors et les colons ont encouragé l’utilisation l’origine du transfert continu des anglicismes vers l’espagnol de
des langues dites « générales », c’est-à-dire des langues qui, en rai- l’Amérique latine et du phénomène du « spanglish », une forme mé-
son de leur nombre élevé de locuteurs et de leur extension, étaient tissée d’anglais, qui envahit maintenant les séries et la musique de la
les plus utilisées par différents peuples, tels que le nahuatl au minorité latine des États-Unis.
Mexique ou le quechua dans le Pérou.
Quelques caractéristiques :
En Amérique, un grand nombre de colonisateurs se sont ainsi india-
nisés et ont appris les langues autochtones. - Phonétiques: seseo (/s/ au lieu de c, z)
- Morphosyntaxiques: voseo (utilisation du pronom vos au lieu
Les hommes d’église les ont suivis. La question de comment ap- de tú)
prendre la religion catholique aux indiens était posée. L'influence de - Lexicales :
l'Église a été très importante, en particulier par l'intermédiaire des (notes ces mots sont issus de divers pays d’Amérique Latine)
franciscains et des jésuites, qui ont réalisé un travail intense d'évan-
gélisation et d'éducation par la construction d'écoles et d'églises sur
tout le continent. En Espagne, les dirigeants voulaient que les Indiens
parlent l'espagnol, mais les missionnaires pensaient qu’il était impos-
sible d’apprendre les dogmes de la foi, complexes, en espagnol. Il
était préférable, pour garantir la réussite de la tâche, d’apprendre les
langues autochtones et, ce faisant, d'étudier aussi leurs alphabets et
d'écrire leurs grammaires. Souvent, les religieux devenaient gouver-
neurs des provinces parce qu'ils parlaient la langue de la région. Pour
communiquer avec les Indiens, il était donc plus facile d'apprendre la
langue locale. Mais tant d’enthousiasme pour les Indiens était un in-
convénient pour la diffusion de la langue espagnole. On peut affirmer
que la conservation des langues autochtones est due à la politique
religieuse de l'Église en matière d'évangélisation. Ainsi, elle se sont
conservées et ont continué à être utilisées. En 1560, le roi Philippe II
accepta même la création de chaises de langues générales in-
diennes.
B. LE BASQUE / EUSKÈRA
La langue basque n'a aucun lien avec les langues indo-européennes,
elle n'a donc aucune racine latine, grecque ou germanique, c’est une
langue à part. Elle est la seule langue de la péninsule Ibérique à avoir
survécu à la langue latine (grâce à sa situation géographique proté-
gée). Concernant son origine, différentes hypothèses ont été émises
Le castillan ou l’espagnol est la « langue officielle de l’État », dans le
(langue balkanique ? africaine ?) mais sans certitudes.
royaume d’Espagne. Quatre langues ont aussi un statut officiel dans
leurs communautés autonomes respectives : le catalan, le valencien, Le basque est une langue transpyrénéenne, c’est-à-dire qu’elle est
le basque et le galicien. parlée des deux côtés des Pyrénées, en France et en Espagne.
L’Euskera batua ou « langue basque unifiée », une variété standard
Le catalan et le valencien sont des variantes dialectales d’une même
qui tente d'unifier les sept dialectes existants, est parlée par environ
langue mais, pour des raisons politiques, cette même langue
700 000 personnes, environ 1/4 de la population du Pays basque et
s’appelle tantôt catalan tantôt valencien selon la communauté où elle
de la Navarre.
se parle.
