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Tutorat Associatif Toulousain

133, Route de Narbonne


31062 TOULOUSE CEDEX

P A S S
2021 - 2022

UE 7 : SSH
© Tous droits réservés au Tutorat Associatif Toulousain.
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Préface

Ce polycopié est destiné aux étudiants en Parcours Accès Spécifique Santé (P.A.S.S) en
complément des enseignements dispensés à la faculté.

En aucun cas les informations contenues dans ce polycopié ne pourront engager la


responsabilité des facultés de médecine et de pharmacie ou de mesdames et
messieurs les professeurs.

Nous nous excusons d'avance si toutefois des QCM inadaptés nous auraient échappés.
Nous vous invitons à signaler toute erreur via le formulaire de soumission d’errata,
présent sur le site du TAT : tutoweb.org/errata.

Ce polycopié a été réalisé, revu, corrigé et complété par les équipes successives de
tuteurs.

Un merci tout particulier aux tuteurs de l'année 2021/2022 : Lucile Antoni, Jules
Grant et Clara Morel pour leur travail exemplaire.

Compilé par Alexis Corraïni

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– SOMMAIRE –

PRÉSENTATION GÉNÉRALE 7

CONSEILS MÉTHODOLOGIQUES POUR RÉDIGER UN SUJET 8

MODULE 1 : L’HOMME ET SON ENVIRONNEMENT 11


FICHE DE COURS : ANTHROPOLOGIE DE LA SANTÉ 11
SUJETS TYPES ANTHROPOLOGIE DE LA SANTÉ 17
CORRECTION SUJETS TYPES ANTHROPOLOGIE DE LA SANTÉ 18
FICHE DE COURS : VARIABILITÉ HUMAINE 19
SUJETS TYPES VARIABILITÉ HUMAINE 29
CORRECTION SUJETS TYPES VARIABILITÉ HUMAINE 30
FICHE DE COURS : LES TRANSITIONS DÉMOGRAPHIQUES 31
SUJET TYPE LES TRANSITIONS DÉMOGRAPHIQUES 33
CORRECTION SUJET TYPE LES TRANSITIONS DÉMOGRAPHIQUES 33

MODULE 2 : L’HOMME ET SA SANTÉ 35


FICHE DE COURS : PSYCHOLOGIE DE LA RELATION DE SOIN 35
FICHE DE COURS : RELATION PATIENT-SOIGNANT 43
FICHE DE COURS : PRINCIPES COMMUNS AUX ADDICTIONS 47
FICHE DE COURS : LE NORMAL ET LE PATHOLOGIQUE 55
FICHE DE COURS : LE DROIT À LA PROTECTION DE LA SANTÉ 61
QCM : LE DROIT À LA PROTECTION DE LA SANTÉ 65
CORRECTION DES QCM : LE DROIT À LA PROTECTION DE LA SANTÉ 68
SUJETS TYPES LE DROIT À LA PROTECTION DE LA SANTÉ 71
CORRECTION DES SUJETS TYPES LE DROIT À LA PROTECTION DE LA SANTÉ 72

MODULE 3 : ÉTHIQUE ET DÉONTOLOGIE 75


FICHE DE COURS : RÉGLEMENTATION DES PROFESSIONS DE SANTÉ 75
FICHE DE COURS : DÉONTOLOGIE DES PROFESSIONS DE SANTÉ 79
FICHE DE COURS : DROITS DES PATIENTS 83
FICHE DE COURS : ÉTHIQUE MÉDICALE 87
FICHE DE COURS : MÉDECINE - SANTÉ ET SOCIÉTÉ 95

MODULE 4 : LA DÉMARCHE SCIENTIFIQUE, ÉPISTÉMOLOGIE, HISTOIRE DES SCIENCES DE


LA SANTÉ 101
FICHE DE COURS : HISTOIRE DE LA MÉDECINE 101
FICHE DE COURS : INTRODUCTION À L’ÉPISTÉMOLOGIE 105

SUJETS ET CORRECTIONS DU TUTORAT 109

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PRÉSENTATION GÉNÉRALE
La SSH est une matière majeure de l'année de PASS. C'est une matière regroupant des cours portant
sur des sujets très divers : psychologie, sociologie, histoire, économie de la santé, éthique... C'est une
matière ludique, moins axée sur des notions biologiques fondamentales mais plus vers de la culture
générale.
Elle vaut pour 3/4 de la note en UE7 soit 3 ECTS sur 4. Il est primordial de ne pas la louper si
vous voulez la moyenne ou plus.
Vous aurez de nombreux intervenants, (certains ne feront qu'une heure de cours, d'autres
plusieurs) qui ont chacun des exigences différentes.

Il s'agit de la seule épreuve sous forme rédactionnelle.


C'est donc la seule matière où il va falloir s'extraire des cases à cocher et rédiger, chose que l'on perd
facilement en première année. Elle permet de faire la différence dans le classement d'autant plus que
beaucoup n'y consacrent pas assez de temps. Pour toutes ces raisons, la SSH est une matière
essentielle, qu'il ne faut pas négliger. Le par cœur est plus que nécessaire, ce qui demande donc un
travail très important et prend beaucoup de temps. Cependant une des choses primordiale pour
bien réussir cette épreuve est de COMPRENDRE les cours !
Pour répondre à ces questions rédactionnelles, il faut retrouver la partie de cours concernée et la
retranscrire en faisant attention à son style, son orthographe, en ne contredisant pas le prof, et en
mettant en relief les points les plus importants du cours (ceux sur lesquels le prof a insisté !).
La correction se fait sur le FOND mais aussi sur la FORME. Il faut donc s’appliquer, soigner son
orthographe, sa syntaxe, son écriture et son style. Attention ! La limite de mot est stricte et sans
appel : 100 mots maximums. Si vous dépassez, c’est 0 pointé.

A quoi ressemble un sujet de SSH?


C’est simple : une question de cours pure, qui renvoie à quelques diapos du cours du professeur en
question et les mots clés qu’il a abordés. Autant vous dire que c’est 50/50 : soit vous connaissez votre
cours et c’est un tout-droit vers la bonne note ; soit vous n’avez aucune idée du cours en question et le
hors-sujet est plus probable.
On peut vous demander :

- Soit une question portant sur plusieurs parties d’un même cours

- Soit une question portant sur plusieurs cours de différents intervenants

- Soit une question avec, en support, un texte d’une trentaine de lignes que vous devez argumenter 40
minutes, pour faire 100 mots maximum !

Donc 2 pièges auxquels il faut impérativement prêter attention (grâce à l’entraînement) : le temps, et
le nombre de mots.

⚠ Si vous ne respectez pas le nombre de mots, c’est 0 ! ⚠

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CONSEILS MÉTHODOLOGIQUES POUR RÉDIGER
UN SUJET
La SSH est une matière qui prend du temps car la réponse aux questions de l’examen final exige une
grande maîtrise du cours !
A part ça, la SSH est la seule matière en PACES où il faut soigner l'orthographe, la lisibilité
de l'écriture (pensez aux profs qui ont plus de 1000 copies à corriger) et la syntaxe des phrases. Il est
souvent conseillé par les profs de faire des phrases simples allant droit au but. Une phrase exprime une
seule idée. Il est important de s'entraîner régulièrement à rédiger car, entre les QCM et la prise de
notes, on perd rapidement nos capacités d'expression ! (écrire en abrégé est proscrit !).

Pour les cours :


- Faire un plan clair et l’apprendre = Vue globale du cours, et distribution des mots-clefs.
Éventuellement faire des mindmaps, ou fiches (synthétiques !)

- Repérer les notions clefs, les rendre visibles, et apprendre par cœur les définitions

- Comprendre et apprendre les idées développées dans chaque partie ou sous-partie

- Travail de relecture et répétition = Meilleure assimilation des exemples et détails

- Ne pas faire d’impasses !!! Tout peut tomber et sur UN SEUL cours. Vous joueriez à un sacré loto.

- In fine : Entraînements : TaTouCapté / Colle / Epreuve Blanche / Poly de l’Avent. Plus vous vous
entraînerez, plus vous arriverez serein le jour de l’épreuve (si l’on peut vraiment l’être).

Comptages de mots

Règle : est compté comme « mot » la particule ou le nom qui a un sens quand on l’isole.

- C’est-à-dire : 4 mots ! Ce + est + à + dire


- Socio-culturel = 1 mot (car socio- est un préfixe qui n’a pas de sens seul)
- Rond-point = 2 mots (rond + point)
- L’homme = 2 mots ! Le + homme

- La ponctuation ne compte pas pour un mot. Attention aux “ l’ ”, “ d’ ”, etc, qui comptent pour un
mot à part entière ! Privilégier les mots de liaison courts (“donc” à la place de “par conséquent”,
“car” à la place de “parce que”...), mais qui restent indispensables : ce sont des connecteurs logiques
dans votre réponse !

Pas d’abréviations sauf celles qui sont admises dans le cours (exemple : EBM pour Evidence Based
Medecine). Mais si vous pouvez n’en mettez pas quand même.

Le jour de l’épreuve

Identifier les mots-clefs de la question et comprendre cette question : Qu’est-ce qu’on nous demande ?
Quelle(s) partie(s) du/des cours vont m’aider à répondre ?

⚠ ATTENTION AU HORS SUJET ! ⚠

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- Notion-clef : Tant que l’idée y est, c’est bon ! Pas forcément besoin de faire apparaître le mot-clef
lui-même (après ça dépend de certains profs, ils ont quelquefois des attentes différentes)

- Phrases courtes vs. Phrases longues : Être précis, concis. Mais restez cohérent dans l’ensemble de
sa réponse = Structurer ses idées et son cheminement !

Brouillon = Bonne idée 👀


Petit tip’s : Réécrire votre brouillon au propre, vous permet de repérer vos
éventuelles fautes d’orthographe +++ :) :) :) - Attention à la durée : 40 minutes max !

- Attention au nombre de mots : 100 mots max ! Ce que beaucoup font, c’est compter les mots ligne
par ligne ou phrase par phrase. Notez votre nombre de mots et faites les calculs sur votre feuille !
Comme ça vous pouvez ensuite vous débrouiller pour atteindre le nombre de mots attendu.

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MODULE 1 : L’HOMME ET SON ENVIRONNEMENT
FICHE DE COURS : ANTHROPOLOGIE DE LA SANTÉ

I - Définitions

1/ Anthropologie de la santé : étudier la santé en tenant compte :


- de la variabilité des populations humaines
- de la variabilité des environnements
- des interactions entre les hommes et les environnements

Les 5 priorités d’action de l'anthropologie de la santé :


- élaborer des politiques pour la santé
- créer des environnements favorables à la santé
- renforcer l'action communautaire
- acquérir des aptitudes individuelles
- réorienter les services de santé

2/ Santé :
- définie par l’OMS en 1948 : complet bien être physique, mental et social (≠ absence de
maladie)
- diverses conceptions selon les cultures

3/ La maladie :
- du point de vue du médecin = disease : altération des fonctions de l’organisme
- se manifeste par des signes perceptibles par le patient et/ou par le médecin
- peut également restée invisible
- le médecin pose un diagnostic à partir d’examens cliniques / paracliniques, le
diagnostic s’inscrit dans une nomenclature qui évolue

- du point de vue du patient = illness : ce que ressent le malade


- ne peut pas être remis en cause
- façonné par l’environnement culturel et social (en relation avec la médecine profane)
- le patient va chez le médecin avec un illness et repart avec un disease (le diagnostic a
été posé)
- l’interprétation par le médecin est variable, elle dépend de ses connaissances et de son
propre environnement socio-culturel

- du point de vue de la société = sickness : manière dont la société perçoit l’illness


- construction culturelle, sociale et psychologique de l’illness
- le soin est dépendant de cette image : l’acceptation des malades est différente selon
leurs pathologies

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- notion importante dans la prise en charge du patient : le patient va-t-il consulter ?
quelle sera sa nouvelle place dans la société ?

II - Historique de l’anthropologie de la santé

1/ Les traditions médicales soignantes :


- se manifestent par des textes reconnus
- sont des médecines traditionnelles qui procèdent de la méthode déductive (interrogatoire et
examen du patient mènent à un diagnostic)

a. La médecine Ayurveda :
- apparue en Inde il y a 4 millénaires
- prône le maintien de la santé, la guérison des maladies et la réalisation de soi
- reconnue par l’OMS
- toujours pratiquée aujourd’hui

b. La médecine chinoise classique :


- apparue en Chine au 5ème siècle av. JC
- la maladie est considérée comme une accumulation successive d’éléments (fatigue,
anxiété, mauvaise alimentation) déséquilibrant l’harmonie entre le corps et
l’environnement
- reconnue par l’OMS
- toujours pratiquée aujourd'hui

c. La médecine galénique :
- portée par 2 grands savant antiques :
- Hippocrate (5ème siècle av. JC) : la maladie est influencée par l’environnement
- Galien (2ème siècle ap. JC) : prône la dissection et l’expérimentation
- médecine oubliée avec l’effondrement de l’Empire romain
- récupérée vers l’an mille par les religieux : devient dogmatique, elle perd donc de vu
les travaux de Galien et d’Hippocrate
- disparaît avec l'arrivée de la médecine expérimentale au 18ème siècle
- persiste dans certaines régions (Inde, Pakistan, Bangladesh, Iran)
- n’est pas reconnue par l’OMS (elle s’est trop éloignée des fondements scientifiques
antiques, qui eux sont valables)

2/ La médecine expérimentale :
- théorisée par Claude Bernard au 19ème siècle qui base sa recherche sur la démarche
expérimentale : observation d’un fait qui contredit les idées admises, établissement d’une
hypothèse qui est vérifiée par expériences
- permet de grandes avancées (vaccination, asepsie, anesthésie, antibiotiques) et une meilleure
connaissance de la physiologie humaine
- généralisation grâce à la mondialisation (empires coloniaux)

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- médecine rationnelle : recueil des symptômes, examen du patient, basée sur un corpus de
connaissances solide
- plusieurs étapes :
- diagnostic clinique : observation du patient
- diagnostic étiologique : recherche de la cause de la maladie
- diagnostic différentiel : quelles seraient les autres maladies possibles pour les mêmes
signes cliniques / paracliniques

- grande variabilité : “médecine art” :


- disease : relation entre un sujet et un environnement qui diffère selon chacun
- illness : les ressentis du patient sont variables selon son environnement socio-culturel
- interprétation de l’illness par le médecin : en fonction de son vécu, de ses
connaissances et de son environnement, il interprète différemment les ressentis du
patient
- basée sur une interaction entre le patient et le médecin (communication verbale,
non-verbale)

3/ La médecine basée sur les preuves : EBM


- ne remplace pas la médecine expérimentale, vient la compléter
- a pour objectif de diminuer la partie subjective (donc la variabilité) de la médecine pour en
faire une science plus expérimentale
- utilisation d’essais cliniques randomisés
- permet de répondre à une question clinique précise en fournissant des preuves chiffrées
- inconvénients :
- interaction médecin-patient est effacée
- ignore les dimensions sociales, culturelles, familiales, culturelles du patient

4/ Les médecines profanes, magiques et religieuses :


- aucune médecine n’a réussi à les effacer, persistent toujours

a. La médecine profane :
- médecine populaire transmise à l’oral
- aussi ancienne que les chimpanzés : consomment des plantes, malgré leur goût
désagréable, pour traiter le paludisme ou des parasites intestinaux
- origine de certains médicaments (utilisation relevée par les anthropologues, transmise
aux scientifiques)

b. La médecine religieuse :
- est englobée dans une culture, comprise par une communauté
- rapport de l’Homme à une réalité supérieure (parfois présence d’intercesseurs)
- l’Homme cherche à la toucher à travers des rites / un comportement moral
- la maladie est considérée comme :
- inscrite dans le destin depuis la naissance
- provoquée par un Dieu suite à une rupture dans l’ordre du monde (SIDA)

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- fruit du hasard : interaction avec Dieu / intercesseurs possible pour rétablir la
santé
c. La magie :
- forces immanentes surnaturelles utilisées pour obtenir des résultats irrationnels
- possibilité de contraindre ces forces
- maladie liée à un sort que l’on peut contrer voire retourner
- magicien apparenté à un médecin : détient un savoir/pouvoir que lui-seul a

Les rapports entre ces médecines :


- les religieux / magiciens peuvent également détenir de réels savoirs scientifiques
- les croyances sont incarnées par des ornements

L’efficacité de ces médecines :


- comparaison avec la médecine occidentale difficile :
- médecine occidentale : diagnostic d’un disease puis traitement
- médecine magico-religieuse : traitement directement de l’illness
- influencée par l’environnement socio-culturel : il faut y croire pour envisager une efficacité
- plusieurs raisons de leur efficacité mises en avant :
- psychothérapie : donne une signification à la maladie
- symbolisme : le soin est incarné par une figure concrète (Saints)
- rapprochement avec l’entourage : réassurance du patient par un encadrement amélioré
- la confiance demeure :
- réussites retenues, plus que les échecs
- normalisation d’une situation qui débouche parfois à la mort (la situation est apaisée,
même si le patient meurt)
- l’amélioration de l’état émotionnel peut jouer un rôle sur le somatique
- très variable selon les sujets :
- la douleur est une expérience subjective
- liée à l’expression de la protéine Nav1.7 (mutation néandertalienne rend hypersensible)
- modulée par les composantes sensorielles, émotionnelles et cognitives (rôle de la
médecine magico-religieuse qui apaise)

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III - Création, approche et promotion de la santé

1/ Création de l'anthropologie de la santé :


- dans les années 50
- suite aux observations des médecins et ethnologues envoyés dans les empires coloniaux :
- le ressenti des patients diffère d’une population à l’autre
- variations physiologiques entre populations
- existence de d’autres médecines/traitements qui sont également efficaces
- certaines solutions adoptées en occident ne sont pas efficaces dans d’autres régions

2/ 3 approches en développement :

a. L’écologie de la santé :
- rôle de facteurs écologiques dans la transmission de certaines pathologies
- développement dans les années 70
- lien entre environnement et état de santé des populations

b. L’approche politique et économique :


- les solutions aux problèmes de santé sont économiques et politiques (les inégalités
économiques entraînent des inégalités médicales)
- inégalités également visibles dans les pays riches

c. L’approche individu centré :


- reconnaissance du rôle de l’entourage dans le soin (de la mère ++ : déclenche la visite
médicale, donne les premiers soins)
- la place des médecines traditionnelles :
- Pays du Sud : 70-90% de la population se fie aux médecines traditionnelles
- Pays du Nord : 40-80% de la population a recours à des médecines
traditionnelles en première intention/en complément d’un traitement occidental

3/ L’évolution de l’anthropologie de la médecine :

a. Mondialisation des préoccupations :


- 9 conférences mondiales de l’OMS sur la promotion de la santé
- de nouvelles préoccupations :
- équité en matière de santé
- promotion de la santé permet un développement social, éco et environnemental

b. La promotion de la santé :
- différents acteurs : intervenants sociaux et environnementaux, corps médical
- 3 éléments essentiels :
- bonne gouvernance (convergence politique et économique)
- amélioration des connaissances du corps médical et des populations
- villes saines

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c. Les conférences mondiales de l’OMS :
- Déclaration d’Adelaide en 2010 :
- intégration de la santé dans les politiques
- importance de mettre en place un environnement propice au bien-être
- Déclaration de Shangai en 2019 :
- mise en avant des objectifs du développement durable
- mise en place d’une gouvernance de la santé
- nécessité d’une mobilisation sociale
- développement de l’éducation sanitaire de la population et du corps médical
- souligne le rôle des villes dans la santé

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SUJETS TYPES ANTHROPOLOGIE DE LA SANTÉ

SUJET TYPE 1

En vous basant sur les notions abordées en cours, expliciter le terme de maladie.
(Répondre en moins de 100 mots)

SUJET TYPE 2

Expliciter les traditions médicales soignantes vues en cours.


(Répondre en moins de 100 mots)

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CORRECTION SUJETS TYPES ANTHROPOLOGIE DE LA SANTÉ

SUJET TYPE 1

Il existe 3 notions incluses dans le terme maladie. Du point de vue du médecin, le disease est l’
altération des fonctions de l'organisme, se manifestant par des signes qui permettent au soignant de
poser un diagnostic à partir d’une nomenclature qui évolue. L’ illness incarne le ressenti du patient. Il
est variable selon son environnement socio-culturel mais ne peut pas être remis en cause. La société
perçoit l’ illness de manière variable : c’est le sickness. Le soin est dépendant de cette construction
culturelle, sociale et psychologique de la maladie.

SUJET TYPE 2

Les traditions médicales soignantes sont basées sur des textes reconnus et utilisent la méthode
déductive. La médecine Ayurveda, apparue en Inde il y a 4 millénaires, prône le maintien de la santé,
la guérison des maladies et la réalisation de soi. La médecine chinoise classique, datant du 5ème siècle
avant JC, considère la maladie comme une accumulation successive d’éléments déséquilibrant l’
harmonie entre le corps et l’ environnement. La médecine galénique, issue des travaux d’ Hippocrate
et de Galien, est basée sur l’ observation et la dissection. Au Moyen-Age, elle devient dogmatique
puis disparaît avec l’ arrivée de la médecine expérimentale.

