Vous êtes sur la page 1sur 10

COMPÉTENCE MOBILISÉE : Professionalisme 2

THÈME : Modalités du Développement Professionnel Continu

INTRODUCTION

La médecine est une discipline fondamentalement évolutive : les mécanismes du corps


humain, s’ils sont de mieux en mieux décrits, sont encore loin d’avoir délivré tous leurs secrets.
De nombreuses pathologies et réactions de l’organisme à leur prise en charge sont encore mal
comprises dans leur origine, leur évolution ou leur traitement, avec des débats agitant leur
prise en charge, en particulier concernant les entités dont le seuil de pathologie fait
discussion : la persistance de pathologies incurables ou aux traitements lourds, l’indication
débattue à un recours médicamenteux à vertu préventive (pour l’hypercholestérolémie par
exemple), la survenue d’effets paradoxaux des médicaments, l’absence de réponse
thérapeutique aux traitements, l’absence de recours curatif à certaines pathologies ou encore
l’apparition d’effets indésirables idiosyncrasiques sont autant d’éléments montrant la marge
de connaissances qu’il reste à acquérir dans le domaine de la Santé humaine. Et s’il est du rôle
des chercheurs de repousser toujours plus loin les limites de notre savoir, les médecins, même
s’ils n’ont pas l’obligation de s’impliquer directement dans une démarche de recherche,
doivent toutefois répondre à des nécessités déontologiques corollaires à ces recherches,
participant ainsi, à leur échelle, au progrès médical.
Cette participation s’effectue à deux niveaux : en amont de la démarche de recherche,
par le recueil des données relatives à leur exercice (prévalence des pathologies, réponses aux
traitements, fréquence et nature des effets indésirables etc.), informations ensuite recueillies
permettant d’aboutir à des conclusions et en déduire des optimisations de pratique :
l’interdiction de traitements dont la nocivité n’a été mis en évidence que tardivement, comme
la thalidomide, le distilbène ou le benfluorex, en sont les exemples les plus parlant. De
manière moins médiatique mais non moins importantes, d’autres classes médicamenteuses
ont fait l’objet de modifications concernant leur place dans la démarche thérapeutique,
changeant réciproquement leur perception aux yeux du monde médical : les benzodiazépines,
au fort potentiel addictogène, et les anti-inflammatoires non stéroïdiens, pourvoyeurs d’effets
indésirables multiples, illustrent ces procédés.
Cette actualisation constante de la prise en charge médicale nécessite, pour perdurer,
plusieurs conditions :
— Le recueil le plus étoffé possible de données concernant les résultats, positifs comme
négatifs, des prises en charges au niveau individuel ;
— La compilation exhaustive de ces données ;
— L’intégration de ces données dans un raisonnement scientifique permettant de tirer des
conclusions concrètes et pertinentes (si possible par la confirmation expérimentale) ;
— La diffusion de ces conclusions aux acteurs de la prise en charge médicale, avec
établissements de recommandations et d’algorithmes de prise en charge régularisées en
rapport.
C’est sur ce dernier point qu’intervient le Développement Professionnel Continu : le
praticien doit être actif dans sa démarche d’actualisation de ses connaissances, et donc de ses
prises en charge. A quoi correspond concrètement cette démarche ?

SITUATION CLINIQUE :