Pour certains linguistes, l’influence du basque sur le castillan a été la
A. LE GALICIEN suppression du « f » initial en castillan. Par exemple, le mot latin «fa-
Le galego est une langue romane issue de la langue médiévale dite rina» est devenu harina en castillan; le verbe «fabulare» est passé à
galaïque-portugaise qui a donné naissance au galicien et au portu- hablar («parler»); le verbe «facere» est devenu «hacer»; le nom «fi-
gais. Jusqu’au XIIIe siècle, le galego et le portugais formaient une lium» est devenu hijo. La consonne initiale latine [f] s'est donc modi-
seule et même langue. C’est vers 1500 que des différences ont fiée en [h] aspiré, avant de disparaître dans la prononciation. Le por-
commencé à apparaître et que le galicien s’est distingué du portu- tugais ou l’italien, pour leur part, à l'instar du français, n'ont pas connu
gais, qui est aujourd’hui une langue parlée au Brésil par plus de 200 cette influence puisque les mêmes mots sont farinha (farine), fazer
millions de personnes. Cette langue parlée en Galice aurait à l’heure (faire) et filho (fils).
actuelle 3,1 millions de locuteurs. Aquelarre - sabbat (réunion de sorcières)
Chabola(s) - taudis, bidonville, cabane
On trouve également des emprunts du Galicien en Espagnol. Chistera - chapeau haut-de-forme
Pizarra - ardoise, tableau noir obstacle au sentiment d’appartenance nationale. Le retour de la dé-
Sapo - crapaud mocratie après la mort du dictateur et la nouvelle Constitution démo-
Socarrar - roussir, brûler légèrement
Zamarra - pelisse, veste fourrée, peau de mouton
cratique de 1978 permit la création de 17 communautés autonomes,
la restauration de la Generalitat et le retour du catalan comme langue
C. LE CATALAN ET LE VALENCIEN officielle dans cette Communauté.
Quand Charles Quint, le petit-fils des rois catholiques, est sacré em-
pereur de l'empire romain germanique à Aix-la-Chapelle le 23 octobre
1527, les symboles de l'Espagne sont alors intégrés au bouclier im-
périal, qui regroupe d'autres vastes territoires : l’Autriche,
l’Allemagne, les Pays-Bas, La Flandre, le Luxembourg, la Bourgogne,
etc. Le Blason de l’empereur est composé de l’aigle bicéphale des
Augsbourg, la couronne impériale, le collier de la Toison d’Or, la croix
de Bourgogne, et les deux colonnes d’Hercule, entourées du phylac-
tère « Plus Ultra » (au-delà) en allusion au Nouveau Monde améri-
cain.
Lire : https://www.la-croix.com/Monde/Europe/Lhymne-national-
espagnol-restera-sans-paroles-2018-02-26-1200916560
2. PERSONNAGES UNIVERSELS
DE L’IMAGINAIRE ESPAGNOL
B. L’HYMNE NATIONAL
A l’origine, l’hymne national espagnol était une marche militaire inter-
prétée par l'infanterie de Grenade, la troupe qui précédait le mo-
narque dans les défilés. Cette mélodie fut déclarée « Marcha de Ho-
nor » par le Roi en 1770. Pour cette raison, l’hymne espagnol n’a pas
de paroles. Cette Marcha Granadera a été l'un des symboles de l'uni- Toro de Osborne : était une bodega de vin, une marque de liqueurs
té espagnole lors de la guerre de l’Indépendance contre les troupes qui avait ce taureau comme symbole. On les retrouvait sur tout le ter-
de Napoléon au début du XIXe siècle. ritoire Espagne comme panneaux publicitaires.
En 1815, la marcha, désormais dite « royale » devient l'unique thème Cheval de Numancia : retrouvé dans un site archéologique. Numan-
sonore en toutes circonstances lors des cérémonies d'hommage aux cia est une ville ibère qui a été assiégée 7 ans. Les habitants ont pré-
rois. Elle a été l'hymne officiel de la nation jusqu’en 1931 (avec féré se suicider plutôt que de se rendre.
l’avènement de la République). Las Meninas : un des tableaux les plus célèbres de Velazques. La
petite fille et son éventail. Elle a été réinterprétée par Picasso.
QUE POUR VOIR EN UN JOUR FLÉTRIR TANT DE LAURIERS ?