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FICHE DE COURS : VARIABILITÉ HUMAINE

I - L’Homme

A– Caractéristiques de l’Homme moderne :

1/ Appartient à l’ordre des primates


- 60 MA : Premiers primates, 200 000 - 300 000 ans : Homo Sapiens Sapiens
- caractéristiques anatomiques :
- orbites de grande taille vers l’avant → vision binoculaire et stéréoscopique, permettant
de voir en couleur, le jour
- réduction du museau et du sens de l’olfaction (remplacé par la vision)
- pieds et mains à cinq doigts, pouce opposable, ongles plats
- caractéristiques physiologiques :
- portées peu nombreuses
- gestation et développement juvénile plus longs que chez les mammifères de taille
comparable
- importance de la vie sociale

2/ Spécificités de l’Homme
- cerveau plus développé :
- 1230cm3 chez l’Homme (230 pour les chimpanzés, 600 pour les premiers Homo)
- 6,3 fois plus grand que celui d’un mammifère de taille comparable
- altricialité secondaire :
- croissance post-natale de l’encéphale de type foetal durant la 1ère année de vie (→
forte dépendance du nourrisson)
- à la naissance : le cerveau fait ⅓ de sa taille adulte

Atriciales Précoces

-beaucoup de petits par portée - peu de petits par portée


-gestation relativement courte - gestation longue.
-nouveau-nés peu autonomes, ayant une - nouveau-nés autonomes
faible masse corporelle et encéphalique - développement avant la naissance
- développement tardif (après la naissance) - encéphale adulte : 2,5 fois celui du
- encéphale adulte : 7,5 fois celui du nouveau-né
nouveau-né
→ Prédateurs → Proies

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B- Un comportement, un mode de vie spécifique

1/ Vie sociale :
- l’Homme est un animal social
- chez les chimpanzés, la vie sociale se limite à la relation entre la mère et les petits
- l’Homme crée la société : prise en charge globale de tous les individus

2/ Evolution culturelle :
- elle se substitue à l’évolution biologique (avant mortalité due aux infections → invention des
vaccins)
- découverte du feu (1 million d’années) a permis à l’Homme de conquérir tous les milieux

3/ L’Homme est un prédateur :


- l’Homme actuel est le seul survivant parmis toutes les espèces d’Hommes
- il extermine d’abord les espèces qui lui sont le plus proche (grands mammifères ont tous
disparu sauf en Afrique, grands singes sont en grand danger)
- aujourd’hui considéré comme un super-prédateur (-50% des insectes en 50 ans)

4/ Vit dans différents milieux :


- initialement africian (200 000 ans)
- 100 000 ans : sortie d’Afrique → conquête de l’Asie (60 000 ans : Australie)
- 40 000 ans : deuxième sortie d’Afrique → conquête de l’Europe
- 15 000 ans : conquête de l'Amérique
- 800 ans : conquête des dernières îles du Pacifique
- ces différentes migrations par vagues forment des peuplements différents qui se mélangent
entre eux → métissages

5/ Un mode de vie particulier :


- jusqu’à 12 000 ans : chasseur cueilleur
- devient progressivement agriculteur
- aujourd’hui, majoritairement urbain (bientôt ⅔ de la population) :
- or ce nouveau mode de vie demande une acclimatation
- il nous reste encore beaucoup de caractéristiques des grands singes (clavicule large,
nécessité de la marche pour garder une bonne santé)
- la rapidité de l’urbanisation dépasse notre vitesse d’adaptation

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C- Les croisements avec les dernières espèces proches :

1/ Notre génome :
- composé de 3,2 milliards de paires de base
- polymorphisme maximal : 0,1% (ressemblance = 99,9%)
- “tous parents, tous différents”
- avec le chimpanzé : 4% de différence → pas de mélanges possibles, séparation depuis 7
millions d’années

2/ Différentes populations d’Homme :


- 2 millions d’années : sortie d’Afrique (on parle ici de tous les Hommes confondus, et non pas
de l’Homo Sapiens cf plus haut)
- grâce à la marche bipède, certaines populations migrent et et entrent donc dans un processus
de spéciation (pour qu’il soit complet = 1 million d’années)
- mais à l’origine de la différenciation, les métissages étaient toujours possibles →
introgressions dans le génome de l’Homme moderne
- 750 000 ans : séparation du rameau qui donnera les néandertaliens et les dénisoviens de celui
qui donnera notre espèce (nous partageons tout de même 99,85% de nos génomes)
- 450 000 ans : séparation des dénisoviens et des néandertaliens
- croisements entre ces 3 populations tout au long de leur coexistence (++ entre 60 et 40 000 ans
pour les néandertaliens)

Les dénisoviens : 450 - 20 000 ans


- vivent en Asie (s’étendent jusqu’en Nouvelle Guinée/ Australie)
- séparés en 3 groupes

Les néandertaliens : 450 - 40 000 ans


- vivent en Europe jusqu’au niveau de l'Altaï

3/ L’impact des métissages sur notre génome :

a. Le génome néandertalien :
- tous les hommes actuels en ont :
- hommes non africains : 2-3%
- hommes africains : 0,5%
- 40% du génome néandertalien est dans notre génome
- mais présence de déserts d’introgression (région de l’ADN sans introgressions) :
- ou : génome intégré puis rejeté
- ou : mariage préférentiel :
- homme sapiens avec femme néandertalienne → enfants fertiles
- femme sapiens avec homme néandertalien → enfants pas fertiles
→ désert d’introgrétion sur le chromosome Y : les hommes néandertaliens
étaient déjà en voie de spéciation (car leur croisement n’était plus fertile)
- gènes néandertaliens diminuent l’incidence du cancer de la prostate

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b. Le génome dénisovien :
- la distribution du génome dans les populations actuelles :
- Hommes chinois : très peu de génome dénisovien
- Hommes océaniens : 3-5 %
- Hommes européens : 0,5%
- faible présence dans le génome européen car le dénisovien n’était pas présent dans
cette région → les introgressions ont été apportées par des néandertaliens ayant déjà
croisé denisova en Asie
- gènes dénisoviens permettent une meilleure adaptation à la haute altitude (meilleure
production d’EPO)

c. Les génomes fantômes :


- présence de d’autres introgressions mais aucun squelettes (donc espèces) n’ont pu être
mis en rapport avec ces résidus de génome
- compose 2-19% du génome des populations d’Afrique de l’Ouest

II - Les populations modernes :

A- La norme et la variabilité

1/ La variabilité :
- différence maximale entre les hommes = 0,1%
- s’exprime du génome aux comportements en passant par l’anatomie et la physiologie
- l’étude de la variabilité :
- l’étude des variations dans le génome est simple
- l’étude des comportements est plus complexe car dépend de l’observateur (dépend de
son propre référentiel : ++ pour les études concernant le comportement sexuel)
- nécessité de définir des normes pour étudier la variabilité des comportements, surtout depuis
que la médecine est questionnée sur ces thèmes (aujourd'hui les comportements relèvent de la
médecine)

2/ Les déterminismes des variabilités :

a. Les variabilités à déterminisme simple :


- relation directe entre le génome et le phénotype
- variabilité du génome = 1 paire de base / 1000
- variabilité des protéines : moins importante que celle du génome car :
- code génétique redondant
- une partie du génome est non codante
- grande sélection lors de la grossesse (50% des fausses couches à cause de
protéines défectueuses)
- variabilité à plusieurs niveaux : groupe sanguin, système HLA, sérum
(immunoglobuline)

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b. Les variabilités à déterminisme complexe :
- interactions entre le génome et l’environnement avant l’expression phénotypique
- de plus en plus observables grâce aux avancées de l’imagerie médicale
- très représentés dans la variabilité comportementale (qui peut être appréhendée par des
questions)

3/ La norme et la normalité :

a. La norme
- nécessité de fixer une norme pour étudier les variabilités (surtout pour les éléments
quantitatifs)
- notion aussi ancienne que la médecine galénique
- où se situe la variabilité normale ? quand commence le pathologique ?
- de quoi s’occupe la médecine : de la norme médicale ou de la norme juridique ?
- la notion meme de norme est variable (Durhkeim : le crime et le suicide sont dans la
norme d’une société car ils sont présents dans toutes les sociétés)
- norme médicale ≠ norme juridique : un criminel peut être médicalement “normal”
(n’est pas considéré comme un patient) mais ne sera pas pour autant dans la norme
juridique

b. La normalité :
- concept du 19ème siècle
- jugement qui se base sur la norme (mais être dans la norme ne permet pas toujours
d'être dans la normalité tolérée par la société)
- normalité ≠ norme : le suicide est dans la norme de la société, mais ce ne doit pas etre
une normalité acceptée → le corps de santé tente de le prévenir car va à l’encontre de
la définition de la santé (va à l’encontre du bien-etre)

c. Des questions sociétales :


- la normalité est la résultante d’un jugement de société (= sickness)
- ex : normalité scolaire d’apprentissage de la lecture
- dyslexie reconnue depuis 50 ans
- avant, un enfant qui n’arrivait pas à lire était dans la norme
- aujourd’hui, il n’est plus dans la norme et un soin est envisagé → évolution de
la norme médicale
- ex : la criminalité :
- la violence est un sickness, mais on ne peut pas lui associer de illness → le
corps médical ne peut pas la prendre en charge
- le suivide est également un sickness mais il est associé à un illness (mal-être)
→ possibilité de traitements via la prévention

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B- Origines de la variabilité

1/ Les gènes et leurs fréquences dans les populations :

a. Le rôle du hasard :
A l’échelle des sujets :
- mutations, plus fréquentes dans certaines régions du génome
- méiose grâce aux recombinaisons inter et intra-chromosomiques → entre 0 et 100% de
similarité génétique entre frères

A l’échelle de la population :
- dérive génétique :
- évolution de la fréquence des allèles sous l’effet du hasard
- surtout pour les petites populations isolées (îles ...) → grande importance avant
l’explosion démographique
- effet fondateur :
- création d’une nouvelle communauté où seule une partie du génome est emportée
- ex : fondation du Canada français à partir de population d’Ouest de la France : chaque
colonisateur a aujourd’hui 500 descendants → explique la fréquence élevée de
certaines maladies rares en Europe

b. Les sélections :
La sélection naturelle :
- grandes épidémies (= grandes tueuses de l’humanité)
- variole : éradiquée en 1980 grâce à la vaccination
- peste : tue ⅓ de la population européenne en 1348, quasiment disparue grâce aux
antibiotiques
- tuberculose : actuellement, ⅓ de la population mondiale est infectée, 10%
développeront la maladie, traitement par antibiotiques (si pas de traitement → ⅔
meurent) → 49 millions de vies sauvées depuis 2000 grâce aux antibio
- ex de la peste :
- -3000 av JC : existence de la peste mais la bactérie ne se transmettait pas par les puces
- a donc participé à la sélection de notre espèce : nous sommes des survivants des
épidémies de peste passées → développement d’une résistance naturelle (avait déjà
régressé avant l’utilisation des antibiotiques)

La sélection culturelle :
- certains éléments culturels favorisent des porteurs d’allèle → permet l’adaptation
- ex du feu : élément culturel qui a permis à l’Homme de conquérir tous les milieux
- ex de la lactase : permet l’hydrolyse du lactose en métabolites absorbables
- parfois, l'enzyme cesse d'être exprimée dès l’enfance → lactases non- persistants
- aujourd’hui en Europe, ⅔ de la population est lactase persistante : il y a 12 000 ans,
avec la nouvelle organisation agricole, pouvoir boire du lait augmentait les chances de
survie au cours des disettes → l’allèle persistant se répand
- en Asie : peu de persistants car l’agriculture ne s’est pas développée autour des vaches

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c. Les échanges de gènes entre sujets et populations :
L’effet reproducteur :
- seuls les sujets se reproduisant subissent les pressions de sélection (= couples effecteurs)
- 10% des couples n’ont pas d’enfant
- a beaucoup joué, surtout quand 66% de la population mourrait avant d’avoir eu des enfants

Les introgressions

Les migrations :
- à chaque mélange entre populations : modification de la fréquence des allèles, introduction de
nouveaux allèles
- l’homme s’est toujours beaucoup mélangé → la variabilité entre 2 groupes humains éloignés
est plus petite qu’entre 2 groupes de chimpanzés proches
- variabilité intra-groupe > variabilité inter-groupe

Les phénomènes démographiques :


- dérive génétique
- effet fondateur
- goulot d’étranglement : diminution brutale de la population (guerre, épidémie) →
bouleversement des fréquences alléliques

Les mariages non-panmictiques :


- association des partenaires sexuels n’est pas liée au hasard, d’autres critères entrent en jeu →
certains allèles (caractéristiques) sont favorisés par le choix des partenaires = sélection
sexuelle
- ex de la couleur blonde : gène récessif apparu il y a 12 000 ans → aurait dû disparaître → les
mariages sélectifs ont permis à l’allèle de se répandre
- également retrouvés chez les animaux (poissons préfèrent les couleurs inhabituelles)

2/ L’expression des gènes :


- ⅓ de nos gènes s’expriment différement dans nos tissus selon notre sexe (réponse au
médicament, cancer)
- explication dans l’évolution des mammifères placentaires : les femmes doivent être
immunodéprimées pour tolérer un foetus → plus de maladies auto-immunes chez la femme /
plus de cancer chez l’homme (à cause de leur hyper-immunité)

3/ L'acclimatation et/ou la plasticité phénotypique :


- l’acclimatation est sur une période courte, au plus égale à la durée de vie de l'organisme
- ≠ adaptation qui demande plusieurs générations
- ex de l'altitude :
- certains s’acclimatent à la vie en altitude (La Paz = 3500 m)
- acclimatation a un fond d’adaptation (ils sont génétiquement prêts à s’acclimater) →
les enfants des personnes vivant en altitude s’acclimatent mieux que les autres

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4/ Le microbiome :
- ensemble des populations de microbes → microbiote humain
- ensemble des gènes du microbiote → microbiome
- code 100x plus d'informations que notre génome
- = 1,5-2 kg → quasiment un organe en soi
- a une influence sur la santé humaine :
- avec les pathogènes : permettent la gestion des infections → futurs médicaments =
microbiote bénin aidant la défense immunitaire ?
- avec l’alimentation : digestion des algues en Asie
- l’hypothèse hygiéniste :
- excès d’hygiène → diminution des contacts avec les microbes pendant l’enfance →
plus de réactions prématurées = augmentation des maladies allergiques
- l’urbanisation rapide accélère ce phénomène (traitements intra-nasaux de souches
bactériennes issues de fermes permettent une diminution de l'asthme et des allergies)

C- La variabilité des environnements

1/ L'environnement physique :
- le macro-environnement :
- grandes zones climatiques
- possibilité de modifier ses caractéristiques grâce au micro-environnement (sauf
l’altitude et la pollution) → l’homme n’est plus dépendant de son
macro-environnement
- le méso-environnement :
- milieu local (urbain / rural)
- influe sur la diffusion de certaines maladies
- le micro-environnement :
- milieu dans lequel évolue le sujet (sédentaire / actif)

2/ L'environnement biologique :
- l’Homme est inclu dans un ensemble vivant = biocénose
- influence sur la santé (parasites portés par les animaux de compagnie)

3/ L'environnement culturel :
- définition 1 de la culture : réseau des signification partagé par un grand nombre
- la culture est stable mais peut évoluer → exemple de la langue
- chacun est porteur de plusieurs cultures → coexistence de plusieurs cultures
- peut amener au corporatisme (culture partagée par un petit nombre seulement)

- définition 2 de la culture : représentations et principes qui organisent la vie sociale


- on pense, agit d’une certaine façon selon sa culture → les langues donnent un sens
différent aux choses selon comment elles les nomment
- réseau de mystification autant que de signification lorsqu’il y a deux poids deux
mesures pour une unique chose (ex de la vision de la santé en France : pour les français
= saturation des hopitaux / pour les étrangers = gratuité des soins)
- inclut le sickness

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4/ L'environnement sociétal et social :
L'environnement sociétal :
- population :
- élément biologique
- sujets qui partagent des règles communes et des conjoints
- en France, plusieurs populations coexistent car les mariages ne sont pas aléatoires
- société :
- même rapport à une langue et donc à une culture
- même territoire
- même principe d’organisation lié à une culture
- ex des francais : personnes qui vivent en France, parlent le français, obéissent à nos lois
→ quelqu’un qui parle francais n’appartient pas forcément à notre société
- citoyenneté biologique :
- liens entre la biologie et l’identité de soi
- avant, seul le corps médical avait des notions médicales, aujourd’hui le citoyen
biologique comprend sa santé → il réclame des droits
- l’Etat contraint le bio citoyen (vaccin, confinement)
- communauté :
- groupes issus d’une même souche
- langues apparentées
- mêmes principes d'organisation de la société
- même représentation de l’ordre social et cosmique
- ne s’oppose pas à la société → au sein d’une société, un individu peut appartenir à une
communauté

L’environnement social :
- rapports entre un individu et les autres membres de la collectivité
- au coeur du social se trouvent les relations humaines
- comprend les conditions de vie, le niveau de revenu, la formation, les groupes sociaux
- influe sur la santé

5/ L’environnement familial :
- grandes différences intra-familiales
- très important dans la prise en charge des patients
- importance pour les âges extrêmes et certaines situations :
- enfants : vie in-utéro et 1ère année de vie primordiale
- personnes âgées : (dans le Nord, on substitue beaucoup plus l’environnement familial
par un environnement sociétal et médical)
- personnes handicapées
- aide souple, polyvalente et gratuite
- type protecteur : repas, enfant → souvent systématique
- type insérente : permet le succès → dépend du milieu social

- différents acteurs :
- rôle des femmes: crucial malgré une tentative d’équilibration
- rôle des grands-parents : permis par la ménopause des femmes → n’ont plus d’enfant et
peuvent donc s’occuper des autres membres de la famille
- les familles ne sont pas toujours protectrices :
- solidarité imposée par la loi (Code Civil)
- solidarité encouragée : réduction d'impôts si garde d’enfants
- dans certains pays, la solidarité peut être culturelle

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- solidarité privée ≠ solidarité publique :
- solidarité privée : sentiment de reconnaissance
- solidarité publique : devient un droit → pas de sentiment de dette
- ex du maintien des personnes âgées à domicile :
- distension du lien familial → moins de prise en charge familiale
- le bio citoyen demande à l’Etat de créer des infrastructures pour les accueillir
- cadre domestique reste le meilleur

6/ L’environnement médical :
- lié à l’environnement familial, social, culturel
- influence l'espérance de vie

7/ Les différents type d’environnement :


- plafond de verre : difficulté de dépasser l’environnement dont on est issu → les
environnements se reproduisent entre les générations
- interactions nombreuses entre les environnements : pauvreté (environnement économique) →
faim (sécurité alimentaire) → nutrition (environnement médical)
- COVID 19 souligne les liens entre les environnements mondiaux (propagation calquée sur la
carte des transports aériens)

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SUJETS TYPES VARIABILITÉ HUMAINE

SUJET TYPE 1

En vous basant sur les notions abordées en cours, expliciter les spécificités de l’Homme.
(Répondre en moins de 100 mots)

SUJET TYPE 2

Expliciter les notions de norme et de normalité..


(Répondre en moins de 100 mots)

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CORRECTION SUJETS TYPES VARIABILITÉ HUMAINE

SUJET TYPE 1

L’ Homme, inclus dans l’ ordre des primates, a toutefois des particularités. Son altricialité secondaire
lui permet d’ avoir une croissance postnatale de type foetale importante tout en naissant déjà très
développé. Ainsi, il a un cerveau 6,3 fois plus grand que celui d’ un mammifère de taille comparable.
Sa vie sociale est très importante : l’ Homme crée la société. Sa culture lui a permis de conquérir tous
les milieux ainsi que de dépasser son évolution biologique. Il est passé de chasseur- cueilleur à
agriculteur pour enfin devenir urbain tout en restant un super prédateur.

SUJET TYPE 2

L’étude des variabilités nécessite la fixation de normes. La norme médicale permet de départager le
pathologique du normal. La normalité est un jugement fait par la société en se basant sur la norme
(elle comprend donc le sickness). Cependant, être dans la norme n' entraîne pas toujours la normalité
tolérée par la société. Ces deux notions soulèvent des questions sociétales : l’ évolution de la norme
médicale permet parfois une évolution sociétale (prise en charge de la dyslexie) mais révèle souvent
ses limites (violence ignorée par le corps médical).

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FICHE DE COURS : LES TRANSITIONS DÉMOGRAPHIQUES

1/ La première transition démographique :


- 7-8 millions d’années
- 2 phénomènes concomitants :
- rallongement de l'espérance de vie (60 ans)
- mise en place de la ménopause chez les femmes → les femmes ne pouvant plus avoir
d’enfants jouent le rôle de grand-mère
↳ développement d’une mémoire intergénérationnelle (savoirs transmis à l’oral) et de
l’entraide
- l’Homme est un chasseur-cueilleur nomade :
- petis groupes n’ayant pas trop de contacts entre eux → pas d’épidémies
- peu d’enfants par couple (2 enfants vivants)
- activité physique importante, régime carné et végétal
- maladies broncho-pulmonaires importantes

2/ La deuxième transition démographique :


- il ya 12 000 ans, lors de la néolithisation
- dans un contexte de changement géologique (l’Holocène) : disparition des glaciers,
assèchement des déserts
- l’Homme devient un agriculteur sédentaire :
- augmentation de la population par augmentation du nombre d’enfants par couple
- développement de “villages” d’une centaine de personnes
- de nouvelles contraintes :
- moins d’apports carnés, alimentation basée sur les récoltes → disettes et famines
- diversification des causes de mortalité : guerres, famines, carences alimentaires (moins
de viande)
- rupture d’un équilibre datant de 200 000 ans

3/ La troisième transition démographique :


- 18ème siècle
- dans un contexte de changement géologique provoqué par l’Homme et son mode de vie
(anthropocène) : Révolution industrielle (anthropocène de phase I) consommation des
énergies fossiles → augmentation de la pollution
- changement des bases de l’économie : agriculture et artisanat → commerces et industries
- disparition des famines grâce au développement de l’agriculture
- population devient urbaine et sédentaire
- les infections respiratoires perdurent (proximité des individus dans les grandes villes)
- Jenner (1800) : vaccin contre la variole qui tuait ⅔ de la population avant 18 ans → la
mortalité n’est plus dépendante des épidémies
- l’habitude d’avoir beaucoup d’enfants ne s’adapte pas à cette évolution → explosion
démographique

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4/ La quatrième transition démographique :
- 1945-1950
- développement des antibiotiques → diminution de la mortalité aux âges extrêmes par le
combat des maladies respiratoires à bactéries
- dans les pays du Sud, grandes campagnes de vaccination (réalisées par les empires coloniaux)
concomitantes avec la découverte des antibiotiques → explosion spectaculaire de la population
- urbanisation croissante → sédentarisation → développement des maladies cardio-vasculaires
et chroniques
- accélération de la consommation des énergies fossiles (anthropocène de phase II)

5/ La cinquième transition démographique :


- 1970-1980
- développement de médicaments contre les maladies cardio-vasculaires → régression de la
première cause de mortalité (+ repousse l'âge d’apparition)
- vieillissement de la population → apparition des maladies dégénératives (Alzheimer) et de
cancers
- diminution de l’activité physique = 4ème cause de mortalité mondiale
- alimentation n’est pas adaptée à notre mode de vie : trop salée, grasse et sucrée → surpoids =
pandémie mondiale (15% de la population est obèse)
- double fardeau des pays du Sud :
- les enfants urbains sont mal-nourris (moins d'allaitement, alimentation moins végétale)
→ déficit de croissance due à une malnutrition
- nourriture industrielle mène à une suralimentation → obésité des adultes

Conclusion :
- sélection des sujets au cours du temps : moins d’allèles favorables à l’apparition de cancer des
poumons qu’il y a quelques années
- aujourd’hui, nos maladies sont dues à des mal-adaptations causées par ces transitions
démographiques trop rapides (exemple de l’obésité causée par une alimentation trop riche par
rapport à notre activité physique)

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SUJET TYPE LES TRANSITIONS DÉMOGRAPHIQUES

En quoi les évolutions de la médecine ont contribué aux transitions démographiques ?


(Répondre en moins de 100 mots)

CORRECTION SUJET TYPE LES TRANSITIONS DÉMOGRAPHIQUES

La médecine joue un rôle à partir de la troisième transition démographique. En 1800, Jenner met au
point le premier vaccin contre la variole, ce qui permet de limiter l’effet des épidémies et provoque
par conséquent une explosion démographique, accompagnant la troisième transition. Le
développement des antibiotiques au milieu du 20ème siècle permet le combat de certaines maladies
respiratoires et marque ainsi la quatrième transition démographique, plus importante dans le Sud que
dans le Nord. Finalement, la lutte contre les maladies cardio-vasculaires par le développement de
médicaments fait reculer la première cause de mortalité et marque la cinquième transition.

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MODULE 2 : L’HOMME ET SA SANTÉ
FICHE DE COURS : PSYCHOLOGIE DE LA RELATION DE SOIN

Note: Certains cours de SSH sont essentiellement constitués de listes, ça peut donc être compliqué à apprendre.
Pour aborder l’apprentissage calmement, il est intéressant de d’abord reprendre le plan du cours et de
l’apprendre. Ensuite les diaporamas des profs sont en général intéressants à utiliser car ils mettent les
mots-clés donc c’est clair et précis. Ensuite quand on s’attaque aux listes, ce qui, je trouve, aide, c’est de se
noter le nombre d’éléments dans chaque liste et de noter les exemples donnés par les profs : ils illustrent bien et
ça transforme une liste un peu bête et méchante en quelque chose de plus concret. Parfois, quand on essaye de
se souvenir d’une liste du cours, on peut se dire “ah oui le prof avait parlé de tel patient qui faisait ça…” et paf
tu as les éléments de la liste qui peuvent te revenir plus facilement !

I. Introduction : la psychologie médicale

A) Apparition dans les études médicales


● L’éthique, les SHS et les cours sur le comportement sont arrivés dans le cursus médical il y a
environ 20 ans.
● Au début, ces cours ont eu des détracteurs qui les trouvaient inutiles car pour eux :
○ l’étudiant n’avait qu’à suivre le modèle de son “maitre” pendant les stages pour
apprendre comment se comporter avec ses patients (enseignement magistral)
○ être un bon médecin serait un caractère inné qu’on ne pourrait pas acquérir : on est un
“honnête homme” ou on ne l’est pas
● mais ensuite des retours positifs :
○ de la part des patients
○ de la part des soignants qui arrivaient mieux à faire leur travail grâce à ces cours qui
leur permettaient de mieux comprendre leurs patients
→ prévention de l’épuisement professionnel : burn-out (présent dans toutes les
professions qui impliquent une relation de soin)
● La technique médicale a tellement progressé depuis 50 ans qu’on a commencé à avoir une
approche uniquement technique de la médecine, mais actuellement, on revient vers une prise en
compte globale de l’être humain avec toutes ses nuances.

B) Historique

● Autrefois, les médecins n'étaient focalisés que sur la survie du patient.


● Maintenant, on se préoccupe aussi de son bien-être.


→ définition de la santé de l’OMS : « état de bien-être...