J’effectuais en 2020 mon stage de 1er semestre d’interne chez le médecin généraliste Dr K.
Madame G, 22 ans, pas d’antécédent, consultait ce jour pour renouvellement de dispositif contraceptif
sous cutané NEXPLANON.
Concernant celui-ci, j’avais pour acquis que sa pose doit s’effectuer dans la loge bicipito-tricipitale.
Effectivement, le dispositif posé il y a 3 ans se situait dans la dite gouttière. Après un retrait rapide par
incision, le médecin me demande où il conviendrait de placer le nouveau. Je réponds conformément
à mes connaissances : à la même hauteur, en décalant latéralement de quelques centimètres dans le
sens du futur emplacement le point d’incision.
Après m’avoir confirmé qu’il s’agissait du raisonnement effectué lors de la pose antérieure, il
m’informe des nouvelles recommandations à ce sujet, formulées particulièrement depuis la survenue
de plusieurs migrations d’implants, en particulier dans l’artère pulmonaire, soit un potentiel effet
indésirable grave. Il m’explique que dorénavant, celui-ci doit être placé en regard du triceps, à environ
8 à 10 cm de l’épicondyle médial de l’humérus et 3 à 5 cm postérieur sous le sillon qui sépare le biceps
du triceps. Il procède à la pose conformément à ses dires.
Après la consultation, il me dit qu’il a pris connaissances de ces recommandations récemment, lors
d’une formation dans le cadre de son développement professionnel continu (DPC), et regrette que, du
fait de la crise sanitaire liée à l’épidémie de COVID-19, les dites sessions aient été restreintes, ne
permettant notamment plus d’y convier les internes.

QUESTIONS SOULEVEES :

Quels sont les motifs régissant la nécessité du développement professionnel continu ?


Comment celui-ci est-il encadré légalement et déontologiquement ?
Quelles en sont les modalités et les bénéfices ?

EXPERIENCE :

I) Obligations légales et organismes liés à la formation

a) Instauration et but du Développement Professionnel Continu

L’Article 11 de déontologie (article R.4127-11 du Code de la Santé Publique) stipule


que « tout médecin entretient et perfectionne ses connaissances dans le respect de son
obligation de développement professionnel continu » [1]. Cette directive a été formalisée par
la création de la Formation Médicale Continue (FMC), obligation légale depuis 1996 à travers
l’ordonnance Juppé. La loi du 13 août 2004 relative à l'Assurance Maladie rend obligatoire
l’évaluation des pratiques professionnelles, en plus de la FMC, avec un système
d’accréditation mis en place en 2006 : le professionnel de santé devait avoir recueilli sur 5 ans
250 crédits afin de satisfaire à son obligation de FMC. Suite au rapport de l’Inspection Générale
des Affaires Sociales (IGAS) de 2008, et par la loi Hôpital, Patient, Santé, Territoire (HPST) de
2009, la FMC et l’évaluation des pratiques professionnelles fusionnent, formant le
Développement Professionnel Continu (DPC), dispositif de formation obligatoire pour tout
médecin, quelle que soit sa spécialité [2][3][4].
En effet, la base scientifique associée à l’exercice efficace de la médecine, soit la
médecine basée sur des preuves (EBM) est perpétuellement actualisée par le recueil de
nouvelles données, compilées au sein d’études, elles-mêmes regroupées en méta-analyses :
l’accumulation des informations permet, par l’importance des effectifs cumulés, de
s’affranchir de plus en plus de la composante hasardeuse, et donc de tirer des conclusions de
plus en plus proches avec le réel. De plus, la diversification des situations permet de nuancer
les conclusions en fonction des populations concernées : le Centre de Référence sur les Agents
Tératogènes (CRAT) a ainsi pu recenser les effets d’une très large variété de substances actives
sur la grossesse et l’allaitement, autorisant ainsi le recours à des médicaments qui ne
disposaient pas d’autorisation de mise sur le marché (AMM) étendue à la grossesse (exemple
du vaccin Pfizer contre le Sars-Cov2) [5].
Cette mise à jour permanente des données de la science sanitaire humaine ont des
répercussions pratiques : le déremboursement de certaines spécialités comme l’olmésartan
en 2017 suite à la mise en évidence d’une moindre efficacité antihypertensive et une surrisque
d’entéropathie grave par rapport aux médicaments de même classe [6] en est un exemple ; le
retrait du marché de certains traitements et dispositifs médicaux, comme le stérilet Ballerine
en 2021, en est un autre.
Le bon exercice médical ne peut donc se concevoir qu’en phase avec l’évolution des
connaissances médico-sanitaires : les professionnels acteurs et prescripteurs ont ainsi
l’obligation déontologique et légale d’entretenir régulièrement leurs savoirs et pratiques.