A. PERSONNAGES HISTORIQUES
MON BRAS QU’AVEC RESPECT TOUT L ’ESPAGNE ADMIRE ,
L E C ID , EL VALOR Y EL HONOR , (XII E SIÈCLE ) MON BRAS , QUI TANT DE FOIS A SAUVÉ CET EMPIRE ,
Le Cid, figure historique espagnole, est un noble castillan, Rodrigue TANT DE FOIS AFFERMI LE TRÔNE DE SON ROI ,
Diaz de Vivar. Il est banni de la cour de Burgos, et mène une exis- TRAHIT DONC MA QUERELLE , ET NE FAIT RIEN POUR MOI ?
tence de mercenaire et reprend des terres aux Musulmans, dont Va- Ô CRUEL SOUVENIR DE MA GLOIRE PASSÉE !
lence. Ces derniers le surnomment Sidi (seigneur). Il incarne l'esprit
ŒUVRE DE TANT DE JOURS EN UN JOUR EFFACÉE !
de la Reconquête.
NOUVELLE DIGNITÉ FATALE À MON BONHEUR !
Vers 1142, un jongleur castillan compose à la gloire du héros un PRÉCIPICE ÉLEVÉ D ’OÙ TOMBE MON HONNEUR !
poème dans un style qui rappelle les plus vieilles chansons de geste FAUT-IL DE VOTRE ÉCLAT VOIR TRIOMPHER LE COMTE ,
françaises. C'est un chef-d'œuvre. Son originalité ne réside pas seu-
ET MOURIR SANS VENGEANCE , OU VIVRE DANS LA HONTE ?
lement dans les qualités littéraires, sa ferveur et la netteté de son ex-
pression, l'ouvrage est aussi remarquable parce qu’il est la première COMTE, SOIS DE MON PRINCE À PRÉSENT GOUVERNEUR ;
chanson de geste de la poésie épique espagnole. CE HAUT RANG N ’ADMET POINT UN HOMME SANS HONNEUR ;
ET TON JALOUX ORGUEIL PAR CET AFFRONT INSIGNE
L’histoire est divisée en trois chapitres : l'exil (avec les adieux du Cid
MALGRÉ LE CHOIX DU ROI , M’EN A SU RENDRE INDIGNE .
à sa famille) ; les noces des filles (avec la prise de Valence et la visite
de la famille), et l'affront de Corpes (les filles battues et répudiées par ET TOI , DE MES EXPLOITS GLORIEUX INSTRUMENT ,
leurs époux, princes de la cour de León, qui seront condamnés par la MAIS D’UN CORPS TOUT DE GLACE INUTILE ORNEMENT ,
Cour de justice). En guise d’épilogue, le remariage des filles dans des FER, JADIS TANT À CRAINDRE , ET QUI , DANS CETTE OFFENSE ,
familles royales.
M’AS SERVI DE PARADE , ET NON PAS DE DÉFENSE ,
Au XVIIe siècle, Pierre Corneille, un grand auteur de théâtre français, VA, QUITTE DÉSORMAIS LE DERNIERS DES HUMAINS ,
célèbre surtout pour ses tragédies, s’empare de la figure du Cid pour PASSE, POUR ME VENGER , EN DE MEILLEURS MAINS . »
en faire sa meilleure tragi-comédie. On reproche à Corneille de
n’avoir rien inventé, et d’avoir copié un auteur espagnol, Guillén de Œuvres Inspirées par Rodrigo Díaz de Vivar :
Castro. Quoi qu’il en soit, cette pièce lui apportera la gloire et fait
- El Cantar de mio Cid, chanson de geste castillane retranscrite
connaître le personnage au-delà des frontières de l’Espagne.
au XIIIe siècle par Per Abad ;
Le monologue de Don Diègue est l’un des passages les plus célèbres - Las Mocedades del Cid, de Guillèn de Castro ;
de la littérature française : - Le Cid (1636), tragicomédie en vers de Corneille ;
- Le Cid (1865), opéra de Peter Cornelius;
- Le Cid (1885), opéra français de Jules Massenet ;
Ô RAGE ! Ô DÉSESPOIR ! Ô VIEILLESSE ENNEMIE !