« physique »


« moral »
« social » → plus subtil : un professionnel de santé a aussi une fonction sociale

Evolution des niveaux pris en compte :


1. Jusqu’au XIXème : Organe + fonction
2. Fin XIXème-début XXème : Personne avec sa douleur physique puis sa souffrance psychique

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Sauf autorisation, la vente, la diffusion totale ou partielle de ce polycopié sont interdites. 35
→ a été permis par le développement de la pharmacopée (anesthésie, antalgie) et
l’émergence du courant psychanalytique
3. Années 1980 : La relation soignant-soigné
4. Le praticien, sa motivation, son stress
○ l'épuisement professionnel des soignants est un problème réel mais ce n’est pas la
préoccupation sociétale la plus importante aujourd’hui car le médecin a un statut social
qui fait qu’on ne le plaint pas
○ donc si on ne s’occupe pas nous-même de notre bien-être et de notre stress, personne ne le
fera pour nous

C) Psychologie médicale

● Elle en rapport avec la souffrance humaine


● Domaine plus large que la maladies mentales : ce sont des réactions tout à fait normales qui
n’ont rien de pathologique.

La psychologie est une discipline scientifique qui s'intéresse à l'étude du corpus des connaissances
sur les faits psychiques, des comportements et des processus mentaux.
1. Étude scientifique des phénomènes de l'esprit (au sens le plus large).
2. Connaissance spontanée des sentiments d'autrui, aptitude à comprendre, à prévoir les
comportements.
→ notamment s’interroger sur le sens des mots, leur connotation et la manière dont ils sont
perçus par le patient (ex : tumeur ↔ tu meurs)
→ “manquer de psychologie” = ne pas avoir cette capacité

Psychologie médicale : étudier dans la relation médicale le rôle de tout ce qui est de l'ordre de la
psyché, c'est-à-dire tout ce qui concerne le fonctionnement mental du malade et du médecin ou de
tous ceux qui occupent une fonction soignante.

II. La relation soignant-soigné

Relation inter-humaine impliquant 2 personnes mais parfois aussi un tiers : aidant, accompagnateur…

Elle est déséquilibrée et présente 4 caractères :


● aspect affectif : sentiments conscients ou inconscients qui se mettent en place entre les deux
acteurs dès l’ouverture de la porte de la salle d’attente
● aspect matériel → coût de la consultation : permet au patient de ne pas se sentir redevable,
(“L'argent dédouane de la dette” Freud)
● aspect éthique = protection de la personne
● aspect social

A) Le soignant (motivations)
- prestige et privilèges → plus tellement le cas à l’heure actuelle
○ rémunération : ne pas avoir honte, après un cursus long et compliqué, de demander
une juste rémunération

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- tradition familiale → a tendance à se perdre
- pouvoir sur la vie et le corps
- volonté de découvrir les secrets de l’âme et du corps humain
- exorcisation de la mort → ± selon les spécialités (ex : odonto vs oncologie pédiatrique)
- plaisir d’être utile → l’engagement est toujours nécessaire
(mais attention : les jeunes médecins qui commencent leur carrière à
200% finissent souvent par s'épuiser et à se distancier beaucoup avec
leurs patients)

Pour les psychanalystes : Le choix de devenir médecin vient du fait d’aimer jouer au docteur pendant
son enfance :
● volonté consciente de découvrir le corps de l’autre
● envie inconsciente de maitriser, d’avoir un pouvoir sur le corps de l’autre
↪ culpabilisation → volonté d’utiliser ce pouvoir pour le réparer

B) Le soigné (réactions)

Atteinte de l’intégrité physique et psychique.


A l’annonce d’une pathologie grave et/ou chronique, celui-ci va développer :
1) Sidération : phénomène tout à fait normal et courant
2) Défense
➜ régression : accepter de confier son corps au soignant (acte qui n’est pas anodin)
→ indispensable car sinon on peut avoir un refus de soin
➜ déni, dénégation
➜ maitrise et rationalisation
➜ sublimation (le patient va s’accomplir à travers sa maladie)
➜ déplacement (les autres soucis du patient passent au second plan)
➜ réactions persécutoires (“j’ai mal” → “c’est parce qu’on m’a mal soigné”)
○ risque d’être procédurier

Cas des réactions post-chirurgicales :


- angoisse de la mort et de la transformation corporelle
- deuil sur le plan fonctionnel, relationnel, identitaire et symbolique

Bénéfices :
- primaires (fait passer une préoccupation médicale à la place d’une autre qui était prégnante)
- secondaires (l’attention de l’entourage va se recentrer sur l’individu)

C) La rencontre

La relation entre les deux est très inégale :


● patient : souffre, dépend, demande de savoir ce qu’il a
● soignant : doit confirmer sa capacité à guérir et à mettre fin à l’incertitude

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et empreinte d’anxiété :
● patient :
- peur de l’acte
- peur de la douleur
- réactivation des peurs infantiles (surtout si la relation de soin ne s’est pas bien passée
pendant la petite enfance)
- rapport au corps
- intimité
● praticien :
- inquiétude de la rencontre avec le souffrant
- souci de la compétence (il faut l’avoir un minimum)
- crainte de la sédentarité
- récupération de l’anxiété du patient
→ stress et épuisement

a) transfert et contre-transfert

Ce sont des ensembles de sentiments conscients et inconscients qui se mettent en place


spontanément entre le soignant et le soigné :

Transfert : sentiments du patient envers le praticien


● Le transfert est la base de tout attachement. Il résulte d’une pulsion primitive élémentaire qui
remonte à l’état de dépendance envers ceux qui, dans notre enfance, nous protégeaient, nous
soignaient.
● La place occupée par le thérapeute conditionne sa dynamique.
Contre-transfert : sentiments du praticien envers le patient

➢ Ils peuvent être positifs ou négatifs


○ si les deux sont positifs : ça va bien se passer
○ si les deux sont négatifs : ça risque d’être plus compliqué


○ si seul le contre-transfert est négatif : le praticien peut faire l’effort de passer au-delà
mais si tous les contre-transferts sont négatifs, le soignant a un problème dans
sa relation à l’autre

b) déchiffrement de la relation soignant-soigné

Le soignant devra prendre en compte le vécu du patient et s'interroger sur :


- la perception du patient
- son fonctionnement psychique
- les circonstances d’apparition de la maladie
- les réactions de l’entourage
→ tout cela se découvre au fur et à mesure

Mais pour cela il faut prendre le temps de communiquer :


● temps moyen avant que le soignant interrompe le patient pour passer au diagnostic = 30s-1min

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→ beaucoup trop court
● ce temps de verbalisation est pourtant essentiel pour tisser une bonne relation de soin et éviter
des conflits par la suite

=> une nécessité : VERBALISER, EXPRIMER, COMMUNIQUER

c) caractérisation des patients


● actifs ou passifs
● importance du comportement
● distance affective (en fonction de la psychologie du patient, de celle du praticien et du
contexte thérapeutique)

La relation patient-praticien est basée sur la confiance et la motivation qui entraînent confort
psychologique et efficacité thérapeutique et donc une forme de bien-être.

A) La communication

a) moyens :
● Stimuli verbaux (30% du message) : → s’assurer que le patient a bien compris
- renforcement (+/- selon le patient)
- paraphrase, reformulation

● Stimuli non-verbaux (70% → importants +++) :


- regard, mimique, voix, posture, gestualité…

● Écoute :
○ passive : favoriser l’expression du patient (ne pas intervenir et écouter)
○ active : clarifier le message (reformuler, redemander)

b) compétences relationnelles :
● affirmation de soi : savoir dire non sans nuire à l’autre
● empathie : se mettre à la place de l’autre
● attitude face à un compliment : éviter attitude minimaliste ou misérabiliste (si on vous fait un
compliment, profitez-en)
● attitude face à une critique fondée ou une erreur professionnelle : laisser s’exprimer le patient
(même si vous êtes sûr-e de vous)

c) variables influençant la relation de soin :


● extérieures : temps, position spatiale
○ il y a un temps pour l’échange face-à-face et un temps pour l’examen → ne pas
expliquer un diagnostic à un patient qui est toujours allongé sur la table d’examen
● sociales : position socio-économique
○ certains patients ont une image idéalisée du médecin → savoir se mettre à leur portée
● âge et sexe
● variables subjectives : idées préconçues, réactions affectives spontanées...

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d) différents types de patients :
● les jeunes enfants
○ image souvent subjective
○ attitude par rapport aux parents : information ++ et définir le contexte familial
○ attitude par rapport aux enfants : communication non-verbale ++, démythifier l’acte,
soustraire à l’influence négative, faire preuve d’empathie, de calme, de maitrise
technique (si l’aiguille se casse dans le bras, il risque d’être traumatisé)
● adolescents
○ tendance à se croire indestructibles
○ parfois anxieux et instables psychologiquement
○ savoir les isoler de l’autorité parentale, les responsabiliser, leur faire adopter une
attitude participante (on peut commencer dès 7-8 ans)
● patients âgés
○ à partir de 80 ans (pas 60 ans)
○ souvent affaiblis avec des traits de caractère accentués
○ nécessité de s’adapter
● patients angoissés, anxieux, stressés
○ peur de la douleur…
○ méthodes de modification comportementale (relaxation, distraction…)
○ exercice pluridisciplinaire parfois nécessaire
● patients en milieu psychiatrique
● patient atteint de pathologies mettant en jeu le pronostic vital
● patients détenus : parfois réactions particulières

⇒ Quelle que soit la situation, il faut toujours s’interroger sur la vulnérabilité de la personne.
→ toujours présente

III. La motivation

C’est un facteur déterminant du comportement : à la fois un facteur déclenchant et un facteur qui


assure sa continuité. Il s’agit d’assurer la pérennité des soins.

On ne peut être réellement motivé à poursuivre un but que si nos besoins plus importants sont satisfaits.
- Besoins primaires : faim, soif, douleur : motivateurs puissants → satisfaction rapide
- Besoins secondaires ou d’ordre supérieur (ex : besoin d’esthétique)

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La théorie de la motivation de Maslow permet d’évaluer la motivation :
● du patient (à suivre tel ou tel traitement)
○ permet de déterminer le plus adapté en fonction de ses besoins → le patient est-il
plutôt intéressé par l’aspect esthétique, par l’aspect fonctionnel ?
○ particulièrement important dans le cas des maladies chroniques avec un traitement sur
le long terme où il faut connaître la nature des besoins et des motivations susceptibles de
nuire aux objectifs du praticien (ex: crainte) et établir les moyens de les enrayer ou d’en
diminuer la portée.
● du soignant (à poursuivre une carrière dans la santé)

IV. L’image du corps

La dimension psychologique de l’image du corps traduit l’investissement du corps par l’âme.

A) Étymologie et généralités

● Corpus = cadavre (inanimé)


● Anima = âme
● Interaction permanente entre les deux
→ on a peut-être fini par l’oublier à force de technicité
● Importance dans le langage : “avoir du cœur”, “avoir une tête bien faite”, “avoir la peur au
ventre”

B) Corps réel, corps imaginaire, corps social

Corps réel : A désigné progressivement


● enveloppe
● contenu
● fonctionnement physiologique
→ le corps a été longtemps tabou ce qui fait que son accès a été compliqué dans l’histoire
(interdiction de disséquer)

Corps imaginaire : image du corps dans l’esprit

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● ensemble de représentations
↪ ensemble de sentiments
↪ ensemble d’attitudes (montrer/cacher)

Corps social :
● ordre culturel
● rôle de la société sur les usages publics du corps (se mettre à distance ou pas des gens, serrage de
main ou bise, code vestimentaire…)

C) Conformité et différence

● Notion de norme très forte


● Notre corps renvoie une certaine image aux autres
ex : choix de la secrétaire de cabinet médical en fonction de son apparence pour
l’image du cabinet
● … et les autres nous renvoient une certaine image de notre corps.
“si je me plais, c’est parce que l’autre me regarde”
⇒ Névroses socio-corporelles = souffrance de la différence qui s’est aggravée dans les dernières
décennies
ex : érythrophobie, dysmorphophobie…

Maintien et corps :
● savoir-vivre (bcp de normes de politesses passent par l’attitude corporelles)
● corps = objet de communication (langage non-verbal)

D) Le corps en médecine

Les maladies et traumatismes :


● entrainent bouleversement de l’équilibre corps-âme
● le corps devient étranger, bruyant

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FICHE DE COURS : RELATION PATIENT-SOIGNANT

Préambule

● Il relève de l'obligation professionnelle d’assurer des soins conformes aux données acquises
de la science.
● Or, les données acquises de la science ne représentent pas pour autant des références claires,
simples, indiscutables et définitives. Le propre de la science est justement d'être exposée à la
contradiction et de pouvoir évoluer. Ainsi, plusieurs traitements peuvent être
“scientifiquement acceptables” et aucune loi ne dit qu’il faut prescrire tel traitement plutôt
que tel autre.
● C’est donc la relation de soin qui va pouvoir déterminer quel traitement donner à un
patient donné dans une situation donnée.

I. Notion de modèle médical

A) Pourquoi des modèles théoriques ?

Importance de choisir un modèle théorique : il permet de délimiter les champs propres de notre
pratique. Il conditionne la façon dont le soignant recueille et interprète les signes cliniques et se comporte
avec son patient.
Plus précisément, il oriente :
- les objectifs de la relation patient-soignant
- les obligations du soignant vis-à-vis du patient
- le poids des préférences du patient dans les décisions du soignant
- la représentation de l’autonomie du patient par le soignant

Le choix du modèle est souvent implicite et non reconnu dans les formations aux métiers de la santé.

B) Contexte philosophique et historique de la relation de soin

Paradigme Positiviste Constructiviste


● les sciences peuvent décrire la réalité ● la perception des choses varie selon
et les choses en tant qu’elles sont : on l’observateur, la réalité dépend du
cherche à connaître le “comment” de point de vue et de l’interprétation
la réalité, idée d’une réalité unique et de celui-ci, plusieurs réalités peuvent
indépendante de l’observateur donc coexister
● science positives (exactes) (vont ● SHS et art (vont s’intéresser à
s’intéresser à ce qui est observé) l’observateur et à comment il perçoit
● se développe au XIX et au début
ème
ce qu’il observe)
du XXème, encore idéologie dominante NB : la relativité du constructivisme a
en médecine aussi influencé les sciences exactes du
XXème siècle, et les théories de la
relativité d’Einstein ont influencé le
constructivisme
● se développe durant le courant du
XXème siècle

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Approche Réductionnisme : Holisme :
Le corps est comme une machine, dont les Le corps est un tout, qu’il convient
parties peuvent être “réparées” ou d’examiner dans son contexte global
“remplacées”. Le scientifique va examiner
ses sous-parties pour comprendre son
fonctionnement.
Les sciences qui en découlent ont permis
des avancées considérables en médecine :
anatomie, histologie, biologie cellulaire,
physiologie, immunologie et infectiologie,
génétique, pharmacologie...

Modèle(s) Biomédical Biopsychosocial (de Engel)


Maladie = Dysfonctionnement d’une Santé = interactions complexes de
sous-partie plusieurs niveaux qui vont des particules
Traitement = Rétablissement aussi ad subatomiques jusqu’à la biosphère
Maladie = dysfonctionnement d’origine
integrum que possible
biologique ou environnemental qui a des
répercussions ces différents niveaux
● “Guerre contre la maladie” : la
bataille est perdue si le patient ● On va étudier le biologique mais
meurt. aussi le psychologique et le
● Le médecin diagnostique et traite social.
au maximum les anomalies ● Prise en compte des intrications
complexes entre illness, sickness
observées au niveau biologique. et disease* qui sont différentes
● Tout écart à cette stratégie est vécu perceptions de la maladie
comme un échec ou un (on peut avoir les 3, avoir l’une
compromis. sans avoir les autres… →
constructivisme : on peut être
→ L’EBM est un concept selon lequel les malade selon un certain point de
vue mais sain selon un autre)
décisions de soins reposent sur
- les données acquises de la science → trop complexe à utiliser en pratique
- l'expertise du praticien clinique
- les préférences du patient.
L’EBM est compatible avec ce modèle Centré sur le patient (de Stewart)
car elle conduit surtout à orienter les → adapté à la pratique clinique
prises de décision vers les données issues ● accent sur la séparation illness /
disease / sickness
de la recherche réductionniste.
● comprendre le vécu, l’expérience
du patient afin que soignant et
patient puissent aboutir à un accord
commun sur la décision à prendre
*cf premier cours sur l’anthropologie de la santé

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II. Les 4 types de relations de soin

Ces 4 types de relations sont décrites dans l’article très cité d’Emanuel et Emanuel (JAMA, 1992).

Consumériste Interprétatif Délibératif Paternaliste

Objectif 1) Le soignant Aider le patient à Aider le patient à Décider, en tant


fournit au patient choisir la meilleure choisir la qu’expert des
toute l’information option pour sa meilleure option maladies, du
nécessaire santé pour sa santé meilleur traitement
2) le patient choisit biopsychosociale biologique pour la santé
3) le soignant biologique du
s’exécute patient

Obligations du - se maintenir - ne pas juger les - discuter des Placer l’intérêt du


soignant expert dans son valeurs du patient, aspects patient au-dessus
domaine aider à les biologiques de la de son propre
- fournir toutes les exprimer, à les maladie intérêt
connaissances qu’il articuler, et à faire - expliquer ⇒ parent
a sur le sujet ses propres choix pourquoi il doit
⇒ technicien dans un contexte choisir tel
médical traitement
- écouter, échanger, - éduquer,
interpréter informer,
⇒ conseiller convaincre
⇒ professeur

Conceptualisation Contrôle total sur Auto-compréhensi Empowerment Consentement


de l’autonomie du la décision on → forme de → certitude que
patient → part du principe → mieux se développement viendra tôt ou tard
que le patient connaitre et personnel du (“de tout façon, le
maitrise ses valeurs comprendre patient qui gagne patient sera
et ses préférences, comment les à mieux intégrer reconnaissant car
il suffit juste de lui différentes options sa santé il est venu me voir
fournir les faits médicales peuvent biologique à ses pour ça”)
médicaux pour influer sur sa santé valeurs
qu’il puisse faire ou son identité personnelles
son choix

Application donne toute seul domaine à dans le doute, va bienveillant mais


pratique l’information mais prendre en compte inciter la patiente ne laisse pas
d’une manière la situation à choisir l’option vraiment le choix à
assez froide particulière de la qui minimise les la patiente
patiente (divorce et risques pour sa
reprise du travail) santé biologique

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Ancrage et constructiviste constructiviste positiviste positiviste
modèle centré sur le patient centré sur le patient biomédical biomédical

Manquement aux ✕ devoir de ✕ devoir


principes éthiques bienveillance d’information
et légaux (CSP) ✕ la santé n’est _ _ ✕ pouvoir
pas un bien décisionnel du
marchand patient (loi
Kouchner)

5ème modèle : modèle instrumentaliste → utiliser le patient à des fins de recherche ou de rentabilité
commerciale. Aberration dont l’application est illégale.

En réalité, le choix est contextuel et n’est pas fixe.


● Le modèle paternaliste est adapté dans les situations d’urgence.
● Le modèle consumériste peut être adapté dans certaines situations bénignes, ou lorsqu’il n’y a
pas de suivi (walk-in).
● La plupart du temps, le soignant aura à choisir entre une attitude délibérative et une attitude
interprétative. Mais il devra parfois jongler entre les deux en fonction des patients et des
circonstances.

Ce choix est important, il dépend aussi de la personnalité du soignant.

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FICHE DE COURS : PRINCIPES COMMUNS AUX ADDICTIONS

Note : Dans ce cours (ainsi que dans d’autres), vous allez pouvoir récupérer les diapos du Dr
Franchitto. Même si vous avez écrit le cours à la main, ce qui est très faisable ici, selon moi il est
important d’avoir les diapos: les mots-clefs sont mis en évidence et la question de cours qui tombe est
en général très en rapport avec un titre de diapo. Connaître les titres, c’est souvent pouvoir trouver
exactement la partie de cours à ressortir.
Le risque en SSH est de s’égarer en faisant un mix du cours entier alors que souvent il n’y a à
ressortir qu’une ou deux pages sur 15. Il faut donc taper au bon endroit. En premier lieu s’assurer
d’avoir exactement compris ce qui est demandé avec le plus de mots clefs possible, en deuxième lieu
s’autoriser d’étoffer s'il reste du temps. Au niveau des questions, c’est une approche très cartésienne
et il ne faut pas faire l’erreur (fréquente ++) de croire que c’est une littérature libre où l’on peut
baratiner et s’en sortir.

I. Mécanismes de l’addiction

Définition d’une addiction (à connaître par cœur) : C’est l’impossibilité de contrôler un


comportement, à la recherche de plaisir et/ou afin d’éviter un malaise et ce malgré la connaissance
d’effets néfastes.

A) Classification des addictions

● Les addictions à un produit :


○ aux psycholeptiques : sédation, analgésie
→ opiacés, hypnotiques et sédatifs
○ aux psychoanaleptiques : excitation physique et psychique
→ stimulants majeurs (cocaïne et amphétamines)
→ stimulants mineurs (café, tabac)
○ aux psychodysleptiques : perturbations spatio-temporelles, hallucinations
→ cannabis et hallucinogènes

● Les addictions comportementales :


→ addiction au jeu, au sexe, au travail, au sport, cyber-addiction, achats compulsifs et
troubles des conduites alimentaires

Ici le but c’est de commencer par les gros titres et d’affiner au fur et à mesure de sorte que si on vous
demande de relater les différents types d’addictions vous soyez capable de dire: 1) qu’il y en a aux
produits et comportementales 2) que parmi celles là il y a... 3) Que parmi les psychoanaleptiques il y
a... Ça risque de coûter plus cher niveau points si vous oubliez un des deux types d’addictions que si
vous oubliez que le cannabis est un psychodysleptique (mais il faut le savoir quand même bien sûr !).

B) Installation de l’addiction

a) Le circuit de la récompense

● La consommation d’un produit addictif* va activer le circuit de la récompense. La


consommation (ou réalisation d’un comportement) va procurer du plaisir, ce qui va inciter à
recommencer, ce qui va à nouveau provoquer du plaisir, etc. Le cerveau va ainsi être
conditionné à réitérer l’expérience encore et encore.
→ On ne peut être addict qu’à quelque chose qui nous procure du plaisir.
→ Importance de la première expérience : si elle est agréable, on va être encouragé à la
répéter.
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● Plusieurs régions du cerveau sont impliquées dans l’addiction :
Aire tegmentale ventrale (VTA) (désir) : transmet le message aux autres zones
→ amygdale, hippocampe : mémorisation des émotions et donc apprentissage
→ noyau accumbens : composante affective de la récompense, plaisir-déplaisir
→ cortex préfrontal : contrôle des mouvements, initiation ou inhibition de l’action
○ patients “frontaux” : l’addiction (alcool+++) a entraîné des troubles du
comportement en endommageant cette zone

b) Evolution vers l’addiction

● Phase de toxicologie : première expérience puis éventuellement consommation régulière. On


peut avoir durant cette phase un arrêt de la consommation ou une poursuite à des doses
croissantes.
● Phase d’addictologie : préoccupation pour la substance, on ne consomme plus par plaisir
mais par besoin irrépressible pour calmer une tension interne

L’addiction est due à la mise en place progressive de récepteurs au niveau du cerveau.


● s’effectue en au moins 1 an. (on ne devient pas addict en 1 seule fois)
● Il faudra que les récepteurs soient toujours occupés par la substance pour que le sujet soit
dans un état de confort. → Le cerveau ne va pas pouvoir se passer de la substance
● L’addiction n’est pas un vice, c’est une pathologie avec un substrat cérébral.

tolérance : nécessité d’augmenter les doses pour obtenir un effet comparable à l’effet initial
sevrage : ensemble des symptômes observés à l’arrêt de la consommation du produit
craving : désir compulsif de consommer le produit

*ou réalisation d’un comportement addictif : tout ce qu’on dit ici s’applique aussi aux addictions
comportementales (sauf peut-être les histoires de substitutions, bien entendu)

c) cycle addictif et principe de la substitution

Le cycle addictif
prise → pic d’euphorie → confort → manque → nouvelle prise…

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Plus on a une courbe marquée, plus la substance est addictive.
● En effet, plus le plaisir est immédiat, plus la descente est rapide, plus l’individu aura envie de
recommencer, encore et encore.
● ex : nicotine, cocaïne…

Quand on peut, on substitue pour rester dans la zone de confort et éviter :


● les symptômes de manque qui peuvent entraîner une rechute
● un surdosage aux conséquences néfastes sur l’organisme.