b) ANDPC, CNP et autres acteurs de formation

Le Code de Santé Publique précise en expliquant que le médecin « doit prendre toutes
dispositions nécessaires pour participer à des actions de formation continue [et à] l’évaluation
des pratiques professionnelles ». Dans cette optique, l’Agence Nationale du Développement
Professionnel Continu (ANDPC) a été créée suite à la loi de Modernisation de notre Système
de Santé, publiée au Journal Officiel le 27 janvier 2016, et complété par le décret 2016-942 du
8 juillet 2016. Elle est chargée de contrôler et suivre le DPC pour les professionnels de santé
libéraux et salariés exerçant en centre de santé conventionné [2][7][3]. Elle recourt pour ce
faire à la Commission Scientifique Indépendante (CSI) qui examine et contrôle la validité des
actions de formation menées par les professionnels de Santé [8].
Les Conseils Nationaux Professionnels (CNP) ont été mis en place par l’article 114 de la
loi de modernisation de notre système de santé, avec trois missions principales : proposer des
orientations prioritaires de DPC, définir le parcours pluriannuel de DPC et proposer un
document permettant à chaque médecin de retracer l’ensemble des actions de DPC réalisées
dans le cadre de son obligation triennale. Ils regroupent, pour chaque profession de santé ou
spécialité, les sociétés savantes et les organismes professionnels associés. Ils peuvent de la
sorte proposer des experts dans les domaines scientifiques et opérationnels liés à
l’organisation et à l’exercice de la profession, et contribuer à analyser et à accompagner
l’évolution des métiers et des compétences des professionnels de santé, à travers notamment
la définition de référentiels métiers et de recommandations professionnelles. Enfin, ils
peuvent participer à la mise en place de registres épidémiologiques pour la surveillance des
événements de santé et de registres professionnels d’observation des pratiques.

Le Collège de la Médecine Générale (CMG), association fondée en 2010, regroupe des


syndicats représentatifs, structures scientifiques, structures académiques, structures de
formation et associations pour la promotion de la spécialité médecine générale. Agissant sur
le plan scientifique, professionnel et politique, il a pour but de développer et faire reconnaître
la médecine générale, et constitue l’interlocuteur privilégié des pouvoirs publics pour donner
plus de visibilité à la spécialité. Le CNP de médecine générale y est rattaché. Il contribue de la
sorte à assurer le fonctionnement du DPC, et participe à l’évaluation des pratiques et des
compétences en médecine générale tout au long de la vie professionnelle. Le CMG est par
ailleurs le représentant officiel de la France lors de plusieurs regroupements médicaux et
académiques internationaux (WONCA monde, World Organization of National Colleges,
Academies and Academic Associations of General Practitioners/Family Physicians, European
Academy of teachers in General Practice/Family Medicine, European Union of General
Practitioners/Family Physicians etc.) [9].

Tout au long de ce parcours, L’Ordre des médecins s’assure que les praticiens ont
respecté leur obligation de développement professionnel continu selon l’article 11 du code de
déontologie et accompagne ceux-ci lorsqu’ils rencontrent des difficultés dans la réalisation de
leur obligation du DPC.

c) Contrôle et sanctions

Le décret sur l’insuffisance professionnelle paru le 28 mai 2014 au Journal officiel