- Le Cid (1961), film américain d'Anthony Mann avec Charlton
N’AI-JE DONC TANT VÉCU QUE POUR CETTE INFAMIE ? Heston et Sophia Loren
ET NE SUIS -JE BLANCHI DANS LES TRAVAUX GUERRIERS
Christophe Colomb naît à Gênes en 1451. Le port italien accueille de
très nombreux navires sillonnant la Méditerranée. Très bon marin,
passionné de géographie et habile en affaires, il s’installe à Lisbonne
en 1477, où il rejoint son frère cadet Bartolomeo, qui tient une bou-
tique de cartographie. Sa jeunesse n'est connue qu'à travers de très
minces témoignages. Encore aujourd'hui, de nombreux chercheurs
en tirent argument pour échafauder des hypothèses plus ou moins
farfelues sur son lieu de naissance et ses origines. Christophe Co-
lomb reçoit de son beau-père des cartes et des documents en grand
nombre. Il en fait bon usage et lit aussi le Livre des Merveilles de
Marco Polo et l'Imago Mundi, un célèbre ouvrage de géographie du
C HRISTOPHE C OLOMB (1451 - 1506), LA DÉCOUVERTE , L ’ AVENTURE , cardinal Pierre d'Ailly. Sur la foi de ses lectures, Christophe Colomb
projette de gagner l'Asie des épices, en voguant vers l'Ouest (le Po-
A la fin du Moyen Âge, la chrétienté occidentale est assiégée par les nant). Il estime qu'il suffirait d'une quinzaine de jours de navigation
Turcs. Tandis que les Portugais s'échinent à contourner l'Afrique afin pour gagner la Chine, que l'on appelle alors «Cathay», à partir des
d'atteindre l'océan Indien et l'Asie des épices, un navigateur génois îles Canaries.
conçoit le projet insensé d'atteindre l'Asie d'une traite, à travers la
«mer Océane» (l'océan Atlantique) Son projet paraît fou à la plupart des experts de son temps. Ces der-
niers savent que la Terre est ronde, et ils connaissent même son
Figure emblématique de l’époque des Grandes Découvertes, Chris- rayon. Ils sont convaincus que les marins mourront d'épuisement
tophe Colomb est sans doute le plus connu des grands navigateurs avant d'atteindre leur but. Ils ont raison car, en l'absence d'un Nou-
et aventuriers de cette fin du XVe siècle. Son objectif, pourtant jugé veau Monde, il eût été impossible à un navire de l'époque de traver-
peu raisonnable par ses con- ser d'une traite l'Océan Atlantique et l'Océan Pacifique réunis.
temporains, s’inscrit dans un
contexte favorable à Christophe Colomb, entêté, habile et convaincant, rallie les rois d'Es-
l’organisation de grandes expé- pagne à son idée. Ces derniers, Ferdinand d'Aragon et Isabelle de
ditions maritimes. Le projet de Castille, viennent de conquérir Grenade, mettant fin à huit siècles de
Colomb change le cours de présence musulmane dans la péninsule. Ils portent maintenant leurs
l’histoire : la découverte de regards vers le grand large et accueillent avec bienveillance le projet.
Nouveau-Monde apporte la ri- La reine, en particulier, se montre enthousiaste. Par les Capitulations
chesse pour l’Espagne qui entre de Santa Fé, elle lui accorde le titre d'Amiral. Il concerne toutes les
au XVIe siècle dans son âge terres et les îles à découvrir, donnant au navigateur le droit d'y exer-
d’or. Elle fait surtout basculer le cer la justice et d'y percevoir l'impôt au nom des Rois. Fort du soutien
centre de gravité de l’Europe de royal, le navigateur peut monter son expédition : trois modestes cara-
la Mer Méditerranée à l’Océan velles et 90 marins.
Atlantique.
Le 12 octobre de 1492, Colomb arrive au Nouveau Monde.