Dans le cas du tabac, on va souvent associer :


- le patch → délivre en continu une quantité constante de nicotine
- la gomme → prise en cas de craving, provoque une très légère euphorie

C) Facteurs de vulnérabilité

L'addiction n’est pas systématique mais multifactorielle. Elle repose sur un trépied
Produit-Individu-Environnement.
→ Nécessité d’aborder le patient dans sa globalité en prenant en compte ses facteurs de
vulnérabilité :

• Individuels :
⚬ Psychiatriques : troubles de la personnalité (impulsivité, indifférence affective), troubles de
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l’humeur (dépression, anxiété)
⚬ Psychologiques : tempérament (faible estime de soi, difficulté à gérer le stress, faible
évitement du danger)
⚬ Génétique = pré-dispositions (influe sur la biologie et notamment le métabolisme des toxines)

• Liés à l’environnement :
⚬ Facteurs familiaux : permissivité vis-à-vis du produit voire consommation au sein de la
famille, fonctionnement familial (troubles dans le couple, manque de communication
parents-enfant)
⚬ Facteurs sociaux : âge, genre, groupe social, expositions…
⚬ Facteurs culturels : permissivité de la société vis-à-vis du produit
⚬ Rôle des pairs : si les amis consomment du cannabis, il est probable que cela incite l’individu
à en consommer aussi (++ chez les jeunes)
⚬ Précocité des consommations : + on commence tôt, + l’addiction est sévère (car le cerveau
n’est mature qu’aux alentours de 18-20 ans)

• Liés au produit :
⚬ Pouvoir addictogène : plus le produit crée un effet euphorisant rapide, plus il va diminuer
vite, et plus cette substance aura un pouvoir addictogène élevé car la sensation de manque
s’installera rapidement. (cf cycle addictif) Certaines substances sont donc plus addictives que


d’autres.
Certaines molécules entrainent une dépendance plus facilement (Entre 70 et 80% des
fumeurs vont devenir addicts, ce pourcentage est beaucoup plus faible pour l’alcool et

◾ encore moins pour le cannabis.)


ou induisent une dépendance plus forte (héroïne, crack…)
Le pouvoir addictogène existe aussi pour les addictions comportementales. (ex : les jeux vidéos
d’avant étaient lents avec un graphisme médiocre donc on avait moins de plaisir à y jouer ce
qui les rendaient très peu addictifs… ce qui a changé depuis (idem pour les nouvelles
technologies.))
⚬ Complications (ex : si vous vous retrouvez à faire un coma éthylique la première fois que vous
buvez à une soirée, ça ne va pas vous donner envie de recommencer)
⚬ Statut social du produit : influenceurs qui lancent des modes et font paraitre cool certains
produits (protoxyde d’azote) ce qui incite les jeunes à en consommer, influence des packagings
(nourriture) qui mettent en valeur le produit et ciblent certaines catégories de la population,
publicités (technologies)…

II. Addictologie

A) Intérêt de l’addictologie

⇒ L’addictologie est une approche globale médico-psycho-sociale centrée sur le patient et


non-spécifique au produit avec prise en compte de l’environnement, de l’étayage psycho-social et
des comorbidités somatiques et psychiques.

L’addiction nécessite une prise en charge pluridisciplinaire. Elle implique des professionnels du :
● médical : psychiatres et somaticiens (MG, gastro, neuro…)
○ DESC d’addictologie ou capacité
● paramédical : IDE, psychologues, éducateurs…
● mais aussi du social car elle touche particulièrement une population précaire et désociabilisée
○ DU d’addictologie

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B) Evaluation d’une addiction

a) connaître les produits et leurs recommandations


● Pour l’alcool


○ on parle d’unité standart (un verre standard = 10g d’alcool pur)
“un verre d’alcool”, ça ne veut rien dire : la quantité dépend de la taille du
verre, du type d’alcool...
○ recommandations : pas plus de 10 verres/semaine et pas plus de 2 verres/jour avec
des jours sans consommation pour éviter l’habituation du cerveau
● Pour le cannabis


○ shit, huile, herbe, skunk …


quantités de THC varient +++ selon la forme (maximales pour le skunk)
plus il y a de THC, plus les dommages somatiques et sociaux sont importants
○ cannabinoïdes de synthèse (K2, spice) : herbe commune sur laquelle on a pulvérisé
du cannabis de synthèse avec un taux de THC très élevé (→ complications sévères)
○ E-liquides

b) dresser l’historique de la consommation

● date de début (plus elle est précoce, plus c’est grave car le cerveau est encore en maturation)
● nature des produits (il est rare qu’il n’y en ait qu’un seul)
● quantité maximale quotidienne
● voies d’administration
● antécédents de surdosage, de pathologies graves liées à la consommation
● sevrages antérieurs et raison de leurs échecs.

c) évaluation de la demande

● éliminer l’urgence : syndrome de manque, complication somatique aiguë...


● évaluer l’origine de la demande : personnelle ? pression de l’entourage ? injonction de soins ?
→ la motivation du patient ne sera pas la même selon le cas de figure

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C) Étapes de la consultation

● La consultation recherche des facteurs de gravité :


- repli au domicile
- diminution des relations sociales (arrêts de travail, consommation en solitaire…)
- chute des résultats scolaires
- tristesse et agressivité

● Les comorbidités :
- Autres substances/codépendances éventuelles : alcool, BZD, tabac, cocaïne,
amphétamines, cannabis... → fréquentes +++
- Autres comorbidités psychiatriques : troubles de l'humeur, troubles anxieux,
tendances suicidaires, troubles psychotiques (schizophrénie...), troubles de la
personnalité (antisociale, trouble borderline…)
- interactions entre l’addiction et ses comorbidités (ex : alcool ↔ dépression)
effets amplificateurs → difficile de déterminer quelle pathologie a causé l’autre

● Les complications somatiques :


- overdose
- infectieuses (VIH, hépatites, abcès, endocardite, IST...)
→ échange de seringues
→ rapports sexuels non-protégés (désinhibition provoquée par certaines drogues)
- nutritionnelles (dénutrition, cachexie)
- cardiovasculaires (HTA, tachycardie...)
- dermatologiques (prurit, granulome à corps étranger...)
- neurologiques (AVC, crises convulsives...)
- gynéco-obstétricales (prématurité, a- ou dysménorrhée, RCIU, MFIU, prématurité,
syndrome de sevrage du nouveau-né...)

● Examen clinique :
○ état général et nutritionnel, recherche d’adénopathies
○ examen bucco-dentaire
○ examen cutané/veineux
○ examen cardio-pulmonaire
○ examen neurologique
○ examen de l’appareil digestif

● Bilan biologique :
○ statut sérologique (VIH, VHB, VHC, CMV, syphilis...)
○ bilan infectieux (ECBU, hémocultures)
○ bilan hépatique complet
○ NFS, VS, ionogramme sanguin
○ screening toxicologique sanguin et urinaire
→ savoir si des drogues ont été ajoutées à l’insu du patient
→ identifier les nouvelles molécules de synthèse
○ ECG (attention au QT long)
○ cliché du thorax +/- IDR
○ au moindre doute : scanner cérébral

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● Contrat de soins :
Définit une stratégie commune patient-médecin en employant un discours clair, explicite, adapté
au patient qui porte sur :
○ le choix de la stratégie thérapeutique (sevrage ou substitution)
○ la nécessité de respecter le climat de confiance avec le médecin et l’équipe soignante
⇒ mise en place de l'alliance thérapeutique

● Évaluation sociale :
○ statut social et judiciaire (jeunes qui dealent ou volent pour payer leurs doses)
○ qualité des liens familiaux et affectifs
○ couverture sociale
○ logement (maison, squat ?)
○ dernier emploi occupé (possibilité d’arrêt de travail si le patient est en burn-out, la
conso peut aussi poser des problèmes dans son travail)
○ niveau éducationnel

Synthèse

Caractéristiques de l’addiction en 5C :
➢ Perte de Contrôle
➢ Craving
➢ Compulsion
➢ Continuer l’usage
➢ Conséquences néfastes

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​ FICHE DE COURS : LE NORMAL ET LE PATHOLOGIQUE

⚠ Dans ce cours il est très tentant de donner son avis et de partir dans un débat sans fin en oubliant
le sujet, ce n'est pas une disserte de philosophie !! L'important est de bien comprendre car gare aux
contresens, mais sans s'égarer ⚠

C'est le titre du livre de Georges Canguilhem* paru en 1966 et le sujet de sa thèse. Canguilhem
(1904-1995), philosophe épidémiologiste et docteur en médecine, combat l'idée que le normal c'est la
santé et l'anormal le pathologique et remet l'humain au centre du sujet.
*retenez bien le prénom et le nom parce que le Pr Delpla veut les deux dans les copies à l'examen

Définitions/Introduction :
La norme vient du latin norma (= équerre) et normalis (= droit, réglementaire, perpendiculaire). C’est
donc ce qui est conforme à la règle.

Le normal peut avoir deux sens :


1. ce qui est conforme à une moyenne, à une approche statistique. Le normal c'est aussi ce qui
est ordinaire, habituel → opposé d’exceptionnel.
➢ Donc, à première vue, quelqu'un de normal est dans la moyenne statistique, quelqu'un
d'anormal ne l'est pas. (Controverse : Si je fais deux mètres, je ne suis pas dans la
moyenne pourtant je ne suis pas anormal).
2. Ce qui ne présente aucun trouble pathologique. Pour le dictionnaire, “normal” et
“pathologique” sont antonymes. Mais dans la réalité c’est beaucoup plus compliqué que ça.

Sauf que :
● La santé n’est pas une normalité comme les autres : il existe des aléas/anomalies de santé qui
ne sont pas des anormalités.
● La norme est fonction de la culture et du temps, donc elle est relative et fluctuante. La
norme est non figée dans le temps, ni dans le contexte.

Canguilhem aboutira à la conclusion que le vivant est de nature à générer ses propres normes, à
définir lui-même ce qui est pathologique et qui ne l’est pas (il possède un pouvoir normatif). C'est le
concept de normativité biologique.

Normativité = capacité d’obtenir des normes / bios = vivant

I. La maladie selon G. Canguilhem

A) Histoire des concepts

Canguilhem, avant de définir sa thèse, va partir de l'existant. Il existe traditionnellement deux grandes
visions de la maladie. Ces deux doctrines sont toutes deux exactes, insuffisantes et complémentaires.

Doctrine Ontologique Fonctionnelle


ontos = l’être

Cause de la Être autre que le sujet lui même Dysfonctionnement d’un mécanisme
maladie - en plus : contamination (virus, de l’organisme (diabète)
bactérie, parasite) La maladie naît d’une déviance aux
- en moins : carence normes physiologiques de l’organisme.
(avitaminoses, scorbut) (du coup faut des bases en physio)

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La maladie est étrangère et extérieure
à l'homme, elle aura son génie propre qui
évoluera indépendamment du malade.

Evolution du L'homme sain, normal devient l'homme Continuum entre normal et


normal au malade, anormal. Le malade change pathologique : le sujet ne passe pas de
pathologique d’état, il devient étranger à lui-même sain à malade en une fois, mais un
(processus d’aliénation). dysfonctionnement permet le passage de
alien = étranger la normalité à une anormalité
physiologique de façon progressive.
C'est la dynamique de l'altérité (le De la même façon, le sujet malade peut
caractère de ce qui est autre) : il y a une redevenir sain.
différence qualitative de nature/état
entre la personne saine et la personne L'altération ici est quantitative, s'inscrit
malade. dans le temps et dans la durée.

Histoire et Entité morbide (Hippocrate) Théorie des humeurs d'Hippocrate :


applications Dualisme cartésien (Descartes) : Santé = équilibre des quatre humeurs
conception dualiste entre le corps et Maladie = rupture d'équilibre
l’esprit → le corps est une espèce de Broussais → inflammation/réaction
machine opposée à l'esprit (au sens (ex: formes graves du covid dues plus à
spirituel du terme, c-a-d l'âme). l’inflammation qu’au virus lui-même)
Microbiologie (Pasteur) : XIXe siècle Claude Bernard (XIXe) → homéostasie,
→ hygiénisme et vaccins harmonie du milieu intérieur (inspiré par
le relativisme d’Auguste Comte)

Manière On est sur une médecine des lésions et On est sur une médecine des réactions et
d’étudier la des espèces. de la mesure (quantitative).
maladie Approche organiciste et classifiante :
Les classifications naturalistes des L’atteinte est d’abord fonctionnelle et
espèces (Linné, Buffon) vont inspirer les ensuite organique.
classifications des maladies (nosologie,
nosographie).
Méthode anatomo-clinique : maladie ↔
lésion
L’atteinte est d’abord organique et
ensuite fonctionnelle.

Intérêt pour espace (nature du corps : sain ou temps (évolution, altération graduelle)
malade, altérité)

Ces deux théories admettent des limites :

● Si, comme le dit la doctrine fonctionnelle, on a un continuum entre normal et pathologique, à


partir de quand tombe-t-on dans le pathologique ? Où est la limite ? Qui la fixe ? Quand est-ce
qu’on tombe malade ?
● Et contrairement à ce que stipule la doctrine ontologique, être malade, c’est quelque part normal.
Après tout, tout le monde est malade à un moment dans sa vie : il serait anormal de ne jamais
l’être. La pathologie n'est donc pas synonyme d'anormalité, mais de quoi est-ce le synonyme
alors ?

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B) La normativité biologique de Canguilhem (Partie centrale du cours !!!)

● La Santé et la Maladie sont deux pôles d'un même équilibre vital.


○ Il est aussi “normal” d’être malade que d’être sain, les deux font partie de la vie.
○ Le pathologique n’est pas le contraire logique de normal mais le contraire vital de sain.

● La vie génère une activité normative (normativité biologique) pour maintenir son équilibre
dans un environnement changeant (cf chapitre de physio sur l’homéostasie)
✴ La maladie = déséquilibre subjectif par rapport au milieu, autrement dit par rapport aux
normes fixées par la vie : la maladie défie le vivant, le menace
→ jugement de valeur (valere) : le malade se sent malade, il perçoit ce déséquilibre qui le
menace, la santé étant par opposition « la vie dans le silence des organes » (LERICHE). C’est
cette prise de conscience qui fait qu’on bascule dans la maladie.
=> Comme ce sont les interactions avec le milieu ambiant qui génèrent les normes biologiques et le
sentiment d'être anormal, on ne peut pas séparer la maladie et la santé de l’individu du milieu dans
lequel celui-ci évolue.

● Anormal (sentiment) ≠ anomalie (variation individuelle) ≠ “maladie objective”


→ la santé et la maladie sont subjectives (ex : on peut se sentir bien en étant malade, se sentir en
mauvaise santé alors qu’on n’est pas malade)

● La maladie est une catastrophe individuelle mais pas une vulnérabilité. Une fois que le sujet
aura pris conscience de sa maladie, il va pouvoir gérer sa pathologie et créer de nouvelle
normes pour rééquilibrer et revenir à la santé (normativité).
○ importance éducation thérapeutique (ex : apprendre à se faire des piqûres d’insuline)
Puisque la vie nous donne un pouvoir normatif, le malade continue à vivre, selon ses
nouvelles normes avec sa pathologie.

● Représentations différentes entre le malade et le médecin… or, la compréhension est


nécessaire pour le soin
→ nécessité de comprendre le point de vue du malade
→ et pour cela, il faut un dialogue médecin-patient (importance des associations d’usagers)
→ pour lui expliquer sa maladie et lui permettre de comprendre le point de vue du médecin
=> alliance thérapeutique : “objectiver la maladie en respectant la subjectivité”
(ex : HTA)

C) Les deux écueils de la médecine moderne

Le réductionnisme biologique du progrès technique (EBM, approche cartésienne) : L’EBM permet de


conclure qu’il y a telle anomalie à tel endroit mais pas de définir véritablement la maladie, ni
d’accompagner l’individu. Du fait des progrès de la science, les spécialités pointues se multiplient. La
singularité et la complexité des individus sont perdues de vue. On ne regarde plus le sujet dans sa
globalité. Il faut toujours garder dans l’esprit qu’on ne soigne pas une maladie mais une personne.
(ex: Alzheimer : toujours se demander comment le patient utilise sa mémoire : est-ce qu'il lit
beaucoup ? est-ce qu’il ne lit pas ?)

L’impérialisme socio-économique de la santé publique


Il faut bien entendu prévoir et réguler les dépenses de santé et pour ça il faut créer des normes, mettre
en place des politiques de santé publique, penser à l’aspect économique… Mais si on se contente de
soigner des populations et de décider pour des groupes, on risque d’oublier l’individu au milieu de

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cela.

Solution → Ne pas perdre de vue l'humain qui fait la beauté du métier de médecin. “Science sans
conscience n’est que ruine de l’âme” Rabelais

II. La santé mentale

A) Existence d'une norme (neuro)psychique ?

● Traditionnellement, idée d’un psychisme immatériel (Bergson), distinct du reste du corps


(“Mens sana in corpore sano” de Juvénal, dualisme cartésien), spirituel, évanescent…
● Mais en fait, on est obligé d’avoir une approche organique qui considère que le psychisme
est simplement le produit du cerveau.

→ Il est nécessaire de fixer une norme neuropsychique pour pouvoir dire si la personne est dans la
pathologie, s’il y a un retard mental ou pas.

→ Il faut aussi savoir mesurer le psychisme et pour cela, deux approches :


● l’approche psychométrique (Binet et Simon) : QI, âge mental (Piaget)
○ permet de mesurer le retard intellectuel
○ limites : variabilité individuelle, âge, niveau culturel…
⚠ l’intelligence est multi-composite, pas unidimensionnelle
● Bilans neuro-psychologiques des fonctions corticales supérieures
○ Permet de mesurer :
- Défauts et retards d’acquisition : pathologies neuro-développementales
(arriérations mentales, autisme infantile ou troubles envahissants du
développement)
- Détériorations cérébrales organiques : pathologies neuro-dégénératives (DTA,
DFT, maladies de Pick, à corps de Lewy…)
- Troubles anxieux, de l’humeur (dépressions) et fonctionnels... (échelles)

⚠ Il est utile de quantifier mais il faut le faire en prenant conscience des limites de cette
méthode qui est artificielle et peut être insuffisante et réductrice. Que ce soit réducteur n’est
pas un problème en soit mais cela veut dire qu’il faut la ramener à un contexte, à un malade
donné. (ex : l’échelle d’une dépression permet de mesurer et d’aider à évaluer mais le chiffre
seul ne veut rien dire : c’est la clinique, le profil, l’histoire du sujet qui permet de conclure)
⇒ Ces outils de mesure ne sont pertinents qu’en tant qu’outils diagnostiques intégrés à une
évaluation globale.

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B) La maladie mentale
● La « folie » et ses ambiguïtés sociétales : La maladie mentale est reconnue depuis peu, on ne
savait pas encore que le “fou” était malade
- irresponsabilité pénale : Furiosi (Droit Romain : un “fou” qui violait la loi était mis à
l’écart sans punition), dementia (démence de l’art.64 du CP), insania (insane)
- fascination : les philosophes associent la folie au génie (créativité et anti-conformisme)
(Platon, Erasme “L’éloge de la folie”)
- mais exclusion (M.Foucault et « le grand enfermement »)

● Les aliénés et la psychiatrie asilaire (fin XVIIIe-déb XIXe) :


- Pinel enlève les chaînes des aliénés du Kremlin-Bicêtre. On va à partir de là les étudier,
les considérer comme malades (traitement moral humaniste des aliénés).
- Esquirol : à l’origine de la loi de 1838 sur l’internement en asile.
- la psychiatrie nait donc fin XVIIIe-déb XIXe (même si ne porte pas encore son nom)

● Les apports de la psychanalyse (XIXe-XXe)


- Importance de l’inconscient et des interactions précoces dans le développement des
instances psychiques de l’individu (seconde topique freudienne) : « ça » (pulsionnel), «
moi » (pôle défensif), « surmoi » (interdits)
- Freud, Young, Lacan
- Psychoses, Névroses et Perversions
- prise en compte de la souffrance psychique → le regard change

● Révolution de l’approche de la maladie mentale


- Neuro-biologie
- années 1930 : sismothérapie
- années 1950-1960 : psycho-pharmacologie (apparition des grands médicaments
psychotropes : antidépresseurs, neuroleptiques…)

Approches actuelles
● approche actuarielle : classification des maladies : DSM (AAP) et CIM (OMS)
○ doctrine ontologique
○ ⚠ aux visions catégorielles et donc stigmatisantes de la nosographie psychiatrique
● courant psycho-pathologique : subjectivité de la souffrance psychique et de la demande
d’aide ou de soins « psy » (s’il y a souffrance, le malade doit être écouté et aidé) :
○ doctrine fonctionnelle
→ comme il y a un continuum, il n’y a pas de distinction claire sain-malade : pas
forcément besoin de poser un diagnostic pour écouter et prendre en charge

C) Synthèse : Du pathologique au normal

Différents types de maladies mentales : (du plus pathologique au moins pathologique)


● Maladies mentales vraies ou caractérisées :
- les psychoses (infantiles, schizophrénie, paranoïa, PHC…) et leurs manifestations
délirantes ou hallucinatoires (anosognosie/déni)
○ anosognosie : la gravité de leur pathologie leur empêche d’avoir conscience de
leur trouble (pensent que leurs hallucinations sont réelles, angoissent)
○ parfois nécessité de soigner sans consentement pour pouvoir ramener le malade
à la réalité → hospitalisations/soins à la demande d’un tiers ou d’un représentant
de l'État
- les troubles « bipolaires » (PMD) et les « épisodes dépressifs majeurs » (≠ état
dépressif passager)

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→ traitement médicamenteux le plus souvent nécessaire

● Les troubles structurels et dysharmonies évolutives de la personnalité (états limites,


psychopathies...), les troubles des conduites (appétence pour les toxiques, comportements
antisociaux et violents, instabilité socio-professionnelle et affective...) et du caractère

● Les névroses plus ou moins structurées et leurs décompensations (états anxio-dépressifs,


souffrance psychique et désadaptation sociale...)

● Il existe également des désordres +/- durables de l’équilibre psychique :


✴ les évènements déstabilisants ou stressants (traumatismes, deuils, difficultés
professionnelles et/ou affectives...) peuvent nous affecter plus ou moins en fonction de
notre vulnérabilité individuelle


↪ décompensations plus ou moins graves avec ou sans demande exprimée de soins
(automédication avec des produits licites ou illicites, marginalisation, syndrome
de « burn-out », risque suicidaire...)
- Il est possible pour tout le monde de connaître de la souffrance psychique dans des
circonstances difficiles → le sujet ne peut donc PAS être pris hors du contexte !
- Cela est plus socialement accepté qu'avant, MAIS...

D) Problème de société et normalité relative

Rôle important de l'environnement dans le développement de la maladie mentale : dimension


ethno-anthropologique civilisationnelle impliquant le lien social et la communication.

Dans notre société, le malade mental a conservé une certaine image, celle du fou dangereux. On a
peur de la maladie mentale, ce qui fait qu’on porte un regard stigmatisant sur ceux qui dévient de la
norme mentale. “Le normal désigne ce qui est souhaitable par le groupe, le pathologique, ce qui ne
l’est pas.” (Duyckaerts) Cette crainte du regard des autres et de cette sanction collective entraine chez
ceux qui souffrent d’un trouble psychique des difficultés voire un refus d’identification.

Mais cette image de fou dangereux ne vient pas de nulle part : quand le malade n’est pas soigné, c’est
difficile et il peut devenir dangereux pour lui-même voire les autres.

A côté de ça, nous banalisons les conduites suicidaires et nous préférons ignorer que prévenir et
soigner → insuffisance de la politique de santé mentale.
Or, ce sont des pathologies ! On devrait justement avoir une politique de prévention et de dépistage,
une reconnaissance, un accompagnement et une prise en charge.
On considère la maladie mentale comme anormale… Mais nous devons tolérer le malade mental et
accepter le fait que tout le monde peut décompenser.

⇒ Nécessité éventuelle de normes, mais de normes qui permettent l'autonomie et l'intégration au


milieu. Respect de l'altérité, empathie, tolérance, acceptation de l'autre.
« Deviens ce que tu es »* (Nietzsche) au milieu des autres.