permet théoriquement d’engager des sanctions contre les médecins qui ne rempliraient pas
leur obligation annuelle de développement professionnel continu (DPC). Un professionnel de
santé peut donc se voir infliger une sanction par l’Ordre, telle qu’une interdiction temporaire
d’exercer pour insuffisance professionnelle en raison de son absence de participation à
l’obligation annuelle de DPC [10].
Pour un médecin en exercice, des plaintes de patients, de confrères ou encore une
absence prolongée d’exercice peuvent constituer des éléments déclencheurs de ce contrôle.
En cas de doute sérieux sur la compétence professionnelle du demandeur, le Conseil
Départemental saisit, par une décision non susceptible de recours, le Conseil Régional qui va
mettre en place une expertise. Pour un médecin en exercice, le Conseil Régional peut être saisi
soit par le Directeur Général de l’Agence Régionale de Santé (ARS), soit par une délibération
du Conseil Départemental ou du Conseil National [11].
Si l’insuffisance professionnelle est avérée par les experts, ces derniers doivent
proposer des mesures de formation adaptées. La décision de suspension temporaire du droit
d’exercer pour insuffisance professionnelle doit définir ces obligations de formation et doit
s’accompagner d’une liste des formations à réaliser [11].
Le médecin en question peut alors faire l’objet d’une mesure de suspension totale ou
partielle du droit d’exercer. Il ne pourra reprendre son activité complète sans avoir justifié
auprès du Conseil Régional avoir rempli les obligations de formation décidées. La décision de
suspension est prononcée pour une durée déterminée, mais peut être prolongée s’il apparaît
que les obligations posées par la décision n’ont pas été satisfaites. Le Conseil Régional peut
aussi limiter l’activité d’un médecin aux seuls domaines de sa spécialité où il reconnaît sa
compétence [11].
De la sorte, du 29 mai 2014, date de la promulgation du décret, au 30 septembre 2015,
57 saisines ont été enregistrées au titre de l’insuffisance professionnelle, toutes n’ont pas
encore fait l’objet d’une décision définitive : 11 suspensions totales du droit d’exercer et 12
suspensions partielles ont été prononcées. Les formations fixées en fonction du rapport des
experts ont été, pour les médecins généralistes, le plus souvent la validation d’un des diplômes
inter-universitaires (DIU) de remise à niveau en médecine générale [11].

II) Modalités de formation

a) Validation du DPC

Le DPC est un parcours qui s’étend sur 3 ans, au bout desquels le médecin doit justifier
son engagement dans une démarche de formation continue, d’analyse, d’évaluation ou
d’amélioration de ses pratiques et de gestion des risques. La deuxième période triennale a
débuté au 1er janvier 2020 et se poursuit jusqu’au 31 décembre 2022 [12].
Le DPC doit répondre à des orientations nationales définies par spécialité sur la base
des propositions des CNP. Ces orientations sont fixées par un arrêté du ministère de la Santé.

Il existe plusieurs façons de remplir cette obligation de DPC (R.4021-4 du Code de la


santé publique) :
— S’engager dans une démarche d’accréditation par la Haute Autorité de Santé (HAS) qui vaut
DPC.
— Obtenir une attestation de conformité par le CNP en suivant ses recommandations de
parcours de DPC. Ce parcours peut inclure différentes actions reconnues et détaillées par
chaque CNP selon sa spécialité.
Ces deux procédés sont automatiquement validés par l’Ordre des médecins.
— Enfin, selon le règlement R.4021-4 du Code de la santé publique, un parcours libre peut
être effectué, selon les modalités du Médecin, qui devra ensuite être validé par le Conseil
national de l’Ordre des médecins [13]. Ce parcours libre devra comporter au moins deux de
ces trois types d’actions validant le DPC, à savoir formation, évaluation et d’amélioration des
pratiques,et de gestion des risques. Un seul type d’action peut être retenu et validé dans le
cadre des orientations prioritaires mises en œuvre par une structure ou un organisme de DPC
enregistrés à l’ANDPC [3].
Ces orientations prioritaires ont été définies par l’arrêté du 31 Juillet 2019, complété
et modifié par l’arrêté du 8 avril 2020, pour les années 2020 à 2022. Elles sont au nombre de
256, parmi lesquelles 45 orientations relatives à la politique nationale, 207 spécifiques à une
profession ou une spécialité, 4 issues du dialogue conventionnel. Régulièrement mises à jour,
les fiches associées à chacune de ces orientations énoncent les enjeux de ces orientations dans
la politique de Santé française, citent les sources sur lesquelles doit s’appuyer l’apprentissage
(Code de la Santé Publique, fiches synthèse et recommandations HAS etc.) et définissent les
paramètres de validité des formations relatives à ces thématiques [8][14]. Au médecin de
rechercher quelle structure et mode de formation convient le mieux à son exercice présent
et futur, tout en demeurant conforme au DPC et aux objectifs de Santé publique prioritaires.