En Espagne et en Europe, on a immédiatement pris conscience de Las Casas. De ce moment date le début de la colonisation du Nou-
l'importance de l'événement et de ses conséquences potentielles. À veau Monde.
Rome, le pape Alexandre VI Borgia, d'origine espagnole, prend acte
de ce succès. Il attribue à Ferdinand et Isabelle le qualificatif de Rois Lorsqu’il meurt à Valladolid en 1506, après avoir fait quatre vogayes
Catholiques et il publie la bulle «Inter Caetera» qui répartit entre Por- aux « Indes », ce n’est ni dans la pauvreté, ni dans l’indifférence gé-
tugais et Espagnols les futures découvertes. Cette bulle est complé- nérale. Cependant, la gloire des découvertes lui échappe : c’est le
tée l'année suivante par le traité de Tordesillas, qui divise le monde florentin Amerigo Vespucci, qui aura la gloire de donner son nom au
en deux dès 1494: à l'ouest se trouve la chasse gardée des Espa- Nouveau Monde
gnols, à l'est celle des Portugais.
L ES CONQUISTADORES , L ’ ESPRIT DE CONQUÊTE ET L ’ AMBITION
Fort de son triomphe, Christophe Colomb retraverse l'océan pour le
Peu de temps après avoir découvert de nouvelles terres, les expédi-
compte de « los Reyes Católicos». Cette fois, il n'a aucun mal à réu-
tions se multiplièrent avec à bord des navires, des hommes prêts à
nir les fonds et les équipages. Pour cette deuxième expédition, Co-
tout pour conquérir un Nouveau Monde : les Conquistadores.
lomb quitte Cadix avec 17 navires et 1.200 marins.
Ils furent nombreux à partir d'Espagne vers ce que l'on appelait à
En Espagne, on ne se fait pas faute de médire de Christophe Colomb
l'époque "Les Indes". Mais l'Amérique est un vaste continent, ce qui a
auprès de la reine Isabelle. Celle-ci interdit en vain la réduction en
permis à d'autres conquistadores de s'illustrer. Le but de tous ces
esclavage des Indiens et envoie un enquêteur officiel à Hispaniola.
conquistadores étaient de conquérir des terres, obtenir des titres de
Inquiet pour son avenir, l'Amiral retourne en Espagne en 1496 et
noblesses en récompense, mais aussi découvrir des trésors comme
gagne le pardon de la reine.
le mythique Eldorado.
Christophe Colomb met sur pied un troisième voyage en mai 1498. Il
La découverte par Christophe Colomb fonde l'Amérique Latine en
découvre l'île de Trinidad et repère l'embouchure d'un puissant
tant que futur ensemble culturel. À cette époque, l'objectif reste le
fleuve, l'Orénoque. Il ne comprend pas encore qu'il est face à un im-
commerce avec les Indes : l'Espagne et le Portugal sont alors les
mense continent. Il persiste à voir dans ces littoraux la porte de la
deux puissances maritimes capables de relever le défi.
Chine ou des Indes.
Afin d'éviter que les deux royaumes chrétiens ne s'entredéchirent
En 1500, Christophe et Bartolomeo
dans cette quête, le pape profite de l'existence de deux routes vers
Colomb sont mis aux fers et renvoyés
les Indes pour les répartir entre les deux pays : la route de l'est pour
en Espagne. Quand l'illustre naviga-
les Portugais, la route de l'ouest pour les Espagnols. C'est le traité de
teur se présente enchaîné devant les
Tordesillas. À cette époque, l'Amérique précolombienne est dominée
Rois Catholiques, à Grenade, ces der-
par deux empires : l'empire aztèque au Mexique actuel, et l'empire
niers, émus, le font libérer et rappellent
inca centré sur l'actuel Pérou.
son remplaçant. Un nouveau gouver-
neur général prend la mer début 1502
avec 30 navires et 2500 colons, parmi
lesquels le dominicain Bartolomé de
D ON Q UICHOTTE , L ’ IDÉALISME ET LA FOLIE