*le psychisme est une construction (jusqu’à la maladie d'Alzheimer où on a une déconstruction)

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FICHE DE COURS : LE DROIT À LA PROTECTION DE LA SANTÉ

Introduction :
⁃ La notion de besoin de santé constitue le point de départ de la réflexion sur le droit à la
protection de la santé.
- La fragilité des malades va amener à une relation de dépendance vis-à-vis de leur santé.
- Besoin :
● Besoin ≠ droit = hiérarchie des besoins de santé donnant des droits.
● Expression du besoin, de la demande, dépend de plusieurs facteurs (surtout
l’offre, lieu)
● Besoin différent de demande.
● Primauté du besoin de santé ( vie = premier bien , premier droit, droit à
l'intégrité physique)
● Fragilité, vulnérabilité, précarité = besoin d’autrui = interdépendance =
solidarité

Inscrit dans le CSP : droit fondamental à la protection de la santé mis en œuvre par tous les moyens
possibles au bénéfice de toute personne = principe premier et universel.
Tous les acteurs de la santé contribuent à développer la prévention , garantir l'accès de chaque
personne à ses besoins, et assurer la continuité des soins et la meilleure sécurité sanitaire possible.

1. Affirmation du droit à la protection de la santé

A) Textes de référence

- Sources internationales et européennes:


● Constitution de l'OMS, 1946 : possession du meilleur état de santé = droit fondamental.
● Charte des droits fondamentaux de l'UE : toute personne a un droit d'accès à la
prévention et aux soins médicaux dans les conditions établies par les législations et
pratiques nationales.

- Sources nationales :
● Bloc de constitutionnalité (préambule de la constitution de 1946) : Nation => garantir à
tous la protection de la santé.
● Art. législatif du CSP (loi du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité
du SDS (et non jeune P1 ce n'est pas le saint des seins …) = système de santé, dite loi
Kouchner) : droit fondamental à la protection de la santé mis en œuvre par tous les
moyens possibles au bénéfice de toute personne.

B) Analyse de ces lois

- Fondements :
● Dignité de la personne humaine.
● Corollaire du droit à la vie (continuum entre vie et santé qui sont indissociables)

- Contenu : accessibilité culturelle, géographique, financière à des soins de qualité et à la


prévention.
- Dimensions : prévention, qualité optimale.
- Caractéristiques : droit relatif, contingent (dépend de l’environnement, des ressources, des

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connaissances et des capacités de l’offre de soins) et limité. Attention, il n’est pas absolu.
- Droit créance : crée des obligations, droit à (économiques, sociaux, culturels) ≠ droits de
(civiques, politiques)

2. Les obligations dérivées du droit

A) Obligations des patients eux-mêmes

Il n’y a pas de droits sans devoirs donc pas de droits sans responsabilités :
● Responsabilité personnelle vis à vis de sa propre identité: l’homme a pour vocation
l’épanouissement et l’accomplissement personnel.
● Il se doit de préserver son capital santé, c’est une obligation morale:
- Mode de vie: éviter les comportements à risque et favoriser ceux qui sont bénéfiques pour la
santé
- Prévention
- Alliance thérapeutique, information et participation à l'observance
Responsabilité à l’égard d’autrui, de la société toute entière → obligation de
citoyenneté

● Responsabilité des parents par rapport aux enfants mineurs (obligation juridique).
● Apprentissage de la résilience
- charte d’Otawa de l’OMS : “acquisition d’aptitudes individuelles”
- Il est crucial de permettre aux gens d’apprendre à faire face à tous les stades de
leur vie et à se préparer à affronter les traumatismes et les maladies chroniques.

B) Missions des professionnels de la santé

Les articles:
- Art. du CSP (valeur législative) : les professionnels contribuent à développer avec les
usagers : prévention, égal accès, continuité des soins et meilleure sécurité sanitaire possible.
- CSP (valeur législative) : droit des patients : soins appropriés, dont efficacité reconnue,
meilleure sécurité sanitaire. Remarque : rapport bénéfice/risque, pas d'obstination
déraisonnable.
- Code de la déontologie médicale (valeur réglementaire) : Le médecin doit assurer des soins
consciencieux, dévoués et fondés sur les données acquises de la science.
- Code de la déontologie médicale (valeur réglementaire) : ne pas faire courir au patient de
risques inutiles.

Les missions:
● équité (besoins égaux = traitements égaux)
● alliance thérapeutique, continuité des soins.
● sécurité sanitaire ; « primum non nocere »
● obligation de moyens (cas particulier : fin de vie, cf loi Leonetti du 22 avril 2005 ;
limites aux moyens, pas d’obstination déraisonnable)
● traitement expérimenté, approprié et conforme aux données actuelles
C) Mission des pouvoirs publics

⁃ Objectifs :
● SP :
- traité instituant la communauté européenne : politiques et actions de la communauté => niveau

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élevé de protection de la santé
- convention du conseil de l'Europe : mesures appropriées pour assurer égal accès aux soins , et
soins de qualité appropriée.

● Économique : les 3 « E » : Efficacité – Équité – Efficience (majoritairement non


convergents)
- Objectifs pluriannuels, conception d'objectifs et plans, actions et programmes relèvent de la
responsabilité de l'Etat.

⁃ Interventions de l'État :
● expertise.
● décisions : normes / pouvoir de police sanitaire.
● gestion.
● politique de santé : promotion de conditions de vie favorables à la santé, surveillance et
observation de l’état de santé populationnel, identification des déterminants, promotion
de la santé, prévention individuelle et collective, organisation du parcours de santé,
information et participation de la population, prise en charge collective des
conséquences financières et sociales de maladies, accident, handicap, formation,
recherche ...

⁃ Définition et mise en œuvre d'une politique de sécurité sociale :


● objectifs : accessibilité financière, physique, à l’information, optimisation des
ressources de la solidarité, non discrimination, acceptabilité, qualité maximale pour
tous.
● principes : couverture sociale dépend de : caractéristiques de l'assuré, risques, affection,
durée, coût...
● contraintes : rareté des ressources ! => maîtrise des dépenses !

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QCM : LE DROIT À LA PROTECTION DE LA SANTÉ
Ce cours était auparavant dispensé en Santé Publique donc nous avons préféré laisser les QCM sur
ce chapitre au cas où il repasserait en SP cette année.

QCM 1 : Concernant le droit à la protection de la santé :


A. Selon l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), « toute personne a le droit d'accéder à la
prévention en matière de santé et de bénéficier de soins médicaux dans les conditions établies par les
législations et pratiques nationales ».
B. Le fondement de ce droit à la santé est la dignité de la personne humaine (tous les hommes sans
distinction ni discrimination) ainsi que le corollaire du droit à la vie (continuum entre santé et vie).
C. Selon le bloc de constitutionnalité, le droit à la protection de la santé doit être mis en œuvre par
tous les moyens disponibles au bénéfice de toute personne.
D. Les professionnels de santé contribuent à garantir ce droit à la santé et ainsi « les actes de
prévention, d'investigation ou de soins ne doivent pas, en l'état des connaissances médicales, faire
courir des risques disproportionnés par rapport aux bénéfices escomptés ».
E. Les objectifs de la politique de sécurité sociale sont l'accessibilité financière et l'optimisation des
ressources de la solidarité.

QCM 2 : Concernant le droit à la protection :


A. La loi Kouchner du 4 mars 2002 définit les droits des malades et la qualité du système de santé.
B. Le système de santé est divisé en 3 parties: les malades, les financiers (protection sociale) et l'offre
assurée uniquement par les professionnels de santé.
C. Ce droit fondamental est un droit relatif, contingent et limité.
D. « Primum non nocere » (avant tout ne pas nuire) résume la sécurité sanitaire, qui est une des
missions des professionnels de la santé.
E. Une obligation de moyens, d'alliance thérapeutique et d'équité est instaurée dans ces lois.

QCM 3 : À propos du droit à la protection de la santé en France :


A. La sécurité sanitaire a été évoquée il y a bien longtemps par Hippocrate via le principe de
« primum non nocere ».
B. La fin de vie est un cas particulier qui a été codifié par la loi de Leonetti de 2005.
C. Les missions des pouvoirs publics ont 3 buts en matière d'économie (« les 3 E ») : l'Efficacité,
l'Equité et l'Efficience.
D. Les parents ont une obligation morale de préserver la santé de leurs enfants mineurs.
E. La couverture sociale est la même pour tous, quelle que soit la durée, l'affection ou le coût du
traitement par exemple.

QCM 4 : Concernant le droit à la protection sociale et la mission des professionnels de santé :


A. Les actes de prévention, d'investigation et de soins ne doivent faire prendre aucun risque au patient.
B. La condamnation de « l’obstination déraisonnable » traduit le fait que tout acte médical doit avant
tout ne pas nuire.
C. Le code de déontologie médicale stipule que, dès lors qu'il a accepté de répondre à une demande, le
médecin doit assurer des soins consciencieux, dévoués, et fondés sur les données acquises de la
science.
D. Le modèle de l'alliance thérapeutique admet que l'information relative à l'acte médical précède le
consentement et la décision.
E. Les moyens utilisés doivent obligatoirement être expérimentés, validés mais aussi personnalisés,
appropriés, respecter le principe de proportionnalité et être conformes aux données acquises de la
science.

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QCM 5 : À propos du droit à la protection de la santé :
A. Il s'agit d'une notion de besoin de santé universel et récurrent car les hommes sont fragiles et
dépendants.
B. La politique de la sécurité sociale a pour principes d'assurer une couverture différenciée selon des
priorités en fonction des caractéristiques des assurés et de la nature des risques, de l'affection, de la
durée et du coût du traitement.
C. Il est nécessaire que l'accessibilité géographique, financière et culturelle à des soins de qualité et à
la prévention soit mise en place et soit respectée.
D. Le droit à la protection sociale repose sur le fait que les hommes sont fragiles et que tous leurs
besoins nécessitent des demandes.
E. L'État intervient bien sûr dans ce droit à la protection de la santé sous forme d'expertise avec
l'ANSM, de décision et de gestion avec les ressources humaines.

QCM 6 : À propos du droit à la protection sociale :


A. Il faut assurer une accessibilité géographique, financière et culturelle à des soins de qualité et à la
prévention.
B. Les patients sont responsables de leur propre santé et doivent préserver leur capital santé par un
mode de vie adapté, la prévention et l'alliance thérapeutique.
C. Il existe une alliance thérapeutique entre médecin et patient. Ainsi, le médecin se doit d'informer
son patient qui pourra participer à la discussion quant au processus de soin, mais la décision finale
sera prise uniquement par le médecin.
D. L'équité signifie que tout malade quel qu'il soit, et quelle que soit sa maladie, aura droit à recevoir
les mêmes soins.
E. La loi Kouchner de Mars 2002 est relative aux droits des malades et à la qualité du système de
santé.

QCM 7 : À propos du droit à la protection sociale :


A. Le traitement doit être aux normes des données actuelles de la science et respecter un bon rapport
bénéfice/risque.
B. L'obligation de moyens indique notamment que le traitement proposé doit être expérimenté et
validé.
C. Le système de santé repose sur une relation en triangle entre l'offre, la demande et le financement.
D. Les missions des professionnels de la santé sont : l'équité, l'alliance thérapeutique, la sécurité
sanitaire et l'obligation de moyens.
E. « Primum non nocere » signifie: primant, la P2 tu n'atteindras pas.

QCM 8 : Droit à la protection de la santé :


A. On constate que les besoins de santé sont universels et constants : la fragilité humaine induit une
demande d'aide.
B. Disposer de ce droit suppose une affectivité.
C. Le système de santé a pour objectifs d'être rapide et adéquat.
D. Au centre du système, on retrouve l'État qui régule les interactions entre les malades, les offres
(professionnels de santé, industries, sources et biens de santé) et les financeurs (protection sociale).
E. Un texte fondamental est celui de l'OMS qui stipule que «la possession du meilleur état de santé
qu'il est capable d'atteindre constitue un des droits fondamentaux de tout être humain».

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QCM 9 : Quel est le rôle et la place des protagonistes du droit à la protection de la santé ? :
A. Le point de départ de tout système de santé est le patient qui a un besoin de santé.
B. L'offre est assurée à la fois par les professionnels de santé (pour les soins) et à la fois par l'industrie
de santé (pour les biens de santé).
C. En France, le financement du besoin se fait parfois par les systèmes de protection sociale.
D. L'Etat supervise l'ensemble du fonctionnement du système de santé pour assurer les équilibres.
E. Le droit à la protection de la santé est un droit dit fondamental.

QCM 10 : Au sujet de l'affirmation de ce droit :


A. Nous sommes tous égaux devant la santé, nous pourrions donc parler du droit à la santé.
B. La loi Leonetti (loi relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé du 4 mars) est
une source nationale vis à vis de ce droit à la protection de la santé.
C. Le droit à la protection de la santé est fondé sur un principe majeur de bioéthique : la dignité.
D. Le droit prévoit une accessibilité selon 2 critères à savoir financier et culturel.
E. Le droit à la protection de la santé est un droit-créance car il n'y a pas besoin de débiteur, le
financement se fait par l'état.

QCM 11 : Au sujet des obligations dérivées de ce droit :


A. Les patients ont une obligation de préservation de leur propre santé d'où l'importance de la
prévention.
B. Les professionnels de santé ont une obligation de réactualisation permanente de leurs
connaissances du fait des avancées perpétuelles en matière de santé.
C. L'article 40 de la déontologie médicale renvoie à la notion d'égalité dans la protection de la santé.
D. La loi Kouchner relative à la fin de vie fait référence à la non obligation de mise en œuvre de tous
les moyens thérapeutiques en fin de vie pour éviter toute obstination déraisonnable.
E. Les médecins et tous les professionnels de santé ont des obligations de résultats.

QCM 12 : À propos du droit à la protection de la santé :


A. Les patients ont une responsabilité vis à vis de leur propre santé et doivent préserver leur capital
santé en exploitant les connaissances disponibles.
B. Le droit fondamental repose sur la dignité de la personne humaine.
C. Le droit créance est un droit qui n'oblige que l'état et les professionnels de santé.
D. Le médecin doit tout tenter pour la survie de son patient.
E. Le rôle économique des pouvoirs publics se caractérise par les trois « E » : Expertise, Efficience et
Équité.

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CORRECTION DES QCM : LE DROIT À LA PROTECTION DE LA SANTÉ

QCM 1: BDE QCM 2 : ACDE QCM 3 : ABCD QCM 4 :CDE QCM 5 :ABCE
QCM 6 :ABE QCM 7 :ABCD QCM 8 : ABCDE QCM 9 :ABDE QCM 10 :C
QCM 11 : AB QCM 12 : AB

QCM 1 : BDE
A. Ceci est défini dans la charte des droits fondamentaux de l'Union Européenne et non par l'OMS.
C. Ceci est écrit dans les articles législatifs du code de la santé publique.

QCM 2 : ACDE
B. L'offre n'est pas assurée que par les professionnels de santé, elle concerne aussi les industries.

QCM 3 : ABC
D. Obligation juridique.
E. Couverture sociale différenciée.

QCM 4 : CDE
A. Des risques peuvent être pris, cependant ils doivent toujours être proportionnés aux bénéfices
attendus.
B. Il s'agit de deux principes différents: celui qui condamne l'acharnement thérapeutique » d'un côté,
et le fameux “Primum non nocere” de l'autre.

QCM 5 : ABCE
D. Tous les besoins ne nécessitent pas de demande.

QCM 6 : ABE
C. Co-décision finale.
D. A besoins égaux, soins égaux.

QCM 7 : ABCD
E. Non (vous vous en seriez doutés), cela signifie « d'abord ne pas nuire ».

QCM 8 : ABCDE

QCM 9 : ABDE
C. Il y a, en France, plusieurs financeurs possibles pour répondre aux besoins de santé, mais il s'agit
essentiellement des systèmes de Protection Sociale.

QCM 10 : C
A. Nous ne sommes pas tous égaux sur ce plan : nous ne parlons pas du droit à la santé mais du droit à
la protection de la santé : nous cherchons à maximiser la santé en selon les individus.
B. Cette loi est appelée loi Kouchner. La loi Leonnetti traite de la fin de vie.
D. L'accessibilité est basée sur 3 critères : financier, culturel et aussi géographique.
E. Le droit-créance suppose qu'il y a en face du patient des débiteurs qui vont œuvrer pour que le droit
à la protection soit effectif.

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QCM 11 : AB
C. ATTENTION : ne pas confondre égalité et équité. On ne donne pas le même traitement à tout le
monde, mais on donne à chacun ce qui lui est dû, ce dont il a besoin (l'équité revient à dire : à besoins
égaux, traitements égaux).
D. C'est la loi Leonetti (mais tout le reste de l'item est vrai).
E. Non, ils ont une obligation de moyens, ils doivent tout mettre en œuvre pour aider leur patient.

QCM 12 : AB
C. Aussi les patients.
D. Il faut éviter l'acharnement thérapeutique.
E.Ce n'est pas expertise mais efficacité.

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SUJETS TYPES LE DROIT À LA PROTECTION DE LA SANTÉ

SUJET TYPE 1

Quelles sont les obligations des patients qui découlent du droit à la protection de la santé ?
(Répondre en moins de 100 mots)

SUJET TYPE 2

Dans le cadre du droit à la protection de la santé, les professionnels de santé ont des missions
majeures. Quelles sont-elles ?
(Répondre en moins de 100 mots)

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CORRECTION DES SUJETS TYPES LE DROIT À LA PROTECTION DE LA
SANTÉ

SUJET TYPE 1
Barème/10 :
- obligation morale (1)
- éthique individualiste (0,5)
- épanouissement personnel (0,5)
- notion que l’obligation morale se fait à l’égard de soi-même et de la société (1 et 0,5 si un des
deux)
- préserver son capital santé (1)
- prévention (0,5)
- exploiter les connaissances disponibles/mode de vie/éviter les comportements à risque/adopter
des comportements bénéfiques (1)
- alliance thérapeutique (1)
- obligation juridique (1) et 0,5 de plus si exemple
- résilience (1)
- orthographe, structure (1)

Le patient est soumis à une obligation morale (dépasser une éthique individualiste) qui s'applique à
l'égard de soi-même dans le cadre de son épanouissement personnel, et à l'égard de la société
(obligation de citoyenneté). Elle impose aux patients la préservation de leur capital santé (favoriser la
prévention, éviter les comportements à risque, développer l'alliance thérapeutique...). Une
obligation juridique existe également dans certains cas (responsabilité des parents quant à la santé de
leurs enfants mineurs, ski hors piste...). Un apprentissage de la résilience reste nécessaire pour
affronter les épreuves de la vie (traumatismes, maladies chroniques...).

(99 mots.)

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SUJET TYPE 2
Barème/10 :
- code de la SP/ code de déontologie médicale (0,5 chacun)
- équité (1)
- sécurité sanitaire (1)
- primum non nocere (0,5)
- alliance thérapeutique (1)
- engagement de prise en charge/consentement/information (0,5)
- co-décision (0,5)
- obligation de moyens (1)
- principe de proportionnalité/rapport bénéfice/risque (0,5 chacun)
- soins conformes à la science (0,5)
- éviter l’acharnement thérapeutique (1)
- orthographe, structure (1)

Les codes de santé publique et de déontologie médicale fixent les missions des professionnels de
santé. Ils doivent assurer l'équité (à besoins égaux, traitements égaux), la sécurité sanitaire (primum
non nocere), l'alliance thérapeutique (informer le patient et obtenir son libre consentement dans le
but d'une co-décision). Ils doivent enfin une obligation de moyens (ne pas faire courir de risque
injustifié, respecter le principe de proportionnalité : rapport bénéfice/risque optimal, fournir des
soins conformes aux données actuelles de la science...). Ces moyens sont cependant limités en fin de
vie afin d'éviter l'acharnement thérapeutique.
(99 mots.)

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MODULE 3 : ÉTHIQUE ET DÉONTOLOGIE
FICHE DE COURS : RÉGLEMENTATION DES PROFESSIONS DE SANTÉ

I. Histoire de la réglementation des professions de santé

A) Les débuts de l’enseignement médical (Antiquité)

● Médecine d’abord sacerdotale divinatoire, pratiquée dans des temples


● Puis plus philosophique et scientifique, enseignée dans des écoles (ex : école de Cos – VIème
siècle avant JC)
○ L’enseignement de la médecine est d’abord assuré par les médecins eux-mêmes
○ puis on assiste à l’apparition de cours publics
○ et à la réglementation des études médicales sous le règne d’Alexandre Sévère (222 à
235 après JC)

=> Il reste toutefois difficile de définir un enseignement structuré avant le XIIe.

B) L’Officialisation de l'enseignement médical (XIIe-XIIIe siècles)

● 1180 : Un enseignement médical est officialisé (édit de Guilhem VIII) → liberté d’enseigner,
accent mis sur le savoir
● 1220 : Interdiction formelle d’enseigner sans avoir préalablement passé un examen de
compétence devant l’évêque
● Premières facultés de médecine
○ 1215 : premiers statuts de celle de Paris
○ 1229 : fondation de celle de Toulouse

● XIIIe siècle : aucun remède sans l'avis des “magistri in medicina”


→ aucun pharmacien ne peut délivrer de médicament sans l’avis d’un médecin

C) La réglementation des professions de santé (XVIIIe-XIXe siècles)

a) volonté de réglementer

● La protection de la santé a toujours été un des devoirs du législateur


● La réglementation des professions de santé est ainsi apparue, au même titre que la lutte
contre les maladies infectieuses, comme un des éléments nécessaires à la protection de la
santé publique

NB : L’organisation des professions de santé s’est bâtie autour de la profession médicale puisqu’il
s’agit de la plus ancienne. C’est pourquoi beaucoup d’exemples donnés dans ce cours concernent la
médecine.

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b) apparition d’une réglementation (XIIIe puis XVIIIe siècles)
● XIIIe : aucun remède ne peut être délivré sans l'avis d’un magister in medicina
● début XVIIIe : réglementation de la dispensation des traitements « Quelque excellents que
soient les remèdes, ils deviendraient sans doute pernicieux, si l'usage n’en était réglementé... »
Traité de la police, de La Mare, 2ème éd. (1722)
● 1707 : interdiction d’exercer la médecine ou de donner un remède sans être titulaire d’une
licence (édit royal)
● fin XVIIIe : interdiction d’exercer la chirurgie sans lettres de maîtrise (Statuts des
chirurgiens)

c) disparition de la réglementation (Révolution française)


La Révolution met à mal la réglementation des professions de santé :
● loi d’Allarde de mars 1791 : liberté d’exercer tout métier à condition de payer une patente →
n’importe qui peut exercer la médecine
● loi Le Chapelier de juin 1791: suppression de toute forme d’association professionnelle
● décret d’août 1792 : suppression des facultés de médecine

d) remise en place de la réglementation (XIXe)

La loi du 19 Ventôse An XI (9 mars 1803), puis la loi du 30 novembre 1892 près d’un siècle plus tard
réorganisent la profession médicale.

II. Réglementation de l’exercice de la médecine

A) Atteinte légitime à l’intégrité corporelle

● Une intervention sur le corps humain constitue, par principe, une « atteinte à l'intégrité
physique des personnes » au sens du Code pénal.
● Toutefois, la loi fixe les conditions d'une atteinte légitime à l'intégrité corporelle (« N'est pas
pénalement responsable la personne qui accomplit un acte prescrit ou autorisé par des
dispositions législatives ou réglementaires »). Ces deux conditions sont :
1. une justification médicale (l’intervention doit avoir un but thérapeutique ou diagnostic)
2. une qualification professionnelle (elle doit être réalisée par une personne habilitée)

Pour le formuler autrement, un professionnel de santé peut, en toute légalité, plonger une lame dans
le corps de quelqu'un, lui retirer un morceau de son corps, lui faire avaler une substance chimique
potentiellement dangereuse, l’exposer sciemment à des radiations nucléaires… à condition que cet
acte soit justifié par une raison médicale et qu’il soit qualifié pour le faire.