b) Formats concrets de DPC

La formation présentielle réunit plusieurs professionnels de santé et peut être


organisée comme un atelier, un colloque, un séminaire, une session de congrès, une mise au
point, un enseignement post-universitaire, un cours, un diplôme universitaire (DU) ou inter-
universitaire (DIU), une conférence, un travail dirigé ou pratique, une session professionnelle
etc. Ces formations doivent être diplômantes ou certifiantes. Il semble s’agir à l’heure actuelle
de la méthode largement prédominante pour valider le DPC parmi les médecins généralistes
français [4].
Le site de l’ANDPC dispose à ce titre d’un annuaire regroupant les organismes reconnus
comme pouvant proposer des formations valant DPC : sur Caen, où j’exerce et réside, on
retrouve, en plus de l’Université de Médecin et du Centre Hospitalier Universitaire (CHU), 6
organismes accréditées en formation de médecins généralistes [15].

En ces heures modernes, la formation peut également s’effectuer via les canaux
internet, à travers le e-learning. Ce dernier s’effectue par auto-apprentissage et sous la
conduite d’un facilitateur. Ces formations reposent sur des scripts standardisés, avec des
formations associant, entre autres et successivement, questionnaires de sondage pré-
apprentissage, apprentissage textuel, vidéo explicative réalisée par un professionnel qualifié,
questionnaire post apprentissage, validant ou non.
Les sites d’apprentissages peuvent être rattachés à une institution ou à un organisme privé.
On pourra citer :
— maformationmedicale.fr
— guideline.care
— clinicalelearning.com.

Un format restant souvent méconnu par les médecins et les internes est la réunion de
revues bibliographiques, le journal club ou encore les groupes de pairs. Ces formations sont
effectuées en présentielle ou en visioconférence et regroupent différents professionnels de
santé, présentant une ou plusieurs problématiques sur lesquels ces derniers vont débattre et
échanger, en se basant sur des articles de références. Un membre formé effectue la recherche
documentaire et distribue le ou les articles sélectionné(s) au préalable. Afin de bénéficier
d’une certification de l’ANDPC, ces échanges doivent être tracés annuellement [2][4].

c) Coût et dédommagement au professionnel

La formation a un coût pour le professionnel de Santé, aussi bien financier qu’en temps
et efforts investis : si les instances sanitaires souhaitent éviter l’obsolescence de la pratique
médicale en France, il apparaît logique d’elles y investissent en dédommageant les
professionnels impliqués.
C’est l’ANDPC qui, par l’intermédiaire de www.mondpc.fr, assure cette prise en charge.
Celle-ci ne s’applique que pour les professionnels de santé libéraux conventionnés et les
salariés des centres de santé conventionnés en activité (biologistes, chirurgiens-dentistes,
infirmiers, masseurs-kinésithérapeutes, médecins, orthophonistes, orthoptistes, pédicures-
podologues, pharmaciens et sages-femmes). Les professionnels de santé non conventionnés
et ceux retraités sans activité ne peuvent pas bénéficier d’une prise en charge.
Les professionnels remplaçant doivent justifier d’au moins 45 jours de remplacement
dans le cadre d’une activité libérale dans les six mois précédant le début de l’action de DPC
pour bénéficier d’une prise en charge au même titre que les professionnels installés [16].
Un forfait est ainsi alloué à chaque professionnel selon sa profession, afin de palier au
temps médical consacré à la formation continue. Pour les médecins généralistes, cette
indemnisation s’élevait en 2018 à 45 € par heure avec un plafond maximum de 21 heures
(dont 10 heures consacrées au suivi des actions en non présentiel). Il s’agit là de
l’indemnisation versée au professionnel, à laquelle s’ajoute le financement, total ou partiel,
de la formation lorsque celle-ci est souscrite à des organismes payants.
Ainsi, dans le cas d’une formation exclusivement présentielle, l’ANDPC participera à
hauteur maximale de 92,50 € par heure (47,50 € par heure pour l’organisme prodiguant le
DPC et 45 € par heure pour le professionnel formé). Ceci ne s’applique toutefois que dans le
cas où l’une des séances de la formation dure au minimum 3 heures consécutives : dans le cas
contraire, aucune prise en charge pour l’organisme ou dédommagement du médecin n’est
prévue. Si la formation continue dure plus de 7 heures consécutives, la prise en charge totale
par heure de l’ANDPC peut atteindre 140 €, mais le dédommagement du médecin demeure à
45 € par heure.
Dans le cas d’une formation exclusivement non-présentielle, l’investissement ne
dépend pas du nombre d’heures impliquées : l’ANDPC participera à hauteur maximale de
117,50 € par heure, avec 95 € par heure pour le formateur et 22,50 € par heure pour le
professionnel. Cette différence d’indemnisation pourra trouver son explication dans la
nécessité pour les formations présentielles d’un déplacement du professionnel, avec ce que
cela implique de temps et de frais de transports [2][17].
Les actions suivies les dimanches et jours fériés ne donnent pas lieu au versement
d’une indemnisation pour perte de ressources [17].
On notera que l’ANDPC dédommagera comme sus-cités les professionnels de Santé
exerçant en métropole et dans les départements d’outre-mer (DOM) mais pas dans les
territoires d’outre-mer (TOM) [16].