B) Organisation des professions de santé autour de la notion d’exercice de la médecine

Le Code de la santé publique organise 22 professions de santé au centre desquelles se trouve la


profession médicale. Les compétences des 21 autres sont construites comme des dérogations au
monopole de cette dernière, monopole protégé par l'infraction d'exercice illégal de la médecine :
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« Exerce illégalement la médecine (...) Toute personne qui prend part habituellement ou par direction
suivie, même en présence d'un médecin, à l'établissement d'un diagnostic ou au traitement de
maladies, congénitales ou acquises, réelles ou supposées, par actes personnels, consultations
verbales ou écrites ou par tous autres procédés quels qu'ils soient, ou pratique l'un des actes
professionnels prévus dans une nomenclature (...), sans être titulaire d'un diplôme (...) exigé pour
l'exercice de la profession de médecin (...) ».
NB : On note que pour qu'il y ait délit, il faut qu’il y ait habitude ou suivi. Donc si vous remettez
l'épaule luxée de quelqu’un une fois, aucun problème. Par contre, si vous incitez les gens à aller vous
consulter s'ils se luxent une épaule et que vous remettez plusieurs épaules comme ça, ou que vous
proposez à la personne que vous avez soignée une fois de revenir vous voir régulièrement pour contrôler
l’évolution, là, c’est un délit d’exercice illégal de la médecine.

➢ Ce délit est devenu accessoire dans la vie de la société. Autrefois, on condamnait pour
exercice illégal de la médecine les charlatans prétendant avoir un “don” ou ayant suivi un
enseignement non reconnu. Actuellement, ce n’est plus le cas et les rares procès concernent
des personnes qui ont usurpé le titre de médecin ou de vrais médecins qui ont réalisé des
escroqueries dans le cadre de leur activité.

Toutefois, il donne une définition légale de la pratique de la médecine :


● pratique générique : établissement d'un diagnostic ou traitement de maladies
● réalisation d’actes techniques précisément identifiés par l’arrêté du 6 janvier 1962 qui fixe la
liste des actes médicaux ne pouvant être pratiqués que par des médecins ou pouvant être
pratiqués également par des auxiliaires médicaux ou par des directeurs de laboratoires
d'analyse médicale non médecins. (ex : l’épilation au laser ne peut être réalisée que par des
médecins)
→ L’organisation des professions de santé est construite en référence aux diplômes et aux
actes.

C) La Typologie des professions de santé

Les professionnels de santé sont soumis à une réglementation rigoureuse issue du CSP et doivent
exercer dans le respect de l’intégrité du corps humain (à laquelle seuls les médecins ont longtemps eu
le droit de déroger).

Le CSP définit les :


● professions médicales → diagnostic, traitement, prévention
○ médecins → habilitation générale et monopolistique à intervenir sur les corps (attention :
omnivalence mais pas omnicompétence)
○ chirurgiens-dentistes → habilitation spécialisée à la bouche, aux dents et aux maxillaires
○ sage-femmes → habilitation spécialisée à la grossesse et l’accouchement physiologiques
et les soins postnataux de la mère et l’enfant
● professions de la pharmacie → monopole de la préparation et de la délivrance des
médicaments et dispositifs médicaux
○ pharmaciens
○ préparateurs en pharmacie

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● professions d'auxiliaires médicaux :
○ infirmiers, kinés, podologues, ergothérapeutes, psychomotriciens, orthophonistes,
orthoptistes, manip radio, audioprothésistes, opticiens, techniciens de laboratoire
médical, prothésistes et orthésistes, diététiciens
→ habilitation sous contrôle médical en dérogation à l’exercice illégal de la médecine
- sous la surveillance et la responsabilité du médecin, celui-ci pouvant intervenir
à tout moment
- sur prescription médicale

D) L’Exercice des professions de santé

A) Les Conditions d’exercice

Pour exercer légalement l’une des trois professions médicales, il faut :


● être titulaire d’un diplôme, certificat ou autre titre
● être inscrit au tableau de l’Ordre professionnel ce qui vise à garantir sa :
○ compétence (ex d’un professionnel qui revient après avoir arrêté d’exercer pdt 10 ans)
○ moralité (on peut en être radié si on a commis une faute professionnelle grave)
○ indépendance
○ absence d’infirmité ou d’état pathologique incompatible avec l’exercice de la
profession
● avoir la nationalité française, d’un pays de l’UE ou d’un pays ayant conclu un accord de
réciprocité avec la France.

B) Les Ordres professionnels

On attend de certaines professions une grande aptitude à exercer et une moralité. Les ordres
professionnels sont là pour y veiller.

Un ordre professionnel regroupe obligatoirement l'ensemble des membres d’une même profession
et a pour missions de :
● contrôler l’accès à la profession
● veiller à la compétence professionnelle et au respect des devoirs professionnels
● proposer la déontologie (ensemble des règles et devoirs)
● etc

Les compétences des ordres professionnels :


➢ élaboration des règles d'organisation de la profession
➢ application des règles notamment en matière disciplinaire
➢ représentation de la profession devant les autorités publiques.

Les professions qui possèdent un ordre sont :


★ les professions médicales (médecins, sage-femmes, chirurgiens-dentistes)
★ les pharmaciens
★ et 3 professions d’auxiliaires médicaux : kinés, podologues, infirmiers.
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FICHE DE COURS : DÉONTOLOGIE DES PROFESSIONS DE SANTÉ

Définition : ensemble des règles et des devoirs qui régissent une profession, la conduite de ceux qui
l’exercent, les rapports entre ceux-ci et leurs clients et le public

Etymologie :
● de l'anglais deontology
● du grec δεον (devoir, ce qu'il faut faire) et λόγος (science, discours)

Date à savoir : 1845 → le Dr Max Simon publie le premier ouvrage français de déontologie
médicale.

I. Textes historiques

● Code d’Hammourabi (-18es)


○ Sanctions liées à la responsabilité du médecin (+ honoraires).
● Serment d’Hippocrate (- 4es) :
○ Probité et dévouement
○ Préservation de la vie, Non-malfaisance (Primum non nocere)
○ Respecter les malades, leurs intérêts, leur vie privée et le secret médical

● Serment médical d’Assaph (7es)


● Prière de Maïmonide (12es)
○ compétences et limites de la science
○ souci de la faire progresser

● 1947 : 1er code de déontologie médicale en France (puis révisions)


● 1995 : 4e version révisée en 2004
○ Le code de déontologie s’adapte aux évolutions sociétales.

II. Caractéristiques de la déontologie

● Imposée ou non par la loi, elle constitue la morale d'une profession.


○ serment d’Hippocrate pour les professions médicales
● La déontologie est un discours sur les devoirs mais pas un recueil de principes éthiques !
(sanctions morales)

● Un code de déontologie professionnelle régit l'exercice d'une profession.


○ on ne doit pas dire “la déontologie” toute seule, mais “la déontologie des médecins”,
“la déontologie des avocats”...
● Il décrit les droits et les devoirs généraux des professionnels, de leurs rapports entre eux et

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avec leurs clients ou la société.

III. Codes de déontologie


A) Contenu
● Un champ d’application (à qui s’applique ce code)
→ tous les médecins sauf les médecins militaires pour qui c’est un peu différent
● Une définition des missions et des devoirs généraux des membres de la profession considérée
● Une définition de devoirs vis-à-vis de différentes catégories de populations :
○ usagers de la profession (clients ou patients)
○ confrères...
● Des règles relatives au mode d’exercice de la profession (libéral, hôpital, salarié…) (ex :
interdiction de faire de la publicité pour son cabinet)

B) Professions de santé concernées

Les codes de déontologie sont publiés par décrets intégrés dans le CSP. Il y en a 7 en tout pour ces
sept professions :
★ 3 professions médicales
○ médecins
○ chirurgiens-dentistes
○ sages-femmes
★ les pharmaciens
★ 3 professions d'auxiliaires médicaux
○ masseurs-kinésithérapeutes
○ infirmiers
○ pédicures-podologues
NB : correspond aux professions qui ont un ordre professionnel (cf cours sur l’organisation des
professions de santé)

IV. Grands principes déontologiques

1. Primauté de la personne

Le médecin est au service de l’individu avant d’être à celui de la santé publique.

● Respect de la vie humaine, de la personne et de sa dignité


● « Primum non nocere » : non-malfaisance d’Hippocrate
○ « avoir, dans les maladies, deux choses en vue : être utile ou du moins ne pas nuire »
● Secret médical
○ affirmé dès Hippocrate
○ indispensable à l’exercice médical qui impose une confiance réciproque entre les deux
participants du « colloque singulier »
- « … ni le médecin, ni l’avocat, ni le prêtre, ne pourraient accomplir leur mission si
les confidences qui leur étaient faites n’étaient assurées d’un secret inviolable »,
Emile Garçon (1851-1922)
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○ Cette confiance est nécessaire à la confidence
○ Quelque soit le code référence, l’obligation du secret professionnel est une constante
➢ Violer ce secret est sanctionné par le CP mais c’est le CD qui le définit : le secret est “ce
qui a été confié, vu, entendu, compris, déduit” il ne s’applique pas seulement à ce que le
patient a dit au médecin mais aussi à ce que le médecin a pu deviner lui-même

2. Double Liberté
Pour le patient :
● Libre choix du médecin : on ne peut pas être obligé de se faire soigner par quelqu’un en qui
on n’a pas confiance, c’est une question d’autonomie et de dignité (en pratique il existe
toutefois des limitations à cette liberté : géographie, disponibilité…)
● Consentement éclairé :
➢ information loyale (= pas de mensonge, pas d’exagération ou minimisation, pas
d’omission, pas de chantage du type “je peux vous sauver mais uniquement si c’est moi
qui m’en occupe”. Le médecin doit expliquer les différentes stratégies thérapeutiques
possibles.), claire (compréhensible) et appropriée (ménager en cas d’annonce grave).
➢ Le patient peut donc accepter ou refuser ce que lui propose le praticien.

Pour le médecin :
● Liberté de prescription mais cette liberté est encadrée car il doit quand même respecter les :
○ données acquises de la science
○ ressources disponibles pour la santé publique pour ne pas compromettre l’égalité
d’accès au soin donc sa prescription est soumise au :
■ respect des bonnes pratiques
➢ ensemble d’exigences de qualité dans les domaines éthiques et
scientifiques, reconnues
➢ ensemble de dispositions ayant pour but de concourir à la protection des
droits, à la sécurité et à la protection des personnes
■ pertinence des soins (on ne va pas prescrire des traitements de pointe à 10 000€
remboursés par la sécu à tous les patients qui ont un rhume)
● Clause de conscience pour refuser des soins (sauf urgence)
- si cela sort de son domaine de compétence (obligation de refus)
- s’il a trop de patient
- s’il y a rupture thérapeutique (le médecin ne veut pas faire ce que le patient lui exige)
… qui implique une obligation de rediriger le patient vers un confrère.

3. Qualités exigibles du professionnel de santé


- Moralité, probité, dévouement (qualités intrinsèques à la profession)
- Responsabilité de ses actes
- Indépendance professionnelle (il faut s’éloigner des influences économiques afin que le choix
de réaliser tel acte médical, puisse être déterminé uniquement en fonction des besoins du
patient et pas par un intérêt pécuniaire ou autre) → ex : interdiction de signer des contrat du

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style “vous devez poser x prothèses de hanche durant l’année”
- Compétence
- initiale (liée à un diplôme)
- à entretenir par un développement professionnel permanent (formation continue)
- Absence de discrimination
- Honoraires déterminés avec tact et mesure
- Solidarité entre confrères (confraternité)

V. L'action disciplinaire

En cas de manquement au Code de déontologie, une procédure disciplinaire peut être engagée.
L’action disciplinaire vise à protéger l’honneur et l’indépendance de la profession médicale.

Initiative de la procédure disciplinaire : l’Ordre des Médecins, le procureur de la République, un


syndicat professionnel, le ministère de la santé, un confrère, un patient, la sécurité sociale
Action devant leurs pairs au sein d’instances disciplinaires (présidées par un magistrat issus des
juridictions administratives)
Les sanctions disciplinaires peuvent être :
● l’avertissement
● le blâme
● l’interdiction temporaire (≤ 3 ans) d’exercer la médecine
● la radiation de l’Ordre des Médecins → interdiction définitive d’exercer la médecine car
l’inscription à l’ordre est obligatoire pour cela

VI. Éthique déontologique


L’éthique déontologique est une théorie philosophique selon laquelle chaque action humaine doit être
appréciée selon sa conformité ou non à certains devoirs.
➢ Centrée sur la notion de devoir (ainsi que des droits qui en sont le corollaire)
LE déontologisme s’oppose alors au conséquentialisme, qui considère que les actions humaines sont à
juger uniquement en fonction de leurs conséquences
➢ Seule règle morale = principe d’utilité
■ "le plus grand bien pour le plus grand nombre"
■ "agis de telle sorte que le résultat prévisible produise le maximum de "bien" et le minimum
de "mal"

Conclusion
● La déontologie a une nature duale : elle est morale et règle de droit à la fois.
● La déontologie présente une juridicité accrue.
● La déontologie régit les interactions entre individus (entre médecins, entre médecin et patient)
mais elle place aussi l’ensemble de la profession dans le corps social. Elle est donc incluse
dans une vision sociétale.
● La déontologie ne se résume pas au Code

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FICHE DE COURS : DROITS DES PATIENTS

Abréviations : CSP = Code de la santé publique, CD = Code de déontologie, CP = Code pénal

Intro
Le droit des patients doit être intégré au droit à la protection de la santé. Il s’agit d’un :
● droit fondamental : assurer la santé de chaque individu (Santé publique)
● ancré dans le préambule de la Constitution de 1946
○ “Elle garantit à tous (...) la protection de la santé (...)”
● et repris par le CSP
○ “Le droit fondamental à la protection de la santé doit être mis en œuvre par tous
moyens disponibles au bénéfice de toute personne…”
=> La protection de la santé est donc une mission de service publique

I. Contexte

A) Evolution sociétale de la relation médecin-patient


● Avant : relation paternaliste, verticale → le médecin prend la décision pour le patient en
respectant le principe de bienfaisance
● Années 80-90 : le progrès technique et les crises sanitaires (affaire de la Thalidomide, affaire
de l’hormone de croissance, affaire du sang contaminé…) entraînent une remise en question
de la toute-puissance médicale et une augmentation des revendications des patients qui
s’organisent en associations
→ une première synthèse des droits des patients hospitalisés, la “Charte du patient hospitalisé”
est publiée en annexe d’une circulaire du 6 mai 1995 (ne pas retenir la date)
● Actuellement : relation plus égalitaire, respect de l’autonomie du patient qui décide avec le
médecin de sa prise en charge.

B) Textes de loi
Loi du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé (Loi
Kouchner) (→ porte les droits des patients à valeur législative mais attention, n’invente rien)
Loi du 22 avril 2005 relative aux droits des malades et à la fin de vie (Loi Leonetti)

C) Classification

Il existe différentes manières de classer et catégoriser ces droits. On peut notamment les diviser en
droits individuels (accès aux soins, dignité et respect, information, indemnisation...) et collectifs
(participation des usagers au fonctionnement du système de santé).

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II. Principaux droits

1) Accès aux soins


● égal accès de chacun aux soins nécessités par son état de santé (CSP)
→ absence de discrimination (CP)
● droit de bénéficier des soins les plus appropriés et des thérapeutiques dont l'efficacité est
reconnue et qui garantissent la meilleure sécurité sanitaire au regard des connaissances
médicales avérées (CSP)
● droit de choisir son médecin (CSP)

2) Information
● droit à l’information sur son état de santé
- sur les “investigations, traitements ou actions de prévention qui sont proposés, leur
utilité, leur urgence éventuelle, leurs conséquences, les risques fréquents ou graves
normalement prévisibles qu'ils comportent ainsi que sur les autres solutions possibles
et sur les conséquences prévisibles en cas de refus” (CSP)
- mais cette information doit être délivrée de manière claire, loyale et appropriée (CD)
- droit à être tenu dans l’ignorance de son diagnostic ou pronostic (sauf si cela expose
quelqu’un d’autre à un risque de transmission)
● droit à l’accès direct de son dossier médical : le dossier appartient au patient, pas au médecin
(CSP)

3) Confidentialité
Toute personne prise en charge par un professionnel, un établissement, un réseau de santé ou tout autre
organisme participant à la prévention et aux soins a droit au respect de sa vie privée et du secret des
informations la concernant (CSP).
→ regroupe l’ensemble des informations concernant cette personne qui pourraient venir à la
connaissance du médecin (et donc pas seulement les informations médicales).
● existence de dérogations prévues par la loi (ex : maltraitance sur mineur)
=> Le secret professionnel est ancré dans le CSP, le Code de déontologie mais aussi le Code pénal.

4) Participation à la décision médicale


“Toute personne prend, avec le professionnel de santé et compte tenu des informations et des
préconisations qu'il lui fournit, les décisions concernant sa santé.” (CSP : Loi Kouchner)
● droit de refuser les soins (CSP)
→ le médecin doit respecter la volonté de la personne après l'avoir informée des
conséquences de ses choix

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→ si la volonté de la personne de refuser ou d'interrompre tout traitement met sa vie en
danger, le médecin doit tout mettre en œuvre pour la convaincre d'accepter les soins
indispensables. (Attention : un refus de soin n’est pas un refus de soigner : un médecin
ne peut pas abandonner son patient si ce dernier refuse certains soins.)
● personne de confiance : Toute personne majeure peut désigner une personne de confiance qui
sera consultée au cas où elle-même serait hors d'état d'exprimer sa volonté (CSP)
● directives anticipées : Toute personne majeure peut rédiger des directives anticipées pour le cas
où elle serait un jour hors d’état d’exprimer sa volonté. Elles indiquent les souhaits de la personne
relatifs à sa fin de vie concernant les conditions de la limitation ou l’arrêt de traitement (CSP).

5) Consentement
Pour qu’on puisse parler de consentement, il faut nécessairement :
1. l’information (il n’y a pas de consentement si on ne sait pas à quoi on consent)
2. l’expression de la volonté du patient (consentement)
3. la possibilité de refuser
Il s’agit d’un droit fondamental qui ne souffre que de deux exceptions : l’urgence et l’impossibilité
d’informer.

6) Dignité et respect
La personne malade a droit au respect de sa dignité (CSP) et au respect de sa vie privée (CSP).
- “La personne hospitalisée est traitée avec égard. Le respect de l’intimité de la personne doit
être préservé lors des soins, des toilettes, des consultations, des visites médicales, des
traitements pré et post-opératoires, des radiographies, des brancardages...” (Charte du patient
hospitalisé)
ex : blouses hospitalières pratiques pour les soignants mais qui ne respectent pas l’intimité du
malade

7) Respect de la personne soignée


● Douleur : Toute personne a le droit de recevoir des soins visant à soulager sa douleur. Celle-ci
doit être en toute circonstance prévenue, évaluée, prise en compte et traitée. (CSP)
● Vie digne jusqu’à la mort : Les professionnels de santé mettent en œuvre tous les moyens à
leur disposition pour assurer à chacun une vie digne jusqu'à la mort. (CSP)
● Soins palliatifs : Toute personne malade dont l'état le requiert a le droit d'accéder à des soins
palliatifs et à un accompagnement. (CSP)

8) Être entendu et indemnisé


● présence d’une “Commission des relations avec les usagers et de la qualité de la prise en
charge” dans chaque établissement (CSP) → recueille les plaintes des usagers dans le but
d’améliorer la qualité de l’accueil et de la prise en charge
● droit à la médiation
● droit à demander réparation devant les “Commissions de Conciliation de d’Indemnisation
des accidents médicaux” (CCI) → permettent réparation à l’amiable dans un laps de temps
relativement court (avant la loi Kouchner, les seules solutions pour obtenir réparation étaient
l’assurance et le tribunal, ce qui était long et coûteux)

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Conclusion

● Reconnaissance croissante des usagers du système de santé et de leurs droits


● Evolution de la relation médecin-patient “passage d’une rencontre entre une confiance et
une connaissance à une rencontre entre deux connaissances (ce qui n’exclut pas la confiance)”
● Reconfiguration du colloque singulier
○ redéfinition de l’information médicale : patients informés via internet
○ mais asymétrie de connaissances : avoir accès aux informations d’internet ne suffit pas,
seul un professionnel de santé qui a fait des études peut vraiment les comprendre
(information ≠ connaissance)
○ cas particulier des mineurs ou majeurs protégés : information et participation à la prise
de décision en fonction de leur degré de maturité et de leurs facultés de discernement
● Principes généraux :
○ respect de l’intégrité corporelle
○ obligation d’assistance, principe de laïcité
○ accès à la santé = droit (attention, il n’y a pas de “droit à la santé” mais un droit
d’accès à la santé)
○ démocratie sanitaire → associer l’ensemble des acteurs de santé et les usagers dans
un esprit de dialogue et de concertation pour élaborer et mettre en oeuvre une politique
de santé

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FICHE DE COURS : ÉTHIQUE MÉDICALE

I. Qu’est-ce que c’est ?

A) Définition

a) le sens ancien
Vient du grec « éthiké » = mœurs ou morale.
Il y a 3 niveaux :
● sociologique : mœurs d’un groupe
● moral : codes ou système d’interdits comme le code d’Hammourabi, (première trace d’un code
écrit gravé dans la pierre) ou encore le serment d’Hippocrate (Vème siècle av JC)
● éthique classique = science de la morale
○ étude des codes par les philosophes
○ en comprendre l’origine, la nature, les fondements, les principes et la logique
○ arriver au système absolu des règles relatives au Bien

b) le sens moderne
Nombreuses confusions avec :
● droit, légal, juridique
→ La loi est le produit du pouvoir d’un état souverain
○ L’éthique évolue au fil du temps, continuellement, tandis que le droit évolue au
rythme des jurisprudences et des textes de loi (par à-coups)
■ parfois une affaire judiciaire peut faire évoluer le droit ex : affaire Hédreul en
1997 → avant, c’était au patient de prouver qu’il avait été mal informé, mais à
partir de là, ça a été au praticien
○ Le légalisme (“rien ne m’interdit de le faire donc je le fais”) nie la morale et l’éthique
● déontologie
→ ensemble de règles et pratiques professionnelles
○ déontologie = au service d’une profession
éthique = au service du bien général
● morale
→ science des valeurs universelles qui transcendent le temps, les populations, les
idéologies
○ parler de morale ne fait pas très moderne : est-ce que l'éthique est devenu le nouveau
nom de la morale ?
○ règles collectives vs prise de décision individuelle
■ alors que la morale inculque des principes immuables, l’éthique implique de
s’interroger, de remettre en question, de ne pas hésiter à critiquer les principes
que notre société tient pour acquis → c’est peut-être pour ça que la morale a

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fini par acquérir une connotation un peu rétrograde
■ “La vraie morale se moque de la morale” Pascal
○ côté scientifique de l’éthique
■ s’aide des sciences humaines (sociologie, psychologie, anthropologie,
épistémologie...)
■ Il existe des laboratoires d'éthique médicale.
○ domaine limité
■ éthique écologique (apparue en Allemagne au début XXème)
■ éthique biomédicale (idem)
■ éthique guerrière
ex : code d’honneur du samouraï, frappe chirurgicale
■ éthique des entreprises (surtout dans les pays anglo-saxons)
ex : commerce équitable, accords gagnant-gagnants
■ éthique boursière
ex : COB, commission française chargée de réguler les opérations de la
bourse

B) Le débat actuel

Il porte sur les grandes questions de début et de fin de vie, l’euthanasie, l’acharnement thérapeutique…
Nécessité d’une approche sans jugement.

Le champ du savoir constitué par l’éthique est un « champ de bataille » pour les :
● religions → éthique de conviction, porte sur les « conduites à tenir »
● philosophes (ex : Paul Ricoeur, philosophe du XXème siècle qui s’est beaucoup intéressé à l’éthique
médicale notamment dans le monde hospitalier)
● juristes et/ou législateurs : élaboration préalable des jurisprudences par les Comité d'Éthique →
but consultatif mais leurs avis sont en général suivis
● industriels : éthique marchande utilitariste anglo-saxonne
● scientifiques des laboratoires d’éthique médicale : l’éthique fait en effet l’objet de recherches.
“Les solutions trouvées sont fondées sur des études de terrain selon les méthodes des sciences
humaines ” (éthique de responsabilité).
○ loi Veil sur l’IVG (1975) = résultat d’une prise de responsabilité et d’études de terrain qui
ont montré que les avortement clandestins existaient et causaient un nombre considérable
de séquelles et de décès
○ fin de vie : les pratiques étaient différentes selon les services de réa : parfois c’était le chef
de service qui décidait, parfois c’était une prise de décision collégiale. Ce constat a permis
de légiférer et d’homogénéiser ces pratiques.