d) Activités à formation obligatoire

La médecine générale est une discipline vaste, à la croisée de l’ensemble des


spécialités médicales. Si le généraliste n’a par définition pas les compétences et dispositifs
nécessaires à un examen et une prise en charge exhaustifs de tel ou tel appareil du corps
humain, il peut toutefois recourir à des éléments diagnostiques ou thérapeutiques avancés
sous réserve d’y avoir été formé : le recours à l’interruption volontaire médicamenteuse
ambulatoire [18], la prescription d’audioprothèse et depuis 2021 d’appareil à pression positive
continue (PPC) sont subordonnées à la validation de formations spécifiques, confirmée par le
CMG qui le transmet à l’Ordre des Médecins [19]. A chaque professionnel d’évaluer, suivant
sa patientèle, ses préférences et plus largement sa conception de la médecine générale, ce
vers quoi il importe d’investir du temps de formation et de s’impliquer professionnellement,
plutôt que passer la main à un confrère, généraliste ou spécialiste.

e) Formations informelles

Le caractère obligatoire et sanctionnant du DPC ne doit pas faire empêcher les


praticiens de s’abreuver d’expériences qui, souvent moins codifiées, n’en sont pas moins
riches d’apprentissages : les échanges lors d’une collaboration interprofessionnelle (dans le
contexte d’une prise en charge pluridisciplinaire notamment), le retour d’expérience entre
confrères d’expériences médicales marquantes, au sein de groupes de pairs ou non, la lecture
de magazines synthétisant les données médicales actuelles pertinentes (Prescrire, Exercer, La
Revue du Praticien etc.) ou simplement la lecture régulière de recommandations de la Haute
Autorité de Santé sont autant de moyens pour le médecin d’entretenir et renouveler ses
connaissances.

RETOUR D’EXPERIENCE :

Le développement professionnel continu est une nécessité dans la pratique médicale