C) Ethique et recherche clinique

a) parenthèse historique
● -1750 : Code d’Hammourabi
● Vème siècle av JC : serment d’Hippocrate
● Protection des personnes se prêtant à la recherche biomédicale :

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1947 Code de Nuremberg

1964 Déclaration d’Helsinki

1988 Loi Huriet-Sérusclat (première loi en France encadrant la recherche clinique)

Loi du 4 mars 2002 relative au droit des malades et qualité du système de santé (loi
Kouchner)
○ Loi de santé publique du 6 août 2004 → révisée tous les 5 ans
● Les comités nationaux
○ 1983 Comité Consultatif National d’Ethique (CCNE) en France : début et fin de vie, prise
en charge patients en milieu carcéral, pandémies…
○ 1982-1984 Commission Warnock en Grande-Bretagne
➢ Apparition dans les années 1980 → épidémie du sida où les patients se sont pour la
première fois emparés des questions de santé.
➢ Composition équilibrée : sciences biomédicales, sciences humaines, familles spirituelles
➢ Origine des comités nationaux
■ 1966 un article paru dans le New England Journal of Mature (NEJM) révèle des
études qui se s’est passé dans le monde de la recherche médicale
● « Jewish Chronic Disease Hospital », (1963) : évolution du cancer sur des
personnes âgées séniles sans traitement.
● « Willowbrook State School » (1963-1966) : évolution d’hépatite virale sur
des enfants lourdement handicapés mentaux
● « Tuskegee Syphilis Study » (1932-1972) : évolution de la syphilis sur des
noirs-américains. Un traitement efficace (la pénicilline) a été découvert
après la seconde guerre mondiale mais on ne leur a pas administré.
→ Utiliser des êtres humains comme des objets pour la recherche n’est pas
quelque chose de nouveau : au XIXème, Pasteur a demandé à l’empereur
du Brésil des condamnés à mort pour tester son vaccin sur eux.
■ 1974 : National Commission for the Protection of Human Subjects and Behavioral
Research → première instance de régulation de la recherche clinique
■ 1979 : rapport Belmon aux US → nécessité d’encadrer la recherche clinique
■ Création de nombreux comités d’éthique (permanents ou temporaires) en Occident
une dizaine d’année après
● En France
○ 1967 : apparition des AMM
○ 1988 : rapport Dangoumau évoque leur utilité
○ 1988 : Loi Huriet-Sérusclat “loi relative à la protection des personnes qui se prêtent à
des recherches biomédicales”
○ Loi de Santé Publique du 9 août 2004 : les CCPPRB (rôle consultatif) deviennent les CCP
(aucune recherche ne peut être entreprise sans l’accord du CCP)

Un mot-clé : protection de la personne (si on disait la protection des personnes, on aurait une conception
plus “collective” et on se permettrait d’utiliser une partie de la population pour les autres…)

Question principale : Comment donner l'information pour un consentement réel ?

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b) information et consentement

Pour que le patient puisse donner son consentement, il doit avoir reçu une information appropriée,
claire, compréhensible et complète. Mais cela pose un certain nombre de questions :
- Doit-on informer par écrit, par oral ?
- Comment recueille-on le consentement ? Suffit-il de signer pour consentir ? Le consentement est-il
administratif ?
- Le consentement est-il vraiment libre ? Quelles sont les motivations des volontaires sains ? Le
patient ne risque-t-il pas de se sentir forcé à accepter de peur de perdre la considération de l’équipe
soignante ?

On va informer sur les objectifs, risques et contraintes :


● outil pédagogique
● structuration de la rencontre (laisse une place à la personne de confiance)
● droit de retrait → on peut se retirer à tout moment d’un essai clinique et revenir au traitement
classique
● information en fin de recherche quel qu'en soit le résultat

D) Principes éthiques généraux

● bienfaisance
● non malfaisance
● justice
● responsabilité

→ Ils s’inscrivent dans la protection de la personne : respect de la personne, de sa dignité, de son


autonomie (capacité à définir sa propre norme, ce qui est bien pour soi), de son libre-choix, de sa
confidentialité et de sa vie privée.

E) Conception de l’éthique de M-A Descamps (sociologue contemporain)

« l’éthique est une exigence libre et individuelle de réalisation des valeurs, qui est le ferment et le principe
de progrès des morales »

F) La visée éthique d’après Paul Ricoeur

Pour Paul Ricoeur, on doit tendre vers l’éthique.

Il appuie sa définition de la visée éthique sur trois piliers :


● L’estime de soi
○ Le « je » : la liberté exprimée dans l’action, dans l’enthousiasme de pouvoir être dans
l’engagement → c’est un engagement individuel (auprès du patient) mais aussi collectif
(pour faire évoluer la santé publique, la société, les pratiques) avec une action dans le soin
et dans la régulation des pratiques des soignants.
La visée éthique implique donc une certaine estime de soi et une fierté à s’engager dans ce
parcours-là.

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→ L’éthique est une visée, un postulat.
● La sollicitude envers l’autre
○ Le « tu » : recherche d’un respect mutuel et d’un rapprochement avec le patient.
Altérité : l’action est une action éthique quand cette action est une rencontre avec l’autre.
→ L’éthique a pour lieu propre l’interaction.
● Le tiers absent
○ Le « il » s’exprime dans l’institution (hôpital ou sécurité sociale). Notre exercice de
soignant sera en effet toujours régulé.
○ L’institution est fondée par la société (ordonnances d’après guerre pour la sécurité sociale).
Les visées éthiques s’intègrent dans la sociabilisation car l’institution, c’est nous. On ne
peut agir individuellement qu’à travers des structures institutionnalisées.

La visée éthique : une vie bonne avec et pour les autres dans une institution juste.

II. Pour quoi faire ?

A) Contexte

● Évolution de la relation patient - praticien


○ depuis 40 ans, passage du paternalisme d’autrefois à l’autonomie d’aujourd’hui
○ avant la relation de soin était une rencontre entre une conscience et une confiance,
maintenant, c’est la rencontre entre deux consciences et deux confiances
↪ La loi du 4 mars 2002 sur le droit des patients et la qualité du système de santé a
entériné cette évolution
● Il semblerait qu’il y ait une demande de la profession.

B) Une réflexion prévue

L’arrêté du 27 septembre 1994 rend obligatoire l’enseignement de l’éthique médicale dans les études
de santé.
Cette sensibilisation à l’éthique a pour objectif de donner des outils pratiques pour entrainer les
étudiants à la réflexion éthique dans leur futur exercice :
● Explorer les dimensions décisionnelles
● Identifier un conflit de valeur
● Informer correctement patient et entourage
● Évaluer le degré de vulnérabilité du patient
● Créer les conditions d’un vrai dialogue
● Proposer une solution acceptable pour un accord mutuel

C) Quelques points montrant pourquoi la réflexion éthique est incontournable

a) renversement de la nature de la relation de soin


● fin du paternalisme médical

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● information
● contenu du dossier médical : depuis la loi du 4 mars 2002, le patient peut l’obtenir rapidement et
simplement
● notion de « personne de confiance » : loi du 4 mars 2002 : toute personne peut désigner une
personne de confiance qui sera là pour partager avec le malade le contenu de la consultation
(annonce d’un pronostic grave...) et qui va pouvoir discuter avec l’équipe médicale de la décision
à prendre au cas où elle se retrouverait hors d’état de s’exprimer (ex : coma)
○ /!\ personne de confiance ≠ personne à prévenir en cas d’urgence
○ soulève quelques questions éthiques : lorsqu’on interroge un sujet et sa personne de
confiance sur la décision à prendre, on remarque que leurs réponses divergent beaucoup…

b) nécessaire réflexion éthique et sociale

● Réponse de nos pratiques face aux exigences d’accueil et de respect de la personne ? (ex :
décédés du covid : protocole strict qui ne laisse pas à la famille la possibilité de se recueillir)
● Place de la prévention de plus en plus importante mais notre système de santé est encore trop
basé sur le soin.
● Réflexion pluridisciplinaire ! Il faut que ce ne soit pas seulement les soignants qui prennent
en compte les questions de soin.

c) besoin de transparence
● face aux médias : difficulté d’expliquer la complexité de certaines problématiques médicales
aux médias qui peuvent parfois les déformer → nécessité d’un discours pertinent, efficace et
porteur
● face au monde juridique : il est important que les avocats en droit médical aient une culture
médicale (depuis récemment, des soignants vont à l’école de magistrature expliquer la réalité
des soins)
● face à l’autonomie du patient : pour qu’il y ait autonomie, il faut de la transparence
→ juste milieu entre le paternalisme et l’autonomie absolue ?

d) convaincre les professionnels de santé de leur rôle de santé publique


● le praticien seul et peu informé des questions de santé publique ne peut pas contribuer à
l’action collective → il est nécessaire qu’il y ait diffusion des connaissances en épidémiologie
et en recherche clinique pour rompre cet isolement et permettre un discours pertinent et
cohérent (ex : crise sanitaire)
● mais le lien entre tous les professionnels de santé reste la personne malade → équilibre à
trouver pour éviter une approche trop populationnelle qui oublierait l’individu

e) éviter le professionnalisme impersonnel


● face à l’hyperspécialisation des années 60-70 → revenir à une médecine qui considère la
personne dans son ensemble au lieu d’être pointue à l'extrême
● pour considérer que la médecine est une pratique sociale comme d’autres
↪ concept de démocratie sanitaire (loi du 4 mars 2002) : la régulation de la pratique est issue
de décisions qui sont prises par des institutions démocratiques (Parlement). Il est essentiel de

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s’engager en tant que soignants et citoyens pour contribuer à la régulation du système de
santé et ne pas seulement “subir” les textes qui régissent notre pratique. Cet engagement
implique bien entendu des réflexions éthiques en amont.

f) perspectives

Exemples :
● Exclusion et accès aux soins : Pour certaines spécialités comme la chirurgie dentaire, on a des
inégalités d’accès au soin pour des raisons socio-économiques. C’est pourquoi il y a un débat
en cours sur le remboursement de ces actes par l’assurance maladie.
● Intégration de la prévention dans l’exercice quotidien des professionnels de santé : les
pratiques des soignants sont encore trop axées sur le soin curatif.

D) Synthèse

● Toute spécialité médicale ne peut pas se dispenser d’une telle démarche de réflexion qui doit
animer tous les acteurs du champ de la santé, y compris les personnes souffrantes.
→ besoin d’aller vers les associations de patient

● L’essence même d’une réflexion de nature éthique est une réflexion sur sa finalité
professionnelle : pourquoi voulez-vous faire une carrière de soignants ?

● L’enseignement de l’éthique médicale peut devenir un facteur de motivation des praticiens.

● En pratique, ce n’est pas si facile que ça :


○ fossé avec le grand public sur la connaissance des sujets médicaux
○ La manière dont les médias traitent des sujets scientifiques laisse à désirer. Or, ce
traitement médiatique peut éroder la confiance du public d’une manière considérable.
(Exemple de l’affaire Séralini : un chercheur a publié 1 étude sur la prétendue toxicité
des OGM qui a fait un grand bruit. Mais quand 4 autres études ont par la suite réfuté
les résultats de la première, elles ont été très peu reprises par les médias).

III. L’éthique : une discipline universitaire

Pour comprendre la recherche en éthique, voici un exemple d’un mémoire de M2 d’éthique médicale
et de bioéthique : « Légitimité des proches dans la décision de don d’organes : étude des
représentations professionnelles ».

État du domaine :
● Le cadre juridique actuel considère qu'à moins de s’y être opposé, on est donneur volontaire
par défaut (politique d’opt-out). Cela correspond à une vision humaniste, solidaire et
citoyenne, collective et sociale, centrée sur une démarche de santé publique.

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● En pratique : Il y a un conflit entre les principes légaux et l’ignorance de ces principes par le
grand public ce qui cause des tensions considérable quand il faut demander à une famille
encore sous le choc si on peut effectuer un prélèvement.
○ La réflexion éthique va toujours avec une certaine tension.

Problématique : La loi et les principes humaniste sont-ils applicables dans ce domaine ? Y aurait-il
une remise en question de ces derniers ?

Méthodologie :
● bibliographie
● rencontres de terrain avec des équipes soignantes et entretiens semi-directifs

Résultats et discussion :
● Tension des circonstances : choc, sidération, douleur vs argumentation humaniste et altruiste
● La famille représente un public vulnérable, incapable de se prononcer sur la volonté d’un
défunt qui ne s’est pas exprimé
● « la vulnérabilité de l’un appelle la responsabilité de l’autre » → en France, ce sont les
soignants qui prennent la décision, pas un comité éthique et ils se retrouvent alors face à un
dilemme
⇒ Solution la « plus éthique » = respecter le choix des familles (en contradiction avec la loi)
→ inscription de sa volonté sur la carte vitale ?
→ nouvelle évolution de ce cadre légal qui ne correspond pas à la pratique ?
● Devoir professionnel = appliquer la norme avec réflexion et humanité → phronesis, sagesse
pratique d’Aristote
Ce débat reste toujours ouvert.

Pr Jean Bernard (promoteur du premier laboratoire d’éthique en France) : « l’honneur de la médecine


et sa difficulté sont cette alliance du devoir de science et du devoir d’humanité »
→ La compétence technique n’est pas grand-chose sans la compétence de la rencontre.

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FICHE DE COURS : MÉDECINE - SANTÉ ET SOCIÉTÉ

Introduction :
L’objectif de ce cours est de se décentrer de la seule perspective biologique de la médecine.

I. La décision médicale : l’importance du diagnostic

A) La maladie comporte une réalité biologique

La maladie est un état affectant le corps d’un individu, une réalité biologique, un désordre qui
nous fait passer de la physiologie à la pathologie et qui entraîne donc la nécessité de traiter.
Cette réalité biologique est nécessaire et essentielle dans la prise en charge de la maladie. Elle
permet de reconnaître une maladie de façon reproductible, ce qui est indispensable pour :
- le traitement individuel (prise en charge différente en fonction du type de maladie)
- les études épidémiologiques (donc faire des statistiques)
- la santé publique (stratégies de dépistage, campagnes de prévention)
- la classification des maladies (CIM 11, EBM)

B) La maladie peut être aussi une construction sociale

La maladie est aussi une construction sociale qui va permettre au patient de donner du sens à sa
pathologie. Cette construction est indépendante de la réalité biologique, elle n’y est pas forcément
corrélée : l’anthropologie sociale et culturelle décrit en effet des syndromes qui sont socialement
construits.
exemples :
- la crise de foie → une réalité sociale qui ne correspond à aucune réalité biologique (existence
d’une campagne de publicité pour le Schoum, un breuvage pour détoxifier le foie).
- Amok : délire meurtrier décrit en Malaisie qui cause problème à la psychiatrie transculturelle
(discipline qui cherche à replacer les pathologies observées dans le monde dans la nosographie
occidentale) car cet état psychiatrique est difficile à ancrer dans les classifications actuelles
- catégories causales des maladies des Sénoufos, société avec une classification des causes des
maladies parmi les plus riches et développées : dans leur classification, la biologie n’est
qu’une cause parmi tant d’autres
- handicap : nouvelle “Pierre et Camille” d’Alfred de Musset : pour le même handicap, deux
perceptions radicalements différentes qui dépassent la réalité biologique : pour la société, la
surdicécité est perçu comme une malédiction (le “sceau de la colère céleste”), pour l’oncle,
c’est un avantage voire même une qualité

Il apparaît donc que la maladie est une réalité biologique et/ou une construction sociale (ce qui
rappelle l’objectif de ce cours).
=> Il découle de ce constat différents modèles sociaux que nous allons développer.

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C) Objectif : se décentraliser de la seule perspective biomédicale

a) modèle d’Eliot Friedson (pertinent pour les maladies chroniques)

● La maladie est étiquetée par la profession médicale (de la même manière que la société
étiquette un individu comme déviant (joueur de jazz, fumeur de marijuana) : théorie de
l’étiquetage)
○ La profession médicale a donc un rôle “d’institution de contrôle social” car elle
attribue un nouveau statut social au patient en le diagnostiquant malade.
C’est pour ça qu’on dit que “le médecin crée la maladie” : le diagnostic qui rend la
maladie réelle d’un point de vue psychologique et surtout social.
● Les conséquences de cet étiquetage sont les suivantes :
○ la société doit reconnaître le malade comme tel
○ le malade doit adhérer à une organisation sociale
■ « objective » (AT, ALD, aide sociale, prise en charge...)
■ « subjective » (représentations intimes, vocabulaire utilisé, image de soi...)
→ Les maladies n’ont pas toutes la même connotation. Par exemple, le cancer
est associé à un langage militaire (campagne, cible, arsenal…).

=> La maladie devient alors un système stable au sein duquel il existe un mode de régulation des
interactions sociales. Le fait de poser un diagnostic peut influencer voire changer le comportement
de l’individu car celui-ci va entrer dans une représentation sociale individuelle et collective de la
maladie.

b) Importance du diagnostic pour le malade (cas de la maladie chronique)

La maladie chronique est une expérience vécue, traversée de sens, c’est une rupture avec l’état
antérieur. Elle peut être vécue de diverses façons par exemple :
● rupture destructrice : la maladie diminue les activités et l’intégration sociale et peut détruire
l’identité sociale de l’individu (notamment pour les pathologies avec un mauvais pronostic)
● rupture libératrice : libération d’un poids social antérieur, bénéfices secondaires de la
maladie (arrêt de travail...) (exemple de Franz Kafka, atteint de tuberculose, qui a pu
s’adonner à sa passion pour l’écriture)
● maladie-métier/ profession : nouveau statut social : la lutte contre la maladie, qui devient
l’activité principale de l’individu
● etc

=> Le soignant doit donc prendre conscience de tout cet aspect social et psychologique du diagnostic
pour comprendre la signification de la maladie pour le patient et ne pas être déstabilisé par sa
réaction face à cette annonce.

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II. Les types de relations soignant-soigné

On peut envisager ces types de relations de 3 manières :


● approche pratique : relation classique (information, communication, confiance,
consentement, secret)
● approche psychologique : le “remède médecin” (effet placebo du médecin : le simple fait
d’aller voir un médecin entraine un début de guérison, même avant d’avoir reçu un traitement)
● approche sociologique : la relation ne se limite pas à une relation inter-personnelle, mais elle
est inscrite dans des rapports structurels de la société globale (chaque personne appartient à un
groupe social particulier, avec des codes particuliers).
○ Il y a eu d'importants efforts de théorisation de la maladie dans cette approche, ce qui a
abouti à des modèles très contrastés que nous allons décrire ici.

A) Le modèle consensuel fonctionnaliste : Talcott Parsons (1951, the social system)

C’est un modèle influencé par les maladies aiguës (infectieuses). Il part du constat que :
● Dans les sociétés industrielles modernes, l’individu en bonne santé est nécessaire au bon
fonctionnement de la société.
● Dans ce cas, la maladie représente une rupture, une déviance potentielle par rapport à l’ordre
social qui veut que chacun soit productif et apte à travailler.
La médecine joue alors un rôle de contrôle social bénéfique à l’ensemble de la société en permettant à
la personne de retourner au travail.

La relation médecin-malade est simultanément :


● asymétrique
○ rôle du malade :
- exempté de ses responsabilités habituelles (il peut ne pas aller travailler)
- pas tenu responsable de sa maladie et a donc droit à l’assistance
- doit souhaiter aller mieux
- doit aller chercher l’aide du médecin et coopérer
○ rôle du médecin :
- compétence technique fonctionnellement spécifique (limitée à ce domaine)
- universalisme : le médecin est naturellement orienté vers le bien-être du patient
et de la société.
● et consensuelle
○ les attentes des deux acteurs sont réciproques, complémentaires et clairement définies.
○ il y a un consensus évident : le but est la guérison du patient par le médecin.

➔ Intérêts de ce modèle
★ reconnaissance de la signification de la santé et de la maladie d’un point de vue sociétal
★ place centrale que la médecine occupait dans la société moderne
→ fonction technique mais aussi de régulation sociale

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➔ Critiques de ce modèle
● ne fonctionne que pour les maladies aiguës, car il ne marche pas pour :
- les maladies chroniques avec maintien dans la collectivité tout en restant malade
- les maladies incurables avec la remise en cause de l’objectif consensuel de guérison
● asymétrie des positions : avec l’évolution récente de la relation médecin-patient, on constate
une :
○ augmentation de la compétence et des exigences des patients
○ diminution de la docilité et de la coopération (35-57% des patients ne suivent pas les
prescriptions)
● influence de la classe sociale : la méfiance envers l’accès à la médecine ou aux professions
médicales dépend de la classe sociale (les classes populaires et travailleurs manuels ++), et
l’accès à la psychiatrie dépend aussi de la classe sociale (classes supérieures ++).
● remise en cause de l’universalisme médical : selon T. Mizrahi, les jeunes médecins acquièrent
une « socialisation anticipatrice d’une relation médecin-malade négative » (ils apprennent à
distinguer les malades « idéaux » des malades « méprisés » qu’il ne vont pas aimer prendre en
charge).

B) Le modèle conflictuel : Eliot Freidson (1923-2005)

Entre médecin et patient, on aura :


● Divergence d’intérêts
○ le médecin a aussi ses intérêts propres qu’ils soient individuels ou corporatistes (il
appartient, comme le patient, à un groupe social défini) → remise en cause de
l’universalisme médical
○ ceux-ci vont parfois entrer en contradiction avec son altruisme
● Divergence de perspectives
○ Le médecin va percevoir le malade selon les catégories de son savoir spécialisé alors
que le malade va percevoir sa maladie en fonction des exigences de sa vie quotidienne
■ ex : patient qui consulte parce qu’il a des fourmis dans les jambes ce qui le
gêne dans sa vie de tous les jours, son médecin lui diagnostique un diabète avec
des lésions neurologiques. A la fin de la consultation, le médecin est satisfait
car il a réussi à identifier la maladie et lui prescrire un traitement
anti-diabétique mais le patient, lui, ne l’est pas, car le médecin n’a pas répondu
à sa demande à savoir de soigner ses problèmes aux jambes. Le médecin ne
comprend pas le manque de motivation du patient à suivre son nouveau
traitement et le patient ne comprend pas pourquoi le médecin s’est concentré
sur sa glycémie (dont il ne se plaint pas) au lieu de s’occuper de son motif de
consultation qui l’handicape dans sa vie quotidienne. → Chacun va voir la
maladie depuis un certain angle et se préoccuper d’aspects négligés par
l’autre, ce qui est source d’incompréhensions.
=> Et donc pas de consensus a priori (Attention : ça ne signifie pas qu’un accord est impossible,
juste que médecin et patient ne recherchent pas les mêmes choses et que cela a tendance à entrainer
des conflits.)

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● On a une rencontre entre une culture profane et une culture professionnelle mais il ne faut
pas oublier ces deux cultures coexistent chez les deux acteurs : le patient peut avoir des
connaissances médicales solides sur sa maladie et tout le monde, même un médecin, peut avoir
des idées reçues.

● Pluralité de configurations de l'interaction médecin-malade


○ activité/passivité :
- coma, anesthésie, traumatisme grave, pédiatrie, chirurgie… → dérogation au
consentement ?
- maladies “stigmatisées” (MST, toxicomanie…) et statut social bas (absence de
ressources) → relation plus verticale
○ coopération guidée : maladies aiguës, traumatisme simple
○ participation mutuelle : maladies chroniques, incurables, psychothérapies → il n’y a
pas de consensus a priori, l’objectif se dessine au fur et à mesure de la relation.

● Rôle du contexte organisationnel


○ le médecin généraliste est plus proche de la culture profane, du milieu social de ses
patients puisqu’il en est dépendant.
○ le médecin hospitalier, à l’inverse, est plus proche de la culture professionnelle car
dépendant de ses collègues (relations hiérarchiques).

C) Pluralité des modes de relation et négociation

Au-delà du conflit, on devrait rechercher la négociation.

Importance de prendre en compte les évolutions récentes de la relation médecin-patient :


● transfert de compétence (du médecin vers le patient voire du patient vers le médecin)
● concept de malade “auto-soignant”
→ pour certaines maladies chroniques il est important que le patient apprenne à faire
certains soins lui-même
○ patients-experts : connaissent mieux leur maladie que le médecin lui-même
● position plus égalitaire

Le modèle de l’ordre négocié : Anselm Strauss


● l’objectif à atteindre n’est pas prédéterminé mais se constitue dans la négociation
● l’accord obtenu et l’ordre qui se met en place ne sont jamais définitifs
● importance de la dimension temporelle : la relation de soin est un processus dynamique et
évolutif
○ observation de Patrick West : des parents d’enfants atteints d’épilepsie passent d’une
relation “active/passive” à un rôle actif en seulement 3 consultations

➔ Intérêts

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★ envisager la relation comme ouverte, chaque partenaire de l'interaction pouvant influencer son
déroulement et ses résultats.
★ pour autant le médecin possède des compétences techniques qui lui servent à structurer
l'interaction.

Les sociologues s’intéressent à la diversification actuelle des modes de relations et notamment aux
relations médecin-patient en dehors du cadre thérapeutique, autrement dit avec un autre but que la
guérison et le soin (ex : médecine du travail, du sport, médecine légale...).

Conclusion

Concrètement, pourquoi s’intéresser à l’anthropologie médicale ?


● Identifier les inquiétudes et les attentes
● Comprendre la signification de la maladie pour le patient
● Comprendre le comportement du patient
● Adapter l’information et les explications
● Créer une alliance thérapeutique en négociant un plan de prise en charge
● Suggérer des options de traitement supplémentaires

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MODULE 4 : LA DÉMARCHE SCIENTIFIQUE,
ÉPISTÉMOLOGIE, HISTOIRE DES SCIENCES DE LA
SANTÉ
FICHE DE COURS : HISTOIRE DE LA MÉDECINE

I- La Préhistoire :

​ Maladie = manifestation divine, art sacré et magique


​ Médecins : sorciers/prêtres (n’existe pas vraiment)
​ Traces de réparations osseuses et de trépanations (trous dans le crâne) pour chasser le mal

II- La Haute Antiquité :

En Assyro-Babylonie :
Écrits cunéiformes : médecine incantatoire sacrée (maladie = punition)
Utilisation d’outils (scalpels) et de médicaments
Code d’Hammourabi : responsabilité du soignant (-1900)

En Égypte :
Hiéroglyphes : médecine magique et empirique
Papyrus d’Eberth : anatomie rudimentaire, chirurgie, trépanation

La médecine hébraïque :
Pour la première fois, influence d’une pensée religieuse monothéiste
Maladie = faute de l’Homme, punition divine
Mettent en avant compassion, pardon et remords et non une thérapeutique

En Chine :
Conception dualiste de la Santé (qu’on retrouve chez Hippocrate) : Yin et Yang
Phytothérapie, acupuncture, examen du pouls…

Aux Indes :
Maladie = punition divine
Médecins : prêtres mais ont des connaissances médicales, une pharmacopée…
Comme les chinois, sensibles à l’harmonie corps/esprit : yoga

III- L’Antiquité Gréco-Romaine :

La Grèce archaïque ou homérique :


​ Grosse influence de mythologie grecque sur médecine (Asklepios, Hygie, Panacée)
​ Médecins : prêtres pratiquant des incantations, médecine magique
​ Principes hygiéno-diététiques (Hygie)

La Grèce de l’âge classique :


​ Naissance de l’esprit rationnel (Vème avant JC) → Recherche du comment
​ Thalès, Pythagore, Héraclite, Socrate, Platon, Aristote … Siècle de Périclès
​ On commence à faire des examens cliniques
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​ Importance du cerveau, centre de la pensée : distinction psyché/soma (âme psychique
sensible ou grossière, et âme végétative sensitive et rationnelle)
Philosophie spiritualiste (âme rationnelle) / philosophie mécaniciste ( pré science des
atomes)
​ Maladie = discordance ; santé = harmonie

Hippocrate : père de la médecine


​ Maladie = accident de la nature et pas punition divine
​ Observation et description clinique
​ Théorie des humeurs : équilibre des 4 humeurs = santé
​ On rétablit l’équilibre en pratiquant des saignées. Il pratique la chirurgie
​ « Primum non nocere »
​ Préceptes de déontologie : serment d’Hippocrate

L’Égypte des Ptolémée :
​ Alexandrie : centre culturel
​ Euclide, Archimède
​ Premières dissections sur l’Homme à bases anatomie et physiologie du SN
​ Puis dissections disparaissent à cause de l’église chrétienne qui les condamne

L’Empire Romain :
​ Souci de l’hygiène : « tout à l’égout », bains
​ Se méfient des médecins qui sont des grecs (pas de médecins romains)
​ Aulus Celse décrit l’inflammation : douleur, chaleur, rougeur, tumeur

Galien :
​ Connaissances anatomiques : dissèque les animaux
​ S’inspire d’Hippocrate et de sa théorie des humeurs
​ Prescrit médicaments : la thériaque (opium) soigne à peu près tout : panacée thérapeutique
​ Pense que le corps est mis en vie par un « pneuma » (souffle supérieur)
​ Il plaît à l’église monothéiste chrétienne qui applique la médecine galénique
​ Rayonnement de sa pensée pendant des siècles dans les différentes civilisations (Juifs,
Chrétiens, Musulmans) malgré les défauts de ses théories

IV- Le Moyen-Âge :

En Orient :
​ Moyen-Âge = de la chute de Rome à la chute de Constantinople
​ Textes grecs et latins traduits et diffusés en Arabe
​ Mahomet et le Coran (hygiène : pas de porc ni d’alcool)
​ Rhazès (pédiatrie), Avicenne (diabète, cataracte, atteinte du SNC, >800 médicaments plantes),
Averrhoes (découvre l’immunisation en étudiant la variole variole, médecine
expérimentale), Maimonide (prières déontologiques) , Abulcassis (chirurgien), …
​ Pharmacopée Arabe (1400 drogues)
​ Premiers hôpitaux à Cordoue et asiles d’aliénés

En Occident :
​ Invasion des barbares : morcellement de l’Europe

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V- Le Haut Moyen-Âge :

​ Immobilisme et obscurantisme
​ Séparation de la médecine et de la chirurgie
​ Médecins ignorants, barbiers chirurgiens, magie et sorcellerie
​ Suprématie de l’église et de la médecine galénique (devenue dogmatique)
​ Grandes épidémies
→ Période de régression sur le plan médical

VI- Du XIème siècle au XVème siècle : le réveil :

​ Convergence Islam/Chrétienté → La médecine islamique se propage en Occident


​ Centres universitaires (Italie, mais aussi Toulouse)
​ Apparition de la scolastique (étude des textes ancestraux +observations)
​ École de Montpellier (Gui de Chauliac)

VII- De la Renaissance à la Révolution :

XVème et XVIème siècles :


​ Dogmes de l’église critiqués : esprit critique, on revient à l’observation, analyse
​ Développement de l’imprimerie : diffusion des connaissances
​ Découverte du Monde, renouveau artistique et essor scientifique
​ De Vinci (progrès anatomie), Vésale, Michel-Ange, Rabelais, Montaigne, Ronsard,
Shakespeare, Galilée, Copernic, Paracelse et l’effet placebo, …
​ Développement chirurgie mais reste pratiquée par barbiers qui sont sous la tutelle des
médecins

Ambroise Paré :
​ Barbier-chirurgien de 4 rois de France et médecin de guerre : apprend beaucoup par ce biais
​ Cautérisation, ligature des vaisseaux, instruments chirurgicaux, traités
​ Grand souci du malade.

XVIIème siècle « Grand Siècle » :


​ Rayonnement politique, découvertes scientifiques (Galilée, Newton, Fermat…)
​ Descartes désacralise le corps : n’est qu’une machine ce qui conforte les médecins à aller
l’étudier sous tous les angles
​ Découverte physiologie, SN, circulation sanguine
​ Naissance histologie/cytologie/bactériologie (+ invention microscope)
→ Mais une médecine encore archaïque :
​ Molière atteint de la tuberculose qu’on ne peut soigner : médecine inefficace et iatrogène
​ Louis XIII différencie chirurgiens/barbiers
​ Louis XIV guéri de sa fistule anale par Félix (« la grande opération »)

Siècle des Lumières (XVIIIème siècle) : réformes


​ Montesquieu, Voltaire, Diderot, Rousseau, Newton, Lamarck, …
​ Kant guide la conduite à tenir face au malade, respect de l’autonomie
​ Naissance obstétrique et psychiatrie (« aliénisme » à l’époque mis en avant par Pinel et
Esuqirol)
​ Émancipation de la chirurgie
​ Création facultés, écoles de Santé : diplôme d’État commun médecins/chirurgiens à la
chirurgie devient une spécialité de la médecine, elle n’est plus à part
​ Francisation et laïcisation
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​ Développement de l’hygiène

VIII- L’Ère Moderne :

XIXème siècle :
​ Dissections, on découvre les maladies, lésions, microbes
​ Laennec invente le stéthoscope
La méthode anatomo-clinique : observation et corrélation entre signes et maladie
​ La méthode expérimentale : le corps humain fonctionne de manière systématique, pas de
forces surnaturelles ni « souffle de vie »

​ Claude Bernard : homéostasie et physiologie, maladie = déséquilibre de l’homéostasie

​ Origine exogène des maladies : hygiène et asepsie, Pasteur et la vaccination


​ Fin de la « génération spontanée » (dogme galénique) : les microbes ne « naissent » pas, ils
sont autour de nous et se développent si conditions favorables

​ Progrès de la pratique chirurgicale : asepsie, anesthésiques


​ Naissance de l’endocrinologie (Claude Bernard), de la psychiatrie (Pinel, Esquirol) et de
l’imagerie médicale (Becquerel, P&M Curie)

XXème siècle : progrès thérapeutiques


​ Énorme progrès clinique de plus en plus affinée par les progrès de la physio-pathologie
(neurogénèse, psychogénèse)
​ Charcot, puis Freud et sa psychanalyse

Explosion des neurosciences


​ Médecine de plus en plus technologique et efficace mais aussi iatrogène (donc inconvénients
tout de même)…
​ Biologie cellulaire et moléculaire, imagerie, radiologie, …
​ Médecine de plus en plus performante mais chère et dangereuse, plus prédictive que
curative, attention à l’eugénisme (dépistage grossesse, trisomie 21, IVG…)
à Relève des questions éthiques : lois de bioéthique

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FICHE DE COURS : INTRODUCTION À L’ÉPISTÉMOLOGIE

L'Épistémologie :
- Epistème : connaissance/science logos : étude
- Discours sur les sciences et les connaissances,
- Établit une réflexion critique sur ce qu'est une théorie : origine, construction, structure
(démarche scientifique)
- Étudie l'aspect historique (modification des mentalités et des paradigmes), philosophique
(ambiance intellectuelle de l’époque), et sociologique (façon dont les théories sont perçues).

Les sciences :
​Corps de connaissance ayant un objet d'étude déterminé et reconnu, et une méthode propre.
​Ensemble des lois déduites des hypothèses, renforcées par l'expérience, et pouvant ensemble,
constituer les bases d'une théorie qui ensuite prédira des phénomènes que l'on pourra tester par de
nouvelles expériences.
​Cherche des théories d'application valable afin de produire des critères de validation reproductible.
- Basé sur la réalité : contrat matérialiste
- A pour but de décrire, expliquer, comprendre et ne cherche pas d'interprétation
- Souci de produire des critères de validation publiques, c'est-à-dire exposés au contrôle
instruit de quiconque.

Vérité :
​Identité entre le discours et la chose
Il n'y a pas de vérité absolue mais des vérités objectives.
Opinion : vérité subjective → Obstacle épistémologique.
Vérité = savoir, opinion = croire savoir, foi = croire
→ La base des connaissances est l’incrédulité.

Méthode expérimentale :
​Abduction : création de conjectures, de théories
​Induction : l’expérimentation, l'observation de faits permet l'élaboration de théories.
- Sur la base de cas individuels semblables on propose une règle générale
- Un seul contre-exemple la réfute

Observation → expérimentation → loi universelle = INDUCTIVISME


→ On ne peut pas utiliser l’observation répétée pour créer des théories
Loi universelle + condition initiale → prédiction = DEDUCTION

Induction pessimiste (Poincaré) : raisonnement par induction, croire que nous ne parviendrons
jamais à une théorie vraie

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Courants de pensée :
​Idéalisme : représentation mentale sur la réalité : « le monde n'existe que parce qu'on le pense »
Berkeley (mécanique quantique) : subjectivisme pur
​Réalisme : se base sur la sensorialité : le réel est ce qui est perçu / vu, le réel existe indépendamment
de nous et stimule nos sens
​Anatomistes, physiologistes
​Empirisme : théories basées sur l’expérience
​Chercheurs
​Rationalisme :
La raison est la seule source de connaissances
Rejet de la métaphysique
- Classique : penser la chose suffit pour qu'elle soit vraie : c'est penser en dehors du réel et des
expériences ( preuve ontologique de St Anselme )
- Moderne : la raison travaille sur des faits sous le contrôle de l’expérience

→ La théorie précède l’observation : la science est hypothético-déductive.

Gaston Bachelard :
​Rationalisme appliqué : pas de théorie sans application .
​Opinion = obstacle épistémologique → Il faut les détruire et les remplacer par la connaissance.
​→ Têtes bien faites contre têtes bien pleines
La science validée peut être remplacée
Rupture épistémologique : conduit à une révolution scientifique

Relativisme cognitif : soumettre le réel à sa volonté (Lyssenko)

Popper :
Critique l’induction : l’expérience ne peut pas vérifier une théorie.
Méthode falsificationniste : un seul contre-exemple réfute une théorie.
→ Falsification au lieu d’induction.
L’expérience ne peut pas montrer qu’une théorie est vraie, elle ne peut que montrer qu’elle est
fausse.
​Rationalisme critique : essayer de réfuter des théories.
​Il faut aller vers une théorie universelle et complète
​Les pseudo-sciences : (ex : créationnisme)
- Non réfutables, englobantes, pas d’expériences.

​→ Une théorie scientifique doit être : prédictive, testable, falsifiable, informative, non
englobante et universalisable.

Fake news :
L’opinion est plus rapide à donner qu’à justifier.
La vérité scientifique est plus longue à démontrer, plus rigoureuse.
Tout argument contre les fake news est inclus dans une conspiration.
Cause : Information souvent mal donnée, journalistes incompétents en science.
- Le biais de négativité : Les individus sont davantage marqués par les expériences négatives
(les effets secondaires des médicaments ont plus d’importance que les bénéfices)
- L’illusion de corrélation : Percevoir une relation entre 2 évènements non ou faiblement reliés
car ils apparaissent temporellement proches (++ vaccins)
- Le biais de représentativité : Fonder son jugement sur un nombre limité d’éléments
(généralisation à partir d’un fait premier)
- Le biais d’ancrage : Difficulté rencontrée à se départir de sa première impression

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Bachelard et les fake news :
Le combat de Bachelard contre l’opinion comme obstacle épistémologique s’appliquerait contre les
fake news.
Préférer croire en une opinion contre la science plutôt que de se confronter au réel.
Se laisser aveugler par les arguments d’autorité.

Rasoir d’Occam :
principe de parcimonie et d’économie
La charge de la preuve est à celui qui avance l’hypothèse

Kuhn :
→ Pourquoi une théorie scientifique acceptée s’effondre-t-elle?
​Paradigme : ce à quoi adhère une communauté scientifique à une époque donné. Consensus sur
théories, techniques, idées et hypothèses expliquant le monde.
​Révolution scientifique :
- Anomalie : inadéquation avec la théorie, découverte de problèmes résistant à une solution.
- Crise : le paradigme n'est plus accepté à l'unanimité
- Révolution : nouvelle théorie → compétition entre ancien et nouveau paradigme, on ne peut
pas établir quel est le meilleur
→ Il croit que l’adhésion à un paradigme s’explique plutôt par des facteurs sociologiques que
par des arguments.
- Remplacement : un paradigme prend la place de l'autre (ex : mécanique classique / mécanique
quantique)
- Incommensurabilité : concepts (nouveau /ancien) tellement éloignés qu'on ne peut pas les
comparer.
Mais : pas possible d’établir par l’expérience scientifique que la nouvelle théorie réalise un progrès au
plan de la connaissance
Kuhn s’est trompé : le contexte social était opposé aux théories qui ont fondé la mécanique quantique
et la relativité générale.

Canguilhem :
Le pathologique n’est pas le contraire du normal mais de la santé
La maladie est un nouvel équilibre, un réajustement de la norme

La médecine est-elle une science ?


« La médecine est un art au carrefour de plusieurs sciences » G Canguilhem
Science : maladies, processus biologiques → Déshumaniser le malade
Médecine : malades, signes difficiles à interpréter → Offrir une qualité de vie au malade.
→ Les connaissances scientifiques aident mais ne remplacent pas la médecine
Le patient est au centre : un médecin doit être capable de relation humaine, de psychologie, d’écouter
et parler aux malades.

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SUJETS ET CORRECTIONS DU TUTORAT
Cette partie propose des sujets et corrections rédigées par des équipes de tuteurs surmotivés et dont certains
sont corrigés par des professeurs de la faculté.
La consigne est la même partout : rédaction du sujet en 100 mots maximum.

Sujet 1 : Anthropologie de la Santé


(relue par Pr Crubezy)

Question : En 2020, expliquez pourquoi la médecine occidentale dite "de premier contact" reste
un art.

Proposition de Correction :
Actuellement, la médecine occidentale s'illustre dans une optique scientifique avec
l’Evidence-Based Medicine, répondant à un problème clinique ciblé. Elle est toutefois indissociable de la
médecine «de premier contact» considérant une variabilité multidimensionnelle. Elle s'exprime chez le patient,
sur le plan biologique et environnemental (culturel, social, sanitaire). Elle concerne la pathologie, confrontant le
ressenti du sujet aux interprétations scientifiques et culturelles du médecin. Les profils polypathologiques
(disease) contribuent aussi à cette variabilité.
L’art de la médecine actuelle réside donc dans l’harmonisation de ces variabilités
pour répondre aux attentes du patient, peu importe le contexte.
(97 mots)

Attentes du Professeur Crubézy :


« Vous noterez que ce qui est attendu c’est la notion de variabilité « à tous les
niveaux » (si on l’a compris cela permet de structurer sa copie) avec,
contrairement à l’évidence based medicine, une absence de question claire et
précise d’emblée. »

Grille de Correction :
● Variabilité Environnements : dimensions, culturelles, sociales, familiales, sanitaires)
● Variabilité de la Pathologie des patients : Les patients ont souvent plusieurs pathologies
● (ou disease),
● Variabilité Biologique des patients (âge, sexe)
● Variabilité des Médecins : niveaux de connaissances différents, cultures semblables ?
● Variabilité des Maladies et leurs Expressions : quels illness ?
● Nécessité de répondre aux Attentes du patient : dans l’urgence
● Interactions entre ces éléments : c’est un Art
● Evidence Based Medicine : question clinique claire et précise à partir d'un problème clinique
● pour un échantillon bien défini.
● Raisonnement / Orthographe

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Sujet 2 : La Variabilité

Question : Vous expliquerez comment l'évolution comportementale de l'Homme a influencé ses


modes de vie à travers le temps.

Proposition de Correction :
L’homme vivait initialement comme un chasseur-cueilleur. Il était un super prédateur envers
les grands mammifères et traquait en groupe. Grâce à ses outils, il apprend à faire du feu,
constituant une aide majeure dans sa conquête du milieu. Étant ensuite forcé à la sédentarisation durant les
périodes glaciaires, il devient agriculteur. Progressivement, les
interactions sociales et la culture, devenant de plus en plus complexes et fructueuses pour
l’espèce, la vie en société s’est développée et le mode de vie est devenu citadin. C’est par
ces mécanismes que l’évolution culturelle supplanta l’évolution biologique.
(99 mot)

Grille de Correction :
● Orthographe 1pt
● Articulation du texte, syntaxe 1pt
● chasseur cueilleur 1pt
● Sédentarisation 1pt
● Développement de l’Agriculture/agriculteur 1pt
● Citadins 1pt
● Notion de conquête du milieu/adaptation constante au milieu 1pt
● Vie sociale/Société 1pt
● Prédateur/superprédateur 1pt
● De nos jours : évolution culturelle qui prend le pas sur l’évolution biologique. 1pt

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Sujet 3 : La Relation de Soin

Question : Expliquez en quoi la Loi Kouchner de 2002 place le médecin dans une position de
conseiller pour le patient.

Proposition de Correction :
La loi Kouchner de 2002 établit le principe d’autonomie du patient qui gagne en pouvoir décisionnel. Cela
renforce le modèle interprétatif, dans lequel le médecin devient conseiller du patient. L’échange entre
soignant et soigné aboutit à l’auto-compréhension du patient de son illness : il devient acteur de la gestion
de sa santé biopsychosociale. Ce dialogue s’inscrit dans une relation de confiance, basée sur les devoirs
d’information et bienveillance du médecin.
(91 mots)

Grille de Correction :
Il y a deux notions clés ici dont il faut faire le lien. La première, c’est l’autonomisation du patient grâce à la
Loi Kouchner de 2002. Le patient a plus de droit, et on passe d’une relation paternaliste à une relation où le
Patient a plus de pouvoir. La deuxième notion clé est le modèle Interprétatif, qu’il fallait repérer grâce au mot
clé « conseiller ». S’en suit alors la description du modèle interprétatif, bien détaillé dans votre cours :

● Autonomie du patient : 1 pt
● Modèle interprétatif : 1 pt
● Conseiller Médecine : 0,5 pt
● Échange Soignant/Soigné : 1 pt
● Auto-compréhension du patients : 1 pt
● Patient acteur : 0,5 pt
● Santé biopsychosociale : 1 pt
● Relation de confiance : 1 pt
● Devoir d’information : 0,5 pt
● Devoir de bienveillance : 0,5 pt
● Enchaînement des idées : 1 pt
● Orthographe : 1 pt

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Sujet 4 : Protection de la Santé

Question : Expliquez l’implication des pouvoirs publics relative au droit à la protection de la


santé.

Proposition de Correction :
Les pouvoirs publics ont deux objectifs : garantir la santé publique et le maintien de l’économie, tout en
recherchant le meilleur état de santé pour tous. Pour cela, il faut assurer l’accès aux soins pour tous, en
termes de disponibilité, d’accessibilité, d’acceptabilité et de qualité. Des politiques de santé et d’Assurance
Maladie seront donc mises en place au niveau national. Elles relèvent de la responsabilité de l’État, qui aura
trois rôles : expertise, gestion et décision. On retrouvera également des mesures internationales, notamment
au sein de l’Union Européenne où les compétences seront partagées entre les États.
(100 mots)
Grille de Correction :
● Objectifs de santé publique et économique 1pt
● Quête du meilleur état de santé 1pt
● Nécessité d’assurer l’accès aux soins 2pts
- Disponibilité
- Accessibilité
- Acceptabilité
- Qualité
● Implication nationale : mise en place d’une politique de santé 1pt
● Implication de l’état (expertise, gestion, décision) et sa responsabilité 1pt
● Politique d’assurance maladie 1pt
● Implication internationale : partage des compétences (avec l’UE) 1pt
● Orthographe 1pt
● Structure 1pt

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Sujet 5 : Normal et Pathologique : la Santé mentale

Question : En quoi la prise en charge de la maladie mentale vraie s'inscrit-elle dans le modèle
paternaliste ?

Proposition de Correction :
La maladie mentale vraie est un cas particulier de la relation patient-soignant. L'inconscience des troubles dus
à la maladie engendrée par l'anosognosie justifie une prise en charge sans consentement. La relation se base
alors sur un modèle paternaliste où seul le psychiatre, expert de la maladie, détient le pouvoir : il décide du
meilleur traitement pour son patient adapté à sa normativité biologique. L'objectif est de le conduire à une
prise de conscience de sa maladie mentale, engendrant ainsi une amélioration de sa santé biologique et une
atténuation du caractère paternaliste de la relation.
(98 mots)

Grille de Notation :
Le point de départ ici est la maladie mentale Vraie. En effet, il faut se rappeler qu’elle concerne les troubles
mentaux dans lesquels les patients n’ont pas conscience qu’ils sont malades : l’anosognosie. On aboutit donc
sur le modèle paternaliste, avec des soins sans consentement, dont seul le Psychiatre est le spécialiste :

● Maladie Mentale Vraie : 1 pt


● Relation Patient-Soignant : 0,5 pt
● Anosognosie : Inconscience des troubles : 1pt
● Sans Consentement : 1 pt
● Modèle Paternaliste : 1 pt
● Psychiatre : 0,5 pt
● Normativité Biologique : 1 pt
● Prise de conscience : 1 pt
● Amélioration de la santé biologique : 1 pt
● Enchaînement des idées : 1 pt
● Orthographe : 1 pt

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