du fait de l’évolution constante des connaissances et des pratiques, issues des conclusions
scientifiques des études menées. Le caractère obligatoire de celui-ci ne doit pas être vu
comme une contrainte pour le professionnel mais compris comme une impulsion d’orienter
celui-ci dans une démarche d’auto-perfectionnement. L’orientation de la validation du DPC
selon des axes réévalués tous les 3 ans permet d’aiguiller les praticiens pour mieux répondre
aux besoins de Santé Publique. La curiosité scientifique du médecin ne doit toutefois pas se
restreindre à ce qui lui est imposé : la médecine est une discipline immensément vaste, et
encore davantage pour le généraliste qui pourra, au gré de ses affinités et selon sa patientèle,
s’investir dans de nombreux domaines, au bénéfice non seulement de ses patients, mais plus
généralement de la Santé publique, en gérant à son échelle ce pour quoi il est formé et
compétent, avant de passer la main à un spécialiste, par définition moins accessible. Devant
la persistance de la désertification médicale en France, touchant généralistes comme
spécialistes, cette polyvalence revêt une importance considérable pour partager la charge de
patient de manière optimale.
Voulant mieux comprendre le format du DPC, j’ai effectué depuis plusieurs formations
sur https://www.guideline.care/ : formation à la spirométrie, prise en charge diagnostique et
thérapeutique des principales atteintes dentaires en médecine générale, diagnostic et suivi de
l’insuffisant rénal chronique. Celles-ci m’ont été très bénéfiques à la fois pour rafraîchir mes
connaissances et perfectionner ma prise en charge dans des domaines que j’aurai auparavant
été tenté de déléguer au spécialiste, acte dont ces formations, émises par des spécialistes,
sont conscients et donnent ainsi des repères définissant ce qui doit leur être adressé et sous
quel délai.
Lorsque sa primo-prescription a été étendue aux médecins généralistes, j’ai également
souscris à la formation à l’usage de la PREP sur https://www.formaprep.org/. Cette extension de
pouvoir au médecin généraliste illustre parfaitement la nécessité pour les spécialistes de
déléguer aux généralistes ce qui, sous couvert d’une formation initiale, peut leur être confier.
Cette rationalisation logistique des professionnels de Santé est, à mon sens, la clé pour
satisfaire aux besoins de Santé de la population, en croissance constante.

SOURCES :

[1] CODE DE DÉONTOLOGIE MÉDICALE. Édition Février 2021.


[2]https://antidote.isnar-img.com/developpement-medical-continu-ca-commence-
des-linternat/
[3]https://www.conseil-national.medecin.fr/medecin/carriere/former-long-carriere,
consulté le 26/09/21
[4] Elodie RODRIGUES. THÈSE POUR LE DIPLÔME D’ÉTAT DE DOCTEUR EN MÉDECINE
SPÉCIALITÉ MÉDECINE GÉNÉRALE. Les moyens de formation des médecins généralistes dans
les Hautes-Pyrénées. Soutenue le 12 Avril 2018
[5] https://lecrat.fr/spip.php?page=article&id_article=1123, consulté le
03/10/21
[6] https://www.has-sante.fr/jcms/c_2621700/fr/deremboursement-des-specialites-a-base-
d-olmesartan-dans-le-traitement-de-l-hypertension-arterielle
[7] https://www.agencedpc.fr/le-dpc-en-pratique
[8] Guide d’aide au dépôt des actions de DPC 2021 MAJ –septembre 2021, ANDPC
[9] https://lecmg.fr/le-college/, consulté le 03/10/21
[10] https://www.lequotidiendumedecin.fr/actus-medicales/recos-pratique/dpc-un-decret-
ouvre-la-porte-aux-sanctions-et-jette-le-trouble-chez-les-medecins, consulté le 26
septembre 2021
[11] https://www.macsf.fr/responsabilite-professionnelle/Prevention-des-
risques/insuffisance-professionnelle#0, consulté le 26 septembre 2021
[12] http://www.sfmg.org/formations/, consulté le 03/10/21
[13] https://www.conseil-
national.medecin.fr/publications/actualites/validation-triennale-dpc
[14] Mise à jour des fiches de cadrage relatives aux orientations
pluriannuelles prioritaires de DPC 2020-2022, ANDPC
[15] https://www.agencedpc.fr/organismes-de-dpc-rechercher-un-organisme,
consulté le 06/10/21
[16] Règles de prise en charge des actions de DPC. Agence Nationale du DPC.
Dernière mise à jour : 11 décembre 2020.
[17] Forfait Médecin 2021, Agence Nationale du DPC.
[18] Dr Michel CADART La pratique de l'Interruption Médicamenteuse de Grossesse
en Médecine Générale, Bulletin SNJMG • Mars 2019
[19] https://lecmg.fr/les-parcours-dpc-accredites-par-le-cmg%E2%80%8B/
consulté le 06/10/21

Vous aimerez peut-être aussi